Balistique des armes à feu de poing et d’épaule - Jean-Loup Pecqueux - E-Book

Balistique des armes à feu de poing et d’épaule E-Book

Jean-Loup Pecqueux

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Beschreibung

Les récents ouvrages publiés au sujet de la balistique se sont intéressés essentiellement à la chasse et au tir de précision. À l’aide des données générales actuelles dans le domaine, Jean-Loup Pecqueux nous propose une approche plus large, incluant armée, police, atteintes aux personnes et aux biens, terrorisme, etc. Son objectif est de fournir un socle minimum de connaissance sur le sujet.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Spécialiste en médecine générale, exercée pendant 35 ans en libéral, Jean-Loup Pecqueux détient une licence de la fédération française de tir. Il est également expert honoraire près la Cour d’appel de Nancy.

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Jean-Loup Pecqueux

Balistique des armes à feu

de poing et d’épaule

Une science dans tous ses états

Essai

© Lys Bleu Éditions – Jean-Loup Pecqueux

ISBN :979-10-377-8583-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

Les différents ouvrages qui se penchent sur ce sujet sont souvent très (trop) techniques, mais aussi parfois pas assez pour certains lecteurs, et de plus il manquait à mon avis une approche plus globale, abordant des aspects trop souvent peu ou pas évoqués, car limités au seul secteur d’appartenance de leurs auteurs (chasseur, ex-militaire ou policier, armurier, techniciens et industriels, voire médecin légiste ou chirurgien).

J’ai été toujours alerté régulièrement du fait que le problème du matériel et des techniques concernant les armes à feu était mal connu, même par les professionnels pourtant appelés à s’y trouver confrontés (police, justice) dans leur exercice ou amenés à les évoquer dans leurs récits ou leurs écrits (journalistes, écrivains) ; à la différence des militaires, des chasseurs et des tireurs, souvent plus au fait de leur seul (voire unique) matériel spécifique que du sujet dans son ensemble.

J’ai souhaité essayer de combler ce manque de connaissances de base sur le sujet (finalement plus vaste qu’il n’y paraît au premier abord) pour apporter une vision plus globale à défaut d’être exhaustive concernant une matière qui fait pourtant très souvent la une (voire le « buzz ») des journaux télévisés, et ainsi éviter les erreurs, stigmatisations, excès et incohérences lues, vues et entendues au quotidien.

Les mésusages, accidents et drames (surabondamment relayés et relatés par les médias) impliquant des armes à feu concernent le plus souvent une méconnaissance des caractéristiques et possibilités de celles-ci et/ou une utilisation sans apprentissage et respect des règles de maniement, ainsi que de la réglementation les encadrant.

Apporter au lecteur une information de base, suffisante et accessible pour qu’il dispose de repères bien positionnés et replacés dans chaque contexte particulier d’utilisation, est l’objectif de cet ouvrage afin d’espérer allier plus harmonieusement savoir, savoir être et savoir-faire.

C’est volontairement que nous n’avons pas inclus de schémas et/ou photographies voire de publicités en dehors des marques citées dans le texte ; d’autres l’ont fait avec pédagogie et talent, ce qui leur a valu citation dans notre bibliographie à laquelle nous invitons le lecteur à se reporter.

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

La connaissance des plaies par Armes à Feu a longtemps eu ses grands prêtres non contestés en la personne des chirurgiens militaires, qui de débridements savants en excisions larges des blessures de guerre perpétuèrent les règles et les dogmes d’une science où toute participation civile a longtemps été exclue.

 

Nos Maîtres ont déjà tout dit sur le sujet… se contentaient de reprendre de génération en génération les disciples, galonnés ou agrégés, certifiés, voire confortés par la stabilité d’une industrie armurière alors épanouie, bien qu’éprouvée par tant de conflits armés.

 

Le peuple, tenu en laisse depuis la fin de la IIe guerre mondiale par une législation de plus en plus contraignante, redécouvre la chasse. La routine prend le pas sur la création, la pègre s’affiche, copie l’Amérique et s’arme à l’Est à bas prix, les terroristes avancent masqués et chacun cherche sa sécurité, entretenant des mythes qui perdurent.

 

Dans la seconde partie du XXe siècle cependant, la technique est prise d’une fièvre imprévue, de nouveaux conflits et/ou nouvelles menaces ramènent à des questions brûlantes… et des réponses du passé.

 

Les médecins, pris de court, cèdent un de leurs champs d’activités aux ingénieurs et le civil en profite pour déborder le militaire jusque-là très (trop ?) bridé par des règles conventionnelles, qu’il est parmi les derniers à essayer de respecter, et par ailleurs balayées par le terrorisme.

 

Au nom de la science et avec les moyens qu’elle met aujourd’hui à disposition, les mythes créés et entretenus sont soigneusement démontés et de nouvelles règles sont établies et vont s’imposer.

 

Les politiques s’adaptent et s’approprient au passage les « découvertes » technologiques, habités et portés par des mythes, tel celui de la « frappe chirurgicale » propre !

 

La question finale est quand même : quel est le bon couple arme/munition qui remplira le cahier des charges de la mission envisagée confiée à un tiers : le tireur.

 

Ainsi va naître (renaître ?) une nouvelle dimension scientifique et technique concernant la Balistique…

 

***1

 

 

 

 

 

 

Chapitre I

Historique

 

 

 

L’avènement des armes légères rayées à la fin du XVIIIe siècle qui utilisaient des balles sphériques de plomb nu marqua les débuts des recherches concernant la balistique des projectiles dans l’air et donc des blessures induites dans les tissus vivants. Il est vite apparu que pour améliorer les performances, il fallait tendre vers des projectiles allongés avec augmentation de la densité de section, et ce afin de réduire la perte de vitesse sur la trajectoire. La notion d’efficacité prit alors le pas sur l’effet spectaculaire et psychologique des armes à feu mais très tôt, il apparut de bon sens que :

 

Seuls les coups touchant des organes ou des éléments vitaux essentiels avaient de l’effet…

 

L’apparition de la répétition avec les revolvers dans les années 1825-1850 amena à une diminution du calibre des balles pour des raisons de poids et d’encombrement des armes légères (de poing et d’épaule). Le diamètre des projectiles passa alors de 17 millimètres aux environs de 11-12, et la forme cylindro-ogivale supplanta la balle ronde, modèle géométrique qui simplifiait pourtant bien les calculs d’une science naissante : la balistique.

 

Quelques dates marquantes de l’apparition de la cartouche métallique :

 

1835 : mise au point de la cartouche à broche par Casimir LEFAUCHEUX.

1845 : FLOBERT met au point la cartouche à amorçage annulaire.

1855 : apparition du culot laiton contenant l’amorce.

1860/70 : premières cartouches entièrement métalliques chargées de poudre noire.

1885 : remplacement progressif de la poudre noire par la poudre sans fumée mise au point par VIEILLE dès 1883.

 

La diminution de puissance entraînée par la réduction du calibre et du poids embarqué, donc d’efficacité supposée pour mettre hors de combat l’animal ou l’adversaire, ne pouvait être compensée que par une augmentation de la vitesse.

 

Celle-ci trouva vite une limite avec la résistance des étuis d’alors et les performances de la poudre noire. La notion de puissance d’arrêt obtenue ne semble pas avoir fait l’objet de remarques par les utilisateurs de cette époque, à l’inverse de la capacité de pénétration des tissus fréquemment contestée surtout pour les armes de poing.

 

La période moderne commence vers 1870, avec la généralisation de la cartouche métallique, la disparition de la platine à percussion, l’avènement rapide de la poudre sans fumée, une nouvelle réduction de calibre qui va se stabiliser pour les armes d’épaule vers 7,5/8 millimètres (9 mm pour les armes de poing exception faite des USA) ainsi que la possibilité d’augmenter la vitesse initiale. Celle-ci atteindra environ 250 m/s pour les revolvers, 350 m/s pour les pistolets automatiques et dépassera les 700 m/s pour les armes longues d’épaule.

 

Les conventions de La Haye et de Genève (1899 & 1907), souhaitant encadrer et « civiliser » les combats des armées belligérantes, interdirent les projectiles expansifs qui champignonnent à l’impact (avec amplification du potentiel lésionnel !), et obligèrent les militaires des pays qui adhéreront à ces chartres à utiliser exclusivement des balles chemisées*.

 

Pendant ce temps, la campagne des Philippines (1898) menée par les États-Unis affirma et décida, concernant les armes de poing, de l’insuffisance des calibres de 9 millimètres et sonna l’avènement du dogme du .45 US (11,43 mm) pour les 3/4 de siècle suivant de ce côté-là de l’Atlantique.

 

Une campagne d’essai menée par le gouvernement américain en 1904 confortera cette idée, à savoir que :

 

L’efficacité allait de pair avec le calibre.

 

Les Européens restèrent sur leurs positions et les États-Unis mobilisèrent leurs énergies (en particulier avec les travaux de KOCHER) et imposèrent leurs théories sur la recherche balistique sans remettre en cause les conclusions tirées des constats faits au cours de cette campagne des Philippines qui avait sérieusement marqué les participants.

 

Les chasseurs, non engagés par les Conventions Internationales des militaires, choisiront eux l’utilisation de projectiles à tête creuse ou pointe mousse, s’ouvrant à l’impact dans l’animal pour si possible ne pas ressortir et éviter les ricochets et les cibles secondaires, délivrant un maximum d’énergie dans la cible en provoquant des blessures immédiatement létales pour l’animal (« clean kill »).

 

 

La classification obtenue ne semblant pas donner satisfaction, il proposa en 1935 d’utiliser la quantité de mouvement déplacée (MxV) par la section et par le coefficient de forme, conservés sans modification. Le fait de savoir s’il fallait considérer la vitesse comme simple ou la prendre au carré alimenta longuement les argumentaires de chacun…

 

La neutralisation d’une cible vivante n’est pas uniquement fonction du pouvoir d’arrêt théorique calculable d’un projectile donné mais fait appel d’abord à une composante psychique du tireur (sa réaction en situation réelle) et ensuite à une composante physique du projectile (profondeur de pénétration adaptée et cavitation* selon l’expansion attendue de celui-ci).

 

Les divergences s’expliquaient sans doute assez simplement et pour une partie par la différence des vitesses initiales et du poids des balles. Balle plus lourde et vitesse initiale plus basse amenant une quantité de mouvement peu différente de celle obtenue avec une balle plus légère propulsée à une vitesse plus élevée.

 

Concernant l’efficacité, avec comme objectif une « mise hors de combat », il faut distinguer deux notions :

 

– L’énergie cinétique qui est un travail, mesuré en joules et qui entraînera comme effet dominant la perforation voire la destruction ;

 

 

En conséquence, il faut préférentiellement :

 

– Agir sur la vitesse pour augmenter l’énergie cinétique (et donc la perforation).

 

– Agir sur la masse pour augmenter la quantité de mouvement (et donc la pénétration).

 

Certains travaillèrent, dans l’ombre pour les militaires bridés par la Convention de La HAYE (voir note en fin de chapitre) ou au grand jour pour les chasseurs sommés de tuer rapidement et proprement, sur le projectile lui-même en modifiant le poids, la forme et les caractéristiques de la face avant, premier élément à entrer en contact avec l’objectif, le frapper, et à le pénétrer.

 

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la campagne de Pologne avait démontré sur le terrain l’importance de la puissance de feu et la faible distance des tirs efficaces lors des engagements (90 % des tirs efficaces à moins de 200 mètres).

 

La réévaluation des différentes options et conceptions balistiques américaines se produira avec la guerre du Viet Nam, l’adoption d’un petit calibre (5,56 mm) à Très Haute Vitesse (THV) pour l’arme d’épaule (l’exemple venant de la munition de chasse .22 HORNET, donnant naissance à la 222 REMINGTON, finalisée en 223 REM pour être militarisée sous le vocable européen (de 5,56 mm) coexistant avec l’ancêtre COLT 45, gros calibre (11,43 mm) et vitesse basse, pour l’arme de poing réglementaire US.

 

Les études menées à la suite des constatations faites par les chirurgiens militaires, étonnés par l’importance des blessures générées par les THV*, aboutirent aux publications des années 70 et aux controverses d’interprétation qui s’en suivirent.

 

Une partie de l’explication des délabrements tissulaires constatés est à mettre rétrospectivement au compte de l’instabilité du projectile avec retournement, voire arrivée au contact de la cible par le travers et à sa désintégration éventuelle.

 

L’onde de choc transmise et décrite comme fortement vulnérante et incapacitante (« elle ferait éclater des organes à distance du trajet perforant… ») s’avérera finalement à ne prendre en compte que pour des vitesses à l’impact supérieures à 800 mètres par seconde environ.

 

La plupart des nouvelles munitions créées alors comportaient des déclinaisons civiles parallèles à celles des militaires, aux projectiles près. Les constatations des chasseurs et des utilisateurs civils initièrent des essais systématiques pour comprendre les mécanismes intimes des lésions constatées, ceci avec l’aide d’une informatisation des données, outil nouvellement disponible.

 

Il fallut en conséquence trouver des modèles de matériaux homogènes, reproduisant le mieux possible les caractéristiques et les réactions des tissus vivants. Aucun consensus n’ayant pu être trouvé, tour à tour seront proposés des substituts comme le savon noir, la glaise, la gélatine, la plastiline, produits tout proches les uns des autres mais rendant aléatoire tout essai comparatif objectif.

 

Les essais sur milieux hétérogènes utilisèrent les animaux vivants anesthésiés (porc), les cadavres frais (dons à la science), congelés puis préparés (Pr Got), voire des substituts homogènes au sein desquels étaient inclus des os ou des éléments durs jouant le rôle d’obstacle.

 

Le problème principal constaté avec tous ces simulants résidera dans la non-rétractilité après passage du projectile dans des tissus normalement plus ou moins souples et donc rétractiles :

 

Le meilleur simulant artificiel serait la gélatine à 10 % conservée à 4 °C par blocs de 50 centimètres (FACKLER) et non la version OTAN à 20 % conservée à 10 °C !...

 

Le meilleur simulant vivant d’essai observé serait le porc anesthésié et instrumenté de 80 à 100 kilogrammes (le recours aux primates s’avérant trop onéreux).

 

Ainsi donc, s’il sera observé une relative stabilité dans les principes de l’armement léger depuis plus d’un siècle, l’amélioration concernera surtout la compréhension et la maîtrise des différents composants des armes et munitions, le problème étant repris dans une globalité, autrement dit du « percuteur de l’arme au percuté de l’âme… ».2

 

 

 

 

 

Chapitre II

Diverses influences et influences diverses

à travers l’histoire…

 

 

 

Au XXe siècle, le rôle progressivement croissant de la législation (réglementations plus ou moins spécifiques et/ou restrictives de chaque pays) et de la morale (conventions, chartres) répartira les voies de recherches (et donc les avancées) entre les secteurs militaires et civils.

 

Mais la recherche balistique est pointue et coûte cher…

 

Chaque partie prenante développera alors son périmètre propre sans forcément tenir compte et/ou communiquer avec son voisin. Il y a en effet peu d’atomes crochus entre un industriel, un chasseur, un tireur, un militaire et un médecin légiste !

 

1. Les progrès de la physique et de la chimie

 

Les rôles respectifs de la chimie (vivacité* et flexibilité* des poudres) et de la physique (forme des projectiles, calibres, composition, pressions, résistances, stabilité des trajectoires) constitueront les bases d’une science balistique à fondements scientifiques.

 

L’emplombage des canons au-delà de 400 m/s (voire plus pour certains : surcalibrage, pas des rayures court, etc.) en cas d’utilisation de projectiles en plomb pur, conduira au durcissement de celui-ci par des alliages, au chemisage du corps des balles (dont face arrière au contact de la poudre) et/ou à l’utilisation d’un gaz-check*.

 

2. La divergence des approches

 

Pour les militaires, le but est la mise hors de combat de l’adversaire plutôt que son élimination (d’autant plus qu’une blessure grave mobilise de nombreux personnels et gêne la logistique ennemie).

 

Pour les chasseurs, le but est de tuer « proprement » l’animal du premier coup sans effet collatéral (avec concentration au maximum de l’effet et des composants vulnérants dans le corps de l’animal).

 

Pour les forces de l’ordre, dans le faible espace qui leur est octroyé (cf. légitime défense), domine le souhait d’éviter à tout prix les risques de dégâts collatéraux (« bavures »), insupportables médiatiquement et politiquement incorrects.

 

Pour le tireur, la religion est la maîtrise de l’arme et de sa munition devant conduire à l’obtention de la précision maximale.

 

3. La différence des objectifs et des moyens

 

Ceux-ci sont essentiellement liés aux contraintes, nature et volume des cibles :

 

Pour les militaires il s’agit de soldats aux gabarits variables (70 – 100 kg) et de leurs matériels de protection avec la contrainte d’utiliser des projectiles chemisés ;