Black St Patrick et le Géant Vert - Amy Nightbird - E-Book

Black St Patrick et le Géant Vert E-Book

Amy Nightbird

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Beschreibung

L'amour peut changer une femme. Ainsi, notre Até, aux côtés de son géant vert, est désormais douce, tendre, féminine, porte des robes... Stop ! Vous n'y avez pas cru, au moins ? Bowes est...Bowes. Até est toujours la même. Voire légèrement pire. Attachez vos ceintures et embarquez avec Até, Bowes et toute leur bande d'allumés ! Ready pour une Saint-Patrick explosive ? Go les amis !

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À tous les Irlandais

Car le monde entier est irlandais le dix-sept mars ! Thomas Augustine Daly

AVERTISSEMENT

Black St Patrick et le Géant Vert est la suite deJoyeux Black Noël et le Géant Vert.

Avant de lire la suite des aventures des tarés dont vous avez fait la connaissance à Black Noël, il convient de se mettre en condition. Veuillez revêtir votre plus discret chapeau de St Patrick et vous verser une pinte de Guinness bien fraîche pour ceux qui arrivent à ingurgiter une telle mixture. L’équipement type cotte de mailles est toujours d’actualité, un bouclier en plus ne serait pas du luxe.

Aux aficionados de la St Patrick, je vous présente d’ores et déjà mes excuses pour la famille complètement cinglée qui s’apprête à débarquer sur votre sol. Il est trop tard pour empêcher la tornade noire.

Ce genre de phénomène météorologique n’arrive qu’une fois tous les cent ans. La santé mentale de ceux qui y sont confrontés est altérée à jamais. Le syndrome post-traumatique dont ils souffrent est appelé « Black ». Nous allons donc procéder à une évacuation des plus fragiles par l’issue de secours la plus proche…MAINTENANT !!!!

L’entrée en collision de la force noire avec un tel niveau de couleur verte et de joie de vivre produira, à coup sûr, un cataclysme.

Gare à vous si vous croisez des personnes vêtues de noir à l’air patibulaire, que vous soyez un humain, un chien, une licorne, un leprechaun ou un simple touriste qui espérait profiter de l’ambiance de cette fête traditionnelle irlandaise. Morti, Até, Devil et toute la clique va débarquer…Il faut sauver le soldat Bowes !

Toute ressemblance avec une St Patrick passée, présente ou future vous donnerait droit au pack VIP camisole avec place en carré or dans l’asile le plus proche.

Toute reproduction de ce qui va suivre est interdite. Comme dirait l’autre : « N’imitez pas, innovez ».

À toutes les fées prudes des terres celtes, ce livre contient des scènes de sexe explicites qui peuvent faire grimper le mercure de vos frêles petits corps.

Âge conseillé : 18 ans.

Black St Patrick Playlist

An Irish Pub Song - The Rumjacks

Johnny, I Hardly Knew Ya - Dropkick Murphys

Whiskey in the Jar - Metallica

Sunday Bloody Sunday - U2

I'm Shipping Up To Boston - Dropkick Murphys

The Rocky Road to Dublin - The Dubliners

If I Ever Leave This World Alive - Flogging Molly

Scotland the Brave - The Real McKenzies

Irish Way - The Paddyhats

The Song of Lia Fáil, Sung at Sea - Einar selvik

Good Morning Da’ - The Tossers

Going out in Style - Dropkick Murphys

The Big Fellah - Black 47

The Foggy Dew - The Chieftains

The Wild Rover - Dropkick Murphys

Sommaire

Risque de pendaison imminente

Ma constipation porte ton nom

L’Irlande, ça craint

Libéré, délivré…

Le bordel Irlandais

L’arrivée magistrale de ma veuve…

La Grotte du Géant Vert

Le type qui avait des ailes

L’interprète commando

Père pas très connu, mère dans le coltard

Opération évasion

In vino Veritas

Putain de Rock Star

Le coming-out

Comment devenir une martienne

Le Géant Vert contre la Veuve Noire

Cache-cache de Merde

La bonne nouvelle

Bataille de Chamans

St patrick, Dieu et Satan

Mission Black St Patrick

Temple Bar ou la tempête verte

La Black Parade

Risque de pendaison imminente

ATÉ

Je vous ai manqué ? Ben, à moi pas du tout. Autre personne qui ne me manque pas du tout ? Le Géant Vert. De toute façon ça fait deux putains de mois qu’il s’est tiré dans le bled où il habite à mon plus grand soulagement. Impossible de me souvenir du nom de l’endroit, ça finissait par in, machin, Alain…je ne sais même plus. Pourquoi cette info serait-elle utile de toute façon ? Je pensais qu’il m’aurait donné deux ou trois orgasmes et qu’il aurait foutu le camp comme tout chieur de rock star qui se respecte. Sauf qu’il s’agit du plus grand emmerdeur que la terre n’ait jamais porté…Résultat des courses : j’en suis à un entrainement de boxe par jour, trois quand les gens sont casse-couilles. C’est-à-dire toute ma putain de chienne de vie.

Mes partenaires de Krav-maga ne veulent même plus faire joujou avec moi. Toutes des mauviettes, je vous jure. Sam a aussi lâché l’affaire, invoquant le fait qu’il était plus facile de draguer quand on n’était pas défiguré et qu’il était légèrement nympho. Ouais, pas faux. Sa survie serait manifestement en jeu.

Bon niveau Rocky, c’est pas top non plus car le mec à qui j’ai défoncé la tronche a fait passer le mot. On ne sait plus se battre à Amsterdam. Fight Club, c’était le bon temps. Il faut croire que je suis née à la mauvaise époque. J’en suis donc réduite à taper dans un sac. La testostérone produit plein de créatures fragiles depuis la nuit des temps. Il fallait bien que ça me rattrape un jour.

Je suis tellement sur les nerfs que Claas m’a gentiment conseillé d’éviter tout contact avec les groupes de rock qui se produisent à la Rock Zone, avec le peu d’amis qui me supportent, avec les passants, avec les créatures réelles ou imaginaires et même les animaux. En gros, il est allé se plaindre à Morti qui est venue m’engueuler parce que je cite « mon nain de compagnie n’arrêtait pas de lui péter la chatte ». Elle est allée jusqu’à mettre un panneau portant l’inscription : « attention chien méchant » et faire installer un grillage autour de mon bureau par mon père pour faire bonne mesure. Inutile de vous dire que mon con de paternel était mort de rire pendant toute l’opération, un rien l’amuse.

Quelqu’un frappe à la porte. Je vois qu’il y a encore des suicidaires par ces temps orageux.

— Madame, euh…je suis la manager du groupe Goldwave et je…sans vouloir vous importuner… je…enfin…je, dit-elle.

— Allez crever ou je me charge de vous pendre, hurlé-je.

Clair, net et efficace, la méthode Até ou je ne m’y connais pas.

— Euh…d’accord…euh tout de suite.

Voilà, elle va crever. Ça nous fera des vacances. Ouais Gold putain de craignos Wave. De l’électro va raisonner dans ma cathédrale du rock, de la musique pour porcs-épics radioactifs... Pour avoir Versus James, il faut renier tous ses principes et vendre son âme au diable, ce qui est déjà fait depuis longtemps pour ma part. Le son électro qui passe en ce moment donne envie de foutre le feu à l’endroit.

Le monde entier s’est donné rendez-vous pour m’emmerder depuis quelques temps…

Pendant que j’y pense, je vais vous raconter la genèse de ce merdier. Et attention, pas un mot ou je mets votre tête au bout d’une pique.

Les orgasmes pleuvaient comme en pleine mousson. Pour quelqu’un comme moi, c’était comme Halloween et un enterrement le même jour. Quoi ? Il y a des gens qui aiment ces jours où personne n’a la mauvaise idée de s’affubler de couleurs. Cette atmosphère lugubre à souhait qui vous couve de son obscurité. Bref, j’étais sur mon petit nuage noir.

Avant, j’étais en « no orgasm zone » et d’un coup c’était la foire de la chatte. Un type qui n’était pas trop regardant sur mon manque de savoir vivre, de tact, de féminité et de grâce naturelle avait eu la bonne idée de s’inviter dans mon lit.

Seul point noir, je devais supporter ses blagues sur notre futur commun sur lequel je n’aurais même pas parié un joint de ma voisine. Je ne vous conseille pas, seul Satan sait ce qu’elle fout là-dedans.

Il faisait tout ce que je lui disais sans broncher et je dois dire que c’était putain d’excitant. Je découvrais la vraie moi, celle qui aime dominer, contrôler dans la vie mais aussi dans un lit. La domina, ça y est, le mot tabou avait été prononcé, pas à haute voix mais c’était un putain de premier pas.

J’avais toujours aimé avoir des gens sous mes ordres. Sa soumission était si naturelle que ça en était grisant. C’est moi qui disais quand, où, comment, combien.

Putain, rien que d’en parler je sens l’humidité se répandre dans mon shorty. Et sa langue…Stop…Tout allait bien car c’était une parenthèse avec un putain de début et une putain de fin. J’avais le contrôle. Nous n’avions aucune intention de garder le contact. C’était évident. On habitait loin l’un de l’autre, avions des vies très chargées, ça puait le coup d’un soir, enfin d’une semaine tout au plus. Une black story version Blitzkrieg1.

Bordel de merde, ses déclarations énamourées étaient à mettre sur le compte de l’état de folie passagère suivant l’orgasme. « Je veux passer ma vie à tes côtés » « Je n’en aurai jamais assez de toi » « Je ne pourrai plus vivre sans toi » « J’ai enfin trouvé la pièce qui manquait à ma vie », ouais il se croyait encore dans Twilight. Bref, quand il commençait à divaguer, je lui coupais le son en lui ordonnant de me bouffer la chatte. C’était d’une efficacité redoutable. C’est un conseil universel pour toutes les femmes qui ont un mec qui l’ouvre à tout bout de champ.

Tout allait comme sur des roulettes, enfin selon mes critères …on ne quittait pas la chambre.

Il ne m’emmerdait pas avec des rendez-vous galants, du chocolat ou des conneries du genre. Un jour, il a commencé à reparler de l’accompagner en Irlande. Qu’est-ce que je serais allée foutre dans un pays qui pue la campagne, où les moutons pullulent et qui compte une foule de types qui dégoulinent de joie de vivre comme le Géant Vert ? Et s’ils s’habillaient tous comme cet illuminé, vous imaginez la cata. L’ADN de Morti m’habite alors il ne faut pas me chercher sur ce terrain.

Bref, non content de la légèreté avec laquelle je prenais tout ça, il m’a donné un ultimatum sur du papier à lettres (non mais sérieux, qui utilise encore du papier à lettres ?) Le type en collants dans cette pièce, Roméo : Je t’attendrai demain à l’aéroport. Si tu ne viens pas, alors je saurais ce qu’il en est.

Ben, il avait de la chance, le Géant Vert, parce que moi je n’en savais rien du tout, merde. Bon d’accord, avoir un distributeur d’orgasmes à disposition, c’était pas si mal mais de là à être enfermée dans une cage, euh une relation…Je crois que c’est comme ça que disent les grandes personnes. Je n’avais aucune envie de le suivre, d’être attachée à un humain détenteur d’une bite ou même d’être appelée chérie.

Et puis merde, j’avais un taf, des gens à effrayer, à frapper, une famille de tarés, des gens à effrayer, un business à gérer. Aucune seconde à consacrer à ses conneries. Alors voilà, je n’y suis pas allée. J’avais piscine de toute façon, enfin si j’étais le genre à me mettre en maillot, j’aurais eu piscine.

En plus, ça faisait un peu trop mix entre Love Actually et The Kissing Booth. Ouais, je sais, les trucs que je regarde en cachette ne collent pas du tout avec ma personnalité mais rien à foutre. Chacun possède ses petits plaisirs coupables.

Je ne suis pas ce genre de femme qu’on appelle princesse. On ne me met jamais la pression sous peine de séquelles physiques irréversibles. C’était réglé et je pouvais passer à autre chose. Ça, c’est ce que je croyais.

Généralement, quand une femme ne vient pas à l’aéroport, c’est mort et enterré, presque en décomposition. Et Bam ! le machin dans le cercueil. Le message est clair. Pas pour le Géant Vert, apparemment. Ce type est pire que les impôts, ma mère, Black Noël et les rock stars réunis.

Depuis qu’il est parti, c’est un putain de harcèlement organisé. Il faut bien lui reconnaître un truc, on peut dire qu’il s’y connait dans le domaine. Un vrai stalker.

Au début, c’était soft, des messages comme « pourquoi tu n’es pas venue », « je pensais qu’on vivait quelque chose de fort », « viens me rejoindre en tournée, même pour un seul concert » … quand je disais qu’il était un peu lent à la comprenette…le truc manuscrit disait « Je saurai ce qu’il en est ». C’était putain de limpide, la fille vient, elle est d’accord pour vendre/renoncer à son âme et sacrifier sa virginité/son libre arbitre. La fille ne vient pas, c’est putain de mort et elle garde sa liberté sans aucune intervention de cinglé de l’Irlande.

J’ai donc fait ce que toute femme qui n’a pas envie d’être emmerdée aurait fait en balançant mon Iphone contre le mur de mon bureau. Mes hurlements ont forcé Claas à aller m’en chercher un nouveau et à jeter mon ancien numéro aux oubliettes.

J’ai été tranquille un moment mais c’était sans compter sur son talent d’ex-kidnappeur. Bon il manquait un peu à ma chatte mais moi ça allait. Je me défoulais un peu plus au Krav-maga et à la boxe pour compenser. J’avais éclaté le pif d’un type un peu trop joyeux, rien de bien sérieux me direz-vous. Subir la privation quand on a vécu l’open bar, c’est pire que regarder un concours de miss France. Tu finis complètement frustrée quand tu réalises que tu ne feras jamais du 36 et que tu auras cette allure en maillot de bain quand tu développeras une addiction malsaine à la salade et aux brocolis. En gros, jamais !

La voix de cette emmerdeuse de manager revient tout à coup troubler ma tranquillité :

— Euh…madame, on devrait…enfin je pensais que…

Et en plus, elle m’appelle madame, les gens n’ont plus aucun instinct de survie.

— Putain, pensez moins, vous me rendrez service. Dégagez d’ici tout de suite, je n’hésiterai pas à faire usage de la force si j’y suis obligée. Bordel, je croyais que mon talent pour la décapitation était renommé dans le milieu ! hurlé-je, perdant patience.

— Mais madame...euh

Je fulmine et fonce vers le grillage qui a été installé pour me protéger du reste du monde ou pour les protéger de moi au choix. J’aperçois une femme effrayée qui n’ose pas affronter mon regard. Je soupire :

— Quoi ?

— Bonjour…euh

En plus, elle s’habille comme une fashion victime. C’est de la provocation. Putain qu’est-ce qu’elle me gonfle celle-là.

J’enlève la grille et me poste devant elle. Aucun autre son ne sort de sa bouche d’ahurie. Je la prends par le col pour l’escorter vers la sortie. Elle ne va pas assez vite. Je ne tiens pas compte de sa complainte sans fin. Je la soulève et l’emporte sous le bras en hurlant.

— Claas, je t’avais dit de sortir les ordures.

Je pose la miss et mon pote court vers elle, l’air paniqué. Je retourne dans ma tanière, emmerdée par leur conversation. Claas soupire d’exaspération et lui dit :

— Je vous avais dit de pas y aller ! Qu’est-ce que vous lui avez dit ?

— Bonjour, euh.

— Il ne fallait pas. Vous êtes suicidaire ou quoi ? Il y avait un panneau qui disait : ne pas me parler, ne pas me déranger, ne pas m’approcher. Vous savez lire ?

— Euh oui…mais je croyais que…c’était une blague.

— Je n’ai aucun humour, dit Claas d’un ton énervé que je ne lui connaissais pas. En haut, c’est zone interdite, Ok ? Vous comprendre ?

L’élève arrive enfin à la cheville du maître. Je ne pensais pas le voir de mon vivant.

Les laissant régler l’affaire, je rentre dans mon bureau, ferme la porte et soupire pour la millième fois de la journée. Où en étais-je ? Ah ouais, je croyais que cet abruti de Géant Vert avait compris le message mais pas du tout. Il a commencé soft, fleurs, chocolats, corbeilles de fruits, courriers recommandés avec les messages les plus Dawson jamais envoyés. Autant vous dire que Claas et Sammy étaient à la fête. Ils ont pu se régaler à l’œil pendant des jours et des jours. Quant à Ava/nouvelle lutine en chef, elle a pu fleurir des tonnes de baraques gratos. Je m’en serais voulu de couper l’arrivage de leurs fournisseurs de merde.

Donc, je n’ai rien dit. A chaque fois que je recevais une de ses conneries, mes nerfs devenaient de plus en plus incontrôlables. Sa pire idée avait été une sorte de statue licorne qui débordait des couleurs les plus merdiques. Je ne préfère pas parler du guignol qui rappait des messages. Il a fini par se mettre à pleurer comme une merde alors que j’étais seulement au niveau un sur mon échelle d’agressivité.

Ce putain de Géant Vert ne s’est pas arrêté là, non, ça aurait été trop beau. Il est passé à l’envoi de tablettes parlantes. L’idée la plus pourrie qu’un cerveau ravagé de l’Irlande aurait pu avoir…

En gros, il a soudoyé des gens qui me connaissent plus ou moins et les a envoyés avec des putains de tablettes affichant sa gueule en gros plan. Ça a inspiré des rêves à ma chatte mais mon self-control, lui, enchaine les cauchemars.

Mon père, le facteur, Claas, Ava, le facteur, Sammy, le facteur, à chaque fois sa putain de face fonçait droit vers moi accompagnée d’une happy face à vomir. Vous savez la même tête que vous faites quand vous regardez une vidéo de chats/bébés/bébés chats. Oh ça va, vous savez très bien de quoi je parle.

Je crois que je détiens le record du nombre de tablettes détruites. J’ai inventé le frisbee tablette et je deviens super adroite avec le temps. J’arrive même à faire des figures en balançant l’iPad artistiquement contre le mur. Il me met hors de moi, je voulais jouir, est-ce une raison pour que ce suppôt de Satan me le fasse payer ? Je ne veux pas de ce truc qu’il semble vouloir. Je veux retourner à ma vie, tranquille et chiante comme la messe. Rien à foutre de ses rêves à la Twilight/Dawson.

Je ne m’enchainerai jamais à un homme surtout s’il souffre d’une addiction à la joie de vivre qui schlingue l’Irlande. Simple question de survie.

Mon seul espoir serait qu’il ait une illumination et qu’il saisisse une fois pour toutes le message.

1 Tactique à visée opérationnelle militaire offensive visant à emporter une victoire décisive par l'engagement localisé et limité dans le temps d'un puissant ensemble de forces.

Ma constipation porte ton nom

BOWES

Deux mois, deux mois ont passé depuis ce jour où je pensais te voir arriver avec ton air exaspéré en bandoulière à l’aéroport. Pour moi, ça ne faisait aucun doute, notre alchimie sexuelle, le fait que mon cœur batte un peu plus vite quand tu étais là et tes émotions, souvent négatives, que je décryptais avec une étrange facilité.

Je pensais que j’avais enfin la clé de mon destin mais pas du tout. Non seulement, tu passais ton temps à rendre les choses impossibles mais les émotions des autres restaient un mystère pour moi. Tu ne m’avais pas guéri. Tu m’avais condamné à ignorer tout ce qui n’était pas toi.

J’étais toujours aussi Robocop qu’avant comme le disait Jack, mon taré de psy. Pourquoi le destin t’avait-il mise sur ma route pour t’enlever à moi ? C’était cruel. Je t’avais tout donné, tout offert et tu n’étais pas venue. Pourquoi ? J’étais une rock star, j’avais une belle maison, tout ce qu’une femme pourrait vouloir selon Lia.

Tu n’étais pas comme les autres et c’est d’ailleurs ça qui m’avait séduit. Non, toi, tu étais parfaite, singulière, unique. Tu n’avais qu’à venir même pour un week-end. Ce n’était pas un grand sacrifice. J’étais prêt à te laisser disposer de moi…

Non, il était inenvisageable que je te laisse partir. J’ai donc appliqué la méthode Jack, autrement dit celle du harceleur. J’ai envoyé tout ce qu’Aed et Lia pensaient qu’une femme aurait pu aimer. L’un étant gay et l’autre célibataire endurcie…Ce n’étaient pas vraiment les meilleurs professeurs mais quel autre choix avais-je ? J’avais des tarifs préférentiels chez le fleuriste, le vendeur de jus vitaminé, le designer de licornes, ouais ça existe, le sculpteur d’animaux en ballons, le rappeur de messages, ouais ça aussi ça existe. Le silence radio n’avait pas cessé.

J’étais donc passé au niveau supérieur, des deals plus ou moins louches avec son entourage pour qu’ils aillent la voir avec une tablette. Mes motivations étaient des plus égoïstes. Voir ma Veuve Noire et ressentir, ce dont je n’étais plus capable depuis qu’elle s’était éloignée de moi. Elle avait changé et c’était une torture. Son corps se couvrait désormais de vêtements la moulant comme une seconde peau, en noir, évidemment.

Des jeans déchirés, des débardeurs laissant trop de place à mon imagination, comme si sa glorieuse féminité s’était révélée au monde sans que je ne sois là pour voir ça. La vie était mal foutue. Un jour, tu penses que tu es heureux comme tu es et en un instant, tes petites certitudes se font la malle pour te montrer à quel point ta vie était pourrie.

Mon esprit avait construit des compils des cinq secondes précédant la destruction des iPads. J’avais même les enregistrements que je me repassais chaque jour avant de dormir. Son regard furieux me faisait bander. Je n'avais même pas honte de l’avouer. Si j’avais été monsieur tout le monde, la solution aurait été simple comme bonjour…j’aurais pris un avion et campé devant chez elle ou son bureau jusqu’à ce qu’elle accepte de me parler, quitte à me prendre des coups. Oui, c’était à ce point-là.

Sauf que j’étais une proie dont les paparazzis étaient devenus friands depuis le début de la tournée. En plus, mon agenda était plus rempli que celui de la Reine d’Angleterre même sans la tournée. Que fait une Rock Star ? Elle bosse sur sa musique quand elle ne la joue pas. Et que fait-elle quand elle ne bosse pas sur sa musique ? Des interviews, des apparitions malheureusement plus longues que celles de la vierge.

Il faut que vous soyez « Bankable » à chaque minute de chaque journée dixit mon manager dont je n’ai pas retenu le nom. Il faut dire que mes particularités augmentent grandement le turnover du personnel.

Je ne pouvais pas me rendre à Amsterdam et de toute façon je n’aurais jamais pris le risque de lui faire subir les foudres de la presse. Moi, ça ne me fait rien car je suis Robocop mais la connaissant, elle ferait du Kebab de journalistes un must de la cuisine hollandaise. Mais, elle en souffrirait sûrement plus qu’eux, je ne suis pas dupe. J’ai entraperçu ses failles pendant les courts instants où elle déposait les armes. Bon, ça durait un centième de seconde mais c’était assez présent pour que je le décode. Si je ne pouvais venir, il fallait à tout prix qu’elle vienne.

Un démon s’était insinué en moi. Une force maléfique dont j’ignorais la nature. La jalousie, j’étais jaloux des personnes qui pouvaient la voir, de ses partenaires de krav-maga recevant ses coups déchainés, de ses potes, de son lit, de son stylo, de son bureau, de la famille Addams, de tout et de n’importe quoi…Je n’avais plus de goût à la musique, à rien en fait. Alors, je me droguais au sport, beaucoup de sport, à en avoir mal partout. Je suis sûr que même mes haltères en avaient marre de ma tronche.

Je frappais dans des sacs encore et encore, comme si c’était un combat de MMA contre la destinée.

La tournée était en stand-by suite à mon épisode oui-oui écoute RadioHead comme disait Aed. Je me renfermais petit à petit. Tout ce qui n’était pas elle m’ennuyait profondément. Il fallait que j’arrive à reprendre le contact, il en allait de ma constipation. Outre les tourments qu’elle me causait, je souffrais maintenant de constipation chronique. Mon deuxième prénom était devenu pathétique. Je passais mon temps aux chiottes. Sans trop savoir pourquoi, je pensais qu’elle était un meilleur remède que les mixtures infâmes que Aed ramenait de boutiques plus ou moins louches.

Je venais de passer une heure de plus dans ma golden cabine. C’était comme ça que le groupe avait décidé de nommer les toilettes. Ma chère sœur avait eu l’idée de les décorer pour je cite « Rendre l’expérience caca plus agréable pour te décoincer ». Ça donnait les toilettes les plus extraordinaires que la terre n’ait jamais portées. Des guirlandes vertes, de la végétation et même un poisson qui chante « Don’t worry, be happy », une vraie forêt enchantée avec comme bonus une machine qui imite le bruit de l’eau qui coule.

Le problème est qu’être « Happy » sans la Veuve Noire, je ne sais plus ce que ça veut dire. J’étais plus « Happy » quand je ne savais pas ce qu’était être vraiment « Happy ».

Maintenant que je sais ce que ça recouvre, en être privé est pire. On pourrait dire que je suis passé de Robocop satisfait de sa condition à Robocop cryogénisé dont le sourire n’existe plus que dans les vidéos de nos anciens concerts. Il faut que je fasse quelque chose, je ne sais pas quoi mais il faut que j’agisse avant de devenir taré.

Je sors enfin de ma cabine et me regarde dans le miroir en me disant que les hommes en blanc ne vont pas tarder à venir me faire une lobotomie. Aed me coupe dans ma contemplation en me tapant sur l’épaule :

— Hey mec, comment s’est passé ton petit caca ? J’ai déniché un nouveau remède chez mon herboriste préféré, s’excite-t-il.

Le fait même qu’il parle de son herboriste préféré devrait m’alerter mais je suis trop décalqué pour me rendre compte de quoi que ce soit.

Je me contente de fixer le vide dans l’attente qu’il me laisse en tête à tête avec ma solitude et mes crampes intestinales.

— Oh ça va, c’est pas la mort, tu ne vas pas sacrifier ton popo à la Veuve Noire. Moi, aussi, ça me taillade les entrailles de penser que Sam m’a donné une tape dans le dos en guise d’au revoir à la porte de son appart. Un peu comme s’il sortait les poubelles à part que je ne pue pas et que j’ai du style.

Taillader les entrailles, ouais c’est tout à fait ça. Que faire ? Compatir, ouais, j’ai lu quelque part qu’il fallait être à l’écoute de son prochain. Ah oui, dans le pavé des toilettes, une histoire de type avec une couronne d’épines qui change l’eau en vin. Pas un bestseller si vous voulez mon avis. Et puis la couverture était légèrement vintage.

De toute façon, je suis trop constipé et dans mon monde pour me préoccuper de la merde des autres. J’ai entendu dans une des séries de ma sœur que la vie était une tartine de merde qu’il faut manger en souriant. Voilà, pour une fois qu’il y a une morale dans ses conneries. Alors, sourions !

— Un journaliste trop bandant t’attend dans le salon d’hiver, je me suis sacrifié pour le remplissage de sa bouche, il est à point ricane-t-il.

Je suis trop habitué à ce mec et trop Robocop pour que ça ne me provoque une réaction quelconque, surtout dans mon état. Je me dirige vers le salon d’hiver en trainant les pieds.

Ma sœur et moi vivons dans un manoir hérité de nos parents. Ce ne sont pas les pièces qui manquent.

Quand le groupe s’est formé, l’idée que tout le monde vive ici s’est imposée d’elle-même. Chacun a son espace et Lia et moi ne vivons plus seuls. Je n’aime pas être envahi mais je déteste encore plus être seul. D’où le paradoxe.

J’ai tenu à casser le côté austère de ce mausolée en engageant un décorateur. Il a rendu cette demeure plus moderne en ajoutant des touches de couleur sans dénaturer l’endroit. Nous nous sommes décidés à revendre tous les objets coûteux car les fantômes de mes parents planaient sur chacun d’entre eux. L’argent a servi à nous acheter de nouveaux instruments et à installer un studio dans les dépendances. Quel plus beau symbole pour rendre hommage à mes parents ! Enfin, ça c’était avant que j’apprenne que mon père n’était peut-être pas mon père.

Jusqu’à maintenant, mon détective a fait chou blanc. J’ai besoin de savoir. Je ne supporte plus de mentir à Lia et je ne peux lui dire sans pouvoir lui apporter de réponses. Elle n’encaissera pas ça après avoir vécu sans parents, des parents dont elle n’a plus aucun souvenir de surcroit. Elle était si jeune quand ils nous ont quittés.

J’aurais au moins aimé pouvoir continuer à lui dire que c’était de bons parents mais quel parent fait ça à son enfant ?

Une bonne mère aurait au moins laissé une clé, un document à un notaire au cas où le pire arriverait mais j’ai cherché partout et rien…

L’idée que ma Veuve Noire détesterait ma déco m’arrache un sourire et coupe court à mon enfer personnel. Je m’installe dans le fauteuil en face du type qui a dû être débraillé par Aed. Il a un sourire post baise qui a dû mettre le feu au pantalon de mon guitariste. Bon, il parle…qu’on en finisse.

— Bowes, je peux vous appeler Bowes.

— C’est comme ça que je me prénomme.

— Euh…bien sûr…votre tournée a été mise sur pause à cause d’une conquête peut-être…

— Non, dis-je d’un ton sec.

D’après Aed, ma carrure peut impressionner alors j’ai appris à m’en servir. Je reste impassible. Le type se ratatine sur sa chaise et demande en baissant la voix, pareil à un bébé apeuré :

— Les lecteurs aimeraient sans doute connaître la raison de l’annulation d’une série de cinq concerts en Angleterre.

— On n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Les concerts seront reportés le mois suivant. D’autres questions débiles ? réponds-je en m’inspirant du regard glacial de ma Veuve Noire.

Le mec qui semble avoir l’air de vouloir s’enfuir se racle la gorge.

— Euh…j’ai oublié. Je vous laisse euh…vaquer à vos occupations.

Ça suffit. Ma Veuve Noire, tu vas débarquer ici même si je dois faire usage de la force. Je compte bien agir à la manière de Jack s’il le faut. Je lui envoie un message. Mes potes ont décidé de le faire emménager dans la maison d’invités, histoire de l’avoir sous le coude, vu mon état du moment. Il faut atteindre un niveau de folie certain pour avoir un psy à domicile.

Le truc nous coûte une fortune en Whisky. Des fêtes auxquelles je n’assiste même pas sont organisées chaque soir. Des inconnus se baladent dans mon domaine, occasionnant des dégâts à l’intérieur comme à l’extérieur. Et putain de merde, pourquoi je ne me rends compte de tout ça que maintenant ? Je pars à la dérive, il faut que ça cesse. Le plan « il faut ramener la Veuve Noire » doit être enclenché.

On va peut-être enfin rentabiliser l’investissement en bouffe, whisky et call girls.

Mon psy arrive torse nu avec la bouteille nécessaire à ma thérapie et un chapeau de St Patrick. Ce qui me rappelle que ma fête préférée approche, je la veux à mes côtés pour l’évènement, qu’elle le veuille ou non :

— Ça va mec, c’est vraiment sympa ici. On me file des joints, du whisky et cette femme de chambre a un cul prodigieux. Je me suis caché derrière la porte, elle a été saisie et elle s’est mise à genoux comme si j’étais le messie. Elle a vu ma serviette tomber et elle n’en croyait pas ses yeux.

Je lui balance un plaid. Les psys qu’on voit dans les séries portent des costumes ou au moins une chemise, le mien, c’est…Jack. Son torse velu me donne la nausée. En plus du coût d’un tel énergumène, je vais me taper des plaintes pour harcèlement sexuel. La St Patrick est synonyme de chance, d’habitude.

— Possible qu’elle ait été gênée et qu’elle voulait couvrir ta…chose. Se cacher derrière les portes, ça fait un peu agresseur.

Jack hausse les épaules, se lève et prend des verres avant de servir le Whisky comme si de rien n’était.