Curves Rock - Tome 3 - Amy Nightbird - E-Book

Curves Rock - Tome 3 E-Book

Amy Nightbird

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Beschreibung

Pourquoi choisir quand le gardien de l'Enfer et le diable aux faux airs de l'ange Gabriel me désirent tous les deux ardemment ?


Alors que Stones pensait être unique à leurs yeux et qu'elle commençait enfin à s'accepter à leur contact, elle découvre une vidéo levant le voile sur certains des sombres secrets de ses deux Apollons. Choquée par ces révélations, elle décide de partir pour une destination lointaine, sans prévenir personne, même pas son meilleur ami. Mais quand elle apprend que la santé de Jake est en danger, elle n'a plus d'autre choix que de rentrer et de faire face à ses démons. Coachée par sa mère, elle apprend à ne plus se laisser faire et à s'affirmer. Petit à petit, elle va s'ouvrir à un monde où toutes les barrières qu'elle avait érigées vont tomber une à une, et dans lequel elle pourra enfin révéler son obscur reflet. Et si elle n’avait jamais été plus elle-même qu’à ce moment précis ? Mais si Stones a bien appris quelque chose, c'est qu'à chaque fois qu'elle touche le bonheur de trop près, la chute est d'autant plus grande.


Plus rock, plus osé, plus addictif, cet avant-dernier tome dévoile une Stones plus affirmée, plus libre et plus sexy que jamais.



À PROPOS DE L'AUTEURE


Après avoir exploré une partie du monde, Amy Nightbird a décidé de se poser dans une petite ville de Belgique quand elle a trouvé quelqu’un d’aussi singulier et original qu’elle. Elle a fait de sa passion pour le voyage un métier. Habitante de la planète rock, elle aime passer des heures à écouter Biffy Clyro, Metallica, Fall out Boy et tant d’autres artistes, parfois avec son petit rockeur de presque trois ans. Amy prend plaisir à raconter l’histoire de personnages cultivant leurs différences et failles, toujours avec une part d’ombre et une touche d’humour.




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Le rock est la foutue meilleure drogue du monde.

Angus Young

Playlist

Run, SnowPatrol

Now You’re Gone, Whitesnake

A Hunger in Your Haunt, Biffy Clyro

Stop Crying Your Heart Out, Oasis

Maybe It’s Time, SIXX:AM

Beggin’, Måneskin

Skinny, Kaleo

Beautiful Dangerous, Slash (feat. Fergie)

Unforgettable, Godsmack

Better Than Life, Papa Roach

Like a Stone, Audioslave

Waiting On A War, Foo Figthers

Higher, Creed

Monster, Shinedown

Unstoppable, Eva under Fire

Witch’s Cup, Biffy Clyro

Sail, Awolnation

I wanna be your slave, Måneskin

Chapitre 1 « Run », Snow Patrol

Jax

Cette poudre blanche est un appel beaucoup trop tentant alors que j’ai perdu la substance qui composait le fil qui me reliait à la vie, ma nouvelle drogue. Celle qui avait réussi à supplanter l’ancienne. Nous avions formé le triangle parfait et il a explosé comme un morceau de Rage Against The Machine. Je sais que je l’ai perdue. Personne n’accepterait ça, elle n’acceptera jamais ce énième truc merdique de ma part. Le mensonge est un peu comme une tradition dans la famille Smith. On apprend à mentir avant de jouer au ballon. Ma furie dit ce qu’elle pense même si j’aimerais parfois qu’elle le fasse moins, surtout quand il s’agit de me balancer mes quatre vérités en pleine face sans sommation. Elle, ma Stones solaire au putain de caractère avec cette part d’ombre qui ne demande qu’à éclore. Dans l’idéal, je n’aurais pas ce passé où j’ai fait toutes les conneries possibles et imaginables. Pas que je n’en ai jamais eu honte.

Rien que de savoir qu’elle n’est pas à mes côtés, qu’elle pourrait être avec son fichu doudou qui en veut à sa chatte ou pire qu’elle pourrait un jour rencontrer quelqu’un qui n’est pas moi, me rend malade. J’étais clean parce que j’avais encore quelque chose à attendre de la vie. Sans elle, rien n’aura plus la moindre putain de saveur. Le soleil n’aura plus jamais cette putain de brillance qu’il avait quand il se reflétait sur sa crinière. J’en viens même à me dire que je préférerais ne jamais avoir connu cette flamme si c’était pour la voir s’évaporer.

J’ai l’impression que quelqu’un est en train de me taillader l’âme et ce n’est pas mon genre de dramatiser. Cette douleur n’est pas celle qui me permet d’exister, c’est celle qui m’aspire vers le néant. Je baisse ma tête, colle mon nez à la poudre immaculée et la sniffe. Je fais la seule chose que je peux encore faire pour échapper aux ténèbres. La sensation est détonante. Ça me détend et me transporte dans un monde où je me sens chez moi.

Quelqu’un frappe à la porte. Cool, les gars peut-être, on va se faire une petite sauterie d’enfer, ça va être l’extase. J’ouvre la porte en souriant.

— Wow, Dan, quelles sont les nouvelles ? Tu t’éclates !

Pour info, ça, c’est le Jax sous coke. Il est quand même plus fun, vous ne trouvez pas ? Danounet a l’air un peu tristounet. Wow, ça rime en plus, c’est du délire. Je pense que je vais lui proposer un peu de poudre. Ça va le calmer, le coincé du slip.

— Mon père est mort, dit-il une voix blanche.

— Ah mais c’est génial mon pote, comment c’est arrivé ? On va s’asseoir, se servir un verre, un peu de poudre et tu vas tout me raconter. Au fait, qui l’a tué ?

— Moi, murmure-t-il.

— Encore mieux, mon pote, de toute façon on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! m’exclamé-je en applaudissant.

Deuxième info : le Jax sous coke est insensible et trouve tout génial. Remarquez, le Jax clean n’est pas non plus un exemple de sensibilité. Dan me suit sans s’offusquer de ce que je viens de lui balancer. Il a l’air paumé, un peu de coke devrait l’aider à être plus fun, plus comme moi, quoi. On s’installe sur le canapé couleur prune de la suite. Putain de drôle d’idée d’avoir mis une couleur aussi criarde. C’est moche, mais alors vraiment moche. J’ai voulu le faire changer, mais Kyle m’a dit que j’étais en train de devenir une vraie petite femme d’intérieur, genre le mec de Madame est servie. Ça m’a calmé direct. Ce mec sait trouver les mots qu’il faut pour me faire redescendre.

Je me refais un rail et en prépare un pour ce bon vieux Dan qui accepte bizarrement mon invitation silencieuse. Il se fait une ligne.

Danounet est en train de passer de côté obscur de la force, mais au fait, il est mort comment, le Caleb ?

— Dis-moi tout, il est mort comment, Gargamel ?

C’est comme ça qu’on l’appelait quand on était plus jeunes. Je crois que ça a un rapport avec son côté maléfique, sans morale, un peu froid quoi. Il y a aussi son physique et sa calvitie plus que naissante. Il est clair que mon pote ne tient pas son côté beau gosse de son paternel. Pas que je regarde les mecs, mais je ne compte plus le nombre de nanas qui lui ont proposé leur culotte en offrande. Bref, je ne me souviens plus car je n’ai pas les idées claires. Je m’affale sur le canap’. Dan fait de même et soupire.

— Quand il a appris que je lui avais fait à l’envers, que j’avais contrecarré ses plans, il a fait une nouvelle crise cardiaque, et poum ! ricane-t-il.

Wow, le Dan sous coke est quand même vachement plus drôle aussi. Je suis fan. J’éclate de rire comme un con. Tout un coup je sens mon cœur qui s’emballe, un flash de ma furie en tenue de walkyrie me foudroie. Son joli visage, sa crinière chocolatée, ses grands yeux qui me transpercent et cette phrase qui m’achève : « Pourquoi ne cesses-tu de me faire souffrir ? Pourquoi veux-tu me détruire ? » La phrase tourne en boucle, et je ferais tout pour qu’elle s’arrête, pour que je puisse cesser de me sentir comme une merde. J’ai l’impression de quitter mon corps. J’entends la voix de Dan au loin :

— Merde, vieux, tu fais semblant d’être mort. C’est bon, je sais à quoi ça ressemble, plaisante-t-il en me secouant.

Des visions de Stones reviennent me torpiller avec cette putain de phrase : la fois où elle m’a foutu une baffe, celle où elle m’avait dit qu’elle avait réfléchi à plusieurs façons de séparer ma tête de mon corps, toutes ces fois où elle a nié notre attraction mutuelle. C’est horrible, comme si on me filait des coups de poignard partout dans le corps. Je suis immergé dans les scènes comme si j’y étais encore. Elle prend le visage de mes démons. C’est de la torture. Toutes les fois où j’ai foiré, je revis ça à vitesse V prime. La voix de Dan me parvient encore, mais toujours plus lointaine.

— Merde, Jax, réveille-toi ! J’appelle les secours, mec, tiens bon, dit-il d’une voix mal assurée.

Les flashs continuent de me frapper comme si ma putain de vie défilait devant mes yeux. Mes secrets les plus sombres, toutes ces fois où j’ai dynamité les limites, tout ça me saborde comme si je marchais sur un champ de mines. Je ne sens plus mon corps, je ne sens plus rien.

Suis-je en train de mourir ? Je dis ça parce que je n’aimerais vraiment pas que ma nécrologie dise que j’ai cassé ma pipe sur un canapé prune en train de me foutre de la gueule du père mort de mon meilleur pote. Je suis peut-être en route vers les flammes de l’enfer. Quoique le paradis pourrait être drôle aussi, à mon avis. Je suis de taille à engendrer une mutinerie causée par ma superbe personnalité plus qu’arrangeante. En moins d’une semaine à crécher là-bas, la moitié des anges serait en train de manifester en menaçant de claquer la porte, l’autre serait en train de passer de l’autre côté pour acheter des armes.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n’inspire pas vraiment la sympathie. C’est la jaxisation à l’opposé de la relaxation. Tu ne sais pas pourquoi, mais quand tu me vois, tu as envie de me zigouiller.

Pitié, faites que je n’aille pas au paradis, ça a l’air vraiment trop blanc, trop chiant, en plus je suis sûr qu’il n’y a pas de rock parce que c’est la musique de l’enfer à ce qu’il paraît. Non, je vais en enfer, je l’expliquerai au mec à l’entrée, quitte à lui filer un bakchich.

J’entends qu’on m’appelle, c’est peut-être le verdict, alors Jax débarque au paradis ou en enfer ? J’aurai une tenue de scène, quelqu’un va m’annoncer style roulement de tambour. Peut-être même qu’on va me transformer en fantôme comme dans Ghost et je pourrai hanter Stones, la surveiller et jouer les voyeurs. Ça me tente à mort ça.

J’ai une migraine de dingue, j’essaie d’ouvrir les paupières, mais les néons m’éblouissent :

— Jaxson, Jaxson, vous m’entendez ? dit un type avec une lampe.

Fait chier ! C’est bon, j’ai dit que j’étais ébloui par les néons, est-ce que je te fous ma lampe en pleine gueule, moi ?

— Qu’est-ce que j’ai foutu pour avoir une calamité pareille comme fils ! Putain, Jaxson, tu vas me faire le plaisir de te réveiller et maintenant, je n’ai pas que ça à faire.

Voici Jacob Smith dans toute sa splendeur. Niveau d’inquiétude : zéro. Niveau d’agacement : cent. Le reste est quelque part entre la déception, la colère et le regret de ne pas avoir de tueur à gages sous la main.

J’ouvre les yeux pour tomber sur le visage pro du doc, sur celui en rogne de mon paternel, et pour finir sur le visage inquiet de Dan. On est dans Le bon, la brute et le truand, ça y est. Finalement, je vais les refermer. Je ne suis pas d’humeur, j’ai un mal de crâne abominable et ma gorge brûle.

Le docteur se racle la gorge et tourne les pages de son dossier. Putain, vas-y mon vieux, j’ai un paquet d’engueulades qui m’attendent, alors je n’ai pas que ça à faire.

— Donc, il semblerait que vous ayez fait une réaction à la kétamine. Vous avez pris quoi ?

Bon, pas le choix, je ne peux pas mentir pour m’en sortir, sur ce coup. Je n’ai pas pris de la kéta-machin, j’achète toujours la coke la plus pure et je mets le prix.

Je n’ai pas envie de crever ici sous la lumière des néons dans cette atmosphère aussi froide que la banquise avec mon paternel dans le rôle du pingouin.

Trois, deux, un… c’est parti !

— Deux rails de coke, murmuré-je.

— Mais tu es irrécupérable, tu sortais de désintox et tu replonges ! Je vais devoir te coller un garde du corps ou une nounou, je ne vois que ça ! déclare-t-il comme si c’était le premier rôle du film Jax fout sa vie en l’air as usual.

Remarquez, il ne ressemble pas du tout à un père inquiet. Il est là, nous toisant dans son costume trois pièces impeccable, Prada évidemment, coupe stylée et barbe bien taillée. Il est l’archétype même du PDG qui te dit qu’il n’a pas que ça à faire et que tu l’emmerdes. Après le bad trip que je viens de vivre, c’est clair que j’ai envie de tout sauf de me refaire un rail. J’ai pris conscience du fait que ma vie pouvait basculer à tout moment. Transformer mes démons en réalité, c’est la pire chose qu’on pouvait me faire. Le docteur se racle encore la gorge, l’air de dire qu’il a un patient à soigner, et que les drames familiaux, ça le soule. Bienvenue au club, mec.

— Votre coke était sûrement coupée avec de la kétamine. On appelle ça un Calvin Klein. C’est très dangereux, monsieur, vous avez eu de la chance, me prévient-il. On vous garde en observation cette nuit et je vous conseille de prendre contact avec un addictologue pour votre suivi.

Ils font aussi de la drogue, en plus des sous-vêtements, c’est la classe. C’est qu’il s’y connaît en plus. Putain, elle m’a refilé de la coupée. Je vais me charger de faire passer le mot, bien que je n’en aurai plus jamais besoin. Elle va regretter d’avoir croisé ma route. J’ai eu l’impression de mourir. Je n’ai pas envie de crever comme ça. Je veux encore vivre, baiser et faire de la musique. C’est déjà pas mal comme raisons de vivre. Sans parler de my precious Stones. Pour ma dulcinée, il faudrait que j’arrive à être un minimum maître de mes émotions et éventuellement que j’arrête de faire des conneries. Et ça, c’est aussi impossible que Mister Bean qui défilerait pour Victoria Secret.

Le doc se barre et le Jacob soupire d’exaspération :

— Bon, c’est décidé, je vais engager un garde du corps, enfin une nounou, et tu vas filer droit. Hors de question que la famille souffre encore de tes frasques. On a une réputation à préserver et un rang à tenir. J’ai à faire, j’ai appelé ton frère pour qu’il vienne te surveiller. Ta nounou se pointera demain.

Voilà une autre facette du Jacob, il se prend pour le parrain et voit notre famille comme une mafia, les malversations en moins. Quoique comme toute famille de la haute, on s’arrange avec la loi. Elle n’est pas toujours très conciliante, mais on s’y fait. Ce sont des problèmes de riche, comme je dis toujours. Ajoutez un type qui bouffe des spaghettis et on serait pile-poil dans le thème dans une trattoria. En revanche, la mère poule italienne, vous l’oubliez tout de suite. Ma mère est sûrement trop occupée à faire du shopping ou à siffler son Chardonay. De toute façon, je n’avais pas vraiment envie qu’elle m’emmerde.

Mon paternel se barre comme une tornade en claquant la porte. Ouf, putain, il s’est tiré. Je ne le supporte qu’à dose homéopathique, et encore, les jours fériés. La seule manière d’y survivre est d’éviter de prononcer le moindre mot inutile. Je me tourne vers un Dan encore dans les vapes :

— Toi aussi tu as eu un bad trip ?

— Ouais, j’ai vu mon père comme s’il était vivant. J’ai flippé grave, j’ai fait une crise de panique. Plus jamais je ne retouche à ces merdes, soupire-t-il.

Il soupire et me regarde hésitant à parler. Je suis somnolent, mais j’ai quand même envie d’entendre les conneries qu’il va débiter.

— On ne peut plus se permettre de faire ça, marmonne-t-il.

— Faire quoi ?

— Se détruire comme si rien n’était important. On doit se reprendre pour nous, pour Stones et pour les gens qui ont le malheur d’avoir l’obligation de te supporter. Si on veut avoir la moindre chance avec elle, il faut qu’on devienne des rocs. On ne peut pas lui prouver toutes les deux secondes qu’elle a raison d’avoir peur.

Ça me fait chier de le reconnaître, mais il a raison. Si on veut avoir une chance de construire quelque chose et de la récupérer, on ne peut pas se défoncer au moindre problème. Je viens de dire « construire », ouais, je crois bien que je viens de dire un gros mot. Je parle surtout pour moi quand je dis « se défoncer au moindre problème ». Parce que Dan, avec tout ce qu’il s’est pris dans la gueule aujourd’hui…

— Qu’est-ce que tu proposes ?

Je suis crevé, mais je ne trouverai pas le sommeil tant que je ne saurai pas. Il est clair que je ne suis pas le cerveau du truc, sans doute trop panzer. Je suis juste la tête chantante des Black Suits, comme Freddie l’était pour Queen. Si je réfléchissais avant d’agir, ça ferait les gros titres.

— On ne va pas la poursuivre encore une fois, il faut qu’elle revienne d’elle-même. Pour ça, il faudra qu’elle ait accès à la vérité. Je trouverai un moyen. En attendant, tu donnes tout ce que t’as dans ton album et tu fais ton suivi pour qu’on soit sûr que tu restes clean. Cette nounou est plutôt une bonne idée, dans un sens. Moi, j’ai des choses à régler, comme des funérailles à organiser, une multinationale qui va devenir mon entreprise, une Julia à museler une fois pour toutes. Bref, on a du pain sur la planche ! s’exclame Dan.

Il parle des funérailles de son père comme si c’était un truc en plus sur sa liste dont il devait s’occuper. En même temps, vu la relation qu’ils entretenaient et le coup qu’il lui a fait, je comprends. Je pense même que je serais plus peiné si le Jacob intégrait le cercueil. Même si c’est avec une attitude de merde, il s’occupe de moi et ne me laisse jamais tomber. Il faut lui reconnaître ça…

— Comment ça la nounou est une bonne idée ? Putain c’est pas toi qui auras quelqu’un qui te suivra vingt-quatre heures sur vingt-quatre, même aux chiottes. Et comment on va réussir à gérer le fait de ne pas savoir où elle est ? À la base, on est des doms, on aime le contrôle et laisse-moi te dire qu’on contrôle que dalle !

— Tu ne penses quand même pas que je vais rester les bras croisés sans la chercher ? Elle est à nous. Peu importe ce qu’elle pense de cette vidéo, ce sera à nous de la convaincre de ce qu’on ressent pour elle. J’en crève de ne pas l’avoir à mes côtés, sinon je n’aurais jamais pris de coke. Ce n’était pas que mon père. Bien sûr, je me sens coupable d’avoir été la cause de son infarctus, mais les médecins avaient dit que c’était inévitable. Pour moi, il était déjà mort quand ma mère s’est éteinte de toute façon, et même avant. Pour notre Stones, j’ai besoin de tenter le tout pour le tout, même si on se prend un râteau qui aura sa place dans le Guinness. Je suis à côté pour passer quelques coups de fil. Je reste jusqu’à ce que ton frère arrive.

— Merci, mec.

Je n’arrive pas à lui dire ce que j’aimerais lui dire. C’est plus qu’un merci. Lui et moi, c’est à la vie à la mort. Je préfère ne pas penser à ce qui me serait arrivé s’il n’était pas entré dans cette chambre. Ma plus grande peur a toujours été de crever seul d’une overdose dans une chambre d’hôtel. Avoir frôlé la mort de si près m’a foutu la peur de ma vie, assez pour me remettre les idées en place. Je sais que le chemin sera aussi long que la route 66, mais je veux devenir un peu moins écorché vif, un peu plus fréquentable pour elle, pour ma famille, pour ceux qui ont le malheur de me supporter. Après, il est clair que je ne deviendrai jamais le gendre idéal qu’on présente à sa famille. Je serai toujours moi, entre Jax la menace et Jax le connard. C’est sur ces pensées étrangement raisonnables que je m’endors paisiblement.

Chapitre 2 « Now You’re Gone », Whitesnake

Jake (guest star de passage)

Je me dépêche de finir la commande d’un illuminé des Émirats qui voulait un jean orné de cristaux Swarovski. Sérieusement, c’est super kitch, bling bling et sans le moindre intérêt pour un styliste comme moi. Je suis sûr que même dans QueerEye, on trouverait ça toomuch. Je ne suis pas mégalo, enfin si un peu, comme tous ceux et celles qui ont du talent. J’appelle ça une commande qui paie le loyer. Je m’ennuie, je ne peux pas exprimer tout mon génie artistique, mais le prix qu’il m’a proposé pour que ce soit prêt ce matin était tout simplement indécent. J’en crève de ne pas être avec ma chérie, de ne pas l’avoir dans mes bras. J’aurais dû veiller sur elle, la protéger comme je l’ai toujours fait. Ces deux abrutis l’ont encore fait souffrir et sur la place publique en prime. J’en ai des douleurs physiques, une envie irrépressible de déverser des torrents de larmes ou de les affronter sur un ring, au choix. Il paraît que je suis un paradoxe ambulant. Comme dirait Stones, je suis comme les nounours en guimauve, dur à l’extérieur et doux à l’intérieur. Moi, je pense que pour atteindre mon cœur, il faut une arme, style épée ou machette.

Et dire que Pete est le frère d’un de ces connards ! Il a un caractère assez facile si on fait l’impasse sur son côté ultra possessif. Le sexe est génial avec lui, il a un cul à damner un saint, mais je ne sais pas si tout ça ira très loin. Je n’ai jamais été très doué pour me soumettre. Je dicte mes propres règles et mes partenaires les suivent ou partent. La seule fois où j’ai fait une entorse à ce principe, ça a failli me coûter la vie.

Stones est mon soleil. Elle sera toujours là, son âme est en communion avec la mienne. Quand elle est mal, je suis mal, quand elle part, je pars. Je suis incapable de vivre sans elle.

Je ne les laisserai pas s’en tirer comme ça. Je pensais que ce trio était une bonne idée, que j’arriverais à y trouver ma place auprès de Stones, même comme simple meilleur ami. Je décrirais ce qu’il y a entre nous comme une sorte de bromance, à part que c’est une femme. Je ne peux pas la laisser entre leurs mains s’ils se comportent comme ça, surtout après tout ce qu’elle a fait pour moi. Si je dois jouer les Wonderman, je le ferai. En plus, je serais magnifique dans le costume.

J’ai besoin d’elle autant qu’elle a besoin de moi. Elle m’a toujours dit que je devais en avoir marre qu’elle m’appelle au moindre problème. Si elle savait à quel point elle se trompe ! Je n’aurais jamais pu avancer sans elle et je ne pourrai jamais le faire. En plus, j’ai prévu des trucs de dingue pour Stones, la nouvelle égérie de ma marque pour les femmes pulpeuses. C’est en hommage à cette créature que j’ai créé cette ligne et je veux qu’elle soit au premier plan en tant qu’égérie. Elle n’est pas vraiment d’accord. En fait, je ne lui ai pas vraiment demandé son avis, mais c’est un détail. Qui pourrait me refuser quoi que ce soit ? Le styliste et sa muse, ça en jette. J’ai toujours rêvé d’en avoir une.

Pete descend en boxer en affichant un air ensommeillé que je trouverais adorable s’il n’était pas le frère d’un de ces enfoirés. Il se fait un café et revient vers moi alors que je m’abime les ongles sur ces crasses de cristaux. Mon état de colère ne m’aide pas à accélérer. Pete me regarde sans comprendre la raison de mon attitude.

— Que se passe-t-il, chéri ?

Quelle est la suite de ce charmant surnom ? Un petit-déjeuner en famille, un brunch chez maman en bermuda ? Je déteste les bermudas. J’ai l’impression qu’on n’est pas sur la même longueur d’onde, très cher. Je ne suis pas d’un naturel spécialement romantique et j’ai l’impression qu’il n’est pas très au fait de ma personnalité ô combien délicieuse. Je sais me montrer adorable à de rares occasions, fantasque, râleur, chiant, tyrannique, faire ma star, mais être romantique, non. Ai-je oublié de mentionner que j’étais une vraie crème… brûlée ?

— Il se passe, « chéri », que ton frère a encore merdé avec Stones et que je me dépêche de finir cette commande horriblement bling bling pour un émir avant d’aller la réconforter !

— On ne va quand même pas encore parler de Stones après cette nuit magnifique ! Et qu’est-ce qu’il a encore fait ? Ça ne peut pas être si grave, je voulais t’emmener en week-end en amoureux, minaude-t-il.

Je fulmine, je vais le tuer ! Non, c’est vrai c’est interdit par la loi. En même temps, les lois, c’est surfait. Au moins dans La Purge, on a une nuit pour tuer qui on veut sans être inquiété. Il n’y a pas à dire, ça me détendrait, là maintenant, d’ajouter des noms à ma petite liste. Le seul problème, c’est que j’exaspère pas mal de gens au quotidien. Je serais donc sur beaucoup de listes. Rectification faite, heureusement qu’on n’est pas dans LaPurge.

Je pensais qu’on avait fait le tour de nos attentes concernant ce début de « romance » comme il disait. Moi, j’aurais dit que j’en étais qu’au stade de l’esquisse d’un rapprochement, d’où le problème. De toute façon, tant qu’il n’aura pas intégré que c’était avec Stones ou rien… Je pensais aussi avoir été limpide sur le fait qu’elle avait une place essentielle dans ma vie. Il a remisé mon discours dans une malle entre une chanson des Pet Shop Boys et un quarante-cinq tours de Mike Brant. Heureusement qu’il est canon, ça sauve l’affaire.

— Merde, Pete, j’y vais et tu as intérêt à revoir ton attitude parce que j’ai bien senti qu’elle se sentait de trop hier, et ça c’est aussi impossible que Mylène Farmer dans un groupe de rock. Je te conseille de te faire une raison, « chéri », déclaré-je en mimant les guillemets.

Quoi ? Il faut prendre des références qui lui parlent. Moi j’aurais dit aussi impossible que Paul McCartney chez les Stones. Mais Mylène Farmer, c’est plus son genre.

— En même temps elle est toujours là, ça fait beaucoup pour moi, tu peux le comprendre quand même ?

— Elle ne sera jamais trop là, si elle veut, elle vient habiter ici demain. Je la logerais, lui donnerais tout ce dont elle a besoin sur un mot de sa part. Tu ne comprendras jamais ce qui nous lie. Il n’y a pas de mot assez fort pour le définir. Si elle veut repartir, je repartirai.

— Mais enfin, chéri, elle était avec Jax ou Dan, peut-être les deux. Tu n’as aucune chance, dit-il en mode diva à la dérive.

— Tu ne comprends pas, ce n’est pas comme ça que je le vois. Où elle sera, je serai. Ce n’est pas sorcier et ce qu’il s’est passé…

Je me mets à balancer tout ce qu’il y a sur mon bureau et c’est moi qui fais la diva. Pete me prend dans ses bras en ayant la décence de paraître peiné. Il me caresse les cheveux.

— Dis-moi ce qui s’est passé, chéri ? murmure-t-il.

Je souffle et m’assieds sur un tabouret en l’invitant à faire de même. Putain, il est chiant à m’appeler chéri constamment. Il me regarde en me faisant un signe pour que je vide mon sac.

— C’est… un article et une sextape. Apparemment, Dan va se marier avec Julia. L’annonce a été faite en grande pompe dans un gala de charité financé par le papounet. D’ailleurs, la Julia portait une robe rouge criard qui ne l’avantageait pas du tout. Ça jurait vraiment avec ses cheveux. Bref, il y avait aussi une vidéo qui m’aurait fait bander si ça ne concernait pas indirectement Stones, où Julia s’en donne à cœur joie avec ton frère et Ken… Enfin, Dan. Stones doit être au trente-sixième dessous. Je vais me les faire !

— Je pense vraiment que je devrais appeler mon frère. Il y a une rumeur qui dit qu’ils se partageaient Julia, mais c’était il y a un moment. Et ça m’étonnerait que Dan ait remis le couvert avec cette peste. Tu sais bien que ces charognards sont prêts à tout pour vendre du papier. Je vais venir avec toi pour te soutenir et faire amende honorable.

Oui, c’est cela. Je ne suis pas convaincu, mais bon, au moins il essaie.

— Ou alors ils ont remis le couvert en se moquant de Stones. Si c’est ça, crois-moi, je vais m’en prendre à leurs bijoux de famille et pas d’une manière agréable, m’énervé-je.

— Je préférerais que tu examines les miens, plaisante-t-il.

— Plus tard, mon cher, plus tard, ricané-je.

J’ai au moins pu m’épancher et sa petite plaisanterie toute mignonne me détend assez pour finir mon travail. Le ding de l’entrée retentit. J’emballe cette horreur dans du papier de soie et la donne à un type en robe qui a l’air tout excité mais le cache bien. Apparemment, il aime cette horreur, grand bien lui fasse. Heureusement pour moi, mon nom ne sera pas dessus. Les dieux de la mode me fustigeraient. Il a même dit un truc à propos d’un harem. Moi aussi, j’aime l’idée d’un harem, sauf que dans le mien, il y aurait plein d’hommes et Stones. Au moins, elle ne s’ennuierait pas et moi non plus. Faudrait que j’en parle à Pete. Euh, en fait, non. Avant, il faudrait qu’il s’enlève le balai qu’il a dans le cul. Ma chérie dit toujours que mon cerveau héberge beaucoup trop de paillettes et de confettis pour qu’on s’y retrouve. Elle n’a pas tort.

Pour me sortir mes plans débiles de la tête, je prends une bouteille de gin, des chips et les paquets de friandises que ma chérie aime tant. Pete est prêt, super sexy dans son jean, mais sa chemise est rentrée dans son jean… Il va falloir qu’on en parle parce que ce n’est vraiment pas possible pour un type qui se dit avoir une « romance » avec un styliste. On s’installe dans ma mini et on se dirige vers l’appart de Stones qui n’est pas loin. J’arrive devant la porte et je sonne. Pas de réponse. Je recommence, toujours pas de réponse. Merde, je sors la clé de ma poche. Je l’avais prise au cas où elle aurait son casque sur les oreilles et qu’elle ne me répondrait pas. Je l’introduis dans la serrure. Pete attrape mon bras.

— On devrait lui laisser un peu de temps, dit-il.

— C’est bon, on sait ce que tu en penses, soit tu vas dans mon sens, soit tu n’as rien à faire ici.

Je tombe sur un appartement bien rangé, elle qui n’est pas du genre ordonné. Ses valises d’hier sont toujours là. Elle a dû remarquer que je lui ai refilé des fringues. Je ris intérieurement en imaginant sa réaction. Une bouteille de Bombay à moitié vide trône sur l’îlot. Je vais dans sa chambre, personne, pareil dans la salle de bain. Je commence à paniquer. Son parfum flotte toujours dans l’air. Je me poste au centre de chez elle en tournant sur moi-même pour m’assurer que c’est bien un cauchemar au moment où Pete me tend une lettre.

Jake,

Je sais que tu es sûrement très en colère, mais je ne pouvais pas rester là. Je suis… enfin je veux oublier tout ça. Je savais bien que tout ça n’était pas possible. Deux mecs de ce genre et moi, c’était comme une erreur de casting.

Je reviens dans quelque temps. J’ai juste besoin de me poser, de m’éloigner pour faire le point. Je dois apprendre à être forte par moi-même et ça commence par partir seule.

Je ne peux pas te dire où je suis car c’est mieux comme ça. Je ne veux pas être le boulet qui te demande une nouvelle fois de tout plaquer.

Tu commences une jolie histoire, je refuse d’être un obstacle entre Pete et toi. Tu mérites tellement le bonheur, les paillettes et tout ça. Vis ce que tu dois vivre et avant que tu ne t’en rendes compte, je serai de retour. Ne m’en veux pas et embrasse Pete pour moi.

Love you,

Stones

Le bonheur, les paillettes ? C’est plutôt mon genre. Si elle me pique mes répliques, c’est qu’elle n’est pas dans son état normal.

— Va-t’en ! dis-je de plus en plus en colère.

— Mais, Jake, qu’est-ce qu’il se passe ?

— Dégage tout de suite ! hurlé-je. Je vais te dire ce qu’il se passe : c’est à cause de ton attitude de merde. Elle était perdue, elle souffrait, et au lieu de venir me voir, elle a préféré se barrer pour ne pas être un obstacle entre nous deux.

Il me regarde en souriant. J’espère qu’il va retirer ce sourire de son visage car sinon je m’en charge à coups de fourchette. Quoi ? On fait avec les moyens du bord.

— En même temps, elle n’a pas tort. Et si on partait pour ce petit week-end à Deauville ? Ça te ferait du bien, chéri.

Alors, voilà quelque chose qui ne risque pas d’arriver.

— Dégage, par pitié, et emmène ton putain de flegme britannique avec toi, marmonné-je dans mes dents.

— Mais qu’est-ce que tu vas faire ?

— J’ai besoin de rester seul.

— Ok, tu m’appelles, chéri ? demande-t-il en battant des paupières.

— Ok !

Il part vers la porte, pas le moins du monde inquiet pour Stones. Merde, où es-tu ? Pitié, dis-moi que tu vas bien. Je me mets dans son canapé et pleure comme un bébé en respirant l’odeur de son plaid, son odeur. Son âme manque déjà à la mienne. J’aimerais tellement qu’elle soit là avec moi et qu’on dise des horreurs sur ces deux abrutis en mangeant des cochonneries. Je tente de l’appeler, sans succès, alors je décide de rester ici pour… je ne sais même plus pourquoi. Peut-être ai-je un vague espoir qu’elle passe la porte.

Notre relation est plus qu’une simple amitié. Bon, déjà, il y a l’attirance physique qu’elle ressent autant que moi, même si elle le nie. J’adore quand elle me regarde comme si j’étais un muffin au chocolat alors qu’elle pense que je ne la regarde pas. J’ai tellement aimé ce qu’elle m’a laissé lui faire en Cappadoce. Ça n’ira peut-être plus jamais aussi loin mais tant pis. Stones a une aura dont elle ignore totalement le pouvoir. Elle a toujours été libertine sans vouloir se l’avouer. Peut-être que ça aura au moins servi à ce qu’elle devienne celle qu’elle a toujours été. Je veux qu’elle soit ma chérie comme elle l’a toujours été. Je veux qu’on ait nos moments privilégiés. Je veux avoir ma place dans sa vie. J’allume son Marshall et mets Now You’re Gone de Whitesnake. Cette chanson n’a jamais été autant de circonstances qu’à cet instant précis.

Je lui dois tout. Je m’étais coincé dans une relation avec un dominant qui m’enfermait dans mon appart pour m’utiliser quand il en avait besoin. C’était la descente aux enfers, mais je ne m’en rendais pas compte. Les relations étaient exigeantes et violentes. Au début, je trouvais ça excitant, différent, je flirtais avec le danger. Ça me plaisait. En apparence, tout était normal. Je travaillais, je voyais Stones, on regardait des séries. On n’était pas du genre sociable à l’époque. Ensuite, il avait subitement décidé qu’elle avait une mauvaise influence sur moi. J’étais amoureux, ou du moins, je pensais l’être. J’avais pris l’habitude de voir Stones en cachette. Au bout d’un moment, je ne me nourrissais plus. Les exigences de mon dominant étaient de plus en plus contraignantes. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même.

Un jour, Stones a décidé à raison que c’en était trop. Elle est venue alors qu’il était là pour lui dire sa façon de penser, mais on ignorait qu’il avait une arme. Même si je savais que c’était un flic, je pensais qu’il ne gardait pas d’arme à la maison. Il m’a menacé, m’a dit qu’il tuerait Stones si je ne me comportais pas comme un bon petit esclave. Et là, le mot avait raisonné en moi comme une grenade. Je n’avais jamais été un soumis, encore moins un esclave. Je m’étais rendu compte du côté absurde et destructeur de cette relation. Heureusement pour nous, ma voisine, une sorte de Big Brother de bas étages avait fini par appeler les flics, alertée par le bruit et on ne l’avait jamais revu. On se moque tous de ce genre de voisine qui écarte le rideau dès qu’elle voit quelqu’un passer. Eh bien, laissez-moi vous dire qu’elles présentent l’avantage de dégainer leur téléphone plus vite que leur ombre et d’avoir le numéro des flics préenregistré. Hourra pour les mamies-espionnes !

D’après ce que j’ai compris, il est parti de Belgique pour s’engager dans la légion. Je remercie chaque jour ma meilleure amie d’avoir eu ce courage. Elle aurait pu se faire tuer. Stones est prête à tout pour ceux qu’elle aime. Elle a même accepté de ne rien dire à mes parents. J’avais honte, tellement honte. Depuis, je sais que j’ai besoin d’avoir le pouvoir dans mes relations. J’ai dû mal à laisser entrer qui que ce soit dans ma vie à part ma chérie.

Après ce drame, elle m’avait invité à vivre dans son appartement pendant des mois. Elle m’avait fait reprendre goût à la vie, ni plus ni moins. Puis à force de thérapie et grâce à l’amour de Stones, je suis devenu un Jake plus sûr de lui et qui n’a plus honte de rien. Depuis, je sais que quoi qu’il arrive, je serai là pour elle. Nous sommes deux éléments d’une même entité. La relation qu’entretiennent nos parents ne fait que renforcer ce lien.

Nous partageons les mêmes émotions, les mêmes difficultés pour faire confiance et nous nous complétons comme Rick Owens et Michèle Lamy, la mode en moins. Il m’est plus difficile de ne pas la voir que de me passer de sexe. C’est dire…

Pourquoi m’as-tu fait ça ? Comment veux-tu que je me concentre sur Pete alors que tu n’es pas là ? Comment veux-tu que je sois moi quand tu es seule et triste, sûrement à l’autre bout du monde ? Ben oui, je te connais ma chérie, il faut toujours que tu te la joues exotique dans des contrées lointaines. Et puis, franchement, un voyage sans moi ? Ça n’a aucun intérêt. Tu m’avais promis que je ne te perdrais jamais. Je vais devoir te punir pour ne pas avoir respecté tes promesses. Oui, c’est ça, pauvre tache ! me dit ma petite voix. En réalité, tu ne le feras pas car tu seras trop occupé à fêter son retour.

Je crois que je vais rester dans ce cocon qu’elle avait décoré pour nous deux avant que sa coloc exaspérante ne débarque. Je me demande ce qu’elle trouvait à cette putain d’hypocrite, Ivette, Ivés, Iyés, je ne sais même plus. Heureusement, elle a fini par partir. Bon, programme ? Bombay, friandises et Netflix. Pourquoi aller ailleurs alors que c’est ici que je ressens le plus sa présence ? Je veux être son protecteur. Je serai ce qu’elle veut que je sois.