Bran Dents de Loup - Tome 2 - Rémy Gratier de Saint Louis - E-Book

Bran Dents de Loup - Tome 2 E-Book

Rémy Gratier de Saint Louis

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Beschreibung

Après de longs mois d’errance solitaire à travers les vastes forêts du Grand Nord, Bran parvient enfin jusqu’à la frontière séparant l’univers farouche et hostile où il a grandi, des fertiles territoires des Baronnies. Découvrant un monde totalement nouveau pour lui, le jeune barbare fera la connaissance de Roxane, la sang-mêlé, et du vaillant Roland de Montrouge, un fier chevalier aux préjugés aussi bien trempés que l’acier de son épée. Enfermés malgré eux sous la montagne alors qu’un hiver surnaturel semble s’être emparé de toute la région, Bran et ses compagnons seront confrontés à d’innombrables dangers. Parcourant de sombres galeries et découvrant d’antiques vestiges, ils tenteront alors de s’opposer aux desseins d’un ambitieux chef de clan morkaï. Un puissant Orc Noir pour qui est enfin venu le temps de la revanche… La revanche du Khan

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Metz en 1966, Rémy GRATIER de SAINT LOUIS est un autodidacte passionné d’Histoire et d’aventures épiques.
Il a publié aux éditions ROD
Bran Dents de Loup tome 1 (Heroic-Fantasy)
Bran Dents de Loup tome 2 – La Revanche du Khan (Heroic-Fantasy)
Bran Dents de Loup tome 3 – Ténèbres sur Liin (Heroic-Fantasy) aux éditions Underground
Les Fabuleuses Aventures d’Arielle Petitbois Tome 1 – La Fille de samin (Fantastique) aux éditions de la Banshee
Les Sources du Mal (Fantastique)
blog de l’auteur : http://rgdsl-auteur.blogspot.com/

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Du même auteur :

Éditions Underground

Cycle « Les Fabuleuses Aventures d’Arielle Petitbois »

- LA FILLE DE SAMAIN – 2018

Éditions ROD

Cycle « Bran Dents de Loup »

- BRAN DENTS DE LOUP – 2015

- LA REVANCHE DU KHAN – 2016

- TÉNÈBRES SUR LIIN – 2018

Cycle « La Geste du Marquis de Morteterre »

- LA JEUNESSE D’UN BRETTEUR – 2016

- L’AVENTURE BARBARESQUE – 2017

Éditions de la Banshee

- LES SOURCES DU MAL – 2018

Éditions Encre Rouge

Cycle « La Geste du Marquis de Morteterre »

- LA JEUNESSE D’UN BRETTEUR – 2020

- L’AVENTURE BARBARESQUE  – 2020

- LE CARDINAL DES OMBRES – 2020

- LA CROIX DE SALAZARCA – 2020

- L’OR DU NAUFRAGÉ – 2020

Cycle « Bran Dents de Loup »

- BRAN DENTS DE LOUP – 2021

- LA REVANCHE DU KHAN – 2021

- TÉNÈBRES SUR LIIN – 2021

Rémy

GRATIER de SAINT LOUIS

BRAN

Précédemment…

Le Grand Nord, terre froide et hostile où, depuis la nuit des temps, peu osent s’aventurer, vit, par une funeste journée, la naissance d’un vigoureux petit garçon que la violence des hommes laissait orphelin et sans défense. Par un caprice du destin, l’enfant fut adopté par une louve ayant mis bas et appartenant à un clan de grands loups.

Devenu, après un long apprentissage, membre à part entière d’une meute de redoutables prédateurs, à l’aube de ses dix ans, l’enfant sauvage fit une rencontre qui bouleversa sa vie. Celle de Korn, le plus légendaire des guerriers storns. Recueilli par celui qui se désespérait de n’avoir jamais eu de descendance, le jeune garçon reçut, en même temps que le nom de Bran, une éducation martiale des plus complètes. En quelques années, Korn fit de son fils un combattant digne de lui succéder. À peine ce dernier avait-il eut achevé l’Orak, l’épreuve initiatique par laquelle tout jeune Storn devait passer pour atteindre le statut de guerrier du clan gorak, qu’une terrible guerre embrasa le Grand Nord. Désireux d’unir la totalité des clans sous son autorité, Haaron, un puissant chef storn, ambitionnait de se faire couronner roi du Grand Nord. Prenant la tête d’une puissante coalition, il entra en conflit avec le clan des goraks, qu’il vainquit par traîtrise, au cours d’une bataille acharnée. Au terme d’un combat titanesque, durant lequel Korn se couvrit d’une gloire éternelle avant de succomber, le clan gorak fut anéanti.

PROLOGUE

ROLAND DE MONTROUGE

Emmitouflé dans une épaisse et chaude cape de laine à capuchon, Roland de Montrouge fixait les flancs boisés des contreforts du Grand Nord. Appuyé sur le parapet de son donjon de bois, le jeune chevalier semblait plongé dans une profonde réflexion. Visiblement tourmenté par de sombres pensées, son regard sévère vagabondait sur les cimes enneigées de l’impressionnante chaîne de montagnes au sommet desquelles se reflétaient encore les dernières lueurs du crépuscule.

Malgré le vent froid et coupant de cette fin d’hiver qui fouettait son fin visage tout en faisant danser les mèches blondes s’échappant de son camail d’acier, Roland ne pouvait se résigner à quitter son poste d’observation pour rejoindre son logis où l’attendaient ses chiens, une bonne flambée et un repas chaud.

— Vous allez prendre froid, messire. La nuit est tombée. Vous feriez mieux de descendre au chaud. Rassurez-vous, Jean et moi allons faire bonne veille cette nuit. Vous pourrez dormir sans crainte.

L’intervention soudaine d’un des sergents postés à côté du brasero tira le chevalier de ses pensées. Les ultimes lueurs du jour avaient cédé la place à l’obscurité, et seule une sombre masse montagneuse aux contours indistincts emplissait à présent l’horizon nocturne.

Abandonnant à regret l’épais parapet de chêne couronnant le sommet de sa tour de garde, Roland gratifia d’un sourire muet le vétéran qui, avant de prendre son poste, plaçait une nouvelle bûche dans le brasero et projetait des centaines de minuscules lucioles incandescentes vers le ciel.

À peine s’était-il engagé sur l’échelle permettant d’accéder à son logis situé juste au-dessous de l’épais plancher, qu’une douce et réconfortante chaleur enveloppa le corps frigorifié du jeune guerrier. Après avoir refermé la trappe derrière lui, Roland se débarrassa de sa lourde cape qu’il fixa à un crochet de fer non loin d’une meurtrière, puis se dirigea vers un fourneau d’airain qui ronronnait en irradiant une agréable chaleur alentour.

Un bol de soupe chaude et un plat de charcuterie étaient posés sur un coffre de bois attenant à sa couche. Sans vraiment d’appétit, le corps endolori, le guerrier se restaura peu après s’être défait de son ceinturon, de son camail et de sa cotte d’armes qu’il accrocha à une potence prévue à cet effet sur l’un des murs en madriers de son logis.

Assis sur sa couche, l’inquiétude marquait profondément le visage du chevalier qui semblait ne pouvoir chasser de son esprit la gravité de l’événement survenu le matin même.

Revenant d’une patrouille en forêt, trois sergents avaient trouvé la dépouille d’un vieux forestier dont le corps, à moitié dévoré par les corbeaux et des charognards nocturnes, avait été percé d’une flèche. Grièvement blessé, le vieil homme s’était visiblement traîné à travers la forêt pour mourir à quelques centaines de pas de la maison abandonnée d’un charbonnier, espérant sans doute y trouver de l’aide. Après l’examen du projectile qui avait mortellement blessé le malheureux vieillard, la conclusion d’une attaque de maraudeurs storns fut rapidement écartée, tant la facture de la flèche, et surtout celle de son empennage, était caractéristique des peuplades orques.

Des Orcs{1} aux frontières des Baronnies ! Bien que surprenante, la nouvelle s’avérait effrayante.

— Par la Malmort, grogna Roland en abattant son poing sur son genou. Comme si les secousses de cet étrange tremblement de terre ne suffisaient pas à provoquer l’inquiétude de nos gens ! Après les incursions stornes, voilà que des Orcs font leur apparition sur nos frontières. N’aurons-nous donc jamais la paix en ces terres ?

Quelques jours auparavant, un violent mais court séisme avait ébranlé les montagnes jusqu’au plus bas des contreforts. Bien que ne causant que de rares dommages, la brève secousse avait plongé les populations dans l’inquiétude, un tel phénomène ne s’étant, de mémoire d’homme, jamais produit dans ces régions. La présence d’Orcs survenant peu de temps après un tel événement, les rumeurs les plus folles n’allaient pas tarder à circuler et semer le trouble au sein d’une population marquée par le souvenir douloureux des dévastations perpétrées par les hordes venues du nord.

Confinées au plus profond de leurs territoires maudits, ces créatures impies n’avaient pas refait parler d’elles depuis la chute de l’ancien empire, dont le morcellement en une multitude de fiefs indépendants avait donné naissance aux Baronnies. Ces territoires féodaux se situaient en lieu et place des séculaires marches du vaste territoire impérial et formaient la frontière avec le Grand Nord ainsi qu’avec les Terres Sauvages, au-delà desquelles vivaient les Orcs.

Depuis l’effondrement de l’empire, puis de celui des puissants royaumes nains qu’une série de guerres intestines avaient irrémédiablement anéantis, seuls les belliqueux barbares storns qui s’étaient approprié une partie importante de leurs anciens territoires avaient jusque-là été un rempart efficace contre les terribles hordes venues des collines et des landes désolées situées au nord des Terres Sauvages. Le pays de Kern avait longtemps tremblé devant les armées des adorateurs de Mohork le dévastateur, le sanguinaire dieu des Orcs, fléau parmi les divinités qui régissaient le monde des vivants.

Réunissant sous sa bannière de Kar-Khan tous les clans et les tribus des terres des Orcs, Owatar, un puissant khan élu chef suprême, rassembla la plus puissante des armées que le monde ait connues et déferla tel un torrent dévastateur à travers le pays de Kern. Faisant preuve de la plus abjecte des cruautés, la horde impie réduisit à l’état de ruines les florissantes cités qu’elle rencontra, annihilant impitoyablement des populations entières dans un holocauste d’acier et de flammes. Le souvenir des exactions et des massacres auxquels se livrèrent alors les armées du cruel Owatar’Kar-Kahn faisait encore blêmir les plus illustres guerriers, plus de cinq cents ans après que ce monstre et ses semblables ne soient enfin vaincus par l’alliance des Elfes, des Nains et des hommes.

Une légende racontait qu’au cours d’une terrible bataille, la redoutable Narhaaraz, la hache représentant le pouvoir du Kar-Khan, cadeau du dieu Mohork aux yeux de feu fait à Owatar, son représentant sur terre, était tombée en possession de l’alliance après que ce dernier ait été terrassé au combat. Conscients que seule cette arme mythique était capable de rassembler toutes les tribus orques derrière un chef unique, les alliés, du fait de l’insistance des Nains, décidèrent, faute de pouvoir détruire le puissant artéfact, de le faire disparaître à jamais aux yeux du monde. Narhaaraz fut donc scellée au fond d’une prison secrète et inviolable, dont l’unique accès ne pouvait être possible qu’au porteur de cinq clefs. Deux de ces clefs furent confiées aux Nains, les bâtisseurs de la prison. Deux autres furent confiées à la garde des humains et la dernière à celle des Elfes.

Privés de chef et de Narhaaraz, qui seule pouvait donner sa légitimité à un éventuel successeur au terrible et regretté Owatar, l’unité des peuples orcs et gobelin vola en éclat en seulement quelques semaines. Ce qui subsistait de la horde qui avait tant fait trembler l’alliance retourna d’où elle était venue, laissant derrière elle la moitié du pays de Kern à l’état de ruine.

Après avoir reposé son bol de soupe sur le coffre, Roland s’allongea sur sa couche. La faible lumière d’une lampe à huile disposée à côté du fourneau faisait danser les ombres sur les épais murs de bois. Songeur, le jeune chevalier essayait de chasser l’inquiétude que la présence d’Orcs dans les montagnes faisait naître dans son esprit. Contrairement aux Storns, qui ne se contentaient que de raids aussi brefs que dévastateurs, les Orcs avaient la réputation de rassembler d’importantes armées avant de se risquer à quitter leurs terres. La flèche qui avait tué le vieux forestier était peut-être celle d’un éclaireur. Les Baronnies étaient trop éloignées des territoires de ces dangereuses créatures pour qu’il ne s’agisse que d’un raid de maraudeurs.

Malgré les nombreuses patrouilles qu’il avait lui-même dirigées durant toute la journée, aucune trace de ces mystérieux agresseurs n’avait été trouvée. L’absence d’information faisait craindre le pire au jeune chevalier et, bien qu’il se soit aussitôt empressé d’envoyer un courrier à son suzerain, Roland ne parvenait pas à se persuader qu’il avait fait tout ce que sa fonction exigeait de lui en pareille situation. Bien qu’il ne fût encore qu’un très jeune chevalier, le vieux baron de Beaumont avait confié à Roland de Montrouge la rude tâche de garder la frontière et lui avait cédé le commandement d’une petite garnison composée de vétérans aguerris, bien abritée derrière les palissades d’un fort, lui-même perché au sommet d’une motte de belle taille. Âgé d’à peine vingt ans, le jeune homme avait connu un destin des plus incroyables. Contrairement à bon nombre de chevaliers, Roland ne devait son rang et sa charge qu’à son acharnement à vouloir devenir un des plus grands chevaliers des Baronnies.

Les bras croisés derrière la tête, fixant le plafond de bois, vaincu par les fatigues d’une journée particulièrement éprouvante, les yeux mi-clos, Roland se remémorait les évènements qui avaient fait du petit garçon qu’il était jadis, un chevalier reconnu pour son courage et son sens des responsabilités, avant de finir par s’endormir, alors que de lointains souvenirs envahissaient peu à peu son esprit.

*****

Par une terrible nuit d’orage, alors qu’un ciel impressionnant couleur d’ardoise et déchiré par d’innombrables éclairs écrasait les Baronnies sous un déluge apocalyptique, à bout de force, vaincue par les douleurs de l’enfantement, la douce Clotilde rendait son dernier soupir peu de temps après avoir donné la vie à un robuste garçon qui avait été prénommé Roland. Son père, le valeureux Jean, dit «Taillefer », était l’écuyer du très respecté baron Raymond de Beaumont. Le sire de Beaumont, un sage et valeureux seigneur, dirigeait un modeste domaine que dominait une forte colline sur laquelle un château composé d’un solide donjon de pierres et de hauts murs crénelés avait été construit. Ce bastion, au pied duquel s’agglutinaient les quelques dizaines de maisons formant le petit bourg de Beaumont, dominait une plaine boisée où serpentait paresseusement une étroite rivière aux eaux cristallines. Véritable sentinelle de pierres, le château commandait, avec une demi-douzaine d’autres, l’entrée du territoire occupé par les Baronnies dont le sire de Beaumont était l’un des gardiens des Marches.

Les guerres incessantes que se livraient les barons avaient endurci la seigneurie de Beaumont qui, en outre, devait faire face à de plus en plus fréquentes incursions des barbares storns surgissant des forêts bordant le Grand Nord pour semer la mort et la destruction, avant de disparaître dans leurs montagnes, les bras chargés de butin.

La garnison du petit château ne pouvant procurer d’autre avenir à un enfant d’écuyer que celui de soldat, Roland apprit très tôt le maniement des armes, occupation envers laquelle il montra une certaine prédisposition. Vif d’esprit et curieux de tout, l’enfant séduisit rapidement le rude baron qui, veuf et n’ayant pas de descendance, finit par se prendre d’une réelle affection pour le jeune fils de son loyal écuyer.

Après un important raid de pillards venus du nord, le vaillant « Taillefer » fut mortellement blessé, alors qu’il participait à la poursuite des barbares, en compagnie des troupes d’un baron voisin venu apporter son aide à Raymond de Beaumont. Avant de rendre son dernier soupir, le robuste guerrier confia le jeune Roland, alors âgé de neuf ans, à la bienveillance de son seigneur, lui assurant que comme il l’avait fait lui-même, son fils le servirait loyalement et fidèlement. Ébranlé par le chagrin que lui causait la perte de son plus fidèle compagnon, le vieux baron lui promit de considérer le jeune Roland comme son propre fils et de lui donner l’enseignement et l’éducation nécessaires au gain de ses éperons, avant qu’il ne devienne un vaillant chevalier.

Quelques mois après la mort du valeureux écuyer, une période sombre s’installa sur les Baronnies. Poussés par l’ambition, pour les plus futiles des prétextes, certains seigneurs se livrèrent des guerres absurdes, faisant de la possession d’un moulin ou d’une simple ferme isolée le trophée d’un conflit sanglant où, ceints de leurs impressionnantes armures de fer, les chevaliers rivalisaient de prouesses guerrières, pour le plus grand malheur des populations que les misères de la guerre faisaient périr en très grand nombre.

Devenu orphelin, l’enfance de Roland se passa donc dans un état de guerre perpétuelle. La fréquence et la violence des raids storns, s’additionnant aux différentes querelles de voisinage qui ensanglantaient continuellement la contrée, laissaient peu de temps aux hommes du petit château pour s’occuper d’un jeune garçon. Privé de l’attention et de l’amour d’une mère, il n’eut malheureusement pour modèles de conduite que des combattants aux frustres manières.

Peu à peu, au fil des mois, puis des années, Raymond de Beaumont voyait en Roland le fils qu’il n’avait jamais eu. Son épouse, que la maladie lui avait prématurément enlevée, ne lui avait donné qu’une fille, la belle Isabeau, qui était à peine moins âgée que Roland. Prenant pleinement conscience du potentiel guerrier de l’adolescent qui ne cessait de s’exercer au métier des armes en compagnie des soldats, le vaillant seigneur fit le nécessaire pour que le jeune Roland reçoive une formation de chevalier et une éducation rigoureuse, mandant même un moine pour lui enseigner l’écriture et tout ce que devait savoir un garçon de noble naissance.

Dès son quinzième anniversaire, Roland fut fait écuyer et, comme s’il eut été son fils, accompagnait en tout lieu le baron vieillissant. De belle prestance et de robuste constitution, celui qui, peu à peu, se transformait en un solide jeune homme, se montrait toujours plus énergique à la tâche et valeureux au combat. Se tenant au plus près du baron quand ce dernier allait au combat, Roland lui apportait son aide au moindre danger et l’assistait en toute chose. Apprécié de tous pour ses grandes qualités, le jeune homme était fort respecté et nul ne doutait qu’il devienne un jour un des plus vaillants chevaliers des Baronnies.

Possédant un des châteaux les plus proches de la frontière avec le Grand Nord, et de ce fait un des plus exposés aux raids storns, le sire de Beaumont se devait de faire bonne garde et de veiller à l’entretien permanent de sa forteresse de pierres. Retranché avec sa population derrière ses remparts, au moindre signe d’incursion des terribles barbares, le baron avait inlassablement repoussé tous leurs assauts quand ces derniers poussaient l’audace jusqu’à vouloir s’emparer de son château. Incapables de venir à bout des puissantes forteresses des Baronnies, faute d’une connaissance suffisante dans l’art subtile de la poliorcétique, les Storns se contentaient de piller les campagnes avant de repartir vers leurs froides contrées. Seule une alliance entre plusieurs seigneurs était capable de se mesurer en rase campagne à la furie des hordes stornes, quand les barbares tentaient des raids d’envergure. Malheureusement, les dissensions entre seigneurs étaient telles, qu’un projet de rassemblement d’une grande armée des Baronnies demeurait impossible, obligeant les territoires frontaliers à ne compter que sur leurs propres défenses.

Bien que fort différents, le monde barbare et le monde féodal que tout opposait connaissaient le même et insoluble problème d’unité.

Sage et soucieux du bien-être de son peuple, le baron de Beaumont avait toujours confié la garde de la frontière nord de son fief aux plus capables de ses valeureux chevaliers. Au nombre de cinq, ces derniers se voyaient céder à chacun par leur suzerain, un domaine, petit territoire nommé « pagus », ainsi qu’une motte avec sa tour, son hameau de paysans et une petite garnison composée des meilleurs soldats sous les armes. Charge à eux de valoriser leur pagus, mais surtout de le défendre. Cette tâche s’avérait fort difficile et les chevaliers à qui on faisait cet honneur le payaient souvent de leur vie, car leurs petits domaines étaient les premiers à subir les assauts des Storns quand ces derniers lançaient leurs raids.

Quand une tour était attaquée, usant d’un rudimentaire système de feux d’alarme, elle avait tôt fait de donner l’alerte aux tours voisines qui en informaient immédiatement le baron. Prévenu de l’incursion ennemie, il pouvait ainsi prendre les dispositions nécessaires pour se mettre en défense ou pour attaquer les pillards avec toutes ses forces, si leur nombre n’était pas trop important.

Un jour où un automne précoce enflammait prématurément les flancs boisés des contreforts du Grand Nord, le baron envoya Roland porter un message au sire de Longval, un des vaillants chevaliers en charge d’une des tours de garde. Ce message mandait ce dernier de rejoindre au plus vite le château de Beaumont, afin de se joindre aux chevaliers accompagnant le baron au tournoi qu’organisait le sire de Brestigny, un seigneur voisin, pour le mariage de son fils et héritier. Le jeune Roland, qui arrivait en âge d’être adoubé chevalier, se vit confier le commandement de la garnison du pagus du sire Longval durant son absence. Un temps déçu de ne pas accompagner son seigneur aux festivités et à un tournoi qui s’annonçait des plus fastueux, Roland finit par prendre très au sérieux sa mission et fit de son mieux pour mériter l’honneur qui lui était fait. Le sire de Longval étant absent pour au moins trois longues semaines, le jeune écuyer savait qu’il allait devoir s’imposer à la douzaine de vétérans qui composait la garnison de la motte. Même si la partie ne fut pas aisée, la force de caractère et la détermination de celui qui était le digne fils du vaillant et regretté « Taillefer » finirent par avoir raison des réticences des vieux soldats, et ces derniers s’accommodèrent au bout de quelques jours de ce seigneur par substitution, d’autant que certains d’entre eux le savaient très proche et très apprécié de leur baron. Le soir, à l’unique taverne du village, les plus hardis chuchotaient même qu’autant apprécié par leur seigneur, Roland finirait bien par être son héritier, puisque malgré son grand âge, le vieux baron n’avait pas de descendance mâle et qu’Isabeau, son unique fille, était en âge de se marier.

Un matin, se répandant dans la plaine comme un torrent où telle l’écume étincelait l’acier de leurs lames, une importante troupe de pillards storns surgit des profondeurs de la forêt. Rapidement, les défenses du hameau voisin et de la motte du sire de Samarant furent investies et incendiées. Prenant la tête de la maigre garnison qui lui avait été confiée, Roland envoya un message d’alerte au château de Beaumont avant de se précipiter au-devant des envahisseurs. À la grande surprise de l’écuyer, contrairement à ce à quoi il s’attendait, la troupe de pillards était composée d’un nombre important de guerriers storns. Plus d’une cinquantaine de farouches barbares assoiffés de sang et de pillages la composait, et il devenait évident que la douzaine de soldats qu’il menait au combat n’avait aucune chance de vaincre de tels adversaires. Ne pouvant qu’assister impuissante au massacre de la garnison de la motte du sire de Samarant, ainsi qu’à la mise à sac du hameau qu’elle était censée protéger, la petite troupe de Roland finit par attirer l’attention des éclaireurs storns. Alerté, enivré de sang et de carnage, le gros des forces barbares se lança immédiatement en chasse, bien décidé à intercepter puis anéantir les soldats des Baronnies.

En cet instant, la seule voie de salut s’offrant encore au jeune écuyer était de rejoindre au plus vite l’abri des palissades de la motte du sire de Longval et de s’y mettre en défense en attendant les secours. Fort heureusement alertée, la population du hameau s’était déjà enfuie. Les feux d’alerte allumés, toutes les tours voisines étaient informées de l’attaque des pillards venus du Grand Nord. La défense s’organisait.

Une fois la motte du sire de Longval rejointe, il ne restait plus qu’à Roland et à sa maigre garnison d’y résister en y vendant chèrement leurs vies, en espérant toutefois qu’une arrivée rapide des secours empêcherait leurs têtes d’aller orner les ceintures de leurs impitoyables adversaires.

Rendus aux pieds de la motte fortifiée, usant de leur impétuosité coutumière, les barbares s’élancèrent immédiatement à l’assaut des palissades. Comptant crânement qu’un seul élan dévastateur aurait raison de la résistance des défenseurs, comme cela avait été le cas avec le précédent retranchement, les Storns gravirent la pente à grandes enjambées.

L’assaut fut d’une violence inouïe. Faisant preuve d’une folle bravoure, l’attitude de Roland rappelait à son nouveau contingent qu’il était le digne fils de son père. Toujours au premier rang, le vaillant écuyer suscitait l’admiration de ses compagnons et ravivait continuellement l’ardeur des défenseurs par son courage, ainsi que par l’énergie qu’il déployait au combat. Ne cédant pas un pouce de terrain aux géants hirsutes qui tentaient par tous les moyens de pénétrer l’enceinte du retranchement, au prix de pertes élevées, les soldats repoussèrent, vague après vague, toutes les tentatives des guerriers storns qui, faute de matériel et d’échelles, ne purent submerger les défenses de la tour et durent se résoudre à battre en retraite en poussant des grognements de frustration.

À la nuit tombante, alors que la moitié des douze hommes qui composaient la garnison était hors de combat, plus de trois furieux assauts avaient été repoussés, couvrant de morts les abords de ce qui restait de la palissade ceignant la motte.

Dès l’aube, après avoir passé une bonne partie de la nuit à piller et à incendier le hameau, les Storns revinrent au combat, leurs rangs renforcés par de nouveaux combattants revenus de maraude. Rapidement, ce qui restait de la palissade fut submergé par le flot des assaillants. Débordés, les défenseurs se retranchèrent dans le donjon, après avoir à nouveau repoussé les fougueux assauts des pillards dont certains, faisant preuve d’une incroyable bravoure, succombaient avec un singulier mépris de la mort.

Excédés par cette résistance inattendue de la part d’un si petit nombre de combattants, les Storns se vengèrent sur les rares habitants qui, n’ayant pas réussi à fuir assez loin, furent pris, torturés et suppliciés au pied de la motte que dominait toujours son donjon de bois, hérissé de flèches et de javelots. Résignés mais plus déterminés que jamais en assistant à un tel spectacle, Roland et les derniers défenseurs comprirent qu’aucun quartier ne leur serait accordé. Ces hommes de fer, bien que se sachant tous condamnés, avaient vaillamment combattu durant tout le jour. Le soir venu, à tour de rôle, les visages couverts de sang et abrutis de fatigue, les défenseurs s’accordèrent une dernière nuit de sommeil. La journée à venir serait certainement leur dernière sur cette terre.

Au matin du troisième jour, l’assaut final fut lancé. Après avoir, dès les premières lueurs de l’aube, incendié la porte de la tour, près de cinquante barbares se précipitèrent à l’attaque de la motte. Alors que le brasier s’était communiqué à une partie du donjon, les Storn pénétraient dans l’édifice. À court de flèches, les derniers défenseurs se regroupèrent alors autour de leur chef. Acculés au sommet des marches menant au logis supérieur de la tour, les braves soldats n’étaient plus que cinq en état de tenir une arme, au moment où les Storns débouchèrent de l’épaisse fumée qui noyait l’escalier. Impitoyablement percés de coups, deux sergents emportèrent chacun un pillard dans la mort. Au pied de l’escalier dégoulinant de sang, les cadavres des combattants formaient un lugubre et terrifiant rempart. Du haut de cet entrelacs de corps, Roland, la cotte de mailles en lambeaux et les yeux exorbités, hurlait sa rage et sa colère, tout en repoussant par de furieux moulinets de sa longue épée les impétueux assauts storns.

Couvert de blessures, et alors qu’il s’apprêtait à succomber sous le nombre de ses adversaires, le flot des assaillants se tarit brutalement. Titubant, à moitié inconscient, couvert de sang et de débris humains, son armure et ses vêtements déchiquetés, Roland attendait l’assaut final auquel il savait ne pas pouvoir survivre. Distinguant à peine de nouvelles silhouettes au bas de l’escalier, à travers les fumerolles qui envahissaient maintenant le logis, les yeux rougis par l’âcre fumée, le brave écuyer leva une dernière fois son épée ébréchée, quand, gravissant en trombe l’escalier déjà en proie aux flammes, des sergents d’armes portant la livrée du baron vinrent le rejoindre pour lui annoncer la retraite précipitée des pillards, dispersés par l’arrivée en force des troupes à cheval du sire de Beaumont et de celles des barons voisins.

Exsangue, de par le nombre impressionnant de ses blessures, Roland perdit un instant connaissance. Les rares soldats blessés ayant tous été impitoyablement achevés par les maraudeurs storns, le jeune écuyer se retrouvait être le seul survivant de ce carnage.

Quand, soutenu par deux sergents, le jeune homme fut éloigné du gigantesque brasier et qu’il eut repris connaissance, il fut rejoint par le baron de Beaumont et sa suite de hauts chevaliers. Alors que le seigneur mettait pied à terre, le spectacle effroyable qui s’offrait à lui était fait de mort et de sang. La motte, que le feu dévorait maintenant entièrement, ressemblait à un immense bûcher et illuminait un village réduit à un amas de ruines et de cendres. Mêlés aux corps des villageois suppliciés, les cadavres des barbares jonchaient les abords de la motte, réunissant victimes et bourreaux dans un macabre tableau.

S’adressant à Roland comme à un fils, le vieux seigneur lui dit, les yeux mouillés de larmes :

— Tu t’es battu comme un lion, fils. Tu mérites sans plus tarder d’être fait chevalier.

Empoignant son épée dans un geste empreint d’une grande solennité, Raymond de Beaumont fit mettre genou à terre à l’écuyer qui, soutenu par deux autres chevaliers, fut adoubé sous les vivats des seigneurs et des soldats présents.

Puis, désignant de la pointe de son épée l’écu sans insigne et défoncé de Roland qu’un sergent lui présentait, le baron ajouta d’une voix forte, afin que tous entendent :

— Flamboyant tel un lion de feu, de par ta vaillance et l’acier de ta lame, tu as rougi les pentes de ce tertre du sang de nos ennemis. Chevalier, tu porteras désormais sur tes armes un lion d’or sur un écu de sang, et tous devront désormais te nommer « Roland de Montrouge », en l’honneur de cette journée. Moi, Raymond, seigneur de Beaumont, je te confie ce fief que tu as si vaillamment défendu et donne au sire de Longval, son ancien seigneur, celui du défunt sire de Samarant.

*****

Après plusieurs semaines de convalescence, Roland, désormais chevalier et sire de Montrouge, ne pouvait effacer de son esprit les images des furieux combats qu’il avait menés, ainsi que celles des corps mutilés des villageois, suppliciés par les pillards storns. Une indicible rage intérieure brûlait en lui. Le désir de châtier les infâmes maraudeurs noircissait son âme et attisait une haine qui ne cessait de croître dans son cœur. Son honneur et le souvenir de la mort de tant d’innocents refusaient de laisser ces actes odieux impunis. Ces maudits pillards devaient payer le prix de leur cruauté. Il les pourchasserait et les combattrait sans repos, il en faisait le serment devant Dieu. Les prochaines incursions de ces barbares aux faces de loup lui en donneraient l’occasion. Le sang des Storns abreuverait alors les vallées fertiles des Baronnies.

*****

— Messire Roland ! Messire Roland !

Se redressant vivement sur un coude, le chevalier fit face au sergent qui, une main encore posée sur son épaule, venait de le tirer du sommeil où il avait sombré.

— Qu’est-ce donc Ragon ? articula-t-il, ébloui par la lanterne que portait le sergent. Est-ce donc déjà l’aube ?

— Bientôt, messire, répondit l’homme interrogé, bientôt. La patrouille est prête à partir et les hommes vous attendent.

— Du nouveau dans la forêt ? ajouta le chevalier en piochant dans le plat de charcuterie resté à côté de sa couche.

— Non, messire, répondit Ragon. La nuit a été calme. Froide mais calme, messire.

Quittant sa couche après s’être longuement étiré, Roland fit signe au sergent de lui apporter un peu d’eau, contenue dans une jarre en terre posée non loin de là. Après avoir rapidement effectué ses ablutions, le sire de Montrouge demanda à ce qu’on l’aide à passer sa cotte d’armes et à chausser ses éperons. Puis, une fois ceint de son ceinturon auquel était fixée sa longue épée au pommeau orné de fils d’argent, il prit la direction de l’escalier menant à l’étage inférieur de sa tour de bois.

— Allons-y, dit-il. Ne faisons pas attendre les hommes. Il faut impérativement que nous retrouvions la piste de ces maudits Orcs. Avec la pression storne qui semble s’intensifier, nous ne pouvons nous offrir le luxe de négliger une menace aussi sérieuse que celle d’une attaque orque.

I

PAR-DELÀ LE GRAND NORD

Embrassant du regard l’immense étendue verdoyante qui s’offrait à lui au moment où il achevait de franchir le col de Taar’Melaar, Bran s’arrêta un instant devant la beauté du majestueux panorama. Au loin, à l’ouest, le soleil déclinant teintait les rares nuages de couleurs flamboyantes, allongeant les ombres des monts enneigés à mesure qu’il s’enfonçait derrière l’horizon. Il restait encore un peu de temps au jeune barbare pour trouver un abri avant la nuit. Malgré son impatience, la descente lui permettant d’accéder à la plaine représentait encore un long chemin à parcourir à travers une épaisse forêt de conifères, entre les troncs desquels subsistaient encore des plaques de neige, souvenirs d’un long hiver qui ne semblait pas vouloir s’achever.

Cela faisait des mois que Bran errait à travers les montagnes du Grand Nord, à la recherche d’un passage. Ultime survivant de son clan, après la terrible bataille qui avait vu s’affronter, dans une lutte à mort, les goraks et une coalition menée par le chef des yareks, il avait été contraint à la fuite, pourchassé par les guerriers vainqueurs qui ne lui pardonnaient pas l’assassinat de leur chef, Harvar, frère d’Haaron, dont la mort brisait à jamais l’espoir d’unir tous les clans storns sous une seule et même couronne.

Se retrouvant seul dans l’immensité glacée et hostile du Grand Nord, Bran avait réussi, grâce à son incroyable capacité d’adaptation et un instinct de survie hors du commun, à traverser les rigueurs du long et terrible hiver que connaissaient ces terres hostiles. Durant son errance, le jeune barbare avait croisé la route de plusieurs meutes de wargas, sans jamais avoir la chance de retrouver l’ancien clan au sein duquel il avait fait ses premiers pas dans le vaste monde. Le souvenir de Rraawa, sa mère adoptive, et d’Ownrr, son frère de lait, n’avait cessé de le hanter tout au long des mois passés à errer à travers les montagnes et les profondes forêts enneigées.{2}

D’une taille peu commune chez ce type de mammifères, les wargas étaient des loups géants vivant généralement en petites meutes au cœur des immenses forêts du Grand Nord. Particulièrement intelligents, ces redoutables prédateurs évitaient tout contact avec les humains, dont certains, afin d’éprouver leur habileté et leur vaillance, n’hésitaient pas à leur donner la chasse. Du double, et quelquefois du triple de la taille d’un loup ordinaire, les wargas étaient des animaux impressionnants à plus d’un titre. Dotés d’une force et d’une férocité peu communes, ils formaient, avec l’homme, les plus efficaces prédateurs du Grand Nord. Selon une très ancienne légende, les wargas étaient les descendants d’un peuple elfique jadis maudit par Lokkar.

Refusant obstinément de le servir, le dieu des Ténèbres avait lancé sur leur peuple une terrible malédiction qui les avait peu à peu transformés en loup, espérant que sous cette forme animale, les Elfes se montreraient plus dociles. Alerté des agissements de son maléfique frère, Kahina s’en émut et plaça les infortunés wargas sous sa divine protection. Depuis, devenus les maîtres incontestés des forêts et des montagnes du Grand Nord, ces puissants carnassiers au pelage épais et aux crocs acérés pouvaient résister aux hivers les plus rudes de ces contrées inhospitalières. Même les terribles et belliqueux barbares storns, avec qui ils partageaient ces territoires sauvages, évitaient d’empiéter sur leurs terrains de chasse.

Qu’étaient devenus Rraawa et Ownrr{3} ? Se souvenaient-ils de lui ? Longtemps, Bran avait espéré retrouver la trace de sa première famille, risquant, à chacune de ses rencontres avec les membres d’un clan warga, de se faire déchirer par les crocs de ces terribles prédateurs. Après de nombreux échecs, découragé, le jeune barbare finit par se résoudre à quitter le Grand Nord et ses sommets enneigés où, désormais, plus rien ne le retenait.

Laissant derrière lui les farouches storns, son peuple d’adoption, et leurs incessantes querelles, Bran avait pris la route du sud. Après avoir franchi le col Taar’Melaar, seul et périlleux passage permettant de rejoindre les plaines vallonnées où vivaient d’autres hommes aux mœurs étranges, poussé par un besoin de découvrir ce qu’il y avait au-delà des hautes montagnes, le jeune barbare s’apprêtait à pénétrer dans ce territoire hérissé de puissantes forteresses qu’on appelait alors les « Baronnies ».

Depuis des mois, Bran avait vécu seul. Survivant de chasse, de pêche et de tout ce que la nature pouvait lui offrir, le jeune Storn avait soigneusement évité ses semblables, même si quelques fois il s’était risqué à approcher un village ou un oppidum pour y chaparder de quoi parfaire son équipement.

Bran n’était plus un adolescent, mais un guerrier imposant au torse puissant et à la musculature saillante, au moment où il prit le chemin du sud et commença à descendre le flanc de la montagne couverte d’une épaisse forêt. La longue chevelure noire aux reflets d’ailes de corbeau du farouche barbare était retenue en une queue liée par une lanière de cuir. Un tatouage noir en forme de bandeau lui assombrissait les orbites, donnant encore plus d’intensité au bleu de ses yeux. Son visage marqué par sa vie d’errance, ses vêtements faits de peaux de bêtes et du fruit de ses chapardages lui donnaient une allure inquiétante, que la présence d’un arc, d’un carquois et d’une longue épée portée en bandoulière ne faisait que renforcer. Grand, d’une carrure particulièrement imposante, l’homme du Nord avait l’air sauvage et un regard de loup. Tout le désignait comme un Storn. Ces barbares craints et haïs par toutes les puissances voisines du Grand Nord qui, n’ayant jamais pu les soumettre, redoutaient chacune de leurs incursions.

Les Storns, peuple de barbares particulièrement agressif, passaient la plus grande partie de leur existence les armes à la main. Divisés en une myriade de clans, tous ennemis les uns des autres, ces farouches guerriers se partageaient les immenses territoires du Grand Nord, auxquels ils interdisaient l’accès à quiconque tentait d’y pénétrer. Les guerres entre clans, incessantes et meurtrières, maintenaient les Storns dans une recherche permanente de la perfection martiale, faisant de leurs guerriers des combattants hors normes, dont la réputation de sauvagerie surclassait celle des redoutables Orcs.

À de très rares occasions, il arrivait que plusieurs clans parviennent à s’allier pour une courte durée, afin de combattre un clan plus puissant ou pour mener une expédition de pillage hors du Grand Nord. Seules les invasions de puissances extérieures étaient capables de rassembler ces féroces barbares sous une unique bannière. Dans tous les cas, de par le caractère extrêmement belliqueux et grégaire des Storns, ces alliances ne duraient que le temps d’une guerre, et bien vite les querelles avaient tôt fait de replonger les clans dans leurs incessantes luttes fratricides.

Les Baronnies, quant à elles, couvraient un vaste territoire parsemé de profondes forêts et sillonné par de nombreuses rivières, dont la plupart prenaient leur source dans les montagnes du Grand Nord. Longtemps abandonnées, suite aux incessantes invasions orques ou barbares, ces terres avaient peu à peu été reconquises, puis occupées par d’ambitieux seigneurs, la plupart anciens sujets du vieil empire, en quête de fiefs autonomes. Ces vaillants guerriers eurent tôt fait de débarrasser la contrée des pillards qui l’infestaient et d’ériger une multitude de seigneuries indépendantes, qui furent baptisées « Baronnies ». Au fil des ans, et à mesure que des peuplades arrivèrent pour s’implanter dans ces nouveaux territoires, les vastes forêts cédèrent peu à peu leur place à des terres cultivées et à des agglomérations, dont certaines devinrent de véritables cités, protégées dans un premier temps par des palissades de bois, avant d’être progressivement remplacées par de hautes et solides murailles de pierres.

Bien qu’à l’instar des infatigables wargas, Bran ne se déplaçait qu’en courant, après une journée d’une difficile progression, la traversée de l’épaisse forêt qui couvrait les contreforts des montagnes n’était pas encore achevée. Bondissant entre les troncs noircis par l’humidité et le gel, le jeune barbare se mouvait sans difficulté au milieu d’une végétation sauvage que très peu d’hommes avaient dû fouler avant lui. À mesure qu’il s’éloignait des sommets, les plaques de neige se faisaient plus rares et le sol se couvrait peu à peu de mousses odorantes et de petites fleurs printanières.

Une tanière d’ours abandonnée et nichée sous le tronc pourrissant d’un arbre abattu par la foudre lui fournit un abri pour la nuit. Après une courte traque, alors que depuis quelques jours il ne se contentait que de ses maigres réserves, la chair d’une imprudente poule faisane rassasia délicieusement son estomac. Puis, l’obscurité ayant pris possession de la forêt, gagné par la fatigue d’une journée passée à courir, Bran s’endormit rapidement. La nuit était douce et calme. Pour la première fois depuis des mois, il ne sentait plus sur sa peau la morsure du froid de l’hiver. Avec ce printemps qui s’annonçait, commençait une nouvelle vie pour le jeune explorateur.

Réveillé par le chant des oiseaux, dont l’activité frénétique commença avec les premières lueurs de l’aube, Bran finit les restes de son repas de la veille, rassembla son équipement et quitta rapidement son abri pour se remettre en route. S’étiolant paresseusement entre les troncs, une brume légère ondulait délicatement sur le sol de la forêt, enveloppant la végétation d’un voile opaque qu’on aurait pu croire tissé par une nuée d’araignées, dissimulant les écureuils aux yeux des prédateurs et leur permettant de fouiller tranquillement les frondaisons, à la recherche d’une nourriture disséminée depuis l’automne. À travers la cime des arbres, les premiers rayons du soleil faisaient scintiller de mille feux les gouttes de rosée constellant les branches. Fuyant à son approche, un couple de jeunes chevreuils bondit par-dessus les bosquets de ronces et les fougères rabougries et brunies par les rigueurs de l’hiver. Reprenant l’allure soutenue de la veille, le jeune Storn progressa rapidement dans l’épaisse forêt, ne s’arrêtant que le temps de faire une rapide toilette dans l’eau cristalline et glacée d’un torrent.

Ce ne fut qu’une fois le soleil haut dans le ciel, après avoir parcouru un long chemin, que la densité de la végétation commença à faiblir, annonçant l’orée de l’épaisse forêt de montagne. Cédant peu à peu leur place à des essences différentes, les hauts conifères se raréfièrent, et les branches encore peu fournies de feuillage des bouleaux et des hêtres laissèrent abondamment filtrer les rayons d’un chaud soleil de printemps. Le sol, moins pentu, annonçait la plaine, et d’anciennes souches portant la marque du fer qui les avait entaillées trahissaient la présence d’une activité humaine.

Ce constat amena le jeune barbare à user de prudence. Il était un étranger en ces terres totalement inconnues. Ayant passé des mois à éviter tout contact avec ses semblables, il fit de même en ces lieux, prenant bien soin de dissimuler sa présence, tout en poursuivant son exploration. Non loin de la lisière de la forêt, après s’être aventuré au-delà d’une petite succession de vallonnements peu boisés, Bran put distinguer quelques constructions de pierres et de bois agglutinées les unes contre les autres, constituant de la sorte un petit village. Les maigres filets de fumée qui s’échappaient de quelques cheminées avaient guidé les pas du barbare bien avant qu’il ne soit en vue des habitations. Après s’être hissé au sommet d’un imposant chêne au large tronc et aux branches noueuses, dominant le petit bois où il avait trouvé refuge, le prudent explorateur profitait d’un point d’observation aussi discret qu’efficace pour étudier à loisir le bourg éloigné d’une bonne centaine de pas.

Malgré sa taille plutôt modeste, le village était entouré de très nombreux champs cultivés, tous bordés de haies parfaitement entretenues. Un peu en retrait des habitations, érigée sur une petite colline qui surplombait un ruisseau encaissé, une haute et menaçante construction de pierre semblait veiller sur le village comme un berger sur son troupeau. Les hauts murs crénelés de la petite forteresse étaient eux-mêmes dominés par cinq tours dressées vers le ciel, comme les fiers pics du Grand Nord. Jamais Bran n’avait imaginé qu’il fût possible aux hommes de bâtir pareil édifice. Au sommet de chacune des tours flottaient des bannières aux motifs singuliers et aux couleurs éclatantes.

— Ce clan doit être très important, murmura le jeune Storn pour lui-même, visiblement impressionné par l’apparente puissance de la forteresse qui surclassait de loin tout ce que son peuple était en mesure de construire.

Poursuivant son observation des environs, Bran constata que de nombreux hommes étaient déjà affairés aux champs, activité qui semblait occuper une plus grande place chez ce peuple qu’elle n’en occupait chez les Storns.

Soudain, les rires cristallins de deux jeunes enfants résonnèrent à proximité du bois où s’était réfugié le jeune barbare. Les bras chargés de branches de bois mort, les enfants accomplissaient visiblement une corvée de ramassage pour le feu de leur foyer. Loin de se douter de la présence d’un redoutable Storn à seulement quelques pieds au-dessus de leurs têtes, les deux bambins, tout à leur espièglerie, échangeaient des plaisanteries ponctuées de rires et de gloussements, dans une langue totalement incompréhensible.

Du haut de son perchoir, Bran observait, amusé, la course folle des deux enfants entre les troncs. Tout en jouant, les deux petits garçons amassaient des branches tombées au sol durant l’hiver, qu’ils empilaient grossièrement avant de les lier en fagots à l’aide de longues cordelettes de chanvre tirées de leurs ceintures.

Brusquement, alors qu’il s’apprêtait à lier un nouveau cotret{4}, l’un des garçons se figea. Laissant tomber sa brassée au sol, il se redressa vivement et pointa son doigt en direction d’un groupe d’hommes portant protections de fer et montés sur d’étranges créatures à quatre pattes. Distants d’une cinquantaine de pas, ils empruntaient un chemin encaissé et semblaient se diriger vers le village.

— Jolan ! Jolan ! Des chevaliers ! Des chevaliers ! s’écria-t-il, visiblement exalté par l’apparition des cavaliers en armures.

Laissant tomber à son tour les branches qu’il était en train de lier, Jolan emboîta le pas de son camarade qui s’était précipité à la rencontre des hommes en armes.

Un moment distrait par l’observation des enfants juste au-dessous de lui, et bien qu’il fût perché au sommet d’un arbre, Bran n’avait pas aperçu la petite troupe quand elle s’était approchée du bois où il était tapis. Distant maintenant d’une trentaine de pas seulement, une demi-douzaine de cavaliers longeait les arbres en direction du village. C’était la première fois que Bran voyait des hommes perchés sur un cheval. Ces montures ressemblaient étrangement aux poneys des forêts, animaux trapus et endurants que les Storns utilisaient quelquefois pour transporter du matériel. Les équidés qu’il découvrait en cet instant étaient bien plus grands et attisaient sa curiosité. Les Storns ne montaient pas à cheval, ils n’usaient d’animaux que pour transporter des charges, tracter des chariots ou des traîneaux. Les imposants brakkars convenant mieux aux tâches qu’ils exigeaient d’une bête de somme, ces barbares ne s’intéressaient guère aux rares poneys vivant dans le Grand Nord, si ce n’était pour leur viande qu’ils prisaient particulièrement pour les repas de fête.

Se dissimulant du mieux qu’il le put parmi les hautes branches déjà couvertes de tendres bourgeons, Bran observait, non sans une certaine appréhension, la menace potentielle que représentait l’arrivée des guerriers. Les chevaux que montaient ces hommes en armes leur donnaient un aspect imposant, effet que renforçait l’acier de leurs armures. Deux des guerriers avaient le corps couvert de métal et seules leurs têtes étaient nues. Fixés par des lanières de cuir aux pommeaux de leurs selles, leurs boucliers aux couleurs éclatantes et leurs heaumes d’aciers battaient contre les robustes flancs de leurs destriers. Moins massifs et plus petits que les Storns, ces chevaliers, comme les avaient nommés les enfants, semblaient être des guerriers accomplis. Affichant des visages sévères et méprisants, ils ignorèrent les enfants qui les saluaient respectueusement, alors qu’ils défilaient devant eux. Plus légèrement protégés que les deux premiers cavaliers, les quatre autres hommes d’armes portaient des broignes sophistiquées et des casques d’acier à couvre-nuque. Armés de longues lances, auxquelles étaient fixées des flammes de tissus aux mêmes couleurs arborées des boucliers de ceux qui semblaient être leurs chefs, les guerriers aux armures de cuir renforcé de métal formaient une impressionnante escorte.

À peine les cavaliers se furent-ils éloignés, que les deux jeunes garçons se ruèrent aussitôt sur leurs fagots, desquels ils prélevèrent chacun une branche plus ou moins droite. Puis, les brandissant comme de flamboyantes épées, les garçonnets commencèrent à jouer aux guerriers en poussant des cris terribles, ponctués par de grands éclats de rire.

Au bout d’un moment qui lui sembla interminable, Bran eut enfin le plaisir de voir les enfants s’éloigner après avoir chargé sur leurs frêles épaules les cotrets qu’ils avaient été envoyés ramasser.

Portés par le vent et provenant des plus proches habitations, les bruits de l’activité des villageois arrivaient jusqu’aux oreilles du jeune barbare. La rapide observation de l’agglomération lui permit d’estimer que cette petite bourgade pouvait accueillir une cinquantaine de familles environ, ce qui lui semblait modeste en comparaison des clans storns qui regroupaient en général plus d’une centaine de foyers au sein d’un même oppidum. Cependant, alors qu’il s’apprêtait à s’éloigner, un détail l’interpella. Observant le village puis la forteresse qui le dominait, Bran se surprit à constater que contrairement à celles des Storns, les fortifications de cette contrée, bien qu’incroyablement puissantes, n’entouraient pas les agglomérations pour les protéger, mais semblaient au contraire ne vouloir que les surveiller en s’installant sur une position dominante et peu éloignée. La chose lui semblait étrange, car il ne parvenait pas à comprendre pourquoi les habitations étaient laissées à la merci d’éventuels agresseurs, alors qu’autant de moyens défensifs étaient rassemblés dans une seule construction qui, même si elle était d’imposantes dimensions, ne semblait pas être en mesure d’accueillir toute la population durant une longue période.

Chassant de son esprit cette question qui ne semblait pas pouvoir trouver de réponse, le jeune Storn jugea plus prudent de retourner en direction de la forêt, de manière à contourner prudemment les zones habitées. La présence des guerriers montés sur leurs grands poneys l’inquiétait. Peu désireux d’avoir affaire à eux, il savait qu’en cas de problème, ses chances de leur échapper seraient bien plus grandes en progressant dans des zones où la végétation offrait de nombreux abris.

Bran progressait depuis déjà un bon moment au milieu des vallons boisés, à la recherche de son prochain repas, quand le bruit caractéristique d’un animal traversant les buissons à pleine vitesse attira soudainement son attention. Identifiant le martèlement régulier du galop d’un sanglier, il se tint aussitôt sur ses gardes. Son expérience de chasseur et sa connaissance de la faune lui rappelaient que ces animaux particulièrement retors n’hésitaient pas à charger toute créature se trouvant sur leur chemin, quand ils estimaient, à tort ou à raison, que cette dernière pouvait représenter un obstacle ou un danger.

Surgissant en grognant d’un épais bosquet de ronces, le puissant animal ne tarda pas à repérer le jeune barbare. Faisant le choix de rester immobile, dans l’espoir que le sanglier ne prêterait pas attention à lui et continuerait sa folle cavalcade, Bran comprit, avec une moue désapprobatrice, que sa décision n’était pas la meilleure qu’il eût pu prendre. Martelant le sol de ses puissantes pattes, le groin débordant d’écume, le sanglier dévia de sa route et chargea le jeune barbare qui n’eut que le temps de se jeter sur le côté pour éviter les défenses acérées du terrible animal.

— Par Balkar ! grogna Bran en bondissant sur ses pieds, tout en dégainant le large poignard qui ornait sa ceinture.

Visiblement frustré d’avoir manqué sa cible, le sanglier fit demi-tour en décrivant une large boucle à travers les fougères. Il revint à la charge en poussant d’impressionnants couinements hystériques. L’animal était de belle taille. Un solitaire d’au moins deux cent cinquante livres, au groin strié de nombreuses cicatrices et armé d’impressionnantes défenses d’ivoire. Le combat semblait inévitable.

Le plus important était d’éviter les effroyables poignards qui dépassaient de la gueule de la créature. Appliquant avec sagesse les techniques de chasse qu’il avait apprises du temps où, enfant, il vivait au sein d’une meute de wargas, Bran esquiva la seconde charge tout en percutant violemment le flanc du sanglier au moment où il passa en trombe tout près de lui, de manière à le déséquilibrer.

Aussi brutale qu’efficace, l’attaque réussit pleinement. L’animal se retrouva projeté au sol, soulevant une gerbe de feuilles mortes mêlées de brindilles noircies par le gel. Bondissant aussitôt sur le sanglier, avant qu’il n’ait eu le temps de se remettre sur ses pattes, Bran lui enfonça profondément la lame de son poignard dans la poitrine, au niveau du cœur, avant de l’enserrer de ses bras puissants. Bien qu’agonisant, l’animal n’en continua pas moins de se débattre férocement, dans le vain espoir de s’échapper, avant de rendre enfin son dernier soupir.

Ce n’est qu’une fois immobilisé par la mort, que Bran consentit enfin à desserrer son étreinte. Couvert du sang de sa victime, le jeune barbare se remit sur ses pieds avant de traîner la carcasse du sanglier jusqu’à un arbre, où il s’empressa de l’éviscérer et d’en découper un des cuisseaux qui, à lui seul, lui assurerait une appréciable réserve de viande pour les jours à venir.

— Lâche cette bête, maraud !

La voix qui interpella Bran résonna puissamment dans son dos, à travers le sous-bois.

— Cette bête est mienne fripon ! Par Dieu, je t’ordonne de t’en écarter séant, sans quoi il t’en cuira !

Puis, se retournant enfin dans la direction d’où provenait la voix qui, bien que prononçant des paroles totalement incompréhensibles pour lui, semblait particulièrement hostile, Bran vit un groupe de quatre cavaliers têtes nues. Vêtus de simples broignes de cuir tressé, ils étaient armés de courts épieux de chasse aux fers larges et acérés. Le sous-bois était assez clairsemé et le jeune barbare comprit aussitôt qu’il ne pouvait espérer s’échapper sans être rapidement rattrapé. Il avait faim et ne semblait pas vouloir abandonner le fruit de sa chasse.