Brute Alpha - Renee Rose - E-Book

Brute Alpha E-Book

Rose Renee

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Beschreibung

ELLE A TOUT G CHÉ... ELLE VA ME LE PAYER.
Sa mère a fait perdre son travail à mon père. Elle a détruit sa vie.
Et maintenant, je suis obligé de la voir tous les jours.
La voisine. Une humaine. Une petite intello sexy.
Elle n’a pas sa place ici ; pas à Wolf Ridge,
pas dans notre lycée, et encore moins dans ma vie.
Elle ignore qui je suis.
Ce qui facilitera ma vengeance.
Je vais la mettre à genoux. Lui transpercer le cœur.
La faire saigner. Pour moi.
Tout ça pour moi.

AVERTISSEMENT : ce roman New Adult comporte des scènes torrides avec des personnages de plus de dix-huit ans et est destiné à des lecteurs adultes.

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BRUTE ALPHA

RENEE ROSE

Traduction parAGATHE M.

Édité parELLE DEBEAUVAIS

Copyright © 2019 Alpha Bully par Renee Rose

Tous droits réservés. Cet exemplaire est destiné EXCLUSIVEMENT à l’acheteur d’origine de ce livre électronique. Aucune partie de ce livre électronique ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme imprimée ou électronique que ce soit sans l’autorisation écrite préalable des auteures. Veuillez ne pas participer ni encourager le piratage de documents protégés par droits d’auteur en violation des droits des auteures. N’achetez que des éditions autorisées.

Publié aux États-Unis d’Amérique

Renee Rose Romance

Ce livre électronique est une œuvre de fiction. Bien que certaines références puissent être faites à des évènements historiques réels ou à des lieux existants, les noms, personnages, lieux et évènements sont le fruit de l’imagination des auteures ou sont utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux, des évènements ou des lieux est purement fortuite.

Ce livre contient des descriptions de nombreuses pratiques sexuelles et BDSM, mais il s’agit d’une œuvre de fiction et elle ne devrait en aucun cas être utilisée comme un guide. Les auteures et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables en cas de perte, dommage, blessure ou décès résultant de l’utilisation des informations contenues dans ce livre. En d’autres termes, ne faites pas ça chez vous, les amis !

Réalisé avec Vellum

TABLE DES MATIÈRES

Livre gratuit de Renee Rose

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Chapitre Neuf

Chapitre Dix

Chapitre Onze

Chapitre Douze

Chapitre Treize

Chapitre Quatorze

Chapitre Quinze

Chapitre Seize

Chapitre Dix-Sept

Épilogue

Conclusion

Vouloir plus?

Livre gratuit de Renee Rose

Ouvrages de Renee Rose parus en français

À propos de Renee Rose

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CHAPITRE UN

Bailey

Si je ne conduis plus, c’est pour une bonne raison. Une très bonne raison.

Mais dans ces moments là, je regrette d’être du genre à hyperventiler chaque fois que je monte derrière le volant. Ne pas conduire m’oblige à aller au lycée de Wolf Ridge au lieu de celui de Cave Hills.

Cave Hills, le meilleur lycée quand on veut entrer dans une grande université.

Cave Hills, l’école qui devrait être la mienne. L’école que je mérite.

Une école qui se trouve à plus de vingt kilomètres.

Sans voiture, ça pourrait tout aussi bien être cent kilomètres.

Et là, tout de suite, cette absence de véhicule signifie que je suis foutue.

Parce que le bus scolaire vient de passer devant chez moi.

J’entends ses pneus crisser dans ma rue. Dix minutes en avance ! Je ramasse mon sac sur le canapé et fonce vers la porte sans m’être brossé les dents ou avoir lacé mes chaussures, mais il est déjà trop tard.

— Attendez ! m’écrié-je en agitant les bras et en courant après le bus. Une seconde !

Je le suis sur la moitié de la rue, trébuchant dans mes baskets trop lâches.

Le conducteur m’a forcément vue, même s’il ne pouvait pas m’entendre. En tout cas, les élèves m’ont vue. Ils me regardent par la vitre. Ils ne rigolent pas. Ne me montrent pas du doigt.

Je suis comme un poisson dans un bocal. Une créature vaguement intéressante, mais qui ne leur inspirera pas trop de chagrin quand ils me jetteront dans les toilettes et tireront la chasse dans une semaine. Bande de racistes. En Arizona, on aurait pu croire qu’être Latina ne me vaudrait pas d’être discriminée.

Eh, merde.

Je me penche pour faire mes lacets. Mon sac glisse le long de mon dos et me heurte l’arrière du crâne. Je soupire et me redresse.

À côté de chez moi, Cole et Casey Muchmore, les frère et sœur dynamiques, montent dans le pick-up Ford des années cinquante de Cole. S’ils ont vu mon sprint matinal, ils n’en laissent rien paraître.

Leur père, par contre, est à la fenêtre, une bière à la main, et ne cherche même pas à cacher qu’il m’observe. Il est constamment à la fenêtre, sauf quand il crie sur ses gamins, assez fort pour que tout le quartier l’entende.

Mais là, j’aurais juré qu’il souriait. Comme si me regarder courir après le bus l’avait bien fait marrer. Quel con. Tel père, tel fils, j’imagine.

Cole est aussi cool que son pick-up, et encore plus beau. Et il en est conscient. Il s’en délecte. Au lycée de Wolf Ridge, c’est lui le chef, et personne ne semble lui tenir rigueur du fait qu’il vit dans les quartiers pauvres. Ni du fait que son jean soit plein d’huile de moteur parce qu’il passe son temps à réparer des voitures.

Non, Cole Muchmore n’a pas besoin de vêtements chics, de voiture hors de prix ou de quoi que ce soit de cher. Il a quelque chose de bien plus précieux : le statut offert par son rôle de quarterback révéré par tous. Et dans notre lycée, ça fait de lui un demi-dieu.

Je jette un regard à ma dernière occasion d’arriver à l’heure en cours et me demande s’il y a une chance qu’il accepte de m’emmener.

Contrairement aux autres élèves du lycée de Wolf Ridge, les Muchmore ne font pas semblant de ne pas me voir. Ils me jettent des regards noirs. Des regards haineux, même. Je les ai rencontrés le jour de mon emménagement. Je suis allée me présenter, car ils étaient sortis de chez eux pour me dévisager.

Ils m’ont à peine répondu et m’ont regardée comme si j’avais deux têtes. Taylor Swift et Kanye West ont sans doute eu des échanges plus cordiaux que mon interaction avec les Muchmore ce jour-là.

Mais j’ai besoin qu’on me dépose au lycée. Même si je me mets en route à pied dès maintenant, j’arriverai en retard pour mon contrôle d’espagnol, et je ne peux pas appeler ma mère. Si elle est obligée de quitter le travail pour me conduire, elle me fera sans doute un sermon sur le fait qu’il faut que je me remette à conduire.

En plus, son boulot est très prenant.

Je ravale ma phobie sociale et trottine sur le trottoir pour faire signe à Cole. Il ralentit, mais ne s’arrête pas. Sa sœur Casey, une élève de seconde avec une expression patibulaire, baisse sa vitre.

Cole se penche en travers de sa sœur. Ses cheveux noirs sont ébouriffés, ses lèvres pleines tordues par un rictus moqueur.

— Qu’est-ce qu’il y a, Pink, t’as raté le bus ?

Pink.

Il fait référence à la mèche rose pâle qui tranche avec mes cheveux noirs, bien sûr. Ce surnom et la réaction physique malheureuse que me cause la proximité de Cole Muchmore me laissent bouche bée un instant. Le lycée. J’ai besoin que l’on m’emmène au lycée.

Je me mets sur la pointe des pieds pour regarder dans le pick-up et croiser le regard de Cole.

— Oui, tu pourrais m’emmener ?

Je me maudis intérieurement d’avoir pris une petite voix toute timide.

Il hausse les épaules et, feignant le regret, il répond :

— Désolé, Pink, je proposerais bien, mais il n’y a pas de place.

N’importe quoi. Il y a largement assez de place entre sa sœur et lui, il est juste désagréable. J’entends son rire grave alors que sa sœur remonte la vitre.

Je rougis alors qu’ils s’éloignent, et une boule se forme dans ma gorge. Mes yeux me brûlent.

Ne pleure pas. Pas pour ça.

Garde tes larmes pour les choses importantes.

Comme Catrina. Comme les amis que j’ai laissés dans mon ancien lycée.

Mais mes encouragements intérieurs ne fonctionnent pas. Des larmes brûlantes me coulent sur les joues alors que je me mets à courir en direction de l’école.

Je déteste Wolf Ridge. De toutes mes forces.

J’arrive à la première intersection importante et regarde l’heure sur mon téléphone pendant que j’attends que le feu passe au vert.

Mince. Je vais sans doute être en retard.

— Salut !

Une vieille Subaru se gare sur le trottoir, et la porte de derrière s’ouvre.

— Tu as raté le bus, toi aussi ? me demande une petite blonde chétive avec des cheveux dressés dans toutes les directions.

Je l’ai déjà vue dans le bus et au lycée. Elle n’est pas dans la même classe que moi, donc nous n’avons aucun cours ensemble, mais je la reconnais.

— Oui, réponds-je.

Je me tends, prête à recevoir une nouvelle humiliation.

— Monte. Ma mère va nous déposer.

Sa mère me fait signe de m’asseoir d’un air impatient. Elle a les cheveux filasses et la peau prématurément ridée d’une personne qui fume et qui boit trop. La voiture pue le tabac froid.

Le soulagement et la gratitude me submergent tout de même alors que je me glisse sur la banquette arrière.

— Merci. J’avais peur d’arriver en retard.

— J’ai déjà appelé l’école pour me plaindre de ce satané conducteur de bus, râla la conductrice. C’est n’importe quoi. Il ne peut pas se pointer à l’heure qu’il veut. Il est censé respecter l’horaire.

J’acquiesce avec un murmure.

— Moi, c’est Rayne, se présente la jeune fille en se tournant dans son siège pour me dévisager.

Ses yeux bleus sont énormes sur son petit visage en forme de cœur, et elle a un piercing dans le nez.

Je décide immédiatement que je l’aime bien.

— Bailey.

— Je sais, dit-elle.

Cela renforce mon impression de ne pas vraiment être invisible au lycée de Wolf Ridge. On me met volontairement à l’écart.

Mon estomac se serre.

— Merci de vous être arrêtées. Cole Muchmore a carrément refusé de me déposer.

Je ne sais pas pourquoi je lui raconte ça. Je ne suis pas du genre à me plaindre, et j’ai tendance à garder les choses pour moi, mais là, j’ai vraiment besoin de parler à quelqu’un.

Rayne lève les yeux au ciel.

— Cole est un alpha-bruti, comme tous les footballeurs.

J’éclate de rire.

— C’est bien vu, dis-je.

Alpha-bruti. C’est une parfaite description.

Eh bien, il peut aller se faire foutre. Je ne vais pas pleurer à cause de son manque de politesse.

Les types comme lui m’indiffèrent.

Nous arrivons au lycée à temps, et je sors de la Subaru. Les élèves qui descendent à l’arrêt de bus me dévisagent.

— Quoi ? demandé-je à voix haute.

Franchement, ils me regardent comme si j’étais une extraterrestre.

Rayne leur fait un doigt d’honneur et me prend par le coude.

— Fais pas attention à eux. Ils obéissent à l’alpha-bruti comme si c’était leur chef.

— Attends... que leur a-t-il dit ?

Rayne détourne les yeux, et ses joues pâles rougissent.

— Rien. Ne t’en fais pas pour ça. C’est aussi notre lycée ici.

Hein ?

Je ne comprends pas ce qu’elle veut dire par là. Je n’insiste pas. Je n’ai pas envie de me mettre à dos la seule personne qui se montre gentille envers moi.

— Merci de m’avoir déposée. Et de me parler. J’avais l’impression de perdre la boule, ici. Je commençais à croire que tous les gamins étaient des androïdes, comme dans ce film que m’a montré ma mère, dans lequel les hommes tuent leurs femmes pour les remplacer par des robots.

Rayne m’adresse un grand sourire. Elle lève la paume comme pour prêter serment.

— Pas un robot, dit-elle en montrant les élèves qui entrent dans l’établissement en nous dévisageant. Eux, par contre, j’en suis moins sûre.

* * *

Cole

Je me glisse dans ma chaise en cours de journalisme quelques secondes après la sonnerie. Évidemment, l’humaine ‒ ma connasse de voisine ‒ est déjà installée dans le siège voisin et discute avec le prof comme une lèche-cul. Je sens son odeur, un mélange de miel et de cannelle, et mes bourses se contractent.

— Alerte intello, marmonné-je alors que M. Brumgard s’éloigne d’elle.

Il paraît qu’elle suit des cours d’anglais avancés par internet et qu’elle suit ce cours-là en option. Deux doses d’anglais pour le prix d’une. Quelle malade.

Elle joue avec son stylo ‒ je l’ai sans doute perturbée ‒, et il s’écrase au sol. Mon pote Austin se penche pour le ramasser, puis il voit mon regard noir et réalise à qui appartient le stylo. Il se redresse immédiatement sans ramasser l’objet.

Bien. Le roi du lycée Wolf Ridge est toujours au pouvoir. Personne ne parlera à Bailey ni ne l’aidera tant que je n’aurai pas levé l’interdiction. Je m’attends à ce qu’elle change d’école dans moins d’un mois.

Elle se penche dans l’allée pour ramasser son stylo, mais je donne un coup de pied dedans. Elle perd l’équilibre et manque de tomber de sa chaise, une main posée sur le sol. J’aperçois un morceau de cuisse nue quand sa mini robe se soulève, et un grondement me monte dans la gorge.

Qu’est-ce qui ne va pas, chez moi ? Les filles de son espèce ne m’intéressent pas.

Miss Parfaite, avec sa petite robe et ses grosses baskets. Je jette un regard mauvais dans sa direction, priant pour que mon attirance pour elle s’envole. Malheureusement, la façon dont ses seins étirent l’avant de sa robe à pois me fait bander. Ce qui me pousse à la détester encore plus.

Même sans le conflit entre nos parents, j’estimerais qu’elle n’a pas sa place ici. Elle est trop intelligente. Trop du genre intello sexy. Elle a trop d’assurance pour quelqu’un que tout le monde ignore jour après jour au lycée.

Et le fait que son cerveau et son caractère soient emballés dans ce joli paquet ne fait qu’empirer les choses.

M. Brumgard termine l’appel, puis il annonce :

— Interro surprise sur ce que je vous ai demandé de lire hier !

Tout le monde râle. Tout le monde, sauf Bailey, qui est visiblement impatiente de prouver qu’elle a fait ses devoirs. Brumgard se lève et commence à poser des feuilles retournées sur chaque table.

Je lève les yeux au ciel, irrité, et me colle à mon dossier. Putain, ça craint. Je n’aurai jamais la moyenne, et le premier match de l’année à lieu vendredi. Ce qui signifie que je serai laissé sur le banc de touche. Ce qui signifie que le coach Jamison et toute l’équipe vont me tuer.

Mes coéquipiers se tournent vers moi avec un regard interrogatif plein d’inquiétude. Je secoue la tête, et un soupir parcourt la salle. Toute la classe suit, pas seulement les membres de mon équipe.

Le sport tient une place très importante au lycée Wolf Ridge. Bien plus que les cours.

En présence d’humains, nous mettons nos capacités physiques en sourdine, mais tous les étudiants veulent nous voir gagner. Et j’assure toujours le show contre l’équipe adverse, promenant mon attitude arrogante sur le terrain.

— Vous avez sept minutes pour compléter ce quiz, dit Brumgard en jetant un œil à son téléphone. Vous pouvez commencer.

Le bruissement du papier emplit la salle alors que tout le monde retourne sa feuille. Je prends un stylo et regarde les questions. Je ne comprends même pas ce que je lis.

Mon esprit passe en revue les conséquences possibles de cette situation. Toutes aboutissent à ma suspension du match pour ne pas avoir eu la moyenne et à la colère de toute l’école.

Mais tout ça, ce n’est rien comparé à ce que je subirai à la maison quand mon père l’apprendra.

Ce qui est ironique, car si je n’ai pas pu faire mes devoirs, c’est parce que j’ai travaillé tard au garage de l’oncle de Bo pour payer les courses, parce que mon père est trop bourré et déprimé pour lever son cul et chercher du boulot.

Je jette un regard à Bailey. La fille que je ne peux pas saquer.

Elle a déjà rempli les trois quarts de l’interro. Et surtout, elle n’a pas encore pris le temps d’écrire son nom en haut de la feuille.

Dans l’une de mes initiatives les plus détestables, j’attrape sa feuille pendant que le prof a le dos tourné, et je glisse la mienne sur son bureau.

Elle rougit et reste bouche bée, mais avant qu’elle puisse protester, tout le monde se tourne vers elle et lui jette un regard noir, notre meute unie.

Elle a beau être humaine, son métabolisme est assez similaire au nôtre pour qu’elle ressente la pression. Se conformer ou mourir. Cette domination de loup est courante, dans la meute. Et je suis leur alpha.

Elle ferme la bouche. Serre les mâchoires. Elle me fusille du regard, puis se penche sur sa feuille et se met à cocher les réponses à toute vitesse.

La sensation triomphante qui m’explose dans la poitrine a plus à voir avec ma victoire sur Bailey qu’avec la bonne note qui m’attend. Je meurs d’envie de la mettre à genoux depuis qu’elle a eu le culot d’emménager dans la maison voisine.

Avec un petit sourire en coin, je note mon nom en haut de la feuille et devine les réponses restantes. Même si je me trompe sur chacune d’entre elles, j’aurai la moyenne.

Pink est une élève brillante. C’est limite un génie. Elle n’a rien à faire à Wolf Ridge, tout comme sa mère n’a rien à faire à la brasserie.

Enfin, quoi qu’il en soit, ses réponses seront justes. Et j’ai seulement besoin d’obtenir un C.

Je la regarde terminer l’interro ‒ sur mon ancienne feuille ‒ les sourcils froncés et les lèvres pincées.

— C’est fini, annonce Brumgard. Posez vos stylos. Faites-moi parvenir vos feuilles, s’il vous plaît.

Bailey me jette un nouveau regard noir avant de rendre son interro, et je hausse les sourcils comme pour la mettre au défi de se plaindre.

Mais elle ne dira rien, et nous le savons tous les deux.

La brute alpha marque un point.

Zéro pour cette sale humaine.

CHAPITRE DEUX

Bailey

 

La colère me prend à la gorge et m’aveugle alors que je sors du cours de journalisme.

Quel culot ! Cole Muchmore a volé ma feuille devant toute la classe, et personne n’a rien dit. Il est en train de taper dans la main de ses coéquipiers. Les autres alpha-brutis, comme dirait Rayne.

Faire de moi une pestiférée ne lui suffit pas, il vole mon travail, maintenant ?

Je n’arrive pas à croire que je l'aie laissé faire.

C’est quoi, mon problème ? Suis-je tellement en manque d’amis que je suis prête à sacrifier mon éducation et mon avenir par peur d’énerver quelqu’un ? J’aurais dû le dénoncer. Tout le monde me déteste déjà. Je suis une paria depuis des semaines.

Et qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez les autres élèves, qui ne voient pas d’objection à aider leur star du football à tricher ?

Connards.

Je baisse la tête pour cacher les larmes qui troublent ma vision alors que j’entre le code de mon casier. Il me faut cinq essais avant de me calmer assez pour voir les numéros. Il ne me reste que trois essais pour le déverrouiller.

À la seconde où j’arrive à ouvrir la porte de mon casier, une grosse main la referme dans un claquement.

Bien sûr, je sais parfaitement à qui appartient cette main.

— Merci de ton aide, Pink.

Cole est juste derrière moi, penché pour me chuchoter à l’oreille comme s’il s’agissait d’une conversation secrète entre amants et pas une provocation de la part du plus gros con de l’école.

Sa voix rauque fait vibrer des recoins de moi auxquels il ne devrait pas avoir accès.

— Va te faire foutre, Cole, dis-je d’une voix cassante.

Je ne dis pas de gros mots, d’habitude, surtout au lycée, mais la situation l’exige.

Je dois quand même rester une poule mouillée, car je ne me retourne pas et n’affronte pas le regard de mon harceleur. Je me colle davantage aux casiers pour ne pas le sentir contre moi, mais il se contente de se rapprocher, et à présent, je suis submergée d’odeurs et de sensations qui me hanteront tout autant que son sourire en coin.

Il veut m’intimider, et ça fonctionne, mais mon corps réagit d’une façon tout à fait différente.

Je ressens quelque chose d’inconnu, mais familier à un niveau primitif. C’est quelque chose de biologique, de sauvage qui me fait immédiatement mouiller. C’est forcément mon subconscient le responsable, car je ne peux pas sérieusement trouver son attitude de brute musclée attirante.

Dommage qu’il soit aussi beau que Jacob Elordi. Un frisson me parcourt la peau. Je la regarde. Elle est couverte de chair de poule. Sa simple présence me donne la chair de poule ! Je n’ai pas besoin de vérifier pour savoir que mes tétons pointent sous ma robe patineuse à pois favorite. Je lutte contre l’envie de croiser les bras sur ma poitrine. Je ne veux pas qu’il sache qu’il a un effet sur moi.

Il est grand. Fort. Il a la voix grave. Son odeur est un mélange de bois de cèdre et de masculinité pure. Et son arrogance me met dans tous mes états.

— Tiens, me dit-il.

Son autre main apparaît devant mon visage. Pas celle qui maintient mon casier fermé, me retenant littéralement prisonnière. Il me tend un chewing-gum à la cannelle.

— Sérieux ?

Je le lui arrache de la main et me retourne, trop furieuse pour craindre la confrontation.

— Un chewing-gum ? dis-je en le brandissant entre nous, me maudissant d’avoir les doigts qui tremblent. Tu crois que ça compense le fait d’avoir volé l’interro de quelqu’un ?

Les yeux bruns de Cole me transpercent, brûlants. Je vois la haine dans son regard avant qu’il cligne des paupières et reprenne un air nonchalant. Il pivote et appuie une épaule contre mon casier.

— Ben, tu sais, des chewing-gums sont la seule chose que je puisse me permettre... vu que ta mère a volé le travail de mon père et tout ça.

Tout devient silencieux dans mon cerveau. Mon estomac se serre, et je retiens mon souffle.

— Quoi ?

— Ouais. C’est une vraie pointure, ta mère, hein ? Tout droit venue de la brasserie Coors dans le Colorado.

Il hausse les épaules et ajoute :

— Mon père ne faisait pas le poids.

J’ai les jambes en coton. J’ouvre et referme la bouche comme un poisson hors de l’eau, mais je ne trouve pas de réponse appropriée.

Peu importe. Cole s’est déjà redressé et fend la foule, qui laisse passer son roi.

Il pense que ma mère a piqué le boulot de son père ?

C’est pour ça que Cole et Casey Muchmore me détestent. C’est pour ça que je suis une paria depuis huit semaines. Pour ça que j’ai beau sourire et dire bonjour aux autres élèves dans les couloirs ou les toilettes, je n’obtiens le moindre signe de tête en retour, même de la part des seconde.

Je ne savais pas que c’était personnel.

Comprendre la raison de leur attitude aurait dû me soulager, mais cela me donne juste mal au bide. Tant que l’alcoolique de père de Cole et Casey Muchmore n’aura pas retrouvé du travail, je resterai l’ennemie publique numéro un.

Et ce n’est pas de ma faute. Ce n’est même pas la faute de ma mère.

Elle a été engagée après que la brasserie de Wolf Ridge ait eu de gros ennuis avec l’agence de sécurité alimentaire, l’obligeant à fermer. Et elle m’a dit que l’entreprise était complètement à la dérive, à son arrivée. Rien n’était prévu pour éviter une contamination. Ce qui signifie que le père de Cole et Casey était nul à son boulot, et qu’il l’a perdu pour une bonne raison.

Je comprends que notre emménagement dans la maison voisine remuee le couteau dans la plaie, mais ma mère n’a pas volé le job de leur père. Et même si elle l’avait fait, il faut vraiment que Cole soit tordu pour me juger responsable de ses problèmes.

Moi aussi, les problèmes, je connais. Je ne me venge pas sur de parfaits inconnus pour autant.

Les doigts tremblants, j’entre de nouveau la combinaison de mon casier et en sors mon sac à dos pour me rendre à la cantine, le moment de la journée que je redoute le plus. Le moment où je dois m’asseoir seule et faire mes devoirs en mangeant un sandwich.

— Alors, tu as fait l’interro de l’alpha-bruti à sa place, hein ?

Je pivote et me retrouve face à Rayne, debout juste derrière moi. Son visage amical me met du baume au cœur, et j’ai envie de la serrer dans mes bras. Mais je me retiens. Je n’ai pas envie d’effrayer ma seule amie potentielle avec ma recherche désespérée de contact humain.

— Les nouvelles vont vite, hein ?

— Ouais. C’est comme ça, dans ce lycée. Il ne faut même pas cinq minutes pour que la rumeur circule. Surtout quand elle concerne notre star de quarterback.

— Le football compte à ce point, ici ? Ça me dépasse.

Elle hausse les épaules et m’emboîte le pas.

— Wolf Ridge est champion de l’État dans quasiment tous les sports. On est connus pour ça. Mais Cole est exceptionnel. Sur le terrain, il fait le show. Il joue avec l’autre équipe. Comme un chat avec une souris. C’est légendaire. Alors s’il avait été mis sur la touche à cause d’une mauvaise note, tout le monde aurait été dégouté. Je sais que tu n’as pas fait exprès, mais tu viens de devenir une héroïne, là.

— Je viens de devenir la risée de toute l’école et la cible de toutes les brutes du lycée, tu veux dire.

— Nan, seulement celle de Cole.

— Alors il faut être bon en sport pour être populaire ?

— Ouais, répond-elle en faisant glisser les mains le long de son corps, un grand sourire chagriné aux lèvres. Maintenant, tu comprends pourquoi j’ai peu de chances de devenir la reine du lycée.

J’ai soudain une drôle d’envie de voler la couronne de reine avant qu’elle ne soit décernée ce week-end, simplement pour la donner à Rayne. Et cela suffit à me faire sourire.

Elle me donne un petit coup de coude.

— C’est pas drôle à ce point-là, me dit-elle.

— Je ne me moque pas de toi, promis. Je me disais juste que ce serait marrant de truquer le concours.

Elle sourit à son tour. Elle me fait traverser l’école, jusqu’à une petite zone boisée que je n’avais encore jamais vue.

— C’est ici que j’aime me cacher pendant l’heure du déjeuner, annonce-t-elle.

Elle se laisse glisser contre un arbre, et je l’imite.

— C’est beaucoup mieux que les endroits que j’ai essayés.

C’est la vérité. Elle a trouvé le seul coin de verdure du campus où l’air est plus facile à respirer.

— Apparemment Cole croit que ma mère a piqué le boulot de son père, dis-je à brûle-pourpoint, incapable de penser à autre chose.

Rayne hausse les sourcils.

— Tu ne le savais pas ?

Je pousse un soupir. Le monde est vraiment petit, et à Wolf Ridge, tout se sait.

— Je croyais que tout le monde me détestait parce que je suis Latina.

Rayne recrache son jus de fruits, hilare.

— C’est trop drôle.

— Oui, enfin, il n’y a pas beaucoup de diversité, ici. Et je ne me fonds pas dans le moule. Si tu voyais la façon dont le père de Cole nous regarde par la fenêtre. Je te jure, j’étais persuadée qu’un jour, lui ou les voisins appelleraient les services de l’immigration pour nous dénoncer, en espérant qu’ils viennent nous chercher dans la nuit, juste parce qu’on s’appelle Sanchez.

Rayne rit tellement fort que des larmes lui coulent au coin des yeux.

— Non, dit-elle en s’essuyant les joues. Ce que tu affrontes, là, ce n’est pas du racisme.

La façon dont elle a dit racisme me laisse penser qu’il y a autre chose en plus du fait que ma mère occupe l’ancien poste du père de Cole, mais je ne vois vraiment pas ce que ça pourrait être.

Elle lisse une mèche de cheveux blond-blanc derrière son oreille, et j’aperçois un tatouage bleu à l’intérieur de son poignet.

— Qu’est-ce que c’est ? demandé-je en le montrant du doigt.

Elle tend le bras pour me montrer une toute petite empreinte de patte.

— Très joli. C’est pour te souvenir d’un chien ?

— C’est une empreinte de loup, en fait.

— Tu aimes les loups ?

Elle remet rapidement sa manche en place et baisse la tête.

— Non. C’est juste pour Wolf Ridge. C’est bête, dit-elle en rougissant férocement. Je regrette de l’avoir fait, mais c’est trop tard, maintenant.

— Je l’aime bien.

Une idée me traverse soudain l’esprit, une idée qui me rend enthousiaste pour la première fois depuis deux mois. Un moyen de rendre hommage à Catrina.

— J’ai envie de m’en faire un. Tu l’as fait ici, en ville ?

— Oui, au tatoueur Patte de Loup.

— Oh là là. C’est pour ça que tu t’es fait faire une patte de loup ? C’est gratuit si on leur fait de la pub ?

Rayne éclate de rire.

— Non, mais c’est sans doute ça qui m’a donné l’idée, oui. Mais il faut avoir dix-huit ans, ou avoir l’accord d’un parent.

— Eh bien, il se trouve justement que demain, c’est mon anniversaire, dis-je avec un sourire. Tu veux m’accompagner ?

Son visage s’illumine.

— Carrément. Qu’est-ce que tu veux te faire tatouer ?

Je ravale la boule que j’ai dans la gorge. Je ne suis pas encore prête à en parler. Alors je hausse les épaules d’un air mystérieux et réponds :

— Tu verras.

 

* * *

 

Cole

 

— Sérieux, je n’arrive pas à croire que tu aies obligé l’humaine à faire l’interro à ta place, me dit Wilde, le capitaine de notre équipe, en me donnant un coup de poing dans l’épaule dans les vestiaires après la douche. C’était trop stylé.

— Arrête de dire stylé, mec, railla Bo. T’as pas de style, connard.

Des rires retentissent parmi les plus jeunes, qui veulent se faire bien voir.

— Ouais, et Bailey Sanchez me doit bien plus qu’une bonne note à une interro, dis-je.

Austin émet un petit bruit réprobateur à côté de moi.

— Quoi ? demandé-je.

Il hausse les épaules, mais détourne les yeux, car il sait que je suis l’alpha de cette équipe et de notre groupe d’amis, même si je ne suis pas capitaine. Même si je ne suis pas le plus grand.

Je suis le plus violent, et tout le monde le sait.

— Qu’est-ce qu’elle fout là, d’ailleurs ? s’enquiert Bo. Les RH de la brasserie auraient dû encourager sa mère à l’envoyer à Cave Hills avec les autres humains.

Je secoue la tête, submergé par les moments difficiles de ces derniers mois. Mon père, qui s’est mis à boire de plus en plus. Sa façon de s’en prendre à Casey et moi. Notre vie de plus en plus merdique. Les choses allaient déjà mal avant l’arrivée de Bailey Sanchez, mais son emménagement dans la maison voisine a tout amplifié.

— Je ne sais pas, mais elle va le regretter.

— Je sais pas, moi je la trouve canon, commente Slade en agitant les sourcils.

— La ferme, Slade, l’avertit Austin.

Slade n’a aucun tact. Il n’a pas remarqué que malgré le fait que je déteste Bailey, je craque aussi pour elle.

Mais il continue, sans écouter l’avertissement d’Austin :

— Jolis seins, et belles petites robes. Et ses grands yeux la font ressembler à une poupée mexicaine...

— Parle pas de ses seins, ordonné-je en pivotant brusquement.

Je lui donne un coup de boule, et un craquement d’os et de cartilage retentit.

Il se plaque une main sur le nez.

— Aïe, putain !

Wilde et Bo s’interposent au cas où les coups continueraient à pleuvoir. Le Coach Jamison nous interdit formellement de nous battre, une règle que j’ai beaucoup de mal à suivre cette année.

Tel père, tel fils, j’imagine.

Je me penche sur la gauche pour pointer Slade du doigt.

— Ne parle plus jamais d’elle. Elle est à moi.

— Quoi ? demande-t-il, toujours à côté de la plaque. Je croyais que tu la détestais.

— Elle est à moi, répété-je d’un ton ferme. C’est à moi de la tourmenter, et je vais en savourer chaque seconde.

Mes quatre amis secouent la tête comme s’ils avaient de la peine pour moi.

— C’est tordu, mec, dit Austin.

Slade réalise enfin qu’il a tout à gagner en la fermant. Il hausse les épaules et remet les os de son nez en place. Il sera guéri demain ; c’est ça qui est beau, quand on est métamorphe.

— En parlant d’humaines qui donnent envie de baiser, dit Bo pour tenter de désamorcer la conversation. Vous devriez voir la meuf de Cave Hills qui est venue au garage, hier. Un corps de malade, et la personnalité qui va avec. Elle a un grain. Mais la bagnole qu’elle a fait repeindre était trop cool.

— Attends... dit Slade, en comprenant enfin ce que j’ai dit et en ignorant le commentaire bien plus passionnant de Bo. Tu veux dire que t’as vraiment envie de coucher avec Bailey ?

Sa question est simple. J’ignore pourquoi la réponse me paraît si compliquée.

Face à mon silence, Bo intervient :

— Et si tu te la tapais une fois, si elle te trouble à ce point ? Histoire de te la sortir de la tête ?