Cahier trouvé sous l’oreiller - Anne-Marie Perreau - E-Book

Cahier trouvé sous l’oreiller E-Book

Anne-Marie Perreau

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Beschreibung

Cahier trouvé sous l’oreiller est un recueil de poèmes de jeunesse. Il s’agit d’écrits appartenant à la période cruciale du sortir de l’enfance, dans un environnement familial dysfonctionnel. Axés sur différents thèmes : la nature, les voyages, l’amour, l’amitié, le vague à l’âme, ils varient de l’introspection à la contemplation en apportant une jolie fraîcheur au gré d’observations justes et de formules originales.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Anne-Marie Perreau saisit la plume dès l’âge de huit ans. Après avoir fait ses armes littéraires comme professeure de langues et traductrice, elle choisit l’écriture pour exprimer sa vérité. Auteure de plusieurs ouvrages publiés, elle écrit également pour toutes les personnes qui souhaitent laisser une trace de leurs souvenirs. Avec ces poèmes, elle ouvre les portes de son intimité juvénile jamais partagée.

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Anne-Marie Perreau

Cahier trouvé sous l’oreiller

Poésies de jeunesse

1958 – 1965

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Anne-Marie Perreau

ISBN : 979-10-377-7158-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

De la même auteure

– Rêves et pièges, 2015 (nouvelles) ;
– Langes de verre, 2018 (roman) ;
– Portrait d’une ombre, 2020 (roman) ;
– Les nouilles enchantées, 2020 (conte) ;
– Visiteurs de l’invisible, 2021 (nouvelles).

À mon père

Préface

À l’époque où je découvris ce cahier caché sous l’oreiller, j’étais femme de ménage chez les P… Deux fois par semaine, le jeudi, jour de congé scolaire et le samedi, je venais nettoyer leur petit trois-pièces situé au deuxième étage de l’école de filles de Saint-Gratien. Le fait de pouvoir financièrement faire venir une femme de ménage conférait à la famille un sentiment d’embourgeoisement. Grâce au père, instituteur, elle jouissait de l’avantage non négligeable de bénéficier d’un logement mis à disposition par l’académie, à un prix très modéré. Sa femme, Renée, était femme au foyer et s’occupait des trois gosses, la petite Anne, née tout de suite après leur mariage, son frère et sa sœur nés deux et trois ans plus tard.

Avant le mariage, Renée et ses parents étaient locataires dans un immeuble à Levallois où je tenais la conciergerie. J’avais connu cette fille toute petite et l’avais vue grandir au gré des escaliers que je cirais régulièrement et sur lesquels elle venait traîner ses culottes. Mon opinion sur son comportement avait toujours été réservée, mais je n’avais aucune autorité pour émettre un avis. Elle s’introduisait souvent dans ma loge, sans prévenir ni frapper à la porte, sa raquette de tennis sur l’épaule comme équipée d’une arme défensive qu’elle aurait pu brandir à la première occasion. Ou bien, n’était-ce que la volonté de crâner un peu ? Vous voyez, moi fille d’ouvriers, mes parents m’offrent des cours de tennis… En effet, son père ouvrier chez Thomson à St-Ouen et sa mère, au foyer se saignaient aux quatre veines pour lui offrir des loisirs : tennis, piano, que l’on qualifiait dans les années 30 de privilèges bourgeois ! Tout en passant le plumeau et la serpillière, j’écoutais, l’air faussement contrit, ses plaintes régulières contre ses parents et ses camarades d’école auxquels elle faisait toujours porter les torts et les misères qui lui tombaient dessus. Pour elle, sûr, ce n’était jamais sa faute. Enfant gâtée, pourrie, Renée m’apparaissait comme une ado égoïste et capricieuse. Avec la patience de la subalterne polie, je l’écoutais un moment, dissimulant mon ennui et me dispensant de lui donner des conseils que de toute façon elle n’aurait ni acceptés ni suivis. Un comportement déroutant qui ne présageait rien de bon pour l’avenir mais auquel, il est vrai, je n’attachais guère d’importance, ne me sentant pas concernée par sa vie. J’étais la concierge et les locataires se cotisaient pour régler mes émoluments. Je n’avais donc qu’à faire le travail qui m’incombait en restant polie en toutes circonstances.

La Renée grandit, puis comme toutes les jeunesses quitta l’immeuble après son mariage. Elle partit s’installer avec son mari, instituteur à St-Gratien, comme je l’ai déjà mentionné. Ça redorait son blason et ça la faisait monter d’un cran dans l’échelle sociale. Elle quittait enfin son milieu ouvrier gouailleur, inculte, parfois grossier. Au début des années 50, je délaissai moi-même la grande ville pour emménager dans une banlieue tranquille à Sannois, un bout de campagne entouré de vertes collines à dix-huit kilomètres de Paris loin des bruits de la capitale. De ma fenêtre, je voyais le moulin qui tournait sur la colline d’Orgemont avec ses ailes qui imprimaient des rayures blanches sur le ciel bleu. Le calme absolu. J’étais restée en relation avec la famille et Renée, très vite, vint me chercher pour me demander de l’aider dans son ménage. C’est ainsi que je fis la connaissance de la petite Anne. Saint-Gratien n’était qu’à trois kilomètres de Sannois et je faisais le trajet deux fois par semaine à bicyclette.

Ma discrétion à toute épreuve et le fait d’avoir accueilli sans broncher pendant des années les jérémiades et récriminations de Renée me valurent donc l’immense privilège d’être hissée au statut privé de femme de ménage. Je bénéficiais de la confiance de la famille. Rapidement, une complicité s’installa entre Anne et moi. Au fil des semaines, je devenais « l’amie secrète » à laquelle on confie ses malheurs et déceptions. En quelque sorte, j’étais celle à qui l’on pouvait tout raconter, celle qui voyait tout, ne disait rien, mais n’en pensait pas moins.

Je travaillai dix ans chez les P... Au cours de ces années, je constatais avec amertume que ni la maturité ni le mariage n’avaient amélioré le caractère imprévisible de Renée. Le foyer n’était pas, à proprement parler, une famille formidable. Les relations entre les époux étaient tendues, hargneuses, quelquefois même au bord de la violence qui menaçait de devenir une forme de communication. Or, ce n’était pas le père qui piquait des colères mais bien sa femme, la Renée, qui s’emportait pour une peccadille, prenait un malin plaisir à enclencher la dispute pour accuser l’autre de je ne sais quel crime ! Culpabiliser la personne en face d’elle était l’un de ses passe-temps favoris. Une drogue, en quelque sorte ! Non, décidément, l’âge n’avait pas embelli son caractère. Parfois, ses colères frôlaient l’hystérie. Manipulatrice comme pas deux, la nature l’avait dotée d’une double personnalité. Une véritable Folcoche ! Je poussais alors la puissance de l’aspirateur ce qui avait