Cerise Lechat à l'Elysée - Jacques-François Martin - E-Book

Cerise Lechat à l'Elysée E-Book

Jacques-François Martin

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Beschreibung

Retrouvez Cerise Lechat, minette égocentrique au caractère bien trempé pour de nouvelles aventures… à l’Élysée !

« Chatpristi, vous ne vous souvenez pas de môoâa, Cerise Lechat ? Eh bien moi, copine du Président, je vais lui en faire baver des ronds de chapeau. Et à vous aussi… Allez, suivez-moi en catimini à l’Élysée, je ne vous dis que chat ! »

Le monde entier est en émoi. Le Président a de la compagnie ; elle déambule sans gêne, au hasard de ses caprices, sous les ors du Palais de l’Élysée, distribuant coups de griffes et commentaires acerbes. Le président sourit. Des photos circulent. La presse mondiale est sur les dents. Scandale, provocation, nul ne sait ; une seule chose est sûre : Cerise est dans la place ! La folle idée qui a germé dans l’esprit du célèbre docteur Fremd aura des conséquences imprévisibles…

Après le premier volet des aventures de Cerise, la jeune chatte la plus égocentrique, facétieuse, susceptible et ronronnante du monde entier, que dis-je, de l’univers, devient la favorite en titre d’un président tourmenté. Bien entendu, elle a un avis sur tout et sur tous, s’ingénie à bousculer et égayer ce monde froid et normé avec un bon sens, un humour et une gouaille inimitables. Par sa voix, Jacques-François Martin nous livre une fable satirique sur un personnel politique obsédé par son image et les jeux de pouvoirs. En complément de ses dialogues truculents, les superbes illustrations de Christophe d’Amiens d’Hébécourt affirment le caractère unique de Cerise. Et si certaines vérités sortaient de la bouche… d’un chat ?

Un roman aussi hilarant que le premier, à savourer sans modération !

EXTRAIT

— Décidément, chuchota Madame Tartignole à l’oreille poilue de son voisin, je commence à me demander si le docteur n’a pas un grain. Il y a un bon moment que je n’avais pas vu ce chat dans la salle d’attente, mais voilà que ça recommence !

— Oui, j’ai aussi quelques doutes depuis un certain temps. La semaine dernière, j’ai vu cet animal entrer dans son cabinet et je suis quasiment certain d’avoir entendu le docteur lui dire : « entrez, je vous en prie. »

De sa voix douce et rassurante, le médecin apparut alors dans l’antichambre et, jetant comme à son habitude un discret coup d’œil circulaire, il demanda rituellement :

— Alors, c’est à qui maintenant ?

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Cerise Lechat à l’Élysée

Fable satirico-chatoyante illustrée

Jacques-François Martin

Dessins Christophe d'Amiens d'Hébécourt

Dernière minute !

Inimaginable ! La nouvelle compagne du Président serait-elle un chat ? Même à Closer, on en reste bouche bée devant les écrans…

Dans le monde entier, la photo déclenche les sarcasmes des journaux et des chefs d’État. Cerise Lechat franchit ici d’un pas feutré mais décisif les coulisses imaginaires de l’Élysée. Une fable délirante et endiablée dans laquelle elle tente de dérider le Président, joue un tour pendable à la Chancelière allemande et essaie de faire danser le Premier ministre…

Malgré la présence de noms connus, ce conte humoristique est une pure fiction et ne contient à ce titre aucune part de vérité pouvant représenter ni mettre en cause les personnages qui y apparaissent.

CHAT-PITRE 1 Naissance d’une idée saugrenue

— Décidément, chuchota Madame Tartignole à l’oreille poilue de son voisin, je commence à me demander si le docteur n’a pas un grain. Il y a un bon moment que je n’avais pas vu ce chat dans la salle d’attente, mais voilà que ça recommence !

— Oui, j’ai aussi quelques doutes depuis un certain temps. La semaine dernière, j’ai vu cet animal entrer dans son cabinet et je suis quasiment certain d’avoir entendu le docteur lui dire : « entrez, je vous en prie. »

De sa voix douce et rassurante, le médecin apparut alors dans l’antichambre et, jetant comme à son habitude un discret coup d’œil circulaire, il demanda rituellement :

— Alors, c’est à qui maintenant ?

— Je pense que c’est mon tour, susurra modestement Madame Tartignole.

— Ah oui… Je vous demande encore un peu de patience, Madame Tartebrune.

Puis le regard du docteur se porta sur un vieux fauteuil crapaud défoncé, dont les franges de tissu élimé ondulaient au moindre passage. Il reposa sa question et là, comme la première fois, Madame Tartignole eut la stupéfaction de voir sortir en trombe, de dessous le fauteuil, le fameux chat. Et elle entendit parfaitement l’animal grogner quelque chose comme « môôôa », alors qu’il s’engouffrait déjà dans le cabinet de consultation.

La porte capitonnée se referma derrière Fremd et son curieux visiteur. Cet improbable patient, naturellement, c’était l’ineffable Cerise, celle qui avait entrepris ici sa « P’titchatnalyse[1] ». Elle lui avait ainsi raconté les tours pendables qu’elle jouait à son entourage, et surtout à ceux qu’elle appelait ses « harengs adoptifs ». Et lui, même s’il craignait d’être la proie d’hallucinations, s’était finalement prêté au jeu en dialoguant avec cette cliente si particulière.

— Bonjour Cerise, comment allez-vous ?

Mais, comme à chaque séance, elle ne répondit pas immédiatement. Car c’est inscrit dans ses gènes, Cerise doit d’abord se sentir en confiance. Et pour cela, comme à son habitude, elle huma consciencieusement le divan et le docteur lui-même, avant de sauter sur ses genoux et de lui administrer une série de pompes langoureuses et appliquées.

— Ba chat va docteur, et toi, comment allez-vous ?

— Chat v... Euh, je vais bien, merci, je suis heureux de vous revoir, Mademoiselle.

— Arrête tes chichis, gros barbu, appelle-moi Cerise comme tout le monde (sauf Wawa, je veux dire mon papa, comme vous savez.)

— D’accord, bien sûr Cerise. Alors, de quoi voulez-vous m’entretenir aujourd’hui ?

— Eh ba Docteur, imaginez-vous que tu m’as beaucoup appris sur moi et que chat va bien mieux.

— J’en suis fort aise, répondit-il en se curant machinalement les ongles.

— Tu m’écoutes ou pas quand je vous parle ?

— Mais je ne fais que chat, je vous assure !

— Chatperlipopette, tu causes comme moi maintenant ?

— Pourquoi, qu’est-ce que j’ai dit ?

— Rien, rien, passons, chat a dû t’échapper.

— Je vous écoute. Mais finissez de vous installer calmement sur mes genoux et arrêtez de renifler mon nez, s’il vous plaît.

— Bon alors voilà. J’ai bien réfléchi et je me suis dit qu’après tout chat, j’avais besoin de nouveauté. Tu commences à avoir de la bouteille, docteur, qu’est-ce que tu dirais d’avoir une successeuse (ne corrige pas mes fautes s’il te plaît) en la personne de Môôôa ?

— Veuillez préciser, s’il vous plaît.

— Ba c’est pas dur à comprendre, t’as passé une mauvaise nuit ou t’as avalé trop de Martini dry dans ta jet-society ?

— Vous ne voudriez quand-même pas prendre ma place ??

— Écoute, la star des médias, y va bien falloir y songer, non ? Et puis, tu sais, après toutes mes visites et les nombreux ouvrages chavants que j’ai scannés dans tes rayonnages, j’en sais un paquet maintenant !

Une fois de plus, face à elle, Fremd sentit son cerveau emporté dans un puissant maelström de questions sur son propre état mental. Que vont penser ses amis si jamais ils apprennent l’odieuse vérité ? Bernard-Henri Lévy, Noël Mamère, Jean d’Ormesson, Christine Lagarde, Michel Sapin, Claire Chazal, Michel Drucker et Michel Houellebecq…?

Mais il parvint à se reprendre et déclara :

— Vous voulez psychanalyser d’autres chats ?

— Mais non gros bêta, yzen ont pas besoin, alors qu’y a tellement de saucisses à deux pattes dans ton genre qui apprécieraient mes services !

— Bon, il faut que je me repose un peu, Cerise, je suis plutôt fatigué et c’est au tour de Madame Pâtatarte, enfin, Tartenbroche. Alors bon, vous voulez vraiment qu’on se revoie mercredi prochain à la même heure ?

— Baoui, pourquoi, je te trouve bizarre mon gros loup…

— Non, ça va bien, je vous assure. Alors à la semaine prochaine, petit animal étrange et mal embouché !

— Arwâ docteur, repose-toi bien, je sens que chat te ferait du bien.

Il s’apprêtait à rejoindre la salle d’attente où Madame Tarteflambée ou Tartemolle attendait toujours et encore. C’est alors qu’une idée commença à lui trotter dans la tête, une pensée inimaginable pour un cerveau normalement constitué. Il allait pourtant tenter de la creuser avant son prochain entretien avec la Patableufe, comme il nommait parfois Cerise dans sa tête.

— C’est à vous, Madame Tartebrune !

— Tartignole, docteur, Tartignole.

— Oui, c’est ça Madame Tartiflette…

CHAT-PITRE 2 Anchois Grollande, Hésitant de l’Arrêt Public

Une semaine, ça passe vite. D’autant plus qu’au-delà de ses nombreuses occupations professionnelles et médiatiques, de ses dîners en ville et de son footing quotidien dans les rues du 8e, il n’avait pas cessé de penser à son idée saugrenue et il avait même commencé à en organiser le déroulement.

En passant place Beauvau, il fit un signe à Bernard Cazeneuve, qui semblait pensif à la fenêtre.

Bref, il n’y était pas allé avec le dos de la cuiller pour faire sa petite surprise à sa patiente si douée et si volontaire. Il avait tout avoué à son référent et se sentait maintenant parfaitement libre et décomplexé. Celui-ci lui avait en effet déclaré qu’il ne voyait aucun inconvénient à psychanalyser des chats s’ils veulent bien respecter les quelques règles élémentaires en la matière. Tu parles d’un référent, pensait-il encore ! De quoi se dire que, plus tu montes dans la hiérarchie, plus tu risques des pétages de neurones. Sacré Gérard Miller !

Cette fois-ci donc, il ne demanda pas à qui était le tour. La belle, d’ailleurs, ne s’était pas cachée sous un siège et encore moins sous la moquette, mais l’attendait à la vue de tous sur le porte-revues, où elle scannait Voiles et Voiliers et un vieux numéro du Point qui annonçait la nomination de Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre.

— Allez, Cerise, on y va !

— Mais docteur, que faites-vous donc avec ce… chat ?

— Madame Laquiche, je n’en ai que pour quelques minutes, excusez-moi, bredouilla-t-il dans sa barbe blanche.

Ayant refermé la porte du cabinet derrière lui, il aperçut Cerise qui pompait déjà la couverture. Tiens, elle ne va pas tout renifler, aujourd’hui ? s’étonna-t-il.

Mais l’animal avait dû flairer quelque chose d’inhabituel, car il semblait déjà tout excité et le regardait fixement d’un œil perçant.

— J’ai bien réfléchi à votre proposition de l’autre jour, et malheureusement je dois vous dire que ça ne va pas être possible, chère Madaoûmoiselle.

— Chalop ! pourtant, j’ai toutes les compétences !

— Au risque de vous froisser, je me dois de vous rappeler que vous êtes un chat et qu’un chat ça ne fait pas de psychanalyse. À ma connaissance, du moins… Car je commence à avoir quelques doutes sur pas mal de vérités établies en ce bas monde. Mais j’ai néanmoins quelque chose d’intéressant à vous proposer.

« Petit-bout-du-nez-en-moins » ! Manquait plus que chat ! Mais je tiens à mon intégrité physique, moi, monsieur le psychopatte !

— Calmez-vous Cerise, vous m’aurez mal entendu. Je voulais dire « cependant » et non « nez en moins ».

— Bon, chat va mieux comme chat, admettons, mais gare à toi et souviens-toi que mes griffes acérées sont toujours en état de fonctionnement et qu’elles vous lâcheront pas, pas plus que mes mâchoires féroces, si ça devient nécessaire. À bon entendeur chalut !

— Mais, petite chose magnifique, Cerise Lechat, je vous assure que ce ne sera pas nécessaire. Vous avez entendu parler du Président de la République ?

— Gros malin ! Je te rappelle qu’il organise chaque 14 juillet, pour mon anniversaire, des feux d’artifice et un défilé sur les Champs-Élysées, rien que pour moi. Alors oui, chat me dit quelque chose.

— Eh bien figurez-vous, animal mal luné, que le Président est tout tristounet ces derniers temps, car rien ne lui réussit. Alors j’ai eu une idée. Vous seriez particulièrement appropriée pour tenter de lui remonter un moral qu’il a au plus bas, une sorte de doudou du Président.

— Nan mais chat va pas, espèce de vieux singe, je suis pas un doudou mais un merveilleux animal VIVANT, je suis pas une peluche, moi !

— Ce n’est pas la question, mais j’ai remarqué que vous savez faire des câlins en ronronnant et que ça, ça fait du bien à n’importe qui. Alors pourquoi pas au Président, je vous le demande ? Et d’ailleurs, vous devez bien avoir un objet transitionnel, vous ? Une sorte de doudou pour chat, non ?

— Non mais n’importe quoi, abominable grigou des Car… pattes, j’ai pas de doudou. Je suis un animal sérieux, moi.

— Et vos parents ?

— Ah oui, mes harengs adoptifs, c’est vrai, Wawa et Maman c’est peut-être un peu mes doudous, après tout. Mais t’as raison docteur, en même temps je suis aussi le leur. Bon, allez, racontez-moi chat.

— Vous savez que j’ai beaucoup d’amis de trente ans et plus, hein ? Alors j’en ai parlé à plusieurs qui connaissent personnellement le Président, et il y en a un qui a trouvé l’idée excellente, oui Mademoiselle. C’est même un ministre, qui d’ailleurs vous a aperçue un jour sortant de cette pièce après une séance. Et c’est ainsi que Michel Sapin a accepté de vous emmener chez le Président pour faire connaissance.

— Chapin, comme ce merveilleux arbre dans lequel j’avais grimpé dans la forêt vosgienne ?

— Pas « Chapin » mais « Sapin ».

— Oh, arrête un peu avec tes corrections s’il vous plaît. Un chat est un chat et Chapin un mimi.

— Un ministre.

— Si vous voulez, docteur. Bon, alors en quoi chat consiste « Doudou du Président » selon toi ? Parce que je te préviens, si c’est pas dans mes cordes, je prends pas le job. Et puis, je veux pas quitter mon appartement. On fait comment ?

— Vous pourrez rester chez vous avec votre famille adoptive tous les soirs et on viendra vous chercher tous les matins. Bien sûr, il y aura aussi quelques déplacements d’un ou deux jours en région ou à l’étranger, mais c’est tout. Vous faites des câlins au Président, vous lui parlez, vous le faites rêver…