Chasser les vivants, dormir avec les morts - Jean-Luc Favre Reymond - E-Book

Chasser les vivants, dormir avec les morts E-Book

Jean Luc Favre Reymond

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Beschreibung

Chasser les vivants, dormir avec les morts n’est pas un titre anodin au moment où nous vivons une époque peu glorieuse. Et alors que la mort insidieuse rôde au-dessus de nos têtes comme un couperet. La première moitié de cet ouvrage rend hommage au poète Arthur Rimbaud qui incarna la vie par excellence, mais plus encore la liberté, dont il paya le prix fort. La seconde partie plus aventureuse considère l’ordre du temps, mais aussi ses désordres, incarnés par la figure du Liber Pater en proie aux vertiges de l’immortalité. En fin d’ouvrage, un dernier hommage à ma mère disparue le 16 mai 2020, du Covid 19, dans des conditions humaines peu acceptables, et pleinement consciente jusqu’à son dernier soupir. Qu’elle repose en paix !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Luc Favre Reymond est un écrivain, poète et critique français né en 1963 en Savoie. Ancien membre du Centre de Recherche Imaginaire et Création de l’Université de Savoie sous la direction du Professeur Jean Burgos. Membre du Conseil National de l’Éducation Européenne (AEDE-France). Chroniqueur littéraire auprès du magazine littéraire, ActuaLitté. Auteur à ce jour de 37 ouvrages publiés. Il est traduit en huit langues.

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Jean-Luc Favre Reymond

Chasser les vivants,

dormir avec les morts…

Du même auteur

– Petit traité de l’insignifiance

5 Sens Editions, 2020

 

– Le registre, de l’origine de l’oeuvre

5 Sens Editions, 2018

 

– Tractacus logico-poeticus, Suivi d’Epistémè

5 Sens Editions, 2019

 

Cet ouvrage est entièrement dédié à

SYLVESTRE CLANCIER

Poète, philosophe et écrivain

Président honoraire du PEN CLUB FRANÇAIS

Homme de courage, de parole et de bonne volonté

Remerciement pour son engagement indéfectible

en faveur des lettres françaises

 

Et à PIERRE BRUNEL,

Membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques

Qui a compris le poids de ma hantise

 

 

« Humble ! Reste humble, pauvre fanfaron, devant les lois qui te sont étrangères… Car elles seules peuvent te sauver de ton iniquité. »

 

Jean-Luc FAVRE REYMOND

 

RIMBAUD DE SANG

 

(Manifeste poétique contre la déraison et l’oubli)

 

Guerre et poésie ; ce couple de mots, qui se substitue en quelque sorte au titre du grand roman de Léon Tolstoï, Guerre et paix, revient à l’actualité en 2014, pour le centenaire de cette année 1914 qui fut l’année des débuts de la Première Guerre mondiale, au cours de l’été 14, celui de la déclaration de guerre et des premiers engagements meurtriers. Roger Martin du Gard lui consacrera la septième partie de son grand ensemble romanesque, Les Thibault. À elle seule, cette avant-dernière partie, Été 1914, occupera trois volumes publiés ensemble en novembre 1936. La première partie, le Cahier gris ? avait paru en 1922, la huitième et dernière, Épilogue, ne sera achevée qu’au printemps de 1939 et publiée en janvier 1940. L’ensemble se situe donc entre deux guerres. Dès les premiers mois de l’année 1914, une guerre se prépare. Nombreux sont ceux qui s’en rendent compte et qui seront parmi les premières victimes, comme Charles Péguy ou Alain-Fournier, les deux amis tués en septembre 1914, – le premier le 5, au début de l’offensive de Gallieni préparant la bataille de la Marne, le second le 22 dans la traversée du bois de Saint-Rémy, près de Calonne, en Lorraine.

 

« Une guerre se prépare ». Cette citation inscrite entre guillemets et en italique, constitue un vers dans « le Rimbaud de sang » de Jean-Luc Favre Reymond. Ce recueil est bien plus à mes yeux qu’un « réquisitoire ironique, avec en arrière fond le déclin post-contemporain de la forme poétique comme genre littéraire à part entière ». Resté longtemps inédit, ce Rimbaud de sang dédié à Sylvestre Clancier est présenté aussi comme « un long poème en prose ». Mais les seuls mots que j’ai détachés ici forment bel et bien un vers et peu m’importe, à la date où nous sommes et avec l’évolution de la poésie moderne, qu’il soit ou non régulier. Détachée, isolée par les blancs, singulière par l’usage de l’italique, cette annonce est aussi un titre ou un intertitre dans la page, le point de départ d’un poème de guerre, ou plus exactement d’une poésie dont la guerre est l’essence même. À cette guerre celui qui parle et s’adresse aussi à lui-même a en quelque sorte conscience de participer :

 

Tu en es l’artisan ou le bénéficiaire

N’empêche qu’une guerre se prépare bel et bien

Entre rebelles et insurgés

Factions contre factions

Frères contre frères

(C’est monstrueux !)

(La poésie ne manque pas)

 

Le reste du texte le dit dans des termes moins concis que les citations que je vais utiliser : « Il y a des mots qui blessent » ; « les mots provoquent les guerres » ; « toutes les guerres sont prévisibles », même si « les livres ne disent pas tout ».

 

N’a-t-on pas crié sur les toits cette manière de slogan (magnifique d’ailleurs), dont Rimbaud est l’inventeur, « la liberté libre », l’expression est née sous sa plume en temps de guerre, après la défaite de septembre 1870 et son retour définitif de Douai à Charleville, dans la lettre qu’il a adressée à son professeur Georges Izambard le 2 novembre 1870.

Mais ce n’est pas là le cri de « Liberté » tel qu’il put éclater sous la Révolution française, ni même seulement la revendication d’un captif de l’existence, Jean-Luc Favre Reymond met en garde contre un appel illusoire :

 

Mieux vaut attendre que l’on t’appelle par ton nom

Plutôt que de foncer dans le néant tête la première

En criant !

Liberté !

Liberté !

Foutaise !

(Ce n’est pas ça la liberté)

C’est même tout le contraire

 

Je ne me demanderais pas si c’est là une critique du célèbre poème de Paul Eluard, « Liberté ». Je suis davantage frappé par le fait qu’avant même la guerre de 1870 et la déclaration de guerre du 19 juillet (imminente dans les jours précédents), le collégien-poète de Charleville ait adressé à Théodore de Banville, le 24 mai, trois poèmes où il a voulu dire, selon sa propre présentation, ses « bonnes croyances », ses « espérances », « ses sensations, toutes ces choses des poètes », ajoutant « moi j’appelle cela du printemps ».

 

Avant l’été 1870 qui fut aussi celui de la déclaration de guerre et des massacres qui s’en sont ensuivis, le printemps se veut consacré à une poésie de la nature – et l’été tel qu’il est annoncé dans le premier poème alors sans titre, « Par les beaux soirs d’été » –, est placé sous le signe de l’amour et de la divinité païenne de l’amour, Vénus, « Aphrodité marine » (« Le Crédo in unam », le troisième poème). Associée à l’Amour, une mystérieuse Liberté se glisse dans le deuxième poème « Ophélie », datée du 15 mai 1870.

Insensible aux « lointains hallalis » qu’ « on entend dans les bois » (échos de la chasse, ou d’on ne sait quelle guerre venue de Norvège au pays D’Elseneur), « la blanche Ophélia flotte comme un grand lys », respectée des éléments qui l’entourent et éveillant même « Un chant mystérieux (qui) tombe des astres d’or ». Elle s’est laissé emporter par un fleuve, il y a plus de mille ans, parce que :

 

Les vents tombant des grands monts de Norvège

(lui) avaient parlé tout bas de l’âpre liberté.

 

Est-ce là une illusion ? Le dernier quatrain de la deuxième section, suivi d’une ligne de points de suspension, le laisse entendre :

 

Ciel ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre folle !

Tu te fondais à lui comme une neige de feu :

Tes grandes visions étranglaient ta parole

– Un infini terrible égara ton œil bleu !…

 

Mais dans l’unique quatrain qui constitue la troisième section, le Poète réhabilite ce rêve et tient à lui conférer la marque de la réalité, du don, et pas seulement de ce « don de vivre » qui, comme l’écrira Paul Valéry dans « Le cimetière marin », « a passé dans les fleurs » ;

 

Et le Poète dit qu’aux rayons des étoiles

Tu viens chercher la nuit les fleurs que tu cueillis

Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,

La blanche Ophélia flotter comme un grand lys.

 

La liberté, c’est d’une certaine manière que le poète va la conquérir, non dans ces alexandrins par lesquels il aspire encore à plaire à Théodore de Banville, et aux Parnassiens, mais par de brisques mutations, par des forces venues de l’intérieur même du langage. Va-t-il devenir un « poète traducteur / insensé ? » Dans sa lettre du 24 mai 1870, demandant à Banville de « faire à la pièce Credo in unam », – la troisième –, « une petite place entre les Parnassiens, il ajoute ces exclamations « Ambition ! Ô folle ! », comme s’il était conscient de sa propre folie de débutant.

 

Mais c’est d’une autre manière que ce Rimbaud de 16 ans va par la suite conquérir la liberté poétique, en libérant le vers, en lui substituant la prose – comme le fait Jean-Luc Favre Reymond lui-même dans ce Rimbaud de sang, s’en remettant au « souffle » pour « dépla(cer) l’âme vers de nouvelles contrées » et à un « subtil aveuglément afin que (sa) pensée soit enfin libérée de ses peurs les plus secrètes ».

 

La liberté devrait être « (re)conquise par la force des mots », autrement importante pour Jean-Luc Favre Reymond que la prétendue force des âmes. Et si passe toujours entre guillemets et en italique le mot d’ordre :

 

Reviens au combat

(nu)

 

Ce ne peut être que « le combat spirituel » qui est « aussi brutal que la bataille d’hommes » à la fin de l’ « Adieu » d’Une saison en enfer.

 

Jean-Luc Favre Reymond n’hésite pas à citer brièvement Antonin Artaud, à rapprocher les poètes maudits (ne sont-ils pas des frères, comme « ceux que nous imaginons frères », dans le poème sans titre de Rimbaud, « Qu’est-ce pour nous, mon Cœur ?) Faut-il aller jusqu’à crier « Maudite poésie », comme le fait ce Rimbaud de sang, dans une page où passe l’évocation des barricades, et où se fait entendre le cri de révolte, le cri de guerre, « Sus aux despotes » », mais celui-ci entre guillemets et en italique, cri emprunté auquel la poésie donnera un autre sens.

 

Car il y a guerre, qui reste extérieure, et la « vieille lutte au fond, qui est une lutte intérieure, une lutte de fond.

 

C’est de celle-là que la vie du poète, comme sa poésie, est le lieu, et plus que jamais quand cette poésie s’interrompt et quand le poète décide de se taire.

 

« Mourir sans laisser de trace » ? C’est le cas pour les morts disparus en temps de guerre et dont le cadavre même n’a pu être identifié, celui du « soldat inconnu » à laquelle la patrie a pourtant voulu élever un Arc de triomphe. Était-ce le vœu de celui qui, poétiquement, parlait déjà en mai ١٨٧٢, en répondant aux Parents et aux Grands-Parents, dans « Comédie de la soif », de « Mourir aux fleuves barbares » ?

 

Ce Rimbaud de sang, présente l’ouvrage comme un « Manifeste poétique contre la déraison et l’oubli ». Ce Rimbaud ne doit pas plus être vidé de son sang que sa poésie de sa force. À la force d’ailleurs conçue comme telle, il a rendu hommage dans l’une de ses illuminations, « Métropolitain », scandée à la fin de chacun des alinéas par une exclamation, « La ville », puis « La bataille ! » ou un rêve, « La campagne », « le ciel », et enfin « la force ».

 

À la menace « en vérité je te le dis la poésie te rendra fou », la réplique est méprisante « Cloporte ». C’est manifester contre la déraison, et à juste titre, puisque dans « alchimie du verbe », conscient du danger, Rimbaud lui-même a dit vouloir échapper à la folie qui menaçait sa santé physique et mentale.

 

Tout, sauf le sort du cloporte, terré « sou(s) la terre (argileuse) / pleine de vices. C’est là le trou, le vrai trou, bien pire que Roche, bien pire que le « trou de verdure » où est couché le mort de la guerre de 1870, le Dormeur du Val, bien pire que la tombe d’Arthur Rimbaud au cimetière de Charleville.

 

De cette tombe Yves Bonnefoy a fait une description sans complaisance dans son Rimbaud par lui-même de 1961 et dans les rééditions qui ont suivi :

 

Arrêtons-nous à cette tombe plutôt, en ce lieu sans mirage où tant de jeunes gens ont voulu venir, au cimetière de Charleville. Là certes, sous la pierre marquée d’une simple date, dans l’immobilité de la mort, c’est la matière, c’est la limitation qui triomphent, cette dégradation si aisée du réel en chose contre laquelle Rimbaud avait tant luté. Et il n’a même pas été abattu de la façon sacrée et en vérité heureuse qu’il avait une fois rêvée, quand voulant vivre étincelle d’or de la lumièrenature, sa mort n’aura été que sa fusion avec l’être : cette tombe de petit-bourgeois ou de paysan, étriquée, sociale, avare, confirme qu’une vie a été volée de la vie et qu’un adolescent a dû changer l’avenir contre le destin, la liberté du fils du soleil contre la condition accablée du commerçant et du travailleur.

 

Jean-Luc Favre Reymond le suggère : le sort du dormeur au cimetière de Charleville aurait pu être bien pire. Il aurait pu en être exclu ou subir un dernier supplice qui l’eût réduit à néant. On aurait pu prononcer l’ultime condamnation du vagabond à l’issue de cette guerre sans trêve que lui eût fait la société :

 

Dans le cœur visez juste (il doit mourir arrachez-lui la langue les dents rien ne doit rester ne fut pas mis au tombeau plus de place dans le cimetière pas de place pour lui trop puant

 

La « mother » à qui il avait reproché en mai 1873 de l’avoir mis dans le « triste trou » de Roche, comme il l’écrivait à son camarade Ernest Delahaye, a pris soin de la faire enterrer. Elle n’a pas pu s’empêcher il est vrai de procéder en 1900, à l’exhumation des cendres de sa deuxième fille Vitalie, – la seconde Vitalie – morte en décembre 1875, et ensuite à celle de « (s)on pauvre Arthur et de (s)on bon père » (s)on père à elle, Nicolas Cuif décédé en 1858). Du moins il n’y a pas eu besoin d’ouvrir le cercueil d’Arthur, contrairement aux deux autres. Voici ce qu’elle écrit, le 24 mai 1900, à sa dernière fille, la seule survivante (avec elle), Isabelle :

Hier à cinq heures du soir, on a exhumé le cercueil de mon pauvre Arthur ; ce cercueil est absolument intact, pas la plus petite déchirure, à peine un tout petit peu noirci par le contact de la terre. La belle croix dorée qui est dessus, on croirait qu’elle vient d’être faite ; et la plaque sur laquelle est marqué son nom, on croirait qu’elle vient d’être posée. Les ouvriers qui y travaillaient et beaucoup de personnes qui viennent voir ce caveau, étaient stupéfaits de voir cette conservation extraordinaire. Maintenant le voilà bien placé ; il durera longtemps, à moins qu’il n’arrive quelque chose d’extraordinaire : Dieu est le Maître.

 

Laissons Mme Rimbaud rêver d’une réconciliation entre Dieu et son Arthur si « travailleur » et si « charitable ». Laissons-la aussi avoir, à la messe, la vision d’Arthur revenant près d’elle, le préférant à une autre dame, et peut-être venant la chercher.

 

Au livre de Jean-Luc Favre Reymond, j’emprunte une autre vision de réconciliation, une autre hallucination simple en quelque sorte :

 

Au terme d’un long combat il abaissa sa garde il sentit que ses forces le quittaient ses forces il se répète divague a-t-il trop bien divagué encore appelle son père papa ! papa ! remis de l’ordre dans son esprit remis un document à ses proches il se porta sur le flanc gauche pour éviter les balles qui tentaient de l’atteindre (point) papa !

 

Dans son agonie, Arthur appelle la protection de son père, le capitaine Frédéric Rimbaud, ce perpétuel absent et il protège ce côté droit où les balles ne doivent pas laisser les deux trous rouges du Dormeur du Val…

 

Pierre Brunel

 

Pierre Brunel est membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques de l’Institut de France. Vice-Président honoraire de la Sorbonne. Membre honoraire de l’Institut Universitaire de France, où il occupe la chaire de littérature comparée jusqu’en 2005. Fondateur du Collège de littérature comparée. Directeur des cours de Civilisation française à la Sorbonne. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages. Considéré comme l’un des plus grands spécialistes européens de la poésie moderne et contemporaine.

 

Peu de mots donc pour dire une fois de plus le regard de l’Autre

(À qui la poésie manque-t-elle ?)

Il ne suffit pas de dire les mots comme cela

dans sa bouche –

La bouche n’est jamais tout à fait intacte

ni les lèvres d’ailleurs

Ne pas chercher à comprendre ce que supposent les mots

à un moment précis de…

Le moment favorable ?

« Il y a »

Une (sorte) d’histoire

qui a lieu toujours

entre quatre murs

Pourquoi ?

La réponse n’existe pas

ou bien elle demeure cachée

dans ou derrière votre dos

c’est-à-dire à côté de vous

sans vous

Toutes ces étoiles aux multiples facettes

qui témoignent de

ce que vous êtes avec des mots

fabriqués pour plaire

« Ne perds pas le sens du devoir »

C’est ce que tu entends

souvent

quand (cela) s’organise

Cela ?

Les termes doivent être très précis

non assujettis à la contrainte

C’est ce que tu entends dire autour de toi

(C’est comme cela que ça s’organise)

Ah bon !

Tu n’as pas tout compris n’est-ce pas ?

C’était à prévoir…

Tu n’es pas fautif

Personne ne t’en voudra

Tout cela (va) trop vite pourtant

avec les mots qui glissent sous la langue

comme s’ils paraissaient instruire

un suspense nouveau

Une trame

Une énigme

« Il n’y a rien de plus beau qu’une multitude d’étoiles à travers un ciel dense emprunté à la chaleur des mots »

D’où vient cette chaleur (naissante)

dont tu parles

Mystère !

Il faudrait que l’on t’entende

au-delà des montagnes

Pour comprendre

Le sens de tes mots

(Crus)

C’est vrai tu n’es pas fautif

pas assez convaincant peut-être

Ou trop

« Toute formulation imprécise

est une atteinte à la morale ordinaire

(ordinaire)

Toi tu ne seras pas sauvé

Pourquoi voudrais-tu l’être

Personne ne t’oblige à exister

selon tes choix

Tu aurais dû t’en apercevoir

Vite

Très vite »

 

Trop tard !

C’est une question de mesure de tempérance

Il ne faut pas chercher

à contredire les faits

se rebeller

pour rien

sinon tu es perdu (d’avance)

Ne pas résister t’a-t-on dit ? (Ordonner)

Justement il faut résister

Refuser de se taire s’abaisser

Inutilement

(À qui la poésie manque-t-elle ?)

C’est un avis comme un autre

Toi tu es poète

En effet tu ne manques à personne

Personne

 

C’est affreux ces voix que l’on entend gémir

autour des

ferme la bouche

Cela vaut mieux

La mort n’est pas très loin

le sais-tu ?

À deux pas de ce lieu sourd

ombrageux

À ta voix maligne

ou maladive

Il ne suffit pas de dire sa solitude

pour avaler ses mots

de travers

Tiens donc !

tu n’y as pas pensé

(Tu aurais dû pourtant)

C’est si simple de penser à

mémoire pourquoi pas

oubli cependant

les phrases ne s’accordent pas forcément à quelque

folle musique

C’est une question de repère

d’exigence

aussi bien que la répétition des mêmes mots des mêmes termes

Ô sortilège !

Il y a quelque chose de sombre là-dessous

Une bête cachée

quelque part

entre ciel et terre

plutôt plus près du ciel que de la terre

C’est ce que tu crois

qu’en sais-tu

À cause de la fable ?

 

Ton jardin secret

 

Depuis quand possèdes-tu un jardin secret

« la campagne »

« le ciel »

« la force »

« Ô divine Ophélia »

 

depuis l’aube de ta naissance

c’est ça

le côté originel primordial

Il n’en fallait pas plus pour rendre le monde

encore plus illisible obscur incertain

« C’est la fatalité dis-tu »

Tu n’as pas vraiment tort

C’est d’une certaine manière assez jouissif très probable dans les faits alors que

Vois comme les jours s’écoulent lentement maintenant

à rebours de ta propre existence

Sans que tu t’en aperçoives

Et tu en souffres ?

« Il fallait t’y attendre »

 

Il n’y a pas nécessairement une continuité à la fable

C’est une nouvelle démonstration

de principe

entre les faibles et les…

De l’ingratitude c’est sûr il y a toujours comme une (sorte) d’ingratitude modelée pour tarir la source

volontairement

« Il faut économiser son temps

pour éloigner la mort de sa chair impropre

forcément impropre

C’est écrit dans les livres

lesquels ?

en vérité nul ne le sait vraiment

C’est écrit dans les livres

voilà tout »

 

Écarte la déception la rancœur

de tes lèvres

Jamais ne cède à la panique

la mauvaise intention

C’est une question de rythme de patience

de conviction ?

Il faut parfois savoir se taire

même à contre-courant

Toi tu n’inventes pas les mots

Parce que tu en as peur

peur ?

Tu ignorais ce terme il vient pour te rejoindre

s’empare de ton esprit

Tu fais figure de novice il me semble

« On va t’apprendre comment cela fonctionne »

Sois docile !

Ne te retourne pas

il n’y a rien derrière ce haut mur

(Fut-il menaçant)

ferme les yeux cela vaut mieux tu vas vomir cela empire ton visage enfle c’était irrémédiable la douleur

dans ton ventre

cette douleur invisible à peine nommable

tu te l’inventes

Martyrprécoce

illuminé

afin de satisfaire quelques vanités…

Insupportable vanité

Ego désespérant !

Que faire alors sans logique neuve

Il n’y a rien à tirer de cette affaire (complexe) dont chacun sait que nul ne survivra sans

AMOUR

Ça il ne fallait pas le dire

le garder pour toi

Pardon !

Pardon !

Crie mon enfant ici qui peut t’entendre

prisonnier entre ces quatre murs de

Prisonnier ?

L’ignorais-tu…

Tu n’as plus soif de connaître

L’ignorance est une faiblesse

de fait

Ce n’est pas une question d’intelligence ou de voix

sans voix où est la tienne tu ne la reconnais pas

soumise

Gare à la suite !

« Une guerre se prépare »

 

Tu en es l’artisan ou le bénéficiaire

n’empêche qu’une guerre se prépare

bel et bien

entre rebelles et insurgés

factions contre factions

frères contre frères

C’est monstrueux !

Il n’y a pas que les mots qui blessent

ne le savais-tu pas ?

Si ! si ! Les mots blessent absorbent les blessures

que l’on se fait inutilement dans notre corps charnel

dépossédé de ce qu’il prétend être

selon les circonstances

Ah les circonstances !

plutôt les causes non ?

Encore les causes…

Oui !

« Toutes les guerres sont prévisibles

presque instinctives alors que les mots

mais les mots provoquent les guerres

c’est vérifiable

Il y a des preuves

là encore c’est écrit

quelque part

pas forcément dans les livres

ceux-là ne disent pas tout

ailleurs

quoi ! »

Ta chair impropre

Tu la regardes avec suspicion (ou dégoût)

C’est-à-dire que tu ne la reconnais plus vraiment

Les mots ont fait leur œuvre

sans suivre tes conseils (ta dérive)

(C’est presque idiot comme réaction)

Encore que !

Hier encore tu suppliais le monde de te

laisser en paix

hier encore…

Tu répètes la formule suivante :

« Il aurait fallu que le monde comprenne mon message à temps je n’ai pas été semble-t-il assez clair trop peureux en somme ce n’est pas une nouveauté c’est inscrit dans les gènes de l’homme la peur faut-il s’en excuser pour autant »

En vérité il n’y a pas à s’excuser

de ce que l’on ignore inconsciemment

C’est inutile autant que dangereux…

Mais alors ?

Cherche ta muse aussi bien dans ton esprit

que dans ton cœur

ne baisse jamais la tête

(gare à toi !)

et ne lève pas les mains au ciel

regarde tout simplement droit devant toi

« Tu apercevras la lumière scintiller

tout autour de ton corps décharné

tu lui feras confiance tu la suivras

as-tu vraiment le choix ? »

 

Est-ce cela prendre des risques ?

Encore une fois nul ne connaît la réponse

Ce serait trop simple

presque injustifié (d’ailleurs) inconsistant

mieux vaut attendre que l’on t’appelle

par ton nom

plutôt que de foncer dans le néant

tête la première

en criant :

Liberté !

 

Liberté !

Foutaise

(Ce n’est pas ça la liberté)

c’est même tout le contraire…

Ne t’a-t-on pas appris qu’il fallait se taire

avant de pavoiser

n’importe comment…

Ça aussi tu l’ignorais

ce n’est pas la première fois

que tu agis de la sorte

sans réfléchir

à ton sort

Pauvre homme !

Comment ?

 

Tu as bien entendu

Pauvre homme !

C’est dur…

 

Pas autant que tu le crois

« Pourdiversesraisonsinconnuesl’hommenedispose

pas de certaines facultés intellectuelles ou génétiques

lui permettant de »

refaire le monde à sa guise

selon son bon vouloir ou plus triste encore

chaque fois qu’il s’achemine vers une issue

prochaine et favorable en mesure de :

Il s’écroule (destin funeste)

Vive les statues !

(Couronnes funèbres mortuaires)

 

Surtout ne (vomis) pas (vomis) ton foie ta langue

ton désespoir ton courage (vomis) ta chair épaules

dos genoux pieds (vomis) ce que tu peux (vomis) ce que

tu hais dents oreilles

Haïr ?

Étrangement tu ne connais pas la portée de ce terme

en dehors de ce que l’on en t’a dit

Rien

ou si peu

De toute évidence pas assez

(Ajoute des virgules à ton texte afin de le rendre plus compréhensible)

Vous plaisantez non ?

Idiot peut-être

mais pas soumis…

Paix !

(Celle-ci est tout aussi imprévisible)

Pourtant c’est une question d’efforts

d’éthique de sérénité

Que de mots lourds de conséquences…

Tu en doutais ?

Sérieusement

tu en doutais ?

Ne sois pas naïf bêtement surpris

par tant d’implication (nécessaire) de ta part

« Ce n’est pas un jeu encore moins une farce

ça c’est la réalité intelligible palpable ouh là

là on s’emballe ne perds pas pied attention

le terrain est glissant tu t’enfonces adieu »

 

Attrape la corde mon petit

si tu veux être sauvé de

toi-même

il n’est jamais trop tard

pour reconnaître ses erreurs

devant l’humanité…

Es-tu rassuré maintenant ?

Allez !

déclame-le ton discours

mais par pitié articule…

Bravo !

Pour une fois tu es audible : Ouf soulagé !

Lesoirentecouchantturegardeslecielen

inventant de nouvelles couleurs de nouveaux

signes tu n’écris pas étonnamment tu penses

syllabes consonnes po

ème

Tu répètes po

ème

Tu adoptes une drôle de voix (rauque)

Si peu conforme à la réalité (qu’on imagine)

drôle de réalité…

À ce moment-là tu pourrais succomber

vertige déchéance assassinat

Assassinat ?

(d’une certaine manière oui)

Faut-il en être sûr après tout

Nul besoin…

« Hier encore des chiens ont rôdé devant

ta porte pourquoi ne te barricades-tu pas

le quartier serait plus tranquille moins

surveillé »

 

facile à dire…

(Là encore tu as raison)

Changer de stratégie alors ?

C’est une solution

pas la plus enviable certes

il faut savoir traîner les pieds

même à contre-courant

Encore ?

Drôle de jeu quand même

il faudra t’adapter ou

mourir

Non !

 

Non !

 

Tu ne souhaites pas mourir

si tôt

Attendons alors

rien ne presse

Ajournons ton dernier repas…

Qui décide ?

En vérité personne

peut-être toi

(peut-être)

« Ne joue pas les malins »

 

Ouvre la bouche fais voir il fait tout

noir là-dedans décidément tu n’as

pas de chance pas vraiment de chance

Ça tourne en rond

ton histoire

tourne en rond…

À présent il est grand temps de changer de cap

Est / Ouest qu’importe le gouvernail a disparu un

problème de plus à résoudre décidément pas de chan

(ce)

Entre parenthèses il n’y a pas forcément de place

pour un navire de cette taille ici-bas

Donc ?

Ici il n’y a pas de Roi

(C’est une île déserte)

Ah bon !

Donc ?

Il faut nommer (élire ?) un Roi

mais qui voudrait d’une si petite île

au demeurant peu d’habitants

« C’est un privilège

t’ont dit certains »

au demeurant –

Un vrai privilège ?

disons que…

(Le gouvernail a disparu)

Que faire ?

« Ne perds pas le sens du devoir »

 

L’inclinaison est trop souvent

passagère de retenir

son souffle

sa misère (crânienne)

au vu du désespoir ambiant

il est désormais

préférable

(avec l’accord de toutes les parties concernées)

de ne plus participer

à toutes ses fantaisies

d’un niveau très bas

forcément très bas (exaspérant même)

Toutes les parties ?

Le plus possible…

C’est un choix stratégique

peu ordinaire celui-ci

enclin à une moralité active

selon que

Il est dûment reconnu que la volonté

n’est pas toujours le meilleur moyen

de comparaître

devant ses juges

est jugé parfois inutile

à condition toutefois que toutes les

conditions soient réunies pour que la sentence

soit plus douce encore !

Pas besoin de gibet

pour convaincre

un innocent de devenir criminel

L’innocence

perdure à juste titre comme élément solvable

ou équitable selon

fut-elle (désordonnée)

machiavélique

diront certains

Quel culot tout de même

de modifier

la mise

la fonction initiale de l’échiquier

alors que

« Révoltons-nous maintenant avant qu’il ne soit

trop tard le fruit de vos entrailles encombre notre

cerveau ça dérape ça dérape »

Stop !

C’est vous qui l’affirmez

La plupart du temps les colombes