Chevalier Alpha - Renee Rose - E-Book

Chevalier Alpha E-Book

Rose Renee

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Beschreibung

ELLE AURA UN FAUX PETIT AMI : MOI.

QUE ÇA LUI PLAISE OU NON.
Cette voleuse de voitures aux jambes interminables est synonyme d’emmerdes.
Mon frère a plongé à cause d’elle.
Il faut que je le trouve avant la police.
Et pour ça, je ne dois pas lâcher cette humaine des yeux.
Où qu’elle aille, je la suis.
Je me ferai passer pour son petit ami.
Je dormirai dans sa chambre.
Assisterai à ses cours au lycée privé.
L’emmènerai au bal de promo.
J’apprendrai ses secrets, découvrirai ce qu’elle mijote.
Et quand j’en aurai fini avec elle, elle le regrettera.
Regrettera d’avoir mis les pieds dans notre garage.
Regrettera de m’avoir séduit.
Regrettera de m’avoir rencontré.


AVERTISSEMENT : ce roman, qui ne nécessite pas d’avoir lu le premier tome, est une romance New Adult avec des personnages de plus de dix-huit ans.

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CHEVALIER ALPHA

RENEE ROSE

Traduction parAGATHE M

Édité parELLE DEBEAUVOIS

Copyright © 2020 Alpha Knight par Renee Rose

Tous droits réservés. Cet exemplaire est destiné EXCLUSIVEMENT à l’acheteur d’origine de ce livre électronique. Aucune partie de ce livre électronique ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme imprimée ou électronique que ce soit sans l’autorisation écrite préalable des auteures. Veuillez ne pas participer ni encourager le piratage de documents protégés par droits d’auteur en violation des droits des auteures. N’achetez que des éditions autorisées.

Publié aux États-Unis d’Amérique

Renee Rose Romance

Ce livre électronique est une œuvre de fiction. Bien que certaines références puissent être faites à des évènements historiques réels ou à des lieux existants, les noms, personnages, lieux et évènements sont le fruit de l’imagination des auteures ou sont utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux, des évènements ou des lieux est purement fortuite.

Ce livre contient des descriptions de nombreuses pratiques sexuelles et BDSM, mais il s’agit d’une œuvre de fiction et elle ne devrait en aucun cas être utilisée comme un guide. Les auteures et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables en cas de perte, dommage, blessure ou décès résultant de l’utilisation des informations contenues dans ce livre. En d’autres termes, ne faites pas ça chez vous, les amis !

Réalisé avec Vellum

TABLE DES MATIÈRES

Livre gratuit de Renee Rose

Prologue

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Chapitre Neuf

Chapitre Dix

Chapitre Onze

Chapitre Douze

Chapitre Treize

Chapitre Quatorze

Épilogue

Vouloir plus?

Livre gratuit de Renee Rose

Ouvrages de Renee Rose parus en français

À propos de Renee Rose

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PROLOGUE

Bo

Le jour où tout part en couille, on ne se réveille pas en se disant « aujourd’hui, ma vie va changer ».

Non, ce n’est pas ce que je me suis dit le jour où deux membres de l’armée se sont pointés chez nous quand j’avais huit ans pour annoncer à ma mère que l’hélicoptère de mon père avait été abattu au Yémen. Et ce n’est pas ce que je me suis dit aujourd’hui.

La journée a commencé comme toutes les autres. Je me suis réveillé, j’ai pris ma douche, je suis allé au lycée, puis à l’entraînement de football américain, la routine.

Je ne m’attendais pas à entendre le crissement des pneus du shérif Gleason sur le parking qui se trouve face au terrain. Je ne m’attendais pas à ce qu’il débarque les mains sur les hanches, comme s’il comptait tous nous arrêter.

Le coach Jamison se précipite vers le bord du terrain pour aller à sa rencontre, tout tendu.

Puis ils tournent tous les deux la tête vers moi.

— Fenton ! lance le coach d’une voix résonnante.

Son autorité d’alpha me parcourt de la tête aux pieds comme une vague.

Merde.

Qu’est-ce que j’ai fait ?

J’enlève mon casque et me dirige vers eux à grands pas, comme si j’étais agacé que l’on m’interrompe, mais en fait, c’est seulement mon loup qui préfère aller au-delà du danger. Chez les mâles alpha, la fuite n’est pas envisageable. Surtout chez les loups adolescents, qui ont souvent bien du mal à maîtriser leur agressivité.

— Monte dans la voiture, grogne le shérif Gleason.

— Pourquoi ? demandé-je.

Le coach me pose une main sur la nuque, juste au-dessus de mes épaulières. Ses doigts se serrent en avertissement. Si quelqu’un d’autre me faisait un truc pareil, il serait déjà par terre, mais le coach est comme un dieu pour nous. Une meilleure figure paternelle que celles que nous avons chez nous, dans la plupart des cas. Il nous soutient toujours.

Je pivote pour le dévisager.

— C’est Winslow, me dit-il.

Lui au moins, il est moins con que le shérif et me met au courant.

Winslow... mon frère aîné.

— Merde.

Le coach ne me reprend pas malgré le juron, ce qui me dit que la situation est grave.

Alors je comprends de quoi il s’agit.

Ou en tout cas, je crois comprendre.

Parce que ces conneries, je les ai vues venir depuis le départ.

La question est : que me veulent-ils ?

CHAPITRE UN

SIX SEMAINES PLUS TÔT

Sloane

Voler la Porche 911 de 2016, c’est la partie facile. Ou en tout cas, c’est la partie marrante. Ce n’est que mon deuxième vol de voiture, mais je crois que j’ai un véritable don pour ça.

Je suis habillée comme une vraie fille à papa, avec un skinny jean, des compensées et un crop-top Balmain. Des vestiges de ma vie passée, quand j’étais réellement la petite princesse pourrie gâtée de mon père. Quand voler une voiture consistait à prendre les clés de l’une de ses douze voitures de sport.

Mes cheveux sont relevés en chignon et j’ai une casquette kaki pleine de strass enfoncée sur la tête pour cacher mon visage. Si quelqu’un jette un œil au parking, tout ce qu’il verra c’est une fille qui va avec la voiture.

Tout ce que j’ai à faire, c’est trouver la marque et le modèle que je veux dans un endroit sans caméras de surveillance. Ça fait des jours que j’arpente le parking du centre commercial de Scottsdale en évitant les caméras et les vigiles.

Enfin, j’en repère une. Une Porche 911 Carrera 4 GTS bleue, avec intérieur cuir, d’après ce que j’en vois. Son prix de vente se situe entre cent et deux cent mille dollars, en fonction du moteur et des options. Je le sais, parce que mon père avait exactement la même dans son garage, avant... avant sa chute. Avant que tout s’écroule. Avant que je sois obligée de chourer des belles bagnoles sur les parkings des centres commerciaux.

En théorie, les voitures banales, passe-partout, sont de meilleures cibles. Mais je ne peux pas me permettre de prendre mon temps ou d’éviter les risques. J’ai une date butoir pour payer des gens très dangereux, et cette Porsche rapportera gros.

Alors c’est elle que je choisis. J’ai déjà acheté une épave à la casse, ce qui me donne un titre de propriété. Il me suffira de changer quelques pièces de la voiture, y compris les plaques minéralogiques, et je pourrai revendre ce beau bébé.

Malheureusement, cela m’oblige à me fier à un garage et leur refiler la moitié des bénéfices, parce que je n’ai pas les compétences nécessaires.

Pour l’instant.

J’ai l’intention d’apprendre. En fait, je crois que je vais demander au type de me montrer comment il fait, comme ça je pourrai m’occuper de la prochaine voiture toute seule.

Je me dirige vers le véhicule comme si j’étais chez moi. Comme si la Porsche m’appartenait, je veux dire.

Comme si j’avais la maison, le boulot, le père et le mari qui allait avec cette voiture. C’est un rôle que je connais intimement. Je l’ai joué toute ma vie. J’étais prétentieuse. Arrogante. Gâtée.

La fille à papa est tombée en disgrâce.

Mon appareil fait son œuvre, et les verrous s’ouvrent. Quelques secondes de plus, et la voiture démarre. Je conduis, libre comme l’air.

Je quitte le parking. Prends la voie express.

Je fonce vers Wolf Ridge, la communauté super bizarre qui se trouve juste après Cave Hills.

Cave Hills, la ville où je me suis retrouvée quand mon père a fini en tôle.

* * *

Bo

Après l’entraînement, je me rends au garage au volant de ma Triumph de 1984, parce qu’on est débordés et que mon frère et mon oncle ont désormais aussi besoin de moi en semaine.

En plus, mon meilleur ami Cole se montre rarement au boulot, ces derniers temps. Je ne sais pas ce qu’il fabrique, mais je ne veux pas l’emmerder avec ça, vu la situation désastreuse chez lui, ce semestre.

Je meurs de faim, et ça me rend super grognon.

Mais j’oublie vite ma faim, car... bon sang.

La première chose que je vois, c’est ses fesses. Un cul à tomber à la renverse, moulé dans un jean qui souligne le moindre de ses muscles. Et des jambes interminables encore allongées par des chaussures à semelles compensées.

Intérieurement, je pousse un sifflement admirateur.

Elle est penchée sur le capot d’une Porsche bleu électrique de 2016. Mon frère Winslow se trouve à côté d’elle et lui montre quelque chose.

Au début, je pars du principe que c’est une métamorphe, comme presque tous les habitants de Wolf Ridge, et je me demande qui elle peut bien être.

Puis je sens son odeur.

Humaine.

Une humaine qui aurait pu être des nôtres. Car elle est bâtie comme une louve. Grande. Charpentée. Robuste. Athlétique. Si elle a des jambes aussi musclées, ce n’est pas en restant dans son lit à jouer sur son téléphone.

Et ‒ oh la vache ‒ quand elle se redresse et se tourne vers moi, j’ai une érection. Parce qu’elle est jeune. Mon âge, peut-être. Et elle est très belle. Des cheveux couleur caramel avec des reflets roux, des yeux cuivrés, et un grain de beauté qui lui donne des airs d’actrice à l’ancienne.

J’ai envie de la prendre sur le capot de la 911. Puis je vois le logo étiré sur sa poitrine. Équipe de Cross de Cave Hills.

Ça explique ses jambes fuselées. Et sa voiture hors de prix. Apparemment, elle a abîmé la bagnole de papa et vient la faire réparer avant qu’il s’en rende compte.

Je ne sais pas si c’est parce que je suis affamé ou si c’est parce que je bande tout en sachant que je ne peux pas l’avoir, mais je la trouve immédiatement antipathique. Encore une sale petite bourge pourrie gâtée de Cave Hills. Les élèves de ce lycée ne viennent à Wolf Ridge que quand ils cherchent les ennuis. Et cette fille, c’est la définition même des ennuis.

Winslow m’aperçoit. Il s’interrompt pour me jeter un regard qui veut dire qu’est-ce que tu veux, putain ?

C’est là que je comprends qu’il y a un truc pas clair.

Il ne me regarderait pas comme ça si je l’avais simplement interrompu. Il ne s’intéresse pas aux humaines. Il déteste les gens de son espèce.

Ce qui signifie qu’il veut me tenir à l’écart pour d’autres raisons.

— T’as pas une portière à remplacer sur la Volkswagen ? me demande-t-il en pointant le pouce vers une autre partie du garage.

Nous attendons la livraison de la portière, et la Volkswagen est mon projet, pas le sien. À présent, je suis certain qu’il cherche à se débarrasser de moi.

— Si. OK.

Je ne bouge toujours pas.

Un frisson me monte dans la nuque. Je jette un nouveau coup d’œil à la Porsche. Finalement, ce n’est peut-être pas la voiture du père de cette fille. Que regardaient-ils sous le capot ?

Un malaise s’empare de moi. C’est un avertissement dont j’ai l’habitude : je ressens toujours ça, quand mon frère s’apprête à faire un truc débile. Ou dangereux. Quelque chose dont je vais devoir tenter de le dissuader.

Bon sang.

J’espère que ce n’est pas un véhicule volé qu’il compte maquiller pour cette fille.

En me voyant rester planté là, Winslow montre les dents, et ses yeux prennent une teinte dorée. Le loup en moi réagit à cette menace de façon viscérale.

Je n’ai d’autre choix que de baisser les yeux et de lever le menton pour lui présenter ma gorge. Mon frère a un tempérament violent, et il est vachement dangereux, même avec les membres de sa famille. Je laisse tomber mon sac à dos par terre et me dirige vers la Volkswagen.

Winslow monte le volume de la radio.

* * *

Sloane

— C’est ton frère ?

— C’est Bo.

Pas vraiment une réponse, mais je vais prendre ça pour un oui. Ce garagiste est flippant. On m’a donné son nom en me disant qu’il pourrait sans doute m’aider à maquiller des voitures, et il paraît compétent. Mais je ne lui fais absolument pas confiance.

Voir son petit frère me rassure un peu, toutefois. Bon d’accord, son jean est déchiré et taché de graisse, mais son tee-shirt avec le logo de l’équipe de football américain de Wolf Ridge moule ses muscles, et mis à part son pantalon, il est propre sur lui. Beau, même.

Je n’ai pas l’habitude d’être traitée avec le mépris que me réserve Winslow Fenton, mais la présence de son frère suffit à me mettre plus à l’aise. En sa présence, j’ai l’impression qu’il ne peut rien m’arriver.

Et bien sûr, c’est sans doute le genre d’impression débile qui prouve que l’on a tendance à se fier plus facilement aux gens séduisants. Bien habillés. Sexy. Ce n’est pas parce qu’il a à peu près mon âge et qu’il est superbe qu’il me défendra comme un preux chevalier si son frère décide de me doubler.

— Il n’a rien à voir avec tout ça, me dit Winslow d’une voix menaçante. Pigé ?

— Oui, carrément. Je comprends.

Nous sommes tous les deux penchés sur le capot de la Porsche comme si nous débattions du nombre de chevaux du véhicule. Je dois prendre sur moi pour ne pas jeter un œil vers le dos large de Bo et ses fesses musclées. Concentre-toi, Sloane, bon sang.

— Alors, quand est-ce que tu penses pouvoir m’obtenir une nouvelle carte grise ? lui demandé-je.

— Laisse-moi gérer tout ça. Je la vendrai. Ensuite, je te filerai ta part.

Ah non, hors de question.

— Ce n’est pas ce qui était prévu. Tu m’obtiens la carte grise. C’est moi qui la vends.

Il laisse échapper un grognement amusé.

— Toi, tu vas la vendre ?

— Oui, on s’était mis d’accord.

Il a un rictus.

— Désolé, ma belle. Personne n’achètera une Porsche à plus de cent mille dollars à une gamine de seize ans.

— Dix-sept ans, corrigé-je, même si ça ne change pas grand-chose. Si je suis capable de la voler en plein jour sur le parking d’un centre commercial, je suis capable de la vendre.

Et en plus, je suis plutôt bonne négociatrice. J’ai été obligée d’apprendre beaucoup de nouvelles compétences, ces six derniers mois.

Il secoue la tête, l’air faussement désolé.

— Désolé, ma sœur. Si j’ai la carte grise, c’est qu’elle est à moi. Logique, non ?

Mon cœur se met à battre la chamade. Ce type est louche, mais ça, je le savais dès le départ. C’est le risque, quand on se lance dans le trafic de voitures volées.

Il se frotte le nez d’un doigt graisseux, laissant une tache noire sur son visage. Nous sommes face à face sous le capot. Il sent le métal, la sueur, et cette odeur d’alcool rance des gens qui ont trop bu la veille.

À présent que j’ai vu son frère, je sais que dans d’autres circonstances, Winslow pourrait être séduisant. S’il prenait soin de lui et qu’il changeait de coupe de cheveux. Et s’il n’avait pas l’air aussi agressif.

Je serre les mâchoires.

— On se partage l’argent cinquante-cinquante.

— Soixante-quarante.

Inutile de lui demander qui aurait les soixante.

Ce type continuera de m’arnaquer. La prochaine fois, il passera à soixante-dix-trente, enfin, si je le revois. Il faut que je reprenne la main, et vite.

Je prends une grande inspiration et tente d’imiter mon père. Il était capable de convaincre n’importe qui de n’importe quoi. Et il ne se servait jamais de la peur pour faire céder les gens, contrairement à beaucoup de commerciaux. Parce qu’après tout, les arnaques, c’est de la vente. Non, mon père poussait les gens à croire qu’ils avaient le même objectif que lui. Il leur faisait croire que c’était ce dont ils avaient envie.

— Écoute, Winslow, dis-je, appuyée au pare-chocs de la Porsche. Comme je te l’ai déjà dit, je cherche un associé. J’ai déjà acheté l’épave d’une Mercedes Benz Classe C à la casse pour un prochain vol. Mais si tu es du genre à ne pas tenir parole, ça ne pourra pas fonctionner. Il faut qu’on se fasse assez confiance pour faire fructifier notre affaire.

J’insiste sur les mots tenir parole et confiance dans l’espoir de réveiller ces qualités chez lui, mais je doute qu’il les possède.

Si je n’avais pas vu son frère, qui semblait bien sous tous rapports, je n’aurais même pas tenté le coup. Mais, miracle, ça fonctionne.

Winslow bombe le torse et hoche la tête.

— D’accord, cinquante-cinquante. Mais c’est moi qui la vends.

— On y va tous les deux.

Il me fait le même rictus que tout à l’heure.

— Je ne t’emmène pas avec moi. Tu feras tout foirer. Mais je te donnerai ta part, à la loyale.

— Tu as plus à perdre que moi. Je ne suis pas encore majeure. Si je me fais prendre, je me ferai gronder. Si toi tu te fais chopper, tu risques la prison.

Il se pince la lèvre inférieure en m’observant. Il jette un regard à son frère, comme s’il envisageait d’envoyer Bo vendre la voiture à notre place. Mais il secoue vite la tête.

— Je prends le risque.

— Je t’accompagne, insisté-je.

— Hors de question. Retourne dans ton lycée privé et attends un message de ma part.

Mon estomac se serre. J’essaye de ne pas lui montrer mes doutes, cependant. Nous sommes des associés qui tiennent parole et qui se font confiance. Ou en tout cas, c’est le baratin que je lui ai sorti. Il faut que je lui montre ma bonne foi.

— J’ai besoin qu’on me reconduise, dis-je.

Winslow lève les yeux au ciel et sort la tête du capot.

— Fait chier, lâche-t-il avant de jeter un regard à son frère. Bo !

Sa version plus jeune et bien plus canon nous rejoint en s’essuyant les mains sur un torchon blanc.

— Ouais ?

— Il faut que tu la ramènes à Cave Hills.

Il plisse les yeux.

— Comment ? demande-t-il en agitant les bras tout en regardant autour de lui.

— À moto. Bouge-toi le cul. Je veux que tu reviennes terminer le boulot ce soir.

Bo serre les mâchoires, et il semble prendre une lente inspiration.

— Bon, d’accord.

Il hausse les sourcils dans ma direction et tend le bras comme un majordome.

— Par ici, Madame.

Finalement, il est peut-être aussi con que son frère.

Tant de beauté gâchée par une personnalité arrogante. Dommage. Non que j’aie espéré quoi que ce soit. J’ai... simplement aimé l’admirer.

Je ne suis pas une poule mouillée, mais je n’ai encore jamais roulé à moto. Et chaque fois que je me suis imaginé le faire, c’était derrière un mec de confiance. Quelqu’un de sexy, mais pas désagréable et grognon comme Bo.

Là, je suis obligée de mettre ma vie entre les mains d’un inconnu.

Je prends le casque qu’il me tend et déglutis.

— T’as peur, princesse ? raille-t-il.

Il porte une plaque militaire autour du cou. De près, il est encore plus beau que je l’avais cru. Ses yeux bleu glacier contrastent avec sa peau hâlée et ses cheveux bruns ébouriffés. Ses lèvres sont pulpeuses, contrairement au reste de son corps. Il est composé à cent pour cent de muscles fermes. Il doit sans doute jouer au poste de défenseur, et quand il percute les membres de l’équipe de Cave Hills, il doit les faire pleurer.

Je rejette mes cheveux en arrière avant de mettre le casque. Il est trop grand, et mon petit effet est gâché par mon incapacité à l’attacher.

Pour parfaire mon humiliation, Bo est obligé de s’approcher pour m’aider à ajuster les sangles jusqu’à ce qu’elles soient bien serrées sous mon menton. Ses gestes sont pleins d’adresse et d’assurance, et une fois sa tâche accomplie, il donne une tape sur le casque, comme si j’étais une gamine.

— Tu n’en portes pas, toi ? lui demandé-je.

— Nan, sinon j’en aurai deux pour le retour.

Comme si c’était plus embêtant que de se fracasser le crâne. Il sort des lunettes de soleil de sa sacoche et les enfile. On dirait qu’il sort tout droit d’un set de cinéma. Comme Chris Hemsworth, mais en version jeune et bad boy. Et version connard.

— Prête ?

Il passe une jambe musclée au-dessus du siège et me regarde. Quand je grimpe maladroitement derrière lui, il jette un coup d’œil sceptique à mes chaussures compensées.

— En temps normal, je ne te laisserais pas monter avec des talons pareils, mais j’imagine que tu n’as pas trop le choix, hein ?

— Non.

Prendre un taxi aurait été une meilleure idée.

Pourquoi n’y ai-je pas pensé ? J’étais trop occupée à négocier avec Winslow. À lui montrer ma confiance pour qu’il s’en montre digne.

Et voilà où ça me mène.

Sur une moto, à risquer ma vie.

Il démarre sa Triumph, et le seul avertissement que me donne ce connard avant de foncer, c’est un regard par-dessus son épaule.

Je ravale un hurlement et lui agrippe la taille, complètement paniquée. Je mets trois ou quatre kilomètres à me rendre compte que mes doigts sont enfoncés dans sa peau à travers son tee-shirt fin, mais j’ai beau essayer de me détendre, je n’y parviens pas.

Je suis incapable de jouer les filles cool.

Bo s’arrête à un feu et tourne la tête.

— Tu flippes ?

— Noo-on.

Ce simple mot prend deux syllabes alors que je mens comme un arracheur de dents. Il pose la main sur mes doigts crispés. Sa paume est large et rêche. Calleuse à cause de son travail et peut-être à cause du football, je ne sais pas. Il saisit ma main et la fait passer devant son corps pour la poser sur ses abdos en béton.

— Oh... désolée ! Je te faisais mal ?

Normalement, les mecs ne me font pas perdre mes moyens. En fait, c’est plutôt moi qui les mets dans tous leurs états, surtout les lycéens. À treize ans, je faisais déjà un mètre soixante-quinze, alors je n’ai jamais pu ignorer l’effet que j’ai sur le sexe opposé. Mais là, je suis complètement à la ramasse.

Tout ça, c’est la faute de cette moto. Pas des yeux bleus et des abdos de Bo.

Il lâche un petit rire, qui n’aurait pas dû me rendre toute chose comme ça.

— Aucune chance, Gambettes.

— Gambettes ? C’est comme ça que tu m’as appelée ?

Le feu passe au vert, et il démarre à nouveau sans prévenir.

Je passe l’autre bras autour de sa taille, et à présent, je suis collée à son dos comme un koala. Enfin, eux s’accrochent plutôt au ventre, non ? Comme un chimpanzé, alors, cramponné à sa maman qui saute d’arbre en arbre.

Puis nous prenons la voie express qui mène à Cave Hills. J’ignore combien de kilomètres ma peur met à se transformer en quelque chose d’autre. Quelque chose de plus chaud, de plus vivant. Quand nous descendons la colline, je suis pleine d’adrénaline et je halète sous mon casque, les mains plaquées contre le ventre de Bo. La chaleur de son corps irradie jusqu’au mien. Sa moto a l’effet d’un vibromasseur géant entre mes jambes.

Je m’en veux d’être aussi excitée par ce scénario. Les motos, ça n’a rien de cool. Et les mecs qui en font sont des ploucs sans personnalité.

Sauf que mon corps ne semble pas de cet avis. Ou alors, cela n’a rien à voir avec la moto, et tout à voir avec le grand sportif contre lequel je suis collée.

* * *

Bo

Je fais exprès de lui faire peur, parce que je suis un con.

Je suis un con, et j’adore la pousser à hurler et à crier de terreur chaque fois que j’accélère.

En plus, ça ne me dérange pas du tout de sentir ses bras fins presser mes côtes dès que je tourne.

Je suis quasiment certain de l’avoir entendue marmonner tu fais chier la dernière fois que j’ai zigzagué entre les voitures.

Ça lui apprendra. Elle est louche, cette fille, et elle risque d’attirer des ennuis à mon frère.

— On va où ? m’enquiers-je quand nous atteignons Cave Hills.

— Au coin de la cinquième et de Davidson.

Elle commence à me lâcher, mais j’appuie sur l’accélérateur, et elle s’agrippe de plus belle.

— Tu le fais exprès, dit-elle d’un ton accusateur en refermant les doigts sur mon tee-shirt.

Elle n’est pas née de la dernière pluie. Mais bon, pour voler des voitures, il faut être malin. Ou très bête. Mais elle ne me semble pas stupide pour un sou. Quand elle parlait à mon frère, j’ai vu la méfiance sur son visage, ce qui me dit qu’elle comprend ce qu’elle risque.

Je la conduis à l’intersection qu’elle m’a indiquée.

— Et maintenant ?

Je m’attends à moitié à ce qu’elle descende là pour ne pas me montrer où elle vit, mais elle me conduit à sa maison. En fait, elle ne vit pas dans l’une des villas à plusieurs millions de dollars qui forment le quartier huppé de Scottsdale. Elle vit dans une maison de ville, agréable, mais pas gigantesque.

— C’est quoi, cette histoire de Porsche ? m’enquis-je à brûle-pourpoint alors que je la regarde descendre maladroitement sans lui proposer mon aide.

Je sais que Winslow ne me dira rien, et je veux qu’elle confirme mes doutes.

— C’est celle de mon père. Il n’est pas en ville, et je l’ai abîmée. Ton frère m’a dit qu’il m’aiderait à la réparer discrètement.

— Elle ne m’a pas parue cabossée.

— C’est déjà réparé. Il ne reste plus qu’à passer un petit coup de peinture.

Elle tire sur la sangle du casque, comme si je la retenais en otage.

— Ton frère m’a dit qu’elle serait prête demain, ajoute-t-elle.

Ouais, c’est ça. Elle me raconte des conneries, évidemment.

Elle parvient à ôter le casque, et elle agite ses longs cheveux épais.

Je n’ai pas envie d’être affecté à ce point par sa beauté. Je cherche un défaut. Un détail qui me permettra de la jeter aux oubliettes. Mais même le gros grain de beauté qu’elle a sur la joue semble exister pour la rendre plus séduisante aux yeux des hommes. Ou des femmes. Aux yeux de n’importe quel être vivant, en fait.

Elle n’a pas l’air d’avoir sa place dans un lycée. Elle fréquente sans doute les fêtes de l’université depuis qu’elle est pubère. Elle est renversante.

Et ça me la rend insupportable.

— Merci de m’avoir raccompagnée, Bo, dit-elle en me tendant le casque.

— J’ai oublié ton nom.

Je ne prends pas le casque. Elle a l’air pressée de filer, et je n’ai pas l’intention de lui faciliter la tâche.

— Je ne te l’ai pas donné, réplique-t-elle.

Elle m’enfonce le casque dans le ventre, et quand je ne l’attrape pas, elle le lâche et tourne les talons. J’attrape le casque avant qu’il tombe par terre.

— T’es pas obligée de te comporter comme une garce, lancé-je dans son dos.

Non que je pense ça d’elle ‒ même si je réserve mon jugement ‒, mais je veux la faire réagir.

Et ça marche.

Elle pivote, les joues rouges.

— Classe, dit-elle en marchant à reculons. Très classe.

Je souris, car la voir en colère me fait bander.

— La classe, c’est pas mon truc. À demain, alors ? Sa Majesté nécessitera-t-elle qu’on vienne la chercher ?

Je m’attends à ce qu’elle rougisse, à ce qu’elle s’emmêle les pinceaux dans ses mensonges, mais elle est trop fine pour ça. Elle m’adresse un doigt d’honneur et déverrouille sa porte.

Oui, elle est synonyme d’ennuis.

Et je ne pourrai pas dissuader Winslow de traiter avec elle.

Je grave l’adresse de cette fille dans ma mémoire. S’il arrive quelque chose à mon frère à cause de ses conneries, je la détruirai.

Juste après l’avoir mise à genoux devant ma braguette ouverte.

CHAPITRE DEUX

Bo

 

La lune est presque pleine, les gars, nous dit le coach Jamison dans les vestiaires après l’entraînement.

Nous avons le droit à ce discours tous les mois, et au bout de quatre ans, je suis capable de le réciter les yeux fermés.

Mais je sais que c’est important, surtout pour les élèves de seconde qui sont toujours en pleine puberté.

— Entre la sortie de la meute et le match, enfermez-vous dans vos chambres. Ne vous approchez d’aucune femme... ou d’aucun homme, si c’est plus votre genre. Je ne juge pas.

Il fait les cent pas dans les vestiaires alors que nous sortons de la douche, enveloppés dans nos serviettes, debout devant nos casiers.

— Vous avez les hormones en feu, les gars. Vous représentez un danger pour la communauté. La lune amplifie vos désirs. Elle vous rend trop agressifs. Branlez-vous avant le match. Je ne veux pas d’excès de testostérones pendant le match contre Lakeside. Je ne peux pas prendre le risque que vous brisiez la nuque d’un humain.

— Et à part pour la masturbation, gardez votre braguette fermée. Je ne vous dirai pas d’utiliser des préservatifs, parce qu’il est hors de question que vous vous envoyiez en l’air ce week-end. Même si vous êtes en couple ‒ non, surtout si vous êtes en couple ‒, prenez vos distances demain soir. Et je ne suis pas pour que vous assouvissiez vos désirs avec des humaines. Vous êtes encore plus dangereux en leur présence. Elles ne sont pas en mesure de se défendre. Si l’un d’entre vous agressait ou violait l’une d’entre elles ‒ qu’elle soit humaine ou louve ‒, vous serez virés de l’équipe, et je vous réglerai votre compte moi-même. Compris ?

— Oui, Coach Jamison, répondons-nous en chœur.

— Plus fort.

— Oui, Coach Jamison, crions-nous, faisant résonner nos voix sur les casiers en métal.

— Wilde, surveille les gars de l’équipe pendant la course de la meute, ordonne le coach au capitaine de l’équipe, l’un de mes amis.

— Oui Monsieur, répond celui-ci en enfilant son tee-shirt.

Le coach donne beaucoup de responsabilités à Wilde, raison pour laquelle je suis bien content de ne pas avoir été nommé capitaine. Oui, je suis un alpha. Ce n’est pas pour rien que mes potes et moi sommes appelés des alpha-brutis au lycée. Mais diriger l’école et diriger la meute, ça n’a rien à voir. Au lycée, nous nous rebellons. Nous n’écoutons personne, sauf notre coach, et nous faisons ce qui nous chante. C’est nous qui établissons les règles au lycée de Wolf Ridge. Qui est populaire. Qui est invité à la mesa. Qui est digne de nos attentions.

Mais désormais, Wilde doit faire respecter les règles. Même si la liste de Jamison est courte : ne pas se battre avec des humains. Ne pas mettre de filles enceintes, qu’elles soient humaines ou métamorphes. Ne pas violer. Ne pas donner de morsure d’accouplement, même quand on croit être amoureux.

Nous quittons les vestiaires, mais notre alpha-bruti le plus agressif, Cole, s’attarde à l’intérieur.

— Austin, tu peux ramener Casey, ce soir ?

Abe, le petit frère d’Austin, s’approche justement pour être ramené. Il n’est qu’en seconde, mais il joue déjà avec nous, ce qui en dit long sur son talent, parce que dans cette équipe, nous sommes tous d’excellents athlètes.

Austin regarde Cole, les yeux plissés.

— Ouais, pourquoi ?

Nous savons tous pourquoi.

Quand Cole s’est pointé à l’entraînement, l’odeur de l’humaine lui collait au corps. L’odeur de sa voisine ; celle qu’il déteste parce sa mère a piqué le boulot de son père.

Mais tout le monde sait que la haine est très proche d’une tout autre émotion. L’obsession, si vous voulez mon avis. Je l’ai vu traîner près du casier de cette fille.

Cole hausse les épaules.

— Il faut que j’aille voir un prof au sujet d’un devoir.

Mais bien sûr.

Peu importe. Moi aussi, je bande pour une humaine.