Claude et Juliette - Alfred Assollant - E-Book

Claude et Juliette E-Book

Alfred Assollant

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Beschreibung

Où il est clairement prouvé que la vertu trouve toujours sa récompense, et que le premier devoir d'un Français est de venir au secours de la beauté.

Das E-Book Claude et Juliette wird angeboten von Books on Demand und wurde mit folgenden Begriffen kategorisiert:
littérature française, Classique, Alfred Assollant, nouvelles, romance

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Claude et Juliette

Claude et JulietteIIIIIIPage de copyright

Claude et Juliette

Alfred Assollant

I

Où il est clairement prouvé que la vertu trouve toujours sa récompense, et que le premier devoir d’un Français est de venir au secours de la beauté.

En 1846, vivait à Paris, sur les hauteurs de la place du Panthéon, un jeune peintre d’une laideur si rare, que ses camarades l’avaient surnommé Quasimodo. Il avait le nez long et gros, les cheveux crépus, les yeux petits et enfoncés sous l’arcade sourcilière, la bouche fendue jusqu’aux oreilles, et le menton pointu. Sa taille était droite, ses bras longs et nerveux, ses mains larges et fortes, et ses pieds d’une longueur excessive.

Le beau n’est pas toujours camarade du bon. Quasidomo était la douceur même. Il était instruit, habile dans son art, plein d’esprit, de courage, et amoureux de la gloire. Un seul défaut déparait ses belles qualités et le rendait insupportable à lui-même. C’était une tristesse incurable dont il ne disait le secret à personne. Il aimait la beauté avec une passion que Phidias, Raphaël et Titien seuls ont connue, et il ne pouvait se regarder dans une glace sans frémir.

Presque tous les hommes sont laids, il faut l’avouer ; mais l’habitude, la vanité, l’ignorance des vrais principes de la beauté physique, le plaisir qu’on éprouve à se tromper soi-même, leur cachent ordinairement cette cruelle infirmité. Malheureusement, le pauvre Quasimodo avait trop étudié son art, et il était trop sincère avec lui-même pour se faire illusion. Il n’était que laid, et il se croyait effroyable.

Il ne s’en consolait pas. Les railleries de ses camarades, qu’il supportait sans se plaindre, mettaient le comble à sa douleur.

Vingt fois il avait songé à se tuer ; mais il avait vingt-deux ans, et à cet âge, peut-on désespérer de tout ? On veut vivre, ne fût-ce que par curiosité. Il n’espérait pas être aimé. Il pouvait aspirer à la gloire ; et qu’y a-t-il de plus désirable sur la terre ?

Un soir, ces réflexions l’ayant occupé plus que de coutume, il s’accorda un sursis, et résolut de vivre jusqu’à trente ans : à cet âge, pensa-t-il, si je n’ai ni amour ni gloire, je me tuerai. Ayant pris cette sage résolution, il vit que le temps était beau, que la lune éclairait Paris, et il alla se promener aux Champs-Élysées.

Il avait à peine fait cent pas dans la grande avenue, lorsqu’il aperçut une jeune fille, simplement vêtue et d’une tournure gracieuse, qui marchait devant lui. Un gros homme, orné de breloques, d’une canne et d’épais favoris, la suivait de près, en marmottant à voix basse quelques paroles que le peintre n’entendit pas, mais dont il devina le sens. La jeune fille, sans répondre, traversa la chaussée et continua sa route sur le trottoir opposé. Le gros homme la suivit et recommença son discours. Pendant ce temps, le peintre réfléchissait.

« Que fait là cette femme ? il est minuit. Ce n’est pas l’heure où les pensionnaires courent les rues. Cherche-telle les aventures ? Mais elle fuit ce gros homme. Peut-être est-il trop gros. À quoi tient la vertu des femmes ? Peut-être est-ce une femme vertueuse qui aime le clair de lune. Cela se voit quelquefois. Dans tous les cas, il est clair que ce gros homme la gêne fort. Qu’importe qu’elle soit vertueuse ou non ? »

Il traversa la chaussée à son tour.

« Voilà, se dit-il, une belle occasion de faire le chevalier errant. Bayard, sans peur et sans reproche, ne l’eût pas laissée échapper. Si j’allais au secours de la beauté en danger ! C’est une de ces occasions où, si l’on n’est pas sublime, ou est tout à fait ridicule. Sublime ou ridicule, il y a de quoi réfléchir. Attendons encore… Décidément, ce gros homme est insupportable. Quelle parole grossière a-t-il pu lui dire ? La jeune fille marche comme si elle courait. Elle regarde de tous côtés. Que cherche-t-elle ? un sergent de ville, sans doute. Hélas ! Le sergent de ville est aujourd’hui le successeur de Roland et de Bayard, et le défenseur de la belle Angélique. Ô temps ! ô mœurs !… Puisque le sergent de ville n’est pas à son poste, faisons ce qu’il aurait dû faire. »

Il boutonna son paletot, hâta le pas, et joignit bientôt le couple qu’il suivait. Au même instant, le gros homme terminait son discours par cette péroraison décisive :

« Une chaumière et mon cœur, mademoiselle. La chaumière vaut un million. »

Tout en parlant, il prenait la jeune fille par le bras et cherchait à l’entraîner. Celle-ci poussa un cri de frayeur. Tout à coup, le gros homme, saisi à son tour par deux mains vigoureuses, tourna brusquement sur lui-même, et se trouva face à face avec le peintre.

« Qui êtes-vous ? que me voulez-vous ? s’écria-t-il.

— Je suis le cousin de mademoiselle, répondit le peintre d’un ton ferme, et je vous prie de chercher fortune ailleurs.

— Le cousin ! ah ! ah ! la plaisanterie est bonne. Vous êtes bien jeune pour un cousin, monsieur le défenseur des belles.

— Cousin ou non, dit le peintre, je vous défends de la suivre.

— Et de quel droit, mon brave ?

— Du droit du plus fort. »

À ce mot, le gros homme leva sa canne sur son adversaire : celui-ci l’arracha de ses mains et la jeta au loin.

« Monsieur, s’écria le gros homme, vous me payerez cher cette injure.

Donnez-moi votre adresse.