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"Curiosités bucoliques" est un recueil qui aspire à la paix et à l’ataraxie. Il n’a d’autre fin que celle d’exalter une nature majestueuse que le poète contemple et écoute en silence, « ainsi qu’une femme à genoux ». Les cinq sens y exultent, loin de tout tumulte.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pour
Stavros Nebraskov, la poésie est le moyen idéal de créer un univers en exploitant les richesses et les subtilités de la langue française. "Curiosités bucoliques" est son deuxième recueil publié après "Fiel", paru en 2023 aux éditions Le Lys Bleu.
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Seitenzahl: 37
Stavros Nebraskov
Curiosités bucoliques
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Stavros Nebraskov
ISBN : 979-10-422-2660-2
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À ma mère
Mère au cœur tendre et pur, je crois que tu mérites
Beaucoup plus qu’un fragrant bouquet de fleurs palustres
Et plus que l’astre aux rais riants des marguerites,
Pour ce jour crucial où tu fêtes tes dix lustres.
En ce trois octobre où des fanes se balancent
Dans l’air frais, j’ai cru qu’il serait donc préférable
De t’offrir ce présent symbolique de stances,
D’airs, de goûts, de couleurs et d’odeurs immuables.
Ce soir, pendant que tu souffleras tes bougies,
Je t’embrasserai fort sur tes deux joues sereines,
Puis je lèverai un toast vers la syzygie
Où j’ai vu très souvent ta figure lointaine,
Laquelle n’est que plus près de moi, car l’absence
Des aimés incite un peu à ce qu’on y pense.
Tel l’insecte qui œuvre au rythme circadien,
Motu proprio, à l’abri de ma tanière,
J’ai écrit ce recueil agreste à ma manière,
En rêvant savamment de plaisirs arcadiens.
Écriteau
Si vous n’êtes ni suicidaires
Ni des malades du pica,
Ne cueillez pas ces solitaires
Hôtes des bois, très délicats.
Non comestibles
Boire dans cette coupe énorme
D’un gros lactaire velouté
Au cap infundibuliforme
Ne mène, hélas ! point au Léthé.
***
Lepiota aspera infâme,
Cause de vomissements sûrs,
Sous tes écailles et tes lames,
Fuit un gaz d’éclairage impur.
***
Cortinaire à odeur hircine,
Je t’enfoncerais comme un clou
Si ta coupole de soie fine
Ne me rappelait quelque igloo.
***
Flavescent hypholome en touffe,
Toi au moins, sous ton parasol,
Tu n’as pas d’odeur qui étouffe
Quiconque vit près de ton sol.
Vénéneux
En forme de pomme de terre
Sphérique et brun jaunâtre clair,
Croit le scléroderme vulgaire
Avec la glèbe sous la chair.
***
Clavaire jolie et timide,
Pouvais-je savoir qu’au toucher
Eût rougi votre chair morbide,
Ainsi qu’un soleil au coucher ?
***
On ne meurt pas quand on essaye
À la russule de quelet,
Senteur compote de groseilles,
Pour laquelle on s’est querellé.
***
Entolome livide, arrière !
Ton chapeau gris à couleur cuir
Et ta bande en rond de sorcière
Du bois de hêtres me font fuir.
***
Rase le sol et te renfrogne,
Obèse et laid bolet satan ;
Ta chair infecte de charogne
Sous le couteau, va bleuissant.
***
L’agaric jaunissant s’attroupe
À l’orée des bois et des parcs ;
Son chapeau blanc, dès qu’on le coupe,
Ensoleille aussitôt son arc.
Très vénéneux
Dans les feuilles mortes, on foule
L’étoile sans sosie qui a
Éventré sa friable boule :
La sarcosphaera eximia.
***
La jeune amanite panthère
À une ombrelle caramel
Galbée, fragrante et délétère,
Tentant la langue du mortel.
***
L’amanite tue-mouche enivre
Et son gros bonnet rouge vif
Et enneigé, pour qui veut vivre,
Est l’un des mets les plus nocifs.
***
La boisson, quand on fait bombance,
Si elle arrose un coprin noir,
Nous fait courir aux lieux d’aisance
Où l’on passe de mauvais soirs.
Mortels
La galère marginée rousse
Au chapeau miel érugineux
Et qui sent la farine, pousse,
Sous un pied gracile et pruineux.
L’amanite vireuse et belle,
Sous son chapeau campanulé,
Cache, perfide demoiselle,
Un pied fin et immaculé.
***
N’était-ce tes vertus macabres,
Cortinaire très élégant,
De ta bernicle havane et glabre,
Je baiserais le mamelon.
***
Loué dans les anciens ouvrages,
Le marron paxille enroulé
Met, à la longue, un terme à l’âge
De ceux qui l’ont trop avalé.
***
Ressemblant à une cervelle
Par les lambeaux de son chapeau,
Le gyromitre brun noir cèle
La mort dans sa friable peau.
***
Que l’amanite phalloïde,
Qui est le champignon le plus
Toxique, ait un teint vert splendide
Ainsi qu’un parfum melliflu,
Passons-nous de sa chair fatale
Dont quelques grammes suffiraient
Pour tuer, par dose létale,
Celui qui en consommerait.