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Fiel est une mosaïque de pièces d’inspiration et de facture très diverses qui retracent vingt-cinq ans de désillusions, de solitude et d’amertume. Il exprime aussi la soif du Beau, le besoin du Neuf, le désir de la Richesse et de la Variété esthétiques ainsi que la haine du même et du monotone.
À PROPOS DE L'AUTEUR
La poésie est le meilleur moyen pour
Stavros Nebraskov de créer un univers en exploitant les richesses et les subtilités de la langue française. C’est aussi le lieu privilégié de tous les exorcismes. Il veut renouer avec l’âge d’or de la poésie en prônant une écriture néoclassique capable de rendre la complexité, la fulguration mais également la folie et la décadence du monde moderne.
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Seitenzahl: 63
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Stavros Nebraskov
Fiel
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Stavros Nebraskov
ISBN : 979-10-377-9087-3
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À mes proches d’esprit, de cœur, de sang,
À mes proches, même éloignés
Dans l’espace et dans le temps, j’ai dédié
Ce livre aux cent gaz angoissants.
Des mouches bourdonnant dans l’air sternutatoire
Irritent mon esprit en perte d’exutoires
Et de chauds courants font fondre au large du port
Mon chaland poussé par le lof et l’erre au nord.
Hélas ! L’hiver est mort, chassé par la ruée
Du printemps étouffant, fuyant sous la nuée
Touffue et enfiévrée des oiseaux migrateurs.
Le message égaré d’un pigeon voyageur
Me fit pleureur la chaste et sobre saison blanche
Où d’en haut l’œil s’emplit d’écume et d’avalanches :
« Debout, l’ours endormi, abreuve-toi de fiel ».
La guêpe au dard cruel m’empoisonne de miel
Et le soleil d’avril crible ma tête amère
De percutants rayons aux suites délétères.
Des écueils à n’en plus finir
Transpercent l’eau à sa surface,
Montrant leurs têtes de menhirs ;
Au lointain, presque tout s’efface.
Un gribouillis couleur bleu-vert
Barbouille le fond d’une tâche
Qui noie et le ciel et la mer.
Un graffiti qui se détache
À l’horizon : c’est un bateau.
Les fines lames de l’averse,
Ressemblant aux dents du râteau,
Fouettent l’esquisse perverse.
Juillet 1997
Je vois l’horizon bête,
la vie plate, l’avenir laid.
Je suis dans la grande Babylone !
Vallès
De vides ruelles sans bruit
Crépitent au soleil qui luit
Et la mechta dort en cadence
Sous le zénith de flavescence
Irradiant sur les minarets.
Des oliviers et un marais
Versent leur odeur clairsemée
Dans l’atmosphère inanimée,
Et de lourdes exhalaisons
Qui rôdent autour des maisons
Font en sorte que s’empoisonne
L’air torride où l’ennui foisonne.
O chott noyé par la sebkha,
Que n’es-tu gorgé de boukha
Ou d’un népenthès bénéfique
Prompt à faire oublier l’inique
Amertume qui amollit
Mon cœur qui se morfond au lit ?
Une myriade d’étoiles darde
Le ciel et maints moustiques bombardent
La peau des faux dormeurs en sueur.
Un phare, au loin, jette une lueur
Dans les yeux de matous insomniaques
Qui se querellent près d’une flaque.
La chaleur bouillonne, un tas de bruits
Pullulent sans cesse dans la nuit
Et mille nasties, au clair des astres,
Importunent les vieux oléastres.
L’infatigable grésillement
Des grillons et le ronronnement
Des narguilés à l’âcre fumée,
Le son des darboukas élimées,
Les miasmes émanant des égouts,
Tout cela couve un âpre dégoût.
C’était un dédale de pierres,
De croix et d’allées bordées d’ifs.
Je marchais lentement, pensif
Telle une image tumulaire.
C’était une journée d’hiver
Tristement courte, calme et grise ;
Il n’y avait pas un brin de bise
Et la neige avait recouvert,
De ses crins blancs, le cimetière
Croassant parmi les glaïeuls.
Je venais voir mon humble aïeul
Et voyais, à travers les lierres,
Son épitaphe en lettres d’or.
Je portais un bouquet de roses
Pour fleurir sa tombe morose ;
Hélas ! Mon grand grand-père est mort.
Petit épitaphe
Près d’Héléna, repose en paix,
Ô toi que je ne puis palper,
Et que n’ignorent les étoiles
L’étoile sur ton marbre pâle.
… Puis revient l’automne
Qui couvre le ciel
Que tout désarçonne,
De gris et de fiel.
Comme un chat qui passe
À travers un champ,
Mon âme fugace,
À califourchon
Sur un vent d’octobre,
S’en va au hasard,
Enthousiaste et sobre,
Joindre un balbuzard.
L’esprit était mi-troublé, mi-rassis,
Le beau temps faisait place aux éclaircies
Et les vacanciers aux peaux très noircies
S’en retournaient à leurs anciens soucis.
La canicule s’était adoucie
Et les écoliers s’étaient tous rassis
À leur pupitre et copiaient sans merci
Les pensums des maîtresses endurcies.
Dans les jardins, les arbres indécis
Aux branches légèrement amincies
Larguaient malgré eux leurs feuilles roussies,
Appareillant pour de nouveaux récits.
À Fatma et Issam
Marzouki
De ses petits yeux très curieux,
Elle espionnait mon air sérieux
Tout en se cachant de son mieux.
Je la voyais mettre son masque,
Tenir dans sa main une flasque
Et pousser des rires fantasques.
Elle taquinait son siamois
Et quand je l’appelais vers moi,
Elle s’enfuyait en émoi.
J’étais à peine assis à table
Cherchant une quelconque fable,
Qu’elle mit ses doigts adorables
Sur mes deux yeux et ce n’est qu’un
De ses petits tours très coquins
Qui eût amusé Arlequin.
À Pavel
Fomine
Je voudrais mourir par un soir frais de novembre
Au petit port de Rostov-sur-le-Don
Mes proches seront là dans l’ombre
Je leur dirai pardon
Je voudrais mourir par un soir frais de novembre
En lisant les Frères Karamazov
Et en humant la bise et l’ambre
Près de la mer d’Azov
Je voudrais mourir par un soir frais de novembre
Entendre jouer les balalaïkas
Et voir les voiles qui se cambrent
Enivré de vodka.
Il m’en souvient parfois, il m’en souvient souvent,
De cet horloger au coin de la rue des vans,
Et je revois alors l’étrange pantomime
Qui s’engageait, comme un refrain, comme une rime,
Entre un tas de petits et très joyeux joujoux,
Les uns tique taquant, d’autres faisant coucou,
Et qu’il m’est cher d’ouïr l’antique mécanique
S’égosiller au fond de l’allègre boutique !
Il m’en souvient aussi d’un homme à peine vieux,
À la fois très distrait et fort méticuleux,
Toujours plongé dans la besogne et dans l’ivresse,
Et que ni les passants, ni l’heure, ni la messe,
N’éloignaient des vis, des drilles et des ressorts.
Cet univers n’est plus, mais le temps tourne encor.
Jette un œil, pèlerin, sur cette cour mythique ;
Regarde ces piliers, ce marbre et ce portique.
Vois-tu se prélasser, là-haut dans son hamac,
Une oisive-araignée dont la toile est en vrac
Et vois-tu les rayons taciturnes qui planent
Sur les jets d’eau exquis aux reflets diaphanes ?
Écoute clapoter l’eau dans les cailloutis
Et laisse-toi aller au son qui s’engloutit.
À Mehdy
Zarrad
Il lui avait celé la flamme de ses yeux
Brûlant de goûter à sa chair tant savourée.
Son sacrifice était digne de tous les cieux :
Il l’avait tant aimée qu’il l’avait dévorée !
Elle lui avait dit qu’elle eût aimé mourir
Auprès d’un petit feu par une nuit très claire ;
Il avait exaucé son ultime désir :
Le barbecue en fit sa délicieuse affaire !
À peine l’avait-il mangée qu’il se souvint
De leurs anciens serments et des tendres promesses
Qui partaient en fumée au-dessus du ravin.
Feu l’amante était morte avec délicatesse !
Il bruit par les ruines
Une calme bruine,
Un sourd aquilon
Et un vieux violon.
Qui joue ? Un squelette,
Dentition parfaite,
Carrick en lambeaux,
Virtuose et beau,
Comme un chef d’orchestre,
Anime sa dextre
Et vous offre un air
Qui perce, à travers