Fiel - Stavros Nebraskov - E-Book

Fiel E-Book

Stavros Nebraskov

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Beschreibung

Fiel est une mosaïque de pièces d’inspiration et de facture très diverses qui retracent vingt-cinq ans de désillusions, de solitude et d’amertume. Il exprime aussi la soif du Beau, le besoin du Neuf, le désir de la Richesse et de la Variété esthétiques ainsi que la haine du même et du monotone.


À PROPOS DE L'AUTEUR


La poésie est le meilleur moyen pour Stavros Nebraskov de créer un univers en exploitant les richesses et les subtilités de la langue française. C’est aussi le lieu privilégié de tous les exorcismes. Il veut renouer avec l’âge d’or de la poésie en prônant une écriture néoclassique capable de rendre la complexité, la fulguration mais également la folie et la décadence du monde moderne.

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Seitenzahl: 63

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Stavros Nebraskov

Fiel

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Stavros Nebraskov

ISBN : 979-10-377-9087-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

À mes proches d’esprit, de cœur, de sang,

À mes proches, même éloignés

Dans l’espace et dans le temps, j’ai dédié

Ce livre aux cent gaz angoissants.

Renouveau

Des mouches bourdonnant dans l’air sternutatoire

Irritent mon esprit en perte d’exutoires

Et de chauds courants font fondre au large du port

Mon chaland poussé par le lof et l’erre au nord.

Hélas ! L’hiver est mort, chassé par la ruée

Du printemps étouffant, fuyant sous la nuée

Touffue et enfiévrée des oiseaux migrateurs.

Le message égaré d’un pigeon voyageur

Me fit pleureur la chaste et sobre saison blanche

Où d’en haut l’œil s’emplit d’écume et d’avalanches :

« Debout, l’ours endormi, abreuve-toi de fiel ».

La guêpe au dard cruel m’empoisonne de miel

Et le soleil d’avril crible ma tête amère

De percutants rayons aux suites délétères.

Croquis marin

Des écueils à n’en plus finir

Transpercent l’eau à sa surface,

Montrant leurs têtes de menhirs ;

Au lointain, presque tout s’efface.

Un gribouillis couleur bleu-vert

Barbouille le fond d’une tâche

Qui noie et le ciel et la mer.

Un graffiti qui se détache

À l’horizon : c’est un bateau.

Les fines lames de l’averse,

Ressemblant aux dents du râteau,

Fouettent l’esquisse perverse.

Juillet 1997

À l’heure du kief

Je vois l’horizon bête,

la vie plate, l’avenir laid.

Je suis dans la grande Babylone !

Vallès

De vides ruelles sans bruit

Crépitent au soleil qui luit

Et la mechta dort en cadence

Sous le zénith de flavescence

Irradiant sur les minarets.

Des oliviers et un marais

Versent leur odeur clairsemée

Dans l’atmosphère inanimée,

Et de lourdes exhalaisons

Qui rôdent autour des maisons

Font en sorte que s’empoisonne

L’air torride où l’ennui foisonne.

O chott noyé par la sebkha,

Que n’es-tu gorgé de boukha

Ou d’un népenthès bénéfique

Prompt à faire oublier l’inique

Amertume qui amollit

Mon cœur qui se morfond au lit ?

Nuisance nocturne

Une myriade d’étoiles darde

Le ciel et maints moustiques bombardent

La peau des faux dormeurs en sueur.

Un phare, au loin, jette une lueur

Dans les yeux de matous insomniaques

Qui se querellent près d’une flaque.

La chaleur bouillonne, un tas de bruits

Pullulent sans cesse dans la nuit

Et mille nasties, au clair des astres,

Importunent les vieux oléastres.

L’infatigable grésillement

Des grillons et le ronronnement

Des narguilés à l’âcre fumée,

Le son des darboukas élimées,

Les miasmes émanant des égouts,

Tout cela couve un âpre dégoût.

Le tombeau de mon aïeul

C’était un dédale de pierres,

De croix et d’allées bordées d’ifs.

Je marchais lentement, pensif

Telle une image tumulaire.

C’était une journée d’hiver

Tristement courte, calme et grise ;

Il n’y avait pas un brin de bise

Et la neige avait recouvert,

De ses crins blancs, le cimetière

Croassant parmi les glaïeuls.

Je venais voir mon humble aïeul

Et voyais, à travers les lierres,

Son épitaphe en lettres d’or.

Je portais un bouquet de roses

Pour fleurir sa tombe morose ;

Hélas ! Mon grand grand-père est mort.

Petit épitaphe

Près d’Héléna, repose en paix,

Ô toi que je ne puis palper,

Et que n’ignorent les étoiles

L’étoile sur ton marbre pâle.

… Puis revient l’automne

… Puis revient l’automne

Qui couvre le ciel

Que tout désarçonne,

De gris et de fiel.

Comme un chat qui passe

À travers un champ,

Mon âme fugace,

À califourchon

Sur un vent d’octobre,

S’en va au hasard,

Enthousiaste et sobre,

Joindre un balbuzard.

Septembre

L’esprit était mi-troublé, mi-rassis,

Le beau temps faisait place aux éclaircies

Et les vacanciers aux peaux très noircies

S’en retournaient à leurs anciens soucis.

La canicule s’était adoucie

Et les écoliers s’étaient tous rassis

À leur pupitre et copiaient sans merci

Les pensums des maîtresses endurcies.

Dans les jardins, les arbres indécis

Aux branches légèrement amincies

Larguaient malgré eux leurs feuilles roussies,

Appareillant pour de nouveaux récits.

La petite farceuse

À Fatma et Issam

Marzouki

De ses petits yeux très curieux,

Elle espionnait mon air sérieux

Tout en se cachant de son mieux.

Je la voyais mettre son masque,

Tenir dans sa main une flasque

Et pousser des rires fantasques.

Elle taquinait son siamois

Et quand je l’appelais vers moi,

Elle s’enfuyait en émoi.

J’étais à peine assis à table

Cherchant une quelconque fable,

Qu’elle mit ses doigts adorables

Sur mes deux yeux et ce n’est qu’un

De ses petits tours très coquins

Qui eût amusé Arlequin.

Vœu

À Pavel

Fomine

Je voudrais mourir par un soir frais de novembre

Au petit port de Rostov-sur-le-Don

Mes proches seront là dans l’ombre

Je leur dirai pardon

Je voudrais mourir par un soir frais de novembre

En lisant les Frères Karamazov

Et en humant la bise et l’ambre

Près de la mer d’Azov

Je voudrais mourir par un soir frais de novembre

Entendre jouer les balalaïkas

Et voir les voiles qui se cambrent

Enivré de vodka.

L’horlogerie de jadis

Il m’en souvient parfois, il m’en souvient souvent,

De cet horloger au coin de la rue des vans,

Et je revois alors l’étrange pantomime

Qui s’engageait, comme un refrain, comme une rime,

Entre un tas de petits et très joyeux joujoux,

Les uns tique taquant, d’autres faisant coucou,

Et qu’il m’est cher d’ouïr l’antique mécanique

S’égosiller au fond de l’allègre boutique !

Il m’en souvient aussi d’un homme à peine vieux,

À la fois très distrait et fort méticuleux,

Toujours plongé dans la besogne et dans l’ivresse,

Et que ni les passants, ni l’heure, ni la messe,

N’éloignaient des vis, des drilles et des ressorts.

Cet univers n’est plus, mais le temps tourne encor.

Pause

Jette un œil, pèlerin, sur cette cour mythique ;

Regarde ces piliers, ce marbre et ce portique.

Vois-tu se prélasser, là-haut dans son hamac,

Une oisive-araignée dont la toile est en vrac

Et vois-tu les rayons taciturnes qui planent

Sur les jets d’eau exquis aux reflets diaphanes ?

Écoute clapoter l’eau dans les cailloutis

Et laisse-toi aller au son qui s’engloutit.

Le cannibale

À Mehdy

Zarrad

Il lui avait celé la flamme de ses yeux

Brûlant de goûter à sa chair tant savourée.

Son sacrifice était digne de tous les cieux :

Il l’avait tant aimée qu’il l’avait dévorée !

Elle lui avait dit qu’elle eût aimé mourir

Auprès d’un petit feu par une nuit très claire ;

Il avait exaucé son ultime désir :

Le barbecue en fit sa délicieuse affaire !

À peine l’avait-il mangée qu’il se souvint

De leurs anciens serments et des tendres promesses

Qui partaient en fumée au-dessus du ravin.

Feu l’amante était morte avec délicatesse !

Mélopée d’outre-tombe

Il bruit par les ruines

Une calme bruine,

Un sourd aquilon

Et un vieux violon.

Qui joue ? Un squelette,

Dentition parfaite,

Carrick en lambeaux,

Virtuose et beau,

Comme un chef d’orchestre,

Anime sa dextre

Et vous offre un air

Qui perce, à travers