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Quinze mois. C'est le temps qui s'est écoulé depuis la dernière fois que Fox a vu les frères Walher. Fuir. C'est la seule solution qu'elle a trouvée pour partir en quête d'une vie normale. Cependant, lorsque l'on est un Chasseur et un Oracle de surcroît, notre vie finit toujours par nous rattraper. Fox va devoir faire face à son passé. A ses choix. Et surmonter des obstacles qu'elle ne pensait pas croiser sur son chemin. Tout acte a des conséquences. Et Fox va le découvrir. Embarquez à bord de la voiture de nos intrépides Chasseurs, et découvrez la suite de leurs aventures. A vos armes, et attachez bien votre ceinture.
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Seitenzahl: 463
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Avertissement de l’auteur
PROLOGUE
Fox
CHAPITRE PREMIER
Fox
Carl
CHAPITRE DEUX
Fox
CHAPITRE TROIS
Fox
CHAPITRE QUATRE
Fox
Will
Fox
CHAPITRE CINQ
Fox
CHAPITRE SIX
Fox
Will
Fox
CHAPITRE SEPT
Fox
Will
Fox
CHAPITRE HUIT
Fox
Will
CHAPITRE NEUF
Fox
CHAPITRE DIX
Fox
CHAPITRE ONZE
Fox
Will
CHAPITRE DOUZE
Fox
Will
CHAPITRE TREIZE
Will
Fox
Will
CHAPITRE QUINZE
Fox
Will
Fox
CHAPITRE SEIZE
Carl
Fox
CHAPITRE DIX-SEPT
Carl
CHAPITRE DIX-HUIT
Carl
Fox
CHAPITRE DIX-NEUF
Fox
CHAPITRE VINGT
Fox
CHAPITRE VINGT-ET-UN
Carl
Fox
CHAPITRE VINGT-DEUX
Carl
CHAPITRE VINGT-TROIS
Fox
Carl
Fox
CHAPITRE VINGT-QUATRE
Carl
Fox
CHAPITRE VINGT-CINQ
Carl
CHAPITRE VINGT-SIX
Fox
Carl
EPILOGUE
Fox
REMERCIEMENTS
Ce livre contient des trigger warning tels que des mots grossiers, des tortures psychologiques et/ou physiques, présence de scènes de meurtres sanglants, et tentative de suicide.
Ne convient pas à un public sensible, bien que les scènes ne soient pas trop choquantes.
Etant un roman relatant des chasses aux monstres et autres créatures de la nuit, nos Chasseurs seront amenés à commettre des actes punis par la loi.
Si vous faites partis de ce public sensible, n’allez pas plus loin, votre santé est plus importante à mes yeux que vous faire découvrir mon monde.
Prenez soin de vous, avant tout.
Pour les avertis, bonne lecture !
Quinze mois. C'est le temps qui s'est écoulé depuis que j'ai eu ce rêve qui annonçait la mort de ma famille. Et je n'ai pas pu empêcher sa réalisation. Mon père était le seul à avoir une information concernant Abaddon. Je ne peux m’empêcher de me demander si ce n’était pas l’information qui aurait permis la destruction du démon. Et voilà que tout est à nouveau perdu.
Depuis, j'ai abandonné la Chasse. En fait, la foudre que j'avais pris m'avait été très utile. Même si après avoir perdue ma famille et trouvé les Walher, j'ai réalisé la Prophétie.
Oui vous l'avez compris, je suis une Oracle. J'ai eu le droit à ce surnom grâce à Carl, Will et même Azriel. Même si les garçons ont perdu foi en Dieu depuis bien des années déjà.
Pour eux, il a déserté.
Pour eux, c’est un lâche.
Fin de l’histoire.
Mais je ne peux m’empêcher de me demander s’il n’y a pas plus que ça dans cette histoire, qu’un simple abandon. Et si c’était un test de sa part, pour que nous lui prouvions que nous sommes dignes de sa confiance ? Pour prouver que nous avons foi en lui, même quand on croit que tout est perdu ?
Je dois avouer que je n’en sais trop rien. J’aimerais y croire. Après tout, les Anges sont bien sous ses ordres. Pourtant, n’empêcherait-il pas toutes ces abominations, s’il n’avait pas abandonné ?
Quoi qu'il en soit, depuis cette prophétie, ma vie entière a changé. Pour le meilleur et pour le pire.
Je vis à Denton dans le Montana, maintenant. J'ai choisi de tirer un trait sur mon passé. Plus de démons, de Carl ou de Will Walher… Plus de Chasseurs du tout. Sauf peut-être une.
J'avais, par chance, fait la rencontre de Jimmy quand j'avais atterri chez Rodger après m'être fait tirer dessus par Carl. Elle m'a été d'une grande aide une fois que j'ai quitté ma vie de Chasseur. Carl a essayé de me convaincre de continuer en m’appelant des dizaines de fois. Mais je ne lui avais jamais répondu. J’écoutais chacun de ses messages laissés sur le répondeur, qui me demandaient pourquoi j’étais partie aussi subitement.
Mais je ne pouvais pas répondre.
Je n'en avais plus la force.
Tout avait changé en deux ans.
* * * * *
J'entra dans le commissariat de Denton, d’un pas hésitant.
Je ne savais plus où j'en étais.
J'étais perdue.
Je me sentais mal.
Ma tête cognait et mon estomac faisait des loopings. Je ne comprenais pas comment j'en étais arrivé là. Enfin… Si je comprenais. Mais je ne réalisais pas vraiment. Je n’avais pas eu le temps de digérer la nouvelle, que j’étais partie à la hâte, provoquant l’incompréhension chez tous ceux que je connaissais.
— Bonjour, je peux vous aider ? m’accueillit un jeune homme à l'accueil du commissariat.
J’approcha de quelques pas et balaya la salle du regard à la recherche de la raison de ma présence en ces lieux.
— Je souhaiterais voir le Shérif Melton, s'il vous plaît… chuchotais-je.
— Je suis désolé, mais le Shérif…
— Fox ? Laisses McLean ! s'exclama la voix autoritaire de Jimmy. Je la connais, c'est la nièce d'un ami. C’est un Chasseur comme moi.
McLean, de son nom de famille, me laissa passer en souriant d’un air désolé. Je lui rendis son sourire — qui devait ressembler à s’y m’éprendre à une grimace — et rejoignis Jimmy à la porte de son bureau.
Elle était devenue Shérif un mois avant que je ne la rencontre, lorsqu’elle a aidé le poste de police à tuer des démons qui avaient possédés des personnalités importantes de la ville. Elle aurait très bien pu accepter le poste de Maire que lui proposait l’actuel Maire, mais elle avait refusé. Elle préférait être Shérif puisque ce dernier n’avait pas survécu à son exorcisme.
Naturellement, les autorités de la ville ainsi que le Maire, étaient au courant qu’elle était un Chasseur. Seuls les habitants étaient restés dans l’ignorance, les autorités préférant ne pas créer une hystérie collective.
— Que se passe-t-il ? s'inquiéta-t-elle en voyant mon visage se décomposer de plus en plus.
Étais-je si horrible que ça à regarder ?
— J'ai besoin de vous, chuchotais-je en réprimant un sanglot.
Jimmy soupira avec un sourire maternel et rassurant sur le visage, et me fit entrer dans son bureau avant de refermer la porte derrière moi.
* * * * *
Je fais des allers-retours nerveux dans mon salon en regardant l’heure à la montre autour de mon poignet, lorsque la sonnette de l’entrée résonne à travers le rez-de-chaussée. Soulagée, je vais ouvrir et laisse entrer la fille de ma voisine, de dix-sept ans, que j’attendais avec impatience. Je risque d’avoir cinq minutes de retard au travail…
— Salut Mercy. Comment vas-tu ? demandé-je en laissant entrer.
— Je me suis coltiné une mauvaise note en algèbre, râle cette dernière en entrant. Mes parents viennent de me passer un savon monumental. C’est pour ça que j’ai un peu de retard, désolée.
Je lui adresse un sourire compatissant et vais me préparer un thermos de café pour le trajet en voiture. Je ne peux quand même pas lui en vouloir pour les cinq minutes de retard, alors qu’elle vient de se faire engueuler par ses parents ! La pauvre.
Les parents de Mercy sont des gens très sérieux qui ne supportent pas les gens différents. Certes très gentils avec les gens du coin, ils n’hésitent pas à repousser les nouveaux venus qui n’entrent pas dans leur « critères de sélection ».
Monsieur Darvis, est un comptable qui travaille dans une grande filiale automobile — ma voiture étant celle d’une filiale concurrente, il la regarde en grimaçant à chaque fois qu’il la voit —, et Madame Darvis est une ménagère qui fait partie du comité de parents d’élèves de l’école du coin. Elle a beau être gentille, ne vous y fiez pas. Elle peut être très méchante quand on la vexe. Et elle n’hésite pas à déblatérer dans le dos des mères qui ne lui plaisent pas, et refuser l’accès à une activité choisie pour votre enfant, juste pour vous montrer que c’est elle qui tient les rênes. Une fois, je l’ai entendue dire qu’elle avait empêché un petit garçon de faire partie du club de basket de son école, alors qu’il voulait plus tard une bouse pour le basket à l’Université de son choix. Le rêve de ce petit garçon était de devenir un sportif de haut niveau. Je n’ai jamais vue une femme aussi cruelle. Pourtant, j’ai eu affaire à des démons qui avaient l’air beaucoup plus sympathiques qu’elle.
Les parents de Mercy sont des gens très sérieux qui ne supportent pas que leur fille ramène de mauvaises notes. Ce sont, malgré tout, des gens comme on en voit dans ces films clichés, qui veulent absolument que leur fille vise une grande école prestigieuse. Cependant, Mercy souhaite seulement faire le boulot dont elle rêve. Et je doute que ce soit du genre avocat ou médecin. Mais jamais elle ne m’a jamais soufflé mot de ce que cela pouvait être. Sans doute avait-elle peur que j’en parle à ses parents. Ça pouvait se comprendre.
— Tu veux boire quelque chose ? proposé-je en souriant.
— Un bouillon qui me donnerait la connaissance universelle ? me sourit Mercy.
Je lui adresse un sourire compatissant.
— Je regrette. Tout ce que j'ai à te proposer malheureusement, c'est du café, du thé ou du chocolat au lait. Pour ce qui est de la connaissance universelle, je te conseille de te tourner vers un savant fou.
— Dommage. Je me contenterai de prendre un café alors.
Je lui adresse un sourire amusé et remplis une tasse de café chaud que je lui tends.
— Il dort ?
Je lance un coup d'œil vers le plafond comme si je pouvais y voir à travers et me tourne vers Mercy.
— Oui. Tu ne devrais pas avoir de problèmes. Je n'en ai que pour deux heures de toute façon. Il leur manque une serveuse, alors je vais les dépanner. Donc fais ce qui te plaît. J'ai juste une règle comme toujours…
— Pas d'invité dans cette maison, récite Mercy, amusée. Ne t’en fais pas. En plus je viens de rompre avec mon mec. Il était trop collant. Pour quelqu'un qui voulait du sans attache, je le trouvais trop attaché à moi.
Sur ce point, je ne comprends pas cette petite. Elle a la chance qu'un mec soit fou d'elle et elle le rejette comme un vulgaire déchet.
C’est ironique ce que je dis, quand j’y pense… Moi-même j’ai fui Carl il y a quelques mois de ça.
— Bon… Je me sauve. Si je suis encore en retard, je risque de perdre mon job et n’aurais plus les moyens de payer ces foutues factures. Ton argent est sur la table basse du salon. Bon courage !
— À toi aussi Fox ! s'écrie Mercy qui se laisse tomber sur le canapé.
Je souris en la regardant prendre ses aises comme à son habitude et quitte rapidement la maison.
Je n’ai jamais été adepte de ces gens qui veulent que les jeunes qui leur rendent service, les appellent par monsieur ou madame. Pour ma part, je préfère qu’on m’appelle par mon prénom. C’est plus convivial. Et puis j’aime bien cette petite. Elle est adorable.
Quand j'arrive au boulot, je me change rapidement et me prépare pour prendre la commande de plusieurs personnes qui attendent patiemment. Je pointe mes heures en saluant Henry.
— Salut ma belle. Contente d’être ici ?
— J’aurais préféré rester à la maison…
— Ouais Maddison craint un max. et comme par hasard, le patron aussi est absent. Mon salaire qu’ils s’envoient en l’air.
— Compte pas sur moi, m’esclaffé-je. J’aurais parié la même chose.
— Tu crains Fox ! râle Henry en retournant un steak pour la commande d’un routier installé au comptoir. C’était l’occasion de me faire plus de blé.
Je ris en secouant la tête et vais à la rencontre des clients installés à une table, qui patiente en discutant entre eux.
— Bonjour, souhaitez-vous que je prenne votre commande ?
J’attrape mon carnet de commande, dans mon tablier, mon stylo, et patiente en souriant.
— Nous souhaitons trois cafés…
« Même pas un bonjour… », pensé-je pour moi-même.
— … un chocolat chaud, deux assiettes de pancakes avec du bacon et des saucisses, une assiette de gaufres à la chantilly, et une assiette de crêpes aux Nutella.
« Rien que ça… ».
— Autre chose ? me forcé-je à sourire en notant la commande.
— Non ce sera tout, me sourit le père de famille.
— Très bien. Je vous demande de patienter, je vous apporte ça dès que ce sera prêt.
Je leur fais un sourire, et vais déposer le bon de commande au cuisto dans les cuisines en restant derrière mon comptoir pour avoir une vue sur la salle.
— Comment tu vas, ma belle ?
Il me tend une assiette de frites avec un gros hamburger — qui me met l’eau à la bouche —, destinée au client du comptoir.
Je la dépose devant le routier en lui souhaitant un bon appétit et recule pour le laisser manger tranquillement.
En guise de réponse à la question de Henry, je hausse les épaules et me tords presque le cou pour jeter un œil à l’homme.
— Ils ne m’ont même pas souhaité le bonjour, marmonné-je en m’assurant de ne pas être entendue par les clients de la table en question.
— Les joies du service, soupire l’homme. Tu finiras par t’y habituer.
Je grogne d’agacement et force un sourire en direction de Henry.
— Je trouve ça triste de devoir s’y habituer, comme si c’était à nous de fournir des efforts alors que c’est à eux.
— Quand on est dans le métier aussi longtemps que moi, plus rien n’étonne.
Je soupire d’un air songeur et m’appuie contre le comptoir avant d’adresser un sourire aux enfants de la famille dont j’ai pris la commande.
Au bout d’une heure, la porte du drive-in carillonne en s’ouvrant. Je jette un œil aux personnes qui entrent, pour les accueillir, et remarque alors leurs yeux noirs.
Des Démons.
Mon sang se glace dans mes veines. Que font-ils ici ?
— Henry ? Ça t'ennuierait de surveiller la salle quelques minutes ?
Je me penche au-dessus du comptoir pour chuchoter.
— Il faut que j'aille au petit coin.
Je n’ai pas le choix. Il faut que je m’en aille d’ici de suite. Je m’en veux de devoir les laisser là avec ce sac de nœud, mais il faut que je le fasse. J’espère seulement qu’ils ne souffriront pas à cause de moi.
— Pas de soucis, me sourit Henry.
Je lui fais un sourire forcé en essayant de garder mon calme, et quitte rapidement de restaurant en passant par derrière, après avoir récupéré discrètement mes affaires dans le casier.
Je monte dans ma voiture, et démarre en trombe pour rentrer chez moi. A peine une heure que je suis au boulot, et voilà qu'il faut que je reparte. Je n’ai pas le choix, il faut que je quitte cette ville rapidement.
J’attrape mon téléphone dans la poche de mon jean, et compose le numéro du bureau de Jimmy.
— Shérif Melton à l’appareil. J’écoute ?
— Jimmy, c’est moi ! m’exclamé-je en grillant un feu rouge, provoquant plusieurs coups de klaxon d’automobilistes en colère. Désolée ! dis-je à l’adresse des automobilistes à travers la fenêtre.
— Fox ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Des Démons ! m’écrié-je en prenant un virage serré.
— Des Démons ? Où ça ?
— Ils sont au drive-in où je bosse. Je suis désolée, mais tu risques de recevoir des contraventions à mon nom.
— Pourquoi ? Tu es en train de fuir ?
— Ça fait quinze moi que j’ai arrêté la Chasse et tout à coup des Démons arrivent sur mon lieu de travail ! Tu trouves que c’est un hasard, toi ?
— Très bien, mais sois prudente. S’ils ont trouvé ton lieu de travail, qu’est-ce qui te garantis qu’ils ne savent pas où tu habites ?
« Oh non… Pas ça… »
Je ne prends pas la peine de répondre et appuie sur l’accélérateur pour arriver plus vite. Je n’ai pas de temps à perdre. Il faut absolument que je rentre chez moi.
Lorsque je me gare devant chez moi en trombe, mon cœur ratte un battement, et je me fige net. La porte d'entrée est grande ouverte, laissant apercevoir l’intérieur. Je redoute le pire. Je laisse le moteur allumé et descends.
J'entre sur la pointe des pieds, pour ne pas être entendue, et attrape l'arme qui est dissimulée sous le meuble de l'entrée. Je déverrouille le cran de sécurité et recherche Mercy. Il y a du sang un peu partout dans la maison.
Je déglutis avant de reprendre mes esprits.
Je monte à l'étage silencieusement mais le plus vite possible, et vais dans la chambre contigüe à la mienne en espérant que Mercy s’y soit cachée. Il est toujours là, endormi dans son lit. Comme s'il ne s'était rien passé. Mais Mercy n’est pas là.
Je le lève délicatement et le pose dans son siège. Je suis soulagée qu’il ne se réveille pas. Je ne peux m’empêcher de soupirer en l’attachant dans son siège. Je le porte et descends les escaliers en braquant mon arme en face de moi pour tirer en cas de problème.
Je n'avais pas fait le tour du rez-de-chaussée, trop occupé à chercher James, mon fils, et ma jeune voisine. Mais je la vois là, étendue dans le salon, la gorge tranchée.
Mercy.
Son sang est étalé un peu partout dans mon salon.
Je prends une grande inspiration malgré l’envie de vomir qui me montre à la gorge et m'apprête à sortir, quand un Démon surgit devant moi en me barrant la route. Je pose mon fils et le tourne dos à moi pour qu'il ne voit rien dans le cas où il se réveille. Je brandis l'arme face au Démon, lui pointe en pleine tête et tire. Il s'effondre lourdement sur le sol.
Réveillé brusquement à cause du bruit de détonation de mon arme, mon fils se réveille brusquement et se met à pleurer. Mon cœur rate un battement, craignant qu’il n’attire d’autres Démons. J'attrape mon fils et me précipite à la voiture rapidement. Je l’installe et essaye de le calmer, mais je suis trop pressée par le danger.
Je ferme ma portière et démarre.
Je suis soulagée quand il finit par s'endormir au bout de dix minutes de route. Mais je sais que si ces Démons étaient là pour moi, alors ils ne seront pas les derniers
Je prends une grande inspiration, redoutant cet appel que je n’ai jamais osé passer depuis que je suis partie. J'attrape mon portable et compose le numéro de Carl. A mon grand soulagement, il décroche sans tarder.
— Ici Carl à l’appareil ! répond calmement ce dernier, ne se doutant pas de l’agitation qui m’anime, ni même qui je suis. A qui ai-je l’honneur ?
Sa voix m’a tellement manquée…
« Reste calme… Reste calme… »
J’aurais pu appeler Rodger qui vit juste à côté, mais j’ai besoin de le voir lui. D’entendre sa voix, de voir son visage, de sentir son parfum… Il me manque tellement. Il est une des rares personnes qui a le don de me calmer. L’autre étant son cadet.
Ma voix se fait pressante, alors que je me répétais intérieurement que je devrais rester calme. Pourtant, c’est d’une voix forte et affolée que je lui parle.
— Carl, c'est Fox ! Pitié, ne raccroche pas. Il faut que vous m'aidiez ! Des Démons m'ont retrouvé ! Ils me suivent !
— Quoi ? Où es-tu ?
L’inquiétude de Carl m’apaise quelque peu. Au moins, il ne m’envoie pas sur les roses.
Je regarde la route avec prudence et essaye de rester concentrée. Mais quoi que je fasse, mes yeux se posent sur le rétroviseur pour voir si je suis suivie, alors que s’ils devaient apparaître dans ma voiture, ils le feraient aussi facilement que passer par la portière.
— Je quitte Denton.
— D'accord. Nous sommes à Portland pour une affaire qu’on vient de boucler, m’indique Carl. Penses-tu pouvoir nous y rejoindre ?
Je regarde James dormir dans son siège à côté de moi. Il faut que je m'arrête pour que je puisse l'attacher. Je n’ai pas le choix. Sa sécurité passe aussi par ma conduite.
Je gare la voiture sur le bas-côté de la route et attache la ceinture pour immobiliser le siège auto.
— Je pense que je serais là dans… deux heures environ.
— On t'y attend. Si tu as le moindre souci, fais-le moi savoir.
— Merci, Carl…
Je soupire et raccroche.
Dès que je me suis assurée que le siège ne bougerait pas, je remets mon moteur en marche et trace un trait direct vers Portland. C’est là-bas que je vivais autrefois. Mais j’ai l’impression que c’était il y a des siècles, maintenant. Dans une autre vie. Jamais je ne me serais douté à ce moment-là que je tomberai enceinte et que retournerai vers ce genre de vie à cause de quelques Démons qui — je pense — ne sont pas là par hasard.
Je n’avais pas reconnu le numéro qui m’appelait. C’est pour cela que j’ai décroché. Il arrive souvent que les Chasseurs changent de numéro pour ne pas être retrouvé par les Fédéraux. Mais lorsque j’ai entendu sa voix, affolée de surcroît, mon sang n’a fait qu’un tour dans mes veines. Pourtant, j’aurais été tenté de ne pas répondre si j’avais reconnu le numéro.
Voilà un bon moment que je n’ai pas eu de ses nouvelles. Jamais de sa part. Pas une seule fois depuis qu’elle est partie sans prévenir. Et pourtant, je ne compte plus le nombre de fois où j’ai appelé dans l’espoir qu’elle me réponde enfin, et le nombre de message que j’ai laissé sur son répondeur. Je lui en veux vraiment. Je lui aurais fait comprendre si elle avait eu la décence de décrocher.
Pourtant, quand j’entends sa voix affolée dans le micro du téléphone, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour elle et ma colère s’est quelque peu dissipée. Ou du moins, elle s’est légèrement apaisée.
Suivie par des Démons… pourquoi ? Ça n’a aucun sens ! Pourquoi un Démon voudrait s’en prendre à un Chasseur ? Certes elle est au courant qu’il existe un moyen de tuer Abaddon, depuis qu’elle en a fait le rêve. C’est grâce à elle qu’on savait qu’il en existait un, et c’est grâce à sa Prophétie qu’elle est encore en vie. J’aurais pu comprendre qu’Abaddon soit à ses trousses, mais de simples Démons… ? Que lui veulent-ils, au juste ? Est-ce parce qu’elle est un Oracle ?
À ce propos, a-t-elle abandonné la Chasse ?
Continue-t-elle à se battre contre des créatures maléfiques ?
Ça pourrait expliquer pourquoi elle est suivie par des Démons. Mais dans ce cas, elle ne m’aurait pas appelé d’une voix aussi affolée pour que je lui vienne en aide.
— Que voulait-elle ? me demande mon frère aussi surprit par cet appel que moi. Ça fait un bail qu’on n’a pas entendu parler d’elle.
— Apparemment elle est suivie par des Démons et elle a besoin de nous.
— Elle ne peut pas les Chasser ? s’étonne-t-il.
Lui aussi ne comprend pas. Sa voix paraît sèche. Son départ l’a aussi ébranlé que moi. Il la considérait comme une sœur.
— Ouais… soupiré-je. Je sais que ce n’est pas net. Mais nous aurons des réponses dans environ deux heures.
J’ignore comment va se passer ma rencontre avec Fox. Elle est partie sans prévenir, en laissant un simple mot. Jusqu’à ce que Jimmy me prévienne qu’elle était en vie, je n’avais pas de réponse et elle ne prenait jamais les appels que je lui passais.
Je me sentais mal.
Désespéré.
En colère.
J’ai cru, au départ, qu’elle avait été enlevée par un démon ou une autre créature. Puis quand j’ai vu ce mot sur le matelas de son lit, j’ai été à la fois soulagé et perdu. Je n’ai jamais compris les motifs de son départ.
Mais peut-être que j’aurais les réponses, qui sait ?
Lorsque j'arrive à Portland — au bout d’un peu moins de deux heures à cause de la vitesse —, Will m'envoie un message avec l'adresse du motel où ils sont, une fois que je les ai informés de mon arrivé. Je m’y dirige et gare ma voiture à côté de celle de Carl qui attend, adossé au capot de sa voiture.
J’aimais le voir positionné de cette manière contre cette voiture lorsque je parcourrais le pays avec eux. Ça lui conférait un côté à la fois Bad Boy et sérieux.
Je coupe le moteur, prenant une grande inspiration en lançant un coup d’œil à mon fils à côté de moi, et sors de mon véhicule.
Je rejoins les garçons et suis aussitôt prises dans les bras de Will qui n’a pas hésité à s’approcher de moi. Je suis surprise par son geste, mais ne relève pas. Je pensais qu’il m’en voudrait. Qu’il se montrerait froid et distant. J’étais bien loin du geste chaleureux dont il est en train de faire preuve. Mais peutêtre est-ce une apparence… ?
— Comment tu vas ? m’interroge-t-il.
— Ça va, soupiré-je en lui rendant son étreinte.
Il me relâche et Carl me prend dans ses bras à son tour. Cependant, contrairement à son frère, il reste distant vis-à-vis de moi.
Je comprends son comportement. Après tout, je suis partie sans prévenir et j’ai ignoré ses appels. C’est de bonne guerre.
Je me détache de Carl en soupirant et force un sourire. C'est l'heure de vérité…
— Pourquoi tu es partie ? me questionne Carl comme s'il vient de lire dans mes pensées.
— Heu… Tu peux nous expliquer pourquoi tu as un bébé à l'avant de ta voiture ? nous interrompt Will, il me regarde d’un air intrigué.
Je me tourne instinctivement vers l’endroit où se trouve mon fils et ne peux m’empêcher de sourire.
— C'est… C'est mon fils, avoué-je mal à l'aise.
Les deux hommes me fixent avec des yeux à la fois surpris et abasourdis.
Je recule vers ma voiture pour prendre appuis contre elle pour me soutenir. Je ne me sens vraiment pas à l’aise avec cette situation. Ce n’est pas comme ça que j’imaginais cette conversation, toutes les fois où j’envisageais d’avouer la vérité aux eux frères.
— C'est la raison pour laquelle je suis partie il y a quelques mois, continué-je en marmonnant.
Je tousse pour essayer de dissiper le malaise qui vient de s'installer entre nous et fais le tour de la voiture pour attraper mon fils qui ne dort plus mais qui reste calme dans son siège.
— Viens mon cœur, chuchoté-je en le prenant dans mes bras pour rejoindre les garçons. Carl, Will, je vous présente James. James, je te présente Will et Carl.
Le frère cadet nous regarde silencieusement, puis s'avance vers moi lentement. Il semble rester sur ses gardes.
— Je peux le porter ? hésite-t-il en tendant ses mains vers moi, prudemment.
Je regarde James et de tend finalement à Will en forçant un sourire.
— Je le tiens, m’informe-t-il, en souriant. Merci.
Je lui adresse un sourire, plus rassurée, et lance un regard vers Carl qui reste silencieux et en retrait. Je ne sais pas à quoi il pense, et ça m’inquiète. Se doute-il qu’il est le père de cet enfant ?
— Et si on rentrait se mettre à l'abri ? réplique-t-il enfin.
Je pousse un soupir de soulagement.
— Ouais c'est une bonne idée, répond Will amusé par le petit garçon qui lui sourit.
Je note que Will a l'air plus joyeux depuis qu'il serre son neveu dans ses bras.
Son neveu, sans qu'il le sache… À moins qu’il se doute de quelque chose.
— Ok… Alors… Willy, prends la voiture de Fox, s’il te plaît. Et Fox montera avec son fils dans ma voiture, décrète Carl sans me demander concertation.
Je tourne mon regard vers lui, surprise, mais reste silencieuse.
Sans un mot de plus, il s’éloigne de nous et va chercher le siège de James avant de l'installer dans sa voiture, sur la banquette arrière. Will me rend James en m’adressant une moue désolée et je l’installe dans son siège avant de monter à l’avant du véhicule pour prendre la route l’instant d’après.
* * * * *
Au bout d'une demi-heure, Carl se gare sur le bas-côté de la route et sort son téléphone pour contacter son frère. Il met sur haut-parleur et me tend le téléphone pour que je le prenne.
— Carl ? Pourquoi tu t’es arrêté ? Il y a un problème ?
— Aucun ne t’en fais pas. Continue à rouler, on te rattrapera au prochain arrêt. Fox doit donner le biberon à James.
— Pas de problème. Au moindre ennui, appelles Azriel.
— Compte sur moi.
Il tourne les yeux vers moi et désigne son téléphone du menton.
— Tu peux raccrocher.
Je m’exécute en silence, et prépare le biberon de James avant de lui donner en lui souriant tendrement. Lorsque je tourne les yeux vers son père, je remarque qu’il m’observe silencieusement.
— Désolé, marmonné-je mal à l'aise. Il aurait dû manger il y a une heure. Mais dans l'affolement je n’ai pas pensé à le faire. Je préférais le mettre à l’abris avant qu’un de ces démons ne nous retrouve.
— C'est une première… soupire Carl. J'ai eu des chiens, des démons, des Anges, un Oracle, même un bébé loup-garou. Mais c'est la première fois qu'il y a un bébé vraiment humain dans cette voiture.
Je souris d’un air gêné, et demeure silencieuse.
— Il a quel âge ? s’enquiert Carl en fronçant les sourcils, mal à l'aise.
— Six mois, confessé-je en sentant chaque nerf de mon corps se tendre.
Je remarque alors, que les doigts de Carl se sont crispés sur le volant, son regard dans le vague.
Je sais que ma réponse est une sorte d’aveu concernant la paternité de James. Je sais également qu’il a compris à ma réponse.
— J'ai besoin de savoir. Est-ce que… ?
Je retiens mon souffle quelques secondes, et annonce d’une voix calme et détachée.
— Oui. James est bien ton fils.
Il accuse le coup en regardant droit devant lui.
— Tu es partie parce que tu étais tombé enceinte de moi, comprend Carl dont les jointures de ses phalanges ont blanchi tellement il serre le volant.
— Pour protéger le bébé, continué-je en sentant les larmes me monter aux yeux.
J'ai essayé tant de fois d'oublier ce moment…
* * * * *
— Qui a-t-il, Fox ? me questionna Jimmy en s'asseyant sur la chaise à côté de moi.
— Jimmy… Je suis… Je suis enceinte, pleurais-je alors.
Jimmy m’observa avec surprise.
— Quoi ? M… Mais de qui ?
— De Carl, chuchotais-je en reniflant. Je suis enceinte de Carl.
— Oh là ! Si je m’y attendais… Je ne sais pas comment réagir, là. Que veux-tu faire, Fox ?
Je secouai la tête, les yeux rivés sur mes genoux.
Je ne savais pas ce que je voulais faire, à dire vrai. Tout ce dont j’avais besoin à cet instant précis, c'était qu'on me rassure et qu'on me dise que tout allait bien se passer.
J'avais besoin qu'on me dise ce que je devais faire. Mais je devais me débrouiller toute seule.
— Je crois que je vais le garder, bredouillais-je alors avant de prendre une grande inspiration.
Décidée, je me redresse en hochant la tête.
— Oui, je vais garder le bébé.
C'était sans doute la meilleure chose à faire. Même si je ne savais pas que sept mois plus tard il y aurait des complications et que je ressentirais autant de souffrance pour une si petite chose.
— ARGH ! JE VEUX MOURIR ! hurlais-je en m'accrochant aux barreaux de sécurité du brancard.
J’avais l’impression de me retrouver dans ma vision, en train de me faire déchiqueter par un Cerbère, mais de l’intérieur. La douleur était épouvantable.
— Il faut que vous poussiez encore un peu mademoiselle Blair ! Encore un peu et le bébé sera là ! s'exclamait mon gynécologue en me parlant d'une voix douce pour me rassurer. Vous êtes très forte. Il faut juste que vous poussiez encore un peu !
J'avais envie de pousser. Mais je n'avais plus aucune force. Je ne pouvais plus le faire.
Ma tête tournait.
Tout devenait flou autour de moi.
Je sentais que mon cœur ralentissait.
Je me sentais de plus en plus faible.
J’aurais aimé à cet instant que Will et Carl soient là pour me soutenir. Mais c’était ma faute s’ils n’étaient pas là.
« Carl… Will… Carl… »
— Docteur Bennette, nous sommes en train de la perdre ! s’écriait une sage-femme. Son cœur ralentit !
— Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? discernais-je la voix de Jimmy, affolée.
Heureusement, à défaut de pouvoir compter sur eux de mon propre chef, je pouvais compter sur Jimmy.
Mais je me sentais partir. Tout devenait flou autour de moi, et elle ne pouvait rien y faire.
— Elle n’a plus la capacité de pousser. Il faut pratiquer une césarienne, entendis-je la voix de mon gynécologue qui semblait garder son sang-froid. Nous allons les perdre tous les deux, sinon.
Et ce fût le trou noir.
Quand je me réveillais, j'étais en salle de réveil.
J'étais seule.
— Où suis-je… ? chuchotais-je en levant la tête. Il y a quelqu’un ?
Une infirmière apparaît aussitôt à la porte de la chambre en me souriant.
— Bienvenue parmi nous, Mademoiselle Blair.
— Où suis-je ?
— Vous êtes en salle de réveil. Nous avons dû pratiquer une césarienne sur vous, pour sortir votre bébé. Vous avez perdu connaissance pendant l’intervention. Nous avons été obligés de mettre votre bébé en couveuse. C'est un prématuré. Il a besoin de soin, et vous aussi.
— Est-ce que… je peux le voir ? m’inquiétais-je en fronçant les sourcils.
— Bien sûr, me souriait-elle.
* * * * *
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? me reproche Carl, d’un air froid.
Comment puis-je lui en vouloir ?
— Parce que tu avais d'autres choses auxquelles penser… soufflé-je en regardant le paysage par ma fenêtre. Tu n'es pas du genre à abandonner la Chasse pour assumer un bébé. Tu es un homme qui aime la vie de Chasseur. Tu aimes bouger. Tu aimes te battre et tu… tu… tu t'es fait quoi ?
Je regarde son bras où se dessine une marque rouge, assez spéciale.
Je me glisse sur mon siège et lui attrape le bras pour mieux le regarder, mais il le retire en douceur. De toute évidence, il n’a pas envie d’en parler.
— Oh ! … Ça ce n’est rien, répond Carl, évasif. Et ce n’est pas le sujet de la conversation.
Je soupire en levant les yeux au ciel. Mais je n'ai pas l'intention d'abandonner la partie. Je viens de me rendre compte d’une chose en touchant son bras : je tiens encore à lui. Plus que je ne le voudrais. S’il croit que je vais laisser tomber, il se met le doigt dans l’œil.
Quand on arrive, au bout de quelques heures de routes, Will qui conduit ma voiture ouvre une sorte de passage et entre dans un long tunnel sombre. James se met alors à pleurer.
Je me retourne instinctivement vers lui, et pose ma main sur sa couverture. Je sens le regard en coin de Carl, mais je préfère me focaliser sur mon fils. Automatiquement, il semble se calmer dès qu’il perçoit mon contact.
La voiture s'immobilise enfin au bout d’une minutes ou deux. Je ne saurais dire exactement.
Je commençais à en avoir marre de la route. Je croyais que ça n'en finirait pas.
— Je vais te montrer une chambre assez grande pour toi et notre… et ton fils, marmonne Carl en sortant James de la voiture à ma place.
Je le regarde faire, abasourdie. A-t-il failli dire « notre fils » ?
— Tu veux le reprendre ? me questionne mon ex-amant en me tendant le siège bébé.
— Tu pourrais le porter pour moi s'il te plaît ? mens-je en feignant l’épuisement. Je suis fatiguée avec toutes ces émotions.
— Avoues que tu as perdu la main ! se moque Will.
Je me mets aussitôt à sourire à cette pique destinée à me taquiner.
— Je ne suis pas certaine que le démon que j'ai zigouillé à Denton soit de ton avis.
— Pourquoi il t'a attaqué ? me questionne Will en redevenant sérieux, tandis qu'il porte ma valise de secours à travers les couloirs.
J'en ai toujours une dans le coffre de la voiture pour mon fils et moi dans le cas où je dois partir en urgence. Comme c’est le cas aujourd'hui.
— Ils ont peut-être eu vent de l'identité du père, répliquéje du tac au tac en prenant un air ironique qui ne passe pas inaperçu auprès de Will.
— Quoi ? Comment ça ? Qui est le père ?
Je me mords la langue pour me punir de parler aussi vite. Ce n’est pas de cette manière que je voulais qu’il découvre qu’il était l’oncle de James.
— Sans doute le dernier des abrutis… marmonne Carl en ouvrant une porte sous le regard appuyé de son frère qui semble perdu. Voici ta chambre. Tu peux faire comme chez toi du moment que tu ne mets pas le nez dehors. Ils pourraient essayer de te tuer une nouvelle fois.
Je le regarde tristement et entre dans la pièce. Ce n'est pas le grand luxe avec cette déco épurée, mais je m'en contenterais. Je ne cherche pas l'hôtel cinq étoiles, non plus. Il faut que j'apprenne à sortir de ma zone de confort, si je veux rester en vie. J’ai trop pris l’habitude d’une vie confortable.
— Nous n’avons pas de lit pour bébé pour le moment. Tu penses pouvoir faire avec, cette nuit ? reprend Carl en redevenant sérieux et distant comme je l'ai connu.
— Oui je faisais avec quand j'étais à la maternité. Je n'arrivais pas à dormir sans James. Vous auriez un drap en plus, s'il vous plaît ?
— Je t'apporterais ça, me répond Will en forçant un sourire.
— Comment tu l'as appelé ? me demande Carl qui affichait une surprise évidente.
— Je lui ai donné le nom de votre père… avoué-je mal à l'aise. James Blair-Walher.
— J'ai raté quelque chose ? nous interroge Will, qui ne comprend plus rien.
— Je t'expliquerai après, l'informe Carl qui me devance avant que je n’aie le temps de me lancer dans des explications. Je vais t'apporter un plateau repas, et tu pourras te reposer.
— Merci Carl, soupiré-je en forçant un sourire. Est-ce que je pourrais vous prendre un peu d'eau minérale, si vous en avez ?
Will échange un regard interloqué avec son frère.
— La vie de femme au foyer t’a rendu fragile au point de ne plus boire d’eau du robinet ?
Je lève les yeux au ciel en ignorant la remarque sarcastique de Carl. Je me serais fait la même remarque s’il n’avait pas été question de mon fils.
— C'est pour James. Les bébés de cet âge doivent prendre de l'eau minérale pour leur biberon de lait. Pour éviter les microbes et impuretés qui pourraient les rendre malade.
— Tu n'en as vraiment plus ? me demande Carl inquiet.
— Juste assez pour tenir jusqu'au biberon de neuf heures, demain matin.
L’air de mon ex-amant se fait alors plus doux, si bien que je me demande si je ne suis pas en pleine hallucination.
— On ira t'en acheter demain t'en fais pas, m’assure-t-il en esquissant un léger sourire.
Cela me soulage de le voir enfin sourire. J’ai cru qu’il était atteint d’une cécité du sourire.
— Je vous remercie les garçons, souris-je avant de poser James sur le lit.
Lorsque je me tourne vers la porte pour faire face aux deux frères, ils ne sont plus là.
Je suis allongé sur mon flanc gauche, et donne le biberon à James qui est bloqué dans la pliure d'un drap pour ne pas tomber par terre. Il dort presque, mais il boit goulûment si bien que je dois redoubler de prudence pour m’assurer qu’il ne s’étouffe pas en avalant son lait. Je n'ai jamais réussi à détacher mon regard de lui. À la maternité, je n’avais d’yeux que lui. Il ressemble tellement à son père… Je craignais tellement qu’on me l’enlève, que je n’en dormais que lorsqu’il était contre moi.
On frappe à la porte de la chambre. Deux coups secs et distincts, puis la porte s'ouvre et la tête de Carl passe dans entrebâillement.
— Je peux entrer ?
En voyant son air inquiet, je ne peux m’empêcher de lui sourire pour le rassurer. Depuis quand semble-t-il aussi inquiet de s’imposer de cette manière, alors qu’il y a plusieurs mois de cela, il s’était infiltré par effraction dans mon appartement et m’avait prise en embuscade contre un mur de mon salon ?
— Bien sûr.
Il entre avec un plateau à la main et ferme la porte derrière lui avec son pied.
— Ça va ? Tu n'es pas trop mal installé ?
Je lui adresse un sourire amusé de son inquiétude.
— Non. Ne t'en fais pas. J'ai l'habitude. Enfin… j'ai déjà vécu ça à la maternité.
Je suis mal à l'aise de lui parler de ça. Je ne veux pas qu'il se sente désolé.
Il va au bureau, et se pose sur la chaise.
— Je suis vraiment désolé que tu te sois sentie obligé de ne rien me dire… soupire Carl.
Je fronce les sourcils. Je ne veux pas qu’il se sente coupable. Et je lui dois des explications.
— Je ne savais pas ce que je devais faire et je ne voulais pas que tu te sentes obligé de quoi que ce soit vis-à-vis de moi, expliqué-je mal à l'aise. Et puis après que je sois partie, je n’osais pas répondre au téléphone parce que je n’arrivais pas à couvrir les pleurs de James, et il aurait fallu que je t’explique les choses. Et je craignais ta réaction.
Carl regarde James, pensif.
— Tu peux t'approcher si tu veux, lui proposé-je en souriant.
— Je ne veux pas…
— Viens ! insisté-je. Il ne va pas te manger. Il a déjà un biberon dans la bouche.
Il semble hésiter, mais il se déplace et s'agenouille à côté de son fils.
— Je ne suis pas expert en bébé, mais il n'est pas censé être plus grand ?
— Il est né prématurément, avoué-je, hésitante à mon tour.
Carl fronce les sourcils. Il ne sait donc pas ce que veut dire « prématurément » ?
— J'en étais à mon septième mois de grossesse quand il est né.
— Que s'est-il passé ?
— Et si tu me disais ce qu'il t’est arrivé pour que tu aies la marque de Judas sur ton bras ? lui demandé-je en soupirant.
— Je suis surpris que tu connaisses cette marque.
— Je te signale que je suis la fille d’un Chasseur. La marque de Judas est une malédiction qui a été lancée contre ce dernier lorsqu’il facilité l’arrestation de Jésus. C’est avec la lance du Destin que ce dernier a été tué. C’est parce qu’il a trahi Jésus, qu’il a été maudit. Et au fil des siècles, c’est devenu une dague, mais elle a été perdue au siècle dernier. La légende raconte qu’elle aurait le pouvoir de tuer n’importe quelle créature. Y compris les Êtres célestes. Et ce serait apparemment valable pour Dieu.
— Je dois bien admettre que tu t’y connais pas mal…
— Je te rappelle que ce sont les recherches de mon père qui vous ont permis de trouver un moyen de trouver quelque chose pour tuer Abaddon. Mais je ne m’attendais pas à ce que la marque de Judas soit une sorte de cicatrice laissée sur la peau. Will aussi en a une ?
— Tu ne t'en sortiras pas comme ça, me sourit Carl, amusé. Je ne répondrais que si tu réponds à ma question.
Je lève les yeux au ciel. J'ai oublié combien il peut être autoritaire quand il est sérieux. Et un brin têtu en plus de ça.
— Il y avait une disparition d'enfants à Denton. Jimmy ne voulait pas que je m'en mêle, et j'ai obéis. J'ai mené une vie normale, bien que ce soit compliqué, jusqu'à ce que je me fasse enlever chez moi. J'avais la trouille, et j'ai eu la malchance de tomber sur un Vampire. Je n'ai pas trop eu de choix que celui de me défendre, et Jimmy est arrivé pour me sauver. Et puis j'ai perdu les eaux, comme ça, sur le lieu où le Vampire venait d’être tué par Jimmy. Tu peux me croire quand je te dis que les douleurs de la Chasse ne sont rien comparé aux contractions.
Je marque une pause en ricanant doucement, avant de reprendre d’une voix plus claire.
— Les contractions sont vraiment horribles. Mais ce n'est rien quand on apprend que le bébé ne peut pas sortir parce qu'on est trop faible. J'étais trop épuisée pour pousser, et j'ai fait un malaise en plein milieu de l'accouchement. Ils ont dû me faire une césarienne.
— Une quoi ? me demande Carl interrogatif.
— Ils m'ont ouvert le bas du ventre pour sortir le bébé. Mon ventre n'est plus le même. J'ai maintenant une longue cicatrice rose qui le barre au niveau du maillot. Je ne pourrais plus m'exposer en maillot de bain, souris-je pour diminuer la gravité de cet évènement.
Carl rit à son tour. C'est bon de le voir sourire.
— Mais c’était nécessaire. Autrement le bébé et moi serions morts tous les deux.
Je prends une grande inspiration pour changer de sujet et refoule ces souvenirs désagréables. Normalement, l’accouchement est supposé être un des plus beaux jours dans la vie d’une maman. Mais on ne peut pas dire que ce soit le cas pour moi. Ce serait plutôt le lendemain, à mon réveil.
— Maintenant à toi, Carl. Tu ne t’en sortiras pas sans répondre à ma question.
Il reprend son sérieux, et je vois ce creux se former entre ses sourcils.
Ce creux qui m'inquiétait toujours quand il apparaissait.
Ce creux qu'autrefois j'avais envie d'embrasser pour le faire disparaître.
— Je ne sais pas si tu es au courant pour Abaddon… soupire-t-il.
— Je te rappelle que dans ma Prophétie elle me tuait.
— C’est vrai. On a découvert dans les recherches de ton père que le seul moyen de la tuer, c'est grâce à la Dague du Destin. Et cette Dague du Destin en question ne peut être contrôlé que si tu possèdes la marque de Judas. C'est Judas en personne qui m’a transféré sa malédiction parce qu'il pensait que j'avais le potentiel pour tuer Abaddon.
— Tu penses que tu vas y arriver ? À la tuer je veux dire.
— Et toi ? Tu penses que je peux y parvenir ? m’interroge Carl, en retournant ma question.
— Je pense que tu le peux. Tu as la capacité nécessaire pour réussir à la détruire. La légende raconte que si tu n'es pas digne de cette marque, elle te tue. Et tu n’es pas mort. Mais ne t’éloignes pas des gens qui te tiennent à cœur. Ils sont là pour te rappeler qui tu es, et combien tu es aimé. Elle va te corrompre et te rendre comme son propriétaire original. Si elle te contrôle, tu deviendras probablement comme Docker. Et sois prudent. Judas a été maudit parce qu’il avait trahit quelqu’un en qui il tenait.
Carl reste silencieux. Je ne sais pas ce qu'il peut bien penser. Je n'aime pas qu'il soit aussi silencieux.
James termine son biberon et s'endort presque aussitôt lorsque je lui mets sa sucette dans la bouche. Carl me prend le biberon, mal à l'aise et me tend le plateau pour que je mange.
— On ne sait pas trop cuisiner. Alors je me suis dit que j'allais te faire un sandwich jambon, mayonnaise, salade et fromage.
Je lui adresse un sourire reconnaissant, et mange mon sandwich. Autrefois, j’aimais bien les sandwichs qu’il préparait. Même si c’était un repas classique, je les trouvais toujours délicieux. Probablement parce que c’était lui qui me les préparait.
— Je suis désolé de t'avoir embarqué dans cette histoire… bredouillé-je après avoir avalé ma bouché.
— Quelle histoire ? Tu étais en danger. Tu n'allais quand même pas régler ça toute seule en prenant le risque de perdre James.
Il a raison. D'autant plus que j'ai eu le premier réflexe de prendre la fuite. À croire que je ne suis doué que pour ça…
— Pourquoi tu n'as pas contacté des Chasseurs qui se trouvaient plus près de chez toi ? me questionne Carl les sourcils froncés.
Je rougis légèrement. En-dehors de Jimmy que j’ai contacté pour prendre la fuite, je n’avais pas songé une seule seconde à demander de l’aide à d’autres Chasseurs que Carl et Will. Pourtant, je suis certaine que Jackson O’ Flaherty m’aurait rendu service avec joie.
— Parce que tu es la première personne à laquelle j'ai pensé, avoué-je, mal à l'aise.
Je pose mon sandwich dans l'assiette. Je ne sais pas si je vais pouvoir terminer mon repas.
Quant à Carl, sa mâchoire se crispe, mais il reste imperturbable.
— Écoute Carl. Je ne m'attends pas à ce que tu fasses comme si je ne m'étais jamais enfuie pour mettre au monde ton enfant sans te prévenir. J'accepte mon erreur et je vis avec. Je ne m'attends pas non plus à ce que tu agisses comme un père pour James. Je ne te demande pas tout ça.
Face à son silence, je lève les yeux en secouant la tête, et commence à me lever pour ranger mes affaires dans mes sacs.
— Que fais-tu ?
— Je crois que n'aurais jamais dû venir… maugréé-je en enfouissant des affaires à la va-vite dans mon sac, sans prendre la peine de ranger correctement.
Mes mains tremblent, tellement je suis sur les nerfs.
— Il est hors de question que tu t'en ailles, m'interrompt Carl en vidant le contenu de mes sacs à mesure que je les remplis.
— Que fais-tu ? râlé-je.
— Je t'empêche de faire une connerie qui vous mettra en danger, James et toi.
Je me plante face à lui, les poings sur les hanches et le regarde avec mécontentement le temps qu'il finisse de ranger mes affaires.
— Tu sais que si je veux partir, tu ne pourras pas me retenir ?
— Ne t’en fais pas pour ça. Tout le monde a pu constater tes capacités à prendre la fuite en douce, rétorque Carl en se tournant vers moi.
Je recule d’un pas, sentant une pointe me transpercer le cœur.
Ses mots me blessent, mais je sais qu'il a raison. J'ai agi comme une gamine les deux fois où j'ai pris la fuite. Même si, en définitive, il n'y a eu qu'une seule fois. Je ne me suis pas enfuie quand je suis tombé sur mon ex. Je savais à quoi m'attendre, mais je m'en suis tiré avec quelques bobos tout de même.
Après, si Carl est au courant, c'est parce que j'ai été obligé de tout leur raconter. Mais j'ai passé sous silence mon aventure avec celui-ci. Même si ça ne nous a pas empêché d'en avoir une quand même. Résultat, j'ai un bébé de six mois maintenant, et il a un père qui n'en est pas vraiment un.
Je me laisse tomber sur le lit, assise, en regardant Carl tristement.
— Excuses-moi… soupire-t-il. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
— Ne dis pas de conneries, tu veux ? le contredis-je à mon tour en me frottant le front. On sait pertinemment tous les deux que c'était ce que tu as voulu dire. Et je ne t’en veux pas.
— Je vais te laisser te reposer, marmonne mon ex en posant mon sac vide sur le bureau. Ne fais rien de stupide cette nuit Fox. N’oublie pas qu'on ferait n'importe quoi pour vous protéger, Will et moi.
Je tourne la tête vers James, en ignorant la remarque de son père, et le laisse quitter la chambre en silence. Je décide de finir mon sandwich et d'aller me coucher.
J’ignore qu'elle heure il est quand je me réveille. Il n’y a pas de réveil dans cette chambre. Mais je sais qu'il est tard. C'est déjà ça.
Je me tourne et constate que James n'est pas avec moi. Ni le siège bébé. Je fronce les sourcils, et me lève d’un bond pour partir à sa recherche. J'ouvre la porte de ma chambre et entends la voix de Will.
— Tu ne veux pas que l'un de nous reste avec Fox, au cas où ?
Je n'entends pas la réponse que Carl lui donne.
Je soupire et quitte la chambre à la recherche de mon fils. Je ne mets pas longtemps à le trouver. Il est en compagnie des deux frères, qui préparent leurs sacs.
Je les interromps en m’approchant de James, sans prendre la peine de me demander si la conversation était confidentielle ou non.
— C'est donc ici que tu te trouves, souris-je en détachant mon fils pour le prendre dans mes bras.
Will se tourne vers moi en souriant, en fourrant des armes dans son sac.
— Oui, on s'est permis de le prendre parce qu’il pleurait.
— Willy lui a donné le biberon, ajoute Carl en regardant distraitement son sac.
Son frère tourne les yeux vers lui, les sourcils froncés, mais ne relève pas. Je me demande alors si Carl dit la vérité, ou si c'est lui qui s'en est occupé.
— Eh bien, merci… souris-je. Je ne l'avais pas entendu pleurer. Ces quinze mois loin de vous, m'ont fait prendre de mauvaises habitudes je crois.
— Il fallait rester avec nous, dans ce cas ! rétorque Carl avant de grimacer de regret.
— Carl ! lui reproche aussitôt son frère.
Ce dernier soupire en fermant les yeux, l’air de regretter ses paroles.
— Désolé. Ce n'est pas…
— Ce que tu voulais dire, le coupé-je, vexée. Oui, tu te répètes là.
Carl se tourne vers son frère, comme s’il voulait avoir une conversation avec lui. Je décide donc de les laisser seuls pour aller dans la cuisine, pour me préparer une tasse de café et un bol de lait aux céréales.
Quelques minutes plus tard, tandis que je déguste mon déjeuner, Will me rejoint dans la cuisine en forçant un sourire.
— On a fait quelques courses pour James, m'annonce-t-il en souriant, l’air fier de lui.
Je remarque alors les bouteilles d'eau minérales, et le lait en poudre. Carl a dû remarquer et retenir ce que je donne à James, grâce à la boîte de lait que j'ai laissé sur mon bureau.
— C'est gentil à vous, merci, souris-je touchée de l’attention.
— On a déjà été amené à nous occuper d'un bébé mais c'était un loup-garou. Mais bon… je crois que c'est la même chose pour les couches, et le lait.
— Je pense que oui. Merci Willy.
Il m’adresse un sourire amusé.
— Ça fait longtemps que je ne t'avais pas entendu m'appeler comme ça.
Un silence s’installe dans la pièce, tandis que je le regarde se préparer une tasse de café. Probablement pour meubler le silence ou pour se débarrasser de la gêne que je le vois afficher sans qu’il ne doive en avoir conscience.
Je pense que je devrais faire quelque chose pour le mettre plus à l’aise et pour qu’il ne réfléchisse pas à une échappatoire et me laisse seule.
Je me rends compte que leur présence m’avait manquée.
— A ce propos… Je suis désolé de m'être enfuie sans vous prévenir autrement que par l’intermédiaire un petit mot.
Le Chasseur se tourne vers moi et affiche un air compréhensif. Je ne peux m’empêcher de me sentir soulagée. Il était mon meilleur ami avant que je ne décide de mettre les voiles.
— Ne t'en fais pas, j'ai compris. Mais je pense que tu devrais le dire à Carl que c'est son fils.