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'Dérives intérieures' est une introspection sur le sens de la vie et du temps qui passe, sur les couleurs douces-amères des sentiments. Les mots s'étalent sur une palette et passent du sombre au clair, teintés parfois de tristesse mais aussi d'humour et de joie, comme le sont nos heures et nos vies.
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Seitenzahl: 32
La couleur des roses
La nuit tombe
Berce-moi
Le magnifique
Ta main
Soleil
L’herbe verte
Sous la douche
Être toi
Grammes
Les tournesols
Je suis mille
Anniversaire
Baiser d’avril
Le manchot
Chatte
Sirius
Les Naufragés
La baffe
Sucre
Parle-moi d’amour
Square
Les enfants épuisés
Si tu me donnes
L’épave
Rendez-vous
Empreintes
Assise
Magnétique
Lignes
Bord de mer
Sur l’estrade
Les pôv’ gens mourus
Les habits noirs
Immobiles
Chantilly
La carapate
Survivre à la nuit
Victime
A l’oubli
Je vais te dire la vraie couleur des roses.
Elles sont noires comme la nuit et n’ont aucun parfum.
Un poète les colore, les parfume et compose
Pour nos coeurs affamés un fabuleux festin.
Il est ainsi des roses,
Comme de toutes les choses,
Les poètes révèlent les fleurs de nos jardins
Et rendent tout possible dans ce monde inhumain.
Dès que la nuit vient à tomber,
C'est moi qui vais la ramasser.
Je sors quand elle se casse la gueule.
Oui, c’est moi et je suis le seul
A faire ce singulier métier.
Il doit manquer quelques crochets
Dans le sombre rideau du soir,
Alors il n'arrête pas de choir,
Et moi sans cesse je le remets
Bien en place pour cacher le ciel
Luisant des rayons du soleil.
Je suis l’accrocheur de la nuit,
Je veille sur l’obscur linceul
Pour que le monde fasse son deuil
Du jour qui vient de succomber.
Bien sûr j’en tire des avantages,
Je récupère quelques nuages
Ainsi que des poussières d’étoiles
Tombées des ténèbres du voile
Que je revends à des poètes.
Je suis l’accrocheur de la nuit,
Je veille jusqu’au matin lubrique
Qui lève de son oeil impudique
Les jupons du monde endormi.
Berce-moi tendrement, ton giron est si doux,
Sur ton sein, doucement, je viens poser ma joue,
Ton regard me protège des abysses de la nuit
Où des terreurs enfouies guettent l’instant propice
Pour m’attirer au fond des affreux précipices
Et ronger ma carcasse de leurs dents en saillie.
Guide-moi jusqu’aux sources insensées de l’espoir,
Ce courant d’onde pure où nos rêves s’abreuvent.
Je voudrais que mes lèvres puissent un instant y boire
Et mes larmes amères se perdre au fil du fleuve.
Tes bras chauds m’enveloppent, me protègent, ils rassurent
Mon coeur vide et flaccide, balafré des blessures
Qu’un fauve impitoyable m’a infligé jadis.
Doux visage d’Echidna à mes yeux sans malice,
Elle était le serpent lové derrière le charme.
Elle m’aura dévoré bien plus que les entrailles,
Mes joies ont succombé au terme des batailles
Et mon sang affadi s’est tari dans mes larmes.
Mon amour, ton ventre est un tapis de mousse.
Je m’y repose, tête posée sur ton gazon soyeux,
Tu exhales un parfum qui chante et m’éclabousse
Mais il se fait bien tard, à quoi bon être heureux.
Berce-moi jusqu’au bout de la nuit corrompue,
Apaise mon sommeil, moi qui suis triste et nu.
Je suis l’enfant malade brûlant sous le sindon,
Serre-moi un peu plus fort, exsude mes poisons,
Berce-moi tendrement, garde-moi dans tes mains,
Je veux tout ton amour, je serai mort demain !
Je fends la foule.
Avec prestance, je déroule
Le long des avenues de Paname.
J’ai rendez-vous avec Madame.
Sourire éclatant sur la face,
C’est du costaud qui se déplace.
Des biceps, du torse, de la cuisse.
Les gens s’écartent, je suis Moïse.
Au loin des éléphants barrissent,
Les cloches résonnent dans les églises.
J’impose !
C’est bien moi que Madame attend.
J’avance sur un tapis de roses.
J’entends sonner des olifants.
Les chiens et les mesquins s’écartent,