Échos du destin - Fanny Lecks - E-Book

Échos du destin E-Book

Fanny Lecks

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Beschreibung

Dans une petite ville Californienne, Swan, une jeune étudiante au coeur brisé, partage un appartement avec le frère de Malone, son ami d'enfance. Bien qu'une attirance mutuelle commence à se dessiner entre Swan et Malone leur fierté commune les pousse à se séparer lorsque Swan décide de quitter l'appartement. Pendant ce temps, dans une métropole trépidante, Alexander, un homme d'affaires ambitieux épuisé par la maladie et les attentes de son père, rencontre Stacy, une hôtesse de l'air qui mène une vie rythmée par les vols. Lors d'un voyage en avion, une connexion profonde s'établit entre eux. Ces deux histoires d'amour, en apparence indépendantes, prennent une tournure inattendue lorsque le destin les entrelace. Les émotions, les défis et les surprises révéleront un lien caché qui unit ces deux couples de manière unique.

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Seitenzahl: 257

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit est illicite, et constitue une contrefaçon aux termes des articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

« La vie n’est pas un problème à résoudre

Mais une réalité dont la vie est faite »

KIERKEGAARD

« Si tu aimes la vie ne prodigue pas le temps,

C’est l’étoffe dont la vie est faite »

Proverbe américain

« L’amour, c’est le soleil de l’âme !

C’est ta main dans ma main doucement oubliée »

Victor HUGO

« Rien n’est plus marquant qu’un premier amour »

Anonyme

Pour tous ceux qui luttent ou qui ont lutté contre la mucoviscidose. Merci à tous ceux qui œuvrent au quotidien au bien-être de leurs patients.

Merci aussi à tous les donneurs et à leur famille.

Bien amicalement Fanny LECKS

Dédicaces

Remerciements

Je remercie toutes les personnes qui me suivent dans mon projet. Un roman est une aventure que l’on ne vit jamais seule. Je remercie mon conjoint qui partage mon quotidien depuis près de seize ans, qui m’a vu passer des heures devant mon écran ou en écrire quelques bribes sur les pages de mon cahier, ainsi que mes trois enfants qui me soutiennent dans cette voie.

Je remercie tous les membres de ma famille et mes amis, pour leur soutien et pour avoir cru en moi. J’espère sincèrement que ce deuxième roman vous plaira tout autant que le précédent.

Je remercie les nombreux sites et témoignages de personnes atteintes de la muco qui m’ont aidée à écrire ce roman. Je remercie également Drôle2type pour sa superbe correction ainsi que mes bêta lectrices pour avoir lu ce texte en avant-première et pour leurs conseils. Merci à mes lectrices et mes lecteurs, en espérant que vous soyez encore plus nombreux pour celui-ci et les suivants. Il est important de croire en soi et en ses rêves, et de les vivre à fond.

On ne vit qu’une fois, alors profitez et croquez la vie à pleines dents.

De la même auteure

TOMARI Tome 1 : Le revoir et revivre

TOMARI Tome 2 : Just Friends

TOMARI Tome 3 : Du rêve à la réalité

Échos du destin

Les murmures d’un soldat

Sommaire

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Malone

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Stacy

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Prologue

Il existe plusieurs approches pour vivre sa vie. La première consiste à croire que rien n'arrive par hasard, tandis que la seconde considère que tout est le fruit du hasard. Pour ma part, j'ai choisi la première option, et il y a une bonne raison derrière ce choix.

Une grande partie de notre existence est souvent accaparée par nos inquiétudes concernant l'avenir : nous redoutons pour notre logement, notre situation financière, ou encore notre travail. Ces préoccupations peuvent nous plonger dans un état d'esprit sombre, morose voire déprimé.

La vie est en réalité bien plus complexe qu'elle n'y paraît. En adoptant un autre regard sur la vie, nous nous rendons compte qu'elle est en notre faveur, et non pas contre nous.

En nous efforçant de profiter pleinement des moments présents en compagnie de nos proches, le voyage de la vie peut être extraordinaire, magnifique, et rempli de sensations fortes. Cependant, il ne sera jamais facile, car la vie ne ressemble jamais à un long fleuve tranquille et paisible.

Alexander et Malone sont deux individus totalement différents. Malone vient d'une famille de classe moyenne américaine, tandis qu'Alexander était issu de l'élite américaine. Qui aurait pu imaginer que leur vie et leurs familles se lieraient d'une manière aussi incroyable ?

Quelqu'un a jadis affirmé que le destin ne dépendait pas des astres, mais de nous-mêmes. Je suis convaincue que tout ce qui nous arrive a une raison d'être. Lorsque nous nous retrouvons sur un brancard à l'hôpital, il est difficile de croire en ce moment-là que la vie est de notre côté, et encore moins pour les personnes qui nous entourent. Je le sais, cette situation n'a rien de remarquable ni de merveilleux à cet instant précis, mais j'ai peut-être été trop hâtive, en sautant des étapes importantes.

Tout a commencé il y a quelques années, bien avant la naissance de Malone, avec Alexander.

Chapitre 1

Alex

Voulez-vous connaître un petit secret ? La plupart des adolescents ressentent ce sentiment d'invincibilité, mais pas comme un super-héros. Non, je parle plutôt de cette invincibilité qui nous pousse à imaginer que demain sera le jour idéal pour commencer à poursuivre nos rêves. On pense toujours qu'il y aura amplement de temps pour atteindre nos objectifs, alors que clairement ce n'est pas le cas. Même après toutes ces années de séances de kinésithérapie et d'hospitalisations, je continuais à le croire. Malgré mon jeune âge, une chose que je sais, c'est que certaines personnes dans ce monde ont déjà tout ou presque acquis, alors que d'autres doivent se battre quotidiennement, sans relâche. Et... croyez-moi, je fais partie de ceux qui se battent.

À mes seize ans, mes parents m’ont appris que mon espérance de vie était de douze ans. Le fait que j’en atteigne seize paraissait incroyable. Je les avais dépassés, me disant que j’étais un super héros. Je trouve très difficile – et présomptueux – de donner une telle information aux parents qui viennent de mettre au monde leur enfant et de leur fixer une date de fin… En fait, personne n’en sait rien.

Quand j’étais très jeune, les progrès ont été très importants ; j’ai été surpris, surtout parce que je sais qu’actuellement beaucoup de patients adultes se portent bien. Ce que je crois maintenant, c’est que mon espérance de vie est inférieure à celle de personnes sans problème de santé. Mais je sais aussi que l’on peut mourir n’importe quand, n’importe où… Mais tout le monde ne vit pas en se disant encore et encore : « Je vais mourir demain ou bien tel jour ». Alors j’essaie de faire la même chose.

Certains de mes amis qui semblaient pourtant en très bonne santé sont malheureusement décédés avant moi. Cela me donne une certaine tempérance et me rappelle que peu importe qui vous êtes, vous ne savez pas combien de temps il vous reste à vivre et vous devez profiter de la vie autant que possible.

Il faut avouer que ce n’est pas facile tous les jours entre les séances de kiné, la batterie de médicaments à prendre au quotidien et les séjours à l’hôpital, ce sont de véritables épreuves mais je tiens bon. Je veux continuer de vivre comme tous les autres jeunes de mon âge. Je rêve de travailler dans l’entreprise familiale un jour, et je sais que je ferai tout pour y arriver.

****

Je suis un fou de sport et surtout de football. D’ailleurs, j’ai été sélectionné dans l’équipe de mon université. Je me souviens que pendant un grand match, le joueur fétiche s’était gravement blessé et l’entraîneur avait conseillé au dirigeant de me faire entrer sur le terrain…

—On devrait faire entrer Alexander.

—Aura-t-il suffisamment de souffle ?

—Il ne reste que trois minutes de jeu.

L’arbitre effectua un signe pour le changement de joueur. Le directeur s’adressa donc à moi.

—Alexander, viens ! Lève-toi !

Je me suis donc rapproché de lui.

—Tu vas entrer. J’ai besoin de toi ici, en milieu de terrain. Tu leur mets la pression. Il faut que l’on marque. OK ? Il faut que l’on gagne.

—Très bien, monsieur.

—Allez, fais-moi plaisir !

Tout en tapant dans ses mains pour m’encourager, les supporters applaudirent l’équipe et je fis mon entrée afin de rejoindre mes coéquipiers. Je me suis placé en milieu de terrain comme me l’avait demandé mon dirigeant. Le coup de sifflet retentit, j’ai contre-attaqué l’autre équipe en taclant mon adversaire et en récupérant le ballon, j’ai couru, la balle bien calée entre mes pieds, je me suis dirigé vers le gardien adverse, j’ai tiré et marqué un magnifique but en plein dans la lucarne. Mon équipe était aux anges.

Pendant que le public me faisait une standing ovation, j’entendis un OH !!! Mes coéquipiers se tournèrent et me virent allongé sur le sol. D’un coup, leurs visages s’assombrirent et le dirigeant appela rapidement les secours. L’ambulance m’emmena aux urgences, puis après une rapide consultation, les médecins me conduisirent de toute urgence au bloc, où je dus subir une importante chirurgie.

****

Mon opération dura plusieurs heures. Le chirurgien rejoignit mes parents qui attendaient dans la salle prévue à cet effet et se plaça face à eux.

—L’opération a été un succès, on le transfère en soins intensifs.

—Merci, mon Dieu, dit ma mère.

—Nous avons tout de même été contraints de lui retirer le lobe inférieur de son poumon gauche. Il aura la capacité de respirer, mais je dois vous prévenir, la maladie progresse. Vous devez vous préparer au fait que votre fils ne vivra probablement pas jusqu’à ses vingt ans.

—Vous nous aviez déjà dit qu’il ne vivrait pas jusqu’à ses douze ans, docteur, précisa mon père.

—Je vous conseille de ne pas le laisser se dépenser outre mesure, parce qu’il n’en a pas la capacité.

—Très bien docteur, répondit mon père.

Mes parents ont veillé près de moi dans cette chambre d’hôpital, priant leur Dieu de me laisser près d’eux. Lorsque j’ouvris enfin les yeux, je vis mon père. Je l’appelai faiblement :

—Papa !

—On est là, mon fils. Tu vas vite te remettre. Tu es un battant.

—Oui père. Je suis un battant.

Il n’y a pas de doute, je suis un battant.

****

Je vivais au jour le jour. J’appréciais la vie à fond, comme si chaque jour était le dernier de mon existence sur cette terre. Un jour, alors que je revenais d’une balade en bateau, à peine avais-je posé le pied sur le ponton que mon ami m’interpela.

—Alex ! On t’appelle de New York.

—J’arrive !

Je changeai de tenue avant de gravir les quelques marches qui me séparaient du bureau de mon ami. Une fois à l’intérieur, je saisis le combiné.

—Allô !

—J’essaie de te joindre depuis tout à l’heure.

—Papa, c’est toi ?

—Oui, Alexander.

—Qu’est-ce qui se passe ? Tout va bien ?

—J’ai besoin que tu viennes à New York pour nous aider à préparer le terrain.

—Quand ?

—Le plus vite possible, le marché devient compliqué et j’ai vraiment besoin de toi là-bas. On te rejoindra dès que l’on pourra.

—OK, d’accord.

Ça, c’était un moment de recul par exemple, où la vie était de mon côté.

Chapitre 2

Swan

Il est 7 h 30, je suis confortablement installée à la table, dans la cuisine. Je savoure lentement mon café et me prépare deux tartines de pain grillées avec du beurre et de la confiture de fraises.

Depuis le décès de ma mère, il y a maintenant deux ans, je passe le plus clair de mon temps chez mon meilleur ami James. Nous sommes même devenus colocataires et de temps en temps, son frère Malone vient squatter la chambre d’ami ; en général, il ne revient jamais seul d’ailleurs, ce qui a le don de me mettre de mauvais poil pour la journée.

En fait, ça fait déjà plusieurs semaines qu’il dort ici… Tout à coup, j’entends la porte de la douche s’ouvrir. James ne va pas tarder à descendre avec ce sourire béat sur le visage, celui qu’il porte depuis déjà deux semaines.

Celle qui en est la cause s’est Betsy, sa petite amie. Elle est plutôt sympathique, mignonne et elle est comme moi : on a des formes ! On ne les cache pas sous un tee-shirt beaucoup trop large, non. On assume totalement nos petites rondeurs.

J’entends la porte de la salle de bain s’ouvrir, suivie par des bruits de pas dans l’escalier, jusqu’à ce qu’il arrive face à moi. Je reste totalement muette, parce que celui qui se trouve devant mes yeux n’est pas James, non, mais son frère Malone. Il est cool, sympathique aussi ; malheureusement, c’est un vrai phallocrate 1. C’est simple, il ramène une fille différente tous les soirs.

Je ne saurais comment qualifier notre relation. On va dire qu’avec le temps, elle est amicale. Enfin... je fournis des efforts pour James. Du moins, c’est ce que je me dis pour m’en convaincre. Lorsqu’il arrive près de moi, je lui sers un sourire faussement chaleureux et me recentre sur mon café.

—Salut, la grincheuse !

—Merci, pour le compliment ! Je ne savais pas que tu serais là Malone !

—Je le suis… déçue ?

—Euh… non… pourquoi le serais-je ?

Il s’approche et m’embrasse sur le front, comme tous les matins quand il est là et que je me lève, puis il hausse les épaules en guise de réponse.

Il entre dans la pièce et comme à son habitude, son parfum musqué fait irruption avec lui dans la cuisine ; je respire cette odeur entêtante. Les cheveux avec cet effet coiffé/décoiffé, son sourire ravageur et ses yeux couleur émeraude, si pénétrants... Je ne lui accorde pas plus d’intérêt. Du moins, j’essaie !

—Swan, je pourrais avoir un café, s’il te plaît ?

Avec ce petit sourire qui fait ressortir sa petite fossette que j’aime tant. Avec mon index, je lui désigne le placard.

—Malone, si tu veux un café, tu sais où se trouvent les tasses, lui répondé-je avec un petit sourire moqueur.

Sur mon front, je sens encore le baiser qu’il m’a déposé il y a quelques minutes. Il continue de me réchauffer, grâce à son passage sur ma chair. À vrai dire, chacun de ses baisers matinaux marque ma peau d’une teinte indélébile, comme mes tatouages. Mais comme à chaque fois, je ne laisse rien paraître.

—Alors, la victime d’hier ?

—Comme d’hab !

—Tiens, elle m’a laissé son numéro pour toi.

Il attrape le morceau de papier, le froisse avant de le jeter à la poubelle.

—Ce serait bien qu’un jour tu arrives à en garder une plus d’une nuit.

Il m’offre une de ses moues dont lui seul a le secret ; son éclatant sourire en coin. Je suis telle une gamine devant ce rictus torride et dans ma tête, cette petite voix qui panique dans tous les sens, me suppliant de ne pas agir comme toutes les potiches qui passent leur unique nuit ici. Mais ma petite voix commence à flancher du côté obscur en me sortant d’un coup un : ohlàlà, terrible ! Je me dis : « c’est bon ! Je suis totalement foutue si jamais ma raison part en cacahuète, elle aussi ».

Ce haussement de lèvres me ramène directement sur cette merveilleuse fossette sur sa joue droite. Je suis sûre qu’elle a scellé un pacte avec Belzébuth. Remarque, je suis certaine qu’elle demeure une arme infaillible, comme celle qu’il utilise pour amadouer les profs qui ne lui auraient pas mis la note tant espérée.

—Je ne suis pas fait pour ce genre de trucs désagréables et vieillots ; et de plus c’est complètement désuet.

—Tu devrais essayer, ça éviterait que je ne me retrouve mêlée à tes conneries.

J’aimerais bien moi aussi me trouver quelqu’un, mais aucun homme ne m’intéresse parce que ce bellâtre en face de moi m’a totalement envoûtée. Je suis telle une marionnette qu’il manipule à sa guise ; enfin presque, j’ai encore toutes mes facultés quand je me contrôle. Il est attirant au possible, ce qui ne m’aide pas. Il incarne une sensualité venant d’un autre monde, et je suis certaine que ses charmes naturels pourraient enflammer l’Antarctique. Quand son regard se pose sur moi, avec ses yeux émeraude, il me transperce. J’en perds ma raison et toute forme de dignité. Il me fout l’estomac et toutes mes tripes sens dessus dessous, et ne laisse de moi qu’une personne disgracieuse de concupiscence.

Il a très bon caractère, ce qui ne m’arrange pas du tout : certes, il peut se montrer attachant, bon blagueur ou bien une vraie tornade assourdissante, mais il n’en est pas moins affectueux, émotif et indéniablement très séduisant.

Il rit bêtement, visiblement heureux de me faire du tort, puis il se penche vers moi en posant ses coudes sur la table et pose son visage entre ses mains.

—Je t’ai déjà dit que tu es craquante, quand tu pestes ?

Mon majeur relevé lui ordonne de la fermer. Son petit clin d’œil m’indique que lui, en revanche, n’en a strictement rien à foutre. Il sort une tasse du placard, puis la place devant la machine à café et prépare son expresso. J’en profite alors pour prendre une grande inspiration et lui avouer enfin ce que j’aurais dû lui dire il y a maintenant plus de trois semaines.

—Au fait, je vais bientôt partir.

Ses épaules se redressent légèrement.

Serait-il stressé ? Dans tes rêves, ma fille, oui !

Le truc, c’est que lorsque nous avons des sentiments pour une personne, nous interprétons tout ce qu’elle pourrait dire ou faire à notre manière. Malheureusement, c’est une chose plutôt récurrente avec Malone. Il est très galant, mais surtout très émotif. Lorsqu’il s’adresse à moi, il met toujours sa main sur mon bras ou autour de mon cou. Au début, je pensais qu’il était en mode drague, mais avec le temps, je me suis rendue compte que c’était sa façon à lui de fonctionner, que c’était naturel et en tout cas, que ça ne me concernait pas du tout. Et comme toujours, je me suis encore gourée, il n’est absolument pas tendu comme un piquet puisqu’en se tournant vers moi, je découvre sur son visage une moue un tantinet amusée.

—Est-ce que le fait que je ramène beaucoup de filles t’embête ?

—Plutôt la tête qu’elles font quand elles comprennent que tu n’es qu’un bouffon.

—Très bien, dans ce cas, il va falloir parler du vrai problème: quand vas-tu arrêter de te servir de ma tasse préférée ?

Oh ! La bourde ! Sa tasse ! J’ai failli l’oublier celle-là ! Ce devait être il y a un mois à peu près. James n’était pas présent du week-end et monsieur en a profité pour faire venir une de ces conquêtes d’un soir et cette andouille a foutu le bordel toute la nuit, ce qui fait que je n’ai pas fermé l’œil une minute. Et bien sûr, vous me comprenez, vous savez comment sont les femmes qui ne font pas leurs nuits complètes, elles sont plus qu’exécrables... J’ai donc voulu prendre ma petite revanche, qui a fait rager un Malone plus que furax pendant des jours.

Vous allez me demander « quel est le rapport avec sa tasse ? » ...

J’affiche mon plus beau sourire rien qu’en me remémorant les insultes qu’il m’a lancées à travers la porte de ma chambre, lorsqu’il a découvert que j’avais pris un malin plaisir à rincer habilement mes pinceaux pleins de peinture dans sa tasse fétiche. Oui, on est d’accord, il a fait un caca nerveux pour pas grand-chose. Mais je savais que l’utiliser le mettrait en rogne et j’avais vraiment envie de l’emmerder comme lui avait pu le faire cette nuit-là.

—Ne t’inquiète pas ! Je pars bientôt ! répondé-je calmement. Je m’en vais à la fin de l’été.

Il me regarde avec ses sourcils remontés, d’un air totalement désorienté.

—Tu plaisantes ?

—Non, pas du tout. J’ai été acceptée dans une université à New York qui est une super grande ville comme je les aime et j’ai pensé que cela me ferait un bien fou de changer d’air.

Il sait à quel point j’aime les grandes villes et tout ce qui les anime.

Il ne pourra à aucun moment se rendre compte que je lui raconte des salades, et c’est tant mieux : il est hors de question de le mettre au courant de la vérité. Je ne suis pas folle au point de lui avouer que j’ai totalement craqué pour son charme légendaire, et que j’en ai assez de me comporter comme une petite fille frivole et naïve. Lui et moi sommes amis, point final.

Au début de notre rencontre avec James, il m’avait prévenue. Il avait établi des règles simples à suivre, dès le début : aucune idylle avec un de ses frères, sous peine de perdre son amitié pour toujours. Il sait à quel point notre amitié est importante pour moi. Je me suis donc limitée à mon rôle de meilleure amie. La partie la plus frustrante de l’histoire est le fait que cette relation soit aussi platonique et en même temps, le meilleur choix possible : ouais, le gros dragueur lourdingue, ce n’est pas du tout pour moi.

—Je comprends, il hoche la tête amèrement après un long silence.

Il porte la tasse à ses lèvres et boit une gorgée de son café. Son regard émeraude plongé dans le mien est d’une insolence à faire peur. Heureusement que j’ai croisé sa conquête d’un soir sinon, cette façon démente qu’il a de me scruter me ferait fondre aussi vite que du chocolat en plein soleil. Ses yeux sont une invitation au délit.

—Écoute, si tu as besoin de moi, je te donnerai un coup de main. Je sais que tu possèdes beaucoup de romans en tout genre et des meubles assez encombrants, ma carrure pourrait bien t’être très utile.

Voilà comment me planter un couteau en plein cœur et en toute innocence. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me supplie, mais je n’aurais jamais pensé qu’il me proposerait de me donner un coup de main pour que je puisse partir plus rapidement. Au final, c’est l’impression qu’il me donne et je ne veux pas lui montrer que ça me touche.

—Tu veux parler de ces machins ridicules et tout flasques qui te servent de bras ?

OK ! Je suis une vraie grosse menteuse. En réalité, il est bâti tel un Dieu dans la mythologie grecque.

Soudain, je le surprends en train de me reluquer. Ses yeux s’attardent sur mes bras dénudés sous le débardeur Disney de mon pyjama en coton. Il fronce les sourcils d’un air moqueur.

Ouais, je l’admets, je suis plus dans le genre de Bambi que de Baloo, mais comme à mon habitude, je ne laisse rien transparaître.

—On en rediscutera ! m’annonce-t-il.

Je vais encore m’en prendre plein la binette avec cette histoire ridicule. Malone dépose sa tasse dans l’évier, puis il contourne le bar et m’embrasse une nouvelle fois sur le front. Ce deuxième baiser n’est pas normal...

OH ! QUE NON !

Il ne s’en contente que d’un seul d’habitude, pas deux. Mais qu’est-ce que cela peut vouloir dire ? J’ai même l’impression que c’était plus tendre que la première fois, un peu plus… je ne sais pas.

La seule chose que je sais, c’est que je dois à nouveau endurer son délicieux parfum qui enivre tous mes sens avant qu’il ne quitte la pièce en me souhaitant une très bonne journée.

Encore deux mois et je serai complètement libérée.

Je me donne une tape mentale pour redevenir un peu plus sérieuse, et pouvoir contrecarrer cet homme en me répétant que je peux le faire sans soucis. Je suis une battante !

J’ai la désagréable impression que je ne vais pas y arriver, surtout avec cette merveilleuse odeur qui persiste dans mes narines. Tous mes sens sont sens dessus dessous.

Bon sang ! Swan... arrête et reprends-toi !

J’envoie un petit message à James afin de pouvoir se voir ce soir pour discuter devant un bon repas, comme on en avait l’habitude avant qu’il ne rencontre Betsy. Ça me fera oublier la matinée avec Malone. Enfin j’espère.

1 Phallocrate : personne qui considère les femmes comme inférieures aux hommes.

Chapitre 3

Malone

Avant la colocation

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec mon meilleur ami Piers.

En ce début de mois de juillet, les températures sont plus respirables le matin. Il fait beau, la météo nous est favorable pour réaliser de belles figures en skate, je suis donc allé chez Piers pour lui faire bouger les fesses de son canapé et par la même occasion, de son jeu vidéo.

En entrant dans sa maison, je l’entends proférer des jurons contre son écran, ce qui a le don de me faire sourire.

—Allez mec ! Bouge tes fesses de ton futon, on y va !

—Tu peux me dire qui va conduire ?

—Ben toi ! Je n’ai pas mon permis.

—Il faut vraiment que tu penses sérieusement à le passer.

—OK, j’y penserai, mais là tout de suite, on va au spot2.

Après de longues négociations, il n’a pas eu d’autre choix que de venir avec moi rejoindre les autres gars de la bande. Nous nous dirigeons vers notre terrain de jeux préféré, le spot, afin d’effectuer quelques tricks3 sur fond de musique bien en rythme. J’effectue mes enchaînements à la perfection, mais à force de faire le mariolle, je finis par faire une chute tout en réalisant une figure de malade. Je n’en reviens pas. Je reste allongé longtemps sur le sol sans bouger, en essayant de me remettre de mes émotions avec cette superbe figure.

D’un autre côté, mes potes, eux, sont vraiment en train de flipper. Jusqu’au moment où j’écarquille les yeux en m’esclaffant et en lâchant un :

—Vous avez vu ce catcher4 de malade ? Avec ce trick. Je vous ai tous tués, les mecs !

—Arr ! Malone, t’es con ! Tu nous as fait flipper, andouille !

—Ne… refais… plus jamais… ça ! me prévient mon ami Piers.

Vu la tête qu’ils tirent ainsi que le regard terrifié qu’ils posent sur moi, je pense que je suis allé un peu trop loin. Mon frère aîné Josh m’interpelle à ce moment-là :

—Malone, on y va !

—OK, j’arrive dans cinq petites minutes !

—Non, tout de suite !

Je quitte donc mes potes, tout en me dirigeant vers lui en observant le regard furax qu’il me renvoie.

—Il faudrait que tu songes à passer ton permis un jour, j’en ai assez de faire le taxi.

—Je vais y penser.

Il a été missionné par mon père pour me raccompagner à la maison. Il est plutôt froid avec moi et je sais que c’est en partie à cause de mon manque de sérieux. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête enfin… à part avec mon père.

Lorsqu’on arrive devant la maison des parents, je lui propose de venir boire un verre sur la terrasse avec moi. Malheureusement, il refuse, c’est son choix et je le respecte, mais j’aurais tellement aimé avoir une autre relation avec lui. Je ne lui en veux pas. Je pense que notre père n’a pas été tendre avec lui non plus.

Lorsque je franchis le seuil de la porte, mon paternel râle devant un match de foot qui passe à la télévision. Je me dirige vers ma mère afin de lui déposer un baiser sur la tempe, puis vers la cuisine où une collation m’attend, ainsi qu’une enveloppe. En me rapprochant, je constate que c’est un courrier de l’université de Southern California Institut Of Architecture (USCIOA) qui est posé juste à côté du plat. J’ai une boule au ventre, car en voyant le regard de mes parents, ce n’est pas une bonne nouvelle.

Je sors la lettre de l’enveloppe et commence à la lire. Je me rends vite compte que je ne suis pas accepté dans la même université que Josh, mais dans celle de James. Bien entendu, mon père ne serait pas ce qu’il est, s’il ne m’avait pas fait une remarque.

—Si tu avais bossé plus sérieusement, au lieu de faire le clown comme toujours, eh bien tu aurais été accepté !

C’est avec cette même boule au ventre qu’à l’ouverture du courrier que je me dirige vers ma chambre. Et rien de mieux quand je suis dans cet état que de me poster devant mon écran avec une manette entre les mains, afin de décompresser sur mon jeu vidéo préféré. Ma mère m’y rejoint pour me consoler, comme elle en a l’habitude, lorsque l’on se dispute avec mon père. Elle me scrute un instant.

—Il n’a pas été tendre avec toi, hein ?

—Non, mais il a peut-être raison...

—Oh ! Mon chéri, je n’aime pas te voir dans cet état ! Allez, approche-toi et viens faire un gros câlin à ta mère. me fit-elle, les bras grand ouverts pour que je vienne m’y réfugier.

—Je sais ce que tu es en train de faire. Tu profites de la situation pour obtenir un peu plus de moi, hein ! Avoue !

—Malone, je veux que tu te mettes dans la tête que quand les choses ne se passent pas comme tu veux, il y a toujours une bonne raison. Dans la vie, rien n’arrive par hasard, même si on ne le voit pas tout de suite.

Je suis assez dubitatif sur ce qu’elle vient de me dire, donc j’enchaîne.

—Tu ne crois pas que Josh n’aurait pas pour une fois décroché un sourire si j’avais été accepté dans la même université que lui ?

—C’est possible ! Cela dit, on ne le saura jamais, mais peut-être que quelque chose de mieux t’attend à UCLA.

—Ah ! Attends ! Comment, tu as dit déjà ? Ça y est, “parce que la vie est de mon côté, pas contre moi”. C’est bien ça !

—Oh ! Mais regarde ce jeune homme intelligent qui écoute sa petite maman chérie, me fait-elle en se marrant.

—Ouais ! Eh bien, je ne sais pas, c’est bizarre en fait, car lorsque tu me dis des mots, je les entends, lui fais-je en m’esclaffant.

—Hum ! C’est bon à savoir.

Puis on se met à rire plus franchement.

Elle attrape le téléphone qui se trouve sur mon bureau et me le donne.

—Maintenant, tu appelles James et tu lui annonces la bonne nouvelle.

Je saisis le combiné et compose son numéro. Au bout de quelques sonneries, il décroche enfin.

Moi : Salut ma poule, ça roule ?

James : Comment vas-tu ?

Moi : Très bien, je t’appelle pour t’annoncer que ton petit frère, plus beau et plus intelligent que toi, va venir effectuer ses études à l’université de Californie, Los Angeles (UCLA)

James : Bravo, mon frère ! C’est génial ! Je suis vraiment content que tu viennes ici.

Moi : Oui, moi aussi.

Ma mère a raison, je dois croire au fait que les choses n’arrivent pas par hasard.

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Aujourd’hui

Me voilà à UCLA depuis déjà un an avec mon frère James et sa colocataire et meilleure amie Swan… Pour moi, il n’y a rien de plus simple qu’une relation avec une nana : je ne me prends pas la tête : une nuit, une fille. Point barre. Cela évite toute forme de complexité.

Leur numéro ? Je ne les ai jamais rappelées.

Le plus important, c’est cette seule et unique règle, juste une fois, pas plus. Elle est essentielle et ça marche