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Ben et Giulia viennent de deux milieux totalement antagoniques. Cela ne change rien au fait que pendant qu'un se faisait battre l'autre se faisait humilier ce qui les a complètement transformés chacun à leur manière. Malgré tout ce qu'ils ont pu endurer dans leur passé, dès leur première rencontre, ils ont su que quelque chose se passait, mais la vie ne leur laisse pas de répit et des évènements du passé vont refaire surface, ce qui va mettre leur relation en périls. Vont-ils surmonter ce que la vie leur réserve? Seront-ils assez forts mentalement et physiquement pour supporter tout ça? Pourront-ils échapper à la mort?
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Seitenzahl: 267
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Ce roman comporte des scènes susceptibles de heurter la sensibilité du jeune public
Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article L.122-5, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l'article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Forever
Tomari tome 1 Le revoir et revivre (réédition mai 2022)
Tomari tome 2 Just Friends
Tomari tome 3 Du rêve à la réalité
L’une des leçons les plus importantes de la vie est que la peur ne doit jamais devenir une excuse pour ne pas oser quelque chose de nouveau ;elle doit être transformée en une incitation à faire plus et à faire mieux.
Auteur inconnu
PROLOGUE
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
Le réveil sonne, mais mon corps est encore endolori par les coups et les bleus qui ornent celui-ci. Je me retourne afin de vérifier que personne ne se trouve à mes côtés. Je suis soulagé de constater que je suis le seul individu dans cette pièce. Je peine à me lever et à rejoindre la salle de bain pour me doucher.
Lorsque j’y parviens enfin, je constate les dégâts dans le miroir face à moi. — C’est de ta faute ! Pas de la sienne. Tu cherches ce qui t’arrive, tu aurais dû l’écouter. — Tu n’es qu’une merde ! —
J’essaie de me reprendre.
J’enfile un col roulé afin de camoufler mes ecchymoses. C’est une chose qui fait partie de mon quotidien depuis déjà presque dix mois. Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Ai-je été une personne aussi mauvaise que mon bourreau le prétend ? Un tas de questions s’est insinué dans ma tête. Si bien qu’à un moment tout s’est écroulé, mon ami, mon confident est arrivé à temps. Il a appelé les pompiers et m’a conduit au commissariat pour porter plainte. Je devais également quitter cette maison. Malgré tout, j’avais peur. Peur des représailles ou même ce qu’il pourrait faire à ma famille. Mon adversaire était redoutable. Je n’aurais jamais pensé qu’un jour je me retrouverais dans cette situation. Qu’une personne comme moi pouvait être contrôlée, torturée, battue, humiliée, par ce genre d’individu que l’on pourrait croire, en apparence, doux, gentil alors qu’en réalité cette créature était le diable !
Je l’ai vécu et plus jamais on ne m’y reprendra. À présent, mon bourreau purge sa peine en prison pour plusieurs années. Un soulagement, une renaissance. Il m’est impossible de faire confiance ou d’envisager un quotidien à deux. Rien que l’idée de me livrer me fout la trouille. Une honte me colle à la peau et je dois l’effacer de ma vue comme un besoin capital, vital, un pansement que je ne retirerai plus jamais de la vie.
Je me réveille en sursaut, mon corps tremble, je suis tout en sueur et j’ai le cœur qui palpite à une allure folle. Ce cauchemar était si réel, si oppressant qu’il m'a retourné l’estomac. Je reprends peu à peu mes esprits en écoutant quelques morceaux de musique, ce qui fonctionne plutôt bien, car mon pouls revient peu à peu à la normale…
Déjà 8 h 30 !
Il est temps que j’aille sous la douche afin de redonner un semblant de vie à ce corps.
Je me dirige ensuite vers ma cuisine et bois mon expresso à la hâte, avant de rejoindre mon salon de tatouages. J’ai réussi, avec les années, à me faire une belle réputation dans le métier et il m’arrive très souvent de participer à des conventions comme celle qui aura lieu à Lille l’année prochaine. Il faut impérativement que je me prépare en trouvant déjà le modèle idéal, ainsi que le stigmate qui reflète à la perfection sa personnalité. Pour le moment, ce n’est pas gagné, car je n’ai ni l’un ni l’autre.
Le directeur du Mondial Café, Mick, nous a sollicités pour donner un mini concert le week-end prochain pour l’anniversaire de l’ouverture de son pub. Bien entendu, nous n’avons pas hésité à lui donner notre accord immédiatement. Avec le temps, cet endroit est devenu notre QG et le patron est un très bon ami.
Comme nos charmants petits couples ne sont pas très présents, j’ai fait appel à Bastian et Raphaël, les deux potes de Freddy, pour les remplacer. Ils ont vraiment du génie et je pense les intégrer complètement pour combler le vide que nos tourtereaux ont laissé. S’ils souhaitent tout de même participer, on ne sera pas de trop, surtout avec les talents de chacun.
Je quitte mon duplex pour rejoindre le salon de tatouages où Freddy m’attend déjà. À mon arrivée, je lui adresse un hug1amical puis j’ouvre la boutique et nous nous dirigeons vers la réserve. J’allume mon ordinateur et nous discutons des derniers détails afin de parfaire son dessin sur mon logiciel, ensuite, je pourrai réaliser un bon stencil en utilisant un thermocopieur, une sorte de photocopieuse qui travaille les bases de l’effet de la chaleur, avec lequel je pourrai générer une copie sur la surface de sa peau. Ainsi les diverses parties à ombrager ou à colorier seront délimitées.
Mon assistante, Sandy, entre dans la boutique afin de se préparer. Elle se lave les mains, puis enfile son tablier et dépose les cartouches d’encre ainsi que les différentes aiguilles sur la tablette. Quand enfin elle est prête, la voici toute rayonnante devant un Freddy tout disposé à tout ce qu’elle désire, mais il n’est pas du tout son genre. Elle préfère les femmes, autant dire que mon pote se fatigue pour rien.
Après trois heures de recherche, nous avons réussi à nous mettre d’accord sur la finalité de son dessin et je pourrai débuter celui-ci d’ici une petite semaine. Freddy et moi sommes invités à déjeuner chez Candice et Ray ce midi. Nous prenons la voiture afin de nous y rendre.
Au bout de quelques minutes de route, nous arrivons et nous nous garons dans leur allée. À peine avons-nous franchi le perron que déjà une bonne odeur se dégage de la maison et s’infiltre dans nos narines. Je sens que nous allons nous régaler.
Nous n’avons même pas le temps de frapper que la porte s’ouvre sur Ray.
⎯ Salut, les gars ! Alors quoi de neuf ?
⎯ La routine, mais nous avons enfin le dessin final pour ce grand barbu, lui dis-je, en désignant le bassiste.
Il a une carrure imposante, ses cheveux ainsi que son bouc sont de couleur ébène. Ses yeux émeraude ressortent avec son teint hâlé. Nous nous sommes mis à rire tout en nous faisant un chaleureux hug amical.
⎯ Alors, tu as trouvé ton modèle pour Lille ?
⎯ Non, pas encore, mais je ne désespère pas.
Candice nous rejoint en nous donnant une grosse accolade.
⎯ Ça me fait tellement plaisir de vous voir. Nous n’avons plus l’occasion de nous retrouver aussi souvent qu’avant, nous dit-elle en nous serrant dans ses bras.
⎯ Ce n’est pas de notre faute si vous avez décidé de vivre comme des ermites, répliqué-je.
⎯ Entre le boulot et le quotidien, il n’est pas forcément évident de tout concilier, me balance-t-elle. Tu comprendras quand tu auras trouvé la femme qui fera chavirer ton cœur.
⎯ Tu as sûrement raison, lui réponds-je. Puis je change de sujet, car je n’ai aucune envie de leur donner des explications sur ma vie amoureuse chaotique. Au fait, nous avons choisi les différentes musiques que nous allons interpréter lors de la soirée d’anniversaire.
⎯ Oh ! Tu vas nous en dire un peu plus autour d’un apéritif, me fait-elle avec un grand sourire accompagné d’un clin d’œil.
Nous nous dirigeons vers le salon où nous prenons place sur le canapé qui se trouve face à la table basse. Elle est garnie de petits aspics, de verrines, de cacahuètes, de chips… Ray revient avec des bières et un cocktail pour sa femme.
Freddy et moi en profitons pour leur énumérer les titres que nous allons interpréter et ils sont plus que ravis de la playlist.
⎯ On pourrait peut-être jouer un peu samedi soir ! propose Ray.
⎯ Je ne serai pas là ce week-end. Je me rends à la convention tatoo à Mons, lui rappelé-je.
⎯ Wouah, ça doit être sympa ! Je ne suis jamais allé dans un truc comme ça, m’annonce Freddy.
⎯ Je peux te dire que ça mérite le détour. Tu rencontres les plus grands. Chacun son style, mais il y en a certains qui valent le coup. Tu as Samjay, une tatoueuse de renom qui réalise des motifs de folie. Elle a un talent incroyable. Je suis un de ses plus gros fans. D’ailleurs, Ray la connaît, car c’est elle qui lui a fait tous ses stigmates.
⎯ J’ai toujours dit à Ray que j’aimais ses fresques, mais il ne m’a jamais avoué que c’était une femme qui les lui avait dessinées, balance Candice.
⎯ Tu aurais encore piqué une crise de jalousie, se défend Ray.
⎯ Freddy, si tu veux venir, il va falloir te bouger les fesses pour prendre ton billet d’avion et ta chambre d’hôtel.
⎯ Pas de problème mec ! Je fais ça de suite, m’informe-t-il.
Il attrape son téléphone, pianote dessus frénétiquement. Au bout de cinq minutes à tapoter sur son appareil, il m’indique que son vol est réservé.
⎯ Pour l’avion c’est bon. Tu descends dans quel hôtel ?
⎯ Celui proche de l’aéroport le Club motel budget.
⎯ Très bien, accorde-moi encore cinq petites minutes.
Il continue de tapoter sur son écran et en moins de dix minutes, celui-ci a fini sa réservation.
⎯ C’est bon, je viens à la convention à Mons avec toi ! Je sens que l’on va bien s’éclater.
Nous avons passé notre après-midi à échanger sur notre prochaine escapade ainsi que sur notre mini concert.
****
Nous voici enfin à Mons, à la fameuse convention. Freddy est comme un gosse, attiré par toutes les fresques réalisées, sans oublier sa drague habituelle.
Je suis totalement son inverse. Je n’ai jamais été très doué avec les filles. D’ailleurs, je ne sais pas faire, il faut avouer que la séduction n’est pas du tout mon dada. Je me donne un genre devant Ray et les autres, mais en réalité, les femmes me terrifient.
J’ai déjà eu une petite amie, je pensais avoir ressenti le truc spécial qui ferait d’elle la personne de ma vie, en fin de compte je me suis planté et aujourd’hui je préférerais l’oublier. La seule fois où j’ai réussi à emballer une demoiselle, j’avais plusieurs verres d’alcool dans le sang. On peut dire que je n’étais pas du tout dans mon état normal. Ce jour-là, j’avais même dragué Candice, alors qu’elle est comme une sœur pour moi. Après ça, je n’avais plus envie de renouveler l’expérience. Depuis, je consomme avec modération.
Nous déambulons dans les allées, où plusieurs open spaces sont installés. On y retrouve des tatoueurs de renommée mondiale.
À chacun de nos passages, des réalisations exceptionnelles s’affichent devant nos yeux. Freddy en est stupéfait. Ça lui a même donné quelques idées ,afin de modifier le sien.
Quelle idée ai-je eu de lui proposer de venir ? Il va finir par modifier complètement mon œuvre.
Nous arrivons devant le box d’ACOSTATOO, le meilleur dans le domaine, il reste indétrônable depuis la Guest de Milan. Les stigmates sont vraiment superbes, même si les dessins choisis ne sont pas ceux que j’affectionne le plus, puis nous avançons vers celui de la tatoueuse de Ray, Samjay. Freddy s’approche et son regard demeure scotché face à son travail. Elle est en pleine réalisation d’une guerrière en noir et blanc avec quelques touches de couleurs dans les yeux et dans quelques ombrages. Il bloque devant le stand, la bouche grande ouverte sans qu’aucun son ne sorte de celle-ci.
Nous avons passé un super bon moment. Il a même eu le privilège de discuter avec cette sympathique tatoueuse et je peux vous dire qu’il était sous le charme — enfin c’est Freddy, hein !—
J’ai pu revoir mon mentor, celui grâce à qui je fais ce métier, Constantin, plus connu sous le nom de Tin-tin. J’ai pu retrouver des jurys de renom, que dis-je des légendes, comme Filip Leu qui arrive tout droit de la Suisse, il y a aussi Kari Barba venu tout droit de Californie et Luke Atkinson qui lui est d’Allemagne, ils sont la crème de la crème dans ce monde.
1 Hug : un câlin, une étreinte.
Je passe à la maison familiale, afin d’embrasser mon père avant de rendre visite à ma mère dans son centre.
L’ambiance y est pesante rien que par les murs impersonnels teintés de blanc, l’odeur aseptisée me rend malade. Elle se trouve assise dans son voltaire2 avec un livre à la main. Je penche légèrement ma tête sur la droite et constate qu’elle tient une œuvre de Victor Hugo « Les misérables ». Elle a toujours apprécié cet auteur et tous ses ouvrages, même si sa vie se situe en Italie depuis longtemps, ma mère parle l’anglais et le français couramment, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. Ce qui m’a permis d’assimiler sans effort les langues étrangères et de faire un métier que j’affectionne.
Je lui dois tout. Elle m’a tout appris et m’a donné plus que n’importe quelle mère au monde. Je l’aime et j’aimerais tellement qu’elle redevienne comme avant… si seulement. J’ai beaucoup souffert de cette période. J’ai même été arrêtée pendant plusieurs semaines. Puis, je l’ai vue dépérir de jour en jour, alors j’ai remonté la pente plus vite qu’il ne l’aurait fallu, mais malgré tout cela, rien n’avait changé. Elle continuait sa descente aux enfers. Elle avait même fini par se tailler les veines, c’est là que mon père et moi avons pris la plus difficile des décisions en l’internant, c’était pour qu’elle aille mieux. Ça fait déjà deux ans qu’elle s’y trouve, deux longues années et elle ne progresse pas. Les médecins ne comprennent pas. Elle ne parle à personne. Elle ne fait que lire et écouter de la musique. Chaque fois que je lui rends visite, je la prends toujours dans mes bras, je la serre fort contre moi et lui adresse un gros baiser sur ses joues comme je le faisais quand je n’étais qu’une enfant. Elle me manque tellement, son amour, ses conseils et ce qui fait d’elle ma mère. Elle me regarde longtemps sans forcément sourciller. Par moments, j’ai même l’impression qu’elle me sourit.
Mon temps de visite est imparti, je la quitte à contrecœur. Parce que mon rôle de patronne me rappelle à l’ordre. Je dois partir à Paris pour un grand gala de charité que ma maman adorait… auparavant, car c’est pour récolter des fonds pour la Street Child France.
Je lui adresse une chaleureuse accolade en lui promettant de revenir très vite. J’ai eu un drôle de sentiment comme si elle m’avait entendue et j’ai eu la sensation que son étreinte sur moi était plus forte. J’ai même eu l’impression qu’elle me susurrait un : je t’aime, sans en être à cent pour cent certaine, mais j’avais vraiment envie d’y croire et de la retrouver comme autrefois, elle et sa joie de vivre. Je rejoins le grand hall, où Cristina, mon assistante, m’attend, afin de nous rendre à l’aéroport. Nous nous dirigeons vers la voiture où mon chauffeur patiente.
⎯ Buon giorno signora DELUCAS3.
⎯ Buon giorno Sergio.4
Nous montons à bord du véhicule et en quelques minutes nous arrivons à destination. L’avion va décoller d’ici quelques instants.
****
Nous atterrissons à Marseille, une ville aux couleurs de l’arc-en-ciel, la porte de la Provence et la doyenne des villes françaises, enfin la deuxième en importance, après Paris bien sûr. Cette ville aux paysages variés et surprenants. Les habitants ont un accent chantant, l’odeur de l’iode et la chaleur du soleil sont réconfortantes. J’aime venir ici surtout quand l’été arrive, car nous sommes bercés par le son des cigales. Un concert tonitruant de cymbales sous les pins bat naturellement son plein. Nous savons à ce moment-là que la belle saison est bien installée. Nous prenons un taxi afin de nous rendre dans une de nos succursales d’Aix-en-Provence. J’adore cette cité pour son histoire, ainsi que pour le peintre Cézanne et pour leur gourmandise le calisson en forme de petite barque, il se compose d’un agréable mélange d’amandes et de melons confits au doux parfum de fleur d’oranger. Il est un véritable concentré de soleil à lui tout seul. J’en achète régulièrement une boîte lors de mes passages.
Cette ville est une vraie mine de recrutement, par ses nombreuses universités, c’est d’ailleurs ici que nous effectuons le plus gros de nos embauches. Toujours à bord du véhicule, Cristina m’informe de mes messages ainsi que de mes emails. Lorsque nous arrivons, nous sommes accueillis par monsieur Louis qui est notre co-dirigeant.
Elle réalise un débriefing sur l’étude de marché avec lui concernant l’entreprise Soprianoli, une de nos filières spécialisées dans les gaz industriels et médicaux ainsi que de la santé à domicile. Nous y passons toute l’après-midi, avant de reprendre l’avion pour Paris, et enfin me reposer dans mon grand appartement.
****
Cela fait déjà une semaine que je suis en France. Cette ville m’avait manqué et mon logement également, ainsi que ma vie ici, même si toute ma famille vit à Milan, j’aime mon travail à l’international.
Je peux rencontrer des personnes venant des quatre coins de la planète, c’est vraiment très enrichissant. J’ai de la chance d’avoir mon assistante Cristina qui me suit partout où je vais. Elle possède aussi plusieurs pied-à-terre comme actuellement à Paris, un à New York et un autre au Japon. C’est dans ces pays que se trouvent nos principaux clients et nous apprécions cette vie un peu nomade. Mais pour l’heure, nous avons beaucoup de travail. Nous avons un gala de charité à terminer de préparer pour récolter des fonds en faveur des enfants orphelins, l’argent doit les aider pour qu’ils aient une bonne éducation. Cristina commence par énumérer la liste des choses à effectuer et tout ce qui est déjà réglé.
Traiteur
Musique
Boissons
Salle
Décoration
Invitations
× Boulanger
La boulangerie c’est normal, on doit les contacter uniquement quarante-huit heures à l’avance. Donc tout est réglé. Elle vient de me retirer une grosse épine du pied.
Cristina veut me faire découvrir un pub qu’elle a dégoté par hasard, il y a quelques jours grâce à une de ces conquêtes.
L’avantage, c’est que je ne suis pas aussi connu à l’étranger que dans mon pays natal, être la fille d’un politicien n’est pas de tout repos. Je suis également une femme très influente à Milan. Entre autres, grâce à mes dons caritatifs, mais aussi, à cause de mes nombreux partenaires du showbiz.
Que l’on soit un homme ou une femme, lorsque l’on a de l’argent en général on attire les gens, surtout les profiteurs. Par conséquent, je ne me laisse plus attendrir ni amadouer par le premier venu. C’est moi qui choisis et qui dirige la danse. Le jour où un gars ne voudra pas de moi aussi facilement que les autres, celui-là sera très intéressant à connaître, pour l’heure cela ne m’est jamais arrivé et je ne pense pas que dans ce monde, ce spécimen existe. J’ai tout de même accepté d’aller dans ce fameux pub avec elle, j’ai besoin de changer un peu d’air. Pour le moment, j’ai de nombreux rendez-vous à honorer, surtout celui prévu en fin d’après-midi.
Dans quelques semaines, nos collaborateurs américains vont nous exposer leurs souhaits sur la prochaine publicité concernant un de leurs clients. Nous avons déjà terminé le cœur du projet, mais il nous manque juste la phrase d’accroche et la musique que l’on peine à dégoter. Nous avons effectué plusieurs castings avec les groupes les plus prestigieux, mais aucun ne m’a donné satisfaction. Nous avons encore quelques heures de recrutement à accomplir, j’espère sincèrement en dénicher un qui se détache des autres et qui nous compose une mélodie qui me procure la chair de poule.
Avant de nous rendre au pub, je suis invitée à dîner chez Cristina. Elle vit dans un petit pavillon de style moderne à l’extérieur de la ville, un portail gris anthracite empêche les passants d’entrer sur son terrain, de nombreux buissons bordent son allée avec un garage pouvant accueillir au moins deux voitures et qui donne sur la rue derrière sa maison.
À l’intérieur, nous marchons sur un parquet en chêne clair. Le mobilier de son vestibule est de la même teinte. Une cheminée trône au milieu de la pièce entre son salon, assez chic avec des fauteuils en coton cendré, un écran plat géant plaqué au mur, et une salle à manger très spacieuse. Nous nous dirigeons vers sa cuisine qui possède un grand plan de travail en bois, des appliques noires et un frigo de dernière génération.
Je sais que Cristina concocte beaucoup de menus, car elle fait très attention à son alimentation et à son apparence, il lui arrive de suivre des régimes plutôt stricts. Mais elle aime faire d'énormes repas avec des amis et l’espace qui se trouve dans cette pièce est très propice à la confection de bons petits plats.
Après avoir terminé nos assiettes, nous nous rendons dans ce pub. Nous fendons la foule de danseurs sur la piste et longeons le bar afin de passer commande. Nous nous asseyons sur des tabourets hauts.
Le serveur nous apporte nos boissons, nos yeux se tournent vers la piste de danse où trois hommes musclés et tatoués s’approchent de nous. Je ne fais pas facilement confiance et surtout je n’en ai choisi aucun, ce qui fait que mon regard est si glacial qu’aucun ne m’accoste. Le plus courageux reste et discute avec Cristina. Il est grand, bien bâti avec des stigmates magnifiques sur les bras. Il possède une barbe bien fournie et parfaitement bien taillée. Ses yeux sont d’un bleu azur, un peu comme mon breuvage favori.
Cristina ne peut s’empêcher de lui faire des compliments et son œil de biche me donne un indice sur ce qu’elle va entreprendre avec lui d’ici peu de temps. Je bois rapidement mon cocktail avant de prendre congé. Je les salue et rentre chez moi.
2 Voltaire : Fauteuil à siège bas, à dossier élevé et légèrement renversé en arrière.
3 Bonjour madame DELUCAS
4 Bonjour Sergio
Freddy et moi revenons de la convention de Mons , des images plein la tête. Mon pote, quant à lui, m’a demandé de modifier tout son dessin. Si bien, qu’il souhaite encore réfléchir afin d’être sûr de ce qu’il veut.
J’en étais persuadé, dès qu’il a posé les yeux sur cette tatoueuse et ses œuvres. Il en était scotché tout comme Ray à une certaine époque. Mais Freddy désire que les dessins qu’il a choisis soient aussi réalistes que ceux de la tatoueuse. Sauf que les motifs souhaités pourraient ne pas convenir du tout. Je vais avoir du pain sur la planche.
Nous avons beaucoup de travail aujourd’hui, enfin un peu plus que d’habitude. Ma sœur souhaite que je vienne la voir après le boulot, car je ne lui rends plus visite comme avant. En même temps, entre le salon et le concert au Mondial, le temps nous est compté. Je vais tout de même m’y rendre ce soir, ensuite j’irai rejoindre les gars au pub pour les répétitions.
Mon assistante, Sandy, va bientôt passer son examen d’artiste tatoueur, par la suite elle pourra, elle aussi, tatouer avec moi. Si elle se débrouille bien, elle pourra même diriger ce salon pour moi pendant que je m’occuperai de l’autre, enfin dès que j’aurais les moyens financiers nécessaires pour en ouvrir un second. Je lui inflige plusieurs fois par semaine des répétitions pour qu’elle soit au top. J’ai fait l’acquisition d’un bras synthétique afin qu’elle puisse s’entraîner et il faut être honnête, ses dessins sont vraiment superbes. Une cliente lui a déjà réservé une de ses créations, ce sont des orchidées avec un papillon sur le dessus en train de butiner. Elle va faire fureur.
****
La journée se termine, je range mon plan de travail et désinfecte mes outils. Sandy passe l’aspirateur et moi la serpillière. Nous quittons le salon, puis je la raccompagne à son domicile comme je le fais chaque soir. Je me dirige ensuite chez ma sœur et Danny. J’arrive dans leur chemin, le terrain est immense et arboré. Amélya a aussi commencé à planter quelques massifs de fleurs avant que son ventre gonfle de la même manière qu’un ballon. Des rosiers sont disposés de part et d’autre de sa porte d’entrée. Je frappe deux coups et celle-ci s’ouvre sur Danny.
⎯ Salut, Ben, comment vas-tu ?
⎯ Danny ! Très bien et toi ? Et ma sœur, toujours pas accouchée ?
Je sais qu’elle doit les mettre au monde dans deux semaines, mais comme les bébés veulent sortir et que le médecin fait tout pour les garder encore un peu au chaud afin qu’ils soient le plus possible formés avec un poids correct, elle n’a pas d’autre choix que de rester clouée au lit au maximum.
Lorsque Danny me fait entrer et que je visualise ma frangine affalée sur le canapé, l’image est effarante, elle est avachie sur le canapé avec un paquet de chips d’un côté et de l’autre une bouteille de soda. Ses cheveux sont emmêlés et sa respiration est hachée comme si elle revenait d’une séance intensive de sport, mais je ne leur en fais pas part. C’est une pensée pas très sympa, surtout pour elle.
⎯ Alors sœurette ! Tu m’as l’air fatigué.
⎯ Bonjour, Ben. Oui, très. Je prends mon mal en patience. Je me dis qu’il ne me reste plus que deux semaines, ça devrait aller.
⎯ Tu as fait le plus dur, les deux prochaines passeront très vite, tu verras.
⎯ J’espère que tu as raison, car j’ai envie de marcher, bouger comme bon me semble. Rester assise sur ce canapé me donne l’impression d’être une sorte de cachalot échoué sur une plage.
J’ai failli pouffer de rire à sa remarque, car c’est cette même vision d’elle que j’ai eue et que je me suis retenue de lui balancer quand je suis arrivé.
Danny s’approche de nous avec un plateau contenant deux bières, un jus de fruits ainsi que des biscuits apéritifs.
⎯ Je suppose que tu bois une bière ! me dit-il.
⎯ Oui volontiers, merci.
Nous buvons le liquide dans nos verres et mangeons quelques chips tout en nous remémorant quelques passages de notre séjour au Japon. Et bien entendu, la meilleure amie de Danny, June ,est revenue sur le tapis.
⎯ Alors Ben, tu as eu des nouvelles de June ?
⎯ Bien sûr, nous sommes restés en contact, c’est devenu une très bonne copine.
⎯ Oh ! Juste une amie et rien de plus ?
⎯ Non, je suis désolé de te décevoir, Danny, mais nous n’éprouvons rien d’autre que de la sympathie.
⎯ C’est dommage, je trouvais que vous alliez tellement bien ensemble, me confie ma sœur.
⎯ Ne t’en fais pas, un jour tu auras une belle-sœur, lui dis-je pour la rassurer.
⎯ J’espère bien, je n’ai pas envie que mon frère finisse comme un vieux garçon aigri.
⎯ Ça ne risque pas !
⎯ Alors, vous êtes prêt pour le concert !
⎯ Nous avons encore quelques heures de répétitions dans la semaine et je pense qu’on sera au top.
Elle me sourit, heureuse pour nous, mais également déçue de ne pas être parmi nous pour nous soutenir. Et puis, une idée peut-être un peu folle, mais quand même réalisable, me vient en tête.
⎯ Je sais que tu ne peux pas te joindre à nous, mais aimerais-tu être parmi nous de chez toi ?
⎯ Évidemment que je le veux. Mais comment ?
⎯ En visio.
⎯ Quoi ?
⎯ Oui, en visio, quelqu’un va filmer pour que tu puisses nous voir en direct.
⎯ On peut faire ça ?
⎯ Bien sûr ! Où étais-tu pendant toutes ces années, dans une grotte ou quoi ?
⎯ Non, mais vous allez tous être très occupés. Vous n’aurez pas le temps de faire ça en plus.
⎯ Mais si, il y aura Conrad et Nadine, un des deux pourra faire ça pour toi !
⎯ Ça serait vraiment génial, merci, Ben.
⎯ Avec plaisir et puis de savoir que tu seras là me regonfle à bloc.
Nous continuons à discuter, lorsque je consulte ma montre, il est déjà tard. J’achève ma bière puis je les embrasse avant de rejoindre mon appartement afin de me changer pour les répétitions.
****
Antonio se déplace à mes côtés dans le parc tout en sirotant son café. Nous venons tous les deux de terminer notre journée de travail et nous avons décidé de nous retrouver pour le dîner. Nous effectuons une marche digestive, car nous nous sommes gavés de cuisine indienne.
Les champs Élysées sont toujours aussi magnifiques, peu importe le moment, mais ma saison préférée est l’automne avec ses feuilles passant du jaune à une couleur orange crépusculaire.
⎯ Je ne comprends pas les gens en ce moment. Ils sont d’une humeur de chien, déclare mon ami.
⎯ C’est juste une mauvaise période.
⎯ J’en doute et puis je n’arrive même pas à trouver une fille qui en vaut la peine.
⎯ Ça, j’ai déjà tiré un trait dessus.
⎯ Il ne faut pas dire ça, elles ne sont pas toutes pareilles, heureusement.
⎯ Eh bien ! Je ne cherche personne. Je suis très bien célibataire avec des amis et ma famille.
⎯ Ça va te manquer mon gars, à un moment ta menotte ne te suffira plus et tes bourses seront tellement pleines que tu vas péter un plomb, lâche-t-il avec un petit rictus.
Je ris, mais je sais que ses arguments sont vrais. Je bois mon café et plonge ma main libre dans ma poche pour me réchauffer.
Je replace mon écharpe grise autour de mon cou pour empêcher le froid de m’atteindre. Mon souffle s’échappe sous forme de vapeur.
⎯ Ouais, tu as raison, il faut que j’y pense.
⎯ Le plus tôt sera le mieux, si tu veux mon avis. Tu vas finir par avoir les testicules à la place des amygdales.
Nous sommes partis dans un fou rire incontrôlé rien qu’en nous repassant l’image dans la tête. Antonio a toujours été là pour moi et surtout pendant les mauvais moments. Comme quand ma sœur était au plus mal et que tout n’était pas si rose pour moi non plus à ce moment-là. Je sais que je peux compter sur lui comme un véritable ami.
****
Je suis remonté telle une pile de dix mille volts. Freddy, comme à son habitude, nous informe que ce soir, il part à la chasse, peu importe nos performances. Quant à Raphaël et Bastian, ils sont sur la même longueur d’onde que lui. Je sens qu’ils vont faire des malheureuses.