Écosse - Assa Samaké-Roman - E-Book

Écosse E-Book

Assa Samaké-Roman

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Beschreibung

Aujourd'hui, qui dit Écosse dit Brexit. Mais l'Écosse, c'est aussi les Écossais, leur environnement, leur tempérament, leurs paysages et leurs légendes...

Comment parler de l’Écosse à l’heure où l’avenir du Royaume-Uni reste miné par le Brexit et les tensions qui en résultent ? Comment raconter cette passion nationale qui étreint ce territoire depuis des décennies ? La réponse apportée ici est celle de la vie quotidienne, des paysages et des légendes qui font cette terre d’une beauté sauvage. Ils sont le soubassement de cette identité accrochée, depuis l’Antiquité, au fameux mur d’Hadrien qui la sépare de l’Angleterre.

Impossible d’écrire sur l’Écosse sans s’efforcer de comprendre les Écossais. Leur environnement et leurs ressources naturelles les ont façonnés. Le choix, comme emblème national, de cet animal mythique aux pouvoirs extraordinaires qu’est la licorne dit leur force, leur ténacité, leur brin de folie aussi…

Ce petit livre n’est pas un guide. Il dit l’imaginaire et les réalités d’une terre qui a toujours arraché son destin au climat, à la mer et à la pierre. L’Écosse est un tempérament qu’il vous faut éprouver pour vraiment l’apprécier. Un grand récit suivi d’entretiens avec Sir Tom Devine, Dani Garavelli et Nadine Aisha Jassat.

Ce témoignage et ces entretiens, oscillant entre imaginaire et réalité de l'Écosse, enchanteront les passionnés de ce pays hors du commun !

À PROPOS DE L'AUTEURE

Assa Samaké-Roman est journaliste. Installée en Écosse, elle a vécu passionnément le chaotique feuilleton du Brexit dont l’issue pourrait être, demain, l’émergence d’une nouvelle Écosse.

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Couverture

Page de titre

L’ÂME DES PEUPLES

Une collection dirigée par Richard Werly

Signés par des journalistes ou écrivains de renom, fins connaisseurs des pays, métropoles et régions sur lesquels ils ont choisi d’écrire, les livres de la collection L’âme des peuples ouvrent grandes les portes de l’histoire, des cultures, des religions et des réalités socio-économiques que les guides touristiques ne font qu’entrouvrir.

Ponctués d’entretiens avec de grands intellectuels rencontrés sur place, ces riches récits de voyage se veulent le compagnon idéal du lecteur désireux de dépasser les clichés et de se faire une idée juste des destinations visitées. Une rencontre littéraire intime, enrichissante et remplie d’informations inédites.

Précédemment basé à Bruxelles, Genève, Tokyo et Bangkok, Richard Werly est le correspondant permanent à Paris et Bruxelles du quotidien suisse Le Temps.

Retrouvez et suivez L’âme des peuples sur

www.editionsnevicata.be

@amedespeuples

Carte

AVANT-PROPOS

Pourquoi l’Écosse ?

L’Écosse, on a l’impression de tous la connaître un peu. Ses marqueurs culturels sont parmi les plus reconnaissables au monde : le kilt, le tartan, la cornemuse, le whisky, le haggis ou panse de brebis farcie, le plat national qui est bien meilleur que ce que la traduction en français laisse penser. Sans oublier l’imaginaire de l’Écosse et de ses paysages grandioses des Highlands, exaltés dans la peinture, la littérature, les films et les séries et, plus récemment, le tourisme de masse et les réseaux sociaux. Et pourtant, quand on connaît tout cela, finalement, on ne connaît pas grand-chose de l’Écosse d’aujourd’hui.

Quand j’ai posé les pieds à Édimbourg pour la première fois en septembre 2010 pour y étudier une année grâce au programme Erasmus et parfaire mon anglais, je venais d’avoir 20 ans. Je venais au Royaume-Uni plus qu’en Écosse, précisément. L’angliciste passionnée que j’étais avait fantasmé pendant si longtemps une vie britannique, faite de petits-déjeuners salés copieux, de cream tea en regardant le dernier épisode de Doctor Who sur BBC One, et de soirées à danser sur de la britpop… À mon retour en septembre 2018, pour y travailler en tant que journaliste free-lance, c’est moins le Royaume-Uni qui me rappelait, que l’Écosse : ses gens, sa culture, sa politique, ses enjeux pour le futur, et l’Irn Bru, le fameux soda écossais à la couleur orange vif, qui a longtemps été plus populaire que le Coca-Cola !

Depuis 10 ans que je suis attentivement ce pays, je ne cesse de m’étonner de sa complexité. Oui, l’Écosse des photos Instagram parfaites est bien là, et vous la trouverez sans peine si vous venez la chercher. Elle n’est d’ailleurs pas dénuée de charme : personne ne peut décemment affirmer détester la vue de l’île de Skye, du pont de Glenfinnan rendu célèbre par le Poudlard Express dans les films Harry Potter, des tortueuses rues pavées de la vieille ville d’Édimbourg… Mais il serait bien dommage de réduire l’Écosse à ces quelques clichés.

Pour mieux la connaître, dressons-en un portrait-robot. L’Écosse est l’une des nations constitutives du Royaume-Uni, avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord. Avec ses 77 933 km², elle représente presque un tiers du territoire britannique. Mais avec ses 5,4 millions d’habitants, elle n’englobe qu’un peu plus de 8 % de la population du Royaume-Uni. Elle a toutefois la plus grande concentration de roux dans le monde : 13 % des habitants sont des redheads. La grande majorité des Écossais, 70 % plus précisément, habitent dans la Central Belt, la région la plus densément peuplée du pays, qui s’étend de Glasgow, la plus grande ville à l’ouest, à Édimbourg, la capitale à l’est. Les autres grandes villes du pays sont Dundee, Aberdeen, et Inverness, la capitale des Highlands.

L’eau n’est pas une denrée qui manque : avec 90 % des ressources britanniques en eau douce, plus de 16 000 km de côtes, 800 îles dont 660 inhabitées et une météo capricieuse, la nation a été influencée et façonnée par ses fameux lochs, rivières, canaux, mers et océans. C’est la raison pour laquelle c’est la patrie du whisky, « l’eau-de-vie » en gaélique, l’une des langues nationales de l’Écosse avec évidemment l’anglais, le scots, et la langue des signes britannique.

Avec un peu de chance, vous y croiserez Nessie, le mythique monstre du Loch Ness. Mais si Steve Feltham, sans doute l’homme le plus patient du monde, n’a pas réussi à l’apercevoir en trente ans d’observation à temps plein depuis sa roulotte au nord du loch, à votre place, je ne compterais pas trop dessus. Ce que vous verrez beaucoup plus souvent, ce sont des licornes. Oui, elles sont partout, et pour cause : c’est l’animal emblématique de l’Écosse. Sur les supports des armoiries de la reine Elizabeth II, sur la majestueuse fontaine du palais de Linlithgow, lieu de naissance de la reine Marie Stuart, sur les vieilles places de centres-villes, les licornes sont là, entravées par des fers. Certains diront sans doute que c’est pour démontrer l’immense force des rois d’Écosse, qui arrivent à maîtriser un animal dont la légende veut qu’il ait des pouvoirs extraordinaires. D’autres, au contraire, que c’est le symbole d’une Écosse privée de liberté au sein de l’union avec l’Angleterre.

C’est justement le débat qui a redistribué les cartes de la politique écossaise depuis 2014, année du référendum d’indépendance, où 55 % des électeurs ont décidé de rester au sein du Royaume-Uni. Cela fait plus de 300 ans que l’Écosse s’est jointe à l’Angleterre, formant ainsi une union de nations dans laquelle elle est intégrée sans être totalement assimilée : elle a gardé un système éducatif et judiciaire distinct, ainsi qu’une religion, le presbytérianisme, différente de sa voisine anglaise. Depuis 1999, elle a, en outre, un Parlement autonome – même s’il n’est pas tout à fait indépendant – qui s’occupe de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de nombreux autres domaines importants pour l’Écosse et le quotidien de ses habitants.

Ce débat est encore plus vif depuis que le Royaume-Uni a décidé de quitter l’Union européenne en 2016. Enfin, parler de « Royaume-Uni » pour les Écossais, c’est vite dit : 62 % des électeurs au nord du mur d’Hadrien1 ont voté pour rester au sein de l’Union européenne. La pilule du Brexit passe d’autant plus mal qu’on leur avait martelé, en 2014, que le seul moyen de rester dans l’Union était de dire non à l’indépendance, car qui disait indépendance disait nouveau processus, sans doute long, pour réadhérer au club européen. Aujourd’hui, beaucoup d’électeurs se disent, avec le recul, qu’ils auraient peut-être dû voter Yes. Et qu’en tout cas, la prochaine fois, si prochaine fois il y a, ils n’hésiteront pas à le faire.

Alors que le repli sur soi est trop souvent la règle, voici donc une petite nation du Nord de l’Europe où le projet européen intéresse encore et ne semble pas antithétique avec le projet d’indépendance porté par le gouvernement, aux manettes depuis maintenant treize ans. Le Scottish National Party (SNP), le parti nationaliste, social-démocrate et prœuropéen fondé dans les années 1930, domine sans merci la scène politique nationale depuis 2007, et personne ne semble en mesure de pouvoir détrôner Nicola Sturgeon, Première ministre depuis novembre 2014.

L’Écosse, malheureusement, est aussi un pays qui connaît des taux de pauvreté encore très élevés dans les villes, qui détient le triste record du nombre de décès par overdose en Europe, souffre de la violence dans certains quartiers et n’est pas immunisé contre le racisme et la haine, malgré une réputation d’hospitalité qui n’est plus à faire.

L’Écosse connaît ses faiblesses aussi bien que ses atouts, comme l’inventivité : après tout, c’est elle qui a donné au monde la télévision, le téléphone, la pénicilline, et qui est plus récemment devenue pionnière dans le domaine des énergies renouvelables et de la robotique. Elle montre également un appétit pour une vision innovante de l’avenir : avec la Nouvelle-Zélande et l’Islande – pays également dirigés par des femmes –, l’Écosse a formé en 2018 un groupe de gouvernements pour une économie du bien-être, estimant qu’il fallait des indicateurs autres que le produit intérieur brut pour mesurer le succès d’une économie. Ce n’est pas parce qu’elle est une petite nation qu’elle n’entend pas prendre pleinement sa place et imprimer sa marque dans le monde.

La situation dans laquelle se trouve l’Écosse est passionnante à bien des égards : cela fait plus d’une décennie qu’elle vit au rythme des soubresauts politiques. Les indépendantistes sont passés de la marge à l’hégémonie, écrasant leur principal adversaire, le Parti travailliste, qui dominait l’Écosse il y a encore dix ans : de nombreux électeurs n’ont pas pardonné au Scottish Labour d’avoir fait campagne main dans la main en 2014 avec les Conservateurs contre l’indépendance. Ce référendum a donné un nouveau souffle démocratique, et les taux de participation aux élections n’ont jamais été aussi élevés.

Quand on enlève le Loch Ness, le tartan, la cornemuse et le whisky, que reste-t-il ? Il reste une nation du vingt et unième siècle, beaucoup plus multiculturelle et diverse qu’on pourrait le penser.

1 Le mur d’Hadrien est une barrière défensive romaine de 118 km, construite au deuxième siècle pour empêcher les invasions barbares à la frontière nord de la province de Grande-Bretagne.

Hadrien et la licorne

À 23 h 30, le dernier train vers Édimbourg quitte la gare de Queen Street, dans le centre-ville de Glasgow. Comme d’habitude le samedi soir, il est bondé, et c’est encore plus vrai fin janvier : le festival Celtic Connections, l’un des plus grands du pays, attire à Glasgow des milliers d’amoureux des musiques traditionnelles des nations celtes et du monde entier.