Écris notre histoire - Alee Toad - E-Book

Écris notre histoire E-Book

Alee Toad

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Beschreibung

Une romance intrigante où Marie, lors du décollage de son avion pour la Floride, agrippe par réflexe la main de son voisin...

Marie prend l’avion pour rendre visite à ses grands-parents en Floride. En plein décollage, elle ne peut s’empêcher d’agripper la main de son voisin. L’inconnu, avec qui elle discutera tout au long du vol, la quittera en lui laissant dans son livre quelques lignes mystérieuses, insinuant qu’il en serait l’auteur. Leur rencontre était improbable, pourtant une véritable affection naîtra de l’écrit entre Travis et Marie. Mais Nathan, époux de Marie avec qui elle partage un bien lourd passé, voit cette relation d’un mauvais œil. Celui-ci parviendra à l’obliger de couper les ponts avec Travis. C’était sans imaginer les conséquences incroyables que cette décision entraînerait...

Plongez dans l'histoire de Marie et découvrez un récit touchant, combinant intrigue et relation épistolaire romantique !

EXTRAIT

Avec son fils dans les bras il me suit jusqu’à la porte d’entrée. Je vais la déverrouiller quand je me rends compte qu’elle n’est pas fermée. Je commence à paniquer en ouvrant la porte en grand. Je suis sûre que Nathan est à la maison, sa voiture doit être dans le garage. Il est censé être au bureau, il est parti ce matin, et je suis presque persuadée qu’il n’est revenu que pour une seule raison : Travis. Il ne pouvait pourtant pas se douter que je l’inviterais, même moi je l’ignorais. Cela signifie qu’il voulait être là quand je rentrerais. J’ignore comment Travis va réagir. Je ne lui ai pas parlé du handicap de Nathan, et même si je n’en voyais pas l’intérêt pensant qu’il ne rencontrerait pas mon mari de sitôt, je me dis que j’aurais peut-être dû le prévenir pour ne pas qu’il soit pris au dépourvu. Tout comme je l’ai été en découvrant Trevor. 
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un roman agréable et original, qui se lit facilement. L'écriture est fluide, les personnages attachants. - rebecca_asca, Booknode

En bref, j'ai dévoré ce livre en l'espace d'un week-end. C'est une petite bouffée de bonheur malgré le fait que je ne sois pas la première fan de romance contemporaine. Je conseille vivement cette auteure qui a une certaine délicatesse à jouer des personnages féminins forts et fragiles à la fois. - Kanon, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEURE

Alee Toad a 26 ans, est maman célibataire d’une petite princesse d’un an. Parfaitement bilingue après avoir vécu plus de trois ans en Angleterre, elle dévore une dizaine de livres par mois dans les deux langues. Elle écrit depuis l’âge de 16 ans et rencontre un grand succès sur Wattpad.

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1

Inspire... Expire... Inspire... Ce n’est pourtant pas la première fois que je prends l’avion mais le stress et l’angoisse qui précèdent le décollage sont toujours aussi intenses à chaque voyage.

Quand je sens enfin l’avion rouler sur la longue piste et qu’un coup d’œil par le hublot m’indique que notre vitesse augmente de plus en plus, j’attrape vivement la main de mon compagnon de voyage et la serre aussi fort qu’à mon habitude. Je m’excuserai comme toujours une fois mon stress redescendu à un niveau convenable et recommencerai la procédure après l’atterrissage.

Quand l’avion atteint finalement son niveau d’altitude, je desserre enfin ma poigne et recommence à penser normalement. C’est quand je reprends mes esprits que me revient en mémoire le fait que pour la première fois je voyage seule.

Je lâche donc aussitôt la main de l’inconnu que j’ai dû broyer et tourne la tête vers cette personne pour me confondre en excuses.

Je découvre un homme d’environ mon âge et qui me regarde avec des yeux azur rieurs et un sourire planqué sur les lèvres, il se masse subtilement la main et je m’en veux encore plus.

— Je suis vraiment désolée ! Je ne pensais plus que j’étais seule, je...

— Il n’y a pas de mal, m’interrompt-il, j’ai encore tous mes doigts vous voyez, dit-il en levant sa main devant moi.

Il a beau avoir tous ses doigts je remarque très vite qu’il a une marque bien rouge autour de celle-ci et regrette d’être dans un avion car j’aimerais me trouver un trou et me terrer dedans tellement je suis morte de honte. Je me contente donc de fixer le hublot sans un mot, mais le ciel étant nuageux je ne peux pas vraiment prétendre admirer la vue. Mon voisin de vol ne doit donc avoir aucun doute sur le fait que je l’ignore, mais a la gentillesse de ne pas m’en faire la remarque.

Le temps passe au ralenti, j’ai l’impression qu’une heure s’est déjà écoulée alors que cela ne fait que trente minutes, ce vol de huit heures va être le plus long de ma vie, tout ça parce que je n’ose plus regarder mon voisin en face après ce que j’ai fait. En plus de cela, la vue du hublot n’est pas des plus passionnantes. À ma droite, j’entends et je sens mon voisin bouger, puis d’un coup, une main tenant un bout de papier fait son apparition devant mon champ de vision. J’ose enfin tourner la tête dans sa direction, mon cou est douloureux à force d’immobilité, mais je ne montre pas mon malaise. Je me saisis du papier sans un mot et il me sourit, avant de m’ignorer et de baisser la tête sur son cahier devant lui. Je déplie donc ce petit bout de papier et y découvre un mot manuscrit, d’une écriture qui me surprend. Des lettres bien lisibles, d’une calligraphie souple et peut-être un peu féminine, une écriture dont je suis un peu jalouse car bien plus belle que la mienne.

« Arrêtez donc de fixer ce hublot bien trop ennuyeux. Ma main n’a clairement aucune séquelle et sera prête à accueillir à nouveau la vôtre lors de l’atterrissage si besoin. »

Je laisse échapper un sourire avant de regarder à nouveau vers ce voisin qui ne fait plus attention à moi, étant bien trop occupé à rédiger sur son cahier. Mon regard est attiré vers sa main qui aligne mot après mot et qui noircit à une vitesse impressionnante la page devant lui. Même à cette vitesse son écriture reste belle et facilement lisible, mais ne voulant pas faire la curieuse, et surtout de peur qu’il le remarque, je n’ose pas essayer de lire ce qu’il peut bien écrire. Je me contente donc d’attraper mon sac posé sous le siège avant et d’en sortir le livre que je suis en train de lire. Je suis rapidement absorbée par mon roman, un auteur dont j’ai découvert les œuvres il y a seulement quelques mois, et dont j’ai dévoré tous les livres depuis. Son dernier, que j’ai entre les mains en ce moment, me fait frissonner et rêver à chaque nouvelle page, comme tous les précédents. Il ne me reste que quelques chapitres avant la fin, et même si tous ses romans ont toujours un happy end, je commence à avoir des doutes sur celui-ci. Si c’est le cas, j’en voudrais terriblement à l’auteur. Je lis ses livres pour m’évader de mon quotidien pas toujours rose, alors je ne veux pas déprimer par une fin tragique.

Je lis la dernière ligne avec un sourire aux lèvres. Jusqu’au bout ce cher Mr Sivart m’aura fait peur, mais je l’ai eue ma fin heureuse.

— J’ai bien cru que ce livre aurait votre peau, j’entends soudain à côté de moi.

Mon voisin a délaissé son cahier et m’observe avec un sourire moqueur aux lèvres. Cela devait faire un petit moment qu’il m’épiait, mais j’étais bien trop concentrée sur ma lecture pour m’en rendre compte.

— C’est la faute de l’auteur qui a décidé de me torturer, dis-je simplement, ce qui le fait étrangement sourire un peu plus.

— Je suis sûr qu’il ne vous visait pas personnellement, continue-t-il, toujours amusé. Je m’appelle Travis, ajoute-t-il ensuite en me tendant sa main.

— Marie, je réponds en serrant la main qu’il me tend. Et je suis certaine que l’auteur me visait personnellement, je plaisante ensuite.

Il émet un léger rire avant de finalement lâcher ma main qu’il a tenue un peu plus longtemps que nécessaire. Puis il referme son cahier et se tourne légèrement de mon côté, visiblement afin d’entamer une conversation.

— Alors Marie, commence-t-il avec un accent étranger, pourquoi est-ce que vous pensez être personnellement visée ? demande-t-il.

Je réfléchis un moment, surprise de sa question, je n’ai pas vraiment de réponse à cela. Ce n’était qu’une plaisanterie, j’étais persuadée qu’il l’aurait comprise.

— Eh bien, j’hésite, c’est moi qui suis en train de lire, je ne vois personne d’autre avec ce livre en main pour le moment. Donc je peux imaginer que cette histoire n’a été conçue que pour moi, je réponds, en espérant qu’il ne me prenne pas pour une folle.

Je constate qu’il me comprend quand je le vois acquiescer avant de sourire.

— C’est plutôt bien pensé en effet, concède-t-il.

Notre conversation littéraire se poursuit, Travis m’interroge longuement sur l’auteur et sur les autres livres que j’ai aimés de cet auteur. Une bonne partie du vol se déroule ainsi, et ma honte du décollage est rapidement oubliée. Puis la discussion dévie rapidement sur le but de notre voyage. Tandis que je pars pour rendre visite à mes grands-parents exilés en Floride, Travis, lui, est en voyage d’affaires.

— Votre accent n’est pas français, vous venez d’où ?

— Australie, répondit-il fièrement. Je suis en France depuis peu pour travailler. J’aime beaucoup ce pays, peut-être que j’y resterai un petit moment.

— Vous avez raison c’est beaucoup moins dangereux, dis-je ironiquement. Combien de temps vous restez en Floride ?

— Seulement trois jours, je pars ensuite pour New York quatre jours avant de rentrer. Et vous ?

— Une semaine, je réponds simplement, perdant tout enthousiasme à l’idée de savoir que ses vacances ne dureront pas éternellement.

Nous sommes interrompus par une hôtesse qui nous propose à boire pour la troisième, et probablement dernière fois, de ce vol. Je refuse poliment en même temps que Travis et on se retrouve à nouveau seuls. Je n’ai plus réellement envie de parler, annoncer que j’allais rester seulement une semaine m’a rapidement ramenée à la réalité et au fait que dans sept petits jours, je devrai reprendre le cours de ma vie. La pause ne durera pas. Je profite donc de l’excuse d’aller aux toilettes pour ne pas avoir à poursuivre cette conversation. Travis se lève pour me laisser passer, et je pose mon livre sur mon siège avant de partir.

De retour à ma place quelques minutes plus tard, j’aperçois Travis avec mon livre à la main, qui me le tend en souriant. J’en profite pour le ranger dans mon sac pendant que le pilote annonce notre atterrissage dans moins d’une demi-heure.

— Comme promis ma main est disponible, me propose Travis en posant son bras sur l’accoudoir du milieu.

Je ne la prends évidemment pas mais je souris. Je n’ai pas envie de lui faire mal une nouvelle fois, je m’accrocherai sûrement à mon accoudoir côté hublot si je veux agripper quelque chose.

Mais la descente vers l’aéroport de Miami est plutôt turbulente à cause d’un orage typique de la région. Mes yeux se ferment et ma respiration se fait laborieuse. Martyriser cet accoudoir de malheur ne change rien. D’un coup la main de Travis attrape la mienne, ce qui m’oblige à le regarder, il n’a pas l’air le moins du monde perturbé lui.

— Serrez aussi fort qu’il le faut pour vous détendre, c’est ma main gauche cette fois-ci, je pourrai continuer à écrire.

Je réponds avec un simple sourire crispé, mais accepte tout de même sa proposition et attrape sa main, mais beaucoup moins fort qu’au décollage, je l’espère.

En quelques minutes tout devient beaucoup plus calme. L’atterrissage se fait sans aucun problème et rapidement l’avion roule jusqu’à sa destination finale. Les passagers descendent rangée après rangée. C’est seulement quand notre tour arrive que je me rends compte que je tiens toujours la main de Travis dans la mienne. Je m’excuse tout de suite avant de la retirer puis de le remercier, d’abord de ne pas m’en vouloir de lui avoir broyé la main, puis d’avoir été un si bon compagnon de vol. On se lève et on se dirige rapidement vers la sortie. On marche côte à côté sans vraiment se parler jusqu’au service des douanes et de la sécurité.

— C’était vraiment un plaisir de pouvoir passer ce vol avec vous, me lance finalement Travis une dernière fois avant de passer la sécurité le premier.

Il me lance ensuite un dernier sourire et me fait un signe de la main avant de disparaître.

Je passe à mon tour et arrive rapidement dans le hall, ma grand-mère est là à m’attendre et se dirige vers moi à peine arrivée. Elle m’assaille de questions auxquelles je réponds avec plaisir ne l’ayant pas vue depuis un long moment.

— Où sont tes bagues jeune fille ? demande-t-elle ensuite en m’entraînant vers sa voiture.

— Ici, je lui réponds en montrant mon sac. Je ne peux pas les mettre pendant le vol tu le sais bien, mes doigts gonflent, expliquai-je ensuite.

Une fois dans sa voiture, je sors mon livre afin de récupérer mes bagues conservées dans une petite pochette. J’enfile d’abord ma bague de fiançailles avant de mettre mon alliance. Un papier s’échappe de mon livre au moment où je le remets dans mon sac. Je reconnais immédiatement le mot que Travis m’a fait passer en début de vol, mais je ne me rappelais pas l’avoir rangé à cet endroit. J’ouvre donc mon livre pour l’y replacer et découvre un mot sur la première page, de la même écriture.

« Je vous promets que je ne vous visais pas personnellement en écrivant cette histoire. Je suis ravi d’avoir pu vous mettre dans de tels états, mais surtout ravi du sourire que vous aviez à la fin de l’épilogue. »

Ce mot est accompagné d’une adresse e-mail et signé par le nom de l’auteur Mr Sivart. Le nom de famille est souligné d’une flèche qui part du T vers le S. Je ne comprends pas tout de suite, puis je finis par m’apercevoir que Sivart à l’envers donne Travis...

2

S’agit-il d’un pur hasard et cet homme souhaite-t-il profiter de la situation ? Ou bien suis-je réellement tombée sur l’auteur qui me fait tant rêver grâce à ses bouquins depuis que je les ai découverts ? Tout ça me semble bien trop irréel pour être vrai. Je décide donc d’ignorer ce mot, du moins pour l’instant, mais ma grand-mère remarque que quelque chose me perturbe. Elle est douée pour sentir quand quelque chose ne va pas.

— Comment va Nathan ? me demande d’ailleurs cette dernière, alors qu’elle s’engage sur l’autoroute sans difficulté.

— Plutôt bien, je réponds évasive, je pense qu’il est content d’avoir une semaine seul sans moi.

— Sottise, lance aussitôt ma grand-mère. Je suis sûre que tu lui manques déjà !

Je préfère ne pas répondre à ça. Si elle savait ce qu’il se passait vraiment, elle ne penserait absolument plus la même chose, j’en suis certaine. Je la laisse donc s’imaginer ce qu’elle veut et la laisse continuer à me poser des questions tout le long du chemin. Tous les sujets y passent, des plus insignifiants aux plus importants.

Ça fait presque deux ans que je ne l’ai pas vue alors je ne m’agace pas de ses questions, comme je pourrais le faire avec ma mère. Je suis venue dans le simple but de rendre visite à mes grands-parents, parce que selon ma grand-mère, son mari n’en aurait plus pour très longtemps à vivre et je devais le voir une dernière fois. Elle m’a déjà fait le coup auparavant, selon elle mon grand-père est mourant depuis quelques années. Pur mensonge pour me faire venir. J’ai accepté après des mois de négociations de la part de ma grand-mère, et je m’attends à trouver mon grand-père en pleine forme comme la dernière fois que je l’ai vu, il y a deux ans.

C’est d’ailleurs une petite heure après que ce dernier me salue, un grand sourire aux lèvres, en me serrant dans ses bras.

— Ma petite-fille préférée, enfin te voilà ! s’écrit-il en me relâchant.

— Je suis ta seule petite-fille papy, alors me dire que je suis ta préférée ne va pas me flatter, je plaisante en lui plantant un baiser sur la joue. Tu as l’air bien en forme pour un homme à l’agonie !

— Il faut bien trouver un moyen de te faire venir, se justifie-t-il, pas gêné le moins du monde.

Je souris plutôt que d’argumenter, ils aimeraient me voir un peu plus souvent. Chose difficile à comprendre depuis qu’ils ont décidé de s’installer à l’autre bout du monde pour leur retraite. Je sais aussi qu’ils ne veulent que mon bien, et que j’avais réellement besoin de vacances pour souffler un peu. Alors malgré le mal que j’ai eu à me décider à venir, je sais que cette semaine loin de tout va me faire un bien fou.

Il n’est que 21 heures mais avec le décalage horaire je n’ai pas la force de rester debout, il est déjà 3 heures du matin en France, je décide d’aller me coucher pour être plus en forme demain matin. Je ne veux même pas avaler un morceau malgré l’insistance de ma grand-mère. Je pars donc dans la chambre d’amis, traînant ma petite valise et mon sac à main avec moi.

Je me change rapidement dans la salle de bains attenante à ma chambre, avant de finalement m’effondrer sur le lit. Je plonge la main dans mon sac pour y trouver mon téléphone. Je tombe évidemment sur mon livre que je m’empresse de prendre également, toujours intriguée par le mot écrit par mon compagnon de vol. Mon téléphone dans la main, malgré l’heure tardive chez moi, j’envoie un rapide message à ma mère, puis mon père, avant d’en envoyer un à Nathan. Je ne m’attends à aucune réponse de sa part, ni ce soir ni demain. Je pense même que je n’aurai rien de la semaine. Quand je lui en ferai la remarque en rentrant, il me dira simplement qu’il n’avait rien à répondre. Mais penser à ça me déprime, je décide donc d’ajouter un autre message à celui lui précisant que j’étais bien arrivée.

Marie: P.-S. Tu me manques déjà…

Je pose ensuite mon téléphone à côté de moi, espérant avoir une surprise quand je me réveillerai. Je relis ensuite la dédicace de mon soi-disant auteur préféré. Son adresse e-mail devant les yeux je me demande si je ne devrais pas lui envoyer quelque chose. Même s’il n’est pas vraiment l’auteur qu’il veut me faire croire, il a été charmant avec moi durant le vol, m’aidant avec mes angoisses, alors ne serait-ce que pour le remercier.

Mais avant de me décider, j’attrape à nouveau mon téléphone et tente une recherche sur Internet. Je tape rapidement Mr Sivart dans la barre de recherche, malgré mes yeux qui se ferment tout seuls, afin de trouver quelques informations sur lui. Mais il n’y a pratiquement rien sur cet auteur, cela fait trois ans que son premier livre est sorti et a eu un succès inattendu. Pourtant aucune information ne filtre sur sa vie privée, à part le fait que ce soit un homme, qui apparemment userait d’un nom d’emprunt. Deux choses qui coïncident avec Travis, mais qui ne me prouvent absolument pas que ce soit réellement lui. Ma curiosité me pousse finalement à quitter le navigateur de recherche pour ouvrir ma boîte e-mail, mais au moment où je termine de taper l’adresse de Travis, je reçois un message qui me surprend.

Nathan :D’accord. Tu as mis où mon chargeur de téléphone ?

Évidemment il ne répond qu’à mon premier message, mon « tu me manques » passe aux oubliettes. Je ne prends même pas la peine de me demander ce qu’il fait encore debout à cette heure tardive. Je lui réponds le plus simplement possible, n’attendant plus d’autre réponse après cela.

Marie :Tiroir de ta table de chevet.

Je quitte mes messages pour retourner sur ma boîte e-mail. Est-ce que je devrais vraiment lui envoyer quelque chose maintenant ? Je devrais peut-être attendre demain ? Lui aussi est sûrement exténué par le décalage horaire alors il ne lira probablement pas ses e-mails ce soir. Et puis demain je serai sûre de ne pas écrire n’importe quoi à cause de mon cerveau bien trop embué par la fatigue. Je finis donc par décider d’attendre. Je quitte ma boîte e-mail, sauvegardant le brouillon sans rien avoir écrit dedans, simplement pour ne pas avoir à réécrire l’adresse demain. Puis je dépose mon téléphone sur la table de chevet, avant de finalement fermer les yeux et me laisser sombrer. Je pense que pour la première fois depuis deux ans, je vais réussir à m’endormir très rapidement, et sans avoir besoin de somnifères.

Je me réveille en sursaut et en sueur. Toujours le même cauchemar qui se répète. J’aurais mieux fait de le prendre quand même ce somnifère. Je suis sûre que j’aurais réussi à dormir un peu. Là je sens bien que j’ai dû somnoler plus qu’autre chose, j’ai un mal fou à tenir assise et à ouvrir les yeux. Je meurs encore de fatigue, mais je n’ai pas la moindre envie de me rendormir avant d’avoir avalé mon cachet, j’ai besoin de ne pas me réveiller avant plusieurs heures. Je réussis à attraper mon téléphone en le cherchant à tâtons et vérifie l’heure, la lumière de l’écran me brûle les yeux, et il me faut un petit instant avant de m’acclimater. Quand je découvre enfin l’heure, je constate que j’avais raison : je n’ai pratiquement pas dormi, il n’est même pas 10 h 30, et je suis presque sûre que mes grands-parents ne sont toujours pas couchés. Je récupère mon sac et cherche ma boîte de médicaments tant convoitée. J’en sors un petit cachet avant de me rappeler que je n’ai pas d’eau près de moi. Je vais devoir sortir du lit et aller dans la salle de bains. Mission presque impossible tant mes jambes ont du mal à me soutenir. Le néon de la salle de bains achève de me réveiller complètement, mes yeux sont maintenant alertes et bien ouverts, même si mon corps, lui, est de l’avis contraire.

J’attrape rapidement le verre que ma grand-mère a dû laisser là pour moi, le remplis, et repars en direction du lit. J’hésite un instant avant d’avaler mon cachet, mon cauchemar étant encore bien trop frais dans mon esprit, j’ai peur de me rendormir aussi vite. Je récupère à nouveau mon téléphone, bien décidée cette fois-ci à finalement envoyer cet e-mail. La fatigue m’aidant à ne pas trop penser à ce que je fais, je commence à taper en espérant rester cohérente.

De : Marie Duval HÀ : [email protected] : Imposteur ?

Cher Travis, il me semblerait bien qu’un imposteur se soit amusé à dédicacer mon livre et ait osé le signer du nom de l’auteur. Auriez-vous une idée du coupable sachant que vous étiez mon compagnon de vol ?

P.-S. Je vous suis reconnaissante de votre soutien lors de l’atterrissage, et également de votre silence sur mon mépris lors du décollage.

Marie

J’appuie sur « envoyer » sans même relire, je pense vraiment que la fatigue a joué sur le contenu de ce message. Jamais je n’aurais osé envoyer ça si j’étais en pleine possession de mon esprit. Je regretterai sûrement demain d’avoir envoyé cet e-mail, quand j’aurai suffisamment dormi, pour l’instant je suis juste satisfaite. Je finis par verrouiller mon téléphone et le dépose sur la table de chevet, j’attrape ensuite mon verre d’eau et mon cachet avant de l’avaler.

Je sens rapidement les effets du médicament, j’ai hâte de dormir plusieurs heures sans cauchemars. Mais mon téléphone qui vibre me tire de ce demi-sommeil et je suis poussée par la curiosité alors qu’il vibre une seconde fois. Je l’allume les yeux à moitié clos, et y découvre un SMS que je n’attendais pas.

Nathan : Je suis un con tu le sais, désolé, tu vas me manquer aussi.

Son message me fait sourire, il peut avoir ses moments de tendresse aussi. J’ignore son message, ne voulant pas abuser de sa gentillesse ce soir. Je me concentre donc à nouveau sur mon portable. La seconde vibration venait d’un e-mail. J’ai soudain une petite peur que Travis m’ait déjà répondu, et mon ventre se noue quand je découvre que c’est bien lui.

De : Travis MillerÀ : Marie Duval HObjet : Rien à déclarer

Chère Marie,

Ne devriez-vous pas être en train de dormir avec ce décalage horaire monstrueux ? Je sais que je rêve de pouvoir rejoindre mon lit en ce moment même. Pour ce qui est de votre livre, je n’en ai pas la moindre idée, c’est étrange mais je n’ai vu personne d’autre que vous et moi l’avoir entre les mains. Je souffre, paraît-il, d’un dédoublement de la personnalité et mon alter ego serait ce merveilleux Mr Sivart. Quelle étrange coïncidence que son nom de famille soit mon prénom à l’envers, et que Mr soit la première et dernière lettre de mon nom de famille (MilleR), vous ne trouvez pas ?

Sur ce, je vous souhaite une excellente nuit Marie Duval.

P.-S. C’était un plaisir.

Je crois que je n’ai pas souri comme ça depuis longtemps, si cet homme est un imposteur alors il est doué. Je suis presque sûre qu’il me dit la vérité, mais je ne sais absolument pas comment je pourrais le prouver. J’ai envie de continuer à en savoir davantage, mais je suis exténuée et le médicament fait de plus en plus effet. Je lâche donc mon téléphone quelque part dans les draps et finis par fermer les yeux. M’endormant pour la première fois en deux ans avec un sourire aux lèvres, sûrement grâce à Nathan et Travis réunis.

3

Le réveil est difficile, je n’ai clairement pas assez dormi, mais le point positif est que je ne me suis pas réveillée à cause d’un cauchemar. Non, c’est la musique assourdissante venant visiblement du salon qui m’a réveillée. Mes grands-parents ont beau avoir soixante-dix ans passés, l’âge de la tranquillité, ils n’en sont pas moins restés très jeunes dans leur tête. Et la musique à fond, de ce qui me semble être Justin Timberlake, me le prouve encore ce matin. Je les imagine en train de danser devant leur télé comme deux gamins surexcités. J’aimerais pouvoir rester un peu plus longtemps au lit, traîner comme je pouvais le faire avant, mais étant donné la courte durée de mon séjour ici, je m’en voudrais de ne pas passer autant de temps que possible avec ma famille. Je me lève donc difficilement, regarde l’heure sur le radio-réveil, 8 h 30, avant de me diriger vers la salle de bains pour prendre une douche.

Quand je retourne dans la chambre, beaucoup plus en forme, je pars à la recherche de mon téléphone abandonné quelque part dans le lit. Je défais le drap et retourne les coussins, pour finalement le trouver par terre sous le lit. C’est lorsque je le déverrouille, et que je tombe directement sur l’e-mail de Travis, que je me rappelle lui avoir envoyé quelque chose hier soir. Je ne lui ai pas répondu la veille étant bien trop fatiguée, et ce matin je ne sais pas ce que je dois lui dire. J’hésite un instant avant de finalement mettre mon téléphone dans ma poche sans rien faire. J’ai bien besoin d’un bon café corsé avant de réfléchir correctement, je rejoins donc mes grands-parents qui baissent finalement le son de la télévision quand ils me voient arriver. Je suis accueillie avec deux grands sourires et deux câlins bien plus longs que la coutume ne le voudrait, mais je ne me plains pas et apprécie tout cet amour dont je ne profite pas souvent.

— Tu as bien dormi ma belle ? demande mon grand-père alors que je me dirige vers la cuisine.

Je peux déjà sentir l’odeur du café qui me donne envie.

— Très bien, et vous ? dis-je en mentant aisément.

— Toujours, répond ma grand-mère en déposant une grande tasse devant moi.

Elle dépose également du sucre et du lait auxquels je ne toucherai pas. Puis elle me demande ce que je veux manger. Une réponse bien française me vient en tête, une baguette fraîche beurrée… Mais je ne me fais pas d’illusions, les baguettes ici sont pratiquement inexistantes, ou bien n’ont absolument pas le même goût que celles dont j’ai l’habitude. Je me contente donc de grignoter quelques biscuits en faisant la conversation. Ma grand-mère a déjà prévu notre programme de la journée : shopping et farniente au bord de leur piscine, rien de plus. Selon elle j’ai besoin de prendre des couleurs, autant sur ma peau, que dans mes vêtements. J’ai soi-disant le teint trop pâle, et des habits trop foncés. Je suis d’accord sur le premier point, mais refuse de l’écouter sur le second. Mes vêtements sont et resteront sombres, cela me convient parfaitement comme ça.

Pendant que mes grands-parents m’abandonnent quelques minutes le temps de se préparer, je récupère mon téléphone au fond de ma poche. L’e-mail de Travis me fait toujours de l’œil, et après avoir avalé ma dernière gorgée de café, je me décide finalement à lui répondre.

De : Marie Duval HÀ : Travis MillerObjet : Alter ego

Bonjour,

J’espère que vous avez pu rattraper le sommeil dont vous rêviez hier. Dites-moi, pourquoi ne pas avoir rejoint votre lit si vous étiez si fatigué ?

En ce qui concerne votre alter ego, je suis vraiment curieuse d’en savoir plus et surtout de savoir si vous souffrez également de mythomanie aiguë ? Vous comprendrez que j’ai besoin de savoir si la signature de mon livre a une réelle valeur.

Bonne journée Travis Miller, ou bien Mr Sivart…

Ma grand-mère réapparaît quand j’appuie sur « envoyer ». Je n’ai pas été des plus inspirée pour ce message mais je ne sais pas comment savoir si c’est réellement lui. Tourner autour du pot ne me dérange pas plus que ça pour le moment. Penser que je parle avec un écrivain que j’adore me fait plaisir, si je dois me rendre compte que c’est un imposteur, alors autant que ce soit le plus tard possible, et me laisser la possibilité de rêver et sourire un peu plus longtemps.

À peine le temps d’aller attraper mon sac à main que ma grand-mère me traîne déjà jusqu’à sa voiture. Mon grand-père, lui, préfère passer son tour pour le shopping et part rejoindre des amis pour faire je ne sais quoi. Il m’a promis que l’on passerait l’après-midi du lendemain ensemble, et je suis presque sûre qu’il va m’emmener pêcher.

— On ne sortira pas du centre commercial avant que tu n’aies acheté au moins deux robes de couleur, me prévient déjà ma grand-mère en démarrant.

La journée risque d’être longue si elle y tient vraiment. J’envisage déjà d’acheter des robes pour lui faire plaisir, qui ensuite resteront au fond de mon armoire. Mes jeans et shorts foncés ou noirs, ainsi que mes hauts de la même couleur me vont parfaitement et malgré tout ce qu’elle pourra dire ou faire, ça ne changera pas.