Éloge de Molière - Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort - E-Book

Éloge de Molière E-Book

Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort

0,0
9,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Extrait : "Le nom de Molière manquait aux fastes de l'Académie. Cette foule d'étrangers, que nos arts attirent parmi nous, en voyant dans ce sanctuaire des lettres les portraits de tant d'écrivains célèbres, a souvent demandé : Où est Molière ? Une de ces convenances que la multitude révère, et que le sage respecte, l'avait privé pendant sa vie des honneurs littéraires, et ne lui avait laissé que les applaudissements de l'Europe."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :

• Livres rares
• Livres libertins
• Livres d'Histoire
• Poésies
• Première guerre mondiale
• Jeunesse
• Policier

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Seitenzahl: 37

Veröffentlichungsjahr: 2015

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



EAN : 9782335076745

©Ligaran 2015

Éloge de Molière

DISCOURS QUI A REMPORTÉ LE PRIX DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE EN 1769.

Qui mores hominum inspexit…

HORACE.

Le nom de MOLIÈRE manquait aux fastes de l’Académie. Cette foule d’étrangers, que nos arts attirent parmi nous, en voyant dans ce sanctuaire des lettres les portraits de tant d’écrivains célèbres, a souvent demandé : Où est Molière ? Une de ces convenances que la multitude révère, et que le sage respecte, l’avait privé pendant sa vie des honneurs littéraires, et ne lui avait laissé que les applaudissements de l’Europe. L’adoption éclatante que vous faites aujourd’hui, Messieurs, de ce grand homme, venge sa mémoire, et honore l’Académie. Tant qu’il vécut, on vit dans sa personne un exemple frappant de la bizarrerie de nos usages ; on vit un citoyen vertueux, réformateur de sa patrie, désavoué par sa patrie, et privé des droits de citoyen ; l’honneur véritable séparé de tous les honneurs de convention ; le génie dans l’avilissement, et l’infamie associée à la gloire : mélange inexplicable, à qui ne connaîtrait point nos contradictions, à qui ne saurait point que le théâtre, respecté chez les Grecs, avili chez les Romains, ressuscité dans les états du souverain pontife, redevable de la première tragédie à un archevêque, de la première comédie à un cardinal, protégé en France par deux cardinaux, y fut à la fois anathématisé dans les chaires, autorisé par un privilège du roi et proscrit dans les tribunaux. Je n’entrerai point à ce sujet dans une discussion où je serais à coup sûr contredit, quelque parti que je prisse. D’ailleurs Molière est si grand, que cette question lui devient étrangère. Toutefois je n’oublierai pas que je parle de comédie ; je ne cacherai point la simplicité de mon sujet sous l’emphase monotone du panégyrique, et je n’imiterai pas les comédiens français, qui ont fait peindre Molière sous l’habit d’Auguste.

Le théâtre et la société ont une liaison intime et nécessaire. Les poètes comiques ont toujours peint, même involontairement, quelques traits du caractère de leur nation ; des maximes utiles, répandues dans leurs ouvrages, ont corrigé peut-être quelques particuliers ; les politiques ont même conçu que la scène pouvait servir à leurs desseins ; le tranquille Chinois, le pacifique Péruvien allaient prendre au théâtre l’estime de l’agriculture, tandis que les despotes de la Russie, pour avilir aux yeux de leurs esclaves le patriarche dont ils voulaient saisir l’autorité, le faisaient insulter dans des farces grotesques : mais que la comédie dût être un jour l’école des mœurs, le tableau le plus fidèle de la nature humaine, et la meilleure histoire morale de la société ; qu’elle dût détruire certains ridicules, et que, pour en retrouver la trace, il fallût recourir à l’ouvrage même qui les à pour jamais anéantis : voilà ce qui aurait semblé impossible avant que Molière l’eût exécuté.