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Cet ouvrage recueille des cartes postales de voyages intérieurs, sous forme de poèmes ou de textes courts. Une invitation à se poser, à prendre une grande respiration et à se connecter aux mondes sensibles, avec le secret espoir que cette lecture résonne à l'intérieur de vous. De formats et thèmes variés, ces cartes postales ont pour fil conducteur la vibration des mots, l'invitation aux voyages, les émotions. Chacun.e y associera son propre imaginaire pour créer une alchimie unique et personnelle. Beaux voyages.
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Seitenzahl: 42
Veröffentlichungsjahr: 2021
A mes âmes amies
Avant-propos
Tombouctou
Samarcande
Rencontres
Je me suis tu
Tourne soufi
Voyage immobile
Au café
Désir
L’arbre qui jamais ne meurt
Vous irez
Je me souviens et mon âme déborde
Lanterne
Elle
Le pollen de la nuit
Immaculée conception
Réunion
Hymne
Naître et renaître
Confusion
21 décembre 2020
Je suis une forêt
Chaos
Les saisons des âmes
Déraciné
L’orage
Danser
Un mot
A la recherche du toucher perdu
La tendresse
Bourdon
Ame nomade
En septembre 2020, au détour d’une musique africaine, Tombouctou est né, spontanément. Puis d’autres textes ont suivi, inspirés d’un mot lu, d’une phrase proposée, d’une musique entendue. Pendant plusieurs mois, j’ai pris mon épuisette et je suis allé chercher les mots là où ils sont, en nous, tout autour de nous. Ils flottent dans un espace d’infinis possibles, attendent nos attentions. Alors, suivant l’inspiration du moment, avec mon épuisette maladroite, je les attrapai et les posai sur le papier. Ensemble ils formèrent des poèmes ou des textes courts. Formes inhomogènes, reflets de leur malléabilité, ils dessinèrent des cartes postales de ces voyages. Ce sont ces cartes postales que vous tenez en main.
J’ai une immense gratitude pour vous qui tenez ce modeste recueil et vous laissez guider par ces comptes rendus de voyages. Je me suis permis de les rassembler ici afin qu’ils puissent résonner en vous, peut-être dès la première lecture, peut-être plus tard. J’ai le secret espoir (plus maintenant que je vous le livre ici) que ces cartes postales soient comme des soins. A minima elles seront des respirations poétiques qui invitent à se poser. Si c’était possible je vous inviterais à les lire les yeux fermés.
Les mots ont des sens, des vibrations, ils permettent la pensée autant qu’ils peuvent la piéger. Ils sont un complément à la musique ou le dessin. Je vous laisse trouver quel texte va avec quelle musique ou quelle peinture et cela constituera votre trésor personnel, si le cœur vous en dit.
Je vous souhaite une savoureuse lecture.
Le rythme entêtant des pas sur le sable Sur la route, sur la piste Tombouctou en bout de songe Hécatombe de tombeaux tombés dans des mains impies Les songes peuls peuplent mon cœur Et saignent du sacrilège.
Un écho porté par les caravanes.
Le rythme entêtant des pas sur le sable Tombouctou en bout de songe L’œil-soleil sur le ciel de dunes La robe-voie lactée sur la fraîcheur des nuits Le rythme transe-ascendant des musiques racines Danse sans fin en mon sein.
Un chèche bleu claque au vent chaud.
Le rythme entêtant des pas sur le sable Le cœur du désert en bout songe Le soleil tape comme des mains rudes sur un djembé Les dunes ondulent comme les courbes des femmes dansant Chaque pas est un chant Accordé à la vibration du désert.
Un reflet brillant dans un coin de l’âme.
La cité de sable en bout de songe Accords et résonances en ses Saints Un chant pour sacrer chaque acte Au centre du monde se dresse une âme Au centre des ondes, résonne un chant Un imaginaire porté par la superposition des âges.
Me voilà brisé sur le bord du chemin, mon bâton rompu, mes souliers troués, mon cœur en lambeaux. Devant, la piste n’est plus. Derrière, elle sinue entre les rochers, à perte de vue. Le soleil m’écrase, les montagnes m’accablent, l’ombre de mon âne me fuit, l’eau se terre. Samarcande la belle m’attend, mais y entrerais-je ? Je la rêve, étoile bleutée sur la route des caravanes, drapées de milles voiles qui cachent la vérité, racontée par milles arabesques aux géométries sacrées, berceau de la Perse savante, grandiose dans ses couleurs, ses senteurs, sa sagesse et sa poésie.
Elle est là-bas, par-delà l’horizon. Elle m’attend. Mais qu’ai-je à lui apporter d’autre que mon dépouillement ? Mon âne refuse de porter mes livres, mon dos aussi. Mes instruments à mesurer le ciel sont grippés par le sable. Que pourrais-je bien lui offrir sinon ma détresse ?
Déjà les feux du soleil couchant griffent le ciel. Le froid du désert rampe vivement et s’engouffre dans les trous de mes chausses. A quoi pourrais-je me réchauffer ? Mes couvertures ne me suffisent plus. Mon cœur a froid, tout morcelé qu’il est. Sans force, je me laisse tomber au pied d’un rocher, rude dossier pour mon dos laminé.
Les griffures du ciel s’empourprent. Moi qui l’observe depuis tant d’année je n’ai jamais su décrire les couleurs d’un soleil couchant. Les mots des autres me semblent si loin de la réalité, même ceux de Rumi ou Omar-Kayyam. La nuit tire son voile sur le monde et le monde s’abrite. Sauf moi. Je m’expose à l’obscurité, scrutant les étincelantes couleurs qui l’annoncent.