Et si on se donnait rendez-vous dans dix ans - Jean-Frédéric Toiron - E-Book

Et si on se donnait rendez-vous dans dix ans E-Book

Jean-Frédéric Toiron

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Beschreibung

Et si on se donnait rendez-vous dans 10 ans !
Patrick Bruel l’avait chanté, nous l’avons fait ! Tout est parti d’un délire un jour où nous étions à la fac, au snack d’en face. Patrick Bruel et son célèbre « si on se donnait rendez-vous dans 10 ans », résonnait à nos oreilles. Même si cette année-là, nous avions vécu un évènement tragique laissant une trace indélébile à nos vies, nous nous étions toutes et tous promis d’être là, ici présents.
J’avais quant à moi vécu un cataclysme tant au niveau personnel que sentimental. Mais j’étais à mille lieues de penser qu’une rencontre allait bouleverser ma vie.
Et si Cynthia me redonnait la joie de vivre que j’attendais ? Et si c’était elle mon âme sœur ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Jean-Frédéric Toiron est tout d’abord un papa heureux d’une princesse de 12 ans, un « beau » grand père comblé de 3 petit fils MAIS aussi un homme du sud de la France, entre Avignon et Marseille. Approchant la cinquantaine qui prend plaisir dans la lecture mais aussi dans l’écriture d’histoires sur des sujets plus ou moins sérieux. Il est passionné des mots et tente de faire voyager son lectorat dès que l’occasion se présente. Découvrez sa plume simple et sans fioriture qui peut-être vous en fera voir de toutes les couleurs.
Osez poussez les portes des mondes qu’il affectionne, vous allez adorer.

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Et si on se donnait

rendez-vous

dans 10 ans

 

Jean Frédéric Toiron

 

Romance

Images : Adobe Stock

Illustration graphique : Graph’L

Art en Mots éditions

 

 

Mes Chères Lectrices et Lecteurs,

 

Un livre, c’est toujours une part de soi qui s’en va, lorsque vous vous plongez dans la lecture.

Je fais partie de ces personnes qui écrivent, avant toute chose par passion, par libération même.

Aujourd’hui, vous avez entre vos mains une œuvre particulière, que j’ai écrite, hors de ma zone de confort habituelle. J’ai pris douleur mais aussi plaisir dans cette écriture. J’ai hâte aujourd’hui d’avoir vos retours, même si, pour ne rien vous cacher, je stresse immensément.

Bien sûr, je ne suis pas le seul à avoir fait partie de cette aventure plumesque, vous vous en doutez bien ! J’ai eu des personnes, intransigeantes, dures, mais sincèrement passionnées, qui m’ont encouragé, poussé à obtenir ces pages que vous avez sous les yeux.

Ce livre se veut frais, romancé, mais n’oublions pas que seul l’Amour avec un grand A permet à un couple (peu importe le sexe) d’affronter la vie avec ses bons et ses mauvais moments.

Avant de conclure, je voulais aussi remercier Art En Mots Éditions et VOUS remercier, mon lectorat, car sans VOUS, je n’existerais pas.

Alors, je ne vous retiens pas plus et vous souhaite à toutes et tous une excellente lecture et surtout, parce que c’est mon vœu le plus cher :

Soyez Heureux, Vivant et en Paix !!!

Mes Sincères Salutations. Prenez soin de Vous !

Amitiés et Respects.

 

Jean-Frédéric Toiron

 

 

Contact : [email protected]

Blog : http://www.leregarddefred.fr/

Facebook : Jean Frederic Toiron

Instagram : toiron69

 

 

 

 

 

 

 

À Toi qui me supportes chaque jour,

À toute la communauté homosexuelle,

À tous les gens qui s’aiment,

À mon ami Gérard Ferrer, qui a rythmé l’écriture de ses pages,

Je vous dédie cette romance pas comme les autres.

 

Waouh !!!

Trop bien, samedi je suis invitée à la soirée de Morgane, comme toutes les étudiantes et les étudiants de la fac de notre promo ! Mon amie a prévu la fête du siècle à l’entendre. Encore hier elle me disait hystérique :

— Il faut que tout soit parfait ! Nous fêtons la fin de la Fac ma belle, notre Master de lettres en poche, enfin j’espère… Il ne reste plus que nos mémoires à passer et on pourra enfin souffler ! Un oral et ensuite fini les cours de Guibert ennuyeux au possible, on tire un trait sur cinq ans de galère !

Elle n’a pas tort, ces années n’ont pas été des plus calmes. On a bien mérité de s’amuser un peu ! Mais comment vais-je m’habiller ? C’est le stress total, je n’en ai aucune idée…

Au pire, j’irais chiper une petite jupe dans la chambre de Lucie. Elle en a tellement qu’elle ne s’en apercevra même pas. De toute façon, ma sœur à un dressing incroyable, alors qu’elle porte toujours les mêmes choses.

Par contre, j’espère que mon amie a pensé à inviter Tony, surtout depuis qu’il s’est coupé les cheveux, j’avoue, il est trop canon !

D’ailleurs, il va peut-être me demander d’y aller avec lui, ça serait tellement magique… Bon malgré tout, je ne rêve pas, il est bien trop occupé pour penser à ça.

Ce n’est pas le tout de rêvasser devant mon bol de café mais je vais louper mon métro à force.

Le temps pour moi d’enfiler ma veste en cuir, la rouge, je la kiffe, mon sac à bandoulière, un dernier petit coup d’œil dans le miroir du hall, et c’est parti pour une longue mais heureuse journée à la fac.

Oups !!!

Après quelques centaines de mètres, le drame, je casse mon talon, impossible d’aller en cours comme ça. Demi-tour au pas de course jusqu’à la maison pour changer mes chaussures, je vais vraiment être à la bourre cette fois c’est certain.

Tant bien que mal, dans mon malheur, j’ai eu de la chance, déjà j’ai réussi à prendre mon métro à l’heure habituelle, et en plus je me suis rendu compte que j’avais oublié mon téléphone dans ma chambre. Une journée entière, un jeudi en plus, où j’ai mon tout dernier cours à 17h30, sans mon portable, c’est juste, la mort !!

Je suis une fille très connectée, comme tous les jeunes de nos jours, au grand désespoir de mes parents, mais vu mes résultats scolaires, ils me laissent malgré tout assez libre.

J’ai eu la chance d’avoir, pour l’obtention de mon Master, oui ils ont une confiance aveugle en moi !, l’iPhone 8 plus, le Red, celui de mes rêves. Depuis, je ne peux plus m’en passer. Toute ma vie est dessus. Je ne suis pas une fille exubérante, je dirais plutôt très réservée, timide et le virtuel m’aide à me libérer. Qui ne se sent pas plus à l’aise derrière un écran ? Créer des liens, une amitié, discuter, c’est beaucoup plus simple ainsi pour moi que le faire en face à face.

En revanche, j’ai horreur de courir de bon matin et pire je déteste le jeudi ! Je trouve la journée très longue. Ma seule récompense, ce sont mes deux heures d’anglais assise à côté de Tony lors de nos travaux dirigés.

Ce garçon est tout simplement le plus beau mec de la planète ! Nous avons quasiment fait toute notre scolarité ensemble, hormis la seconde où monsieur s’est offert une année à Londres. La pire année de ma vie loin de lui, mais grâce à la distance géographique j’ai pu m’apercevoir à quel point j’étais complètement folle de lui.

Quelle ne fut pas ma joie lorsque j’ai appris que nous allions nous retrouver dans la même fac. Bon certes pas dans la même filière, lui est plus matheux, c’est donc tout naturellement qu’il se retrouve en fac de sciences alors que moi je continue mon cursus en lettres modernes. Mais nos options similaires nous permettent de nous retrouver, pour mon plus grand bonheur !

Lorsque j’arrive devant la grille de la fac, il est là, dans son ensemble jean noir, chemise blanche, un sourire ravageur aux lèvres, avec Michael son compère de toujours. À tous les deux, je suis certaine qu’ils ont dû faire les 400 coups. Mais heureusement, cette année, ils se sont assagis tous les deux, prenant conscience de l’importance des études.

J’arrête de rêvasser, car j’avais oublié mais deux heures de Psychologie à 8h du matin, ça motive (ou pas…) pour la journée !

 

****

 

Ouf !!!

La matinée est enfin passée. Comme à notre habitude nous nous retrouvons avec Morgane au snack face à la fac. J’aime ces moments-là. En plus, je vais enfin pouvoir la questionner, façon inspecteur de police, je veux tout savoir sur sa soirée de samedi.

Qui sera là ?

Comment elle s’habille ?

Tout, tout, tout !!!

— Bon, alors raconte-moi, demandé-je à Morgane. Comment ça va se passer ? Qui sera présent ?

Mon amie me regarde moqueuse un rictus au coin des lèvres.

— Avoue ma belle que tu espères surtout qu’IL viendra.

Elle accentue sur le IL. J’essaye de rester stoïque, surtout ne pas laisser mes sentiments prendre le dessus. Et c’est plutôt compliqué quand on sait que l’on peut lire en moi comme dans un livre ouvert. C’est ce que me dit toujours ma mère.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, nié-je.

Elle ne me croit pas et à juste titre. Tony est Le beau gosse par excellence. Elle sait aussi que je suis folle de lui depuis toujours. J’aimerais tellement qu’il soit présent samedi soir.

— Bon alors combien nous serons ?

Je persiste. Morgane va bien finir par craquer !

— Il y aura toute notre promo à 5-6 personnes près, puis quelques amis, donc… hummm !!! Elle compte sur ses doigts, une bonne soixantaine ! Ça va être génial ! J’ai hâte d’y être.

— Et tes parents, qu’en disent-ils ?

— Ils sont cools ! Ils iront dormir chez Christine et Fabien, nos voisins. J’ai ordre de ne rien détruire et de rendre la maison en parfait état ! « Ménage de rigueur demoiselle », dit-elle les lèvres pincées, imitant à la perfection sa mère.

Nous éclatons de rire.

— Je t’aiderai, tu peux compter sur moi !

— Merci beaucoup Alicia !! T’es une vraie copine !

Morgane et moi nous connaissons depuis très longtemps. Nous avons fait notre scolarité ensemble. Ça soude les liens.

— En ce qui concerne la déco, tu vas trop kiffer ! J’ai prévu des ballons or et argenté à profusion, la maison sera méconnaissable ! On aura aussi des fontaines de chocolat avec bonbons et guimauve. Des spots partout, ambiance boîte de nuit branchée. Et le clou du spectacle je veux des candélabres partout, ambiance Glamour-Chic bal de promo Américain ! Un DJ mixera aux platines. Des tables seront recouvertes d’un buffet de toast varié du traiteur le plus réputé de la ville. « Il est hors de prix mais je fais ça pour toi ma fille chérie » dit-elle d’une grosse voix, imitant cette fois son père.

Morgane est une vraie tornade ! Toujours le mot pour rire. Je l’adore.

— Ça va être génial c’est certain, te connaissant il ne peut en être autrement 

— Tu as une idée de la tenue que tu vas porter ? me questionne-t-elle.

Je fais la moue.

— Justement, je voulais voir avec toi ! Je ne sais pas trop quoi mettre… comme tu connais ma garde-robe comme ta poche, je me disais que tu aurais peut-être une idée.

Elle semble réfléchir.

— Et bien tout dépend… si tu veux plaire… ou non… dit-elle en minaudant.

Je sais très bien où elle veut en venir. Mais je ne tomberai pas dans son piège ! Elle ne m’aura pas de la sorte. Je la regarde d’un œil noir. Morgane rit aux éclats.

— Ça va je te taquine ! Détends-toi ! Ce que tu peux être coincée sur ce sujet ! Tony te plait ça crève les yeux, avoue-le et on n’en parle plus !

Elle n’a pas tort, mais de nature timide je préfère garder ce genre de chose pour moi.

— Mets ta robe rouge, pas celle avec le bustier, mais celle avec le dos nu, tu es canon dedans !!

Elle sort un bout de papier de sa poche et commence alors à citer les prénoms des invités ! Je vais enfin savoir s’il sera présent ou pas ! S’il vous plait, faites que ce soit le cas !!

— Élodie et Arnaud, Marilyn et Marc, Delphine et Antoine, Pauline et…

Punaise elle va en venir au fait ou non, cette peste le fait exprès j’en suis sûre.

— Et enfin, Sébastien et Trissia, plus les amis des amis, tu sais comment ça marche, ah et j’oubliais Michael, Éva, et enfin Tony… ça fait bien une soixantaine passée.

Rooooh !! Il sera là, j’ai envie de faire la danse de la joie !! Ok calme-toi poulette, calme-toi !! Reste cool, rien ne doit transparaitre.

— 60 ! Waouh on va être nombreux, c’est cool, tenté-je pour changer de sujet.

Mais Morgane ne m’écoute plus… ses pensées sont accaparées par le beau mec qui vient de rentrer dans le snack : Samuel son chéri. Un Bad boy dans toute sa splendeur, mécanicien automobile. Ses parents le détestent. Mais Morgane tient absolument à ce qu’il soit présent à la soirée.

C’est incroyable l’amour entre eux, même si d’apparence, tout les oppose. Ils s’aiment simplement et vivent une très belle histoire depuis plus d’un an.

Bon, ce n’est pas tout mais l’heure tourne et je préfère les laisser tranquilles, direction le cours d’anglais. Je vais vivre les deux heures les plus magiques et merveilleuses de ma journée.

Ce n’est certes pas la matière que je préfère, mais j’ai une place en or aux côtés de Tony et même si cette allumeuse de Cynthia aimerait clairement me prendre ma place, je ne la lui laisserais pour rien au monde. Elle me gonfle à s’habiller comme une pute ! Bon, l’avantage c’est que tous les mecs bavent sur le balancement de son postérieur, sauf mon Tony !

Cette fille nous suit depuis le lycée et je n’ai jamais eu d’affinité avec elle. Même lors d’un exposé, où nous devions travailler en binôme, j’ai tout fait pour passer le moins de temps possible avec.

Ce qui me conforte dans mon attirance pour Tony, c’est que depuis le collège, je ne l’ai jamais vu sortir avec une fille. Et je crois, enfin il me semble, peut-être que je me fais des films que j’ai aperçu à plusieurs reprises son regard posé sur moi.

Sincèrement, ce mec est trop beau et je trouve que sa petite chemisette blanche lui va à ravir. Il a ce look qui ne me laisse pas indifférente. Mélangez à cela son charisme et sa gentillesse, vous obtenez le mec parfait. Mon mec parfait !

Lorsque j’arrive dans l’amphi, il m’adresse son plus beau sourire. Je me dirige de suite vers lui, l’embrassant pour lui dire bonjour. Mes lèvres sur ses joues m’électrisent à chaque fois et son odeur épicée se mélangeant à celle du cuir mélangé au bois de la pièce me comble.

Je me demande si je vais arriver à me concentrer, il me perturbe de plus en plus. Rien que de le savoir si proche de moi, mon cœur s’affole. Calme-toi enfin on dirait une ado en rut.

Et c’est encore pire quand son genou effleure ma cuisse. Le moindre contact est un supplice.

— Est-ce que ça va ? me demande-t-il.

Je hoche la tête. Je sais à quel point Mr Guibert ne supporte pas le moindre bavardage lors de ses monologues en anglais.

— Tu seras à la soirée de Morgane ce week-end ?

Il persiste. Je lui souris, rougissante.

— Oui ! Je ne raterais ça pour rien au monde. Et puis Morgane me tuerait si je lui faisais faux bond !

Il ricane. Qu’est-ce qu’il est sexy !!

— Tu y vas accompagnée ?

Je rêve ou il me drague ? Si seulement… et si je lui dis que j’y vais seule je vais passer pour la paumée de service. À moins que ce soit une façon détournée de savoir si je suis célibataire ? Ne rêve pas ma pauvre fille, ce mec est trop canon pour toi. En même temps ce n’est pas un crime d’y aller seule. J’assume.

— Oui. Dis-je fermement.

Qu’il s’avise de se moquer. Contre toute attente, je vois ses joues se colorer.

— Ah ok… cool… enfin je veux dire… ce n’est pas cool que tu y ailles seule… seulement… moi aussi j’y…

Nous sommes interrompus par le professeur qui de sa voix grave nous demande :

— Je ne vous dérange pas trop au moins les tourtereaux en pleine idylle ?

Punaise je crois que si j’avais la possibilité de rentrer dans un trou de souris je le ferais. Tout le monde nous regarde et se marre dans leurs barbes. Quelle honte ! Tony aussi est très gêné.

Je décide de faire profil bas et prends des notes sur le cours d’anglais. Pas évident quand vous ne comprenez qu’un mot sur deux…

Soudain, un petit bout de papier me surprend. C’est de la part de mon voisin.

« Si tu es seule, on pourrait y aller ensemble ? Qu’en penses-tu ? »

Je suis surprise de sa demande. N’a-t-il personne d’autre sous la main ? Ou m’apprécie-t-il un minimum ? Et dans le plus doux rêve, se pourrait-il que je lui plaise ? Même qu’un peu !?

« Ouais, pourquoi pas ! Avec plaisir. »

Se la jouer détachée, ne pas lui montrer que j’ai juste envie de me lever et de crier de joie !

« Super je suis sûr que ça va être génial. »

Il parait soulagé. Il pensait peut-être que j’allais le jeter… bizarre.

« J’en suis sûre. »

Il griffonne une réponse et me repasse la feuille.

« Tu sais ce que ça implique ? Les gens vont penser que tu es ma petite amie… alors je comprendrais si finalement tu refusais de m’accompagner. »

Sa petite amie ? OMG ! S’il savait !

« Je me fiche de ce que les gens pensent. »

Il sourit en lisant.

« Et si c’était réellement le cas ? »

Merde ! Que répondre à ça ?

« J’assumerai »

« Bien ! »

« Bien. »

Il range le bout de papier dans son classeur. La discussion est close. Que signifie ce « Bien » ?

 

****

 

Ma pauvre fille, respire !!!

Ce n’est qu’une soirée parmi tant d’autres…

Certes, tu y vas avec le mec de tes rêves, mais ce n’est pas pour ça qu’il faut s’en rendre malade.

C’est le style de paroles que ma très chère mère m’aurait dit. Elle a toujours eu le don de dédramatiser toutes les situations. Malgré tout, ça fait des années que l’invitation de Tony, j’en rêve secrètement et enfin il se décide.

Lorsque j’y pense, dans moins d’une heure, il sonnera à la porte dans une de ses tenues très classe, j’imagine. Il est toujours bien habillé de toute façon.

J’ai hâte de voir la tête de Cynthia ! Je sais qu’elle va être folle de rage quand elle verra la coincée de service arriver avec THE BEAU GOSS !! Ça lui apprendra à nous gonfler quotidiennement avec ses jupes de plus en plus courtes, juste pour que les mâles lui matent les fesses.

Je l’avoue, je ne suis pas objective, car je déteste cette fille. Moi, contrairement à cette pimbêche je m’habille sobrement, sexy de temps en temps, et distinguée me disait toujours ma grand-mère.

Lorsque ça sonne à la porte, j’ai le cœur qui bat la chamade, j’ai l’impression qu’il va sortir de ma cage thoracique. Vais-je lui plaire ? Tony a fait un pas audacieux en m’invitant, je n’ai pas envie de le décevoir. Comment va-t-il se comporter sous le regard inquisiteur de mon père, celui-là même qui vient de le faire rentrer dans le hall de la maison ? Écoutant la discussion, je me sens soulagée, mon cavalier semble à l’aise, et mon paternel ne l’impressionne pas visiblement.

Cette situation est assez particulière, c’est la toute première fois qu’un garçon vient chez moi pour m’emmener à une soirée. Je redoutais ce moment, même si mes parents ont toujours su que je ne ferais jamais n’importe quoi. Ils savent que je suis une fille très réfléchie voire trop parfois.

Lorsque j’entre dans le hall suivie de ma mère, Tony en gentleman me tend un bouquet de fleurs et s’approche pour m’embrasser la joue. Il est tendu, gêné, je le sais timide alors son attitude ne m’étonne pas.

Mon père, qui a exigé de le rencontrer sous prétexte qu’il ne laisse pas sa fille entre les mains de n’importe qui, nous observe, ce qui rend la situation encore plus gênante.

J’ai eu beau lui expliquer que je suis grande et majeure, et qu’il faut qu’il me laisse vivre ma vie comme je l’entends, il ne le voit pas de la même manière.

Avant de partir, il fait une sorte de morale à mon partenaire du soir. Rien de tel pour le faire fuir. Merci papa !!! Punaiiiiise la honte !!

— Surtout, faites attention à l’alcool, buvez modérément. S’amuser c’est bien, c’est de votre âge mais ne prenez aucun risque…

On dirait un spot de prévention contre l’alcool… Tony hoche la tête. Bordel j’ai vingt-trois ans !!

— Papa… c’est bon, on sait tout ça…

— Oui mais je sais aussi que tu n’as pas l’habitude de boire, alors je veux que tu sois prudente !!

— Promis, allez on s’en va, soufflé-je en poussant Tony vers la sortie.

Zut, j’ai oublié de lui rappeler quelque chose.

— N’oublie pas que je dors chez Morgane cette nuit, je vais l’aider à faire le ménage demain.

Il acquiesce, mais je sens bien qu’il est inquiet malgré tout.

— C’est gentil de ta part ma fille !

— Ne te fais pas de soucis, je te jure de t’envoyer un texto tout à l’heure en arrivant et demain matin en me réveillant ok ?? le rassuré-je.

— Ne vous inquiétez pas Monsieur, je vous promets de prendre soin d’elle et de ne pas la lâcher d’une semelle.

J’embrasse mon père sur la joue ainsi que ma mère hilare de voir mon père inquiet.

— D’accord merci !

— Avec plaisir papa, bonne soirée à tous les deux.

— Bonne soirée les jeunes.

J’entends alors ma mère se moquer gentiment de lui à notre départ :

— Elle a vingt-trois ans mon chéri, il serait peut-être temps que tu la laisses vivre un peu… ! Allez viens, rentre, laisse-les tranquilles !

 

Je suis très fière, Tony a apparemment fait bonne impression auprès de mes parents, sinon jamais ils ne m’auraient laissée partir avec lui. Même s’ils sont assez jeunes, ils font partie de la vieille école. Après, c’est légitime qu’ils s’inquiètent pour moi, j’agiraiscertainement pareilà leurs places avec mes propres enfants.

Dans la voiture, hormis l’autoradio jouantla sublime chanson Le coeurdonnier que j’adore de l’artiste Soprano, nous restons tous les deux timides, silencieux, se regardant à peine, parfois nous adressant des sourires. Je ne cesserai jamais de dire que le sien est tout simplement ravageur, il me fait littéralement fondre.

Mon conducteur est prudent et nous arrivons chez Morgane, où déjà le monde afflue. Lorsque nous entrons dans la grande demeure somptueuse et magnifiquement décorée pour l’occasion,c’est l’effervescence et je ne reconnais d’ailleurs pas les lieux, tellement c’est spectaculaire ! Morgane a fait du bon boulot. Je remarque alors les sourires en coin et les regards insistants de certaines filles présentes.

Le plus marquant de tous c’est clairement celui de cette peste de Cynthia qui me fusille littéralement sur place. De toute façon, je n’en ai strictement rien à faire, cette fille m’insupporte et ce n’est pas sa jalousie qui me fera passer une mauvaise soirée.

Par contre, je n’ai pas encore vu Morgane, c’est pourtant elle l’hôte de la soirée.

Juste le temps d’envoyer un texto comme promis à mon père pour le rassurer et nous nous dirigeons avec Tony vers le bar, où un jeune homme très classe nous accueille faisant jongler un shaker, façon Tom Cruise dans Cocktail.

— Bonsoir les amoureux ! nous lance-t-il.

Mon cavalier aussi timide et gêné que moi, me regarde et nous éclatons de rire en même temps.

Décidément entre hier le prof d’anglais et ce soir le barman, tout le monde nous voit comme deux tourtereaux. Ceci dit, ça ne me dérange pas, bien au contraire, mais ce n’est malheureusement pas le cas.

Quoique ce soir, qui sait ce que cette soirée nous réserve ?

Tony tenait à m’accompagner ce soir, alors j’ose espérer qu’il a peut-être d’autres idées derrière la tête.

Lorsque retentit le générique des NRJ Music Awards, machinalement je tourne la tête et je vois enfin apparaître la reine de la soirée.

Morgane descend les escaliers, chaperonnée par un photographe. Elle est superbe dans sa robe ivoire digne d’une soirée mondaine. Cependant aucune trace de Samuel, et ce sont ses parents qui lui emboitent le pas à ma grande surprise.

— Bonsoir Monsieur et Madame Stanton. Les salué-je.

— Bonsoir les jeunes ! nous rétorque le père de Morgane alors que sa femme donne les dernières directives. J’espère que vous apprécierez tous cette soirée. Il faut qu’elle soit mémorable !

— Elle le sera papa, allez filez vite, vous êtes attendus je vous rappelle !

— Tu as raison ma chérie, mais avoue qu’on te fiche la honte aussi ! renchérit sa mère.

— Maman ! s’indigne mon amie.

Nous éclatons tous de rire sauf Morgane bien sûr.

— Allez on vous laisse vous éclater mais soyez prudent avec l’alcool, d’accord ?

— Papaaaaa, râle sa fille.

— C’est bon, c’est bon on s’en va ! À demain !

Nous les regardons sortir alors que le DJ lance un morceau de David Guetta. La piste se remplit rapidement.

Dès que j’ai l’occasion de discuter seule à seule avec Morgane, je la questionne au sujet de Samuel. Elle me confie qu’il ne va pas tarder, elle désirait simplement que ses parents ne le voient pas.

C’est si triste de devoir se cacher pour s’aimer. J’espère vivement qu’ils réussiront à comprendre le lien si fort qu’il y a entre eux. Morgane et Samuel s’aiment profondément et ça se voit.

 

*****

 

Ce fut une soirée tout simplement géniale. Certes Tony, tout comme moi d’ailleurs, n’a pas osé faire le premier pas, maisj’ai eu l’impression que ce n’était plus qu’une question de temps.

Aux alentours de 7h du matin, alors que nous n’étions plus très nombreux, nous avons entamé le ménage, histoire de dégrossir, car sans se mentir, la salle à manger de mon amie ressemble à un champ de bataille.

Malgré la fatigue, nous réussissons à remettre un peu d’ordre, puis filons sous la douche avant de plonger dans de beaux rêves.

 

****

 

Quel weekend ! La soirée a été super, nous nous sommes vraiment éclatés. En ce lundi matin, j’ai envie de me faire jolie pour aller à la fac, j’ai l’intention de me rapprocher de Tony. Et pour cela je désire mettre toutes les chances de mon côté, alors ça passe aussi par ma tenue vestimentaire.

J’arrive dans le métro, et ne peux qu’observer les regards inquisiteurs des hommes costumés, très pervers, qui vont au bureau. Malgré tout, rien ne me perturbe, je n’ai qu’une seule hâte retrouver Tony adossé à l’entrée du bahut comme à son habitude.

À ma grande surprise, il n’y est pas, même son compère de toujours est absent. C’est la première fois, si mes souvenirs sont bons qu’il rate une journée. C’est très étrange, je ne peux m’empêcher d’être anxieuse.

Alors que je décide de prendre la direction de mon prochain cours, un message se fait entendre, diffusé par les enceintes dans les multiples couloirs :

 

NOUS INVITONS TOUS LES ÉLÈVES DE DERNIÈRE ANNÉE, TOUTES FILIÈRES CONFONDUES À REJOINDRE POUR 8h30 LE GRAND AMPHITHÉÂTRE. 

 

En rentrant dans l’immense salle, je m’installe à la première place que je trouve. Sur la scène en bas, plusieurs personnes tiennent compagnie au doyen. Je suis surprise par contre de voir deux policiers, un pompier et un homme en costume. Encore une réunion sur la prévention de l’alcool au volant ou un truc dans le genre… pfff que c’est barbant.

Vérifiant que mon téléphone est en mode silencieux, le doyen prend la parole d’un ton solennel :

— Un peu de silence s’il vous plait ! 

Lorsque tout le monde se tait enfin, il poursuit :

— Dans la nuit de samedi à dimanche, il y a eu un drame effroyable, difficile à accepter. Pourtant, je n’ai pas l’habitude de m’apitoyer sur le sort des gens, comme vous le savez, sauf s’il s’agit de l’un de mes élèves. Et pour une fois, j’ai du mal à trouver les mots face à vous, ses camarades. Il était quelqu’un de discret, semble-t-il très apprécié de vous tous. Cependant, un chauffard alcoolisé lui a ôté la vie, alors qu’il avait tout pour réussir. Je dois vous informer que l’élève Tony Valleras est décédé. Nous souhaitons, au nom de tout le corps enseignant, toutes nos condoléances à son père ici présent, ainsi qu’à vous tous qui le connaissiez.

Le doyen trop ému pour continuer donne la parole au policier qui se tient à ses côtés :

— Bonjour à tous, sachez que nous serons ici parmi vous pendant quelques jours. Si vous en ressentez le besoin, nous serons à votre disposition. Éventuellement, si vous avez des questions, je suis prêt à y répondre ainsi que mon collègue pompier spécialisé dans les accidents de la route.

L’amphithéâtre est silencieux comme jamais. Personne n’ose parler, fixant un point bien précis, souvent dans le vague. Je reste là, sans voix, les larmes coulent, inondant mes joues. J’ai perdu une partie de mon cœur.

Maintenant, je le sais, j’en suis convaincue, Tony je l’aimais profondément.

Je suis complètement abasourdie, stoïque. Mon cœur se brise, jamais je ne pourrai en aimer un autre comme j’ai pu l’aimer lui, mon premier amour. Il était mon tout. Je suis totalement détruite au fond de moi.

 

****

 

Deux jours passent, je n’ai plus faim, ni soif. Tony accapare toutes mes pensées, je n’arrive pas à réaliser que je ne le reverrais plus jamais.

Je n’ose même plus fermer l’œil, de peur de faire des cauchemars. Pourtant, je suis épuisée, à bout de force, vidée. Je survis dans ce monde devenu si sombre, si triste sans lui, sans sa présence, son sourire.

Mes parents n’osent pas m’en parler cependant je les vois, impuissants à ma détresse, aussi tristes que je le suis.

C’est mon paternel qui vient me déloger de mon mutisme, en toquant à ma porte. J’hésite à lui dire d’entrer, je n’ai envie de voir personne. Et encore moins de parler. Juste être seule. Mais je sais qu’il s’inquiète…

— Oui, bougonné-je.

Il entre timidement J’ai l’impression qu’il marche sur des œufs, et vu ma patience et le fait que je suis à fleur de peau en ce moment, je sens que je ne vais pas aimer cette conversation.

Mon père s’assoit à côté de moi, par terre, dos contre mon lit.

— Ma puce, je suis désolé que tu doives traverser cette terrible épreuve… si j’avais la capacité de prendre ta peine et de te soulager je le ferais sans hésiter.

Une boule se forme dans ma gorge, mes yeux se remplissent de larmes. Je hausse les épaules, incapable de répondre sous l’émotion.

— Écoute, je sais que tu es triste, déchirée même, mais tu dois penser à toi aussi. Tony n’aurait pas aimé te savoir malheureuse et abattue comme ça !

C’en est trop, je craque, je pleure en sanglot. Mon père me serre dans ses bras pendant un long moment, me berçant comme un bébé, caressant mes cheveux. Je me revois enfant me blottissant contre lui, au moindre bobo.

— Je l’aimais… je n’arrive pas à me dire… que je ne le reverrai plus jamais. Dis-je entre deux crises de larmes.

— Je sais mon cœur, pleure, vas-y, je suis là.

Et ces simples mots me réconfortent. J’ai toujours pu compter sur lui, nous avons toujours eu ce lien fusionnel. J’ai beau être majeure depuis longtemps, je suis bien là dans ses bras.

— Tu dois manger un peu, tu es épuisée, il faut que tu te reposes. Les obsèques vont avoir lieu bientôt il va falloir être forte, pour lui et sa famille.

Je hoche la tête négativement.

— Je ne suis pas certaine d’y arriver papa… J’ai trop mal…

Il me serre encore plus fort.