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Extrait : "Le théâtre représente un salon à la française du meilleur goût. Des malles et des paquets indiquent qu'on vient d'arriver. Dans un des coins est une table chargée d'un cabaret à thé. Les dames sont assises auprès. Madame Murer lit un papier anglais près de la bougie. Eugénie tient un ouvrage de broderie. Le baron est assis derrière la table. Betsy à côté de lui, tenant d'une main un plateau avec un petit verre dessus ; de l'autre une bouteille de marasquin..."
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• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 89
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335095463
©Ligaran 2015
F. Delannoy
Une seule démarche hasardée m’a mise à la merci de tout le monde.
(Eugénie, acte III, scène IV.)
LE BARON HARTLEY, père d’Eugénie.
LE LORD COMTE DE CLARENDON, amant d’Eugénie, cru son époux.
MADAME MURER, tante d’Eugénie.
EUGÉNIE, fille du baron.
Sir CHARLES, frère d’Eugénie.
COWERLY, capitaine de haut-bord, ami du baron.
DRINK, valet de chambre du comte de Clarendon.
BETSY, femme de chambre d’Eugénie.
ROBERT, premier laquais de madame Murer.
Personnages muets. Des valets armés.
SUIVANT LE COSTUME DE L’ÉTAT DE CHACUN EN ANGLETERRE
LE BARON HARTLEY, vieux gentilhomme du pays de Galles, doit avoir un habit gris et veste rouge à petit galon d’or, une culotte grise, des bas gris roulés, des jarretières noires sur les bas, de petites boucles à ses souliers carrés et à talons hauts, une perruque à la brigadière ou un ample bonnet, un grand chapeau à la Ragotzi, une cravate nouée et passée dans une boutonnière de l’habit, un surtout de velours noir par-dessus tout l’habillement.
LE COMTE DE CLARENDON, jeune homme de la cour ; un habit à la française des plus riches et des plus élégants : dans les quatrième et cinquième actes, un frac tout uni à revers de même étoffe.
MADAME MURER, riche veuve du pays de Galles : une robe anglaise toute ronde, de couleur sérieuse, à hottes, sans engageantes, sur un corps serré descendant bien bas ; un grand fichu carré à dentelles anciennes attaché en croix sur la poitrine ; un tablier très long, sans bavette, avec une large dentelle au bas ; des souliers de même étoffe que la robe ; une barrette anglaise à dentelle sur la tête, et par-dessus un chapeau de satin noir à rubans de même couleur.
EUGÉNIE : une robe anglaise toute ronde, de couleur gaie, à bottes, comme celle de madame Murer ; le tablier de même que sa tante ; des souliers blancs, un chapeau de paille doublé et bordé de rose ; une barrette anglaise à dentelle sous son chapeau.
SIR CHARLES : un frac de drap bleu de roi à revers de même étoffe, boutons de métal plats, veste rouge croisée à petit galon ; culotte noire, bas de fil gris, grand chapeau uni, cocarde noire ; les cheveux redoublés en queue grosse et courte ; manchettes plates et unies.
M. COWERLY, capitaine de haut-bord : grand uniforme de marine anglaise ; habit de drap bleu de roi à parements et revers de drap blanc, un galon d’or à la mousquetaire ; veste blanche, même galon ; double galon aux manches et aux poches de l’habit ; boutons de métal en bosse unis ; grand chapeau bordé ; cocarde noire forte apparente, cheveux en cadenettes.
DRINK : habit brun à boutonnières d’or et à taille courte, fait à l’anglaise.
BETSY, jeune fille du pays de Galles : une robe anglaise de toile peinte, toute ronde, à bottes ; très petites manchettes ; fichu carré et croisé sur la poitrine ; tablier de batiste très long ; barrette à l’anglaise sur la tête ; point de chapeau.
La scène est à Londres, dans une maison écartée, appartenant au comte de Clarendon.
Pour l’intelligence de plusieurs scènes, dont l’effet dépend du jeu théâtral, j’ai cru devoir joindre ici la disposition exacte du salon. Aux deux côtés du fond, on voit deux portes : celle à droite est censée le passage par où l’on monte chez madame Murer ; celle à gauche est l’appartement d’Eugénie. Sur la partie latérale du salon à droite, est la porte qui mène au jardin ; vis-à-vis, à gauche, est celle d’entrée par où les visites s’annoncent. Du plafond descend un lustre allumé ; sur les côtés sont des cordons de sonnettes dont on fait usage. Cette vue du salon est l’aspect relatif aux spectateurs. En lisant la pièce, on sentira la nécessité de connaître cette disposition des lieux, que j’ai indiquée en partie dans le dialogue de la première scène.
Le théâtre représente un salon à la française, du meilleur goût. Des malles et des paquets indiquent qu’on vient d’arriver. Dans un des coins est une table chargée d’un cabaret à thé. Les dames sont assises auprès. Madame Murer lit un papier anglais près de la bougie. Eugénie tient un ouvrage de broderie. Le baron est assis derrière la table. Betsy est debout à côté de lui, tenant d’une main un plateau avec un petit verre dessus ; de l’autre, une bouteille de marasquin empaillée : elle verse un verre au baron, et regarde après de côté et d’autre.
Le baron Hartley, madame Murer, Eugénie, Betsy.
Comme tout ceci est beau ! Mais c’est la chambre de ma maîtresse qu’il faut voir.
Celle-ci à droite ?
Oui, monsieur ; l’autre est un passage par où l’on monte chez madame.
J’entends : ici dessus.
Vous ne sortez pas, monsieur ? il est six heures.
J’attends un carrosse… Eh bien ! Eugénie, tu ne dis mot ! est-ce que tu me boudes ? Je ne te trouve plus si gaie qu’autrefois.
Je suis un peu fatiguée du voyage, mon père.
Tu as pourtant couru le jardin toute l’après-midi, avec ta tante.
Cette maison est si recherchée…
Il est vrai qu’elle est d’un goût… comme tout ce que le comte fait faire. On ne trouve rien à désirer ici.
Que celui à qui elle appartient.
Betsy sort.
Eugénie, le baron, madame Murer, Robert.
Monsieur, une voiture…
Mon chapeau, ma canne…
Robert, il faudra vider ces malles et remettre un peu d’ordre ici.
On n’a pas encore eu le temps de se reconnaître.
Où dis-tu que loge le capitaine ?
Dans Suffolk-Street, tout auprès du bagne.
C’est bon.
Robert sort.
Madame Murer, le baron, Eugénie.
Le ton de madame Murer, dans toute cette scène, est un peu dédaigneux.
J’espère que vous n’oublierez pas de vous faire écrire chez le lord comte de Clarendon, quoiqu’il soit à Windsor ; c’est un jeune seigneur fort de mes amis, qui nous prête cette maison pendant notre séjour à Londres, et vous sentez que ce sont là de ces devoirs…
Le lord comte un tel, un grand seigneur, fort mon ami : comme tout cela remplit la bouche d’une femme vaine !
Ne voulez-vous pas y aller, monsieur ?
Pardonnez-moi, ma sœur ; voilà trois fois que vous le dites : j’irai en sortant de chez le capitaine Cowerly.
Comme il vous plaira pour celui-là ; je ne m’y intéresse, ni ne veux le voir ici.
Comment ! le frère d’un homme qui va épouser ma fille !
Ce n’est pas une affaire faite.
C’est comme si elle l’était.
Je n’en crois rien. La belle idée de marier votre fille à ce vieux Cowerly qui n’a pas cinq cents livres sterling de revenu, et qui est encore plus ridicule que son frère le capitaine !
Ma sœur, je ne souffrirai jamais qu’on avilisse en ma présence un brave officier, mon ancien ami.
Fort bien : mais je n’attaque ni sa bravoure, ni son ancienneté : je dis seulement qu’il faut à votre fille un mari qu’elle puisse aimer.
De la manière dont les hommes d’aujourd’hui sont faits, c’est assez difficile.
Raison de plus pour le choisir aimable.
Honnête.
L’un n’exclut pas l’autre.
Ma foi, presque toujours. Enfin j’ai donné ma parole à Cowerly.
Il aura la bonté de vous la rendre.
Quelle femme ! Puisqu’il faut vous dire tout, ma sœur, il y a entre nous un dédit de deux mille guinées : croyez-vous qu’on ait aussi la bonté de me le rendre ?
Vous comptiez bien sur mon opposition, quand vous avez fait ce bel arrangement ; il pourra vous coûter quelque chose, mais je ne changerai rien au mien. Je suis veuve et riche, ma nièce est sous ma conduite, elle attend tout de moi ; et depuis la mort de sa mère, le soin de l’établir me regarde seule. Voilà ce que je vous ai dit cent fois ; mais vous n’entendez rien.
Il est donc assez inutile que je vous écoute : je m’en vais. Adieu, mon Eugénie ; tu m’obéiras, n’est-ce pas ?
Il la baise au front, et sort.
Madame Murer, Eugénie.
Qu’il m’amène ses Cowerly ! Après un peu de silence. À votre tour, ma nièce, je vous examine… Je conçois que la présence de votre père vous gêne, dans l’ignorance où il est de votre mariage : mais avec moi que signifie cet air ? J’ai tout fait pour vous : je vous ai mariée… Le plus bel établissement des trois royaumes ! Votre époux est obligé de vous quitter ; vous êtes chagrine ; vous brûlez de le rejoindre à Londres : je vous y amène, tout cède à vos désirs…
Cette ignorance de mon père m’inquiète, madame ; d’un autre côté, milord… Devions-nous le trouver absent, lorsque nos lettres lui ont annoncé le jour de notre arrivée ?
Il est à Windsor avec la cour. Un homme de son rang n’est pas toujours le maître de quitter…
Il a bien changé !
Que voulez-vous dire ?
Que s’il avait eu ces torts lorsque vous m’ordonnâtes de recevoir sa main, je ne me serais pas mise dans le cas de les lui reprocher aujourd’hui.
Lorsque je vous ordonnai, miss ! À vous entendre, on croirait que je vous fis violence ! et cependant sans moi, victime d’un ridicule entêtement, mariée sans dot, femme d’un vieillard ombrageux, et surtout confinée pour la vie au château de Cowerly… Car rien ne peut détacher votre père de son insipide projet.
Mais si le comte a cessé de m’aimer !
En serez-vous moins milady Clarendon ?… Et puis, quelle idée ! un homme qui a tout sacrifié au bonheur de vous posséder !