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"Le Mariage de Figaro, écrit par Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, est une pièce de théâtre emblématique du XVIIIe siècle. Publiée en 1784, cette comédie en cinq actes est la suite des aventures du personnage de Figaro, déjà présent dans Le Barbier de Séville.
L'histoire se déroule dans l'Espagne du XVIIIe siècle et met en scène les péripéties amoureuses et sociales de Figaro, valet du comte Almaviva. Ce dernier, désireux de reconquérir le cœur de sa femme, la comtesse Rosine, tente de contrecarrer les plans de Figaro qui souhaite épouser Suzanne, la camériste de la comtesse.
Le Mariage de Figaro est une comédie satirique qui dénonce les inégalités sociales et les abus de pouvoir de l'aristocratie. Beaumarchais y critique également les privilèges de la noblesse et met en avant les valeurs de liberté et d'égalité.
La pièce est célèbre pour son rythme effréné, ses dialogues vifs et ses rebondissements incessants. Elle aborde des thèmes universels tels que l'amour, la jalousie, la séduction et la manipulation. Le Mariage de Figaro est une véritable comédie de mœurs qui dépeint avec humour et ironie les travers de la société de l'époque.
Considérée comme une œuvre majeure du théâtre français, Le Mariage de Figaro a connu un immense succès dès sa création. Elle a été adaptée de nombreuses fois au cinéma et reste une référence incontournable du genre comique.
En somme, Le Mariage de Figaro est un chef-d'œuvre de la littérature française qui allie divertissement et réflexion. À travers les aventures rocambolesques de Figaro, Beaumarchais nous offre une critique acerbe de la société de son temps, tout en nous faisant rire et réfléchir.
Extrait : ""Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes."""
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Seitenzahl: 156
Veröffentlichungsjahr: 2015
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EAN : 9782335002188
©Ligaran 2014
LE COMTE ALMAVIVA : Grand Corrégidor d’Andalousie.
LA COMTESSE : sa femme.
FIGARO : valet de chambre du comte et concierge du château.
SUZANNE : première camariste de la comtesse, et fiancée de Figaro.
MARCELINE : Femme de charge.
ANTONIO : Jardinier du château, oncle de Suzanne et père de Fanchette.
FANCHETTE : Fille d’Antonio.
CHÉRUBIN : premier page du comte.
BARTHOLO : Médecin de Séville.
BAZILE : Maître de clavecin de la comtesse.
DON GUSMAN BRID’OISON : lieutenant du siège.
DOUBLEMAIN : greffier, secrétaire de Don Gusman.
UN HUISSIER-AUDIENCIER.
GRIPPE-SOLEIL : jeune patoureau.
UNE JEUNE BERGÈRE.
PEDRILLE : Piqueur du comte.
PERSONNAGES MUETS.
TROUPE DE VALETS.
TROUPE DE PAYSANNES.
TROUPE DE PAYSANS.
La scène est au château d’Aguas-Frescas, à trois lieues de Séville.
Le théâtre représente une chambre à demi-démeublée, un grand fauteuil de malade est au milieu. Figaro avec une toise mesure le plancher. Suzanne attache à sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleur d’orange, appelé chapeau de la Mariée.
FIGARO, SUZANNE.
Dix-neuf pieds sur vingt-six.
Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau : le trouves-tu mieux ainsi ?
Sans comparaison, ma charmante. Oh ! que ce joli bouquet virginal, élevé sur la tête d’une belle fille, est doux, le matin des noces, à l’œil amoureux d’un époux !…
Que mesures-tu donc là, mon fils ?
Je regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne, aura bonne grâce ici.
Dans cette chambre ?
Il nous la cède.
Et moi je n’en veux point.
Pourquoi ?
Je n’en veux point.
Mais encore ?
Elle me déplaît.
On dit une raison.
Si je n’en veux pas dire ?
Oh ! quand elles sont sûres de nous !
Prouver que j’ai raison serait accorder que je puis avoir tort. Es-tu mon serviteur, ou non ?
Tu prends de l’humeur contre la chambre du château la plus commode, et qui tient le milieu des deux appartements. La nuit, si madame est incommodée elle sonnera de son côté ; zeste, en deux pas, tu es chez elle. Monseigneur veut-il quelque chose ? il n’a qu’à tinter du sien ; crac, en trois sauts me voilà rendu.
Fort bien ! mais, quand il aura tinté le matin, pour te donner quelque bonne et longue commission ; zeste, en deux pas il est à ma porte, et crac, en trois sauts…
Qu’entendez-vous par ces paroles ?
Il faudrait m’écouter tranquillement.
Eh qu’est-ce qu’il y a ? Bon dieu !
Il y a, mon ami, que, las de courtiser les beautés des environs, monsieur le comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c’est sur la tienne, entends-tu, qu’il a jetté ses vues, auxquelles il espère que ce logement ne nuira pas. Et c’est ce que le loyal Bazile, honnête agent de ses plaisirs, et mon noble maître à chanter, me répète chaque jour, en me donnant leçon.
Bazile ! ô mon mignon ! si jamais volée de bois vert, appliquée sur une échine, a dûment redressé la moelle épinière à quelqu’un…
Tu croyais, bon garçon ! que cette dot qu’on me donne était pour les beaux yeux de ton mérite ?
J’avais assez fait pour l’espérer.
Que les gens d’esprit sont bêtes !
On le dit.
Mais c’est qu’on ne veut pas le croire.
On a tort.
Apprends qu’il la destine à obtenir de moi, secrètement, certain quart d’heure, seul à seule, qu’un ancien droit du seigneur… Tu sais s’il était triste !
Je le sais tellement que, si monsieur le comte en se mariant, n’eût pas aboli ce droit honteux, jamais je ne t’eusse épousée dans ses domaines.
Eh bien ! s’il l’a détruit, il s’en repent ; et c’est de ta fiancée qu’il veut le racheter en secret aujourd’hui.
Ma tête s’amollit de surprise ; et mon front fertilisé…
Ne le frotte donc pas !
Quel danger ?
S’il y venait un petit bouton ; des gens superstitieux…
Tu ris friponne ! Ah ! s’il y avait moyen d’attraper ce grand trompeur, de le faire donner dans un bon piège, et d’empocher son or !
De l’intrigue, et de l’argent ; te voilà dans ta sphère.
Ce n’est pas la honte qui me retient.
La crainte ?
Ce n’est rien d’entreprendre une chose dangereuse ; mais d’échapper au péril en la menant à bien : car, d’entrer chez quelqu’un la nuit, de lui souffler sa femme, et d’y recevoir cent coups de fouet pour la peine, il n’est rien plus aisé ; mille sots coquins l’ont fait. Mais… (On sonne de l’intérieur.)
Voilà madame éveillée ; elle m’a bien recommandé d’être la première à lui parler le matin de mes noces.
Y a-t-il encore quelque chose là-dessous ?
Le berger dit que cela porte bonheur aux épouses délaissées. Adieu, mon petit Fi, Fi, Figaro, rêve à notre affaire.
Pour m’ouvrir l’esprit, donne un petit baiser.
À mon amant aujourd’hui ? Je t’en souhaite ! Et qu’en dirait demain mon mari ?
Figaro l’embrasse.
Eh bien ! eh bien !
C’est que tu n’as pas d’idée de mon amour.
Quand cesserez-vous, importun de m’en parler du matin au soir ?
Quand je pourrai te le prouver, du soir jusqu’au matin. (On sonne une seconde fois.)
Voilà votre baiser, monsieur ; je n’ai plus rien à vous.
Oh ! mais ce n’est pas ainsi que vous l’avez reçu.
La charmante fille ! toujours riante, verdissante, pleine de gaieté, d’esprit, d’amour et de délices ! mais sage !… (Il marche vivement en se frottant les mains.) Ah, Monseigneur ! Mon cher Monseigneur ! vous voulez m’en donner… à garder ? Je cherchais aussi pourquoi m’ayant nommé concierge, il m’emmène à son ambassade, et m’établit courrier de dépêches. J’entends, monsieur le comte : trois promotions à la fois ; vous, compagnon ministre ; moi, casse-cou politique, et Suzon, dame du lieu, l’ambassadrice de poche, et puis fouette courrier ! pendant que je galoperais d’un côté, vous feriez faire de l’autre à ma belle un joli chemin ! me crottant, m’échinant pour la gloire de votre famille ; vous, daignant concourir à l’accroissement de la mienne ! quelle douce réciprocité ! Mais, Monseigneur, il y a de l’abus. Faire à Londres, en même temps, les affaires de votre maître, et celles de votre valet ! représenter, à la fois, le Roi et moi, dans une Cour étrangère, c’est trop de moitié, c’est trop. – Pour toi, Bazile ! fripon mon cadet ! Je veux t’apprendre à clocher devant les boiteux ; je veux… non, dissimulons avec eux, pour les enferrer l’un par l’autre. Attention sur la journée, monsieur Figaro ! d’abord avancer l’heure de votre petite fête, pour épouser plus sûrement ; écarter une Marceline, qui de vous est friande en diable ; empocher l’or et les présents ; donner le change aux petites passions de monsieur le comte ; étriller rondement monsieur du Bazile et…
MARCELINE, BARTHOLO, FIGARO.
… Héééé, voilà le gros docteur, la fête sera complète. Eh, bonjour, cher docteur de mon cœur. Est-ce ma noce avec Suzon qui vous attire au château ?
Ah, mon cher monsieur, point du tout.
Cela serait bien généreux !
Certainement, et par trop sot.
Moi qui eus le malheur de troubler la vôtre !
Avez-vous autre chose à nous dire ?.
On n’aura pas pris soin de votre mule !
Bavard enragé ! laissez-nous.
Vous vous fâchez, docteur ? les gens de votre état sont bien durs ! pas plus de pitié des pauvres animaux… en vérité… que si c’était des hommes ! Adieu, Marceline : avez-vous toujours envie de plaider contre moi ?
Pour n’aimer pas, faut-il qu’on se haïsse ?
Je m’en rapporte au docteur.
Qu’est-ce que c’est ?
Elle vous le contera de reste. (Il sort.)
MARCELINE, BARTHOLO.
Ce drôle est toujours le même ! et à moins qu’on ne l’écorche vif, je prédis qu’il mourra dans la peau du plus fier insolent…
Enfin vous voilà donc, éternel docteur ? toujours si grave et compassé, qu’on pourrait mourir en attendant vos secours, comme on s’est marié jadis, malgré vos précautions.
Toujours amère et provocante ! Eh bien, qui rend donc ma présence au château si nécessaire ? monsieur le comte a-t-il eu quelque accident ?
Non, docteur.
La Rosine, sa trompeuse comtesse, est-elle incommodée, Dieu merci ?
Elle languit.
Et de quoi ?
Son mari la néglige.
Ah, le digne époux qui me venge !
On ne sait comment définir le comte ; il est jaloux, et libertin.
Libertin par ennui, jaloux par vanité ; cela va sans dire.
Aujourd’hui, par exemple, il marie notre Suzanne à son Figaro qu’il comble en faveur de cette union…
Que son Excellence a rendue nécessaire !
Pas tout à fait ; mais dont son Excellence voudrait égayer en secret l’évènement avec l’épousée…
De monsieur Figaro ? c’est un marché qu’on peut conclure avec lui.
Bazile assure que non.
Cet autre maraut loge ici ? C’est une caverne ! Eh qu’y fait-il ?
Tout le mal dont il est capable. Mais le pis que j’y trouve est cette ennuyeuse passion qu’il a pour moi depuis si longtemps.
Je me serais débarrassé vingt fois de sa poursuite.
De quelle manière ?
En l’épousant.
Railleur fade et cruel, que ne vous débarrassez-vous de la mienne à ce prix ? ne le devez-vous pas ? où est le souvenir de vos engagements ? qu’est devenu celui de notre petit Emmanuel, ce fruit d’un amour oublié, qui devait nous conduire à des noces ?
Est-ce pour écouter ces sornettes, que vous m’avez fait venir de Séville ? et cet accès d’hymen qui vous reprend si vif…
Eh bien ! n’en parlons plus. Mais si rien n’a pu vous porter à la justice de m’épouser, aidez-moi donc du moins à en épouser un autre.
Ah ! volontiers : parlons. Mais quel mortel abandonné du ciel et des femmes ?…
Eh ! qui pourrait-ce être, docteur, sinon le beau, le gai, l’aimable Figaro ?
Ce fripon-là ?
Jamais fâché ; toujours en belle humeur ; donnant le présent à la joie, et s’inquiétant de l’avenir tout aussi peu que du passé ; sémillant, généreux ! généreux…
Comme un voleur.
Comme un seigneur. Charmant enfin ; mais c’est le plus grand monstre !
Et sa Suzanne ?
Elle ne l’aurait pas la rusée, si vous vouliez m’aider, mon petit docteur, à faire valoir un engagement que j’ai de lui.
Le jour de son mariage ?
On en rompt de plus avancés : et si je ne craignais d’éventer un petit secret des femmes !…
En ont-elles pour le médecin du corps ?
Ah, vous savez que je n’en ai pas pour vous ! Mon sexe est ardent, mais timide : un certain charme a beau nous attirer vers le plaisir, la femme la plus aventurée sent en elle une voix qui lui dit : sois belle si tu peux, sage si tu veux ; mais sois considérée, il le faut. Or, puisqu’il faut être au moins considérée, que toute femme en sent l’importance, effrayons d’abord la Suzanne sur la divulgation des offres qu’on lui fait.
Où cela mènera-t-il ?
Que la honte la prenant au collet, elle continuera de refuser le comte, lequel pour se venger, appuiera l’opposition que j’ai faite à son mariage ; alors le mien devient certain.
Elle a raison. Parbleu, c’est un bon tour que de faire épouser ma vieille gouvernante au coquin qui fit enlever ma jeune maîtresse.
Et qui croit ajouter à ses plaisirs en trompant mes espérances.
Et qui m’a volé dans le temps, cent écus que j’ai sur le cœur.
Ah quelle volupté !…
De punir un scélérat…
De l’épouser, docteur, de l’épouser !
MARCELINE, BARTHOLO, SUZANNE.
L’épouser ! l’épouser ! qui donc ? mon Figaro ?
Pourquoi non ? Vous l’épousez bien !
Le bon argument de femme en colère ! nous parlions, belle Suzon, du bonheur qu’il aura de vous posséder.
Sans compter Monseigneur, dont on ne parle pas.
Votre servante, madame, il y a toujours quelque chose d’amer dans vos propos.
Bien la vôtre, madame ; où donc est l’amertume ? n’est-il pas juste qu’un libéral seigneur partage un peu la joie qu’il procure à ses gens ?
Qu’il procure ?
Oui, madame.
Heureusement la jalousie de madame est aussi connue que ses droits sur Figaro sont légers.
On eût pu les rendre plus forts en les cimentant à la façon de madame.
Oh cette façon, madame, est celle des dames savantes.
Et l’enfant ne l’est pas du tout ! Innocente comme un vieux juge !
Adieu, jolie fiancée de notre Figaro.
L’accordée secrète de Monseigneur.
Qui vous estime beaucoup, madame.
Me fera-t-elle aussi l’honneur de me chérir un peu, madame ?
À cet égard, madame n’a rien à désirer.
C’est une si jolie personne que madame !
Eh mais ! assez pour désoler madame.
Surtout bien respectable !
C’est aux duègnes à l’être.
Aux duègnes ! aux duègnes !
Marceline !
Allons, docteur car je n’y tiendrais pas. Bonjour, madame. (Une révérence).
Allez, madame ! allez, pédante ! je crains aussi peu vos efforts, que je méprise vos outrages. – Voyez cette vieille sibylle ! parce qu’elle a fait quelques études et tourmenté la jeunesse de madame, elle veut tout dominer au château ! (Elle jette la robe qu’elle tient sur une chaise.) Je ne sais plus ce que je venais prendre.
SUZANNE, CHÉRUBIN.
Ah, Suzon ! depuis deux heures j’épie le moment de te trouver seule. Hélas ! tu te maries, et moi je vais partir.
Comment mon mariage éloigne-t-il du château le premier page de Monseigneur ?
Suzanne, il me renvoie.
Chérubin, quelque sottise !
Il m’a trouvé hier au soir chez ta cousine Fanchette, à qui je faisais répéter son petit rôle d’innocente, pour la fête de ce soir : il s’est mis dans une fureur, en me voyant ! – Sortez, m’a-t-il dit, petit… Je n’ose pas prononcer devant une femme le gros mot qu’il a dit : sortez, et demain vous ne coucherez pas au château. Si madame, si ma belle marraine ne parvient pas à l’apaiser ; c’est fait, Suzon, je suis à jamais privé du bonheur de te voir.
De me voir ! moi ? c’est mon tour ! ce n’est donc plus pour ma maîtresse que vous soupirez en secret ?
Ah, Suzon, qu’elle est noble et belle ! mais qu’elle est imposante !
C’est-à-dire que je ne le suis pas, et qu’on peut oser avec moi…
Tu sais trop bien, méchante, que je n’ose pas oser. Mais que tu es heureuse ! à tous moments la voir, lui parler, l’habiller le matin et la déshabiller le soir, épingle à épingle… ah, Suzon ! je donnerais… qu’est-ce que tu tiens donc là ?
Hélas, l’heureux bonnet, et le fortuné ruban qui renferment la nuit les cheveux de cette belle marraine…
Son ruban de nuit ! donne-le-moi, mon cœur.
Eh que non pas : – Son cœur ! Comme il est familier donc ! si ce n’était pas un morveux sans conséquence. (Chérubin arrache le ruban) Ah, le ruban !
Tu diras qu’il est égaré, gâté ; qu’il est perdu. Tu diras tout ce que tu voudras.
Oh ! dans trois ou quatre ans, je prédis que vous ferez le plus grand petit vaurien !… Rendez-vous le ruban ? (Elle veut le reprendre).
Laisse, ah, laisse-le moi, Suzon ; je te donnerai ma romance, et pendant que le souvenir de ta belle maîtresse attristera tous mes moments, le tien y versera le seul rayon de joie, qui puisse encore amuser mon cœur.
Amuser votre cœur, petit scélérat ! vous croyez parler à votre Fanchette. On vous surprend chez elle ; et vous soupirez pour madame ; et vous m’en contez à moi, par-dessus le marché !
Cela est vrai, d’honneur ! je ne sais plus ce que je suis ; mais depuis quelque temps je sens ma poitrine agitée ; mon cœur palpite au seul aspect d’une femme ; les mots amour et volupté le font tressaillir et le troublent. Enfin le besoin de dire à quelqu’un je vous aime est devenu pour moi si pressant, que je le dis tout seul, en courant dans le parc, à ta maîtresse, à toi, aux arbres, aux nuages, au vent qui les emporte avec mes paroles perdues. – Hier je rencontrai Marceline…
Ah, ah, ah, ah !
Pourquoi non ? elle est femme ! elle est fille ! une fille ! une femme ! ah que ces noms sont doux ! qu’ils sont intéressants !
Il devient fou !
Fanchette est douce ; elle m’écoute au moins ; tu ne l’es pas, toi !
C’est bien dommage ; écoutez donc monsieur (Elle veut arracher le ruban.)
Ah ! ouiche ! on ne l’aura, vois-tu, qu’avec ma vie. Mais, si tu n’es pas contente du prix, j’y joindrai mille baisers.
(Il lui donne chasse à son tour.)
Mille soufflets, si vous approchez. Je vais m’en plaindre à ma maîtresse et, loin de supplier pour vous, je dirai moi-même à Monseigneur : c’est bien fait, Monseigneur ; chassez-nous ce petit voleur ; renvoyez à ses parents un petit mauvais sujet qui se donne les airs d’aimer madame, et qui veut toujours m’embrasser par contrecoup.