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A Séville, au XVIIIe siècle. Le joyeux barbier Figaro aide le Comte Almaviva a conquérir Rosine. Mais Rosine, qui n'est pas restée indifférente aux sérénades de son mystérieux soupirant, est jalousement gardée par le vieux Docteur Bartholo, qui compte bien, aidé du sinistre Don Basilio, épouser sa pupille au plus vite.
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Seitenzahl: 91
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Table of Contents
Page de titre
Personnages
Acte premier
Scène première
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Acte II
Scène première
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Scène VII
Scène VIII
Scène IX
Scène X
Scène XI
Scène XII
Scène XIII
Scène XIV
Scène XV
Scène XVI
Acte III
Scène première
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Scène VII
Scène VIII
Scène IX
Scène X
Scène XI
Scène XII
Scène XIII
Scène XIV
Acte IV
Scène première
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Scène VII
Scène VII et dernière
Page de copyright
Personnages
(Les habits des acteurs doivent être dans l’ancien costume Espagnol.)
LE COMTE ALMAVIVA, Grand d’Espagne, amant inconnu de Rosine, paraît, au premier acte, en veste et culotte de satin ; il est enveloppé d’un grand manteau brun, ou cape espagnole ; chapeau noir rabattu, avec un ruban de couleur autour de la forme. Au deuxième acte, habit uniforme de cavalier, avec des moustaches et des bottines. Au troisième, habillé en bachelier ; cheveux ronds ; grande fraise au cou ; veste, culotte, bas et manteau d’Abbé. Au quatrième acte, il est vêtu superbement à l’espagnole avec un riche manteau ; par-dessus tout, le large manteau brun dont il se tient enveloppé.
BARTHOLO, médecin, tuteur de Rosine ; habit noir ; court, boutonné ; grande perruque ; fraise et manchettes relevées ; une ceinture noire ; et quand il veut sortir de chez lui, un long manteau écarlate.
ROSINE, jeune personne d’extraction noble, et pupille de Bartholo ; habillée à l’Espagnole.
FIGARO, barbier de Séville ; en habit de majo Espagnol. La tête couverte d’un rescille, ou filet ; chapeau blanc, ruban de couleur, autour de la forme ; un fichu de soie attaché fort lâche à son cou ; gilet et haut-de-chausses de satin, avec des boutons et boutonnières frangés d’argent ; une grande ceinture de soie ; les jarretières nouées, avec des glands qui pendent sur chaque jambe ; veste de couleur tranchante, à grands revers de la couleur du gilet ; bas blancs et souliers gris.
DON BAZILE, organiste, maître à chanter de Rosine ; chapeau noir rabattu, soutanelle et long manteau, sans fraise ni manchettes.
LA JEUNESSE, vieux domestique de Bartholo.
L’ÉVEILLÉ, autre valet de Bartholo, garçon niais et endormi. Tous deux habillés en Galiciens ; tous les cheveux dans la queue ; gilet couleur de chamois ; large ceinture de peau avec une boucle ; culotte bleue et veste de même, dont les manches, ouvertes aux épaules pour le passage des bras, sont pendantes par derrière.
UN NOTAIRE.
UN ALCADE, homme de justice, avec une longue baguette blanche à la main.
PLUSIEURS ALGUAZILS et VALETS avec des flambeaux.
La scène est à Séville, dans la rue et sous les fenêtres de Rosine au premier acte ; et le reste de la pièce dans la maison du Docteur Bartholo.
Acte premier
Le théâtre représente une rue de Séville, où toutes les croisées sont grillées.
Scène première
LE COMTE, seul, en grand manteau brun et chapeau rabattu. Il tire sa montre en se promenant.
Le jour est moins avancé que je ne croyais : l’heure à laquelle elle a coutume de se montrer derrière sa jalousie est encore éloignée. N’importe ; il vaut mieux arriver trop tôt, que de manquer l’instant de la voir. Si quelque aimable de la Cour pouvait me deviner à cent lieues de Madrid, arrêté tous les matins sous les fenêtres d’une femme à qui je n’ai jamais parlé ; il me prendrait pour un Espagnol du temps d’Isabelle… – Pourquoi non ? Chacun court après le bonheur. Il est pour moi dans le cœur de Rosine. – Mais quoi ! suivre une femme à Séville, quand Madrid et la Cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ? – Et c’est cela même que je suis. Je suis las des conquêtes que l’intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent sans cesse. Il est si doux d’être aimé pour soi-même ; et si je pouvais m’assurer sous ce déguisement… Au diable l’importun.
Scène II
Figaro, le comte, caché.
FIGARO, une guitare sur le dos attachée en bandoulière avec un large ruban, il chantonne gaiement un papier et un crayon à la main1
Bannissons le chagrin,
Il nous consume :
Sans le feu du bon vin,
Qui nous rallume ;
Réduit à languir,
L’homme sans plaisir
Vivrait comme un sot,
Et mourrait bientôt.
Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein.
Et mourrait bientôt.
Le vin et la paresse
Se disputent mon cœur…
Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble…
Se partagent… mon cœur.
Dit-on se partagent ? Eh mon Dieu ! nos faiseurs d’Opéra-comiques n’y regardent pas de si près. Aujourd’hui, ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante.
(Il chante.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur.
Je voudrais finir par quelque chose de beau, de brillant, de scintillant, qui eût l’air d’une pensée.
(Il met un genou en terre et écrit en chantant.)
Se partagent mon cœur.
Si l’une a ma tendresse…
L’autre fait mon bonheur.
Fi donc ! c’est plat. Ce n’est pas ça… Il me faut une opposition, une antithèse :
Si l’une… est ma maîtresse,
L’autre…
Et parbleu j’y suis…
L’autre est mon serviteur.
Fort bien, Figaro !… (Il écrit en chantant.)
Le vin et la paresse
Se partagent mon cœur ;
Si l’une est ma maîtresse,
L’autre est mon serviteur.
L’autre est mon serviteur,
L’autre est mon serviteur.
Hen, hen, quand il y aura des accompagnements là-dessous, nous verrons encore, Messieurs de la cabale, si je ne sais ce que je dis. (Il aperçoit le comte.) J’ai vu cet abbé là quelque part.
(Il se relève.)
LE COMTE, à part.
Cet homme ne m’est pas inconnu.
FIGARO
Et non, ce n’est pas un abbé ! Cet air altier et noble…
LE COMTE
Cette tournure grotesque…
FIGARO
Je ne me trompe point ; c’est le comte Almaviva.
LE COMTE
Je crois que c’est ce coquin de Figaro.
FIGARO
C’est lui-même, Monseigneur.
LE COMTE
Maraud ! si tu dis un mot…
FIGARO
Oui, je vous reconnais ; voilà les bontés familières dont vous m’avez toujours honoré.
LE COMTE
Je ne te reconnaissais pas, moi. Te voilà si gros et si gras…
FIGARO
Que voulez-vous, Monseigneur, c’est la misère.
LE COMTE
Pauvre petit ! Mais que fais-tu à Séville ? Je t’avais autrefois recommandé dans les bureaux pour un emploi.
FIGARO
Je l’ai obtenu, Monseigneur ; et ma reconnaissance…
LE COMTE
Appelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas à mon déguisement que je veux être inconnu.
FIGARO
Je me retire.
LE COMTE
Au contraire. J’attends ici quelque chose ; et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu’un seul qui se promène. Ayons l’air de jaser. Eh bien cet emploi ?
FIGARO
Le Ministre ayant égard à la recommandation de votre Excellence me fit nommer sur le champ garçon apothicaire.
LE COMTE
Dans les hôpitaux de l’armée ?
FIGARO
Non : dans les haras d’Andalousie.
LE COMTE, riant.
Beau début !
FIGARO
Le poste n’était pas mauvais ; parce qu’ayant le district des pansements et des drogues, je vendais souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval…
LE COMTE
Qui tuaient les sujets du Roi ?
FIGARO
Ah, ah, il n’y a point de remède universel ; mais qui n’ont pas laissé de guérir quelquefois des Galiciens, des Catalans, des Auvergnats.
LE COMTE
Pourquoi donc l’as-tu quitté ?
FIGARO
Quitté ? C’est bien lui-même ; on m’a desservi auprès des puissances.
L’envie aux doigts crochus, au teint pâle et livide…
LE COMTE
Oh grâce ! grâce, ami ! Est-ce que tu fais aussi des vers ? Je t’ai vu là griffonnant sur ton genou, et chantant dès le matin.
FIGARO
Voilà précisément la cause de mon malheur, Excellence. Quand on a rapporté au ministre que je faisais, je puis dire assez joliment, des bouquets à Cloris, que j’envoyais des énigmes aux journaux, qu’il courait des Madrigaux de ma façon ; en un mot, quand il a su que j’étais imprimé tout vif, il a pris la chose au tragique, et m’a fait ôter mon emploi, sous prétexte que l’amour des lettres est incompatible avec l’esprit des affaires.
LE COMTE
Puissamment raisonné ! et tu ne lui fis pas représenter…
FIGARO
Je me crus trop heureux d’en être oublié ; persuadé qu’un grand nous fait assez de bien, quand il ne nous fait pas de mal.
LE COMTE
Tu ne dis pas tout. Je me souviens qu’à mon service tu étais un assez mauvais sujet.
FIGARO
Eh mon Dieu, Monseigneur, c’est qu’on veut que le pauvre soit sans défaut.
LE COMTE
Paresseux, dérangé…
FIGARO
Aux vertus qu’on exige dans un domestique votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ?
LE COMTE, riant.
Pas mal. Et tu t’es retiré en cette ville ?
FIGARO
Non pas tout de suite.
LE COMTE l’arrêtant.
Un moment… J’ai cru que c’était elle…
Dis toujours, je t’entends de reste.
FIGARO
De retour à Madrid, je voulus essayer de nouveau mes talents littéraires ; et le théâtre me parut un champ d’honneur…
LE COMTE
Ah miséricorde !
FIGARO
Pendant sa réplique, le comte regarde avec attention du côté de la jalousie.
En vérité, je ne sais comment je n’eus pas le plus grand succès ; car j’avais rempli le parterre des plus excellents travailleurs ; des mains comme des battoirs ; j’avais interdit les gants, les cannes, tout ce qui ne produit que des applaudissements sourds ; et d’honneur, avant la pièce, le café m’avait paru dans les meilleures dispositions pour moi. Mais les efforts de la cabale…
LE COMTE
Ah ! la cabale ! Monsieur l’auteur tombé !
FIGARO
Tout comme un autre : pourquoi pas ? Ils m’ont sifflé ; mais si jamais je puis les rassembler…
LE COMTE
L’ennui te vengera bien d’eux ?
FIGARO
Ah ! comme je leur en garde ! morbleu !
LE COMTE
Tu jures ! Sais-tu qu’on n’a que vingt-quatre heures au palais pour maudire ses juges ?
FIGARO
On a vingt-quatre ans au théâtre ; la vie est trop courte pour user un pareil ressentiment.
LE COMTE
Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui t’a fait quitter Madrid.
FIGARO