Fantasio - Alfred de Musset - E-Book

Fantasio E-Book

Alfred De Musset

0,0

Beschreibung

Fantasio est cynique, blasé, révolté. Il a « le mois de mai sur les joues, le mois de janvier dans le coeur ». Bref, il s'ennuie, malgré sa jeunesse. Dans cette Allemagne mi-bourgeoise, mi-féodale et romantique où il vit, son ami Spark, solide gaillard qui sait composer avec la médiocrité de la société, tente en vain de le ramener au « normal ». Mais ce que Fantasio cherche au plus profond de lui, c'est une grande pensée, une grande action à accomplir. Celle-ci se présente à lui le jour où l'on prépare le mariage --forcé -- de la princesse Elsabeth avec un fat et ridicule prince de Mantoue.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 53

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Sommaire

Personnages

Acte premier

Scène I

Scène II

Scène III

Acte second

Scène I

Scène II

Scène III

Scène IV

Scène V

Scène VI

Scène VII

Personnages

LE ROI DE BAVIÈRE. LE PRINCE DE MANTOUE. MARINONI, son aide-de-camp. RUTTEN, secrétaire du roi. FANTASIO, jeune homme de la ville. HARTMAN, jeune homme de la ville. FACIO, jeune homme de la ville. OFFICIERS, PAGES, etc. ELSBETH, fille du roi de Bavière. LA GOUVERNANTE D’ELSBETH.

(Munich.)

Acte premier

Scène I

À la cour Le roi, entouré de ses courtisans ; Rutten.

LE ROI

Mes amis, je vous ai annoncé, il y a déjà longtemps, les fiançailles de ma chère Elsbeth avec le prince de Mantoue. Je vous annonce aujourd’hui l’arrivée de ce prince ; ce soir peut-être, demain au plus tard, il sera dans ce palais. Que ce soit un jour de fête pour tout le monde ; que les prisons s’ouvrent, et que le peuple passe la nuit dans les divertissements. Rutten, où est ma fille ?

Les courtisans se retirent.

RUTTEN

Sire, elle est dans le parc, avec sa gouvernante.

LE ROI

Pourquoi ne l’ai-je pas encore vue aujourd’hui ? Est-elle triste ou gaie de ce mariage qui s’apprête ?

RUTTEN

Il m’a paru que le visage de la princesse était voilé de quelque mélancolie. Quelle est la jeune fille qui ne rêve pas la veille de ses noces ? La mort de Saint-Jean l’a contrariée.

LE ROI

Y penses-tu ? la mort de mon bouffon ? d’un plaisant de cour bossu et presque aveugle ?

RUTTEN

La princesse l’aimait.

LE ROI

Dis-moi, Rutten, tu as vu le prince ; quel homme est-ce ? Hélas ! je lui donne ce que j’ai de plus précieux au monde, et je ne le connais point.

RUTTEN

Je suis demeuré fort peu de temps à Mantoue.

LE ROI

Parle franchement. Par quels yeux puis-je voir la vérité, si ce n’est par les tiens ?

RUTTEN

En vérité, sire, je ne saurais rien dire sur le caractère et l’esprit du noble prince.

LE ROI

En est-il ainsi ? Tu hésites ? toi, courtisan ! De combien d’éloges l’air de cette chambre serait déjà rempli, de combien d’hyperboles et de métaphores flatteuses, si le prince qui sera demain mon gendre t’avait paru digne de ce titre ! Me serais-je trompé, mon ami ? Aurais-je fait en lui un mauvais choix ?

RUTTEN

Sire, le prince passe pour le meilleur des rois.

LE ROI

La politique est une fine toile d’araignée, dans laquelle se débattent bien des pauvres mouches mutilées ; je ne sacrifierai le bonheur de ma fille à aucun intérêt.

Ils sortent.

Scène II

Une rue Spark, Hartman et Facio, buvant autour d’une table.

HARTMAN

Puisque c’est aujourd’hui le mariage de la princesse, buvons, fumons, et fâchons de faire du tapage.

FACIO

Il serait bon de nous mêler à tout ce peuple qui court les rues, et d’éteindre quelques lampions sur de bonnes têtes de bourgeois.

SPARK

Allons donc ! fumons tranquillement.

HARTMAN

Je ne ferai rien tranquillement ; dussé-je me faire battant de cloche et me pendre dans le bourdon de l’église, il faut que je carillonne un jour de fête. Où diable est donc Fantasio ?

SPARK

Attendons-le ; ne faisons rien sans lui.

FACIO

Bah ! il nous retrouvera toujours. Il est à se griser dans quelque trou de la rue Basse. Holà, ohé ! un dernier coup !

Il lève son verre.

UN OFFICIER, entrant.

Messieurs, je viens vous prier de vouloir bien aller plus loin, si vous ne voulez point être dérangés dans votre gaîté.

HARTMAN

Pourquoi, mon capitaine ?

L’OFFICIER

La princesse est dans ce moment sur la terrasse que vous voyez, et vous comprenez aisément qu’il n’est pas convenable que vos cris arrivent jusqu’à elle.

Il sort.

FACIO

Voilà qui est intolérable !

SPARK

Qu’est-ce que cela nous fait de rire ici ou ailleurs ?

HARTMAN

Qui est-ce qui nous dit qu’ailleurs il nous sera permis de rire ? Vous verrez qu’il sortira un drôle en habit vert, de tous les pavés de la ville, pour nous prier d’aller rire dans la lune.

Entre Marinoni, couvert d’un manteau.

SPARK

La princesse n’a jamais fait un acte de despotisme de sa vie. Que Dieu la conserve ! Si elle ne veut pas qu’on rie, c’est qu’elle est triste, ou qu’elle chante ; laissons-la en repos.

FACIO

Humph ! voilà un manteau rabattu qui flaire quelque nouvelle. Le gobemouche a envie de nous aborder.

MARINONI, approchant.

Je suis étranger, messieurs ; à quelle occasion cette fête ?

SPARK

La princesse Elsbeth se marie.

MARINONI

Ah ! ah ! c’est une belle femme, à ce que je présume ?

HARTMAN

Comme vous êtes un bel homme, vous l’avez dit.

MARINONI

Aimée de son peuple, si j’ose le dire, car il me paraît que tout est illuminé.

HARTMAN

Tu ne te trompes pas, brave étranger, tous ces lampions allumés que tu vois, comme tu l’as remarqué sagement, ne sont pas autre chose qu’une illumination.

MARINONI

Je voulais demander par là si la princesse est la cause de ces signes de joie.

HARTMAN

L’unique cause, puissant rhéteur. Nous aurions beau nous marier tous, il n’y aurait aucune espèce de joie dans cette ville ingrate.

MARINONI

Heureuse la princesse qui sait se faire aimer de son peuple !

HARTMAN

Des lampions allumés ne font pas le bonheur d’un peuple, cher homme primitif. Cela n’empêche pas la susdite princesse d’être fantasque comme une bergeronnette.

MARINONI

En vérité ? vous avez dit fantasque ?

HARTMAN

Je l’ai dit, cher inconnu, je me suis servi de ce mot.

Marinoni salue et se retire.

FACIO

À qui diantre en veut ce baragouineur d’italien ? Le voilà qui nous quitte pour aborder un autre groupe. Il sent l’espion d’une lieue.

HARTMAN

Il ne sent rien du tout ; il est bête à faire plaisir.

SPARK

Voilà Fantasio qui arrive.

HARTMAN

Qu’a-t-il donc ? il se dandine comme un conseiller de justice. Ou je me trompe fort, ou quelque lubie mûrit dans sa cervelle.

FACIO

Eh bien ! ami, que ferons-nous de cette belle soirée ?

FANTASIO, entrant.

Tout absolument, hors un roman nouveau.

FACIO

Je disais qu’il faudrait se lancer dans cette canaille, et nous divertir un peu.

FANTASIO

L’important serait d’avoir des nez de carton et des pétards.

HARTMAN

Prendre la taille aux filles, tirer les bourgeois par la queue et casser les lanternes. Allons, partons, voilà qui est dit.

FANTASIO

Il était une fois un roi de Perse…

HARTMAN

Viens donc, Fantasio.

FANTASIO

Je n’en suis pas, je n’en suis pas !

HARTMAN

Pourquoi ?

FANTASIO