Frère Thomas ne se repose jamais F-Nl - Josiane Wolff - E-Book

Frère Thomas ne se repose jamais F-Nl E-Book

Josiane Wolff

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Beschreibung

Après "Game Over ! Play Again ?" Josiane Wolff nous revient avec une nouvelle histoire pour le théâtre, en français et en néerlandais : celle de Jean Lenormand, ex-flic à l'Antigang de Paris, en revalidation dans une abbaye où il se prépare à devenir moine sous le nom de frère Thomas. Flic un jour, flic toujours. Il ne peut s'empêcher de fourrer son nez dans des affaires pas très catholiques... Laboureuse d'idées à la plume atypique, l'auteure nous invite à accompagner Frère Thomas dans ses délires et ses confidences. Frère Thomas ne se repose jamais ! Na "Game Over ! Play Again ?" verschijnt Josiane Wolff opnieuw ten tonele met een theaterstuk : dit van Jean Lenormand, ex-politieman van de antigangbrigade van Parijs, die in revalidatie is in een abdij waar zij zich voorbereidt op zijn intrede als Broeder Thomas. Eens flic, altijd flic. Hij kan het niet laten zijn neus in niet al te katholieke zaken te steken... Een vat vol ideeën en met een atypische pen, zo nodigt de auteur ons uit om Broeder Thomas te volgen in zijn waanbeelden en geheimen. Broeder Thomas rust nooit !

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Seitenzahl: 116

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Sommaire

Frère Thomas ne se repose jamais

Scène 1

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Broeder Thomas rust nooit

Scène 1

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Josiane Wolff

Frère Thomas ne se repose jamais

Théâtre

Un grand merci à mon amie Johanna COEMAN

pour m’avoir proposé de traduire

cette pièce en néerlandais.

Peu importe où et quand nous nous produirons,

un siège d’honneur lui sera toujours réservé.

Josiane

« Crée un personnage attachant,

puis – à la fin – fais le mourir.

Ou pas ».

« Schep een innemend karakter.

En dan – op het einde – laat hem sterven..

Of niet ».

Ariane

Scène 1

Un vitrail éclairé par l’arrière.

Un moine est assis (et pas à genoux) sur un prie-Dieu. Des cloches de cathédrale se font entendre à grand bruit. Diminution progressive (restent en bruit de fond sans gêner la parole).

Le moine sort un petit recueil tout écorné et usé de sa poche. Il cherche la bonne page. Il prend son temps.

Voyons voir. Chapitre 13. Comment on doit dire l’Office du matin les autres Jours de la semaine ?

Il relève la tête et parcourt le public des yeux. Bon, je vous explique: les autres jours de la semaine ça veut dire en semaine, sauf le dimanche. Ici, le samedi, c’est la semaine… OK ?

Lecture monocorde, très rapide, mais audible :

On commencera l’Office du matin, les autres jours de la semaine, par le Psaume 66. On le dira sans Antienne comme le Dimanche, et un peu lentement, afin que tous les Frères aient le temps de se trouver au Psaume 50, qui se dira avec Antienne. Ce Psaume sera suivi de deux autres selon la coutume, savoir : le Lundi, le 5 et le 35 ; le Mardi le 42 et le 56 ; le Mercredi, le 63 et 64 ; le Jeudi, le 85 et le 89 ; le Vendredi, le 75 et le 91 ; le Samedi, le 142 avec le Cantique du Deutéronome, que l’on divisera en deux, disant le Gloria à la fin de chaque partie. Pour les autres jours on prendra le Cantique tiré des Prophètes, que l’Église Romaine a accoutumé à chanter chaque jour. Ensuite on dira les Psaumes de louanges, une Leçon de l’Apôtre par cœur, le Répons, l’Hymne, le Verset, le Cantique de l’Evangile, et on finira par la Prière.

Il relève la tête. Regarde le public. Prend son temps. Soupire. Hausse les épaules. Puis reprend la lecture rapide à voix haute.

Au reste, on ne doit jamais terminer l’office du matin et du soir, que le supérieur ne dise à la fin et ne prononce tout haut l’Oraison dominicale ; en sorte que tout le monde l’entende ; afin que les Frères étant pressés par l’engagement contenu dans ces paroles, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons celles qu’on nous a faites, se préservent des scandales et des dissensions qui ont accoutumé de se former dans les monastères, comme les épines dans les campagnes. Aux autres heures de l'Office on se contentera de dire tout haut la dernière partie de cette prière, afin que le Chœur puisse répondre sed libera nos a malo.

Il relève la tête. Regarde le public. Sourit. Ça veut dire : Mais délivre-nous du mal.

Il répète en articulant

Sed libera nos a malo. Ça veut dire : Mais délivre-nous du mal. Je le sais. J'ai été voir sur Google traduction. Vous n'imaginez quand même pas que je parle couramment le latin. Manquerait plus que ça.

Il soupire. Referme le recueil et le remet dans sa poche. Il se relève avec peine. (Les cloches s’arrêtent).

Je vais y échapper demain à l’office du matin.

Il ricane.

Demain c’est samedi, et le samedi… je suis au marché d’Avallon, la la la lon lon, et nom de Dieu ! …

Il met sa main devant sa bouche et regarde vers le haut, gêné.

Oh pardon, je veux dire Nom d’un p’ti bonhomme ! j’adore le samedi.

Il tire sur sa soutane.

D’abord, je laisse ce machin ici, à l’Abbaye des Pierres Levées, et je me mets en jeans et t-shirt.

Il montre ses sandales de moine et ses pieds nus dedans.

En jeans, et t-shirt et… baskets ! Et je vais vendre les bons petits produits bio qu’on fabrique ici.

Mais, permettez que je me présente : je m’appelle Jean Lenormand. J’ai 51 ans. Je suis né à Quiberon, dans le Morbihan. C’est en Bretagne. Bizarre de s’appeler Lenormand et d’être né en Bretagne ? C’est comme ça. C’est le genre de choses qui ne s’inventent pas.

Je m’appelle Jean Lenormand. Jean, pour être né le soir de la St Jean d’été, le 24 juin. Un Enfant du Solstice comme ils disent par chez nous. D’autres nous appellent les Enfants des grands Feux ou encore les Fils de Jean le Baptiste.

Mais appelez-moi Frère Thomas. C'est comme ça qu'on m'appelle ici. Avant, on m'appelait, avec respect, Monsieur l’Inspecteur. Mais ça, c'était il y a longtemps. Presque deux ans. Monsieur l’Inspecteur de la Brigade de Recherche et d’Intervention (la BRI) de la Préfecture de Police de Paris.

L'Antigang, quoi. Mais ça c'était avant. Avant que je me prenne une balle dans le thorax.

Aujourd’hui je m’appelle Frère Thomas. Je fabrique du fromage, je cultive des légumes bio et je vends tout ça chaque samedi matin sous le label salivant de Produits de l’Abbaye des Pierres Levées, sur le marché d'Avallon à 15 kilomètres d'ici.

Il fait semblant de rassembler ses idées.

Bon ! Mais ça, je vous l’ai déjà dit.

Je vais bien. Pas de séquelles, à part une cicatrice de dix centimètres sous la clavicule gauche.

Il essaie de tirer sur sa soutane pour montrer sa cicatrice. Il n’y arrive pas. Il s’énerve sur le tissu. Il soupire. Il renonce.

Lorsque je suis arrivé ici, en pleine forêt du Morvan, c’était pour ma convalescence. C’est le psy de l’Antigang, ce crétin de Serge, qui m’avait vanté les bienfaits de…

Il mime en prenant un air pompeux pour se moquer du psy :

« L’hôtellerie accueillante et son petit torrent qui court entre les rochers, l’endroit où on se ressource comme nulle part ailleurs, … d’autres que toi s’y sont retapés en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Sigmund Freud ! »

Tu parles ! S’il avait pu se douter, ce con, (je dis con, mais c’est affectueux, je l’aime bien, moi, Serge) et donc s’il avait pu se douter que je passerais de l’hôtellerie d’accueil des convalescents à la petite chambre de moine que voici.

Il montre le prie-Dieu, le vitrail

Et que je m’appellerais frère Thomas ! S’il avait pu se douter, ce con ! Et moi, donc. Bon. Appelez-moi Frère Thomas. Je suis moine bénédictin et j'ai trouvé la paix.

Il soupire. Il devient agressif.

Que voulez-vous encore savoir ? Si j’ai une femme qui traîne dans mon ancienne vie et qui attend que je me ressaisisse, que je me souvienne de mes cinquante années d’athéisme pur et dur ? Et bien non. Personne ne m’attend. D’ailleurs je suis veuf. Enfin, presque… Et c’est tout ce que vous saurez pour le moment.

Appelez-moi Frère Thomas, même si je ne porte pas la tonsure du moine de caricature que vous pourriez imaginer. Je vais vous faire une confidence : comme je n’avais aucune envie de me faire tonsurer, je me suis tondu moi-même. Toute la tête. Et puis, j'ai laissé tout repousser n'importe comment...

Il prend à partie quelqu’un au premier rang

Quoi ? Je ne suis pas beau comme ça ? Ça fait désordre pour un moine ? On s’en fout. Ça me va bien. Je dirais même que ça avantage plutôt mon physique : 1m85, un petit bedon d’amateur de bonnes bières, les épaules légèrement tombantes, mais le regard vif de celui qui ne s'en laisse pas compter. Le samedi, lorsque je laisse tomber la soutane pour les jeans et le t-shirt, il n'est pas rare que l'une ou l'autre femme me regarde avec cette petite chose dans le regard qui me laisse imaginer ce que nous pourrions faire ensemble. Puis, lorsqu'elle réalise que je suis moine – je l'annonce très vite pour éviter les problèmes – elle détourne le regard en rougissant comme si elle venait de commettre un péché de chair au milieu de la place du marché. Ça me fait toujours un peu rigoler. Ça me fait plaisir, aussi, de voir que je plais toujours. Alors j'affiche mon sourire qui tue. Celui qui rassure. Celui qui semble dire Pas de souci ma p’tite dame, tout le monde peut se tromper, mais qui en réalité laisse entendre T’es pas gênée de draguer un moine, salope ? On s'amuse comme on peut sur cette planète pourrie, non ?

Il parle maintenant sur le ton de la confidence

Comme nous sommes entre nous, je vais vous confier un secret. Le véritable but assigné par Saint Benoit à ses moines c’est la recherche de Dieu, et je n’y vois aucun inconvénient, si ce n’est que c’est pire que de chercher une aiguille dans une botte de foin. L’aiguille, au moins, a le mérite d’exister. Vous l’aurez compris. Après ce séjour de plus d’un an chez les moines, je ne crois toujours pas en Dieu…

Autre chose pour votre service pendant que nous en sommes aux confidences ? Profitez-en. Ce n’est pas tous les jours que je me livre aussi facilement. Et j’espère que ça va vous mettre l'eau à la bouche pour la suite. J'ai une ENORME qualité, un point fort, un truc à moi, un don en quelque sorte : je suis un détecteur de mensonges ambulant. Sans rigoler ! Dans ma vie antérieure, si je n'avais pas été flic, j'aurais pu être psy. En un coup d'œil je sais si un gars me raconte des bobards. Après quelques minutes, je peux même vous dire s'il vient de se faire larguer par sa copine ou s'il prépare un mauvais coup. Il fut un temps où j'étais imbattable au poker menteur. Mais ça, c'était avant. Bon, je vais devoir vous laisser maintenant, parce que je n’ai pas que ça à faire. Je dois encore aller étiqueter les boulettes.

Il redevient agressif

Ouais ! Les boulettes, ce sont les fromages au lait de vache et à croûte naturelle qu'on fabrique ici et que je vais vendre demain matin à Avallon. Je vous ai dit que j'y vais tous les samedis ? Ah oui. Ça je vous l'avais dit. Alors, une petite dernière confidence pour la route ? Par exemple, un très gros défaut du Frère Thomas ? OK ? Nul n'est parfait, n'est-ce pas ? Voilà : j’adore fourrer mon nez dans les affaires des autres. En fait, comme je suis à la fois curieux mais suspicieux et que je ne supporte pas de ne pas savoir, je me retrouve la plupart du temps dans des situations scabreuses qui m’ont déjà joué pas mal de sales tours. Un jour, si vous êtes bien sages, je vous raconterai… Mais pour le moment, ici, il ne peut pas m’arriver grand-chose. Et ce n’est pas la dizaine de cadres supérieurs de la multinationale Ergo Sum qui débarquent ce soir à l’Hôtellerie qui vont bouleverser mon quotidien. Ils ont choisi le séjour en autonomie sans présence aux services religieux. Ça veut dire qu’ils peuvent disposer des cuisines, d’une salle de réunion et d’un coin au grand salon pendant Vêpres et Complies.

Il s’arrête. Il explique.

Prenez des notes, ça vous servira peut-être un jour.

Il rigole, puis se reprend et continue sérieusement

Bon. Les Vêêêêêpres, c’est l’office du soir, entre 17 et 18h, parfois un peu plus tôt en hiver, juste avant le coucher du soleil. Et les Compliiiiiiiiies, c’est la dernière prière de la journée, juste avant d'aller dormir. Alors, l’astuce, c’est que le frère chanceux qui s’occupe des résidents jusqu’à 22h en est dispensé. Oui, oui. C’est qui les résidents ? Ce sont ces jeunes cadres aux dents longues qui viennent passer quelques jours ici, en espérant que la grâce de dieu va les aider à augmenter leur chiffre d’affaire les doigts dans le nez… Les cons ! Mais bon. Grâce à eux, je peux m’occuper de la cuisine, …

Un temps d’arrêt. Il fait ostensiblement un clin d’œil.

De la cuisine et… du bar. Ouais ouais. Et les Vêêêêpres et les Compliiiiiiies, on s’en fout ! Et c’est le cas ce soir. Ouais ouais. On est vendredi. Je vais m’occuper des visiteurs. J’adore ça, m’occuper des visiteurs.

RIDEAU – NOIR

Scène 2

Un meuble bar perpendiculaire au public.

Frère Thomas est accroupi d’un côté. Un homme et une femme se trouvent de l’autre côté.

L’homme: Nous n’avons toujours rien de précis après deux mois de filature. Je pense qu’on devrait laisser tomber.

La femme: Rien pour le moment, mais je suis certaine que nous allons trouver quelque chose. Il est notre principal suspect. Et ce type se comporte bizarrement, je vous assure. Il est parvenu à semer un de nos meilleurs pisteurs la semaine dernière.

L’homme: Je vous laisse encore 8 jours, ensuite, on referme le dossier Tony Taminiau et on cherche ailleurs.

Frère Thomas chuchote au public

Chuuuut. Je me fais aussi discret qu’une petite souris. Le ton est en train de monter. J’ai envie de savoir ce qu’ils manigancent. Je les ai repérés tout à l’heure à l’accueil. Deux cadres d’Ergo Sum. Ils n’ont pas l’air d’accord. Ils font suivre un de leurs employés.

Il essaie de changer de position. Il reste accroupi.

Et merde. Je commence à avoir des crampes.

L’homme: Si on continue, on va se retrouver au tribunal du travail ou au pénal pour atteinte à sa vie privée.

Frère Thomas chuchote au public

C’est le mec qui veut lâcher l’affaire. C’est le boss de la bonne femme, à tous les coups.

La femme: On ne risque rien. Si nous obtenons la