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"Helmut et les drôles d’oiseaux" est une satire du racisme ordinaire, ce racisme diffus et universel, traversant toutes les classes sociales, toutes les croyances, toutes les identités. Il ne s’exprime pas toujours violemment, mais se loge dans les réflexes, les jugements hâtifs, les héritages culturels ou les tensions économiques. Aucun personnage n’est épargné, car chacun, à sa manière, porte en lui une forme de rejet de l’autre. Face à ce mal ancien, enraciné dans notre histoire collective, ni la répression ni les sermons ne suffisent. La pièce choisit une autre voie : celle de l’humour – cet humour décapant qui permet de prendre du recul, de rire des autres comme de soi-même, et, peut-être, d’amorcer une prise de conscience.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Louis Chamack est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre parmi lesquelles "L’herbe amère", "Don Cervantes" ou" le Manchot de Lepante" – œuvre majeure et intemporelle à ses yeux –, "La rédemption d’Aaron", récompensée par le prix de la Fondation Beaumarchais en 2009 – et La "1002ᵉ nuit, les femmes de la citadelle". Son ouvrage actuel est une satire sur le racisme.
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Seitenzahl: 92
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Louis Chamack
Helmut et les drôles d’oiseaux
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Louis Chamack
ISBN : 979-10-422-7305-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Derrière le rideau, la voix envoûtante d’Oum Kalthoum s’élève avec force, quelques instants avant les coups répétitifs du « brigadier » (comme il était coutume au théâtre pour prévenir le public de l’imminence de la représentation).
Le rideau s’ouvre et l’on découvre un homme corpulent en peignoir, tenant un manche à balai, avec lequel il assène les trois derniers coups au plafond, en rythme avec ceux du play-back, mais comme le voisin indélicat ne semble pas obtempérer, et que la mélodie continue à s’écouler avec force jusqu’au dernier rang du public, le récalcitrant branche la stéréo. Alors un tsunami symphonique « La Chevauchée des Walkyries » chasse sans ménagement toutes les belles tessitures de la chanteuse orientale. Enfin, l’homme en peignoir baisse légèrement le son, et comme il constate que le voisin a abdiqué, sous la charge de la cavalerie teutonne, il éteint sa sono.
Le salon, petit bourgeois, quelques meubles de style, une bibliothèque murale face au public, avec une télévision grand écran encastrée en son centre et près de la fenêtre, un perchoir surmonté d’une cage d’oiseau recouverte d’une housse de protection qui masque son contenu.
Paul se sert un whisky. Il boit une lampée du liquide brun, grimace et observe quelques secondes la pluie qui ruisselle sur les vitres de la fenêtre côté Cour. La sonnerie du téléphone le sort de sa rêverie. Il décroche.
Il rit.
Une femme de belle allure, assez sophistiquée, fait son entrée. Elle est grande, blonde, observe le perroquet et le menace en mimant à son intention un geste de tranchement de gorge. Helmut se tait aussitôt.
(Il raccroche.)
Elle désigne le sol.
Elle désigne le fauteuil recouvert d’un drap.
PAUL (se dirige vers le guéridon et saisit le courrier qui est posé dessus, il ouvre la première lettre. Il jette un coup d’œil et la balance dans la poubelle à ses pieds.) :Je te rassure tout de suite, je n’ai pas vu de lumière au bout du tunnel, je ne me suis pas détaché de mon corps pour observer les chirurgiens à l’œuvre et aucun diablotin n’est venu me titiller la prostate. (Il ouvre une autre lettre et la parcourt rapidement.) Qu’est-ce que c’est ? Écoute ça. (Il lit.) « Très cher, il ne se passe pas grand-chose dans nos vies insipides. L’écume des jours coule sur nos visages, nos mains et nos corps comme une érosion sournoise et nous vivons par procuration les vies fabuleuses ou épouvantables de ceux dont on a scénarisé les moindres gestes, les amours palpitantes ou les fins tragiques. Mais rien n’est plus doux qu’un regard de chien pour son maître, quel que soit l’amour ou la cruauté qu’on a eu envers lui. Ma chienne Tina est morte dimanche. J’avais besoin de t’écrire quelques mots pour diluer un peu la peine qui m’a envahi. Tendrement, ton ami éternel. » Qu’est-ce que c’est, ces conneries ?
Elle saisit l’enveloppe qui est restée sur le guéridon.
Une voix off avec un accent asiatique lui répond.
DEUXIÈME VOIX OFF (avec un accent maghrébin prononcé) : Les Bougnouls aussi, ils t’emmerdent !
Comme Paul s’exécute, on perçoit une troisième voix venant du rez-de-chaussée.
PAUL (avant de refermer) : Ta gueule toi !
MATHILDE (pince sans rire) :C’est quand la fête des voisins ?
PAUL (s’éponge le front) :C’est affreux, on est cerné. Ils veulent ma peau, ces ordures.
MATHILDE (siffle, admirative) : Je t’ai connu plus maurassien. Se pourrait-il que ton AVC ait modifié ton ADN ? Serais-tu passé de l’autre côté de l’échiquier ?
Il sort. Mathilde allume la TV. Sur l’écran, une journaliste sous une pluie battante. On mesure la montée inquiétante de la Seine avec toutes les berges inondées. Sur les images de désolation des commentaires.
Mathilde éteint l’écran et compose un numéro sur son portable.
Bienvenu s’approche de la cage du perroquet.
HELMUT (chantant) :Le dimanche à Bamako c’est le jour de mariage…
BIENVENU (enthousiaste) : Tu as vu ? Il m’a reconnu.
MATHILDE : Oui, ça, c’est pas dur.