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Dans la chaleur de l’été à Paris, mi-juillet, deux hommes se trouvent éloignés de leurs familles pour une quinzaine de jours. Ils sont perturbés par un imprévu qui déclenche des moments d’inquiétude, des émotions contradictoires, mais aussi la découverte d’une forme de liberté nouvelle, intense joie à la clé. Ces jours apportent leurs lots de surprises et de situations qui chamboulent leurs routines habituelles, confrontant leurs éducations respectives. L’émotion, les remords, et des vies qui basculent sont au rendez-vous.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur de plusieurs romans,
Herald Brend puise son inspiration dans la vie quotidienne de ses contemporains, leurs émotions, leurs désirs. Ses textes, nourris d'expériences et d'anecdotes vécues, sont empreints d'humour, offrant une lueur d'espoir et une célébration de la vie.
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Seitenzahl: 195
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Herald Brend
Hôtel Balmont, chambre 32
Roman
© Lys Bleu Éditions – Herald Brend
ISBN : 979-10-422-1926-0
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L’héritage de l’oncle Vincent, Éditions Sydney Laurent, 2021 (Prix du Roman « Anne Bert » Royan-Pontaillac 2022) ;
La chambre d’hôtes, Le Lys Bleu Éditions, 2021 ;
Le secret de Jean-Jules, Le Lys Bleu Éditions, 2022 ;
Shadia, Le Lys Bleu Éditions, 2022 ;
Pourquoi Victor ?, Le Lys Bleu Éditions, 2023 ;
L’héritage de l’oncle Vincent, Le Lys Bleu Éditions, réédition 2024.
Comme tous les soirs, Laurent Blondin quitte son bureau de la rue Saint-Dominique pour rejoindre son appartement rue des Bernardins. D’ordinaire, il emprunte le boulevard Saint-Germain, mais ce vendredi, il n’est pas pressé de rentrer, sa famille étant partie sur la côte Atlantique en mi-juillet. Il fait chaud et il atteint le quai Anatole-France par la rue de Bellechasse pour longer la Seine. Il marche avec nonchalance, observant avec plaisir le spectacle animé de Paris, rafraîchi par la présence de l’eau. Il profite pleinement du charme des bouquinistes installés le long des quais Saint-Michel, Montebello, de La Tournelle et imagine Notre-Dame, joyau de l’île de la cité, restaurée après l’incendie dévastateur.
Cette promenade l’apaise, pensant à sa jeunesse lorsqu’il parcourait ce Quartier Latin qu’il apprécie au point de ne l’avoir jamais quitté. À quarante-cinq ans, il est satisfait de sa vie. Un emploi stable, de bonnes perspectives professionnelles, une femme qu’il aime, deux enfants qui font son bonheur. Impatient de les retrouver, il les rejoindra en début août, pour une quinzaine de jours.
Arrivé chez lui, il décide de s’accorder un moment de détente, se sert un whisky, s’installe dans un fauteuil confortable, se saisit d’une télécommande pour écouter son CD favori de musique relaxante. Il laisse son esprit vagabonder, l’occasion de voir défiler les images des temps forts de sa vie. À l’âge d’un premier bilan, tout ce qu’il a vécu lui semble en ordre. Une enfance dans une famille unie et aimante, des conditions d’existence dans un milieu aisé, un confort acquis par le travail et le sérieux. Des règles de vie strictes mais formatrices, une éducation développant le sens des responsabilités. Un cursus du primaire au secondaire dans le Ve arrondissement de Paris, des fréquentations surveillées par ses parents, des amitiés solides.
Sa famille était rapidement entrée en relation avec les Moneville dont les filles, Cécile et Sandra, fréquentaient les mêmes établissements. Une charmante complicité s’était installée entre Laurent et Cécile, une amitié progressivement accompagnée de tendres échanges jusqu’à ce qu’ils deviennent inséparables, tout cela sous le regard bienveillant des parents.
Très vite, ils avaient compris qu’ils étaient faits l’un pour l’autre mais, contraints par leur éducation, ils s’étaient résignés à attendre la fin des études pour concrétiser leur amour. La raison l’emportant sur la passion, ils s’étaient inscrits à l’Université de Paris-Panthéon-Assas pour suivre une formation en droit et économie, ouverture vers des fonctions administratives permettant des débouchés professionnels stables.
Laurent est rappelé à la réalité par la sonnerie du téléphone :
Il raccroche, heureux de cet échange avec son meilleur ami, Olivier Prisco, garçon assidu, issu d’une famille plus modeste que la sienne, rencontré il y a vingt-cinq ans, lors de leur entrée à l’université. L’ascension par le travail était pour lui un objectif et il avait également intégré une grande administration, assurance d’un avenir pérenne.
Ce contact fait remonter d’autres souvenirs des premiers moments d’indépendance partagés. Leur soif de connaissance, leur intérêt pour tout ce qui était nouveau, l’ouverture d’esprit qui en était résultée. Les études tout juste terminées, Laurent et Cécile se sont mariés et Olivier, leur témoin, a fait, à cette occasion, la connaissance de Sandra, la cadette, qu’il épousera cinq ans plus tard, l’année de naissance d’Enzo, le premier bébé des Blondin. Leur deuxième enfant, Clara, arrivera deux ans après. Les Prisco ne seront pas en reste, car Gabriel et Mathis viendront au monde rapidement de cette nouvelle union. Les deux amis s’étaient donc ainsi retrouvés unis par des liens de parenté.
Le temps passe et Laurent, sortant de ses rêveries, s’aperçoit qu’il n’a pas encore téléphoné à Cécile :
En se préparant pour rejoindre son ami, Laurent est heureux de savoir les deux femmes et les quatre enfants au bord de la mer par cette chaleur parfois étouffante.
Le trajet de la rue des Bernardins à la rue Daubenton n’est pas très long et il rejoint Olivier qui l’attend devant le restaurant. Ils entrent dans l’établissement et trouvent une table au calme pour parler sans être dérangés. À cette période de l’année, le Quartier Latin est surtout fréquenté par des touristes et les conversations, autour d’eux, en témoignent :
Ils passent commande du dîner et on leur apporte l’apéritif :
Les deux amis apprécient le repas et restent silencieux pendant de longs moments passés à déguster les mets. D’un ton mal assuré, Olivier reprend la parole :
Le silence s’invite à nouveau entre eux. Laurent est intrigué par la question d’Olivier dont il perçoit la gêne. Arrivés au dessert, il se lance :
Ils en restent là jusqu’à la fin du repas, partagent l’addition puis Laurent entraîne Olivier chez lui afin de prendre un digestif et voir la chambre de bonne. Installés au salon, ils se retrouvent comme au temps de leurs études, joyeux et insouciants. Laurent reste toutefois sur la réserve, se doutant qu’Olivier lui cache quelque chose :
Ils se rendent au dernier étage. Ces annexes datent de l’époque où les familles bourgeoises avaient du personnel à leur service. Ils y accèdent par un couloir en bon état qui a sans doute été refait à l’occasion de la vente de ces locaux. La pièce, éclairée dans la journée par un Velux, dispose d’un point d’eau dans un angle. L’ameublement est simple : un lit, une petite table, une chaise et quelques objets dont les Blondin n’ont plus besoin au quotidien. Olivier regarde l’ensemble avec intérêt :
Ils descendent les escaliers de cet immeuble ancien mais bien conservé. Une fois de retour au salon :
Ils se retirent pour dormir, mais Laurent trouve difficilement le sommeil. Que se passe-t-il ? Son beau-frère Olivier lui dira-t-il ce qui le tracasse ? Il ne l’a encore jamais vu aussi soucieux. Il éteint la lumière et passe une partie de la nuit à se tourner dans le lit, cherchant longtemps une position favorable à l’endormissement.
N’ayant pas d’obligation le samedi matin, chacun se réveille à son rythme. Olivier est levé le premier et ils se retrouvent à la cuisine. Ils ont l’un et l’autre des visages fatigués, signe qu’il leur manque des heures de sommeil. Ils avalent en silence leur café :
Ils poursuivent leur petit déjeuner en silence, Laurent ne voulant rien brusquer. Olivier se lève de table :
Ils sont tous les deux contrariés et se taisent. Olivier, le regard perdu, semble désemparé :
Laurent reste, après le départ de son ami, avec ce souci inattendu. Au nom de leur amitié et de leurs relations familiales, le voici pris au piège. Comment va-t-il se sortir de ce mauvais pas ? Toute la journée, il ressasse cette histoire, tout compte fait banale, mais source d’éventuels problèmes.
Ils ont encore à peu près deux semaines de travail avant de rejoindre leurs familles aux Sables-d’Olonne. Le samedi soir, Laurent n’a toujours pas de solution à proposer. Comment annoncer cet évènement qui contrarie leur vie bien organisée et surtout, éviter des soupçons ? Olivier cache-t-il quelque chose ? Cette Marina est-elle bien une lointaine cousine ? Peut-être s’inquiète-t-il pour rien mais, en attendant, les heures passent…
Il appelle Cécile, lui parle de futilités et évite soigneusement d’aborder le nouveau sujet avant d’avoir pris une décision. Il compte sur la nuit pour lui porter conseil. Il se réveille aux aurores, la tête bourdonnante d’idées diverses, sans avoir pour autant résolu la question. Finalement, il se décide à appeler Olivier :
Il raccroche, tout surpris de cette décision irréfléchie. Comment aurait-il pu laisser tomber un ami de plus de vingt ans ? Pour le reste…
Toute la journée, ce rendez-vous du soir le préoccupe. En dehors du fait que ce soit une femme, il ne sait rien de cette Marina. Avec une épouse au foyer, il est souvent prudent de garder ses distances avec une personne du sexe opposé. Tout aurait été plus simple avec un homme ! Comment est-elle ? Pourvu qu’elle soit âgée et quelconque, cela simplifiera les choses !
À l’heure prévue, il rejoint son ami qu’il trouve nerveux. Ils vont prendre un café en attendant l’heure du rendez-vous :
Après un silence :
Le train de Marseille arrive à l’heure et les deux amis sont juste là pour voir sortir les premiers voyageurs, nombreux à cette période estivale, essentiellement des vacanciers français et étrangers. Ils scrutent les démarches, les bagages et les gestes.
Le temps s’écoule toujours lentement lorsque l’on attend. Les wagons déversent leurs occupants dans la chaleur étouffante de cette fin de juillet. Régulièrement, Olivier se ventile le visage en agitant Le Monde. Après un bon moment, la foule s’éclaircit :
Un instant réconfortés par cette idée qui leur laisserait la possibilité de mieux se préparer, ils aperçoivent une silhouette féminine arrivant sans se presser, tirant une valise à roulettes et s’éventant avec un journal. Elle est encore trop loin pour distinguer le nom du quotidien, mais ils se regardent, convaincus que c’est bien la cousine qui approche. Une fois à quelques mètres :
C’est une trentenaire brune aux yeux noirs. L’un et l’autre sont immédiatement sous le charme de cette personne dont le regard profond les trouble. Expressif, il doit pouvoir passer du velours charmeur et passionné à la colère. Ils restent muets quelques instants, puis se ressaisissent :
Olivier se trouve un peu gauche, à côté de Laurent qui a pris la situation en main :
Ils partent en taxi jusqu’à la rue des Bernardins. Olivier se tient coi, inquiet de la tournure des évènements : comment son ami va-t-il s’en tirer ? Difficilement imaginable que Marina s’installe dans la chambre de bonne sous le toit par cette chaleur !
Imperturbable, Laurent les conduit jusqu’au troisième étage, les fait entrer dans le vestibule de son appartement :
Pendant que la cousine s’organise en défaisant ses affaires, les deux amis se retirent dans la cuisine :
Entendant du bruit dans le salon, ils s’y dirigent et retrouvent Marina qui s’est changée. Vêtue d’une courte robe légère, elle est éblouissante et ne manifeste aucun signe de fatigue. Laurent, en parfait gentleman, propose un rafraîchissement :
Après avoir passé quelques appels téléphoniques pour réserver une table, ils sortent vers vingt heures pour dîner au Anahuacalli, un restaurant mexicain de la rue des Bernardins. Ils sont installés depuis un moment lorsqu’un client fait un geste amical à Laurent :
L’homme se lève pour les saluer et Olivier s’enfonce dans son siège :
L’homme s’éloigne et regagne sa place. Le repas terminé, ils rentrent pour terminer la soirée autour d’un dernier verre, l’occasion de quelques échanges sans grand intérêt. Il est tard, Laurent propose :
Le maître de maison lui donne des serviettes de toilette et un peignoir. Pendant ce temps, les deux amis font le point sur la journée :