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Sophie, ingénieure en informatique, travaille à la Direction Technique d’une entreprise de Lyon dont le siège est à Paris. Son patron organise un séminaire dans des conditions inhabituelles : coaching déroutant, jeux de rôles déstabilisants… de quoi mettre les nerfs de l’équipe à rude épreuve. Rien ne se passe comme prévu et les évènements se précipitent, soulevant des interrogations à propos de certains intervenants. Une remise en cause des certitudes, une plongée dans le passé entraînent Sophie et quelques collègues dans une enquête à rebondissements riche en aventures inoubliables.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Herald Brend est à l’écoute de ses contemporains : leurs joies, leurs peines, leurs souhaits. Il s’inspire du quotidien, d’expériences et d’anecdotes vécues, pour écrire des textes empreints d’humour qui donnent une raison d’espérer et de se sentir vivant.
Le secret de Jean-Jules fait l’éloge de l’amitié, de la tolérance et de la liberté. Il s'agit du troisième roman de l'auteur après
L’héritage de l’oncle Vincent paru aux Éditions Sydney Laurent et
La chambre d’hôtes publié chez Le Lys Bleu Éditions.
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Herald Brend
Le secret de Jean-Jules
Roman
© Lys Bleu Éditions – Herald Brend
ISBN : 979-10-377-5513-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Michel Vardel s’est décidé, il y a quelques mois, à faire valoir ses droits à la retraite. Après une carrière bien remplie, ce n’est pas facile, car il faut passer de la lumière à l’ombre. Pour lui, ce n’est pas cela le plus compliqué. Il n’a jamais cherché les honneurs ou les meilleures places. Partisan de la devise « pour vivre heureux, vivons cachés », il a toujours fait son travail avec sérieux mais sans zèle excessif, ce qui lui a valu d’être respecté comme un homme droit, sérieux et honnête. Il termine sa carrière dans une entreprise spécialisée dans l’installation, la maintenance et l’assistance de matériel informatique.
Le siège de sa société est à Paris, mais son activité dépend de la Direction Technique de Lyon, une antenne jeune et dynamique où les relations sont, en apparence, simples. En dehors du directeur, tous se tutoient. Son travail lui donne une grande liberté d’action puisqu’il est, avec deux autres techniciens, chargé de proposer des solutions aux entreprises. Il est responsable de l’équipe mobile de Lyon. À ce titre, il est très souvent en déplacement et ne repasse au bureau qu’en fin de semaine afin de faire le point, avec son patron, sur les dossiers en cours.
Il est justement sur place ce vendredi après-midi. La secrétaire, Anabelle Laumont, l’informe que le directeur souhaite le voir. Le rendez-vous est prévu vers dix-sept heures. Il apprécie la confiance qu’on lui accorde, mais est toujours heureux de rencontrer Jean-Jules Cortel. C’est un homme d’une cinquantaine d’années, à l’allure sportive, direct dans ses relations avec le personnel :
Michel est tracassé par cette question comptable, car il est habitué aux contrats précis et aux travaux exécutés avec sérieux. Que cela arrive quelques semaines avant son départ à la retraite est très regrettable. Dès lundi, il en touchera deux mots à son collègue Guillaume Bouchard, chargé du suivi du dossier dans son équipe.
Il rentre chez lui, préoccupé. Martine s’en aperçoit :
Le dimanche après-midi, Michel ressasse cette histoire. Dans une entreprise, les relations ne sont pas toujours simples. Dans la sienne, il y a trois directions entre lesquelles c’est parfois tendu. Les administratifs s’occupent des facturations, des salaires, de la partie juridique et ont l’œil rivé sur le chiffre d’affaires. Les commerciaux font la promotion des produits et organisent les ventes : pas de publicité, pas de résultat ! Les vendeurs veulent placer des produits qui ne sont pas toujours achevés. La Direction Technique a finalement le sentiment que tout repose sur ses épaules : pas de solution matérielle, pas d’entreprise ! Ils travaillent dans l’urgence pour satisfaire tout le monde.
Ce souci vient certainement de la Direction Administrative ! Sans doute un rond de cuir qui n’a rien compris à la situation ! Le soir, il s’endort sur cette contrariété.
Tôt, le lundi matin, il appelle Guillaume :
En raccrochant, Michel n’a rien appris de nouveau. Tout compte fait, il s’agit d’un problème de facturation et il a bien d’autres questions techniques plus urgentes à solutionner. Ils verront cela entre eux ! Il reprend son programme de travail de la semaine et, de toute façon, ne pourra s’en occuper que vendredi lors de son passage au bureau.
À Lyon, le lundi matin est toujours consacré au briefing. Jean-Jules Cortel retrouve ses troupes dans la salle de réunion. Il y a les trois ingénieurs : Sophie Bancol, Pierre Moulinier, Jérémie Florent, les deux techniciens Sébastien Duroc, Simon Pontareau et la secrétaire Anabelle Laumont. Dans cette société aux activités tournées vers les nouvelles technologies, les relations sont cordiales et détendues. Les informations sont échangées clairement et chacun évite de pratiquer la langue de bois. Le directeur prend la parole :
Une fois dans le bureau de Jean-Jules Cortel :
Sophie est une jeune femme de trente-cinq ans, brune et décidée. Dans l’ensemble, les membres de l’équipe ont tous entre trente et quarante ans. De retour dans son bureau, elle capte les regards de ses collègues, preuve qu’ils ont accusé le coup. Elle a franchi, temporairement, un échelon dans la hiérarchie.
Pendant les trois jours qui suivent, elle traite les affaires courantes et aucune décision importante n’est à prendre. Il y a toutefois ce message venant du siège et concernant madame Troussard. Par prudence, elle attend le retour du patron pour s’en occuper. L’équipe fonctionne parfaitement, signe que le personnel recruté est compétent et autonome.
Les trois jours passent vite, le directeur est de retour le vendredi matin. Dès neuf heures, il fait venir Anabelle dans son bureau :
Michel arrive en début d’après-midi. Jean-Jules Cortel lui demande de passer le voir :
D’habitude, les techniciens sont sur le terrain et ne participent pas aux réunions du staff. Cette invitation intrigue Michel qui a hâte d’y assister. Leur patron les retrouve à l’heure prévue :
Rapidement, l’agence adresse à Anabelle le planning des réservations. La restauration sera assurée par un traiteur de bonne réputation. Elle informe Jean-Jules Cortel qui donne son accord pour une location de huit jours la deuxième semaine de novembre.
C’est au cours du briefing du lundi suivant que l’information est donnée officiellement par le directeur :
Ce séminaire dans un lieu inhabituel est source de curiosité et d’intérêt. L’originalité du cadre doit être propice à la détente et favoriser les contacts. Aucune comparaison, sans doute, avec la salle de réunion impersonnelle de l’entreprise. Les conjoints n’ont pas de mal à accepter de rejoindre le groupe dans la vallée de la Tarentaise !
Le vendredi précédent le départ, Jean-Jules Cortel réunit son staff en fin d’après-midi :
L’équipe est décontenancée par cette nouvelle qui perturbe son fonctionnement. Qui prendra en charge l’organisation des débats ? Que cache cette absence ?
Les collaborateurs arrivent sur les lieux dans le milieu de l’après-midi. Ils sont tous venus en voiture, une solution qui leur permettra d’aller chercher leurs conjoints au train de Lyon le week-end suivant. Le chalet est bâti en pierre et une grande partie supérieure est en bois, ce qui lui donne un aspect robuste et chaleureux. Ils sont accueillis par la gérante qui leur indique la répartition des locaux suivant les instructions données par Jean-Jules Cortel. Le rez-de-chaussée est réservé aux pièces de service. Une vaste terrasse au premier étage permet d’admirer la chaîne des Alpes et regroupe les lieux de vie. Les deux niveaux les plus élevés, où se trouvent les chambres, disposent de balcons bien exposés et, la plupart, ont une vue magnifique sur les environs. Tous les murs sont recouverts de lambris procurant une sensation de bien-être. Celles du dernier étage sont mansardées et pleines de charme. Toutes sont d’un grand confort et disposent d’un maximum d’équipements.
Les informations indispensables au déroulement du séjour leur sont fournies, ainsi que des dépliants sur la région et les visites disponibles en cette saison. Ces possibilités ne pourront éventuellement être utiles que le dernier week-end, puisque la semaine à venir sera consacrée au travail. Les services du traiteur se limitent aux heures des repas et, pour toute demande spécifique, ils devront contacter la gouvernante par téléphone. Un vaste réfrigérateur, bien garni, est à disposition ainsi qu’un ensemble de machines en libre-service pour la préparation de boissons chaudes.
Chacun s’installe confortablement en attendant le dîner prévu à partir de dix-neuf heures trente. Pour ce premier soir, ils ne sont que six, un peu perdus autour de la grande table de réception. Anabelle et Sophie se sont installées face à face, une façon de se soutenir, entourées par Pierre, Jérémie, Sébastien et Simon. La parité dans le travail est difficile à respecter, particulièrement dans les milieux techniques où les femmes peinent à trouver leur place. Résultat, sans doute, d’une éducation qui tarde à reconnaître que les sciences sont accessibles à tous…
Le début du dîner est silencieux car cette situation est inhabituelle et la conversation peine à démarrer. Sophie, choisie par leur patron pour prendre la tête de l’équipe en son absence, se sent dans l’obligation de lancer les échanges :
Les autres collègues acquiescent d’un mouvement de tête sans quitter leur assiette des yeux. Le repas terminé, Sophie propose de passer au salon pour faire le point :
Par prudence, Sébastien et Simon écoutent sans s’engager. Le ton de Pierre laisse entendre qu’il est en compétition avec Sophie et que le choix du patron a laissé des traces. Sans se départir, elle les interpelle :
Il sort et monte dans sa chambre, les laissant décontenancés. Son attitude arrête toute discussion. Ce coup de tête ne présage rien de bon pour la suite. Elle enrage de cet échec dès le premier soir et cherche à reprendre la main :
Sur ces sages paroles, ils se quittent pour regagner leurs chambres. Sophie est préoccupée par la réaction de Pierre et devra sans doute s’en expliquer avec lui avant que la situation ne se complique.
Il est encore tôt pour s’endormir et les derniers propos échangés ne sont pas de nature à apaiser les esprits. Elle décide de redescendre au salon afin de prendre une boisson chaude et découvre qu’elle n’est pas seule à avoir eu cette idée :
Ce lundi matin, ils se retrouvent tous autour de la table du petit déjeuner vers huit heures. En cette saison, le jour peine à se lever et le ciel est gris. Les éclairages se réfléchissent sur les lambris, procurant une appréciable impression de chaleur. Chacun est dans sa bulle, réfléchissant à cette situation nouvelle.
Ils passent dans la salle de réunion, au même étage. Malgré les nuages, ils admirent le spectacle des montagnes si proches. Cet environnement les change du lieu habituel de leurs débats. Pierre ne laisse pas le temps à Sophie de prendre la parole :
Difficile, dans ces conditions d’aller contre, au risque de provoquer des discussions à n’en plus finir. Après un temps de silence :
Après cette passe d’armes, les collègues ont le nez baissé vers les documents déposés devant eux. Ils les regardent avec une concentration qui ferait plaisir à voir en d’autres circonstances ! Après un silence pesant, Jérémie propose de reparler d’un dossier épineux :
À court d’arguments, Pierre se tait, furieux d’avoir été mis en défaut par Jérémie. Que cherchent-ils tous ? Il est le plus diplômé de l’équipe et cela devrait suffire pour qu’il n’ait pas de comptes à rendre !
L’absence de leur patron semble avoir déchaîné les passions. Afin de détendre l’atmosphère, Anabelle propose de faire du café et de profiter de cette pause pour parler d’un point annexe. En attendant qu’elle revienne, Sophie parle avec Jérémie et tente, sans succès, d’associer Pierre à leur discussion. Ce dernier reste drapé dans sa dignité, vexé que la situation se soit retournée contre lui. À son retour, elle déclare :
Pierre, resté muet, lâche entre ses dents :
Ils recommencent leurs échanges sur les dispositions à prendre pour améliorer leurs relations avec les clients et surtout contrôler la pertinence des offres. Sophie fait une proposition :
Ils partent déjeuner dans la vaste salle dont les grandes baies vitrées sont tournées vers les montagnes. Il y a un pâle soleil qui accentue les reliefs. Chacun reprend sa place. Les jeunes femmes échangent un regard complice. Elles ont l’une et l’autre de l’estime pour leur patron dont la présence aurait évité ces passes d’armes entre belligérants. La suffisance de Pierre exaspère Sophie. L’humanité de celle-ci le déstabilise. Deux conceptions du monde qui s’affrontent.
Jérémie prend l’initiative en début d’après-midi afin d’éviter de nouveaux affrontements :
Faute d’un leader reconnu, la parole se libère et les conflits éclatent, fruits des attentes des uns et des autres dans un système dont l’équilibre semble rompu. Dans l’après-midi, Anabelle reçoit un SMS de leur patron annonçant son arrivée dans la soirée. Cette nouvelle apaise les esprits et les conversations se concentrent sur la gestion des problèmes du quotidien. En fin d’après-midi, on fait circuler la boîte pour le cadeau de Michel. Chacun participe, certains peut-être de mauvaise grâce, les plus généreux n’étant pas toujours les plus fortunés.
Jean-Jules Cortel les rejoint pour le dîner. L’atmosphère est plus calme et réservée. Personne ne s’aventure à commenter les échanges de la journée. Après le repas, ils vont au salon car il est encore trop tôt pour remonter dans les chambres, mais ce moment passé ensemble rencontre peu d’enthousiasme et les conversations sont d’une consternante banalité. Petit à petit, les uns et les autres s’éclipsent discrètement. Sophie et Jérémie restent seuls :
Une surprise les attend au cours du petit déjeuner. Le patron semble de fort bonne humeur et leur annonce :
Cette information n’est suivie d’aucune réaction apparente et chacun se demande ce que cette nouveauté peut bien cacher. Vers neuf heures, un homme d’une cinquantaine d’années se présente au chalet :
Tous se dirigent vers la salle de réunion. Après un temps de silence :
L’équipe fait bloc et il s’en rend compte. Il va devoir ramer pour gagner la confiance de ses interlocuteurs. Sa présence a, déjà, le mérite de restaurer la cohésion du groupe. Il reprend :