Insoupçonnable vengeance - Pascal Drampe - E-Book

Insoupçonnable vengeance E-Book

Pascal Drampe

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Beschreibung

A la tombée de la nuit, la jeune fille stationna sa Mini-Cooper S. Alors qu'elle entouvrit sa portière, tout en saisissant son sac-à-main posé derrière son siège baquet, elle ressentit une aussi soudaine que violente douleur au-dessus de la cuisse gauche. A peine de le temps d'apercevoir une longue aiguille s'extirpant déjà de sa chair, qu'elle perdit connaissance. L'atypique commandant de police, Blanco, allait être, anonymement, saisi de cet odieux kidnapping. Sa fille sera exécutée, s'il ne la retrouvait pas avant trois semaines... "Ce polar à rebondissements est à l'image de la carrière tumultueuse de l'auteur". Estelle Gasnet du Soualigua-post. Polar inspiré de certains faits réels vécus par l'auteur.

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Seitenzahl: 194

Veröffentlichungsjahr: 2020

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Du même auteur :

« Flic, un métier qui tue… » Editions Nestor, 2019.

Mes remerciements à :

- ma femme, Betty, mon fils, Adam, ma mère et ma grande-sœur, Nadine, pour leur soutien inconditionnel,

- mes amis et ex-collègues du ministère de l’Intérieur et de l’« Extérieur ».

Haïku japonais :

« Feuille tombera.

Seul, le temps s’en chargera.

Bon vent l’ôtera ».

Toute vengeance impose connaissance. Dans le doute,

suivez sagement ce chemin.

Blanco.

Sommaire

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Epilogue

Prologue

A la tombée de la nuit, la jeune fille stationna sa Mini-Cooper S, rouge et noire, et actionna le frein de parking. Concomitamment, elle entrouvrit sa portière côté conducteur, tout en se contorsionnant dans l’autre sens, pour récupérer derrière son siège, son sac-à-main posé au pied de la banquette arrière. Alors que sa main droite en saisissait les poignées, elle ressentit une violente douleur au-dessus de la cuisse gauche, lui faisant lâcher, brusquement, son Louis Vuitton.

D’une rotation brusque de la tête, son regard se fixa immédiatement à l’endroit du mal. Juste le temps d’apercevoir qu’une longue aiguille de seringue s’extirpait déjà de sa chair. Une petite tache de sang apparut sur son « Jean skinny », à l’emplacement de la piqûre.

Les yeux exorbités, la bouche grande ouverte, elle ressentit une vague de chaleur monter exponentiellement en elle et des fourmillements lui envahir tout le corps. Instantanément, elle pesa de tout son poids sur son siège baquet en cuir rouge. Les bras ballants, le regard voilé, la gorge nouée, la soudaine anesthésie l’empêchait de prononcer le moindre son. Elle n’eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait et sombra dans le néant.

La portière avant droite s’ouvrit brusquement. Saisie sous les aisselles, la jeune victime, totalement inerte, était glissée sur la banquette arrière de sa voiture. Un épais sac en toile de jute, démuni d’orifice, lui recouvrait la tête jusqu’aux épaules. Sans le moindre témoin de cette scène fulgurante, la voiture sortit, en toute discrétion, du parking.

Était-ce un cauchemar ou la réalité ?

Une vingtaine de minutes plus tard, l’effet de l’anesthésiant s’amenuisant peu à peu, la jeune fille, bien qu’en absence totale de repère sensoriel, comprit qu’elle était victime d’un kidnapping. L’horreur se mêlait à l’incompréhension. Incapable d’esquisser le moindre geste ou de prononcer une seule lettre, elle avait uniquement conscience d’être allongée sur la banquette arrière d’une voiture circulant à vive allure.

A peine fit-elle entendre un infime soupir de complainte, qu’aussitôt, la voiture ralentit sensiblement sa vitesse, avant de s’arrêter complètement. Sa terreur et sa totale désorientation s’évanouirent sous l’effet d’une nouvelle piqûre qui lui perça la peau, à l’intérieur du bras gauche, cette fois-ci. Une vague de chaleur la parcourut entièrement. De nouveau, elle perdit connaissance…

Chapitre 1

Quelques mois auparavant…

Le 1er septembre deux mille sept, « Blanco » était promu au grade de commandant de police. Ainsi baptisé, par le « milieu », depuis son épopée guadeloupéenne, du fait qu’il était le seul flic blanc à s’aventurer, seul, dans les ghettos. Il y avait souvent défrayé la chronique, notamment en livrant le légendaire combat à mort avec l’ex-ennemi public numéro 1 et sa femme, dans le coupe-gorge guadeloupéen de Boissard aux Abymes, le vingt-deux janvier deux mille un.

Muté à Nice depuis le huit octobre deux mille un, il venait d’y exercer six ans de capitanat. Cependant, durant les trois premières années, il restait, étonnement, neutralisé au « placard ». Sans doute, qu’après des séjours remarqués et des affaires dites sensibles à Paris, dans le nord de la France et aux Antilles, son tableau de chasse inquiétait pour le moins une certaine partie de sa nouvelle hiérarchie locale…

Blanco, un flic entêté, un chevalier sans peur et sans reproche, doté d’un sens de la justice aigu, aux méthodes plutôt atypiques, se confrontait souvent à ses tauliers aux appétences divergentes. Non pas qu’il manœuvrait illégalement, bien au contraire, mais plutôt parce qu’il était contraint de pratiquer en freelance, refroidi par les raisons obscures de sa mise à l’écart durant ces trois longues années de purgatoire injustifié.

Sa persévérance et son insatiable passion pour son métier, lui permettaient, au cours de ces trois dernières années, d’accéder au grade supérieur. Ainsi, lui était confié, malgré ses controversés détracteurs locaux, le commandement de plusieurs groupes d’investigation au sein de la Sûreté Départementale des Alpes-Maritimes.

Il peinait à trouver son semblable parmi ses collègues. Sans doute en raison de la particularité de son éducation qui, dans la difficile école de la vie des quartiers défavorisés du nord de la France, lui avait forgé un caractère en acier trempé. Pour contrecarrer le système vicié, dans lequel il exerçait avec la vista d’un équilibriste aguerri, il s’aventurait, souvent seul, sur les terrains minés. Ainsi, il en préservait ses effectifs et contournait, aussi, les agents de renseignement de « l’Intérieur » : les « taupes ».

Âgé de quarante-trois ans, il atteignait l’âge mûr pour un flic. Après avoir gravi tous les échelons à la force du poignet, sans bénéficier d’un quelconque réseau d’influence, sa véloce ascension hiérarchique récompensait un engagement total dans la lutte sans fin qu’il livrait à l’endroit de la délinquance. Malgré l’affrontement, stérile et quasi permanent, avec ses « supérieurs » hiérarchiques, il recevait, aujourd’hui, la reconnaissance auréolée de cette promotion aussi rapide qu’inattendue, des hautes instances parisiennes et du préfet des Alpes-Maritimes.

Corollairement, sa situation familiale ne pouvait être en adéquation avec son palmarès professionnel, d’autant qu’il était veuf depuis quelques années. Son engagement total dans la lutte contre le banditisme n’avait laissé ne serait-ce qu’une infime place à sa vie privée, sachant qu’il s’interdisait toute relation suivie pour épargner ses enfants, meurtris par la violente disparition de leur mère, tragiquement décédée lors d’ une sortie de route. Son corps n’a jamais été retrouvé, sans doute emporté par les eaux du torrent dans lequel sa voiture avait arrêté sa course. La présence de leur génitrice, dans cette montagne, demeurera toujours inexpliquée…

Avec l’aide de ses hommes, en trois années d’intenses investigations dans le trafic automobile international, à la cadence de 24h/7j, il avait démantelé les réseaux de l’Europe de l’Est, de l’Afrique de l’Ouest, de l’Algérie, de la Tunisie, de la mafia italienne et du réputé milieu gitan du triangle Marseille-Nice-Grenoble. Sans compter qu’il avait terni quelques cols blancs haut perchés. La courbe des statistiques des véhicules dérobés avait volé en éclats, son service était devenu la référence nationale dans ce domaine étroitement lié au grand banditisme.

Nouvellement promu, la réorganisation de sa vie professionnelle et de ses groupes d’investigation, lui permettait de sortir, quelque peu, la tête hors de l’eau et de profiter, a minima, de ses trois enfants.

Mattéa, âgée de vingt-et-un ans, en couple avec Edson, un jeune policier affecté, depuis peu, au commissariat de police à Nice ; Adam, dix-huit ans, épris d’une jeune et jolie niçoise, Marie-Gabriella ; et Hugo, quinze ans, le petit dernier, qui fricotait lui aussi, avec Cécilia, une belle petite azuréenne.

A l’occasion d’une rare sortie dominicale, les sept touristes d’un jour profitaient d’une magnifique journée de découverte du splendide arrière-pays niçois, à bord du légendaire train des Pignes. Avec diplomatie, Blanco parvenait à contourner le profond intérêt que lui portait son gendre, Edson, toujours admiratif et avide du récit de ses « affaires judiciaires » médiatisées. Ainsi, il pouvait se consacrer uniquement, pour une fois, à ses trois enfants qu’il avait à peine pris le temps de voir grandir.

Enfin, il semblait découvrir les joies légitimes d’un relatif équilibre entre son travail de flic et ce qu’il lui restait de sa vie de famille. Il était devenu le chef d’unité de tous les groupes d’investigation de la Sûreté Départementale des Alpes-Maritimes et ambitionnait de leur « faire-savoir » son « savoir-faire ». En quelque sorte, il espérait, doucement mais sûrement, passer le relais à un ou plusieurs héritiers dignes de ce nom.

Quatre mois plus tard…

Ce deux janvier deux mille huit à sept heures quinze, fidèle à son rituel, au service avant l’heure pour prendre la température et précéder l’arrivée de ses troupes, il pénétrait dans la caserne Auvare à Nice. Doté d’un instinct hors norme, Blanco éprouvait toujours, au plus profond de ses entrailles, l’inexplicable atmosphère prégnante de cette enceinte, à l’apparence si austère.

Le lourd contexte historique n’y était sans doute pas étranger. Puisqu’au cours de la deuxième guerre mondiale, plus précisément, du 26 au 31 août 1942, six cent soixante-quatre « raflés » y avaient été détenus, sous le contrôle de la controversée police de Vichy. Juifs et apatrides y étaient parqués avant leur départ à destination du macabrement célèbre camp de Drancy, via la gare de « marchandises » de Saint-Roch. Pour le « petit détail » de l’histoire, quarante-cinq d’entre eux, y avaient été acheminés par le train des Pignes. Les souffrances de ce lourd passé semblaient vouloir résister au temps. Ainsi, ces âmes perdues atteignaient celles réceptives pour alimenter la mémoire collective. Sans doute dans l’espoir que l’être humain ne reproduise pareille horreur, qui fît la bagatelle de six millions de victimes…

Avec hardiesse, Blanco gravit l’escalier extérieur en béton de son bâtiment B3 et s’engagea dans cet interminable couloir traversant, bordé des nombreux bureaux de ses groupes d’enquête. Le sien, plus grand que les autres, était localisé stratégiquement à mi-corridor. D’un côté, ceux de la Crim’ et de la financière ; de l’autre, ceux de la brigade anti-cambriolage et de son ex-groupe auto. Il commençait à apprécier les prérogatives de ce haut rang pour lequel il avait bataillé ferme.

Il investit son office, sommairement meublé d’un imposant bureau en chêne massif, recouvert d’un dessus en verre, sous lequel étaient emprisonnées ses photographies-souvenirs d’anciennes affaires judiciaires marquantes. En face, plantée derrière deux fauteuils de visiteurs, une grande armoire métallique se dressait, d’un bloc, jusqu’au plafond et abritait fièrement bien d’autres trophées. A gauche de son impressionnant fauteuil marron au cuir vieilli, Blanco avait positionné, à portée de main, son tableau fétiche de feuilles volantes, monté sur un solide trépied en bois. C’est sur ce support désuet qu’il esquissait ses fameuses stratégies d’approche, dont lui seul détenait le secret, pour traiter les enquêtes judiciaires en cours. L’affiche cinéma du légendaire film « Le Clan des Siciliens » surplombait son bureau, sous les regards experts de l’immortel trio, Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura.

Quasiment rien n’y traînait, ni vieux dossiers jaunis par le temps, ni code pénal et code de procédure pénale, pourtant les bibles du procédurier. Nul besoin pour Blanco qui appréciait la sobriété et qui, de surcroît, était doté d’une efficiente mémoire. D’ailleurs, ce vide apparent lui avait valu cette réflexion déplacée d’un nouveau patron, semblant ignorer son exceptionnel parcours.

---Vous y travaillez, Commandant, dans ce bureau ?

Blanco, qui n’était pas du genre impressionnable, fort de sa riche expérience, comprenait au premier coup d’œil que ce commissaire de police n’aurait de respectable que son grade. Il lui répondait, sur un ton sarcastique.

---Vous en avez la preuve. Voyez-vous un dossier orphelin d’identité ? Constatez qu’aucune enquête contre X… n’a résisté à notre intelligence de jeu !

Sous le coup de la vexation, les rides de son supérieur hiérarchique se creusaient davantage. Désarçonné pour si peu, ce commissaire de cinquante-six ans n’opposait qu’un dérisoire bruissement de déglutition incontrôlée. Il perdait soudainement son air suffisant et comprenait, dès lors, qu’il devrait s’adresser plus prudemment à l’endroit de cet incontournable maillon du système judiciaire niçois.

Bref, ce lundi deux janvier deux mille huit, au matin plutôt glacial pour la région, Blanco s’installa confortablement dans son fauteuil cossu, déposa son arme administrative, le « SIG SAUER », dans le tiroir du bureau qu’il verrouilla précautionneusement, et conserva celle ignorée de tous, non réglementaire, fixée à la cheville droite.

Il était toujours enfouraillé, autant par habitude que par expérience, joignable à toute heure du jour, mais surtout de la nuit, par ses multiples « agents de renseignement ». Par conséquent, mieux valait être prudent lors de ses déplacements nocturnes plutôt osés. C’est Jean-Marc, un ancien collègue officier à Pointe-à-Pitre, qui l’avait initié au port discret d’une seconde arme, « au cas où », disait-il. Personne ne lui connaissait cette pratique inaccoutumée, excepté quelques conquêtes furtives.

Alors que le commandant Blanco élaborait l’ordre du jour de la « grand-messe » de huit heures, pour briefer les responsables de ses groupes d’investigation de la Sûreté Départementale, son attention fut attirée par la présence d’une enveloppe blanche, posée à même le sol, au pied de l’entrée de son bureau. Lui qui avait pourtant l’œil aguerri, n’y avait pas prêté attention en entrant.

Pourquoi avait-elle été glissée, ainsi, sous sa porte ? Que pouvait-elle bien contenir ? Son office était toujours ouvert la journée. Pour quelle raison l’y avait-on introduite avec autant de discrétion ?

Il la fixa quelques secondes, envahi par un profond pressentiment. Il connaissait trop bien cet avant-goût amer, pour y avoir été confronté lors de la plupart de ses grosses affaires judiciaires. A ce moment précis, il aurait préféré qu’elle n’existât pas.

Il se leva en soupirant et, se dirigeant vers cette enveloppe rectangulaire immaculée, son instinct lui indiqua de prendre toutes les précautions utiles. Il se saisit d’une petite pince à épiler, qu’il gardait toujours sur lui pour conserver les traces et indices, et la ramassa.

Exposé aux rayons lumineux de la lumière du jour, il tenta en vain d’en distinguer, par transparence, le contenu. Il se rassit en soupirant de nouveau. A contrecœur, il l’ouvrit, très délicatement, craignant déjà ce qu’il allait découvrir. Sa mauvaise prémonition montait crescendo.

Il en sortit, enfin, une demi-feuille de papier au format A4 dont le message écrit à la main, en lettres majuscules noires, lui glaça le sang.

PROUVE QUI TU ES, BLANCO !

A TOI DE TROUVER TA FILLE AVANT 3 SEMAINES, SINON ELLE MOURRA !

TU PAYERAS POUR LE MAL QUE TU AS FAIT !

RECOIS CE SEUL INDICE : PITESTI !

INUTILE DE PRECISER QUE TU DOIS GARDER LE SILENCE SI TU VEUX LA REVOIR !

COMPTE A REBOURS LANCE AUJOURD’HUI !

Blanco demeura, un long instant, immobile, bouche-bée, les yeux ronds, pétrifié à l’idée que sa fille ait été enlevée. Qui plus est, à cause de lui. La température, anormalement froide pour cette région de la Côte d’Azur, ne parvint pas à enrayer l’apparition des perles de sueur sur son front. Il pesa de tout son poids contre le dossier de son imposant fauteuil en cuir.

Pour la première fois de sa carrière, il était en proie à une aussi violente qu’incontrôlable poussée d’anxiété.

Machinalement, il se ressaisit en inspirant et expirant profondément. A peine, rajusta-t ’il sa posture sur son siège, qu’une cascade de questions fusait déjà en lui. Il saisit son téléphone d’un geste anormalement tremblotant et composa le numéro de sa fille. Sans surprise, il tomba directement sur sa messagerie vocale. Inutile d’insister, il sentait que l’invraisemblable s’était véritablement produit. Cet enlèvement ne faisait plus l’ombre d’un doute, convaincu par son expérience. Il se questionna en boucle.

--- Qui pourrait m’en vouloir au point d’enlever ma fille et de menacer de la tuer ?

Certes, Blanco était devenu la bête noire dans le milieu du grand banditisme. Pour autant, ses méthodes, certes atypiques, étaient très respectées de ses coriaces adversaires. Il avait forcément utilisé des stratagèmes déroutants pour les déstabiliser, avant de les mettre hors d’état de nuire. Mais, il était de rigueur, et de bonne guerre, que chaque camp se batte avec ses propres armes, dans le respect des codes de l’honneur. Alors, à première vue, il n’y avait aucun mobile justifiant le kidnapping de sa fille !

Le ou les ravisseurs avaient laissé un seul indice sur le message anonyme : PITESTI !

Chapitre 2

La science de l’assistant universel, Google, lui révéla que Pitesti était une ville moyenne, industrielle, ouvrière et universitaire, de plus de cent-soixante-mille habitants, située en Roumanie, au bord de l’Arges dans le judet d’Arges, à cent-vingt kilomètres au nord-ouest de la capitale, Bucarest.

Un détail cinglant refroidit Blanco. La terrible prison de Pitesti où la « Securitate » roumaine avait expérimenté les pires tortures de 1949 à 1952. La métamorphose des prisonniers y fût telle que les rares survivants en devinrent les plus épouvantables bourreaux. Personne n’en ressortait vivant, c’est ce qui lui avait permis d’être ignorée du reste du monde, pendant de longues années. Lorsque l’on y découvrit les scènes d’horreur, ce pandémonium fut définitivement fermé et ses secrets ignobles emmurés à jamais. Sa fille devait vraisemblablement y être séquestrée.

En effet, cet enquêteur chevronné établit immédiatement la corrélation avec une affaire de trafic automobile international traitée en deux mille quatre. Lors de laquelle, il avait démantelé un gigantesque réseau roumain qui sévissait dans tout le sud de l’Europe : dans la région de Vérone, en Italie ; dans les secteurs de Castellón et de Barcelone, en Espagne ; ainsi que dans toutes les grandes villes du sud de la France.

Sachant que l’organe de commandement de cette organisation mafieuse était basé à Pitesti.

Au cours de cette enquête d’envergure dans la sphère du grand banditisme, Blanco avait habilement dupé le capo délocalisé de cette structure. Il demeurait primordial qu’il se remémore tous les éléments de cette commission rogatoire pour parvenir à localiser son enfant.

Mais, avant le déclenchement des hostilités, il devait prendre congé, durant les trois semaines qui lui étaient allouées, pour remplir la mission de sa vie. Il descendit, quatre-à-quatre, les marches de l’escalier intérieur de son bâtiment B3 et investit l’immense bureau, dénué de caractère, du fameux commissaire « maladroit ».

--- Alors, Commandant Blanco ? Que nous vaut cet empressement ? Encore un de vos rebondissements dans une grosse affaire ?

La mésentente avec ce commissaire principal était épidermique. Il affichait la plupart du temps un sourire narquois. Cette fois-ci, Blanco ne répondit pas à ce semblant de provocation.

--- Non, je pose, tout simplement, trois semaines de congé dont j’ai besoin urgemment.

--- Trois semaines ? Tout simplement ? Depuis mon arrivée, vous n’avez pris aucune journée de repos. Faut que le problème soit grave pour que vous me formuliez une telle demande ?

--- Non, juste un problème d’ordre familial à régler.

Son commissaire prit un malin plaisir à laisser sa réponse en suspens. C’était la première fois qu’il pouvait jouir d’un ascendant sur ce commandant. Ce piètre supérieur hiérarchique se jeta à pieds joints sur cette occasion offerte sur un plateau, pour tenter d’asseoir un ersatz d’autorité.

--- Bon ! Je vais y réfléchir !

Les traits sévères de son visage s’arrondirent instantanément, et son faciès, d’habitude si blême, s’éclaira aussi soudainement. L’on put même percevoir une petite lueur dans ses yeux, en général si éteints.

De son côté, le naturel de Blanco revint promptement au galop.

--- Je prendrai connaissance de votre avis dès mon retour, dans trois semaines !

Blanco disparut comme l’éclair, laissant sans voix son supérieur hiérarchique direct.

Il s’enferma dans son bureau, sans dire un mot à ses subalternes, si ce n’est que la réunion hebdomadaire et le commandement de l’unité étaient confiés à son adjoint, durant les trois prochaines semaines.

Ses hommes savaient que Blanco pouvait être du genre taciturne, surtout lorsqu’une enquête végétait anormalement à son goût. Dans ce cas précis, il ne parlait que par nécessité, et avait pour habitude de n’exposer aucun visage de circonstance. Là, tout le monde avait pu deviner son embarras. Peut-être s’était-il encore pris le bec avec la hiérarchie, pensaient-ils ?

Finalement, ils ne cherchèrent pas non plus à approfondir le sujet, se contentant, déjà, d’apprécier la relative accalmie de ces semaines à venir. En effet, Blanco leur imposait une cadence de travail à la limite du soutenable, pour élucider, coûte que coûte, toutes les affaires judiciaires confiées à son unité d’investigation. Beaucoup d’entre eux semblaient quelque peu éreintés. Mais c’était le prix à payer pour exercer dans les services judiciaires de cet inépuisable flic, à mille lieux des éternels clichés du « fonctionnaire ».

Blanco, lui, se plongea, sans perdre une seconde, dans l’énigmatique situation dramatique qui l’atteignait au plus profond de son âme. Des gens avaient osé toucher à sa chair, à son sang. Mais pour quelle raison ? Et pourquoi s’en prendre à sa fille ? Sans doute pour l’ébranler davantage que s’ils s’en étaient pris à lui directement.

C’était un comble, puisqu’il pensait l’avoir préservée des dangers du métier, en lui interdisant de prolonger son contrat d’adjoint de sécurité dans la police. A contrario, à cause de lui, elle faisait l’objet d’un terrifiant kidnapping. Il s’en voulait à mort et aurait donné sa vie pour prendre sa place.

Il devait impérativement prévenir et, surtout, protéger ses deux garçons. Il leur donna rendez-vous au restaurant l’ « Adonis » d’un de ses amis libanais, près du cours Saleya, jouxtant le magnifique marché aux fleurs du Vieux-Nice.

Une heure plus tard, sans détour, il les informa de la situation et leur ordonna de garder sous silence cet enlèvement, au risque que leur sœur soit exécutée. Il tenta de les rassurer, comme à son habitude. Ce qui n’empêchât pas ses deux fils de constater, avec consternation, l’absence troublante de son aplomb habituel. Tous deux, inquiets, l’avisèrent d’une seule voix.

--- Padré, tu crois que tu vas la retrouver ?

Blanco marqua un temps d’arrêt en avalant, trop ostensiblement, sa salive. Ses deux garçons se tinrent la main fermement, lorsque leurs regards se fixèrent sur les mouvements incontrôlés de sa glotte qui, bien malgré lui, trahissaient ses doutes.

Décryptant cette œillade aussi touchante que circonspecte, il s’employa, au mieux, à se reprendre vivement.

--- Vous savez qu’aucun malfaiteur ne m’a échappé au cours de ma carrière. Vous pensez bien que rien ne pourra m’empêcher de la retrouver. Jusqu’à nouvel ordre, il est impératif que vous restiez ensemble et que vous soyez totalement hermétiques à votre environnement extérieur. Il faut que je fasse rentrer Edson, en visite chez ses parents à Paris. Il devrait rappliquer à tire-d’aile au téléphone lorsqu’il s’inquiètera de l’absence de réponse de votre sœur. Je ne sais pas encore comment m’y prendre pour l’épargner au minimum, j’aviserai en temps utile. Mais il vaut peut-être mieux le mettre au courant pour qu’il revienne assurer votre protection. Le risque, si je la retrouvais rapidement, serait que le ou les ravisseurs puissent s’en prendre à l’un de vous deux. Si Edson vous appelle, ne répondez pas, ainsi il me contactera directement. Bon, les gars, le temps presse ! Vous ne m’entendrez pas avant un ou deux jours, je dois rester prudent et surtout aucun avis à la police ou à qui que ce soit d’autre ! Faites-moi confiance, j’ai une petite idée de l’endroit où elle se trouve. Ne doutez pas et restez soudés.

Ils s’étreignirent puissamment, une dizaine de secondes, à s’en couper le souffle. Blanco disparut comme l’éclair, sans se retourner, avec la détermination qui le caractérisait. Son regain d’assurance réconforta un peu plus ses deux descendants. Le plus grand, Adam, consola son petit frère, Hugo.

--- Tu connais le padré. Quand il est comme ça, c’est comme si Mattéa était déjà sauvée. On doit lui faire confiance, c’est le meilleur !

Pour s’auto-briefer, Blanco s’isola, quelques minutes, sur un banc de cette somptueuse « promenade des Anglais ». Assis face à la mer, il en ignora, pour la première fois, la beauté de sa robe azurée. Il se remémora les rares mais intenses moments passés ici, lors des longues balades à roller avec ses enfants. Son regard s’arrêta, un instant, sur le restaurant « Les Bains », ancré dans la roche, au bout de la Prom’, comme les nissarts se plaisent à la nommer.