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C'est le témoignage invraisemblable de J.M., sniper, truand, infiltré, qui, au bout de treize ans de cavale confie ses secrets à un ex-commandant de police,, Pascal Drampe, dit "Blanco", désormais écrivain.qui l'a traqué jadis Quand la réalité dépasse la fiction...Un récit bouleversant qui interpelle sur des Organisations secrètes sur les différents théâtres de guerre et sur les dessous de certaines affaires judiciaires. Récemment sollicité par un groupe paramilitaire pro-russe, M.J. refuse de se rendre en Ukraine pour sniper...
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Seitenzahl: 204
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Témoignage :
- L’incroyable destin de Blanco, juillet 2021.
Polars :
- Blanco 1 : Insoupçonnable vengeance, 2020.
- Blanco 2 : Insoutenable héritage, août 2020.
- Blanco 3 : Inconsolables petits anges, juin 2021.
- Blanco 4 : Inqualifiable cannabis, février 2022.
Remerciements à J.M. pour la confiance accordée.
Prologue.
1- Retrouvailles d’après cavale.
2- Mission : snipper au Liban.
3- 1987 : missions Somalie et Burkina Faso.
4- Mission : « Abou Jihad » à Tunis.
5- Du fusil à l’arbalète.
6- Mission : sniper à Sarajevo, 1993.
7- Mission au Pakistan : l’apothéose.
8- Mission Iran 2004 : garde blanche du Vatican.
9- La der des ders.
Épilogue.
Prologue.
En mars 2002, profitant d’une escapade romantique au Jumeirah Beach Hôtel à Dubaï, en compagnie d’une jolie ressortissante polonaise, Paulina G., la conciergerie informait J.M. qu’un courrier lui était adressé. Son sang ne fit qu’un tour, lorsqu’on lui remit cette fameuse « enveloppe jaune », significative d’une « opération extérieure ». Le message était limpide : Avion Kaboul sur tarmac. Stop ! Ordre de mission immédiat. Stop ! Outils transférés. Stop ! Réfèrent sur place, Lieutenant-colonel R. Stop !
Le lendemain, J.M., le sniper, et le prénommé Robert, un « spoter » du S.A.S, respectivement appelés « 17 » et « 82 » pour l’opération, étaient héliportés en CH-47 de Kaboul à Aryob Zazi, dans les montagnes afghanes, et pris en charge par deux Afghans qui les déposèrent à la frontière pakistanaise, à Pewar. Ils s’inscrivaient, ainsi, en parfaite violation des lois internationales en vigueur, puisque ce pays n’était pas en guerre avec les Occidentaux, même s’il abritait des terroristes afghans.
Les cibles étant localisées dans le village de Tari Mangal, « 17 » trouva la position idéale sur un petit promontoire masqué par des arbustes enneigés. La mission était sommaire, il devait abattre, lors de la première prière du matin, les deux gars qui se présenteraient sur le toit-terrasse identifié. La photo des deux objectifs leur avait été remise, même si, dixit J.M. : « à cette distance de plus de 1000 mètres, les barbus se ressemblaient tous ! ». La position était idéale pour que les deux missionnés s’assurent de leur repli ; le soleil se lèverait dans leur dos et, de facto, éblouirait les talibans susceptibles d’être alertés après les tirs. Pour l’heure, il fallait s’armer de patience dans la nuit noire et froide, les deux acolytes savaient faire, aguerris à ce type de situation d’attente ; le silence radio était de rigueur depuis le passage frontalier.
À 05h51, derrière ses jumelles, « 82 » signala une action sur le toit de l’habitation authentifiée. « 17 » requit les conditions atmosphériques pour un tir à 1200 mètres, tout en ajustant son fusil L115A3. Il positionna son œil directeur contre la membrane en caoutchouc et put observer deux hommes, un tapis à la main, se présentant sur la terrasse de la maison visée. Lorsque les deux cibles s’agenouillèrent, « 82 » annonça le « GO ». « 17 » commença son décompte de relaxation de cinq secondes, avant la phase de tir. Son index fit délicatement pression sur la queue de détente, touchant mortellement le premier homme au thorax. L’autre n’eut pas le temps de s’en apercevoir qu’il fut abattu d’une balle dans la gorge, lui décrochant complètement la tête du corps. Couverts par le silencieux, les deux tirs ne purent être entendus par les talibans qui priaient en bas de l’habitation.
Sitôt les objectifs abattus, les deux coéquipiers de circonstance quittèrent leur position pour se replier ; mais à peine ils parcoururent 400 mètres qu’une sirène retentit dans le village. Le dénivelé les exposant à la vue de l’ennemi, ils essuyèrent les tirs des talibans. Alors que les deux exécutants parvenaient à franchir la frontière afghane, « 82 » ralentit brusquement sa course et se tint le ventre. « 17 », venant à son secours, constata qu’il saignait abondamment. Il s’agenouilla et observa leurs arrières à l’aide de sa lunette de fusil. À 300 mètres, deux talibans plus véloces que les autres tiraient en rafale à la kalachnikov. Après deux tirs de J.M., les deux belligérants ne représentaient plus aucune menace pour le duo. « 17 » positionna « 82 » sur ses épaules, grimpa encore, avant de se réfugier dans une petite grotte et d’activer la balise de détresse de sa montre. Après une interminable attente, ils furent évacués plusieurs heures plus tard par douze Anglais du Commandement des Opérations Spéciales, à bord d’un Chinook CH-47.
Dès l’arrivée à Kaboul, le médecin constata le décès de « 82 », estimant sa mort à plus de six heures, soit dix minutes après l’impact. Ce qui surprit, pour le moins, « 17 », qui rétorqua : « c’est impossible, car, après qu’il a été touché, puis en attente de l’exfiltration par les renforts, nous avons engagé une discussion de plusieurs heures, lors de laquelle, il m’a tout raconté de sa vie ». Le toubib l’observa un long moment, sans prononcer le moindre mot. En revanche, le colonel, qui assistait silencieusement à l’entretien, s’adressa à « 17 » : « c’est bien la preuve qu’il y a quelque chose après la mort ! ».
Une interrogation qui tourmente, encore aujourd’hui, J.M. : « ce jour-là, j’ai eu un sérieux doute, serait-ce la preuve qu’il y a véritablement quelque chose après la mort ? Je n’ai toujours pas la réponse. Qui mourra, verra ! ».
1- Retrouvailles d’après cavale.
Quelques années plus tard…
Ce 13 décembre 2021, je marchais seul, plongé dans mes pensées, sur la splendide Promenade des Anglais, à Nice. Comme d’habitude, nulle journée ne parvenant à me faire oublier mon passé de flic, surtout dans cette région où quelques anciennes enquêtes judiciaires, à charge puis à décharge, m’interpellaient encore. Tournant le dos à l’aéroport, je progressais vers mon lieu de rendez-vous, profitant d’une surprenante température quasi estivale pour la saison, ébloui par la réverbération du soleil sur la baie des Anges.
Commandant de police retraité par anticipation… depuis le 1er avril 2018, je devais rencontrer, ce jour, une vieille connaissance du milieu, qui venait de mettre fin à treize longues années de cavale. Œuvrant dans le cadre d’un projet d’adaptation audiovisuelle de mon premier livre, « L’incroyable destin de Blanco », chez BoD, j’avais renoué le contact, quelques semaines auparavant, avec l’ancien recherché d’Interpol, que j’apercevais assis, à une cinquantaine de mètres, sur les célèbres chaises bleues de la Prom’. Toujours à l’affût, sans doute un réflexe de cavale, il se retourna vivement et vint dans ma direction, actionnant des coups de tête à 360°, avant de me donner l’accolade, tels deux vieux vétérans.
---Ça fait plaisir, Blanco. Fallait absolument que je te vois, j’ai des choses à te dire et un service à te demander, car j’ai su, par des gars de la D.C.P.J. (Direction Centrale de la Police Judiciaire) de Nanterre, que tu écrivais des bouquins.
L’échange fut intense, mais très bref, J.M. ne souhaitant pas s’éterniser trop longtemps à découvert. Il me remit un numéro de téléphone lituanien et une adresse où le rejoindre, au nord de l’Italie.
---Viens m’y voir dès que possible, Blanco !
Son insistance m’empêcha de décliner l’invitation, malgré mon départ programmé avec ma compagne, Betty, sur l’île de Saint-Martin le 25 décembre. Parvenant, tant bien que mal, à la persuader que je viendrais la rejoindre plus tard, je m’organisais pour honorer le rendez-vous avec J.M., avant la fin du mois, le temps de m’acquitter des tâches pour lesquelles Betty et moi-même étions venus ici.
Pour la petite histoire, J.M. était un vieux cheval de retour que je devais faire « tomber » en 2006 dans le cadre d’un trafic international de voitures, alors que j’officiais en qualité de chef du groupe auto à la Sûreté départementale des Alpes-Maritimes. Je n’ai plus très bien l’affaire en tête, mais il s’agissait sans doute de cartes grises falsifiées, ou un truc du genre, pour faire entrer, dans l’hexagone, des véhicules volés ou escroqués en provenance d’Italie. Si mes souvenirs sont bons, son nom m’avait été balancé par un cador italien de l’automobile. Mais, alors que la programmation de son interpellation se comptait en jours, je reçus un appel téléphonique d’un commandant de police officiant dans un grand service de police à Paname, à la Direction Centrale de la Police Judiciaire, me demandant d’« élargir » son « agent de renseignements », lequel, disait-il, avait permis à la police française de réaliser la plus belle affaire de passeports volés de son histoire, deux ou trois ans auparavant. J’en avais effectivement entendu parler et j’acceptais sa proposition, dans les règles de l’art, en toute transparence avec les parquets respectifs ; fort heureusement, puisque la police des polices me demanda des comptes, deux ans plus tard. Ces négociations n’étaient acceptables qu’à la seule condition qu’il se constitue prisonnier pour s’expliquer sur cette affaire et, bien sûr, m’en apprenne davantage sur ce réseau.
Contrat qu’il remplit loyalement quelques jours plus tard. Pour l’anecdote, il se pointa dans mon bureau de la Caserne Auvare à Nice, un lundi aprèsmidi, alors que je sortais d’une éprouvante permanence criminelle. Je ne me sentais plus la force d’affronter ce charismatique visiteur et le confiais à mon adjoint. Quelques minutes plus tard, je ne fus pas surpris de voir J.M. prendre lui-même sa déposition, mon second scotché face à lui sur le siège visiteur. Je lui redonnais rendez-vous le lendemain, même lieu, même heure
Ainsi, après une bonne nuit réparatrice, je l’installais dans mes quartiers pour engager la discussion. De nature entreprenante, J.M., dont la vivacité d’esprit et le débit de paroles me surprirent, s’annonça comme un probable nouvel agent de renseignements de mon service, dans une matière qu’il semblait parfaitement maîtriser, le trafic international auto. À l’époque, je traitais une centaine de procédures, dont quelques commissions rogatoires de hautes factures. Je lui laissais entendre que je pouvais me passer de ses bons offices, l’essentiel étant qu’il n’opère plus dans le cadre de ma lutte spécifique ; de surcroît, j’avais déjà tissé une belle toile pour cadenasser les velléités des trafiquants et, à cette période, je bénéficiais encore de la confiance des magistrats, qui sera mise à mal à la suite d’un gros travail de fond de mes détracteurs locaux… Il persistait et signait, malgré ma position de distanciation sans équivoque, sachant que je ne pouvais fermer la porte à ce type de pointure, plutôt rare sur le marché du renseignement. Il m’invitait, quelques jours plus tard, dans son appartement situé à la frontière italienne pour faire étalage de son talent et de son avancée en matière d’équipements technologiques, tels les brouilleurs en tout genre et une maîtrise évidente de l’outil informatique, sans compter les nombreux réseaux internationaux qu’il semblait avoir apprivoisés. Il m’invita d’ailleurs dans un superbe restaurant sur la French Riviera, avec son avocat, dont je tairais le nom, qui tentât, quelques mois plus tard, de me tendre un piège pour satisfaire aux diligences de personnes malintentionnées, ne méritant pas davantage d’être nommées dans un quelconque ouvrage lié à ce noble métier de flic. Puis, nous restions en contact, jusqu’à ce qu’il me rende à nouveau visite, me proposant de m’offrir mille actions ATI PETROLEUM, en juillet 2007.
---J’insiste pour te les offrir, Blanco, pour service rendu.
Offre que je déclinais, bien entendu, m’étant toujours positionné de sorte à ne jamais me faire rattraper par la patrouille, d’autant que je savais déranger pas mal de monde dans la région. Bien m’en prit, puisque cette introduction en bourse sur le Marché Libre, se passant, ainsi, de la validation de l’Autorité des Marchés Financiers, se retrouvait au cœur d’une présumée escroquerie de grande ampleur, faisant les choux gras à la Une de médias nationaux. Le parcours d’ATI PETROLEUM avait effectivement de quoi laisser dubitatif, puisqu’introduite à 0,18 €, la valeur de l’action atteignait 7,10 €, valorisant la société à hauteur de 850 millions d’euros. Une information judiciaire était ouverte au Tribunal de Grande Instance de Grasse dans les Alpes-Maritimes pour « escroquerie en bande organisée sur les marchés financiers ».
Je ne le revis plus, il disparut subitement de la circulation, non pas en corollaire de cette affaire, mais pour tout autre chose. Je n’eus le temps de m’y intéresser, puisque, à cette époque, je subissais de terribles attaques internes et externes et devais faire face aux « montages » d’affaires ayant vocation à me déstabiliser, et ce, pour des raisons peu valorisantes de la part de mes lâches détracteurs. Fort heureusement, j’en sortais grandi presque deux ans plus tard…
Toujours est-il, qu’au cours de cette traversée du désert, l’Inspection Générale de la Police Nationale de Marseille vint me rendre une énième petite visite à Nice pour m’auditionner dans le cadre de cette affaire d’action boursière et celle relative à la cavale de J.M., qui avait pris la tangente à la suite d’une extorsion de fonds dont il était soupçonné d’avoir commise dans le sud de la France en 2008. Ne trouvant aucun élément susceptible de mettre en cause ma probité, les deux commandants, B. et S., que je salue au passage, puisqu’ils ont travaillé à charge comme à décharge, donc dans mon intérêt, m’interrogèrent sur les circonstances dans lesquelles j’avais élargi l’intéressé, deux ans auparavant. Une fois de plus, ayant agi en toute transparence, je fus dédouané de tout soupçon, d’autant qu’un commandant de police, Pierre B., ex-Office Central des Biens Culturels, officiant ensuite à la Direction de la Coopération Internationale, en poste à Madrid, confirma mes déclarations.
Bref, ce 26 décembre 2021, je prenais un itinéraire « sécurisé » pour atteindre le point de rendez-vous transalpin, à mille mètres d’altitude, dans le Piémont, endroit totalement exsangue d’œil indiscret. J.M. m’invita à entrer dans l’habitation et m’installa près du feu de cheminée. Deux ans plus « jeune » que moi, il arborait une tenue militaire kaki. Je ne fus pas surpris de son accoutrement, car, avant sa cavale, il m‘avait fait part d’une double vie ponctuée d’OPEX, c’est-à-dire d’opérations extérieures militaires secrètes. Il ouvrit le bal par les sujets sur lesquels les bœufscarottes m’avaient interrogé à l’époque.
---Lorsque l’affaire d’ATI PETROLEUM s’est déclenchée, les flics parisiens m’ont conseillé de prendre attache avec toi, Blanco : « demande au cow-boy de Nice de t’aider, il appellera le juge Jean-Pierre M. à Grasse ».
---Pourquoi les flics de Paname m’appelaient ainsi ? ».
---Ils faisaient référence à ta fusillade avec l’ex-ennemi public numéro un, en Guadeloupe. Mais peu importe, je te dois quelques explications sur le dossier ATIP. J’avais été chargé de commercialiser les actions par Christophe G., tu sais, celui des pièces jaunes, lequel m’avait été présenté par Kévin D., fils de l’ex-PDG de Fuji France. Malgré le remue-ménage et l’ouverture rapide d’une information judiciaire, un non-lieu avait été rapidement prononcé en 2008, sans doute parce que, via un intermédiaire, une très haute personnalité politique, que je ne peux citer, s’était engagée à hauteur de 150.000 €. Le seul magistrat qui avait vu clair dans cette affaire était ce juge, Jean-Pierre M., contrairement à sa consœur qui souhaitait ma tête et avait été instrumentalisée par le gendarme D. qui m’en voulait pour d’autres raisons que le Code de procédure pénale.
---Ok, J.M., et quid de l’affaire d’extorsion de fonds de 2008 et des deux flics incarcérés ?
---C’est encore ce D. qui monta cette affaire en épingle en influençant la juge B. de Grasse. Pour faire court, j’avais été averti, par un policier transalpin de la financière, qu’un italien de Monaco, Paolo P., commettait une escroquerie de haut niveau, détournant 1 € sur les facturations ADSL, via un ver informatique, piégeant les usagers de sites pornographiques. J’informais la financière de la DCPJ à Nanterre, le flic B. et un de ses collègues, pour leur donner accès au compte Skype du gars. Mais ce service refusa de traiter l’affaire, prétextant qu’il ne voulait pas s’engager sur ce terrain. Bref, de nature curieuse, je prenais contact physiquement avec Paolo P., devant le commissariat d’Antibes. Il afficha un air plutôt fébrile, pensant que je lui mettais la pression, alors que je voulais juste assurer le coup en cas de pépin. Je ne voulais pas me faire buter, car son escroquerie lui rapportait la bagatelle de 3 millions d’€ par mois. Le lendemain, il me rendit visite au Vista Palace à Roquebrune-Saint-Martin et me proposa 300.000 € pour geler les services de police français et italiens. Transaction que je n’acceptais pas dans la mesure où la financière ne s’engageait pas avec moi dans la partie. Pensant que cette affaire avait fait long feu, je fus surpris de recevoir un appel « bienveillant », un mois plus tard, m’avertissant que la juge de Grasse, B., voulait ma tête ; puis, vers 2 heures du mat, un second coup de fil, non identifié celui-ci, me conseillant de déguerpir au plus vite. Bien m’en prit, car les services de l’Inspection Générale de la Police Nationale de Marseille firent irruption chez moi, à Menton. Deux flics étaient interpellés, un de la brigade financière du commissariat de police d’Antibes et l’autre du Centre de Coopération Police-Douane de Vintimille. Tu piges, Blanco ? C’était très chaud.
---Tu m’embrouilles là, J.M. Pourquoi l’option de la cavale, s’il n’y avait d’infraction à la loi pénale ?
---Le gendarme D. voulait absolument ma peau et avait réussi à convaincre la juge de Grasse. De plus, dixit mon informateur, le policier d’Antibes aurait reconnu avoir reçu la somme de 10.000 €, espérant ainsi une faveur de l’I.G.P.N. J’ai tout de suite réalisé que mes nombreux contacts police me lâchaient sur cette affaire. Je ne voulais pas aller en taule pour quelque chose que je n’avais pas fait. Tu comprends, Blanco ?
---Pourquoi ne pas avoir pris attache avec moi à l’époque, J.M. ? Si tu n’avais rien fait, tu sais que j’aurais pu l’prouver. Ou alors, tu as déconné ?
---Je savais que tu faisais face à une grosse adversité dans la région et en Italie, tu dérangeais du beau monde. Avec tes affaires de bagnoles, rien ne t’échappait dans le coin, Blanco. (Rires). Puis, te connaissant, tu m’aurais demandé de me constituer prisonnier pour m‘expliquer, alors que la tendance m’était défavorable. J’étais quasi sûr d’aller au trou.
---J.M., tu me prends pour un lapin de six semaines. J’ai du mal à croire que tu puisses refuser 300.000 €, alors que tu avais verrouillé, à ta manière, certains flics et services. Tu m’feras pas avaler cette couleuvre.
---Crois c’que tu veux, Blanco. C’est ton droit. (Sourire). Le flic de Vintimille a nié les faits et celui d’Antibes a reconnu, l’abruti. Apparemment, il chialait comme une merde. Bref, c’est du passé maintenant.
---Ouais, t’as raison, J.M., et ta cavale, alors ?
---Lorsque j’ai reçu le second appel téléphonique, vers 2 heures du mat, j’étais déjà planqué en Italie. J’avais passé la frontière dès le premier avis de source policière que, tu comprendras, je ne puis révéler.
---T’as bien une idée de l’auteur du second coup de fil ?
---Vraiment pas, Blanco. Peut-être s’agissait-il d’un appel de l’I.G.P.N., pour s’assurer que j’étais à mon domicile, ou pour m’interpeller si j’en sortais ? Va savoir ? Ils ne sont pas si bêtes les bougres. (Rire).
---J’te connais trop bien, J.M., je pense que de ta planque ton téléphone devait activer une borne proche de ton appartement ? De cette manière, tu as, une fois de plus, roulé tout ce p’tit monde dans la farine.
---On n’peut rien t’cacher, Blanco. (Rire). J’ai envoyé un « observateur » à 6 heures qui m’a confirmé que les bœufs-carottes avaient fracturé la porte de mon appartement. Et, plus bizarre, dans la même matinée, vers 10 heures 30, un couple est entré chez moi. Je ne sais pas qui ça pouvait être. Était-ce en rapport avec le coup de fil anonyme ? Je le saurai peut-être un jour.
---Peut-être les services du renseignement, en off ? Bref, J.M., revenons à ta cavale. Où étais-tu planqué ?
---Je suis resté quelque temps dans les terres, en Italie, avant de rejoindre la Lituanie pour une durée de quatre mois. Ayant pas mal d’argent devant moi, j’ai pu profiter de la belle vie, pendant que les flics français me cherchaient. (Sourire). Je ne savais pas qu’ils t’avaient entendu sur ces affaires, désolé, Blanco. Ensuite, j’ai pris un bateau à Gênes à destination de l’Espagne. Grâce à mes contacts, j’ai pu voyager clandestinement, même si les tarifs sont beaucoup plus élevés que pour un passager lambda. J’ai encore passé quatre mois de vacances à l’hôtel Ibis de Castel de Felde, près de Barcelone, forcément sous une autre identité. Puis j’ai végété, durant toutes ces années, dans les Balkans. Ma cavale m’a coûté très cher, bien au-delà d’1 million d’€, j’ai claqué tout mon cash ; tout est plus onéreux lorsqu’on veut rester anonyme. Je savais faire l’objet de deux fiches d’Interpol, l’une, émise par l’Allemagne, pour évasion déguisée en fraude fiscale ; l’autre, initiée par la France, pour l’extorsion de fonds avec violence, soi-disant au préjudice de Paolo P.
---C’est quoi cette affaire d’évasion en Allemagne ?
---Du calme, je t’explique, Blanco. Cette fiche de recherche d’Interpol datant du 2 mars 2002 correspondait, officiellement, à une affaire judiciaire de fraude à la T.V.A. pour laquelle j’ai été poursuivi et incarcéré fin 1996 en Allemagne. Il m’était reproché d’être auteur d’escroqueries, accusé de vendre des voitures en Bulgarie, en provenance d’Allemagne, sans m’acquitter des taxes ad hoc. Une autre plainte avait également été déposée à mon encontre pour le vol d’une auto. Mais réellement, c’est pour une autre raison que cette fiche a été diffusée par les Allemands. Après mon incarcération à la prison de Düsseldorf, j’ai sollicité le Consul italien, Paulo D., qui s’est déplacé de Cologne pour me rendre visite en taule. Ses consignes furent très claires : « je sais que vous travaillez avec les services secrets italiens, mais, dans un souci de discrétion, vous devez garder le silence et purger votre peine d’emprisonnement, ça ne devrait pas être trop long ».
---J’imagine que ça n’a pas dû te faire plaisir, J.M. ? Peux-tu me parler de ce fameux dossier italien ?
---J’étais fou de rage, Blanco, surtout que je me trouvais en Allemagne pour le compte de P. de C., un Colonel des carabiniers, qui m’avait chargé d’infiltrer un réseau mafieux italien qui préparait le braquage d’une grande enseigne en Italie. Face au mutisme italien, j’en ai tenu langue, ensuite, à la Procureure de Düsseldorf, Frau B., qui me proposa, en échange de me faire sortir, de travailler en qualité d’agent de renseignements pour les services de police allemands. Mais la décision traînait et je sentais que j’allais faire une connerie en taule, étant à deux doigts de tuer un pédophile qui avait exhibé des photos d’enfants dans sa cellule. J’ai donc tenté de m’évader à deux reprises. La première fois en sautant des escaliers pour me blesser, mais je n’ai pas été transporté à l’hôpital. La seconde fois, je me suis planqué dans un carton, en lieu et place des savons que nous conditionnions, mais les transporteurs m’ont déposé dans la cour où se trouvaient les geôliers, j’ai sûrement été balancé par un fumier de taulard. En guise de représailles, j’ai été jeté, à poil, dans une sorte de bunker, pendant trois jours. Ma persévérance a payé, car j’ai enfin réussi mon évasion le 24 décembre 1996. Lors d’une livraison, je suis parvenu à me dissimuler sous l’essieu arrière d’un camion, duquel j’ai sauté lors d’un ralentissement, avant de poursuivre ma progression via un petit cours d’eau glacé. J’ai volé une Golf 2, passé la frontière belge sans encombre, pour me retrancher dans la région de Mons. Ensuite, j’ai regagné l’Italie. En fait, les Allemands n’ont pas voulu reconnaître que l’on pouvait s’échapper du centre pénitentiaire, dans lequel aucune évasion n’avait été perpétrée depuis cent ans, c’est pour cette raison que le motif de la fiche de recherche pour fraude fiscale ne collait pas à la réalité. Finalement, j’y étais resté emprisonné quatre mois et demi.
---Ouais, tu es toujours dans les bons coups, à ce que je vois, J.M., comment a pris fin ta folle cavale ?
---Ce n’est qu’en 2021, qu’un ami lituanien, Egigijus, m’a informé, via une ambassade russe en Afrique, que mes fiches de recherche étaient caduques depuis cinq ans. Tu imagines bien que les boules me sont montées, j’avais perdu treize ans de ma vie, au lieu de huit. J’ai rapidement avalé la pilule, soulagé de retrouver ma liberté. Étonnement, quelques jours plus tard, tu reprenais contact, alors que j’envisageais de le faire.
---Pour quelle raison as-tu besoin de mes services ?