Joker mortel - Renee Rose - E-Book

Joker mortel E-Book

Rose Renee

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Beschreibung

Il m’a enlevée, m’a gardée prisonnière.
Je savais que Junior Tacone était dangereux.
J’ai travaillé pour lui, aux soins de sa mère.
Je croyais être en sécurité une fois ce travail terminé.
Une fois loin de sa conscience, loin de sa portée.
Mais son frère a reçu une balle et Junior m’a engagée comme infirmière.
Alors, je suis sa captive, prisonnière de sa belle maison, soumise à sa loi.
Et il semble nourrir des sentiments pour moi.
Ce qui signifie qu’il ne me laissera peut-être jamais partir...

Note : Cette romance torride est le cinquième tome de la série Les Nuits de Vegas de Renee Rose, auteure de best-sellers au classement du USA Today. Ce roman n’aborde pas le thème de l’infidélité et ne se termine pas sur un suspense.

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Joker mortel

Renee Rose

Traduction parMyriam Abbas

Traduction parValentin Translation

Burning Desires

Copyright © 2021 by Renee Rose

Tous droits réservés. Cet exemplaire est destiné EXCLUSIVEMENT à l’acheteur d’origine de ce livre électronique. Aucune partie de ce livre électronique ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme imprimée ou électronique que ce soit sans l’autorisation écrite préalable des auteures. Veuillez ne pas participer ni encourager le piratage de documents protégés par droits d’auteur en violation des droits des auteures. N’achetez que des éditions autorisées.

Publié aux États-Unis d’Amérique

Renee Rose Romance

Ce livre électronique est une œuvre de fiction. Bien que certaines références puissent être faites à des évènements historiques réels ou à des lieux existants, les noms, personnages, lieux et évènements sont le fruit de l’imagination des auteures ou sont utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux, des évènements ou des lieux est purement fortuite.

Ce livre contient des descriptions de nombreuses pratiques sexuelles et BDSM, mais il s’agit d’une œuvre de fiction et elle ne devrait en aucun cas être utilisée comme un guide. Les auteures et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables en cas de perte, dommage, blessure ou décès résultant de l’utilisation des informations contenues dans ce livre. En d’autres termes, ne faites pas ça chez vous, les amis !

Réalisé avec Vellum

Table des matières

Livre gratuit de Renee Rose

Chapitre un

Chapitre deux

Chapitre trois

Chapitre quatre

Chapitre cinq

Chapitre six

Chapitre sept

Chapitre huit

Chapitre neuf

Chapitre dix

Chapitre onze

Chapitre douze

Chapitre treize

Chapitre quatorze

Chapitre quinze

Épilogue

Livre gratuit de Renee Rose

Vouloir plus?

Ouvrages de Renee Rose parus en français

À propos de Renee Rose

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Chapitre un

Junior

C’était censé être une rencontre civilisée après la tombée de la nuit au Caffè Milano.

Le problème, c’était qu’on n’était jamais sûr de rien quand on traitait avec la mafiya russe. Ces putains d’enfoirés sauvages et imprévisibles.

Ce jour-là, on se retrouvait pour parler territoire. Ils empiétaient sur notre quartier. Transportant de la drogue. Travaillant dans la prostitution avec des femmes que je soupçonnais d’être réduites en esclavage.

Je me fichais de ce qu’ils faisaient ailleurs, et Dieu sait que nous n’avions plus beaucoup d’affaires dans notre ancien quartier, mais je considérais comme une obligation familiale de le garder propre. De garder ces enfoirés de Russes à distance.

On se rencontrait à découvert, à une terrasse de café à Cicero. Nous l’appelions « le vieux quartier », un peu comme la génération de mon père qui l’habitude de faire référence au « Vieux Pays ».

Nous étions dans le domaine du prêt d’argent, comme toujours. C’était réglo, à moins que vous ne comptiez les tabassages qui arrivaient quand on ne payait pas à temps. Ces temps-ci, les affaires avaient pris une grande ampleur et nous vivions désormais dans des villas en banlieue. Ce qui ne signifiait pas que je ne me souciais plus de ce qui se passait sur mon territoire.

Je vis un des jeunes de la bratva assis à une table… Ivan, pensai-je. Vlad, leur leader, ne semblait pas être là.

Cazzo. Je n’aimais pas le chemin que ça prenait.

Mes frères, Gio et Paolo, et moi sortîmes de la Range Rover, avec nos soldats, Mario et Luca. Nous étions tous armés, même si nous n’en faisions pas étalage en portant des armes ouvertement.

— Où est Vlad ? demandai-je à Ivan.

Gio vint avec moi, les trois autres restèrent en retrait, comme prévu.

Ivan haussa les épaules, l’air de s’ennuyer.

— Il arrive.

La fille qui était au comptoir – une jeune fille de la génération Z ultra-décontractée en jean moulant et haut ajusté – s’approcha. Je la reconnus mais je ne connaissais pas son nom. C’était la petite-fille du propriétaire d’origine, Luigi Milano, l’ami de mon père.

— Monsieur Tacone.

Elle me salua mais son visage était tout sauf amical. En fait, ses lèvres étaient étirées en une ligne mince et un muscle tiquait dans sa mâchoire. Elle lança un coup d’œil au Russe puis le reporta sur moi comme si elle avait peur de nous avoir tous les deux dans son commerce en même temps.

J’avais donné le nom du Caffè Milano comme lieu de rencontre parce que je le considérais comme un territoire amical pour nous, mais je me demandais si, avec la nouvelle génération, les choses n’avaient pas changé. Peut-être qu’ils avaient passé des accords avec les Russes.

Cette idée aurait dû me mettre en rogne, mais cela ne produisit qu’un petit bourdonnement, à peine un intérêt.

— Puis-je vous apporter quelque chose ? Un expresso ? Des cannolis ?

— Casse-toi, lui répondit le Russe d’un ton sec.

Elle sursauta visiblement, et quand son regard revint vers moi, il était suppliant.

Bon sang.

Quoi que les Russes fassent ici, elle n’était pas d’accord.

Ce qui signifiait que j’avais toujours un problème.

— Un expresso, dis-je, cherchant à retrouver son nom.

Je me souvenais d’elle courant dans tous les sens quand elle était petite fille et que mon père utilisait le café comme lieu de rencontre. Marissa ? Faith ? Bon Dieu, je n’en avais aucune idée.

Elle resta là encore une seconde… bien trop longtemps pour une serveuse normale, et désormais j’étais sûr qu’il y avait un problème.

— Casse-toi.

Le Russe avait l’air dangereux.

Elle me lança un dernier coup d’œil et retourna à l’intérieur.

Le coude de Gio se pressa subtilement mais fermement contre mon bras. Il me disait aussi quelque chose. Je sentis Paolo se déplacer derrière nous.

Fanculo, cette affaire était en train de déraper. C’était un piège. Une embuscade.

Je lançai un coup d’œil à travers la grande baie vitrée. Tous les sièges près de la fenêtre étaient occupés. Inhabituel à cette heure de la nuit. Le Caffè Milano était plutôt un resto de jour. Il restait ouvert jusqu’au soir, mais les gens ne traînaient habituellement pas. Je remarquai que tous les clients avaient la tête baissée comme pour masquer leurs visages.

Ivan se leva et ma main se déplaça lentement vers le Walther PPK à l’arrière de ma taille.

— Allons à l’intérieur.

— Je ne crois pas, non, répondit Gio à ma place, dégainant son flingue.

Et d’un seul coup, tout explosa.

Des tirs résonnèrent de partout. Certains provenaient de l’intérieur du café, faisant voler le verre en éclats. Certains provenaient de nos gars, derrière moi. Gio et le Russe sur le trottoir se tirèrent dessus.

Je lançai la table à travers la baie vitrée, la faisant voler en éclats dans une explosion de force pour dégager la vue, puis visai et tirai sur Ivan, blessé, en même temps qu’il touchait Gio.

Gio grogna et tituba en arrière, se serrant le ventre.

Non. Non ! Pas Gio. Bon sang !

Je voyais les choses au ralenti. J’attrapai le flingue de Gio dans sa main et le poussai vers Paolo et Mario.

— Emmenez-le à la voiture ! criai-je alors que je visais les têtes baissées sous la fenêtre.

Je pressai les gâchettes.

Un. Deux. Trois morts. Je tirai des deux mains comme si j’étais dans un fichu film.

Je défonçai la porte d’un coup de pied pour l’ouvrir et j’entrai. Quatre. Cinq d’éliminés. Je fis pivoter les flingues, cherchant du mouvement. Luca entra derrière moi, flingue dégainé, en retard pour le spectacle.

Quelque chose bougea derrière le comptoir et je fis pivoter mon Beretta. Luca visa aussi. C’était la fille du Caffè Milano.

Mince. Est-ce qu’on pouvait lui faire confiance pour ne pas moucharder ? Je gardai mon flingue bien en main pendant que je prenais ma décision.

— C’est un témoin, murmura Luca, comme si je ne le savais pas déjà.

Mais nous ne tuions pas les innocents. Mon esprit tournoya en pensant à la loyauté de sa famille, et si ce lien existait toujours.

Ses yeux se remplirent de larmes.

— Monsieur Tacone…

Merda. Je fourrai les deux flingues dans mes poches. Elle était loyale. Elle avait voulu m’avertir, j’en étais sûr.

— Non, pas de Tacone ici, lui dis-je fermement.

J’agitai une main pour désigner toute la pièce.

— Des Russes.

— C’est vrai, dit-elle, hochant la tête en tremblant. Tous des Russes.

Une fille intelligente.

— Donne-moi cinq minutes avant d’appeler le 911.

— Compris.

Elle frissonnait encore.

Je reculai vers la porte.

— Je me charge des dommages, dis-je en indiquant brusquement de la tête la baie vitrée et l’intérieur criblé de balles.

Ses joues étaient couvertes de larmes alors que nous filions et sautions dans la voiture dont le moteur tournait déjà.

Paolo démarra, roulant vite mais avec fluidité. Pas de pneus qui crissaient ni rien qui attire l’attention sur nous.

— Gio. Gio ? Parle-moi.

J’étais assis près de mon frère, pressant la main sur la sienne, qui tenait sa blessure.

— Je suis touché.

Gio était affalé sur le siège arrière, du sang imprégnant sa chemise et sa veste.

— Je sais. Tiens bon. Tu vas t’en sortir, tu m’entends ?

— Où on va, Junior ? cria Paolo depuis le siège avant.

— Chez moi. Puis vous trois, vous irez chercher Desiree Lopez.

— L’infirmière de maman ?

— C’est ça. Elle me doit un service. Elle travaille en traumatologie au Cook County. Si elle n’est pas au travail, elle vit sur la 22e à Humboldt Park. Trouvez-la et ramenez-la chez moi.

Desiree

Je remarquai à peine ce qui m’entourait pendant que je marchais, clés à la main, vers ma vieille mais fonctionnelle Honda Civic de quatorze ans. Je ne vis pas la Range Rover noire et rutilante garée à quelques places.

Mes réflexes ne m’avertirent pas.

Peut-être qu’ils l’auraient fait si je ne venais pas de travailler pendant douze heures en traumatologie. Peut-être que je n’aurais pas avancé d’un pas lourd vers ma place de parking, écartant la proposition de l’agent de sécurité de m’accompagner à ma voiture.

Pas avant que deux grands gars en trench-coats n’en sortent et ne viennent droit vers moi.

Oh mon Dieu. Ça y est. Je vais me faire violer et tuer.

Je me figeai une seconde, le cœur battant, puis filai, fonçant pour sauter dans ma voiture avant qu’ils ne puissent me rejoindre.

— Arrête-toi ! cria l’un d’eux avant qu’ils ne bondissent tous les deux, l’un bloquant ma portière conducteur, l’autre venant derrière moi. Desiree Lopez ?

Mon cerveau n’arrivait même pas à comprendre comment ils connaissaient mon nom. J’ouvris la bouche pour crier, mais il plaqua une main sur ma bouche.

— Silence.

Son ordre succinct sortit d’une voix basse et éraillée. Il sentait l’odeur de cigare. Il prit mon sac à main sur mon épaule, sortit mon portefeuille et regarda ma carte d’identité.

— Ouais, c’est elle.

L’adrénaline déferlait dans mes veines. Je savais ce qu’on disait. Si quelqu’un vous entraîne dans une voiture, vous n’allez pas en revenir vivante, alors battez-vous pour votre vie. Je donnai un coup de coude à mon kidnappeur, tournai la tête pour lui mordre la main.

Mais c’était inutile. Il marmonna un juron dans une autre langue et resserra sa prise. Projeter tout mon poids, me tortiller et me contorsionner dans tous les sens n’eut aucun impact sur lui. Il me souleva et me transporta.

Son pote s’approcha derrière nous et appuya un pistolet contre mes côtes.

— Arrête de lutter. Monte dans la voiture.

Ils me hissèrent, prise en sandwich entre les deux hommes, à l’arrière de la Range Rover. L’un d’eux me soulagea de mon sac à main alors que le véhicule partait.

On me mit un sac sur la tête et je me remis à me débattre, mais ils me contrôlèrent facilement, chacun me prenant un poignet pour me clouer les deux mains de part et d’autre de mes hanches.

— Ouais, on la tient, dit l’un d’eux.

Au début, je crus qu’il parlait au conducteur, énonçant l’évidence, mais je me rendis compte qu’il devait être au téléphone.

— On se retrouvera là-bas, ajouta-t-il.

— Q-que se passe-t-il ? bredouillai-je.

Personne ne me répondit.

L’appel téléphonique me fit réfléchir. Ils n’appelleraient pas quelqu’un pour dire qu’ils me tenaient si leur intention était de me violer et de me tuer, n’est-ce pas ?

Ils le feraient s’ils étaient des satanistes qui requièrent le sacrifice d’une vierge.

Pas que je sois vierge. Ni que ma théorie soit probable.

— Je ne sais pas ce que vous voulez, mais, s’il vous plaît… S’il vous plaît, laissez-moi partir.

Encore une fois, personne ne se donna la peine de répondre.

La Range Rover roulait vite… et à ses ralentissements trop brefs, j’aurais parié qu’ils grillaient les stops ou les feux rouges, me faisant percuter les hommes à côté de moi quand elle prenait un virage.

On roula suffisamment longtemps pour que je sois bien effrayée. Pour que je peine à respirer sous des sanglots silencieux. Mais pas de larmes. Je devais avoir trop peur pour me laisser aller.

Puis on s’arrêta. Le connard sur ma droite me traîna hors de la voiture, et je trébuchai, l’obscurité du sac sur ma tête me privait de mon sens de l’équilibre en même temps que de ma vision.

L’environnement était plus silencieux… pas une rue citadine, mais il y avait toujours un trottoir sous mes pieds.

— Qu’est-ce que vous fichez ? demanda une voix masculine en colère à voix basse, se rapprochant à chaque mot. Je vous ai dit de ne pas lui faire de mal.

— Elle n’est pas blessée, juste effrayée.

La voix près de moi était basse aussi. Nous devions être à un endroit où les gens nous entendraient s’ils levaient la voix. Un quartier résidentiel ?

— Lâche-la.

Le sac s’envola de ma tête.

J’ouvris la bouche pour crier, mais le son mourut sur mes lèvres quand je clignai des yeux devant le regard aiguisé et sombre au-dessus de la ligne virile et ombrée d’une mâchoire puissante appartenant à mon ancien employeur.

Junior Tacone.

Mince.

Mon cœur galopant ralentit, changea de direction, repartit.

— Junior.

Je l’appelai par le prénom que sa mère avait utilisé quand je travaillais chez elle, oubliant le « monsieur Tacone », oubliant de lui montrer du respect.

Puis, parce que j’avais en fait été attirée par cet homme la dernière fois que je l’avais vu – j’avais pensé qu’il avait peut-être un faible pour moi aussi – et que je venais d’avoir une peur bleue, je le giflai, fort.

Les hommes près de moi grondèrent et m’attrapèrent de nouveau les bras.

— Lâchez-la.

À la place, il m’attrapa les avant-bras, m’attirant contre lui. À travers son long manteau en laine, la fermeté de son grand corps se pressait contre moi. Son regard sombre était autoritaire. Intense.

— Je vais laisser passer ça, cette fois. Parce qu’ils t’ont fait peur.

Un frisson remonta le long de mon échine. Il laissera passer ça.

Cette fois.

Comme si, habituellement, il y avait des conséquences pour avoir giflé le chef de la mafia.

Bien sûr qu’il y en avait.

— Bon, viens à l’intérieur, j’ai besoin de ton aide.

Mes yeux suivirent le trottoir vers l’énorme maison illuminée par les lampadaires. Ce n’était pas la maison en briques victorienne de sa mère où j’avais travaillé pendant trois mois comme infirmière de soins à domicile après son opération de la hanche.

Ce devait être la sienne ?

J’essayai de retirer mon poignet de sa prise.

— Non. Vous ne pouvez pas simplement… simplement… me kidnapper et me dire de vous suivre parce que vous avez besoin de mon aide.

Il déplaça sa main et pencha la tête vers la maison.

— Allons-y.

Il ne se donna même pas la peine de répondre à ma protestation. Et je suppose que c’était parce que j’avais tout faux. Il pouvait simplement me kidnapper et exiger mon aide. Il était Junior Tacone, de la pègre de Chicago. Lui et ses hommes avaient des flingues. Ils pouvaient me faire faire ce que bon leur semblait.

Le soulagement qui s’était infiltré quand j’avais vu son beau visage reflua. Il se pouvait que je ne ressorte jamais d’ici. Parce que ce qui m’attendait dans cette maison n’allait pas être joli. Ou légal.

Quelqu’un était blessé et ils avaient besoin d’une infirmière. C’était ma meilleure hypothèse.

Et maintenant j’allais être témoin de ce qu’ils essayaient de cacher.

Est-ce qu’un des leurs était blessé ? Ou torturaient-ils quelqu’un ? Avaient-ils besoin que je le garde en vie pour obtenir quelque chose de sa part ?

Je n’avais pas d’autre choix que d’entrer. J’avais peut-être du cran, mais je n’étais pas prête à découvrir ce qui se passait quand on défiait le caïd de Chicago. Je lui emboîtai le pas, me dépêchant pour suivre ses longues foulées.

Il fit descendre sa prise de mon poignet à ma main. Sa large main réchauffa la mienne, glacée, et avait un côté protecteur, comme si nous avions un rendez-vous.

Comme si je n’étais pas sa prisonnière.

Chapitre deux

Junior

Je fonctionnais encore essentiellement en pilote automatique. Probablement sous le choc, à ma manière d’enfoiré dominant.

Malgré cela, je savais qu’attirer Desiree dans cette situation était mal.

Je brisais une de nos règles sacrées : ne pas impliquer et ne pas corrompre les innocents.

Mais elle était la première personne à laquelle j’avais pensé et la seule à qui je faisais entièrement confiance pour sauver Gio. Ouais, nous avions quelques liens avec des vétérinaires auxquels nous avions recouru par le passé, mais cela faisait des années. Ils devaient être octogénaires maintenant… des amis de mon grand-père. Je ne savais plus à qui nous pouvions faire confiance.

Et si Gio mourait, ce serait entièrement de ma faute. Je ne me le pardonnerais jamais. Je ne cessai de remettre en question mon choix de ne pas l’amener à l’hôpital, mais si je le faisais, les morts des Russes lui seraient mises sur le dos. Ou sur moi. Bon Dieu ! … sur nous.

C’était comme ça que mon père aurait géré ça. Nous avions déjà soigné des blessures par nos propres moyens avant. Simplement, pas pour la famille proche. Paolo, Luca et Mario nous suivirent.

J’attirai Desiree dans la maison, me dépêchant de monter les escaliers, lui tenant toujours la main.

Elle était hostile, traînant les pieds pour me montrer sa réticence, mais en dessous, je sentais sa peur.

Ce qui était pour le mieux. J’avais besoin qu’elle ait peur. Dans mon métier, la peur faisait partie intégrante du business.

Nous rejoignîmes le palier et je me tournai vers la chambre d’ami où Paolo m’avait aidé à porter Gio, qui s’était évanoui, le temps que nous arrivions.

— Oh mon Dieu !

Desiree vit Gio. Elle retira son manteau et le jeta sur le sol alors qu’elle traversait la pièce en courant.

Le soulagement me frappa pile entre les deux yeux. Les inquiétudes que j’avais eues de devoir la contraindre de seulement le regarder s’évaporèrent. Elle était déjà en mode infirmière, se concentrant sur son patient.

— C’est votre frère.

Elle l’avait rencontré, alors.

Ou peut-être qu’elle voyait simplement la ressemblance.

— Laissez-moi voir.

Elle retira la serviette de toilette ensanglantée de sa blessure.

— Blessure par balle, marmonna-t-elle. Aidez-moi à le rouler sur le côté pour chercher une plaie de sortie.

J’en avais déjà remarqué une, mais je l’aidai à voir par elle-même.

— Bien, c’est bien. Ça signifie que nous n’aurons pas à aller à la recherche d’une balle. Combien de sang a-t-il perdu ?

Je ne sais pas si elle s’attendait à ce que je lui donne une vraie estimation, mais tout ce que je pus faire fut de soulever la première serviette qu’on avait utilisée avant.

— Génial. C’est bon signe aussi. Il y aurait beaucoup plus de sang si elle avait touché quelque chose d’important.

J’avais déjà deviné ça, mais je ne perturbai pas son raisonnement.

— Dis-moi ce dont tu as besoin.

Je levai le menton vers Paolo, qui se tenait dans l’embrasure de la porte. Il sortit son téléphone, le pouce planant au-dessus du clavier.

— Une aiguille et du fil pour refermer les blessures. De la gaze pour les panser. De la solution saline. Des tonnes de solution saline… pour qu’elles restent propres. Je peux utiliser de l’Everclear1 ou un autre alcool à la limite, mais je préférerais vraiment de la solution saline. Et je vais avoir besoin de seringues à perfusion… des 21G si vous pouvez en avoir. Et des poches et des tubes. Du sodium-potassium pour la perfusion. Et un antibiotique. Est-il allergique à la pénicilline ?

— Non.

Ma gorge se serra, une nouvelle bouffée de peur pour Gio m’envahissait.

— Alors de la pénicilline.

— Attends. Reviens en arrière. Je n’ai pas tout marqué, marmonna Paolo.

Elle lui répéta la liste.

— Et aussi, un antidouleur ou un décontractant musculaire serait bien, parce que ça va lui faire un mal de chien pendant un bon moment.

— Compris, dit Paolo.

Je me sentais rassuré sur ma décision d’impliquer Desiree à chaque minute qui passait. Son action rapide et énergique correspondait exactement à la manière dont elle avait convaincu ma mère, à qui il était impossible de plaire, quand elle avait travaillé pour elle. Elle était excellente dans ce qu’elle faisait.

Et tellement agréable à regarder aussi.

Même si je ne l’avais pas traînée ici pour ça.

Elle regarda de nouveau les serviettes ensanglantées.

— Je ne pense pas que nous aurons besoin d’une transfusion sanguine.

— Si nous en avons besoin, tu pourras prendre mon sang, dis-je rapidement.

Je me souvenais que nous avions déterminé nos groupes sanguins quand nous étions gamins et que nous les Tacone étions tous du même : O positif.

— Ou le mien, dit Paolo.

Il était presque aussi pâle que Gio.

— C’est tout pour les fournitures médicales ? demandai-je.

— Dans le coffre de ma voiture se trouve un kit de premiers secours. J’aimerais l’avoir aussi.

— Mets sa voiture quelque part en sûreté, dis-je à Paolo.

— Je m’en occupe, marmonna Paolo en partant.

Je ne savais pas où il allait trouver tout le matos dont elle avait besoin, mais je savais qu’il allait se débrouiller, tout comme il l’avait fait pour trouver et ramener Desiree. C’était la vie de notre frère qui était en jeu.

Desiree

— Giovanni, laissai-je échapper, me souvenant enfin du prénom du frère de Junior.

Je l’avais rencontré une fois chez sa mère.

Mon cœur battait fort depuis que je l’avais vu couché sur le lit avec une blessure par balle, tachant les draps. Je ne savais pas pourquoi je m’en souciais à ce point, mais ça semblait pire quand vous connaissiez le gars.

Et je ne le connaissais pas vraiment, mais je m’étais occupée de sa mère pendant presque trois mois et elle parlait de ses enfants tout le temps.

Ses paupières papillonnèrent et il se concentra sur moi et grogna.

— Ne bougez pas, l’avertis-je. Je sais que ça fait mal. Ne vous inquiétez pas. Nous allons nous occuper de vous, Giovanni.

— Gio, gronda Junior près de moi.

— Il se fait appeler Gio. Compris, dis-je en me redressant pour le regarder. Écoutez, je ne peux pas faire grand-chose avant que vous m’ayez trouvé le matériel. Je ne veux pas suturer la blessure avant de l’avoir nettoyée. Je pense qu’il restera relativement stable si nous l’empêchons de bouger.

Junior hocha la tête.

— Paolo s’occupe du matériel.

Et puisqu’il n’y avait rien à faire d’autre qu’attendre, je décidai de faire sentir mon mécontentement.

— Vous ne pouvez pas simplement me kidnapper dès que vous avez besoin d’une infirmière.

Le visage de Junior devint complètement impassible. Il ne dit rien.

Rien.

Comme s’il ne voulait même pas s’abaisser à me répondre.

Je lui frappai le torse.

— Sérieusement.

Il m’attrapa la main et la ramena vers son torse.

— Attention, poupée. J’ai dit que je laissais passer la dernière fois. Mais tu me frappes encore et il y aura des conséquences.

Un frisson remonta le long de mon échine, mais c’était plus de l’excitation que de la vraie peur. Je le savais, parce que ma petite culotte s’humidifia aussi. J’adorais que Junior parle de conséquences avec moi de sa profonde voix rocailleuse tout en maintenant ma main contre son torse alors qu’il se tenait à quelques centimètres de moi.

J’adorais ça, presque assez pour tenter ma chance et découvrir exactement quelles seraient ces conséquences, mais je n’étais pas stupide à ce point.

J’essayai de le repousser et de récupérer ma main mais il ne bougea pas et ma main resta collée là où elle était.

Il baissa la tête et me cloua d’un regard sombre.

— Tu prends soin de Gio, je prendrai soin de toi.

Maintenant, un petit soupçon de peur me traversa, même si je pensais que c’était une sorte de proposition, plutôt qu’une menace. J’entendais les sous-entendus de tous les accords mafieux de la télé dans ses mots, et ça me fit flipper.

— Je vais le recoudre et rester jusqu’à ce qu’il soit stable, mais c’est tout. Je travaille demain à midi à l’hôpital.

Il secoua la tête.

— Tu ne partiras pas d’ici avant qu’il aille mieux. Peu m’importe si ça prend un mois. Demain tu appelleras ton travail et tu leur diras que tu as attrapé la grippe.

Je le regardai bouche bée.

Mince. J’étais toujours prisonnière ici.

— Ma mère travaille dans le même hôpital… elle passera chez moi à la seconde où elle sortira du boulot.

Son masque impassible ne changea pas.

— Tu ferais bien de trouver quelque chose, alors.

Mon cœur se serra.

— Ou sinon quoi ?

Il pencha la tête, m’étudia un instant.

— Il y a une raison pour laquelle nous ne sommes pas à l’hôpital, capiche ?

Je hochai la tête.

— Alors réfléchis bien si tu veux que ta mère devienne un de mes détails à régler ou pas.

Tout mon corps se glaça.

C’était incontestablement une menace.

Une menace vraiment effrayante.

Et cela signifiait-il que j’allais être un de ses détails à régler aussi ? Quand je ne serais plus d’aucune utilité, se débarrasserait-il de moi pour que je ne parle pas ?

Oh mon Dieu, mon Dieu.

J’étais dans la mouise jusqu’au cou.

Mes genoux flanchèrent. J’aurais probablement trébuché en arrière s’il ne m’avait pas tenue par la main.

Il pinça mon menton entre son pouce et son index pour ramener mes yeux vers les siens.

— Tu resteras ici jusqu’à ce qu’il aille mieux. Pas de contact avec qui que ce soit à l’extérieur. Et quand tu partiras… tu auras assez d’argent pour t’acheter une voiture neuve.

Junior avait dû me ramener chez moi une fois de chez sa mère quand ma voiture était tombée en panne devant sa maison. Il savait l’âge qu’avait ma voiture.

— D’accord ? demanda-t-il.

Je le repoussai encore, des larmes me piquant les yeux. Cette fois il me lâcha.

— Non, je ne suis pas d’accord, répondis-je en clignant rapidement des yeux pour qu’il ne me voie pas pleurer. Vous croyez que vous m’avez cernée juste parce que je conduis une caisse pourrie ? Vous pensez que vous pouvez me kidnapper, prendre le contrôle de ma vie et tout arranger avec une liasse de billets ?

Il était imprudent de ma part de me disputer avec lui. C’était stupide, vraiment. Je ne savais même pas si son offre de me payer était réelle, ou juste des mots pour s’assurer que je ferais le boulot. Je savais qu’il pouvait me forcer à le faire, de toute façon.

Mais je m’énervais et ne semblais pas pouvoir arrêter de le provoquer maintenant.

— Je pourrais perdre mon travail, vous savez. Je viens de commencer… je n’ai qu’un jour de congé de côté.

Les lèvres de Junior se fermèrent en une ligne mince et, pour la première fois, je me rendis compte à quel point il avait l’air impitoyable. Je m’étais toujours concentrée sur le côté beau, avant. Mais maintenant ? Maintenant je voyais le visage que d’autres devaient voir quand ils faisaient dans leurs pantalons et demandaient pardon à Dieu pour leurs péchés avant de mourir.

Parce que son expression était mortelle.

— Si tu perds ton travail, je te couvrirai, d’accord ? Maintenant arrête de me faire suer. Ton travail est ici pour l’instant, et je m’attends à ce que tu le fasses bien.

Je le foudroyai du regard, mais je n’osai plus ouvrir la bouche.

Il me fit pivoter, de nouveau face à Gio.

— Allons, poupée, ne rends pas ça difficile.

Sa voix perdit une partie de son ton incisif, remplacée par une note de cajolerie.

— Ce devait être toi, dit-il derrière mon dos.

Je résistai à l’envie de regarder par-dessus mon épaule pour lui demander d’élaborer.

— À la seconde où tu es entrée ici, tu as su quoi faire. Tu as pris la situation en main. Je ne confierais la vie de mon frère à personne d’autre.

Quelque chose de rigide se détendit dans ma poitrine.