Journal d'une coquine confinée - Séverine de Possel-Deydier - E-Book

Journal d'une coquine confinée E-Book

Séverine de Possel-Deydier

0,0

Beschreibung

Le confinement a libéré toutes sortes de pensées.

Le Journal d’une coquine confinée se présente comme un journal intime où notre lecteur va pouvoir s’immerger dans le quotidien de cette « coquine » qui dévoile une à une ses plus secrètes confidences.

Un voyage initiatique au cœur d’une situation particulièrement anxiogène et qui va portant faire naître de réels fantasmes et pourquoi pas une belle histoire d’amour.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Atteinte du syndrome d’Ehlers-Danlos (SED), Séverine de Possel-Deydier est une artiste aux multiples facettes. Elle trouve alors en l’écriture et le dessin, l’exutoire nécessaire pour supporter ses souffrances physiques et surmonter les difficultés quotidiennes liées à son handicap.
Engagée dans diverses luttes, (contre les maltraitances et violences sexuelles faites aux enfants, contre la maladie ou encore contre la monotonie qui peut tuer un couple) elle propose également des CONSEILS EN RELATION DE COUPLE et du COACHING EN SEDUCTION.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 111

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



JOURNAL D’UNE

Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne sauraient être que fortuites.

Toutes les illustrations ont été réalisées par l’auteure.

Celle de la couverture a été sélectionnée pour participer à l’Exposition Internationale « COVID’Art »

Lundi 16 mars

D’après le discours de ce jour de notre cher président de la république : « Nous sommes en guerre ! »

Voilà déjà des mots qui font froid dans le dos et qui me forcent d’un seul coup à mesurer toute la gravité de la situation.

Pour faire face à cette fichue pandémie, les consignes imposées sont strictes avec un seul mot d’ordre qui deviendra rapidement un slogan repris par tout le monde à l’unisson : « Restez chez vous ! »

Je n’y comprends pas grand-chose, mais j’entrevois déjà une restriction de nos libertés les plus fondamentales et les plus intimes. On nous parle de distanciations physiques, de gestes barrières… mais en réalité, on nous interdit les poignées de mains, les embrassades, les bisous, les câlins, tous les contacts physiques… bref, plus aucune marque d’affections n’est autorisée.

Je trouvais déjà les gens bien distants et froids, parfois sans cœur entre eux, mais là, pour le coup, il y a vraiment de quoi aggraver l’individualisme qui règne dans cette société.

Je sens qu’une nouvelle aire arrive, s’installe et s’incruste. Pour tout le monde, bien sûr, mais surtout pour moi.

Je décide alors de démarrer ce journal du confinement en essayant de voir comment je vais bien pouvoir supporter cet isolement et cette solitude.

Rendez-vous demain.

Mardi 17 mars

Pour le moment je dois avouer que je suis plutôt contente de ne pas aller travailler… et par conséquent de me lever plus tard. Se réveiller de soi-même sans réveil… et si c’était juste ça le luxe ?

Comme d’habitude je me prépare, je me maquille à la différence que là, je prends le temps de m’asseoir dans mon fauteuil préféré, celui de mon grand-père, pour boire un petit café. Quel plaisir de ne pas se presser et de se laisser aller sans avoir à surveiller la montre pour ne pas manquer le train.

Je suis plutôt contente de n’avoir rien à faire et de pouvoir flâner…

Mercredi 18 mars

Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire de ma journée. Il est vrai que j’ai bien bullé hier mais je voudrais tout de même profiter de cette période, qui devrait durer au moins un mois, pour ranger mes affaires, mes placards et mettre un peu à profit cette période de non-activité.

J’effectue un tour d’horizon de l’appartement et je constate que je me suis un peu laissée aller et qu’un bon coup de nettoyage et de rangement serait nécessaire.

Je dresse alors consciencieusement une liste qui me permettra de répartir tout ce travail sur les jours à venir.

Comme j’ai du temps, pour une fois, je décide de faire les choses bien, dans les règles de l’art. Je m’installe dent mon ordinateur, prépare un tableau EXCEL avec une colonne pour les tâches à effectuer, une autre pour les dates de réalisation, et j’y ajoute des cases à cocher.

La journée me paraît un peu longue mais je suis bien occupée alors, je m’exécute sans me poser trop de questions.

Jeudi 19 mars

J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir hier soir. J’ai tourné en rond, me suis relevée, puis recouchée. De multiples questions commençaient à arriver dans ma tête sans y être invitées.

Je me sens seule et mon corps me réclame quelques attentions que je feins de ne pas comprendre…

Flûte, il faut que je dorme on verra tout cela demain !

Vendredi 20 mars

Je me réveille très tôt le corps en fièvre et je rêve de mains brûlantes qui caressent la surface de ma peau. Des mains qui se promènent lentement, avec beaucoup de tendresse dans des gestes enveloppants. Je porte les miennes sur mes joues qui commencent à chauffer et je les promène successivement dans mes cheveux, sur ma nuque, sur mon menton, puis enfin ma bouche. Mes lèvres s’ouvrent lentement, et je passe ma langue dessus pour rencontrer ses douces lames de chair chaude. D’une main je descends doucement pour m’aventurer sur le galbe d’un de mes seins, puis attirée par un foyer enflammé qui dévore mon ventre, cette main se laisse guider par le frisson qui traverse mon corps du haut en bas. Elle s’attarde sur mon bas ventre, dessine de larges cercles autour de mon nombril en effleurant la surface de la peau du bout des doigts. Cette peau lisse et veloutée commence à se contracter alors qu’un besoin irrésistible me force à déplacer mes doigts jusqu’à mon sexe. J’entrouvre mes jambes, j’écarte un peu les cuisses pour faciliter le passage, et déjà mon autre main rejoint la première sans que je n’y prête la moindre attention. Deux doigts, brièvement passés sur ma langue au préalable, sont entièrement englués de salive et se posent sur mon clitoris pour le réveiller doucement. Mon autre main prend soin de bien écarter mes lèvres pour rendre accessible les sillons qui relient mon clitoris à mon vagin. Mes phalanges encore humides commencent à s’enrouler autour du petit bout de chair pour l’étourdir. Dès le premier passage je sens un bien-être m’envahir : une sensation agréable s’empare de mon corps et mon intimité se languit d’une autre présence qui imposerait sa force. Je dégage alors la main de mes lèvres pour l’approcher timidement de l’ouverture accueillante et accessible prête à recevoir de l’amour. Je foule cette entrée chaude de mes doigts curieux jusqu’à ce qu’un fuyard plus téméraire que les autres n’ose y entrer. Un élan de volupté provoque en moi une sorte de soulagement. Ma tête bascule en arrière, Je mordille mes lèvres et mon souffle s’accélère alors que mon doigt sort et entre successivement. Les ondes ravageuses qui s’emparent de moi sont décuplées par les pressions que j’exerce sur mon clitoris avec mon autre index. Tout mon corps s’ébranle, se cambre, se cabre, se sentant parfois lourd, parfois en apesanteur. Mon plaisir, de plus en plus intense commence à m’arracher quelques gémissements que j’ai grand mal à contrôler. Je laisse alors mon esprit s’évaporer dans la pièce et une chaleur intense s’empare de tout mon corps.

J’ouvre soudain les yeux, déçue de constater que je suis définitivement seule et que mon plaisir solitaire ne m’apporte que peu de satisfaction… au bout du compte.

La pression ne met pas longtemps à redescendre, et le nuage sur lequel mon corps semblait voguer s’évapore.

Je me retourne enfin sur le côté pour m’endormir sans trop de mal.

Samedi 21 mars

La journée commence plutôt mal : il pleut, le ciel est gris et le firmament semble vouloir nous transmettre tout son écœurement et sa déception. Un sentiment de tristesse m’envahit : en effet, je suis très sensible aux humeurs de la météo… et le soleil peut alimenter mon sourire autant que la pluie peut provoquer mes larmes…

Je n’ai envie de rien et je n’effectuerai pas les tâches qui m’étaient assignées par moi-même sur ma satanée liste. Comment peut-on s’obliger à faire quelque chose ?

Au diable cette fichue liste, je reste au lit avec un bon livre.

Dimanche 22 mars

C’est le printemps ! Les fleurs commencent à faire leur apparition et déjà de légères odeurs envahissent les buissons dont le parfum arrive jusque sous ma fenêtre. Le soleil est un peu timide aujourd’hui mais je savoure cet instant qui paraît figé dans le temps. Je suis enlevée à mes douces rêveries, par la sonnerie du téléphone. C’est ma meilleure amie. Je l’adore mais les deux heures que l’on passe à chaque fois au téléphone, c’est pour l’entendre se plaindre de son mec. C’est absolument insupportable. Non pas que j’aime bien ce gars, mais je trouve très inconvenant de débiner quelqu’un par derrière de la sorte. Alors comme d’habitude je la plaints, j’acquiesce ses dires, et au bout de deux heures où le même sujet a été abordé au moins trois fois, je prétexte une obligation qui me permettra de me soustraire à la quatrième. Je reprends ma liste et je me mets au travail, il serait bien que j’avance un peu.

Lundi 23 mars

Déjà une semaine que je ne suis pas sortie… bon, pour le moment cela ne m’a pas trop manqué. J’aurais bien quelques courses à faire mais cela attendra demain, j’ai encore de quoi manger, rien ne presse... et puis, je n’ai absolument pas envie de sortir.

Il me reste encore deux ou trois choses à réaliser pour terminer ma fameuse liste et je me réjouis d’en avoir fait bientôt le tour.

Je ne veux pas penser à ce que je ferai lorsque toutes les cases seront cochées, je verrai bien.

Je dois avouer que ce rangement n’était pas une mauvaise idée : j’ai retrouvé des vieilleries. En vidant l’armoire de ma chambre, je suis tombée sur une ancienne boîte à chaussures, rose à l’origine, enfin à ce que je me souviens, et devenue saumonée tant elle a jauni. Je racle la poussière avec mon index, l’ouvre délicatement : une odeur de vieux papier monte jusqu’à mes narines et je découvre des cartes postales que j’avais reçues, des cartes d’anniversaire de tous les âges entre quinze et dix-neuf ans, des lettres de ma tante, des dessins que j’avais fait, des poèmes que j’avais écrit… et des photos de moi enfant : des tas de photos !

Que de vieux trésors dont j’avais complètement oublié l’existence et qui rallument aussitôt en moi un brin de nostalgie.

Oh tiens ! La photo dédicacée de Marc Lavoine… je devais avoir dix-sept ans à l’époque… j’adorais ce chanteur, je le trouvais beau, enfin comme toutes les minettes à l’époque, d’ailleurs !

Je m’en souviens bien, il sortait de la radio NRJ avec Marc Scalia ! J’étais venue l’attendre devant l’entrée de la radio où il donnait une interview, pensant être la seule à avoir eu cette géniale idée. Tu parles, nous étions une trentaine !

Je me rappelle qu’il avait pris le temps de parler un peu à chacune d’entre nous et nous distribuer des autographes sur des cartes de la pochette de son album…

C’est tellement vieux tout ça !

Mardi 24 mars

Première sortie depuis le début du confinement : les courses. Il est curieux de constater qu’une action tout à fait banale peut arriver à prendre une dimension aussi exceptionnelle. Il faut donc préparer cette expédition. Comme il est interdit de sortir sous peine d’amende sauf pour raison valable (ici, courses de première nécessité), je dois remplir et signer une attestation dérogatoire qui stipule la raison de la sortie.

Lorsque ma grand-mère me parlait de l’occupation avec les couvre-feux à respecter et qu’ils devaient être munis de leur ausweis* pour sortir, cela me surprenait et me choquait, mais là pour le coup, on y est !

Et ce n’est pas tout ! En plus de tout cela, je dois sortir équipée: gants, masque, gel hydro alcoolique dans la poche, sans compter évidemment le sac pour les courses et le porte-monnaie… bref, on en a plein les mains et le moindre mouvement devient une épreuve où il faut faire preuve d’organisation et d’ingéniosité. Ah j’oubliais, ne pas prévoir de faire trop de courses parce que, évidemment, c’est lourd, et comme il faut se désinfecter les mains après avoir touché chaque chose… cela devient carrément bordélique. De plus, il faut laisser un mètre cinquante entre chaque personne, ce qui signifie faire la queue avant de rentrer dans le magasin car, on n’autorise pas plus de dix clients à l’intérieur, et il est impossible (ou de très loin) de saluer les gens que l’on connaît…

Pas très pratique tout ça, c’est surtout tout notre mode de vie qui est modifié !

Mais ce n’est pas fini, car une fois rentrée des commissions, il faut laver tous les fruits et légumes en les baignant dans du vinaigre blanc dilué dans l’eau, et déballer tous les produits pour éviter de ranger des emballages qui auraient pu être contaminés, dans le réfrigérateur ou les placards. Se laver encore les mains et nettoyer le sac de courses… ben oui, on ne sait jamais.

C’est une expérience très particulière où rien ne peut plus se faire naturellement. Une atmosphère froide et pesante, voire presque glauque s’installe. Tout le monde se regarde avec un air suspicieux… et la peur comme l’anxiété se lisent dans tous les regards… en même temps, on ne voit que les yeux alors on peut interpréter ce que l’on veut.

Et voilà tout cela, juste pour faire des courses… et bien, cela m’a épuisé !

*Ausweis : laissez-passer délivré par la kommandantur durant la seconde guerre mondiale.

Mercredi 25 mars

J’ouvre les yeux avec beaucoup de mal, j’ai mal au crâne, pas le moral, je me lève péniblement, je file dans l’armoire de pharmacie qui trône dans la salle de bain, et je fais une descente.

Je retourne au lit, je dors.

Sale journée !

Jeudi 26 mars