Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Le tome 2 des aventures littéraires de l'Alpiniste Errant, avec ce manuscrit inédit retrouvé depuis la disparition de son auteur dans les montagnes corses. Un ouvrage de soixante-neuf dialogues déjantés, spirituels à plus d'un titre, qui racontent une rocambolesque histoire d'amitié entre deux héros hors sol, un écrivain à temps partiel alpiniste intérimaire et un philosophe souffrant du Vide et du trop Plein.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 171
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
L’alpiniste errant
Fernando Ferreira
------
L’alpiniste errant
Qui sommes-nous pour pleurer
Tome 2
Collection Montesinho
Textes, dessins, mise en page, photo de couverture,
et éditions © Fernando Ferreira / Collection Montesinho
www.fernandoferreira.fr
Couverture :
« Capu d’Ortu, Corse »
Tous droits réservés pour tous pays
Imprimé par BoD – Books on Demand, Norderstedt
ISBN : 978-2-9571223-0-1
Dépôt légal : novembre 2020
Collection Montesinho
Depuis la publication des carnets retrouvés dans un refuge du « Journal aux pages manquantes » de l’Alpiniste Errant disparu dans les montagnes corses, la famille de l’écrivain a mis à jour un ensemble de textes. Pour la plupart, ces écrits se présentent sous forme de carnets contenant des nouvelles, des poèmes, des idées de scénarios, des ébauches d’écriture... Et, dans son ordinateur, deux textes complets, achevés : un scénario pour un film d’espionnage, et un roman. D’après les dates des fichiers, ils sont les derniers manuscrits qu’il ait fini d’écrire, et corrigé en grande partie, un peu avant de prendre le bateau.
Dans la présente édition nous vous présentons le roman « Qui sommes-nous pour pleurer ». Le manuscrit est structuré autour d’une série de dialogues, qui sont non sans rappeler certains passages des carnets trouvés dans le refuge et dans lesquels était éparpillée une série de dialogues imaginaires entre Lao Tseu et Bouddha. Il semble que, dans son errance et sa lutte contre la maladie qui effaçait sa mémoire, l’alpiniste écrivain ait complètement oublié l’existence de ce manuscrit. Et les notes dans les carnets retrouvés apparaissent à cet égard comme des réminiscences de souvenirs fantômes flottant dans sa mémoire défaillante. Les héros du roman se nomment d’ailleurs Lahaut et Bouddy, et non Lao Tseu et Bouddha. Ils forment une cordée d’alpinistes au long cours, loufoque, bancale, qui navigue de par le monde entre deux ascensions. Un road movie en forme de tribulations d’où se dégage un sentiment d’éphémère, une forme d’immédiateté dans l’écriture qui laisse supposer de la part de l’auteur une conscience de sa maladie. Un état physique qui vient percuter la construction narrative en la déstructurant autour d’une trame qui s’efface, et où seules flottent tels des îlots solitaires des moments de vie ramenés à la plus simple expression de la parole immédiate… comme des reflets prémonitoires du futur de l’Alpiniste Errant ! Une narration qui échappe ainsi à la course linéaire de l’Espace et du Temps pour en jouer, dans un ballet délirant, abstrait, où les deux héros essaient de scruter, de questionner le monde, sans aucun filtre, pour le meilleur et pour le délire, avec humour, dérision, et une poésie tout en pudeur cachée derrière une vulgarité de façade. Une errance « déjantée » de soixante-neuf chapitres aux refrains humanistes, fêtant la beauté infinie du Réel et les difficultés d’être réellement qui nous sommes. Un voyage inclassable avec deux héros… hors sol !
Ce manuscrit ainsi que les nouvelles et le scénario retrouvés, qui feront bientôt chacun l’objet d’une édition individuelle, sont donc certainement les derniers ouvrages sur lesquels l’auteur ait travaillé. Mais… peut-être quelque part, tel un Petit Poucet des hautes altitudes, nous a-t-il encore laissé d’autres carnets qui nous attendent… ?
Pour cette édition, nous avons reproduit dans leur intégralité les textes corrigés, dédicaces et citations, tels que dans le manuscrit original, sans aucune correction ultérieure. Nous ne présentons pas les dialogues non corrigés par l’auteur (8 sur 69) afin de ne pas trahir son texte mais, pour garder le rythme de la lecture, nous avons laissé leur place originale dans le déroulé, ainsi que la calligraphie qui pouvait y être associée. Ces chapitres laissent place à la mention « non corrigé ». Nous avons également gardé la présentation avec le titre original1 : « Qui sommes-nous pour pleurer », et le sous-titre « 69 dialogues et confidences sur la route du Matterhorn ». Concernant les calligraphies numérotées qui illustrent quelques chapitres, l’auteur les attribue au personnage de Bouddy. A première vue elles auraient été dessinées par lui-même. Il n’y a aucune référence à un dessinateur complice dans les fichiers trouvés.
Collection Montesinho
Qui sommes-nous pour pleurer
« 69 dialogues et confidences
sur la route du Matterhorn »
A mon Fils et à sa Maman, ma compagne. « Un alpiniste est un adulte qui refuse de laisser mourir son enfance », Mauriac a écrit un truc dans ce genre ! Mon Fils, sois pour toujours un alpiniste même si tu ne vas jamais en montagne.
A Lao Tseu et Bouddha avec tout mon respect, en toute humilité, ces quelques mots qui tentent de raconter la forme… que la forme !
« Seules les étoiles nous enseignent la lumière. Nous empoignons Leurs faiblesses éparpillées avec des pensées errantes »
Fernando Pessoa, Sonnet XIV
Bouddy, accroché à son « Atlas des villes de France, Spirale, 1/25 000 », tente vainement de lire la carte entre deux secousses, les rafales de vent qui affolent les pages, et sa peur panique de sentir ses grosses fesses glisser à toute vitesse vingt petits centimètres au-dessus du bitume râpeux.
Deux minutes plus tard, au feu rouge.
VROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOMMM… !
Cinq minutes plus loin… Lahaut est à fond sur la manette des gaz. Le side-car grince comme les ressorts d’un vieux lit la nuit de noce d’un couple d’amoureux… champagne et poppers ! Bouddy hurle les informations sans lever les yeux du plan, un bon moyen d’éviter de voir le paysage urbain défiler dans son champ de vision à la vitesse de la lumière. Il serre ses muscles fessiers et pense aux cerisiers en fleurs au printemps. Il déteste la moto. Il a toujours détesté la moto.
Gros coup de frein ! Le tricycle motorisé de 500 cm3 part en travers dans un dérapage contrôlé de main de maître par un Lahaut au firmament de son art ! L’équipage s’immobilise au milieu d’une odeur de caoutchouc brûlé. Dans le panier, Bouddy garde les yeux fermés, les mains crispées sur son guide Michelin, tel un moine s’accrochant en désespoir de cause à sa bible, face aux hordes du Diable… ou face à une stripteaseuse glissant sur la barre de pole dance la tête en bas et les jambes à 10 heures 10 ! Ce qui revient au même pour le moine.
Dix secondes d’un flottement silencieux… Passe en rase-motte une mouette en vol de reconnaissance : beaucoup de plats du jour au poisson sur les terrasses des restaurants.
Janvier. Plage de Goa. Inde. Lahaut revient d’un voyage à New York.
Nos pas dans la neige de Central Park
Ni adieu, ni au revoir
Ni à bientôt
Ni attente, ni douleur
Juste nous deux et
Nos pas dans Central Park
Il neige sur hier et
Dans la nuit douce
Chaude
S’effacent nos « ne pas »
A la lumière blanche de ta peau nue
Il ne neige plus
Donne-moi ta main et
Sur nos pas
Allons cueillir les flocons
Sur les arbres de Central Park »
4h66, Suite 5400, dernier étage du Caesar Palace, Vegas, "The burning Gonzo party", troisième jour… Plus que deux !
Une plage de nudistes un jour de tempête de Mistral. Un jour sans nudistes, ou presque…
Les deux chevaux broutent côte à côte. Leurs cavaliers, assis en position du Lotus sur leur dos, maintiennent un équilibre précaire défiant les lois de l’apesanteur.
Le bruit sec d’un sac de patates s’écrasant sur le sol vient ponctuer la chute du « disciple » indiscipliné.
Toujours perché en équilibre sur son cheval, un soupir désespéré s’échappe entre les mains aplaties sur le visage joufflu du cavalier aux formes arrondies… très arrondies, trop arrondies ! L’équidé accuse le poids dans une grimace tordant ses mords… Et « crac ! », la plus belle conquête de l’homme s’effondre les quatre fers en étoile de mer.
Irlande. Un pré face à la mer. L’automne est là, mais déjà à bout de souffle. Un parfum d’hiver flotte sur l’herbe humide et salée… Quelques gros nuages débonnaires s’entrechoquent en douceur dans le ciel rose et or du couchant.
Les deux complices repartent à pied.
Dans les feuilles du peuplier
Il te parle, il te dit le monde »