L’arbuste - Florence de Neuville - E-Book

L’arbuste E-Book

Florence de Neuville

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Beschreibung

« … Je dirais que chacun voit les choses à travers son propre filtre, un peu comme un prisme qui déforme les choses en fonction de sa taille, de sa couleur et de sa forme. Et chacun est persuadé d’y voir la vérité, tu comprends ? » Désormais au collège, Manon s’interroge bien souvent sur les réactions et comportements de son frère et de ses camarades, en règle générale. Ayant gardé le contact avec son ancienne institutrice si particulière, cette dernière lui donne invariablement son avis empli de sagesse et de positivité, la poussant ainsi toujours à la réflexion.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Docteur en pharmacie, Florence de Neuville cherche, par ses écrits, à vulgariser tout ce qu’elle a appris et expérimenté sur le développement personnel, afin d’apporter même aux plus jeunes des outils pour bien grandir.

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Florence de Neuville

L’arbuste

© Lys Bleu Éditions – Florence de Neuville

ISBN : 979-10-377-7779-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Soyez les bienvenus à mon école de la vie.

Puissent les petites graines avoir germé en vous afin de donner de beaux arbustes.

Et, en effet, sur la planète du petit prince, il y avait, comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes. Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes. Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans le secret de la terre jusqu’à ce qu’il prenne fantaisie à l’une d’elles de se réveiller. Alors elle s’étire, et pousse d’abord timidement vers le soleil une ravissante petite brindille inoffensive. S’il s’agit d’une brindille de radis ou de rosier, on peut la laisser pousser comme elle veut. Mais s’il s’agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu’on a su la reconnaître.

Le petit prince – Antoine de Saint-Exupéry

Préface

Bien qu’Angélique Hugh soit partie de l’école où elle effectuait un remplacement, Manon est restée en contact avec elle et correspond par mail ou par téléphone, à chaque fois qu’elle en a besoin.1

Désormais en classe de sixième, dans le même collège que son frère Enzo, elle s’interroge sur beaucoup de choses, notamment sur certains comportements de ses camarades, voire sur les siens, et en réfère aussitôt à son ancienne institutrice qui lui donne invariablement son opinion de façon avisée et conforme à sa manière de voir les choses de façon positive.

Leçon 1

La théorie du prisme

Maintenant bien habituée à sa nouvelle façon d’avoir cours, à savoir aller de classe en classe avec des horaires plus aérés qu’en primaire, Manon regagne sa salle de cours, ce jour-là.

Elle est alors interpellée par la réaction différente de chaque élève à un évènement bien précis. Cela fait plusieurs fois qu’elle remarque que chaque individu réagit à sa manière à une situation donnée et cela l’intrigue beaucoup.

— Donne-moi un exemple, lui demande alors mademoiselle Hugh, alors que cette dernière lui fait part de ses interrogations.

— Eh bien, la dernière fois, une fille de la classe est arrivée en retard pour la énième fois et nos réactions ont été différentes.

— Tu veux être plus précise ?

— Certains se sont moqués d’elle, surtout les garçons, en l’appelant « miss toujours en retard », d’autres ont eu pitié d’elle en pensant aux punitions qu’elle risquait d’avoir, et d’autres encore ont été parfaitement indifférents.

— Et toi, dans tout ça, tu as pensé quoi ?

— À vrai dire, et j’ai un peu honte, j’ai pensé qu’elle exagérait un peu de se faire remarquer de la sorte.

— Alors, nous allons réfléchir un peu à tout cela ensemble, tu veux bien ?

— Oui, c’est pour cela que j’aime discuter avec vous et je vous en remercie, d’ailleurs.

— Ne me remercie pas, Manon, tu sais que cela me fait plaisir, à moi aussi, de continuer à t’enseigner mes préceptes, même à distance, car tu es quelqu’un de très ouvert et de très mature, malgré ton jeune âge. Alors, d’après toi, pourquoi réagissons-nous tous ou presque tous de façon parfois diamétralement opposée ?

— Parce que nous sommes, à la base, tous différents ?

— J’aime bien ton terme « à la base », peux-tu creuser un peu plus, ma puce ?

— Heu, non, je ne vois pas pourquoi j’ai dit ça.

— Pour moi, la base correspond à ce que nous sommes au départ, lorsque nous naissons et que nous arrivons sur Terre.

— Lorsque nous sommes des bébés ?

— Oui, c’est ça. Nous arrivons avec, certes, nos bagages d’autres vies mais nous sommes comme une page blanche qu’il reste à écrire, tu comprends ?

— Heu, non, pas vraiment.

— Lorsque tu es bébé, tu n’as pas vraiment d’opinion, tu pleures pour manger et pour qu’on s’occupe de toi. Puis tu grandis et tu essaies de toucher ou faire des choses que l’on t’interdit car cela peut être dangereux pour toi. On te fait des câlins et on te gronde. Tout cela à différents niveaux, en fonction de qui sont tes parents. Tu suis ?

Manon fait « oui » de la tête comme si son ancienne maîtresse pouvait la voir à travers le téléphone. Mais, face à son silence, Angélique Hugh continue.

— Pour certains parents, le mode de communication va être les cris, les moqueries quand leurs enfants n’arrivent pas à faire quelque chose et pour d’autres cela va être la tendresse et la patience. En fonction de ce que l’enfant reçoit à ce moment-là, il va le prendre pour quelque chose de normal.

— Vous voulez dire que, pour certains d’entre nous, c’est normal de se moquer des autres ?

— Oui, parce que pour eux, c’est comme cela qu’on leur a témoigné de la reconnaissance à la maison.

— Alors ils vont faire pareil ? Mais c’est affreux, ça. Personne ne leur dit que ce n’est pas comme cela qu’il faut faire ?

— Si, c’est la société, l’école, les autres qui vont s’en charger, mais en fonction de son égo, tu te rappelles ce qu’est l’égo, n’est-ce pas ? Eh bien, l’individu en question devrait se poser des questions, ou pas.

— Alors, si je me souviens bien, l’égo, c’est cette chose qui est en nous mais qui n’est pas vraiment « Nous », c’est ça ?

— Oui, il nous aide à survivre sur Terre mais il ne doit jamais se substituer à notre être profond.

— Notre être profond ? C’est quoi déjà ce truc, maîtresse ?

— C’est ce que nous sommes vraiment au fond de nous.

— Un peu avec ce prénom que vous nous aviez fait choisir ?2

— Oui, le but était de savoir qui vous étiez au-delà des apparences. Cela va un peu plus loin, mais crois-tu que nous sommes ici pour la première fois ou que nous venons et partons ?

— Ah, vous voulez parler de naître et mourir plusieurs fois ? J’y ai beaucoup réfléchi depuis vos leçons et je crois, sans en être persuadée, qu’il y a quelque chose après la vie, ou la mort, je ne sais pas comment dire. Mais, je n’en suis pas certaine. C’est comme si je le savais mais que je ne pouvais pas l’expliquer.

— C’est ce qu’on appelle l’intuition. C’est ce qui vient de ce que tu es vraiment à l’origine, de ce dont j’essaie de te faire appréhender l’existence et la pureté.

— Alors je crois un peu comprendre, mais je n’en suis pas certaine.

— Ce n’est pas grave, tu es jeune, cela viendra.

— On parlait de quoi déjà, maîtresse ?

— De la page vierge qui s’écrit au fur et à mesure que l’on est en contact, d’abord avec ses parents puis, ensuite, avec les autres, en règle générale.

— Ah oui, c’est ça.

— Donc, en fonction de ce qu’on va te dire et la façon dont on va te l’inculquer, cela va devenir pour toi une réalité. Mais tu comprends bien que chaque parent élève son enfant à sa manière, ce qui fait qu’il peut y avoir plusieurs réalités.

— En fait, c’est comme si chacun voyait des choses différentes ?

— Non, tout le monde voit la même chose mais l’interprète d’une façon différente en fonction de sa normalité, sa façon de connaître et voir les choses.

— C’est comme si on portait des lunettes différentes alors ?

— Oui, c’est exactement cela. Bravo pour la métaphore. Je dirais que chacun voit les choses à travers son propre filtre, un peu comme un prisme qui déforme les choses en fonction de sa taille, de sa couleur et de sa forme. Et chacun est persuadé d’y voir la vérité, tu comprends ?

— Je crois, mais pourriez-vous me donner un exemple concret afin que je sois sûre de comprendre ce que vous dites ? C’est quand même un peu compliqué.

— Oui, bien entendu. Prenons par exemple une famille où la façon de s’exprimer se fait par les cris et où le papa est un peu violent et a tendance à taper la maman. C’est un peu extrême, mais c’est pour que tu comprennes bien.

— D’accord, je vous écoute.

— Tu es d’accord que, pour cet enfant qui ne connaît que cette façon de s’exprimer, ces comportements sembleront plus « normaux » que pour un autre enfant qui vit dans l’harmonie et la tendresse ?

— Heu, non, pas vraiment car tout le monde sait que ce n’est pas normal de taper sa femme et ses enfants.

— Pour toi, cela semble anormal car tu es élevée avec des parents aimants et psychologiquement stables.

— Ah ! vous me perdez là, avec votre « psychologiquement stable ». Ça veut dire quoi ?

— Ça veut dire que tout est cercle vicieux si on ne cherche pas à corriger ses défauts.

— Je ne comprends pas, là.

— Oui, je sais, ça se complique, mais cela étaye bien ce que j’essaie de te faire comprendre.

— Quoi donc ?

— Eh bien que si on t’enseigne quelque chose qui n’est pas dans la norme, comme battre sa famille ou crier, au lieu de parler, tu vas reproduire la même chose sur tes propres enfants qui le répéteront, etc.

— Ah, je vois où vous voulez en venir. Si un comportement n’est pas conforme à la norme, il faut le changer afin de ne pas le reproduire indéfiniment. C’est ça ?

— Oui.

— Mais c’est quoi la norme, maîtresse ? Qui la fixe ?

— C’est une bonne question. Je dirais qu’il y en a plusieurs : celle posée par la religion (tu ne tueras point, etc.), celle posée par l’éducation (lave-toi les mains, sois poli.), celle instituée par la société afin de pouvoir vivre en collectivité (les feux rouges, les panneaux en règle générale…) et ce qui paraît être le plus juste pour soi et pour les autres à savoir : la bienveillance, l’absence de jugement, la tolérance.

— La tolérance ?

— Oui, c’est un peu le résumé de tout ce qu’on a dit. Accepter que chacun voit les choses en fonction de sa propre histoire, de sa propre éducation.

— De son propre prisme…

— Oui, c’est exactement ça, Manon.

— Mais ce n’est pas toujours facile à faire ça, maîtresse.

— Je n’ai jamais dit que ça l’était. C’est même très difficile, mais quand tu y arrives c’est que vraiment tu as de la sagesse en toi.

— Vous y arrivez, vous ?

— Eh bien disons que je m’y entraîne chaque jour et que j’essaie toujours de me mettre à la place de l’autre, cela s’appelle l’empathie. Mais nous en reparlerons plus tard car la récréation va bientôt se terminer ici, et il va falloir que je retourne en classe. N’hésite pas à me rappeler si tu as des questions, car nous avons abordé beaucoup de thèmes ensemble. En tous cas, souviens-toi d’une chose : il ne faut jamais juger les autres tant que l’on ne connaît pas leur propre histoire.

— D’accord maîtresse, je ne dis pas que je vais y arriver, mais je vous promets d’essayer.

— Alors c’est déjà très bien. Bonne journée Manon.

— Merci mademoiselle, pour vous aussi.

Alors Manon raccroche et va dans son jardin caresser son chat et réfléchir à tout ce qu’elle vient d’entendre.

Lorsque sa maman s’approche d’elle en lui passant la main dans les cheveux avec beaucoup de tendresse, elle lui demande :

— Dis-moi, maman, quand tu étais petite, ça parlait fort chez toi ou c’était comme ici, jamais un cri ou un mot plus haut que l’autre ? Enfin sauf quand mon frère m’énerve !

— Oh non, chez tes grands-parents on se disputait beaucoup et j’avais très peur parfois, mais nous n’étions pas malheureux, nous mangions à notre faim et nous avons été très bien élevés.

— Très bien élevés ? C’est-à-dire ?

— Qu’on nous avait appris la politesse et toutes ces choses-là.

— Mais pourquoi, si on criait chez toi, tu ne nous cries pas dessus ?

— Parce que très jeune déjà, je m’étais promis de ne pas reproduire ce que j’avais appris et que, chez moi, ce serait la paix, l’harmonie et l’amour qui régneraient.

— Et c’est venu, comme ça ?

— Oh non, crois-moi. J’ai longtemps travaillé sur moi.

— Travaillé comment ?

— En allant voir un psy, pendant des années.

— Et tu as réussi ?

— Qu’en penses-tu ma chérie, comment est notre petite famille ?

— Eh bien, je dirais que, hormis mon frère, nous sommes une belle famille, dit Manon en rigolant.

— On parle de moi ? demande alors Enzo en rentrant du collège et en entendant parler de lui.

— Oui, ta sœur était en train de dire que nous étions une belle famille.

— Tiens, j’ai une question pour Angélique, se dit tout à coup Manon qui se met à écrire un SMS, n’entendant pas la réponse ironique de son frère.

— Maîtresse, comment se fait-il alors que, dans une même famille où les enfants sont élevés de la même façon, chacun réagisse différemment ?

Alors Manon se sent prête à aller faire ses devoirs après avoir tiré la langue à son frère.

Un peu plus tard dans la soirée, elle reçut pour toute réponse :

— Chacun arrive sur Terre avec son propre caractère et son propre potentiel pour gérer les situations. Certains subissent, d’autres se battent, ce qui donne un résultat très différent.

— Merci.

— Merci à toi de me poser toutes ces questions.

Alors Manon se sent prête à aller faire ses devoirs après avoir tiré la langue à son frère.

Leçon 2

La théorie du pardon

Le lendemain matin était un jour férié.

Manon était heureuse à l’idée de se retrouver en famille à ne rien faire.

Seulement, ses parents en avaient décidé autrement et elle fut réveillée plus tôt qu’elle ne l’avait envisagé par le bruit sourd et combiné de l’aspirateur et de la tondeuse à gazon.

C’est donc de fort mauvaise humeur qu’elle se leva à moitié endormie, afin d’aller fermer la porte qu’aucun d’eux n’avait eu la délicatesse de clore avant de faire tout ce bruit.

Elle jeta un œil furtif vers le réveil matin et s’aperçut, non sans surprise, qu’il était onze heures et onze minutes. D’habitude, les heures en double la faisaient sourire car lorsqu’elle en avait demandé la signification à Angélique Hugh, alors que son regard tombait très souvent sur des 9h09 ou 12 h 12, cette dernière lui avait vaguement expliqué que c’était sûrement son ange gardien qui lui faisait un signe. C’était comme s’il était à ses côtés mais, comme elle ne le voyait pas, il se signalait de cette façon. C’était en quelque sorte un clin d’œil de sa part pour lui dire qu’elle était sur le bon chemin, et lui assura qu’elles en reparleraient plus tard.

Incapable de sourire, sa patience disparut complètement lorsqu’elle entendit son frère parler au téléphone avec un de ses copains, non loin de sa porte, hurlant afin de se faire entendre.

Alors, elle mit sa tête sous son oreiller mais, n’arrivant pas à se rendormir, elle décida de se lever afin d’aller prendre son petit déjeuner.

— Tiens, te voilà toi, lui dit Enzo entre deux phrases hurlées à son copain.