Les petites graines - Florence de Neuville - E-Book

Les petites graines E-Book

Florence de Neuville

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Beschreibung

Mademoiselle Hugh est une jeune institutrice pas ordinaire qui effectue des remplacements dans les écoles primaires. Elle arrive dès la rentrée dans l’école de Manon qu’elle ne connaît pas et aborde son CM2. D’abord intrigués puis subjugués par l’enseignement original sur fond de spiritualité de leur maîtresse, Manon et les élèves de sa classe ont accès à de nouvelles connaissances qui les font parfois réagir mais toujours réfléchir.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Docteur en pharmacie, Florence de Neuville cherche à vulgariser tout ce qu’elle a pu lire, apprendre et expérimenter afin que chacun puisse y puiser des outils pour avancer et grandir plus facilement, à l’orée de cette nouvelle ère spirituelle.

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Florence de Neuville

Les petites graines

Roman

© Lys Bleu Éditions – Florence de Neuville

ISBN : 979-10-377-4298-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Soyez les bienvenus à mon école de la vie.

Puisse chaque petite graine germer en chacun de vous.

Leçon 1

Je suis celui qui est

Huit heures moins cinq

La sonnerie retentit au collège Rivoli comme des dizaines de millier de sonnettes d’autres écoles.

Mais pour Manon et Enzo, ce second jour était le véritable premier jour de cours après deux longs mois de vacances et sonnait le glas de la véritable rentrée scolaire.

« Toi tu es encore chez les petits », proclama fièrement Enzo à sa petite sœur qui était encore en primaire.

« Oui, mais moi je serai la plus grande de l’école alors que toi tu en seras le plus petit ! » lui répondit Manon en lui tirant la langue.

« Allons les enfants, dépêchons. On y va Enzo ! »

« Il y a beaucoup de monde sur les routes aujourd’hui ! » lança ce dernier, inquiet d’arriver en retard, la main sur la poignée de la portière avant.

« Tu descends de voiture ici ? » lui demanda Aurélie alors qu’ils arrivaient à peine dans la rue du collège.

« T’inquiète maman, j’y vais tout seul, tu ne vas pas m’accompagner tous les jours devant le portail tout de même. »

« C’est vrai que le premier jour on a bien visité le collège et tu n’en es pas trop loin. Tu te rappelleras où tu dois aller ? »

« Mais oui, t’inquiète ! Bisous ! »

« Hé, tu es peut-être grand mais cela ne doit pas t’empêcher d’embrasser ta mère ! » lui dit Aurélie en lui caressant les cheveux, un peu émue de voir grandir son fils si vite, se mémorisant encore son entrée à la maternelle.

Le petit garçon brun à la bouille sérieuse l’embrassa vite fait sur la joue et se hâta de rejoindre ses copains.

« Il a de la chance lui, il connaît quelques personnes ! »

« Je sais ma puce, mais toi aussi bientôt tu auras de nouvelles copines. »

Sa mère attendit qu’il fût en bonne compagnie pour démarrer et se dirigea vers l’école Prévert afin d’y déposer sa fille.

Depuis qu’ils avaient déménagé, Manon boudait car ils avaient été obligés de la changer d’école alors qu’ils habitaient toujours la même ville. Malgré les tentatives de ses parents auprès du rectorat, rien n’avait pu y faire et Manon se sentait désespérée.

« Bon, on aura le temps nous deux. Tu ne commences qu’à huit heures trente et ton école n’est qu’à cinq minutes en voiture. »

« Oui, mais souviens-toi que le matin il y a de la circulation et que tu as souvent eu du mal à te garer l’année dernière dans notre ancien quartier. »

« Ce n’est pas faux. Mais peut-être que dans ce coin-là de la ville le trafic est plus fluide ! » lui répondit Aurélie qui avait beaucoup de mal à avancer, tant la circulation était dense et lui donnait tort.

Autant Enzo, brun aux yeux vert clair, ressemblait à sa mère, autant Manon était le portrait craché de son père : longue, blonde comme les blés avec de magnifiques yeux bleus.

Pourtant, et curieusement, Manon ne se trouvait pas jolie. Elle se trouvait un peu trop grosse et était maladivement timide.

Elle n’avait que très peu d’amies et entretenait avec elles des relations exclusives qui devenaient problématiques dès qu’une dispute éclatait entre elles. Donc elle en avait peu et avait été obligée de les abandonner. Elle avait détesté ses parents tout l’été quand ils avaient décidé d’acheter cette petite maison dans ce quartier chic de Nice. C’est vrai que leur appartement était devenu un peu étroit mais au moins adorait-elle son ancien quartier et y avait-elle ses points de repère.

« Tu vas enfin découvrir qui est ta nouvelle maîtresse aujourd’hui. Enfin, si elle daigne être là ! »

« Oh maman, ce n’est pas de sa faute si elle est tombée malade juste avant la rentrée ! Ils vont bien trouver une remplaçante ! »

« Ok. Ah voilà une place pour se garer. Il est un peu tôt mais on y va quand même ? »

« D’accord », dit la petite jeune fille de bientôt dix ans et qui n’était pas très enthousiaste de reprendre le chemin de l’école. Enfin, le chemin de cette nouvelle école.

Elles se dirigèrent, toutes les deux, vers l’entrée et Aurélie s’arrêta une fois ou deux pour saluer quelques mamans qu’elle était surprise de connaître, soit par l’intermédiaire de son travail soit par les quelques activités qu’elle pratiquait en dehors du travail et qui lui permettaient de se détendre un peu, ou encore grâce aux copains de son fils.

« Alors, Enzo est bien rentré ? »

Elle avait tellement stressé de voir ses enfants intégrer pour l’un le collège et pour l’autre une nouvelle école qu’elle en avait beaucoup parlé essayant d’enrayer ainsi sa culpabilité.

« Oui, impeccable et toi ça se passe bien avec le tien, tu as vu, ils ne sont plus ensemble cette année ! »

« Oui, c’est dommage ! Bonne journée ! Bisous. »

« Bisous, à toi aussi ! »

« Bon on peut y aller là maman ? »

« Oui, oui, ça y est on est arrivé, je te laisse là. »

« D’accord maman. Tu viens me chercher ce soir, hein ? »

« Non, c’est papa qui s’en charge. Bisous mon trésor. »

« Bisous m’man ! »

Aurélie vit sa fille entrer, son cartable à roulettes à la main et la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle fût sous le préau près du panneau « CM2 Mlle Hugh ».

« Au moins, il y a un nom, c’est que la nouvelle est arrivée ! » se dit Aurélie en rebroussant chemin, l’œil rivé à sa montre, se disant qu’aujourd’hui encore elle risquait d’arriver en retard à la seule parfumerie de la ville qui ouvrait à neuf heures et dans laquelle elle travaillait depuis déjà plus de dix ans.

Pendant ce temps, Manon regagnait la rangée où étaient ses camarades de classe déjà alignés deux par deux, tout en se demandant quelle tête aurait sa nouvelle institutrice.

La réponse ne tarda pas à venir et Manon fut agréablement surprise en voyant avancer vers eux une jeune et jolie jeune femme agréablement habillée et plutôt souriante.

« Bonjour, je suis mademoiselle Hugh. Je vous prie de bien vouloir me suivre dans la classe. »

Un brouhaha fit suite au silence qui avait précédé les paroles de l’institutrice mais cette dernière ne dit rien avant de les voir s’installer dans la pièce qui serait la leur, toute l’année durant.

Les dessins des années précédentes avaient été enlevés et les murs étaient étrangement vierges de tout support habituellement en place.

La jeune femme attendit un instant que tous furent installés et commença à parler dans un semi brouhaha de chaises et de rire mêlés.

« S’il vous plaît, puis-je avoir votre attention ? »

Les derniers élèves bavards se retournèrent et le silence se fit.

Manon quant à elle s’était assise à côté d’une fille qui semblait être aussi seule qu’elle et qu’elle avait repérée la veille juste avant qu’ils ne soient tous séparés et dispersés dans des classes différentes afin de pallier l’absence de l’institutrice.

« Bonjour à tous. Maintenant que je me suis présentée, je souhaiterais que vous en fassiez de même. Pour cela, dit-elle en haussant le ton avant que le brouhaha ne reprenne, je vais vous distribuer des cartons que vous plierez en deux et que vous placerez devant vous sur la table. Vous écrirez en noir votre nom et votre prénom, puis en rouge, en dessous, le prénom que vous auriez aimé porter. »

Les enfants se regardèrent interloqués, ne comprenant pas trop ce que la jeune maîtresse voulait dire. L’un d’eux leva la main.

« Oui ? »

« Je ne comprends pas maîtresse, il faut qu’on invente un prénom ? Je peux marquer superman ? »

La classe partit dans un grand éclat de rire général et Mlle Hugh les fit taire en levant le bras.

« Non, vous ne devez pas vraiment inventer mais je pense qu’au fond de vous, vous auriez peut-être envie de porter un autre prénom que celui que vos parents vous ont donné. Alors c’est le moment de vous exprimer. Et si superman est vraiment celui que tu souhaiterais avoir, parce que tu te sens être un super “man”, alors tu peux le noter. Mais sache que ce sera ton vrai prénom pour le reste de l’année, dans cette classe tout au moins. Et le temps que je resterai », ajouta-t-elle en baissant la voix si bien qu’ils n’entendirent pas.

« Même quand la vraie maîtresse va revenir ? » lui demanda une autre élève perspicace.

« Je suis aussi une vraie maîtresse mais ta réaction est pertinente. Il sera libre à vous de vous faire appeler par le prénom qui est vraiment le vôtre ou celui que vous préféreriez porter, mais seulement entre vous car cela n’engage que moi, donc je pense que cela ne sera partagé qu’entre vous et moi. »

« Madame, pourquoi fait-on cela ? » demanda un petit rouquin à taches de rousseur que Manon jugea rigolo.

« Très bonne question, jeune homme. Je voudrais, tout le temps que je serai avec vous, que vous sachiez qui vous êtes vraiment. »

« Qui on est ? Mais on est nous ! » dit le premier intervenant déclenchant l’hilarité générale.

« Ça, c’est une allégation qui est tout ce qu’il y a de plus vrai ! Mais ce que vous croyez aujourd’hui, et je peux vous l’assurer, est bien diffèrent de ce que vous allez découvrir au fil des jours, et vous allez être surpris. Allez, maintenant je vous distribue les cartons et je veux que vous preniez le temps de réfléchir. Rappelez-vous que c’est important car c’est comme cela que je vais vous appeler. »

« Et si mon prénom me convient parfaitement, je fais quoi ? » interrogea une petite fille à lunettes.

« Bonne question. Eh bien ! tu le réécris en rouge. »

Manon prit l’histoire très au sérieux et s’interrogea pour la première fois sur le prénom qu’elle portait. L’aimait-elle vraiment ou le supportait-elle ? Est-ce qu’il lui allait bien ou était-il décalé ?

À quoi ressemblaient les autres Manon ?

C’est vrai que toutes celles qu’elle connaissait étaient brunes alors qu’elle était blonde.

Cela lui fit penser qu’elle s’amusait souvent à deviner le prénom des gens qu’elle rencontrait et se félicitait quand elle tombait juste. Elle avait remarqué les similitudes qui existaient entre eux. Pour elle, les Emma étaient douces et belles alors que les Julie étaient sèches et pas très jolies. Les Tom étaient mignons alors que les Yanis étaient insignifiants et cela fonctionnait même avec les vieux prénoms comme ceux de ses parents ou grands-parents : les Alexandre comme son papa étaient grands et avaient de la classe, comme Alexandre Le Grand alors que les Thomas étaient petits et trapus.

Les Aurélie étaient douces et belles comme sa maman et les Stéphanie étaient gaies et enthousiastes. Quant aux Colette, elles étaient carrément moches et… non tous les anciens prénoms étaient moches.

« Lola, j’aurais tellement voulu m’appeler Lola. »

Les filles qui portaient ce prénom lui paraissaient toutes grandes, belles et bien dans leur peau. Elle n’y avait jamais vraiment pensé mais c’est vrai que ce prénom lui allait mieux que le sien.

Elle écrivit donc en noir : Manon Ducos et au-dessous, en rouge : Lola.

Tous attendirent que tout le monde ait fini ce petit travail identitaire et madame Hugh prit la parole.

« Très bien, on va commencer par la gauche. Peux-tu te présenter ? »

« Bonjour, je m’appelle en vrai Jade Sisleau et en faux Clara. »

« Merci Jade », dit la maîtresse interrompant un départ de rigolade.

« Tu as dit “en faux”. Considères-tu cependant que le prénom de Clara pourrait te correspondre ? »

« Oui, je crois. »

« Mais tu n’en es pas sûre ? »

« Non, je n’ai pas trop eu le temps d’y réfléchir à vrai dire. »

« C’est normal. Comment ce prénom t’est-il venu à l’esprit ? »

« Parce que la copine de ma sœur s’appelle comme cela et que je la trouve belle. »

Éclat de rire dans la classe.

« Silence, silence. Tu ne te trouves pas belle ? »

« À vrai dire, pas trop. »

Alors qu’elle se trouvait soudainement au bord des larmes, certains enfants la prirent en pitié alors que d’autres étaient sur le point de se moquer d’elle.

« Stop ! » dit-elle avec une autorité toute soudaine qui surprit tout le monde.

« Personne n’a le droit de se moquer de quiconque. Qui sommes-nous pour juger untel ou unetelle ? Je veux que vous sachiez que vous allez tous devoir justifier votre choix et que je n’autoriserai aucune moquerie. Nous devons tous nous respecter les uns et les autres et écouter chacun d’entre nous pour ce qu’il a à dire. Vous verrez qu’ainsi vous vous connaîtrez mieux vous-même et les autres. Alors ma petite Jade, sache que tu as toute l’année scolaire, ou en tous les cas tout le temps que nous serons ensemble pour choisir ton véritable prénom et qu’à tout moment tu peux barrer celui que tu as écrit en rouge et en écrire un autre. C’est pareil pour vous tous, c’est bien compris ? Nous reprendrons demain. »