Les maux en clair - Florence de Neuville - E-Book

Les maux en clair E-Book

Florence de Neuville

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Beschreibung

Claire est une femme d’âge mûr, médecin, mariée et mère de deux enfants. Elle s’est malheureusement perdue dans une relation amoureuse passionnelle et obsessionnelle à sens unique. Victime d’un accident de voiture qui la plonge dans le coma, elle a accès à sa vie divine, au dessein de son incarnation actuelle et à quelques-uns de ses secrets qu’elle doit essayer de mettre en pratique à son réveil.
Le fil conducteur pour se retrouver elle-même et se reconnecter à son moi profond sera l’amour : l’amour de soi, l’amour inconditionnel, l’amour de l’autre, tout en réalisant le rapport existant entre la maladie et la psychologie.
Elle aura, pour cela, recours à des concepts comme : l’EFT, la médecine psychosomatique, l’astrologie et la tarologie, les flammes jumelles, le bien être par le bien manger, la méditation et la découverte du mental ainsi que l’ego. Viendront aussi la psychanalyse et la conscientisation des blessures de l’enfance, puis l’apprentissage de quelques cristaux, du reiki et de la gratitude qui la mettront sur le chemin de la guérison.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Dans le but de partager ses lectures, Florence de Neuville met sur pied cet ouvrage, pour aider également les uns et les autres à trouver les outils qui leur permettront d’avancer et de grandir facilement dans leur vie, à l’orée de cette nouvelle ère spirituelle.

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Florence de Neuville

Les maux en clair

Roman

© Lys Bleu Éditions – Florence de Neuville

ISBN :979-10-377-2449-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

En chacun de nous existe un lieu dénué de maladie, qui ne ressent jamais la douleur et qui ne peut ni vieillir ni mourir. Lorsqu’on va en ce lieu, les limitations que nous acceptons tous cessent alors d’exister. Elles ne peuvent même plus appartenir au domaine du possible. Ce lieu s’appelle « santé parfaite ».

Deepak Chopra

Préface

Et puis, il y a ceux que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie.

Victor Hugo

Cela faisait déjà un an que Claire fréquentait les cours de théâtre de sa commune près de Bordeaux.

Elle ne saurait dire au bout de combien de temps elle s’était éprise en secret de son partenaire de jeu ni comment cela était arrivé. Elle avait tout d’abord été troublée par les regards soutenus qu’ils échangeaient puis par les conversations pleines de rire et de complicité qu’ils avaient, tant en cours qu’en ballade, que sur la toile où ils s’envoyaient des messages quasi quotidiennement. Elle avait l’impression de le connaître depuis toujours et n’arrivait pas à se passer de lui.

Naturellement elle le savait amoureux de quelqu’un d’autre et elle-même était en couple, mais chaque jour qui passait lui donnait l’envie d’obtenir un peu plus de lui. N’arrivant pas à interpréter ses intentions et ce qu’il ressentait véritablement pour elle, Claire se décida à lui parler en toute franchise dès qu’elle en aurait l’occasion.

Première partie

Chapitre I

Votre subconscient ne s’occupe pas de savoir si vos pensées sont bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses, il répond selon la nature de vos pensées, de vos suggestions.

Dr Joseph Murphy

La porte qui claqua en se refermant gifla Claire de plein fouet.

Elle ressentit dans tout son être un froid glacial qui la sortit de la torpeur d’indifférence dans laquelle elle venait de plonger en quittant Quentin. Pourquoi avait-il fallu qu’elle lui avoue ses sentiments maintenant alors qu’ils ne se rencontraient que pour répéter les scènes qu’ils avaient en commun dans la pièce de théâtre qu’ils travaillaient ?

Pourquoi avait-elle eu besoin d’être aussi impatiente, aussi indiscrète ?

Elle n’oublierait jamais son regard quand elle lui avait demandé s’il était amoureux de la mystérieuse femme qu’il fréquentait. Ce même regard qu’elle ne croyait être que pour elle et qui venait détruire tous ses espoirs.

C’est tout juste si elle arrivait à placer un pied devant l’autre tant son souffle était coupé. Elle respirait avec tellement de difficulté que son torse était plié en deux vers l’avant et ses yeux pleuraient sans qu’elle arrive à contenir la moindre larme. (Elle avait tellement souhaité qu’il partage ses sentiments !)

Le père des deux garçons qui venaient d’arriver chez Quentin pour prendre des cours de soutien lui demanda si elle allait bien, surpris de la voir encore là, dans les couloirs alors qu’il l’avait croisée dans l’appartement du professeur quelques bonnes minutes auparavant.

« Vous êtes sûre que tout va bien, Madame ? »

« … »

Comme aucun son ne sortait de sa bouche, il se rapprocha d’elle pour lui apporter son aide mais elle se détourna, trop honteuse de montrer son visage défiguré par le chagrin.

« Merci… Je me suis fait mal… Mais ça va aller… » prononça-t-elle avec beaucoup de difficulté.

Elle attendit que le bon samaritain s’éloigne pour s’asseoir sur la première marche d’escalier qu’elle aperçut et laissa son désespoir s’exprimer librement. Tant pis si quelqu’un décidait de sortir de chez lui. Elle laissa alors s’échapper un cri de souffrance qui venait du tréfonds de son âme.

« Il faut que ça s’arrête, je ne peux plus continuer comme cela, je vous en supplie mon Dieu, aidez-moi, il faut que cela s’arrête, je ne peux plus l’aimer. Pas comme ça. Je veux mourir, laissez-moi mourir ! » disait-elle au grand Tout pour la centième fois mais avec un désespoir encore plus grand cette fois.

Elle se releva tant bien que mal et avança tel un robot vers le portillon extérieur qui donnait sur la route où était garée sa voiture.

Elle ignorait ce qui la faisait le plus souffrir : l’indifférence que semblait lui témoigner Quentin et sa capacité à pouvoir vivre sans ressentir le moindre sentiment partagé pour elle, ou son impossibilité personnelle à gérer la situation et cet amour qu’elle savait interdit.

Merde, elle n’était plus une enfant, elle devrait être capable de se dire que ce n’était pas grave, qu’après tout elle avait un mari et des enfants qui l’aimaient et qu’elle aimait et que cela devrait lui suffire amplement. Alors, qu’espérait-elle donc de plus ?

Cet homme avait toujours été honnête avec elle et ne lui avait jamais rien promis même si c’était vrai que parfois c’était ambigu, mais elle devait se faire une raison, elle devait reprendre ses esprits, il en allait de son état mental, moral et physique.

Elle devait tout avoir imaginé, mal interprété ses sourires, son amitié.

« Je suis forte, je vais y arriver. Oh seigneur aidez-moi à être forte, je dois y arriver ! » fit-elle en se levant et en avançant en titubant comme si elle avait bu des litres d’alcool.

Alors que ses yeux bleus se remplissaient à nouveau jusqu’à déborder, elle posa le pied gauche sur l’asphalte sans réaliser qu’elle traversait, sans même jeter un regard ni à droite ni à gauche. Tout lui était égal.

Elle entendit vaguement le crissement des pneus de la petite voiture rouge qui l’aperçut au dernier moment en tentant désespérément de l’éviter mais qui, au lieu de cela, la percuta de plein fouet.

Ce fut alors comme un soulagement : elle ne sentait plus rien, n’entendait plus rien mais surtout ne ressentait plus rien.

Le seigneur l’avait entendu, il lui avait apporté son aide. Il l’avait anesthésiée.

Alors que son corps commençait à répandre ce liquide rouge si difficile à regarder quand il s’écoulait à l’extérieur, ses yeux se fermèrent et un léger sourire se forma sur ses lèvres.

Ça y est, elle devait être morte puisqu’elle n’entendait ni ne voyait plus rien. Aucune douleur, aucune sensation, plus rien. Le paradis.

Mais autour d’elle, les passants, atterrés par ce qu’ils venaient de voir, ne savaient pas comment réagir.

Certains sortaient leur téléphone portable pour appeler les secours :

« Euh, non le 911, c’est aux États-Unis. »

« Mais non, imbécile, il faut faire le 17 ! »

« N’importe quoi ! C’est le 18 ».

« Bon, faites ce que vous voulez mais moi je fais le 15 ».

D’autres s’approchaient du corps allongé avec un air de dégoût, la main posée sur les lèvres pour ne pas vomir, alors que la plupart restaient sans rien faire, tétanisés par ce à quoi ils venaient d’assister.

« Ne la touchez pas, les secours vont s’en charger ! » hurla une vieille femme à l’attention d’un jeune homme qui se penchait sur le corps inerte de Claire.

C’est alors que la jeune femme qui conduisait la malheureuse voiture sortit au bout de quelques minutes, terrassée par le choc et le bruit que cela avait engendré, sans vraiment réaliser ce qui venait de se passer jusqu’à ce qu’elle aperçoive le corps gisant ensanglanté de la femme qu’elle venait de renverser, ou plutôt qui s’était jeté sous sa voiture.

« Mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? » s’entendit-elle se demander en pleurant.

« Je n’aurais jamais dû regarder mes SMS, qu’est-ce que j’ai fait ? »

« Vous n’y êtes pour rien, Mademoiselle, j’ai tout vu, c’est elle qui n’a pas regardé en traversant ! » lui répondit un témoin de la scène en pointant Claire du doigt et en se voulant réconfortant.

C’est alors qu’on entendit au loin les sirènes hurlantes des pompiers qui se rapprochaient à toute allure, suivies de celles de la police arrivant de l’autre côté de la rue.

Ce fut en très peu de temps une zone sinistrée pour qui tentait de s’y aventurer, car le camion des pompiers barrait la rue et un attroupement de badauds malsains s’était formé. Les policiers tentaient de faire passer alternativement les voitures qui arrivaient de droite et de gauche et qui ne pouvaient s’empêcher d’avoir une curiosité morbide, ralentissant pour mieux voir ce qu’il se passait, bloquant encore plus la circulation. Alors, un policier se mit à hurler aux conducteurs :

« Avancez nom d’un chien, avancez ! »

Pendant ce temps et avec une grande dextérité et un grand professionnalisme, les pompiers se penchaient sur le corps de Claire tandis que le médecin urgentiste tentait de vérifier s’il y avait un pouls et si la victime était consciente.

« Madame, vous m’entendez ? Serrez ma main si vous m’entendez ».

Surprise d’entendre, Claire tenta vainement de serrer la main de l’ange qui se tenait au-dessus d’elle mais ne put y arriver ni prononcer aucun mot lorsqu’il lui demanda de lui répondre.

« Madame, comment vous appelez-vous ? Où avez-vous mal ? »

Mal ? Elle avait mal partout ou plutôt nulle part, enfin elle ne savait plus.

Pendant ce temps, la police établissait un rayon de sécurité autour des deux blessées et de la voiture accidentée tout en essayant de rétablir la circulation sur une seule voie.

« J’ai un pouls ! Il est filant mais j’ai un pouls ! On lui place le collier cervical et à mon signal on la place sur le brancard. Un, deux et trois ! Attention, il y a suspicion de fractures multiples et traumatisme crânien. »

« Hémorragie interne ? » demanda un des pompiers au médecin.

« Oui, je le crains. »

Les pompiers la soulevèrent avec délicatesse et la placèrent dans le véhicule qui s’apprêtait à filer à vive allure vers l’hôpital le plus proche.

Un des hommes ouvrit le sac à main que la police avait ramassé et regarda dans le portefeuille s’il pouvait y trouver quelque chose d’utile à la survie de la femme dont ils avaient la charge.

« Elle porte des verres de contact et son groupe sanguin est AB positif ».

« Super, receveur universel, on va gagner du temps ! »

Mais alors que le médecin commençait à lui poser une perfusion, la jeune femme à la voiture rouge sanglotait encore et se faisait à son tour ausculter.

« Vous êtes sous le choc mais il n’y a rien de grave. Montez dans le camion on vous emmène aussi à l’hôpital. »

« Avec, avec… elle ? »

« Oui, on n’a pas le temps de faire partir un second véhicule, elle a besoin de soins en urgence et vous d’un bilan, allez on y va ! »

Le chauffeur mit la sirène en branle et appuya sur l’accélérateur, brûlant les feux rouges et doublant tous les véhicules qui se trouvaient sur son chemin mais qui avaient la délicatesse de se pousser.

Alors que la jeune femme n’arrivait pas à calmer ses sanglots et qu’elle demandait si la femme qu’elle avait renversée allait s’en sortir, Claire voulut lui répondre qu’elle allait très bien, et qu’elle la remerciait car elle était arrivée pile à l’heure au rendez-vous qu’elles s’étaient donné des années auparavant quand elles avaient planifié tout ceci au cas où cela devait arriver.

Mais les mots ne sortaient toujours pas de sa bouche. Pourtant elle entendait tout. Sa tête tournait, ses forces l’abandonnaient.

« On la perd, elle s’enfonce ! Vite, accélère encore. »

Elle arriva à l’hôpital encore inconsciente mais bien vivante jusqu’à ce que son cœur finisse par lâcher.

L’équipe médicale qui la prit en charge tenta de la ranimer mais son cœur s’était arrêté.

En fait, il s’était arrêté de battre bien des minutes auparavant, lorsque Quentin le lui avait brisé alors qu’elle était encore assise face à lui dans son appartement.

« Charge à deux, on dégage… ça y est j’ai un pouls… »

« Elle ne se réveille pas pour autant… quelqu’un a prévenu la famille ? »

« Oui, c’est fait, le mari devrait être déjà là », répondit un infirmier.

« Zut, regarde, elle est médecin ! » dit ce dernier en sortant les papiers du portefeuille de Claire.

« Oui, eh bien elle le sera encore si elle sort un jour de cet état comateux ! Dommage, ça avait l’air d’être une jolie femme pour son âge ! »

« Ça a l’air ! rectifia sa collègue, pour le moment elle est toujours vivante ! Inconsciente mais vivante ! »

« Mais je suis là ! » leur hurlait Claire qui se tenait assise en tailleur en haut à gauche de la salle d’opération glaciale et qui les regardait sans comprendre ce qui lui arrivait.

« Mais c’est moi là, en bas, sur la table. J’ai mauvaise mine… »

Les médecins continuaient de s’affairer sur son corps meurtri, réduisant les fractures, immobilisant les membres brisés, utilisant le scanner et l’IRM afin de mieux localiser les lésions internes.

À quelques kilomètres de là, dans son appartement, Quentin terminait de donner son cours hebdomadaire aux deux petits diables qui se disputaient l’attention de leur professeur qu’ils adoraient.

La sonnette retentit et les garçons sautèrent de joie en comprenant que leur père venait les chercher et que le cours était donc terminé. (L’amour avait ses limites.)

Quentin alla lui ouvrir et alors qu’il pénétrait dans l’appartement, il lui demanda si le cours s’était bien passé et s’il avait des nouvelles de l’amie qui était sortie de chez lui à leur arrivée car elle ne semblait pas aller très bien et lui avait dit qu’elle s’était fait mal.

« Quelle amie ? » demanda Quentin qui ne faisait pas le rapprochement.

« Ah, la jeune femme de tout à l’heure ? Ah bon, elle n’allait pas bien ? »

Et de lui raconter qu’il l’avait trouvée en larmes dans le couloir, Quentin lui répondit :

« Ah eh bien je vais l’appeler ».

Mais il n’en fit d’abord rien.

« Je suis sûre que cela lui passera ! »

« Elle avait pourtant l’air d’aller bien en partant ! » se dit-il en refermant la porte avant d’en ressortir pour aller s’acheter quelque chose à manger dans le magasin d’alimentation qu’il avait en face de chez lui. « C’est vrai qu’elle m’a fait quelques avances que j’ai repoussées mais elle semblait l’avoir bien pris ! En revanche, j’espère qu’elle n’a pas trop mal pris le fait que je lui demande d’interrompre, pour son bien, notre correspondance. »

En sortant, il ne remarqua pas que le véhicule de Claire était toujours garé en face, et fut tout juste surpris par le reste de l’attroupement de gens qui se dispersaient.

Il crut comprendre qu’il y avait eu un accident peu de temps avant et se rappela avoir vaguement été distrait par des bruits de sirènes pendant qu’il dispensait ses cours de mathématiques.

Il traversa prudemment, entra dans le magasin et acheta un plat de lasagnes surgelées qu’il se délectait de manger.

Il rajouta une salade verte et quelques fruits au cas où sa dulcinée lui ferait la surprise de débarquer à l’improviste chez lui.

Il paya en espèce et rentra à son domicile, fit un câlin à son chien et alluma son téléphone.

Il consulta sa messagerie puis ses mails.

Rien, pas de nouvelle de celle qu’il aimait appeler sa compagne, mais qu’il devait partager avec quelqu’un d’autre bien malgré lui. Finalement, il se demandait si cela n’avait pas été plus simple lorsqu’il avait été amoureux d’un garçon, même si cela revenait aussi à se cacher, se voir en toute discrétion, ne pas se prendre la main en public et surtout ne pas pouvoir embrasser et enlacer l’être aimé où et quand on en avait envie. Ce monde lui semblait trop étriqué et trop compliqué car il ne contrôlait absolument pas ce que son cœur lui dictait et semblait en être l’otage.

Peut-être viendrait-elle par surprise.

C’était fatigant quand même, mais bon, il l’aimait et que n’était-on pas capable de supporter par amour ?

Puis il se décida de prendre des nouvelles de Claire car le papa des deux garçons avait vraiment eu l’air inquiet.

« Coucou, est-ce que tout va bien, car il paraît que tu t’es fait mal en sortant d’ici tout à l’heure ? Bise. »

Ce message reçut une réponse, mais pas de la façon dont Quentin l’envisageait.

Chapitre II

Plus personne ne sait ce qu’est la mort et, lorsqu’elle arrive, on a peur devant cette grande inconnue.

Bernard Werber

Laurent arriva en courant à l’hôpital où était arrivée Claire un quart d’heure auparavant, alerté par les policiers sur les lieux.

« Ma femme vient d’être amenée ici, en urgence, on m’a dit qu’elle avait été renversée par une voiture. Je suis médecin, est-ce que je peux la voir, s’il vous plaît ? » dit-il d’une seule traite sans respirer.

La femme de l’accueil qui l’écoutait distraitement, blasée par le ton alarmiste et stressé des gens qui arrivaient aux urgences, releva la tête au moment où elle entendit le mot « médecin ».

« Quel est son nom docteur ? »

« Mme Laguet. Claire Laguet. »

« Ah oui, elle est encore au bloc, mais je vous appelle quelqu’un. »

Cet endroit familier, où il avait fait une partie de son externat, quand il était étudiant, lui devint subitement étranger, froid et inhospitalier.

Il ignorait ce qu’il s’était passé exactement et ce que pouvait bien avoir son épouse.

C’est vrai qu’il lui semblait la perdre un peu plus chaque jour, tant elle semblait s’éloigner depuis qu’elle jouait la comédie, mais cette fois-ci, il réalisa qu’il risquait de la perdre définitivement et cela le paniqua complètement.

Il s’assit sur la première chaise qu’il vit et tenta de faire des numéros de téléphone sans y arriver.

Le temps lui parut interminable, alors, lorsqu’une femme médecin d’un âge moyen vint à sa rencontre, il lui fonça dessus sans autre manière et d’un ton de supplice, lui demanda des nouvelles de Claire.

« S’il vous plaît, je suis le docteur Laguet, pouvez-vous me dire comment va ma femme ? »

La douleur se lisait sur son visage encore tanné par le soleil et ses yeux verts étaient humides.

« Elle a des fractures multiples, et un traumatisme crânien. Son état est encore préoccupant et… »

« Et quoi… ? » demanda-t-il à bout de nerf.

« Elle est dans le coma. On a failli la perdre mais on l’a récupérée. »

« Oh, mon Dieu… »

« Naturellement, elle est sous respirateur… Comme vous le savez, on doit attendre pour se prononcer un peu plus, je suis désolée. »

« Vous avez établi quoi sur l’échelle de Glasgow Docteur ? Je peux la voir ? »

« Pour l’instant, on a évalué son état à quatre sur l’échelle de Glasgow, mais tous les examens ne sont pas terminés. On vous tiendra au courant et on vous appellera dès qu’on l’installera en soins intensifs ».

Laurent se passa les mains dans les cheveux, et se rassit sur sa chaise. C’en était trop. Mais au moins, elle était toujours vivante. Comment faire pour gérer ça ? Comment l’annoncer aux enfants ? Et si elle ne se réveillait pas ?

Elle lui avait toujours fait promettre de ne jamais l’empêcher de partir et de ne pas la laisser finir en légume si une horreur pareille devait un jour arriver. Elle était tellement persuadée qu’après la mort il y avait une autre sorte de vie faite de douceur, de paix et d’amour ; elle disait souvent que le plus dur c’était de rester ici, sur Terre…

« Elle dit tellement de bêtises parfois ! » se lamenta Laurent qui pensait que le paradis c’était d’être avec elle et leurs deux enfants.

Mais quand ils en avaient parlé c’était pour rire, pour de faux, jamais ils n’auraient pu imaginer que cela arriverait. Ou pas encore, quand ils seraient très vieux peut-être, mais quarante ans, ce n’était pas vieux du tout.

Les gens qui passaient et repassaient devant lui semblaient irréels, les bruits abasourdis, et ses réactions étaient inertes.

« Monsieur, Monsieur, vous vous sentez bien ? » lui demanda une jeune infirmière qui le vit tituber sur sa chaise.

« Je ne sais pas trop, à vrai dire »

« Voulez-vous qu’on appelle quelqu’un ? »

« Oui, peut-être, mes parents, merci… Mais je vais le faire », lui dit-il en reprenant ses esprits.

Il réussit à passer son coup de fil, et éclata en sanglots quand il entendit la voix de sa mère.

Il trouva la force de sourire intérieurement, imaginant Claire se moquer de sa relation mère-fils.

Le temps que ces derniers arrivent, il se ressaisit et essaya de se donner une contenance pour appeler les enfants.

« Salut papa ! » répondit Ethan, son fils aîné de treize ans.

Devant l’absence de répartie de son père, Ethan se douta que quelque chose n’allait pas.

« Ça va ? »

« Euh non, pas vraiment », dit-il en essayant de garder un timbre de voix stable.

« Qu’est-ce qu’il y a, où es-tu ? Pourquoi personne n’est à la maison ? »

« Ta sœur n’est pas là ? »

« Non, je croyais qu’elle était avec toi. »

« Bon, écoute, appelle-la, elle doit encore être chez sa copine. Maman a eu un accident de voiture… mais ne vous en faites pas… ça va aller », dit-il en manquant de s’étrangler dans ses propres mensonges.

« Papi et Mamie vont me rejoindre, alors restez à la maison et je vous donnerai des nouvelles. »

« Mais papa, qu’est-ce que tu racontes, comment ça maman… tu es sûre que ça va ? Tu l’as vue ? »

« Non pas encore, appelle ta sœur et dis-lui de rentrer, je te rappelle. »

« Je t’aime papa. Et dis à maman que je l’aime aussi, mais je voudrais venir ! »

« Occupe-toi de ta sœur d’abord mon chéri. Je t’aime aussi, et… je le dirai à maman », continua-t-il submergé par l’émotion en raccrochant son téléphone.

Abasourdi à son tour, mais ne réalisant pas vraiment, Ethan composa le numéro de sa sœur et lui demanda de rappliquer immédiatement, d’un ton qui ne laissait pas d’alternative.

Le médecin qu’il avait vu quelques longues minutes plus tôt, fit signe à Laurent de venir vers elle.

Il se leva et la suivit dans la salle de réanimation qu’il avait fréquentée sans aucun état d’âme, des années auparavant.

En apercevant Claire reliée à un tube, inerte, une perfusion dans le bras et bandée sur une partie du corps, telle une momie, il faillit se sentir mal, mais avança vers elle et lui prit la main avec une grande tendresse.

« Oh, Claire, je t’en prie, reviens. Les enfants et moi on a tellement besoin de toi ! »

Le médecin lui jeta un regard de compassion et lui permit de rester à ses côtés.

Il pria silencieusement un long moment jusqu’à ce qu’une infirmière vienne l’interrompre avec beaucoup de douceur.

« Monsieur, des gens qui se disent être vos parents sont arrivés et veulent vous voir. Et puis un policier veut vous parler. »

Laurent se leva, ayant beaucoup de mal à laisser son épouse seule, mais se jeta dans les bras de ses parents quand il les vit. Tendre mais maigre réconfort.

« Comment va-t-elle ? » questionna sa mère soudainement très inquiète par la mine de son fils.

« Elle est dans le coma. »

« Oh, ce n’est pas vrai ! » lui répondit sa mère effondrée.

« Monsieur ? » l’interrompit un gendarme.

« Vous êtes Monsieur Laguet ? »

« Oui. »

« Je suis désolé de vous importuner dans un moment pareil, mais j’ai quelques questions à vous poser, vous pouvez m’accompagner juste à côté ? »

« Oui, bien entendu, mais je ne sais rien, c’est vous qui deviez m’expliquer ce qu’il s’est passé ! »

« Oui, je comprends, moi je veux juste vérifier les papiers de votre femme avec vous. Et, d’après les témoins, elle aurait traversé sans regarder et a été renversée par une jeune femme qui ne l'a pas vue. »

« Comment ça qui ne l'a pas vue, elle faisait quoi au lieu de conduire ? Et puis c’était où ? »

« Ne vous énervez pas, monsieur Laguet, je comprends mais l’enquête déterminera exactement ce qu’il s’est passé en fin de journée rue du Dr Charcot. »

« Rue du Dr Charcot ? Mais que faisait ma femme là-bas ? » demanda-t-il plus à lui-même qu’au policier.

« Ça, je n’en sais rien », lui dit ce dernier, d’un air compatissant.

Une fois les renseignements administratifs terminés, Laurent, épuisé, retourna voir ses parents et leur demanda de bien vouloir aller chez lui s’occuper des enfants pendant qu’il resterait avec Claire et qu’il préviendrait sa belle-famille qui habitait à l’autre bout de la France.

Ils acceptèrent volontiers, mais s’inquiétèrent de laisser leur fils, seul à l’hôpital.

La nuit était tombée depuis longtemps et la fatigue avait assailli Laurent qui s’endormit pratiquement immédiatement après s’être assis dans le fauteuil que les infirmières avaient installé auprès du lit de Claire, eu égard aux médecins qu’ils étaient tous les deux.

Emma tenta en vain d’appeler son père dont le portable ne passait plus, et pleura toute la soirée dans les bras de sa grand-mère qui ne savait pas quoi dire pour la réconforter.

Ethan, en jeune homme fort ne voulut pas montrer son chagrin, mais son inquiétude était si puissante qu’il partit s’isoler dans sa chambre en trompant cette dernière avec des jeux sur son ordinateur.

Seul, le grand-père était serein, la maladie d’Alzheimer se chargeant de lui faire oublier tout ce qui avait pu l’inquiéter les minutes précédentes.

Pendant ce temps, rue du Dr Charcot, Quentin, ignorant de ce qui s’était joué devant chez lui, s’apprêtait à abandonner son livre, gagné par le sommeil et après avoir jeté un dernier coup d’œil sur son téléphone resté muet.

Chapitre III

En naissant dans le monde physique, nous nous sommes expatriés du monde céleste, nous restons toujours la même âme, à la différence que nous effectuons le voyage de retour vers notre véritable demeure céleste.

Piotr Phénix

Claire se rendit compte rapidement que personne ne pouvait l’entendre ni la voir, perchée tout en haut. Elle comprit vite ce qui était en train de lui arriver pour avoir lu pas mal de livres et de témoignages relatifs à l’expérience de mort imminente.

Mais ce qui l’intrigua le plus c’est de pouvoir penser et réfléchir exactement comme avant. Seul son corps était aux abonnés absents mais tout le reste fonctionnait de la même façon.

« Alors je ne suis pas plus savante ou intelligente, je n’ai pas accès aux mémoires akashiques, je n’ai donc pas accès à tout ce que j’ai déjà entrepris dans mes autres vies ? »

Et puis tout à coup, face à son impatience, elle réalisa qu’elle était toujours dans le même monde et qu’elle n’avait pas vu le fameux tunnel et sa non moins célèbre lumière…

Elle tenta l’expérience de penser très fort à quelqu’un pour vérifier si cela marchait comme certains le décrivaient.

Elle fit comme si elle fermait les yeux, ce qui la fit rire car ses yeux étaient en bas sur la table, et se mit à penser très fort à ses enfants.

Quelle ne fut pas sa surprise de les voir soudainement face à elle, sa fille d’à peine onze ans rigolant avec sa copine et son fils, dans sa chambre, seul face à son ordinateur en train de faire ses devoirs ! Deux endroits différents à des moments simultanés

« Mes amours je suis là ! Regardez-moi, je suis avec vous. »

Mais comme elle s’y attendait, ils ne l’entendaient pas.

Alors elle se rappela à quel point elle pratiquait avec succès la transmission de pensée avec son mari et se concentra très fort pour lui envoyer un message d’amour et de réconfort.

En une fraction de seconde elle se retrouva à l’hôpital auprès de Laurent qui arpentait les couloirs avant de s’asseoir sur une chaise et de retrouver ses esprits en essayant en vain de passer un coup de téléphone. Il attendait visiblement de ses nouvelles.

Elle voulut lui caresser les cheveux mais sa main ne capta aucune matière physique. Elle voulut s’excuser du souci qu’elle lui causait et resta un bon moment à ses côtés.

Puis sans rien comprendre, elle fut happée par une force invisible qui la replaça dans son corps physique, mais elle y revint si brutalement qu’elle eut l’impression de s’être mise à l’envers. Son dos était devant et vice versa.

Elle tenta de bouger et se mit à ressentir une telle douleur qu’elle préférait tout à coup revenir à l’état dans lequel elle était quelques minutes auparavant.

Elle entendit des voix crier :

« J’ai à nouveau un pouls. »

« Oui mais elle ne revient pas à elle ! »

« Bon, elle est dans le coma, branchez-la ! »

Elle se sentit alors partir à toute vitesse, comme aspirée par une force très puissante. Et c’est là, enfin qu’elle comprit tout ce qu’on avait bien pu lui raconter.

La fameuse lumière, merveilleuse, indescriptible, l’attirait comme un aimant. Au fond des silhouettes se détachaient mais elle ne les voyait pas très bien. Elle sourit ou crut sourire car elle ne savait plus trop qui elle était ou qu’est-ce qu’elle était.

Elle se laissait glisser vers quelque chose de bon, de doux et d’attirant. Comme elle se sentait bien tout à coup, comme elle était heureuse. D’où venait cette sensation de rentrer à la maison, d’être en paix, d’être là où il fallait au moment où il fallait ?

Puis elle les aperçut. Tous. Ils étaient tous là.

Son grand père d’abord, celui qu’elle avait tant aimé et qui était parti trop tôt, sa grand-mère, son père, sa tante tous ceux qui étaient décédés alors qu’elle était encore jeune ou moins jeune, mais elle vit aussi des silhouettes blanches qu’elle reconnut instantanément alors qu’elle aurait juré le contraire ne serait-ce qu’une heure auparavant.

Une heure ? Cette notion de temps la fit sourire car elle n’avait pas lieu ici. Mais elle venait d’arriver alors comment savait-elle tout cela ?

C’était évident. Tout lui semblait familier et évident. C’était un retour, Le Retour à La Maison.

La haie d’honneur que lui faisaient tous ces êtres de lumière la comblait de bonheur, c’était comme s’ils l’attendaient pour une grande fête.

Mais la plus grande surprise fut d’apercevoir un à un tous les êtres chers qu’elle venait de quitter et les autres, ceux dont elle n’avait pas souvenance sur Terre mais qui se rappelaient à sa mémoire à l’instant où elle posait son regard, ou quoi que ce fut sur eux.

« Mais comment est-ce possible ? Je ne vous ai pas vu depuis très longtemps ou alors je viens tout juste de vous laisser en bas, comment pouvez-vous être là et là-bas à la fois ? »

« Tu ne te rappelles pas encore car tu es encore sous l’emprise de la matière, mais le voile va bientôt se lever et tu te souviendras de tout, » lui murmura avec un amour infini la silhouette imposante qui se tenait devant elle, sans même remuer les lèvres.

« Pryéon ! C’est toi ? » lui dit-elle en se jetant dans ses bras et en le reconnaissant instantanément.

« Oui, cher être de lumière. Sois la bienvenue chez toi, mais tu ne peux pas rester très longtemps, alors regarde, écoute et souviens-toi. »

« Comment ça, pas très longtemps ? Il me semblait que le temps n’avait pas lieu ici, mais d’ailleurs où sommes-nous ? »

« Tu es dans l’entre-deux. »

« L’entre-deux ? Qu’est-ce que c’est ? »

« C’est un passage qui conduit de la Terre à la lumière, ta véritable maison divine. »

« Et ? »

« Et tu vas y rester le temps nécessaire à ta compréhension mais tu n’iras pas plus loin car ton travail sur Terre n’est pas terminé. »

« Et je me souviendrai de tout ce que je vais voir et entendre ici ? »

« Cela dépendra de toi, uniquement de toi et de ce que tu voudras bien ramener. Mais je te laisse retrouver toute ta famille d’abord. »

Claire, ou qui qu’elle fût, détourna le regard et les vit tous avec un sourire radieux, prêts à lui rafraîchir la mémoire.

Elle alla vers chacun d’eux et sans même les toucher, elle sentit leur étreinte et leur amour l’inonder. Alors elle se souvint d’un coup de ce qu’était l’amour universel, cet amour qui emplit votre cœur et votre être tout entier sans rien demander en retour.

« Toi, tu es mon mari en ce moment, sur Terre, dit-elle à l’être de lumière qu’elle reconnut comme tel, et toi mon fils, mon fils bien aimé. »