L' attente - Gérard Baudoing - Savois - E-Book

L' attente E-Book

Gérard Baudoing-Savois

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Beschreibung

Une croisière en voilier avec quatre jeunes garçons à son bord. Dans la nuit du 6 au 7 avril 1978, à Porquerolles, leur voilier sera retrouvé, vide de ses occupants. Le voilier flotte encore, drossé à la côte entre des rochers. Il se trouve à deux mètres de la terre. Mat intact, la grand voile ferlée. Son lieu d'échouement, Barquerolles vers la Pointe des Langoustiers. La mer n'a pas rendu un seul corps. Voici, le début de mon récit pour apporter une réponse à une famille qui conjugue depuis ce sinistre jour, le verbe ATTENDRE. Pas de corps, pas de possibilité de faire son deuil. Des questions, Où? Comment? Quand? Pourquoi? Mais pas de réponse.

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Seitenzahl: 119

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Remerciements

dream team, mon pic magistral : MYRIAM et EMMA

J'adresse une fois encore mes vifs remerciements à mes deux partenaires de travail.

À Myriam, qui corrige, redresse, complète mes phrases bancales, enrichit ma prose, la décrypte pour la rendre plus audible, lisible, compréhensible pour le lecteur. C’est la Champollionne de mes romans !

Pour la contacter : www.editeonline.fr

Vous découvrirez à cette occasion mon autre partenaire la graphiste Emma Coulon qui sait mieux que quiconque traduire magiquement les mots en images.

J'admire sa palette. Mes couvertures lui doivent tout.

Pour la contacter : zulfygraphik.com

Soyez-en toutes deux remerciées !

Je vous dédie ce roman

SO-SO et PIAROSE

Merci pour vos précieux documents, photographies, souvenirs, sans oublier les merveilleuses heures passées avec vous.

« L'attente m'a permis d'analyser cette douloureuse période de ma vie et de retrouver une certaine sérénité ».

PIAROSE

Table des Matières

PREMIER CHAPITRE

OÙ ? QUAND ? POURQUOI ? COMMENT ?

OÙ ?

QUAND ?

POURQUOI ?

COMMENT ?

DEUXIÈME CHAPITRE

UN FILS, UN PERE, UNE MÈRE

LE FILS

LE PERE

LA MÈRE

TROISIÈME CHAPITRE

UN LONG VOYAGE

LES GRANDS – PARENTS

QUATRIÈME CHAPITRE

LE PÈRE

LA MÈRE

CINQUIĖME CHAPITRE

L'ATTENTE

SIXIÈME CHAPITRE

LE PROÈLLA

SEPTIÈME CHAPITRE

LE CONSTAT

LES TROIS AUTRES FAMILLES

DOCUMENTS ET ANNEXE

PROLOGUE

21 JUILLET 2019

Le sous-marin La Minerve a été porté disparu le 27 janvier 1968 au large de Toulon, emportant avec lui cinquante-deux hommes à son bord. Quelques années plus tard, le 4 mars 1970, c'est au tour du sous-marin l'Eurydice de disparaître, cette fois au large du cap Camara, non loin de Saint-Tropez, avec cinquante-sept hommes à son bord. L'épave de l'Eurydice ne sera localisée que le 22 avril 1970, reposant à une profondeur de 750 mètres. Au moment de sa disparition, il effectuait des manoeuvres militaires. Ces deux sous-marins d'attaque conventionnels, de type Daphné, portaient respectivement les numéros de coque S 647 pour La Minerve et S 644 pour l'Eurydice.

Le temps a passé et cinquante-et-un ans se sont écoulés avant que l'épave de La Minerve ne soit finalement retrouvée. Le 21 juillet 2019, à 19 h 37 précises, les restes du navire ont été découverts. L'épave gît à une profondeur de 2230, voire 2350, voire 2370 mètres, selon la source. Le bâtiment s'est brisé en trois morceaux, rappelant trois cercueils.

Les médias se sont déchaînés et l'exécutif s'est réjoui de cette découverte. Des cérémonies officielles ont été organisées en l'honneur des familles des disparus. Le 14 septembre, sur la terre ferme, aux monuments des sous-mariniers de Toulon, l'occasion a été donnée de comprendre la nuance entre marins et militaires.

Le 15 septembre, en pleine mer, loin au large de Toulon :

Le porte-hélicoptère, le Tonnerre, se dirige vers l'emplacement précis où reposent les cinquante disparus, morts en service au service de la nation.

Le bâtiment blanc se détache et se découpe sur le bleu de la mer, irréel. À son bord, on retrouve la ministre, Madame Parly, ainsi que les officiers, sous-officiers et matelots en tenue d'apparat. Les familles se tiennent légèrement à l'écart, rassemblées, silencieuses et dignes.

La ministre prononce un discours, suivi d'une jetée de fleurs en mémoire des hommes qui ont péri en mer au service de la nation. Enfin, un court échange : « Chères familles, je ne pourrais imaginer », etc., après l'hommage rendu aux militaires. Il était temps ! Fermez le ban !

Je m'interroge, et je suis partagé entre la Marine nationale qui a enfin réussi à localiser et les familles que l'on félicite pour leur ténacité, leur persévérance pendant cinquante ans. Je n'oublie pas ce malheureux homme qui suit à quelques mètres de distance sur son embarcation, seul. Il a refusé de monter à bord. « Pourquoi suis-je encore en vie, alors que j'aurais dû faire partie de cet équipage ? Pour des raisons indépendantes de ma volonté, je ne me trouvais pas à bord avec mes camarades. »

J’éteins la télévision que j'avais exceptionnellement allumée. Depuis longtemps, j'ai banni tous les journaux télévisés, les chaînes d'informations, etc. Serait-ce l'opium du peuple ? Je me tourne vers mon épouse pour lui demander :

― Ta collègue doit être soulagée de savoir enfin où repose son frère, n'est-ce pas ?

― Mon pauvre, tu te trompes, son frère a disparu bien plus tard à l'est de Toulon, près des îles d'Hyères.

― Ah, vraiment ?

Je viens d'apprendre cette tragique histoire qui phagocyte la vie de toute une famille.

La situation en France, en Europe entre 1968 et 1980

Permettez-moi de vous présenter une vue d'ensemble de cette période. Cet éclairage différent peut faciliter les recherches et permettre d'envisager de nouvelles hypothèses afin de résoudre ce tragique fait divers, désormais oublié.

En 1962, les Russes installent des rampes de missiles sur l'île de Cuba. En 1977, Djibouti déclare son indépendance vis-à-vis de la France. La même année, Hans Martin Schleyer, ancien nazi notoire devenu patron des patrons, membre du parti démocrate-chrétien, est enlevé et assassiné en République fédérale d'Allemagne par la Faction Armée Rouge. En 1978, Aldo Moro, chef des Démocrates Chrétiens Italiens, est enlevé et assassiné par les Brigades Rouges. La France est également touchée par la marée noire de l'Amoco Cadiz, considérée comme la catastrophe écologique du siècle. Le sinistre des Los Alfaques survient également, avec l'explosion d'un camion-citerne qui fait 243 morts dans un camping.

En 1988, les troupes russes, qui avaient envahi l'Afghanistan en 1979, se retirent sous l'ère de Krouchtchev.

En France, la méfiance envers les Russes atteint son paroxysme. Les navires de pêche russes arborent de multiples antennes, semblables à des cannes à pêche, en Méditerranée, notamment au large de Toulon, qui est le centre névralgique du commandement militaire. En 1968, lorsque La Minerve est portée disparue, je sais déjà que, malheureusement, la vérité ne sera jamais révélée. Je pourrai même mourir paisiblement sans connaître les réponses : POURQUOI ? COMMENT ? avant que cette affaire ne soit résolue. Il est à noter que le ministre de l'Intérieur à cette époque n'est autre que Marcellin.

Les titres de presse de l'époque révèlent des éléments troublants liés à cette tragédie :

Rencontre avec un autre sous-marin (de préférence russe)

Collision avec un navire de surface ; l'état de la mer est qualifié de « formée »

Explosion à bord

Équipage et commandement de « faible niveau », etc.

Face aux demandes d'enquête de la part des familles et des représentants des citoyens, l'armée et le gouvernement répondent systématiquement : SECRET DÉFENSE ! Cela rappelle étrangement les enjeux actuels de vente de nos sous-marins, même en Australie !

En ce qui concerne le tragique événement de la disparition des quatre jeunes membres d'équipage du voilier Le Krischel 1, retrouvé vide sur l'île de Porquerolles, je suis pessimiste, et le mot est faible. Avant d'examiner les documents, les coupures de presse, les témoignages et les procès-verbaux de la gendarmerie, il est important de mettre ces trois affaires en perspective : La Minerve, l'Eurydice et Le Krischel 1.

L'Eurydice a été rapidement retrouvé et localisé, tandis que La Minerve a suscité la lutte acharnée de cinquante-deux familles regroupées, désireuses de connaître l'endroit OÙ reposent leur père, leur mari, leur fils, leur petit-fils, etc. De l’autre côté, quatre familles qui étaient unies se dispersent, dépourvues de moyens médiatiques et confrontées à des difficultés financières.

Que pèsent quatre morts ou disparus ? Peu, voire très peu. Même après plus de cinquante ans depuis la catastrophe de La Minerve, aucune information n'a filtré quant aux causes et aux conséquences de la disparition du sous-marin. S'agissait-il d'une défaillance de la barre ? D'une mauvaise conception du schnorchel ? D'une entrée d'eau lors de la rétractation des antennes ? Ou bien d'un problème gyroscopique ?

Je vais tenter de découvrir comment ces quatre jeunes hommes ont disparu sans laisser de traces. Pas de corps, pas de certitude.

Ce drame s'est déroulé il y a quarante-trois ans, dans la nuit du 6 au 7 avril 1978. Il ne reste que peu de témoins, certains étant même devenus amnésiques. J'ai une seule piste de départ, une seule famille à qui je vais demander si elle accepte que je tente de trouver : Qui ? Où ? Quand ? Comment ? ces quatre jeunes hommes ont disparu.

PREMIER CHAPITRE

OÙ ? QUAND ? POURQUOI ? COMMENT ?

Voici les quatre questions auxquelles je vais tenter de trouver des réponses pour mener mon enquête. J'adresse un courrier électronique à ma source pour obtenir son consentement et essayer de recueillir un maximum de documents, de photographies, d'archives, de témoignages, d'anecdotes, etc. Je me retrouve rapidement en possession d'une belle liasse de documents variés.

Je commence ma lecture par les articles de presse du Nice-Matin, datés du 8 avril 1978. Afin de compléter ma recherche, je soumets une demande au journal La Marseillaise, étant donné que le bateau est immatriculé à Marseille et amarré à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône. Les documents 9, 19-1 et 19-2 en annexe.

Après avoir lutté contre tous les automates et répondeurs téléphoniques, je parviens enfin à joindre une voix humaine ! Malheureusement, j'apprends que suite à d'importantes inondations, de nombreux journaux archivés ont été perdus à cette époque ou sont inexploitables ! Ah, que puis-je faire ? On me suggère de m'adresser aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, dont on me communique le numéro de téléphone. Cela me rappelle que certains veulent nous convertir à l'IA, aux algorithmes, etc. Merci, les petites voix.

Je prends contact avec les archives où des êtres humains répondent, aimablement, de manière très sympathique et rapide. Mes respects, Mesdames.

Les articles de journaux reçus, je commence ma lecture.

L'équipage du voilier était composé de quatre personnes. Ils ont été rapidement identifiés grâce aux documents retrouvés à bord. Christian Delseth, fils du propriétaire et receveur des P&T à Marseille. Denis Renaud, originaire d'une île de l'Atlantique. René Riou, originaire des Bouches-du-Rhône. Éric Bruneau, originaire du Vaucluse. À l'exception de Bruneau, qui est étudiant en recherche scientifique dans un lycée au Lavandou, les trois autres sont élèves officiers à l'École Nationale de la Marine Marchande, également connue sous le nom d'ENMM, à Marseille, surnommée « l'Hydro » par les initiés.

Ils embarquent à bord du voilier Le Krischel 1, dont l'orthographe varie d'un article à l'autre, d'un quotidien à l'autre. Christelle, Krichel. Le nom du bateau s'avère être la contraction des prénoms des garçons du propriétaire.

Pour tenter de trouver mes réponses, je vais m'adresser aux personnes que je surnomme « les invisibles ». Ceux qui ont choisi de ne plus communiquer, de ne plus agir pour faire éclater la vérité et la lumière. Ceux qui ne répondent pas à mes appels, ceux qui vivent dans le déni et se renferment, s’aigrissent incapables du moindre « coming out ».

J'ai contacté en vain l'office du tourisme, la mairie, la gendarmerie d'Hyères qui a répondu négativement, mais qui au moins a répondu (merci), le port de Cannes qui est passé de la Chambre de Commerce à une société privée (plus d'archives, trop anciennes…), les photographes d'Hyères (pas de réponse, silence radio) et de Porquerolles (plus d'archives et trop anciennes), une « photographe » de Marseille qui ne m’a apporté aucune réponse, et les assureurs du voilier : une affaire trop ancienne ! Plus de dossier ni de photos.

Il est indéniable que ma récolte se révèle extrêmement maigre. La transition du papier au tout numérique a été une bonne raison de faire disparaître les cadavres des placards et des caves, et de ne pas avoir à répondre ni à fournir d'éléments utiles aux enquêteurs.

OÙ ?

Le voilier, immatriculé à Marseille, se trouve à son port d'attache à La Ciotat. Il mesure 7,50 mètres de long, il a une coque blanche, tout comme sa grand-voile et son foc. La destination du voilier, mentionnée dans les témoignages, est-elle Cavalaire ou Cannes ?

Le Krischel 1 quitte le port de La Ciotat le 3 avril pour une mini-croisière de cinq jours (document n° 2, voir annexe). Plusieurs informations le confirment.

Il est fait mention d'une escale à Sanary, puis à Saint-Tropez le 5 avril. À 20 h 40, le voilier retourne à Cavalaire pour y passer la nuit, comme le prouve un document (document n° 1, voir annexe).

Le 6 au matin, le Krischel 1 reprend la mer. Cela est confirmé par des témoins. Il quitte le port vers onze heures, avec un vent d'Est de 5 à 6 noeuds1.

Vers 14 heures, le guetteur du sémaphore du Cap Bénat aperçoit un voilier à l'est du cap, à environ 4 milles nautiques. Tout laisse penser qu'il s'agit du Krischel 1. Sa navigation est « normale » lorsqu'il sort du champ de vision du guetteur.

Vers 15 heures, il devrait se trouver à environ 1 mille nautique de l'île de Port Cros. Logiquement, on peut penser que le voilier fera escale peu après quinze heures, soit au port de Port Cros, soit dans une anse pour y mouiller. Les parents de Delseth ont donné pour consigne de ne pas naviguer de nuit.

Nous avons une seule certitude : le voilier ne s'est pas rendu d'une traite au Cap Rousset (lieu où il sera retrouvé échoué). La distance de vingt milles nautiques demande au moins cinq heures de navigation pour être parcourue. Alors, pourquoi le voilier a-t-il été signalé vers 16 h 30 à la pointe Rousset ? Je constate régulièrement que la fiabilité des informations que j’ai est limitée.

Le 7 avril, la météo de France-Aéro indique un vent de Nord-Est de 3 à 4 noeuds, se renforçant en soirée à 4,5 noeuds, avec une mer agitée. Rien d'extraordinaire.

Lors de son échouement, le voilier flottait encore entre les rochers, à environ deux mètres de la terre. Le mât était intact, et la grand-voile était enroulée.

« Ferler » signifie relever une voile, pli par pli, et la serrer le long d'une vergue à l'aide d'un ruban de serrage appelé « raban de ferlage ». Ce détail confirme que cette opération ne peut être réalisée rapidement. Le voilier sera retrouvé à Porquerolles, près de la pointe des Langoustiers.

Le cap Rousset, où il aurait été aperçu, se trouve plus au nord-est. Cependant, de nombreuses incertitudes et des témoignages peu fiables persistent à ce sujet.

La seule certitude est que Cavalaire reste le dernier point de départ du voilier. Un avis de passage daté du 5 avril 1978 en atteste. Il est reparti le 6. Sur le document est inscrit :

Venant de Saint-Tropez, qu'il a quitté le 5 avril.

Allant à : Sanary-sur-Mer.

Nombre de personnes à bord : Quatre. (Document n°1, voir annexe)

Les cartes permettant de retracer et de suivre le périple du voilier sont annexées à la fin de l'ouvrage. (Documents n° 2 et 3, voir annexe)