Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Un vent de panique souffle sur la ville de Lomé. Plusieurs habitants sont touchés par une étrange épidémie : leurs vêtements ont pris une horrible teinte jaune fluo ! Par quel mystère ces vêtements sont-ils devenus fluo ? Et pourquoi certains habitants sont-ils épargnés par ce mystérieux phénomène de vêtements fluo ? Il n'en faut pas plus pour piquer la curiosité des quatre camarades inséparables qui décident de mener l'enquête pour tirer cette affaire au clair...
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 132
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Chapitre 1 : La plaisanterie d’Issaka
Chapitre 2 : La nouvelle invention de Raïssa
Chapitre 3 : L’épidémie de vêtements fluo
Chapitre 4 : Des élèves et des clients mécontents
Chapitre 5 : Une grande manifestation
Chapitre 6 : Femi n’est pas dans son assiette
Chapitre 7 : L’usine de Monsieur Gouni
Chapitre 8 : Une première piste
Chapitre 9 : Détective Issaka entre en scène
Chapitre 10 : De retour à l’usine
Chapitre 11 : Une filature mouvementée
Chapitre 12 : Une très grande frayeur
Chapitre 13 : L’orage
Chapitre 14 : Une découverte décisive
Chapitre 15 : Une interminable attente
Chapitre 16 : Les pièces du puzzle s’assemblent
Chapitre 17 : Une bonne leçon
La plaisanterie d’Issaka
― N’oubliez pas de réviser la leçon de mathématiques pour lundi! recommanda Maîtresse Dédé avant de refermer son manuel.
De corpulence moyenne, elle portait l’une de ses tenues favorites, une belle robe en tissu bogolan1, et de larges lunettes aux montures rouges.
Dans la classe, un sourire impatient flottait sur le visage des élèves de CE2, tous habillés de l’uniforme à carreaux verts de l’école primaire Bella Bellow. Dans quelques minutes, la cloche de l’école devait sonner pour annoncer la fin des classes.
Tandis que la maîtresse s’assurait que le rangement des affaires se faisait dans le calme, Raïssa se pencha vers Femi.
― Es-tu toujours partant pour notre réunion? lui chuchota-t-elle à l’oreille.
Femi rajusta ses lunettes à l’aide de son index.
― Bien sûr, chuchota-t-il en retour. J’ai attendu cette réunion toute la semaine. Je ne pourrai pas attendre un jour de plus!
― Génial! Ça fait des semaines que je travaille sur ce nouveau projet. J’ai si hâte de vous montrer le résultat…
― Silence, les enfants! rappela à l’ordre Maîtresse Dédé. Je vous signale que la cloche n’a pas encore sonn…
Driiiinnnngggggggg!!!
Pour le plus grand bonheur des enfants, la cloche de l’école commença à retentir, à ce moment précis, ne laissant pas le temps à la maîtresse de terminer sa phrase.
― Youpi! C’est le week-end! se réjouirent plusieurs élèves.
― Au revoir, Maîtresse Dédé! s’exclamèrent d’autres élèves qui se hâtaient déjà vers la porte. A lundi!
Un sourire amusé apparut sur les lèvres de la maîtresse qui secoua lentement la tête.
― Bon week-end, les enfants! s’écria-t-elle en suivant ses élèves du regard. À lundi!
Un joyeux brouhaha accueillit Raïssa et Femi dans la cour où un flot d’élèves, tous vêtus de l’uniforme de l’école, se pressaient vers la sortie.
Certains élèves, plus petits, couraient retrouver leurs parents devant le portail, tandis que d’autres, qui étaient assez grands pour rentrer seuls, prenaient aussitôt le chemin de la maison.
En cette fin d’après-midi, il faisait encore très chaud même si le soleil déclinait lentement à l’horizon. Raïssa et Femi s’abritèrent sous un grand manguier, devant l’école, pour attendre leurs amis.
Bientôt, Issaka vint les rejoindre après avoir pris congé de ses camarades de classe.
― Olufemi Richard! s’exclama-t-il d’une voix théâtrale.
― Zak! protesta Femi en jetant des coups d’oeil inquiets autour d’eux. Qu’est-ce qui te prend de m’appeler ainsi?
Issaka, qui ne manquait jamais une occasion pour faire des plaisanteries, éclata de rire, visiblement satisfait d’avoir mis Femi en colère.
― Quel est le problème, Richard? N’est-ce pas ainsi que ta tante t’appelle?
― Arrête, intervint Raïssa. Tu sais bien que Femi déteste qu’on l’appelle par son deuxième prénom.
― J’ai beau essayer, je ne comprends toujours pas pourquoi. Presque tout le monde sait déjà que Femi s’appelle aussi Richard.
― Et c’est bien à cause de toi! pesta Femi en fronçant les sourcils.
― Certainement pas! C’est plutôt la faute de ta tante. Comme moi, tous les élèves de l’école qui habitent notre quartier l’entendent crier tes deux prénoms tous les jours.
Issaka se racla la gorge avant de reprendre :
― Olufemi Richard! As-tu fini de balayer ta chambre? s’écria-t-il en essayant d’imiter la voix de Tanti Ashakê, la tante de Femi. Olufemi Richard! Où donc as-tu rangé la boîte de gari2?
― Ça suffit, Zak! s’énerva encore Femi. Ce n’est vraiment pas drôle…
― Salut, les copains! s’écria une voix familière derrière eux.
Les trois amis se retournèrent et virent Abidé qui avançait dans leur direction, le visage radieux.
― Désolée d’avoir traîné, j’aidais Monsieur Yacoubou à ranger des livres.
― Ce n’est pas grave, répondit Raïssa. Maintenant que tu es là, nous pouvons y aller!
Leurs sacs sur le dos, les enfants se mirent aussitôt en marche. Le trajet en direction d’Agoè Assiyéyé, le quartier où ils habitaient, ne devait durer qu’une dizaine de minutes.
Les quatre amis veillaient toujours à emprunter le sentier de terre rouge qui bordait la grande route goudronnée et se tenaient à bonne distance des voitures et des taxis-motos.
Habitués au trajet, ils ne voyaient jamais le temps passer car ils avaient toujours des histoires à se raconter.
Ce jour-là, Abidé qui était d’humeur joyeuse, comme à son habitude, se mit en tête de leur raconter sa journée dans les moindres détails. Mais au bout de quelques minutes, elle interrompit son récit.
― Il s’est passé quelque chose? demanda-t-elle, ayant remarqué que Raïssa et Femi étaient peu bavards.
― Rien de grave, répondit Raïssa. Zak s’est encore amusé à appeler Femi « Richard ».
― Oh, ce n’est que ça! déclara Abidé d’un ton espiègle. Eh bien, je crois que le moment est venu. Femi va pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce en l’appelant aussi par son deuxième prénom.
Le regard furieux, Issaka remua son index sous le nez d’Abidé.
― Je te préviens, Ab’z, si tu ne tiens pas ta langue, tu auras affaire à moi!
― Comment? s’étonna Femi. Issaka aussi a un deuxième prénom?
― Il en a même trois! s’empressa d’ajouter Abidé. Je le sais parce que Monsieur Yacoubou me laisse parfois faire l’appel en classe. J’ai donc pu lire les prénoms sur le registre. Et j’avais déjà prévenu Zak que s’il embêtait encore Femi au sujet de son deuxième prénom, je dévoilerais le sien!
― On veut tout savoir! s’impatienta Raïssa. Allez, Abidé, dis-nous tout!
― Ab’z… menaça encore Issaka en plissant les yeux.
― Le deuxième prénom de Zak, reprit Abidé qu’aucune menace n’avait jamais arrêtée, c’est… Eh bien, c’est… Nadjombé!
― Grrr… Si je t’attrape! s’emporta Issaka tandis qu’Abidé lui échappait habilement avant de courir se réfugier derrière Raïssa.
― Bah quoi? demanda-t-elle en tirant la langue. Ce n’est plus très drôle quand ça te concerne, pas vrai?
― Tu ne perds rien pour attendre… grogna Issaka d’un air mauvais.
Les quatre copains arrivèrent en vue d’une maison dont les murs étaient surmontés d’une jolie haie de fleurs de bougainvillier roses. C’était la maison de Raïssa.
― Ça alors! s’exclama Femi en affichant un large sourire. Tu nous as fait de sacrées cachotteries, Monsieur Issaka Nadjombé!
― Hé! Je t’interdis de m’appeler comme ça!
― Alors, je t’interdis aussi de m’appeler Richard. D’ailleurs, désormais, à chaque fois que tu m’appelleras Richard, moi aussi je t’appellerai Nadjombé. Tu l’auras bien cherché!
― Et si vous arrêtiez un peu vos chamailleries? soupira Raïssa. Zak, aurais-tu oublié que j’ai prévu de vous dévoiler mon nouveau projet aujourd’hui?
― Je n’ai rien oublié du tout! Mais d’abord, il faut que je grignote quelque chose si je veux tenir jusqu’au dîner…
Issaka jeta un coup d’oeil gourmand en direction de l’étal d’une vendeuse de botokoin3 qui se trouvait près de la maison de Raïssa.
D’ailleurs, en cette fin de journée, il n’était pas le seul à avoir le ventre creux. Un petit groupe d’enfants se pressait déjà devant l’étal, impatients d’échanger quelques pièces d’argent contre de gros beignets dorés et appétissants.
― Tu ne penses vraiment qu’à manger! le taquina Abidé.
― Peut-être bien! Mais comme l’a dit Monsieur Yacoubou ce matin : ventre affamé n’a point d’oreilles. Si tu l’avais écouté au lieu de rêvasser, tu le saurais aussi!
― Pour une fois que tu retiens les enseignements de Monsieur Yacoubou… riposta Abidé.
― Ha ha ha! rigola Femi. Ça se voit que tu meurs d’envie de manger ces beignets, Zak. Va en acheter puis rejoins-nous après. Au fait, Raïssa, je ne pourrai pas rester longtemps ce soir car j’ai promis à ma tante d’amener le maïs chez le meunier et je ne tiens pas à me faire disputer.
― Ahah! s’écria Issaka, le regard farceur. Dis plutôt que tu ne veux pas que tout le quartier l’entende t’appeler Olufemi Rich…
Se rendant compte, un peu tard, de ce qu’il allait dire, il écarquilla les yeux avant de pouffer de rire.
― Oh… Hé hé! Ne fais pas attention à ce que je disais, Femi.
― Je préfère ça. N’oublie pas que moi aussi je peux t’appeler Nadj…
― Stop! Hé hé… C’est toi qui avais raison. Je ferais mieux d’aller acheter quelques beignets!
Il fit quelques pas en avant sous le regard rieur de ses camarades avant de se retourner.
― Au fait, demanda-t-il, quelqu’un d’autre veut des beignets?
1 Le bogolan est un tissu originaire d’Afrique de l’Ouest. Fabriqué à partir d’une toile de coton, il est recouvert de motifs dessinés à la main avec des colorants naturels (argile, plantes).
2 Le gari est une farine obtenue à partir de tubercules de manioc.
3 Les botokoin sont des beignets sucrés à base de farine de blé, très répandus dans plusieurs pays d’Afrique sous d’autres noms : gbofloto (Côte d’Ivoire), mikaté (Congo), dôko (Bénin), puff puff (Nigéria) etc.
La nouvelle invention de Raïssa
Un quart d’heure plus tard, lorsqu’Issaka sonna à la porte de la maison de Raïssa en mordant avec gourmandise dans un beignet, ce fut Tanti Ina, la mère de son amie, qui lui ouvrit.
Issaka trouvait que Tanti Ina était toujours simplement, mais élégamment, habillée. Mais ce qu’il aimait le plus chez elle, c’était sa gentillesse.
― Bonjour Tanti Ina!
― Bonjour Issaka! Entre donc et referme bien derrière toi, répondit la mère de Raïssa avant de se hâter vers la terrasse.
Assis à une grande table, Aïda et Eli, la petite soeur et le petit frère de Raïssa étaient occupés à faire des coloriages.
― Emporte ceci avec toi, ajouta Tanti Ina en tendant un plateau à Issaka. Je vous ai préparé des gobelets de jus d’ananas frais, de quoi vous désaltérer avec cette chaleur.
― Merci beaucoup, Tanti Ina!
Le plateau dans une main, le sachet de beignets dans l’autre, Issaka se dirigea vers la chambre de Raïssa. Il était presque arrivé devant la porte lorsqu’il entendit la voix de Femi.
― Wow! s’émerveillait ce dernier. Raïssa, cette navette spatiale est tout simplement époustouflante!
― Tu ne voulais pas plutôt dire phénoménale? intervint Issaka en pénétrant dans la chambre.
Son ton était volontairement taquin car l’expression favorite de Femi était : c’est phénoménal!
Dès qu’il se passait un truc qui sortait de l’ordinaire ou qu’il trouvait génial, Femi ne pouvait pas s’empêcher de s’exclamer : c’est phénoménal!
Il utilisait tellement cette expression que ses amis avaient fini par lui donner le surnom de Monsieur Phénoménal.
― Avec quoi l’as-tu fabriqué? demanda Abidé, le regard tout aussi admiratif.
Non peu fière de sa création, Raïssa afficha un sourire heureux.
― Merci les amis! J’ai utilisé du carton et du vieux papier à journal que mon père garde dans notre débarras.
Raïssa nourrissait une grande passion pour les sciences. Elle passait souvent des heures à réaliser des expériences scientifiques ou à fabriquer des objets en tous genres.
― J’ai aussi utilisé un peu de colle et de scotch pour faire tenir le tout, poursuivit-elle. J’étais si impatiente de vous montrer le résultat!
― C’est vrai qu’elle n’est pas mal du tout, cette navette, complimenta également Issaka. Tu as fait de sacrés progrès. Je la trouve beaucoup plus réussie que les précédentes!
― Merci, Zak! se réjouit Raïssa. Je dois avouer que j’étais un peu découragée par mes précédentes tentatives. J’étais même tentée de laisser tomber. Mais mes parents m’ont expliqué que c’est en réessayant, encore et encore, que je pourrais m’améliorer. Il paraît que c’est ce qu’on appelle la persévérance.
― Persévérance? répéta Femi avant d’ouvrir son sac pour en sortir un petit dictionnaire de poche.
Femi adorait rechercher la définition des mots dans son dictionnaire de poche. Il lui arrivait donc très souvent de l’emporter avec lui.
― Ah! s’exclama-t-il après l’avoir feuilleté. La persévérance est l’action de persévérer. Euh… (Il retourna à la page précédente.) Persévérer veut dire… Continuer de faire, insister, s’obstiner…
― Ah la la, Femi et sa manie des définitions! soupira Issaka.
― Hi hi hi! rigola Femi. Avoue que toi non plus tu ne connaissais pas la définition exacte du mot « persévérance ». Tu devrais me remercier!
― Merci, Femi dictionnaire!
Issaka se pencha en avant pour regarder la navette de plus près.
― Humm… Raïssa, quand tu disais que tu avais mis un peu de colle et de scotch, ce n’était pas tout à fait vrai!
― Hé hé! fit Raïssa en affichant un sourire gêné. Tu as raison. En réalité, j’en ai mis une très grande quantité!
― Fais attention, Zak, recommanda Abidé. Il ne manquerait plus que tu tâches la navette avec tes doigts pleins d’huile.
― Pour qui me prends-tu? Je suis loin d’être maladroit et je n’avais pas l’intention de la touch…
Catastrophe! Issaka avait parlé en bougeant le plateau et l’un des gobelets de jus venait de se renverser sur le sol, éclaboussant au passage la robe d’Abidé.
― Oh non! se lamenta cette dernière. Et voilà que ma robe d’école est recouverte d’affreuses tâches par ta faute!
― Oups… Désolé, Ab’z! se défendit Issaka.
Il s’empressa de poser le plateau sur le bureau avant d’attraper quelques mouchoirs en papier pour tamponner la robe de son amie et nettoyer le sol.
― Je vais me faire gronder par ma mère… se plaignit encore Abidé. Je suppose que tu es fier de toi?
― Pourquoi serais-je fier d’avoir taché ta robe?
― Parce que tu n’as pas apprécié que je dévoile ton deuxième prénom à nos amis et tu as voulu te venger! Voilà pourquoi!
― Voyons, Ab’z, tu sais bien que si j’avais voulu me venger, j’aurais trouvé beaucoup mieux que de simplement tacher ta robe avec du jus. Mais comme le dit souvent mon père : à quelque chose, malheur est bon! Tu devrais plutôt te réjouir car, sans le faire exprès, je viens de te donner le prétexte parfait pour utiliser cette lessive que tu aimes tant. Que disais-tu déjà, l’autre jour? Ah oui!
Issaka afficha un sourire taquin.
― La lessive Adi-Déka est la meilleure du monde! s’exclama-t-il en essayant d’imiter la voix de son amie. Cette lessive sent aussi bon qu’un champ entier de marguerites!
L’instant d’après, il courait d’un bout à l’autre de la chambre pour échapper à Abidé qui le poursuivait, sous le regard rieur de Raïssa et Femi.
À bout de souffle, Abidé finit par s’arrêter.
― De toute façon, je me fiche de tes moqueries. Je n’ai aucune raison d’avoir honte d’utiliser la lessive Adi-Déka! Elle est fabriquée à base de produits naturels et je pense que toi aussi, tu devrais l’utiliser.
― Moi? Jamais de la vie! Je ne tiens pas à sentir aussi bon qu’un champ entier de marguerites…
L’attention des quatre amis se reportait sur la navette spatiale de Raïssa lorsqu’une voix lointaine les coupa dans leur élan.
― Olufemi Richard!
Issaka pouffa de rire tandis que Femi s’empressait d’attraper son sac d’école, car la voix qu’ils venaient d’entendre était celle de sa tante.