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À la mort du grand maître, Robertino, jeune apprenti architecte à L’Atelier Le Corbusier, accompagne le cercueil qui part de Roquebrune Cap Martin, plage où Le Corbusier, suite à une crise cardiaque, s’est noyé dans la Méditerranée, jusqu’à la cour du Louvre pour l’hommage lyrique d’André Malraux, en passant par le couvent de la Tourette près de Lyon, l’Atelier Le Corbusier à Paris et le retour des cendres au cimetière de Roquebrune. Devant le cercueil, Robertino se revoit petit garçon de 12 ans, légèrement rebelle sur la côte niçoise, il croise par hasard l’architecte en vacances qui va lui tendre la main et l’aidera et le conseillera jusqu’au bout...
C’est l’histoire (vraie) et édifiante de ce jeune garçon qui deviendra architecte (grâce à la loi Malraux sur les acquis de l’expérience) et en même temps l’histoire de ce site (Villa Eileen Gray, L’Étoile de mer, Le Cabanon) d’où partiront les plus grandes conceptions de Le Corbusier (Chandigarh, Ronchamp, Cité radieuse), logé dans sa « Cabane ». Ce récit théâtral, subtilement écrit permet de rendre palpable l’émotion de la transmission dans ce qu’elle peut avoir d’énergie enthousiasmante, d’effort de tolérance et de faculté de résilience, et deviendra la base d’un spectacle mis en scène par Jean-Luc Paliès pour la Cie Influenscènes.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Louise Doutreligne est l’auteure d’une trentaine de textes dont
Petit’pièces intérieures (Actes Sud-Papiers),
Les jardins de France (Quatre Vents)
les Séductions Espagnoles,
Sublim’Interim (L’Amandier),
La Bancale se balance (Théâtrales), des fictions radiophoniques et un roman
Trapèze au
cœur (Les Moires 2019). Spécialiste de l’adaptation théâtrale, ses dernières créations remarquées au festival d’Avignon Carmen Flamenco d’après Mérimée et Bizet (2017, 2019 et 2022) et Vienne1913 les PrémiSSes du pire d’après Alain Didier Weill (21, 22).
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LOUISE DOUTRELIGNE
LA CABANE DE L’ARCHITECTE
Ou la main tendue de Le Corbusier
Récit Théâtre
Projet finaliste du prix Sarane Alexandrian 2022 de la Société des Gens de Lettres (SGDL Paris)
Préface
Le double titre donne déjà à comprendre différents niveaux des liens que l’autrice va nouer dans son récit, et donner à voir sur scène.
D’abord le lien entre l’espace et le « Maître », entre Charles-Edouard Jeanneret, architecte autodidacte, et son milieu. Il a choisi Paris contre La Chaux de Fonds, Le Corbusier contre son patronyme de naissance, enfin la Méditerranée et son soleil contre les montagnes grises de son enfance.
Puis, lui l’homme qui tente d’associer toute sa vie la rectitude de la verticale et la plasticité de ses œuvres puristes, il impose comme symbole d’humanité la main tendue, ouverte, sculpturale sur les places publiques, ou en bas-relief des murs en béton des bâtiments de pouvoir et des institutions qu’il construit dans le monde.
Et métaphoriquement, cette main, son épouse facétieuse lui demande de la tendre à ce jeune adolescent rencontré au bord de la Méditerranée, le fils de l’aubergiste Rebutato. Le Récit prend alors tout son sens.
Le Corbusier sort à peine, en cette année 1949 de ce qu’il considère comme une traversée du désert, une parenthèse malheureuse, la guerre, et se prépare à prendre sa place dans l’œuvre de la reconstruction, avec des modèles d’habitat collectif qu’il étudie et façonne depuis des années ; ce qui produira les « unités d’habitation de grandeur conforme ».
Chaque mot compte.
La grandeur du cabanon qu’il imposera au père de Robertino, accroché à l’Étoile de mer, est bien conforme à sa métrique de l’espace, son Modulor, 3,66m x 3,66m.
Ce « château sur la Méditerranée » qu’il offre à Yvonne, avec vue imprenable sur la lointaine Monaco dont elle est originaire, c’est sans doute également son refuge, sa façon de s’ancrer sur un bout du territoire du sud qu’il chérit, tout en nouant une histoire d’amitié avec la famille entière du jeune Robertino.
Ce Récit Théâtre donne ainsi à voir et à comprendre non seulement une face inattendue de l’architecte qui atteint enfin la possibilité de réaliser, de construire ses projets les plus fous, ainsi la « maison du fada » à Marseille ; mais surtout les ressorts intimes qui ont déterminé sa pensée et son action. Son territoire natif c’est une ville « nouvelle », reconstruite après un incendie, industrieuse, créatrice d’horlogerie artisanale de qualité, insérée dans les grands paysages du Jura Suisse. Ses voyages de formation auxquels l’engage son maître d’étude L’Eplattenier, tant en Europe qu’en Orient lui ouvrent des horizons tant matériels que spirituels, mais une partie de son être reste marqué par son pays, son art associant précision, arts nouveaux et nature.
Lorsqu’il rencontre Robertino, il lui propose un itinéraire de vie, et pas seulement l’architecture ; pas exactement son itinéraire à lui, mais malgré tout une confrontation à la vie valant formation.
Et c’est cet itinéraire que nous revivons alors que Robertino accompagne son Maître vers sa dernière demeure ; nous mesurons alors l’intensité du message que porte Le Corbusier par-delà son caractère parfois naïf ou mécaniste.
Il place au-dessus de tout le lien qui unit l’homme et son milieu de vie.
Ce lien-là fait brûler en lui le désir de bien faire, pour les autres, tous les autres, avec si possible l’appui des puissants, tous les puissants. Il est animé par une forme de vitalisme rude ; non pas celui qui inspire aujourd’hui les défenseurs du vivant. Mais celui de clamer sa vérité au monde en créant des œuvres totales.
Ce Récit, qui « n’est pas un roman » illustre, grâce au théâtre de Louise Doutreligne et à la mise en scène de Jean-Luc Paliès, l’épopée de l’habitat et de la ville traditionnelle vers le logement social et l’urbanisme moderne dans leur basculement entre le XIXe siècle européen et la France de l’après deuxième guerre mondiale. Robert Rebutato, sa famille, son conducteur de travaux, son moine bénédictin, son colonel, sont autant de personnages qui donnent chair et sens à l’évocation des trente glorieuses ; leur itinéraire qui croise celui de Le Corbusier et son épouse, d’André Malraux, de Charlotte Perriand et Mario Botta, c’est le juste retour de la vie dans le théâtre de la société reconnue.
L’émotion nous saisit encore aujourd’hui lorsque nous faisons l’expérience des architectures de Le Corbusier ; l’émotion est là lorsque Robertino fait don du terrain de l’Étoile de mer permettant à la Cabane de l’Architecte d’être classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Il accomplit le vœu de son Maître, il honore celui qui l’a pris par la main faisant de lui un architecte aguerri, et ses cendres reposent là où tout a commencé.
Cloud de Grandpré
Architecte dplg urbaniste
Membre de l'académie d'architecture
Président du réseau des maisons de l'architecture 2007/2015
Conseiller de l'ordre des architectes : Idf 2002/2007 et national 2007/2013
Personnages
Mario Botta, jeune élève architecte
Robertino
Le Corbusier
Le Père (Robert, le père de Robertino)
Yvonne, épouse Le Corbusier
Anfosso, architecte entrepreneur immobilier à Nice
Client achat appartement Nice
Lagrifoul, conducteur de travaux région parisienne
Le père Willigers, moine dominicain
Le Colonel de la caserne d’Avignon
Le Fellagha Algérie
Le Lieutenant Algérie
André Malraux, ministre de la Culture
Alain Tavés, architecte
Magda, épouse de Robertino
Charlotte Perriand, architecte
Commanditaire de Pierre Maurois
Tout se déroule en réalité dans la tête de Robertino remettant à vif sa mémoire suite au choc causé par la mort brutale de son « guide » Le Corbusier.
Pour la scène, les personnages peuvent être pris en charge par cinq interprètes : Le Corbusier, Robertino (peut être dédoublé en Robertino enfant et Robertino adulte), et deux autres interprètes « Fregoli » pour tous les autres personnages.
I – MORGUE DE ROQUEBRUNE/
SURGISSEMENT DE LE CORBUSIER
MARIO BOTTA (interpelle)
Robertino Robertino !…
ROBERTINO (Lunettes de soleil)
Place San Marco Venise. Plein soleil. 27 Août 1965. J’ai 28 ans. Jeune apprenti architecte de « l’Atelier Le Corbusier » à Paris, je m’apprête à aller dîner avec mes collègues pour continuer à discuter du projet de construction du futur hôpital de Venise, conçu par le Maître sur lequel nous travaillons, et en pleine place San Marco noire de monde…
MARIO BOTTA
Robertino ! Robertino, t’es pas au courant, t’écoutes pas la radio ? Faut que tu rentres tout de suite, on te demande de rentrer, Le Corbusier vient de décéder à 11 heures ce matin sur la plage de Roquebrune… Une crise cardiaque dans la Méditerranée…
ROBERTINO