La paix dans mon royaume - Sonia Cheniti - E-Book

La paix dans mon royaume E-Book

Sonia Cheniti

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Beschreibung

La dame Mouna n’est qu’une femme aux milles ruses. Elle se fait déjouer au dernier moment par le jeune prince. Avec l’aide du mage Tagarzit ; dont les pouvoirs magiques très étendus lui permettaient à tout moment de connaître et savoir les secrets de la vie; il put établir la paix entre deux royaumes.


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Sonia cheniti

 

 

 

LA PAIX DANS MON ROYAUME

 

 

 

 

« Vous voulez la paix : créez l’amour. »

Victor Hugo

 

 

Fantastique

Illustration graphique : Graph’L

Images : Adobe Stock

Éditions Art en Mots

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dédicace 

 

À la mémoire de mon père, et à ma mère, qui m’ont appris par l’exemple, en tant que métisse, à aimer les personnes quelle que soit leur origine.

Avant-Propos

 

Au sud de la Tunisie, dans les eaux bleues de la petite Syrte, se baigne l’une des plus anciennes îles de la Méditerranée. Elle était considérée dans l’antiquité, comme une plaque tournante et une liaison entre l’Afrique et le reste du monde.

Déjà au temps des Puniques, lorsqu’elle s’appelait encore Meninx elle était un véritable relais où les barques et les navires carthaginois venaient chercher les énormes jarres de miel et les amphores d’huile.

Meninx fut longtemps une capitale maritime pour les Romains. Grâce à ses ports de Trebkhana, Hadria et Ajim, dont les vestiges sont encore visibles, les felouques y mouillaient pour charger poteries fruits, poissons, éponges, coquillages, étoffes, soie et pourpre.

Cette île fut aussi connue par Ulysse, puisque Homère, au VIIIème siècle av. J.-C., la qualifiât d’île des Lotophages, l’île des fruits délectables du loto. Ulysse le Grec et ses compagnons, attirés par le charme des sirènes jusqu’à ses rivages, avaient goûté les lotos « et sitôt que l’un d’eux goûte les fruits de miel, il ne veut plus rentrer » (Odyssée). De nos jours, l’île est connue sous le nom de Jerba, mais à l’époque dont nous parlons elle s’appelait l’île de phla, dit-on. Il y régnait un éternel printemps et une population berbère l’habitait. Ce peuple se plaisait à labourer ses champs avec la charrue en bois, à complanter ses vergers d’arbres fruitiers et à soigner les plantes qui produisaient des fleurs d’une grande beauté. Ainsi, les prairies étaient riantes et toute la surface du sol était couverte de diverses couleurs brillantes : dorée quand il s’agissait du blé ou de l’orge, rouge ou blanche quand il s’agissait du coquelicot ou de la fleur du lys.

 

CHAPITRE 1

 

Le Roi Maghzel

 

 

On raconte que, il y a de cela bien longtemps, l’île de Jerba s’appelait L’île de Phla. On dit aussi qu’en ce temps-là un jeune roi berbère régnait sur cette île heureuse. Maghzel, car c’est ainsi que se nommait ce bon roi. Il était juste et droit ; il gouvernait sagement et avec beaucoup de clairvoyance. Il était très connu pour son bon sens et sa fine politique. Ses rapports amicaux avec tous les princes voisins avaient permis aux habitants de l’île de vivre dans l’opulence et de goûter les bienfaits de la paix.

Ce bon roi Maghzel avait pour seuls plaisirs le sport et la chasse. Il était si bon chasseur que rares étaient les bêtes qui lui échappaient, aussi bien sur terre que dans les airs et même dans l’eau. Il s’y connaissait très bien en pièges et toutes façons d’attraper le gibier et de tirer. Il possédait un attirail complet : pièges, filets, lacets, javelots, lances, épieux, trappes, arcs et flèches.

Un jour, après l’audience et le déjeuner, quand tout le monde au palais s’était retiré pour faire la sieste, le roi, qui était très fatigué par toutes les tracasseries du pouvoir, sortit dans son jardin pour y jouir d’un moment de tranquillité. Complètement abattu, il se laissa tomber par terre, mais la matinée du roi avait été tellement chargée qu’il ne put, en raison de son esprit bien agité, ni méditer, ni apprécier le gazouillis des oiseaux. Aussi, fort énervé et bien las, le roi comprit-il que ce n’était pas la peine de rester encore longtemps sous l’ombre des tamaris…

Après un petit moment d’hésitation, il s’écria :

— Palefrenier, prépare-moi le pur-sang le plus rapide de mon écurie.

Et quand le valet se présenta avec le meilleur cheval, le roi lui ordonna d’aller chercher son matériel de chasse. Il choisit un arc, se munit d’un carquois plein de flèches et partit au trot puis au galop vers l’oasis de El-Waha(1).

Peu de temps après, il arriva près d’une source, lieu favorable pour l’affût, car toutes sortes d’animaux venaient s’y abreuver. Enchanté par cet endroit paradisiaque, le roi quitta aussitôt sa monture pour se promener au milieu de cette végétation infinie d’où se dégageait, avec la fraîcheur du jour, un parfum subtil. Puis le roi s’assit sous un grenadier fleuri pour écouter la mélodie de ses feuilles agitées par la brise d’air frais et le chant de l’eau douce qui coulait partout sous ses pieds…

C’est alors qu’un regard fortuit lui fit découvrir une bête qui trottait dans les allées courtes et ombragées. Et, d’une allure majestueuse, cette bête avançait vers la source.

Le roi se dit :

— Quel beau gibier !

 

 

(1) Oasis de El-waha : El-Waha est un village situé à Jerba.

 

Et très, très vite il reprit son arc, ses flèches et se cacha derrière un laurier rose, attendant, le moment venu pour suspendre la pauvre bête et lancer sa flèche… mais plus la bête s’approchait de l’endroit où le chasseur était camouflé et plus la surprise du roi grandissait ! Il constata que cette bête était d’une rare beauté : c’était, en effet, une gazelle de couleur miel, au poil magnifique, soyeux et luisant.

Frappé par la splendeur et les mouvements gracieux de cette gazelle plus fragile qu’un papillon, le roi Maghzel renonça à son geste et il prit la décision de ne pas abattre cette douce bête. Et le bon roi se dit :

— Tuer cette gazelle, c’est aussi faire mourir ses enfants, qui, peut-être en ce moment même, parcourent l’oasis en tous sens dans la désolation et les larmes.

Et ce fut une idée bien sage. Ainsi, la ravissante bête put se désaltérer à son aise et faire sa toilette dans l’eau limpide de la source. Après avoir apprécié le grand bien-être que procurait à son corps cette eau fraîche, la belle gazelle reprit sa route, toute quiète, pour bientôt retrouver ses enfants et toute sa famille.

Émerveillé par la grâce de la gazelle, le roi chevaucha à sa suite jusqu’à ce que l’agile petite créature disparût dans la profondeur des taillis.

Attiré par ce spectacle qui offrait paix et douceur à son âme, le roi continua à errer dans la campagne. Il vit de beaux vergers, et admira le blé et les fleurs qui paraient les champs.

Ainsi, sans but précis, il se promenait avec pour seule idée voir et connaître. Cette chevauchée à travers la campagne de son royaume le conduisit devant un menzel (3), maison de campagne dissimulée par des palmiers géants. Ce menzel n’avait rien de spécial, sauf qu’il était grand, carré et enduit de lait de chaux. Sa haute muraille était percée d’une porte cochère joliment ouvragée. Seul, cet ouvrage artistique d’une grande valeur attira l’attention du roi Maghzel ; il s’approcha de la porte pour mieux déceler toutes les caractéristiques de cette fine sculpture. Elle était si bien exécutée que le roi examina longuement cette porte magnifique.

Ce n’est qu’au bout d’un long moment de contemplation que le roi ordonna à son cheval de poursuivre sa route. Chemin faisant, le roi continuait à penser à la splendeur de cette oasis qu’il venait de découvrir. C’est alors qu’une forte impression envahit son esprit : il vit subitement, surgir devant lui une fille souple et fraîche comme une colombe. C’était une bédouine (2) (paysanne) d’une beauté sans égal. Et cette beauté, qui défierait l’éclat du soleil, remplissait le cœur du roi de tendresse.

Le roi arrêta son cheval et sauta à terre ; il se dirigea vers la belle bédouine et lui saisit les mains, qui tenaient une gargoulette pleine d’eau, aux anses semblables au cou du cygne.

Devant cet inconnu, la bédouine sentit ses jambes se dérober sous elle et ne put maîtriser ses mains tremblantes. Quant au roi, il demeurait en face de cette merveilleuse créature, sans bouger. Il restait muet d’étonnement. Enfin, il remplit le silence et dit :

— Ô belle, qui es-tu ? D’où viens-tu ? Que fais-tu ici ? Et où vas-tu ?

Avant que la bédouine de soi revenue de sa stupeur, le roi poursuivit :

— N’aie crainte, qui que tu sois, d’une pauvre ou d’une riche famille, noble d’origine ou d’origine obscure, je veux faire de toi…

Prise par la peur, la bédouine, qui ne savait pas à qui elle avait affaire, réussit à se dégager et se sauva comme un gibier fuyant la flèche du chasseur, pour regagner sa demeure. Et la bédouine disparut plus vite qu’une goutte d’eau sur la dune de sable en plein désert. Quant au roi, il courut, courut à perdre haleine et ce ne fut qu’après l’avoir perdue de vue qu’il s’arrêta… complètement épuisé, il revint à l’endroit où son cheval l’attendait.

Brûlant d’impatience, il se remit à la recherche, en faisant le tour du menzel et à l’appeler d’une voix haute :

— Ô toi qui es belle comme le jour, reviens, reviens !

Las de crier en vain, le roi se précipite vers la porte de la maison et commença à frapper de toutes ses forces… soudain, une voix rauque sortit par la serrure :

— Qui est là ?

— Ouvre sans peur, ô aimable personne, répondit le roi.

La voix ajouta :

— Pourquoi ? Que me veux-tu ? Et que viens-tu faire chez moi ? Je suis veuve et sans homme à la maison. Ô étranger, je ne puis t’ouvrir.

Les coups redoublèrent et l’amoureux se mit à hurler :

— Ouvre ou bien j’enfonce la porte de ta demeure ! Je suis le roi Maghzel !

Prise par la crainte, la pauvre vieille veuve tourna la clef et entrebâilla la porte et le roi franchit le seuil de la maison. Il se trouva, après avoir traversé le vestibule, dans la cour à ciel ouvert.

 

Tandis que la vieille femme se lamentait et se demandait l’objet d’une telle visite, le roi Maghzel se dirigea vers la chambre principale…

Quand il eut fini de chercher en vain sa belle bédouine, bien cachée, le roi s’assit et se mit à réfléchir et à murmurer, parlant pour lui-même :

— Il faut que je la retrouve et la punisse sévèrement… où est-elle partie, ô, mon Dieu ?

Pendant de longues minutes, la vieille resta immobile à regarder le roi d’un œil moqueur puis elle lui dit :

— Ô seigneur, ta visite m’a comblée de joie et suis très honorée par ta présence dans ma modeste demeure et cependant, que ta bonté me pardonne si je te demande l’objet de cette visite. As-tu remarqué quelque chose de particulier dans ma demeure ?

Le roi Maghzel approuva de la tête les paroles de la vieille paysanne.

— Qu’a pu remarquer mon Seigneur ? insista-t-elle.

— Ô bonne mère, répliqua Maghzel, j’ai vu entrer en ta demeure une douce et belle créature…

Après quelques instants de silence, le roi fronça les sourcils et reprit :

— Dès que je l’ai remarquée - et comment n’aurais-je pas remarqué cette beauté ? - j’ai juré de la prendre pour épouse et de l’emmener dans mon palais.

La vieille dame savait trop que, si elle continuait son jeu, elle risquerait de déchaîner la redoutable colère du roi et elle déclara enfin :

— Il s’agit peut-être de ma fille, mon unique enfant…

Le roi se leva et lui demanda paisiblement :

— Où l’as-tu cachée ?

Toute tremblante, la vieille lui répondit :

— Ne vois-tu pas, ô, roi, que je suis une personne d’un âge très avancé et que j’ai vraiment besoin de l’aide de mon enfant chérie et bien-aimée pour mes vieux jours ? Non, je ne veux pas que tu me la prennes, ô, bon roi !

Mais ni ses pleurs ni ses supplications n’empêchèrent le roi impatient de crier :

— Parle vite, te dis-je !

Les yeux pleins de larmes, la malheureuse mère, le cœur rongé d’inquiétude pour son sort, se tourna, la main tendue dans la direction d’une antichambre camouflée par un gros tapis, et elle ordonna à sa fille chérie Tlelaïz de quitter sa cachette.

La surprise cloua le roi sur place pendant quelques instants lorsqu’il vit la lumineuse beauté réapparaître devant lui. Puis il revint vers la vieille et lui dit avec un grand soupir :

— Merci, ô bonne mère ! C’est elle, en effet, que j’ai aperçue. Ô heureuse mère, continua le roi, j’ai trouvé la fille que j’attendais et que j’aime. Je veux faire d’elle ma reine et celle de mon pays, car cette merveilleuse beauté est digne de mon amour et de ma couronne. Venez avec moi, je vous emmènerai dans mon palais !

— Ô, noble roi, répondit la vieille, nous irions dans ton palais si notre condition n’était pas celle des pauvres paysannes.

Le roi s’approcha de la vieille dame, sourit et lui répondit :

— Ô mère, sache que votre venue dans mon palais ne pose aucun problème, car votre vaillance est digne de moi. Oui, de moi, le roi de l’île de Phla… rassurez-vous, je ne vous amènerai pas à mon palais par pitié et j’ai l’intention de te demander, en toute simplicité, la main de ton enfant chérie pour laquelle je suis prêt à affronter les plus grands périls ! Ô aimable mère, ne me demande pas d’attendre davantage la réponse, car les minutes seront, pour moi, longues comme des années !

— Ô, seigneur, lui dit-elle, bien que ce que tu me demandes aille au-delà de tous mes rêves pour le bonheur de ma fille, je ne puis me prononcer sans son accord.

Et la vieille dame s’adressa à sa fille :

— Ô, Tlelaïz, tu as entendu toutes les bonnes paroles et l’honorable proposition du roi. Puisqu’il va s’agir de ton propre sort, réponds toi-même à notre roi.

On vit alors le visage serein de Tlelaïz se colorer vivement et sur son front pur se dessina un trait de colère. Elle hésita un moment et enfin rétorqua :

— Ô mère Memissa, tu sais que je t’ai toujours obéi, mais sois encore bonne : ne me pousse pas à épouser le noble et brave roi Maghzel ! Puis elle fixa les yeux sur le roi et lui dit :

— Ne crois pas, ô, seigneur, que je ne sois pas heureuse de gagner ta faveur, mais as-tu au moins songé à ma modeste condition ? Toi, le roi, ajouta-t-elle, comment peux-tu unir ta destinée à celle d’une bédouine d’origine obscure ? Ô, mon bon roi, ce que tu m’offres est plutôt digne d’une femme de naissance heureuse et de ton rang.

Le roi Maghzel considéra longuement la belle bédouine puis il s’avança vers elle et lui tendit la main :

— Ô lumière de mes yeux, je n’ai point le désir de revenir sur ma parole royale. Ce que je t’ai est dit et toutes ces considérations n’ont pas d’importance à côté de l’amour que j’ai pour toi. L’essentiel, c’est que nous soyons heureux. Voilà ce qui compte. Es-tu satisfaite ?

Et la vieille Memissa, étonnée, mais heureuse, exigea alors l’obéissance de sa fille, car elle sentait que le discours du roi avait fait vibrer de joie le cœur de son enfant.

En effet, sur le visage radieux de la tendre Tlelaïz, qui tentait d’effacer ses larmes blanches comme des grêlons, se dessinait un vrai sourire angélique. La jeune fille sourit et le visage du roi revêtit une expression d’intense plaisir. Il s’approcha de sa fiancée et lui murmura :

— Viens à moi, ô soleil de mon cœur !

Il la prit par la main et ils partirent tous ensemble.

Après une longue marche sous un soleil doux, à travers les champs tapissés de fleurs, dans un air pur et embauché, ils arrivèrent au palais royal.

Dès qu’ils en eurent franchi le seuil, des servantes vêtues de blanc conduisirent la jeune fille et sa mère au hammam (4) où leur corps put apprécier le bien-être du bain de vapeur. Les bédouines furent émerveillées par le mouvement de l’eau qui jaillissait de nombreuses fontaines d’albâtre. Puis, Tlelaïz, le cœur anxieux, passa la nuit au palais avec sa mère.

 

**

 

Le lendemain, après le bain parfumé, elles furent amenées dans une grande chambre où brûlaient des aromates ; là, des jeunes filles vêtirent la vieille Memissa d’une robe de soie, qui sentait le jasmin et la belle Tlelaïz eut une robe bleu-vert transparente comme les vagues de la mer sous les rayons de la lune, déesse de la nuit. Elle eut des perles précieuses pour orner ses fins cheveux aux boucles plus noirs que le khôl.

On lui mit sur les épaules un manteau pourpre richement brodé de fils d’or et, quand elle fut habillée et chaussée, de charmantes demoiselles la conduisirent à travers le palais jusqu’à la salle du trône.

L’ensemble offrait un aspect aussi réjouissant qu’agréable, car les habits, les joyaux ajoutaient leurs vives couleurs à la merveilleuse beauté de Tlelaïz, pour le grand plaisir des yeux…

Pourtant quand elle entra dans la salle du trône, le roi et toutes les personnes qui l’entouraient trouvèrent la jeune bédouine bien plus admirable encore que toutes les choses avec lesquelles on l’avait parée.

Le roi, les yeux fixés sur la magnifique Tlelaïz, se leva et l’aida à s’asseoir sur un trône en bois d’olivier sculpté avec une grande finesse. Le roi Maghzel s’assit à côté d’elle et aussitôt commença le défilé des invités, tous en riches habits de cour. Ils se courbèrent devant leur roi et sa belle.

Tandis que cette cérémonie se déroulait, les tables furent installées et garnies de divers tajines au parfum délicat. Et quand cela fut fait, le roi Maghzel et Tlelaïz se dirigèrent vers la salle à manger, suivis des nombreux convives, qui se précipitèrent pour apprécier cette cuisine bien épicée et déguster les entremets.

Le service fut fait par les jeunes filles les plus gracieuses de l’île, vêtues de rouge. À la fin du repas, d’autres, vêtues de vert et de jaune, vinrent verser, selon la coutume, l’eau de rose sur les mains de tous les invités. Elles offrirent aux dames de l’extrait de fleurs et aux hommes des bouquets de jasmin.

Après quoi, le roi Maghzel se leva et, dans un grand silence, dit à ses invités :

— Ô nobles amis, je vous annonce que cette jeune fille est désormais votre reine. Demain, notre mariage sera célébré… Je déclare que les cérémonies sont ouvertes !

Tout le monde applaudit joyeusement et les cris de you-you s’élevèrent au milieu des murmures d’approbation. Et les fêtes commencèrent et elles durèrent une semaine, pendant laquelle tous les hôtes furent nourris et logés au palais.

Ces gens heureux passèrent leur temps à s’amuser et à assister à des jeux divers. Les plus grands magiciens accomplissaient des prodiges ; les charmeurs de serpents faisaient danser leurs cobras au son de la flûte ; les jongleurs chevaliers de la fantasia exécutaient, sur le dos des chevaux fougueux, des acrobaties avec une habileté extraordinaire… Il y eut d’autres spectacles mille fois plus amusants. Et la semaine passa ainsi, les journées pendant lesquelles le peuple put admirer un très beau et très grand mariage.

Donc, l’union fut célébrée dans la joie et tout le monde était si émerveillé par la beauté de la reine Tlelaïz, par le charme et la bonté du roi que, pour honorer ses souvenirs, le peuple prit la décision d’appeler deux villages voisins situés au sud-ouest d’El-Mahboudine : Maghzel et Bébouine.

Et, encore de nos jours, on continue à désigner par Bédouine et Maghzel ces deux villages, qui se trouvent au sud-ouest de l’île de Jerba.

 

CHAPITRE II

 

Bou-Chaouat