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Laure, dans des échanges poétiques et philosophiques, tente de se découvrir dans les regards des autres...
"Une pièce sombre où la nuit tombe comme avant d’aller mourir.
Une bougie posée sur la table éclaire le milieu, souligne les ombres vacillantes.
Une femme pressée traverse l’espace, le pas frappe le sol avec une hâte contrariée. Derrière la porte, enveloppée, dans un châle, une très jeune fille assise, immobile, joue l’absente."
La peau sonore de la nuit, ce sont des chemins qui se croisent, se rencontrent pour mieux se quitter, des images qui s'apprivoisent, se reflètent pour mieux s'effacer.
Des échanges profonds qui nous questionnent sur la condition humaine, sur nos relations avec les autres et nous-mêmes, et qui appellent à la réflexion et méditation.
EXTRAIT
Laure
Je voudrais un miroir pour m’y réfléchir et non me regarder. Un miroir silencieux, concis qui répondrait à mes interrogations non pas d’une manière affirmative, mais avec tact et nuances.
Ce que l’on perçoit est-il si différent de ce que l’on voit ?
Ce que l’on appréhende du regard doit en gommer l’appréciation des autres sens. Je voudrais écouter avec les yeux. Ont-ils une couleur ? Sont-ils blancs comme ceux des morts-vivants ? Sont-ils clos ?
Mes doigts les disent ouverts. La paupière est mobile. Ils bougent. Cela indique en dehors de l’ouïe d’où vient le bruit. Avec ce mouvement oculaire, je peux le montrer comme si je le voyais. Ce mouvement est un semblant de regard. Suis-je jolie, dame pressée. Remarque, je sais bien que ce ne sont pas les miroirs qui le disent.
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Seitenzahl: 24
La peau sonore de la nuit
Le récitant
Une pièce ombre où la nuit tombe comme avant d’aller mourir.
Une bougie posée sur la table éclaire le milieu, souligne les ombres vacillantes.
Une femme pressée traverse l’espace, le pas frappe le sol avec une hâte contrariée. Derrière la porte, enveloppée, dans un châle, une très jeune fille assise, immobile, joue l’absente.
La femme pressées’arrête, stupéfaite
Je n’ai cessé de t’appeler et d’avoir peur. Laure, pourquoi ce silence en plus ?
Laure
En plus de quoi ?
La femme pressée
En plus de cette maison vide et froide, de tes yeux sans lumière et de cette ironie qui me blesse.
Laure
Ainsi, malgré les tourments que je t’inflige, tu me cherches lorsque tu espères m’avoir perdue.
La femme pressée
Tu m’accuses de tous les contraires. Ne suis-je pas ton ange-gardien, la suivante de ton ombre ?
Laure
Ta précipitation m’égare. Je ne sais si tu me précèdes ou si tu me poursuis. Je n’ose me déplacer par crainte de la traque, tel un gibier que l’on talonne. Je sens ton souffle court escorté d’une haleine fétide. Tu ne sens pas bon. Tout déplacement est périlleux. L’incertitude de ma démarche n’est que secondaire.
Rien ne me rassure dans ta solitude inquiète.
La femme presséese justifiant
Tu es si imprévisible. Que me demandes-tu ?
Laure
Je voudrais un miroir pour m’y réfléchir et non me regarder. Un miroir silencieux, concis qui répondrait à mes interrogations non pas d’une manière affirmative, mais avec tact et nuances.
Ce que l’on perçoit est-il si différent de ce que l’on voit ?
Ce que l’on appréhende du regard doit en gommer l’appréciation des autres sens. Je voudrais écouter avec les yeux. Ont-ils une couleur ? Sont-ils blancs comme ceux des morts-vivants ? Sont-ils clos ?
Mes doigts les disent ouverts. La paupière est mobile. Ils bougent. Cela indique en dehors de l’ouïe d’où vient le bruit. Avec ce mouvement oculaire, je peux le montrer comme si je le voyais. Ce mouvement est un semblant de regard. Suis-je jolie, dame pressée. Remarque, je sais bien que ce ne sont pas les miroirs qui le disent.
La femme presséeun peu agacée
Nous n’avons que faire de ces futilités. Tu n’aurais que tes regrets ou pire des prétentions.
Le récitant
Laure se lève, se dirige vers la fenêtre, l’ouvre, l’air frais caresse son visage. Elle laisse volontairement glisser son châle. La femme pressée ne bouge pas.
Laure
On dit que le toucher est plus précis quand le regard est manquant. Il perçoit la forme, la texture, le déplacement des choses plus que le mouvement. Celui-ci est une chorégraphie du geste, une forme musicale rien que pour les yeux.
Les perceptions comme l’odorat, l’ouïe, le toucher, informent le corps en privilégiant ce qui doit être atteint. L’investigation est précise, mais non globale.
Certaines explorations intimes sont interdites.