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Tout aussi personnel qu'universel, doux que bouleversant, "La randonnée du coeur" est un récit poétique qui dépeint le cheminement intérieur menant à l'acceptation et la rencontre de soi. "j'ai arpenté mon monde touché de près le vide j'ai gravi les sentiers glissé sur la rosée j'ai marché sans répit porté toutes mes douleurs pour faire de cette vie la randonnée du coeur"
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Seitenzahl: 38
Veröffentlichungsjahr: 2023
« Je voudrais réussir à être ici sans me sentir ailleurs. Non pas fuir, mais arriver, enfin. »
Adèle Van Reeth, La vie ordinaire
J’ai créé ma personnalité autour du goût des mots. Ils ne voyaient, à travers ce repli sur le papier, qu’une forme de bizarrerie, je n’y trouvais que ma normalité. Je ne savais que contempler le monde, dépeindre les silhouettes qui traversent les rues, observer en détail leurs ombres en mouvement. Je tentais, de la pointe de mon stylo, d’écrire l’ineffable merveille que m’offrait la réalité. Je ne m’épanouissais pourtant que dans l’imagination, la rêverie et l’étourdissement. Les idées étaient, pour moi, des papillons de nuit, qui se réveillent par milliers, chaque soir, et meurent au petit matin. Je savourais le goût du rien, qui n’était à mes yeux, qu’un tout. Je luttais contre une réalité si belle, qu’elle m’était impossible à vivre, mais si bonne à rêver. Une peintre à l’encre noire, qui, d’un brouillon de vie, souhaitait effleurer le chef-d’oeuvre. Je ne voulais rien faire, si ce n’était vivre de l’évasion offerte par la solitude et par les frivolités du monde. Rien ne comptait plus que le voyage intérieur de mon esprit. Je ne vivais que de l’autre côté de la vitre, dans le train infini de mon imagination. Me laissant pour compte, à errer, passagère dans le wagon de l’existence dont j’étais la protagoniste. Je ne vivais pas, je regardais les autres vivre, et par ce biais, je créais une réalité invisible, qui ne prenait forme qu’à travers l’écriture. Peut-être, pensais-je, n’étais-je destinée qu’à cette vie irréelle, agrémentée d’aventure en pensées ? Quand s’essoufflerait donc l’imaginaire, pour accepter de souffrir du réel ? Ou bien, était-ce cela, la réalité ? Créer, dès la naissance, son monde de fiction.
Pour comprendre tout ce qui se cachait de l’autre côté de mon monde, pour donner forme au visage du réel, il m’était nécessaire de toucher à l’aventure. Je décidai alors, un sac sur le dos, rempli d’un peu de vie, de pertes et de mots, d’arpenter mes chemins intérieurs, et ceux aux abords ; de parcourir tous les décors, ceux de mon imaginaire et ceux bien réels au dehors.
Quelques avalanches, quelques hors-pistes, quelques sentiers, quelques découvertes, mais surtout une lumineuse clairière. Voilà tout ce qui m’attendait, tout ce que s’apprêtait à m’offrir la vie : ma plus belle randonnée, celle du monde, celle du coeur, tout un parcours en paradis, accompagné de mes douleurs.
je me suis toujours sentie
comme une randonneuse solitaire
mon sac d’émotions sur le dos
à la recherche d’un coin
où me sentir à ma place
enfin
mais ça c’était avant que
je ne comprenne que la vie
est une marche sans fin
que cette course que je vis
n’est que
La randonné du coeur
avalanche
hors-piste
sentiers
découvertes
clairière
Assez rapidement, je compris que pour atteindre la clairière dont je rêvais tant, pour pouvoir toucher du bout des doigts la lumière ardente du soleil, il me serait nécessaire de connaitre les autres visages du monde. Il fallait donc me contraindre à les vivre, en me plaçant en leur coeur.
C’est ici que prirent place les premiers obstacles, les premières larmes, et surtout les premières déchirures d’espoir. Parce que oui, avant de commencer cette ascension intérieure, de comprendre les mécanismes pour surmonter toutes les douleurs, il fallait se nourrir d’espoir. Mais comme toutes substances que l’on s’autorise à consommer, il faut accepter en contrepartie qu’elle touche l’éphémère. Il était donc nécessaire de trouver la clé pour réapprovisionner les stocks tout au long de cette aventure, ne jamais être à court d’espérance et de persévérance. Car quoi de plus puissant pour parcourir les chemins de son monde, que de se nourrir de sa force d’esprit ?
La machine à persévérer en place, je n’avais plus qu’à affronter l’obstacle tant redouté : l’avalanche. Celle de mon monde, de mes peurs, de mes pertes, de mes émotions, de mes déceptions, de mes angoisses et de tous ces bonheurs qui trépassent.
il m’a demandé pourquoi
je n’écrivais pas sur le bonheur
je lui ai répondu
qu’il était difficile
d’avoir la plume heureuse
quand on a toujours écrit
avec l’encrier de la tristesse
je suis née l’âme en peine
la vie heureuse
la joie au bord des lèvres
les larmes au coin des yeux
je suis née
bonheur qui se mélange
à douleur
joie qui désaltère
coeur noyé de mélancolie
je suis née de travers
sur les rives d’un fleuve
qui rencontre l’océan
la tête dans l’eau douce