La science, même pas peur - Marima Hvass-Faivre d'Arcier - E-Book

La science, même pas peur E-Book

Marima Hvass-Faivre d'Arcier

0,0

Beschreibung

Marima Hvass-Faivre d'Arcier explique ce qu’est la Conclusion Locale Provisoire et l’intérêt de l’enseignement des sciences aux jeunes enfants

Réalisé en collaboration avec l’association 1, 2, 3, sciences, cet ouvrage vise à exposer la méthode pédagogique de la Conclusion Locale Provisoire ou comment l’on peut apprendre par l’expérience. Comment l'appropriation des savoirs et des savoir-faire dont on est acteur, voire auteur, peut garantir un apprentissage qui fait sens, qui est utile, utilisable et pérenne, puisque permettant à l'apprenant le réinvestissement et l'autonomie. Ludique et dynamique, il réveille en chacun, féru ou phobique de sciences, la curiosité et l’envie d’apprendre, d’essayer, de comprendre par soi-même.

Une intéressante réflexion sur l’apprentissage des sciences dès le plus jeune âge

EXTRAIT

« Les sciences : un apprentissage inutile ? » C’est la question provocatrice posée par P. Léna et Y. Quéré dans un article du quotidien La Croix (le 24 février 2015). Et ils continuaient dans le même registre décalé : « l’essentiel, pour les enfants étant d’apprendre à maîtriser la langue, ne leur faisons pas perdre du temps avec une matière dont, en proportion massive, ils n’auront pas l’usage plus tard. » Ce point de vue, combien de fois l’ai-je entendu avec ses variantes : « Pourquoi voulez-vous faire des sciences avec des jeunes enfants ? Ils auront bien le temps de les apprendre au Lycée ! », tant l’utilité des sciences pour le grand public parait contestable. Combien de fois ai-je entendu déclarer qu’on pouvait vivre sans les sciences, que c’était une question de goût, d’intérêt, ou plutôt de désintérêt : on ne voit pas à quoi cela peut servir quand on n’est pas scientifique.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Passionnée de pédagogie, la transmission des sciences, au grand public a été le cap de toute mon activité professionnelle. J’ai cherché à développer la pratique des sciences dans la vie quotidienne par tout un chacun à tous les âges. Cette idée fixe s’est manifestée comme enseignante de Sciences Physiques au Lycée, comme parent-accompagnateur dans une Ecole Nouvelle, comme formatrice à l’IUFM et à l’Université en Maîtrise Pluridisciplinaire. Enfin comme créatrice et animatrice pédagogique de l’association 1, 2, 3, sciences. – Marima Hvass-Faivre d'Arcier

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 111

Veröffentlichungsjahr: 2016

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Marima Hvass-Faivre d’Arcier

La Science, même pas peur !

L’effet CLP (Conclusion Locale Provisoire)

Quelques repères biographiques :

Titulaire d’une maîtrise de Physique et de Chimie et du CAPES de Sciences Physiques, j’ai été enseignante en physique et chimie au Lycée.

De plus, j’ai enseigné (je préfère « transmis ») les sciences et la démarche associée :

– Pendant 18 ans, à des enfants de 5 à 11 ans, dans le cadre d’ateliers et de Projets Pédagogiques à l’École Nouvelle d’Antony.

– Pendant 2 ans en IUFM formation des Professeurs des Ecoles.

– Pendant 2 ans en Licence Pluridisciplinaire à l’Université Paris 11, Faculté des Sciences d’Orsay.

et pendant une quinzaine d’années, en tant que formatrice d’adultes, dans le cadre de l’association 1, 2, 3, sciences que j’ai créée en 1999.

Je suis auteur ou co-auteur d’une vingtaine d’ouvrages pour l’enseignement et la vulgarisation des sciences.

AVANT-PROPOS

Autant dire tout de suite que je suis passionnée par l’apprentissage de la pratique des sciences. Mes activités professionnelles ont toutes été tournées vers la transmission des sciences, aussi ai-je beaucoup réfléchi à ce qui pouvait améliorer son efficacité. D’autant que j’ai constaté au quotidien leur utilité aussi bien par les modes de raisonnement auxquels elles m’ont entrainées que par les connaissances acquises.

Du point de vue didactique : j’ai pu repérer ce qui dans la manière traditionnelle d’aborder les mouvements ou l’électricité par exemple, pouvait constituer pour les élèves de tous âges, des obstacles. Au sein de l’association 1, 2, 3, sciences1, particulièrement, j’ai utilisé ces observations pour imaginer d’autres approches tout en conservant les exigences de la démarche scientifique.

Du point de vue de la pédagogie : l’Education Nouvelle m’a apporté de nombreuses réponses sur la façon dont on apprend. J’ai vu comment la prise en compte collective de l’expérience et la participation au débat scientifique favorisent l’appropriation des savoirs et de savoir-faire dont on est acteur, voire auteur, garantissant un apprentissage réussi qui fait sens, qui est utile, utilisable et pérenne. Cette collaboration montre bien que c’est à plusieurs qu’on apprend tout seul2.

La Conclusion Locale Provisoire procède de ces réflexions didactiques et pédagogiques. J’ai pu en observer la remarquable efficacité pour tous les publics, petits ou grands, enfants ou adultes, scientifiques ou non, et ceci sans avoir peur ! car cet apprentissage réussi permet à l’apprenant le réinvestissement, l’autonomie, même modeste, mais indispensable pour que l’apprentissage des sciences lui serve à quelque chose.

. Vous trouverez des renseignements sur l’association1, 2, 3, sciencesen cliquant ici

. S. Cornac et S Fontdecaba dans Les Cahiers Pédagogiues N°505

Un outil original : la Conclusion Locale Provisoire

Définition

La Conclusion Locale Provisoire ou CLP, est la trace à laquelle parvient un groupe de personnes, enfants ou adultes, après un débat à partir d’observations et d’expériences faites en commun, un jour donné. Ce savoir scientifique, aussi petit soit-il, est l’aboutissement de la démarche que l’on a faite et lui donne son sens.

La CLP permet de comprendre les énoncés de concepts scientifiques ou de lois, mais surtout comment on les a construits. L’usage de la CLP facilite une meilleure appréhension des notions et des lois scientifiques. Plus encore, élaborer une CLP au sein d’un groupe apprend aussi à mener soi-même une démarche scientifique valide. Enfin, la CLP entraine à réfléchir, argumenter, critiquer, synthétiser des idées, en un mot à pratiquer les sciences en collaborant.

Mon parcours professionnel dédié à la transmission des démarches scientifiques m’a convaincue que la pratique de la science est particulièrement appropriée pour entraîner les personnes d’un groupe à coopérer. En effet, l’association 1, 2, 3, sciences pratique la CLP depuis 15 ans, avec des groupes riches d’âges, de personnalités et de trajectoires. C’est pourquoi dans ce texte, j’ai souhaité multiplier les points de vue, intégrer des témoignages3…

Enfants ou adultes, nous avons tous besoin de nous situer dans le monde qui nous entoure, de nous y adapter, comment pourrait-on faire autrement ! En effet, savoir qu’il y a des causes et des effets et que les deux sont liés, cela responsabilise et sécurise. On a besoin de s’appuyer sur les faits, sur ce qu’on a observé, reconnu, ce qui va se reproduire, pour orienter nos actions. La CLP met en jeu vos sens et votre cerveau ! Vous allez faire du sens à partir de ce que vous avez ressenti, établir des liens entre vos observations et les organiser.

C’est pourquoi la CLP a des limites : nous ne l’utilisons qu’au niveau macroscopique, c’est-à-dire à l’échelle du quotidien. Par exemple, nous n’évoquons pas les atomes ou les cellules, car on ne peut les percevoir avec nos sens. Leur représentation, ce que l’on peut en dire, ne peut être vérifiée directement : ce sont des outils spéculatifs, à manier dans les règles de l’art par ceux qui les ont apprises.

Avec ce texte sur la Conclusion Locale Provisoire qui expose notre manière de pratiquer les sciences, nous avons l’ambition de changer votre regard sur les phénomènes de la vie de tous les jours, afin que vous vous découvriez scientifique.

. Les témoignages sont écrits en italiques. Ceux dont je suis l’auteur n’ont pas de signature.

INTRODUCTION

Peut-on vivre (bien) sans les sciences ou le paradoxe de l’apprentissage des sciences ?

« Les sciences : un apprentissage inutile ? » C’est la question provocatrice posée par P. Léna et Y. Quéré dans un article du quotidien La Croix (le 24 février 2015). Et ils continuaient dans le même registre décalé : « l’essentiel, pour les enfants étant d’apprendre à maîtriser la langue, ne leur faisons pas perdre du temps avec une matière dont, en proportion massive, ils n’auront pas l’usage plus tard.  » Ce point de vue, combien de fois l’ai-je entendu avec ses variantes : « Pourquoi voulez-vous faire des sciences avec des jeunes enfants ? Ils auront bien le temps de les apprendre au Lycée ! », tant l’utilité des sciences pour le grand public parait contestable. Combien de fois ai-je entendu déclarer qu’on pouvait vivre sans les sciences, que c’était une question de goût, d’intérêt, ou plutôt de désintérêt : on ne voit pas à quoi cela peut servir quand on n’est pas scientifique.

En ce qui concerne les adultes, cette assertion relève surtout de l’intériorisation de l’échec et du découragement vis-à-vis de l’apprentissage des sciences à l’Ecole. Cette situation m’a beaucoup interrogée et m’a poussée à imaginer d’autres premiers pas en science pour les enfants, ou une autre manière de recommencer en science pour les adultes qui étaient bloqués après leur scolarité.

Plus grave et encore plus décourageante à mes yeux, l’acceptation et la reproduction de cet état de fait quand les enfants sont en cause. En acceptant la facilité de ce comportement, on assiste à une entente tacite de tous les adultes. Pour les parents, il s’agit d’un effort supplémentaire demandé aux enfants, alors qu’eux-mêmes n’y sont pas parvenus et que cela ne les empêche pas de vivre. Les enseignants quant à eux, invoquent le manque de temps avec leurs élèves et la pression qu’ils ressentent pour atteindre les objectifs fondamentaux. Même les scientifiques sont assez convaincus que les sciences, telles qu’ils s’en servent professionnellement, sont trop difficiles pour faire partie intégrante des apprentissages fondamentaux. Pourtant ces apprentissages indispensables sont ceux qui permettent de grandir pour devenir des adultes autonomes, de développer nos compétences mentales et intellectuelles dans les différents champs de nos vies. Il est très dommageable qu’à l’âge de la « découverte du monde » (selon les programmes officiels de l’Ecole Maternelle), la curiosité naturelle des jeunes, leur besoin de comprendre, de maîtriser leur environnement soient sacrifiés.

Par essence, les sciences, en particulier les Sciences Physiques, se vivent au quotidien. C’est bien en effet parce que quelques penseurs Grecs ont eu l’idée que l’on pouvait expliquer les phénomènes naturels par des causes naturelles qu’ont été produites les premières connaissances scientifiques.

Quant au mot Physique il vient du latin, et auparavant du grec, et signifie sciences de la Nature. En effet, nous vivons dans un monde physique (chimique, biologique…) que nous aurions un intérêt certain à mieux connaître, voire à mieux maîtriser.

Paradoxalement, l’apprentissage des sciences à l’Ecole apparaît comme un incontournable ensemble de connaissances très formalisées. Primo Levi (chimiste et écrivain) le déplore en évoquant sa déception vis-à-vis de l’enseignement des sciences qu’il a reçu au Lycée : « Pour mon enseignante de sciences, la chimie était les tests chimiques, et c’était tout ! C’était les pages d’un livre. De sa vie, elle n’avait jamais touché un bécher ou une solution. C’était un savoir transmis d’enseignant à enseignant, sans jamais aucune manipulation. Il y avait des expériences en classe, mais toujours les mêmes. Il manquait absolument tout ce qui peut être inventif dans ce domaine. Mes enseignants étaient des personnes bien, mais ils manquaient totalement d’éducation scientifique, même s’ils avaient de l’instruction et des connaissances.  » Tullio Regge (professeur de physique théorique à Princeton) ne le contredit pas dans sa réponse. Dans leur Dialogue4, tous deux considéraient avoir fait leurs apprentissages des sciences en autodidactes. Malgré le changement d’époque et de pays, beaucoup d’entre nous peuvent se retrouver dans l’enseignement des sciences qu’ils décrivent. En tous les cas, ils mettent bien l’accent sur la nécessité d’un enseignement laissant la place à l’invention et à l’expérimentation par les élèves.

L’expérience sensible immédiate de notre environnement, se dérobe à la plupart des élèves derrière les modèles, équations, lois, hermétiques et décourageants. Le renoncement n’est pas loin et pour bien des adultes s’imaginer en scientifique est juste inconcevable. Aussi, peu de personnes voient des situations scientifiques ou même se servent de leurs connaissances scientifiques, dans leur vie quotidienne ou de loisirs.

Alors à quoi l’apprentissage des sciences pourrait-il être utile ?

Pour un enfant, savoir se situer dans le monde, interagir avec son environnement, sentir la résistance de la réalité, reconnaître un fait, mais aussi « faire parler l’expérience », passer du constat à un début de généralisation, sont des apprentissages essentiels, indispensables dans sa vie. Il apprend que ses actes ont des conséquences, qu’il peut dans une certaine mesure et selon le cas se prémunir ou se faire plaisir, sans invoquer la fatalité ou la pensée magique. Les attitudes mentales acquises par sa pratique scientifique, même modeste, ne sont pas les moindres, puisqu’il s’agit de cultiver l’esprit critique, l’argumentation, l’honnêteté intellectuelle. Les sciences se pratiquent mieux « seul avec les autres », c’est-à-dire que l’on apprend pour soi, puisque c’est la seule manière d’apprendre : on ne peut savoir pour les autres. Mais dans le même temps, la dynamique du groupe non seulement décuple nos potentialités, mais elle rend notre apprentissage pérenne par l’exigence qu’elle impose.

On y apprend aussi à coopérer, à vivre ensemble. Or les pédagogues, les sociologues qui essaient d’imaginer et de construire la Société de demain, le disent et le redisent : les savoirs et le savoir-faire nécessaires vont changer radicalement, en particulier à cause de la révolution numérique et des moyens de communiquer. Ils ajoutent que dans le monde du travail, la collaboration, la mise en synergie de compétences différentes, seront indispensables pour l’aboutissement d’un projet. 5

Tout ceci est vrai aussi pour les adultes comme nous avons pu l’apprécier dans de nombreuses occasions au cours des rencontres de 1, 2, 3, sciences. Cela nous montre combien la pratique des sciences, loin d’être facultative est une activité humaine et citoyenne à tous les âges.

J’entends des protestations : on ne peut pas obliger tout le monde à apprendre les sciences ! Certes ! L’ambigüité tient à l’expression « apprendre les sciences » et aussi à la manière dont l’enseignement universitaire des sciences, tout en notions et en traitement mathématique, absolument indispensables à une pratique professionnelle des sciences, a été transposé de niveau en niveau du laboratoire jusqu’à l’Ecole Elémentaire. Seule l’Ecole Maternelle y a heureusement échappé !

J’aimerais vous convaincre d’une part que la pratique scientifique est fondamentale pour tous les humains, et d’autre part que son apprentissage n’est pas réservé à la salle de classe. La vie quotidienne dans ses aspects variés, est un terrain de ressources illimitées pour construire une culture scientifique pertinente, avec l’aide d’un groupe, de médiateur ou d’adulte. Enfin, être cet accompagnateur n’implique pas d’être incollable en sciences. Bien au contraire, ce qui est indispensable est d’avoir vécu des démarches scientifiques de l’expérience et des constats qu’elle induit, à la généralisation aussi petite soit-elle, puis à la loi ou au modèle dont on comprend le sens. La formalisation, la mise en équations, si elles sont indispensables aux professionnels, viennent plus tard après des études dédiées pour participer aux travaux de la communauté scientifique. C’est alors une autre histoire.

Réussir l’apprentissage des sciences

Si l’enseignement scientifique en France produit des chercheurs de haut niveau, reconnus sur le plan internationnal, on constate qu’il peine à alphabétiser la population en science. Influencé par les prescriptions de l’Université, jusque dans le Primaire, l’apprentissage des sciences n’a pas beaucoup évolué. Et son efficacité pour le grand public reste à démontrer.

Nous sommes si habitués à cette situation que tous ceux qui ont la mission de transmettre les sciences, qu’ils soient enseignants, parents, amis scientifiques ou journalistes scientifiques, s’y prennent toujours de la même façon, celle dont on s’est servi pour leur apprendre les sciences. Pourtant les mêmes causes produisent les mêmes effets  : c’est bien là un fondement des sciences, vous en conviendrez.