Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
"Laissez venir la vie" est une traversée poétique et sensorielle de l’expérience humaine. En 50 poèmes et 15 illustrations inspirées des lettres hébraïques, l’auteure explore le lien entre le corps et l’esprit, l’émotion et le verbe. Sans ponctuation, chaque texte devient un espace de liberté où le lecteur invente son propre souffle. Ce recueil est une ode à la vie, à la quête de sens et à la puissance du langage.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Artiste peintre et auteure de recueils poétiques,
Béatrice Level est aussi coach en préparation physique et en pratiques narratives. Engagée dans le sport-santé, elle accompagne les personnes fragilisées par la maladie.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 51
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Béatrice Level
Laissez venir la vie
Peau-aime à fleur de peau
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Béatrice Level
ISBN : 979-10-422-6579-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Au commencement était le verbe,
Nommer c’est faire vivre…
À tous mes disparus…
« Il n’y a pas d’autre raison de vivre que de regarder de tous ses yeux et de toute son enfance, cette vie qui passe et nous ignore. »
Christian Bobin
Les mots ont une existence qui dépasse le simple acte de l’écriture. Avant d’être couchés sur le papier, ils prennent forme dans l’esprit, se modulent, se transforment en images, en rythmes et en émotions. Parfois ils s’agitent dans la tête comme une incroyable chorégraphie. La poésie, plus que toute autre forme d’expression, sollicite cette alchimie secrète qui se joue entre la pensée et le corps, entre la mémoire et la sensation.
Longtemps, j’ai été fascinée par cette interaction entre la littérature et les mécanismes du cerveau humain. Comment un poème peut-il provoquer un frisson, une réminiscence, ou une réaction physique quasi instantanée ? Pour approfondir cette question, j’ai eu l’occasion d’échanger avec un neurologue, passionné par la manière dont l’art agit sur notre perception et nos émotions. Ses recherches, croisées avec les miennes, m’ont menée à explorer comment la poésie dialogue avec les structures profondes du cerveau.
Les neurosciences ont mis en évidence que la musique et la poésie activent les régions du cerveau associées à l’émotion, à la mémoire et au mouvement. Le rythme, la mélodie des mots, la construction des images poétiques créent une expérience sensorielle complexe qui ne se limite pas à la compréhension intellectuelle. Ainsi, un poème n’est pas seulement lu : il est ressenti, vécu, intégré dans un processus neuronal qui engage le corps tout entier.
Dans mon écriture, je laisse les mots jaillir sans ponctuation, portés par leur propre flux. Ce choix répond à une volonté de capturer l’élan vital du langage, de restituer une parole instinctive qui fait écho aux mouvements internes de la pensée et aux rythmes naturels du souffle. Ce flux libre sollicite peut-être différemment notre perception, en évitant les interruptions conventionnelles du texte et en appelant à une lecture plus immersive.
Les lettres hébraïques, qui accompagnent mes poèmes, s’inscrivent dans cette même dynamique de l’écriture en tant que corps vivant. Chaque lettre naît d’un geste, d’une forme qui dépasse la simple transcription pour devenir une véritable entité graphique et symbolique. Elles portent en elles un souffle, une essence qui les ancre dans un imaginaire puissant. Travailler ces lettres, les dessiner, les laisser surgir sur la page, c’est donner corps à une énergie qui relie le langage à la créativité, comme si chaque signe contenait déjà une part du poème à venir. Elles deviennent des formes en mouvement, des traits d’écriture qui dansent au rythme de la pensée et de l’intuition.
La poésie n’est pas une simple affaire de mots. Elle est un territoire où s’entrelacent les souvenirs, les impressions, les intuitions profondes. Elle stimule ce que les neuroscientifiques appellent les réseaux associatifs du cerveau, permettant aux idées et aux émotions de se combiner de manière inédite. En ce sens, elle rejoint la danse, autre art du mouvement et du ressenti, où le corps devient langage.
Ainsi, l’écriture, la danse, la peinture, et même la lettre elle-même, s’entrelacent dans un même élan vital, un même souffle créatif. C’est cette liberté que j’ai cherchée dès mon enfance, face aux cadres rigides de l’apprentissage, en tentant de modeler la langue à mon image. Ce voyage intime avec les mots et les formes, je le retrace dès les premières lignes de ce recueil, qui marque un retour à cette quête initiale : écrire comme on respire, comme on danse, en laissant venir la vie.
Béatrice Level
Je ne me souviens plus très bien quand cette envie frénétique, jubilatoire, improvisée, d’écrire des poèmes a commencé.
Ce que je sais en revanche, c’est qu’il y a bien longtemps, une petite fille espiègle, pleine de vie, avec des couettes de chaque côté de la tête, a rencontré l’école, les cahiers, les stylos et les beaux livres. De sa main gauche maladroite, elle a tenté de conquérir l’écriture et l’orthographe.
Les débuts furent éprouvants. Trouver sa place parmi tant de petites têtes habiles de leurs mains droites, exécutant avec aisance leurs lignes d’écriture et recopiant le tableau, relevait pour moi du cauchemar. Une gauchère, assise à la droite d’un droitier, le gêne, et placée à sa gauche, elle manque d’espace pour écrire convenablement.
Il m’a fallu des années pour comprendre pourquoi mon professeur m’avait isolé au fond de la classe, assise seule à une table.
Aujourd’hui, on dirait peut-être que j’étais dys – dyslexique, dysgraphique, dysorthographique… À mon sens, j’étais surtout distraite, gauchère et, allez, osons le mot : créative !
Pourquoi fallait-il que tout le monde écrive de la même manière ? Petite dernière d’une fratrie de dix enfants, je devais sans cesse me démarquer pour exister. L’écriture standardisée me semblait une absurdité quand il était tellement plus amusant de créer ses propres mots, sa syntaxe, son orthographe. Découper les mots à ma guise, les recomposer librement, c’était m’approprier la langue, l’inventer, là où les autres ne faisaient que recopier un existant sans intérêt.