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Le bestiaire des fous explore la complexité de la relation entre l'homme et l'animal, mettant en lumière la manière dont les animaux sont fréquemment exploités, chassés et utilisés à des fins politiques, artistiques ou scientifiques. Il examine cette relation mystérieuse et soulève également la question de la hiérarchie entre l'homme et l'animal.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pierre Théobald a un penchant pour l'observation des disparités frappantes du monde, celles qui remettent en question l'humanisme et qui alimentent les débats publics. Il transforme cette observation en une poésie riche en jeux de mots et en harmonies, incitant à une réflexion sur notre société et son avenir. Il a contribué à plusieurs revues. En 2022, son premier recueil,
Place publique, a été honoré du deuxième prix Wilfried Lucas décerné par la Société des poètes et auteurs de France.
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Seitenzahl: 27
Veröffentlichungsjahr: 2023
Pierre Théobald
Le bestiaire des fous
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Pierre Théobald
ISBN : 979-10-377-9633-2
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Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.
Terre d’ébène, Albert Londres, 1929
En salle rotative
Tourne le manège
D’immobiles passives,
Noires et beiges.
Mises en cloque
Par paillettes annuelles,
Pour lacter à bloc,
Tout ce cheptel
De grandes laitières,
Matins et soirs
Livre bonne mère
Son lait ivoire
À l’océan lactique.
En pleine montée,
Ce débit de briques
Va tout inonder.
C’est une boucherie chimique
Une combinaison cellulaire
Mixée en formule d’experts :
La viande est scientifique.
Incubée en cuves stériles,
On la mélange, on l’empile.
Sucres, acides et vitamines
Font leur bouillon de culture
Entre hormones et protéines,
Synthétisant cette imposture
D’une viande sans animaux,
Une bouillie, à l’arôme labo.
C’est une névrose carnée,
Une morale prête à manger,
Emballée de vertus éthiques.
Cette viande en synthétique
Est un morceau de conscience
Au rayon de la bien-pensance.
Prête pour l’hyper production,
L’industrie de la consommation
Va faire manger en artificiel
Les consommateurs superficiels.
Molécules pour investisseurs,
Cette viande est leur valeur !
Venez à notre marché !
Ici tout est conformité !
Elles étaient conscientes,
Ces bêtes agonisantes,
Au sang qui ruisselle.
Au nom du livre, du rituel,
Pour cette loi indiscutable,
Nous tuons en charitables !
Venez à notre marché !
Ici tout est conformité !
La viande est pure ! Sans vice !
Nous attestons du supplice :
Payez-moi ce certificat !
Il vaut votre bonne foi.
Ne doutez pas ! Mangez !
Leur souffrance vaut piété !
Ils sont là ! Maîtres des forêts :
Cerf et Lapin, altiers
dans les voiles de l’automne froid.
Ici, ils sont rois,
Ici, s’annonce leur plaisir.
La terre humide est à conquérir,
ses arbres, ses feuilles, ses bosquets…
Tout obstacle sera écrasé.
Le Cerf, en premier veneur,
annonce l’heure !
Les cors sonnent dans le silence :
maintenant, il ne reste que la chance.
Celle du Lapin, traquant avec ses chiens,
déjà acharnés au festin,
ou celle du gibier silencieux,
cet humain pour trophées fabuleux ?
Le cor sonne la proie marquée :
le Lapin et son équipage excité
ragent sur la piste en flair.
C’est la fête du sang et de la terre.
Le Lapin bondit vers ce gibier,
avec ses chiens, la rage aboyée :
c’est leur chant de peur,
hymne de frayeur.