Le Bookmaker - Renee Rose - E-Book

Le Bookmaker E-Book

Rose Renee

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Beschreibung

J’AI FAIT UN PACTE AVEC LA BRATVA :
LA VIE DE MON FRÈRE CONTRE LA MIENNE
Ils m’ont proposé un marché : trente nuits contre la vie de mon frère.
Trente nuits... avec  lui. Nikolaï Novikov.
L’usurier séduisant, mais redoutable.
Il est étonnamment charmant. Beau comme le diable.
À rendre accro, même.
Mais ce n’est qu’une illusion.
Je me jure de ne rien lui donner de plus que ce que j’ai promis.
Mais il lit en moi comme dans un livre ouvert.
Et pour ce qui est de mon cœur, les jeux sont faits...
Le gagnant raflera la mise.
Son frère doit de l’argent à la bratva.
Elle sera ma compensation.

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LE BOOKMAKER

UN ROMANCE DE BRATVA

RENEE ROSE

Traduction parAGATHE M

Édité parELLE DEBEAUVAIS

RENEE ROSE ROMANCE

TABLE DES MATIÈRES

Livre gratuit de Renee Rose

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Épilogue

Vouloir plus? Le Nettoyeur

Livre gratuit de Renee Rose

Ouvrages de Renee Rose parus en français

À propos de Renee Rose

MENTIONS LÉGALES

Copyright © 2021-2022 Le Bookmaker de Renee Rose

Tous droits réservés. Cet exemplaire est destiné EXCLUSIVEMENT à l’acheteur d’origine de ce livre électronique. Aucune partie de ce livre électronique ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme imprimée ou électronique que ce soit sans l’autorisation écrite préalable des auteures. Veuillez ne pas participer ni encourager le piratage de documents protégés par droits d’auteur en violation des droits des auteures. N’achetez que des éditions autorisées.

Publié aux États-Unis d’Amérique

Renee Rose Romance

Ce livre électronique est une œuvre de fiction. Bien que certaines références puissent être faites à des évènements historiques réels ou à des lieux existants, les noms, personnages, lieux et évènements sont le fruit de l’imagination des auteures ou sont utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux, des évènements ou des lieux est purement fortuite.

Ce livre contient des descriptions de nombreuses pratiques sexuelles et BDSM, mais il s’agit d’une œuvre de fiction et elle ne devrait en aucun cas être utilisée comme un guide. Les auteures et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables en cas de perte, dommage, blessure ou décès résultant de l’utilisation des informations contenues dans ce livre. En d’autres termes, ne faites pas ça chez vous, les amis !

Réalisé avec Vellum

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1

Chapitre Un

Nikolaï

Tabasser quelqu’un ne me fait plus d’effet.

En tant que bookmaker de la bratva de Chicago, ça fait partie de mon boulot, mais le cœur n’y est pas. Pas avec ce gamin-là.

J’abats mon poing dans le ventre mou de Zane et le regarde se plier en deux, le souffle coupé. Nous nous trouvons dans sa chambre d’étudiant à l’Université Northwestern. J’ai dit à son colocataire d’aller faire un tour s’il ne voulait pas que je lui casse la gueule à lui aussi.

— Je suis désolé. Je trouverai ton fric. Promis, halète-t-il.

— Nan. Les promesses, ça ne marche plus. Cette fois, je suis venu récupérer mon dû.

Il a été prévenu, pourtant. Mais je me suis peut-être montré trop arrangeant avec lui, parce que je l’aime bien.

Il est intelligent. Avant de commencer à sniffer de la coke et à se comporter comme un con, Zane était un membre apprécié à ma table de poker.

Oleg, l’homme de main de notre cellule de la bratva, le remet debout et le tient devant moi pour que je lui assène un nouveau coup de poing. Je fais un signe de tête à Adrian, l’un de nos soldats, pour qu’il s’en charge.

La violence ne me plaît pas. Pas comme Pavel, le plus sadique de notre cellule. Mais il s’est installé à Los Angeles avec sa copine actrice, qui apprécie son côté sadique. Et Oleg, notre homme de main muet et baraqué, est lui aussi amoureux, ce qui l’a ramolli.

Derrière son apparence terrifiante, Oleg a sans doute toujours été un gros nounours, et il donne de moins en moins de coups de poing. D’ailleurs, là, c’est lui qui tient notre proie au lieu de la frapper. Vu qu’un coup habile d’Oleg pourrait achever Zane, ce n’est pas logique du tout.

— Je t’ai laissé tranquille pendant que tu mettais la main sur l’argent, mais tu as raté le paiement de la semaine dernière. Tu n’as pas répondu à mes messages. Alors voilà ce qui va se passer, dis-je.

Adrian lui donne un coup de poing dans la mâchoire, puis un uppercut dans les côtes. Notre nouvelle recrue est prometteuse. Adrian est arrivé récemment aux États-Unis, et il a connu de dures épreuves. Il a toujours la violence à fleur de peau. Nous, la vie en Amérique a eu le temps de nous embourgeoiser.

— Tu vas me filer les clés de ta Mustang et sa carte grise.

Zane me regarde avec de grands yeux, bouche bée. Du sang coule de ses deux narines et de sa lèvre.

— Tu ne peux pas... Je...

Je hausse les sourcils, et il conclut par un simple « merde ».

— Je ne suis pas complètement sans cœur. Je déduirai sa valeur de ce que tu dois à la bratva. Elle date de 2018 ?

Adrian le frappe avant qu’il puisse répondre, et Zane s’écroule à genoux.

— Arrêtez, souffle-t-il.

— Donne-moi la carte grise.

— Tiens, prends les clés, dit-il en fourrant la main dans sa poche pour les en sortir. Les papiers sont chez ma sœur. Je te les apporte vendredi.

Je prends les clés.

— Nan. On va y aller tout de suite. Ensemble. Ça ne me dérangerait pas de rencontrer ta grande sœur. Comment elle s’appelle, déjà ? Chelle ?

Zane écarquille les yeux. Mon sous-entendu ne lui a pas échappé.

— Laisse ma sœur en dehors de ça. Je vais te chercher les papiers tout de suite. Conduis-moi juste là-bas.

— On y va, dis-je en levant les mains.

Oleg remet Zane sur ses pieds, mais il trébuche en chemin vers la porte, comme s’il ne savait plus marcher. Nous le prenons chacun par un bras alors que nous traversons le couloir, préférant l’escalier à l’ascenseur.

J’ai repéré la Mustang avant d’arriver, alors je me dirige droit vers elle et m’installe derrière le volant. Adrian fourre Zane sur la banquette arrière avant de s’asseoir sur le siège passager.

Oleg s’éloigne pour conduire le SUV dans lequel nous sommes arrivés.

Zane passe la tête entre les sièges avant pour nous montrer la boîte à gants.

— Il y a des serviettes en papier là-dedans, grogne-t-il. Sauf si vous voulez que je mette du sang partout dans votre nouvelle bagnole.

— La nouvelle bagnole de quelqu’un d’autre, répliqué-je d’un ton léger en montrant la boîte à gants à Adrian pour l’autoriser à l’ouvrir. Tu crois qu’on a envie de conduire ta vieille caisse ?

Adrian retrousse les lèvres lorsqu’il tend les serviettes en papier à Zane, qui frémit en voyant l’expression de notre soldat.

Je conduis jusqu’à chez la sœur de Zane sans qu’il m’indique la route. J’ai fait mes recherches avant de venir. Mon frère, Dima, le hacker de notre cellule, enquête sur tous nos joueurs. Et quand Zane a commencé à nous entuber, Dima a creusé davantage. J’ai toutes les infos nécessaires pour pousser Zane à coopérer.

Je sais que sa sœur et lui ont été élevés dans la classe moyenne. Leur père était un agent de change qui s’est tiré une balle il y a trois ans. Leur héritage était modeste, car apparemment, le paternel était accro au jeu. Les chiens ne font pas des chats.

La seule chose à laquelle leur père n’avait pas touché, c’était le compte destiné à payer les études de ses enfants, alors Zane a pu en profiter. Sa sœur a cinq ans de plus que lui et bosse pour une agence de pub réputée.

Je me gare devant un immeuble en grès rouge dans un quartier en plein embourgeoisement de Chicago. C’est l’une de ces zones qui ont la cote avec les hipsters, mais qui restent toujours abordables.

Zane sort du véhicule et tape un code à la porte, puis monte au deuxième étage.

— C’est toi qui as les clés, me marmonne-t-il.

Je lui donne le trousseau, et il trouve la bonne clé qu’il glisse dans la serrure.

L’appartement est petit, mais agréable. Du parquet en chêne usé, des murs peints en blanc à l’exception de pans gris ardoise et prune. Il y a quelques photos artistiques en noir et blanc. Tout est bien rangé. Je m’arrête devant un cadre photo représentant la remise de diplômes de lycée de Zane. Il porte une toge et un chapeau, et une jeune femme le tient par le bras.

— C’est Chelle ? demandé-je.

Elle est beaucoup plus menue que lui, mais ils partagent les mêmes traits, le même nez, la même bouche, la même couleur de cheveux.

— Laisse-la en dehors de ça, gronde Zane.

Je ne fais pas de commentaire. Je n’ai pas l’intention de faire du mal à sa sœur, mais je ne me gênerai pas pour le laisser y croire. J’ai appris l’art de l’intimidation auprès de Ravil, notre pakhan. Je sais que ce que l’on sous-entend, ce que l’on omet, est parfois pire que ce que l’on fait. Il faut laisser l’imagination fertile de nos cibles faire le travail. Qu’ils s’imaginent de quoi nous sommes capables. En réalité, nous avons beau être du mauvais côté de la loi, nous respectons un code strict. Et faire du mal à des femmes innocentes, ce n’est pas notre truc.

J’approche la photo de mon visage pour l’examiner. Chelle est très jolie. Petite, sans doute moins d’un mètre soixante. Ses longs cheveux bruns ondulés cascadent sur ses épaules, et son nez est constellé de taches de rousseur. C’est peut-être à cause de la lumière, mais ses yeux noisette paraissent plus dorés que ceux de son frère.

Zane se dirige vers un meuble de rangement dans un coin de l’appartement qui semble faire office de bureau, et il fouille à l’intérieur.

— Je suis sérieux, insiste-t-il. Chelle ne doit pas être mêlée à ça.

Je suis content de constater que Zane n’est pas dépourvu de moralité. Son désir de protéger sa sœur des conséquences de ses bêtises le fait remonter dans mon estime.

— Tu as trouvé la carte grise ?

Zane sort des dossiers du meuble et les passe en revue avant de les jeter par terre. Enfin, il se relève.

— Voilà.

En boitillant, il s’approche pour me mettre les papiers sous le nez.

— Mets-les à mon nom, lui ordonné-je.

— Il faut que ce soit authentifié par un notaire.

Avec un petit sourire en coin, je réplique :

— Je m’occupe de ça.

— Tu ne peux pas simplement la garder en gage et me la rendre une fois mes dettes remboursées ?

— Non. J’ai besoin de fric. Estime-toi heureux que je m’occupe de la transaction. Effacer le montant total de la voiture de ta dette, c’est un putain de cadeau que je te fais, alors montre-toi reconnaissant et rembourse le reste sans traîner.

— Oui, bien sûr.

Zane prend un stylo et signe les papiers pour me transmettre le véhicule. Je tends la main pour qu’il me donne les clés, et il détache celle de la voiture du trousseau.

— Désolé, mec, ajoute-t-il. Je te donne le reste au plus vite.

J’empoche la clé et lui donne une tape sur l’épaule.

— Tu es un type malin. Je sais que tu trouveras une solution. Je veux le reste de la somme avant vendredi prochain. Si je n’ai pas de tes nouvelles, je ne serai pas aussi arrangeant qu’aujourd’hui.

Avec un regard appuyé vers la photo de sa sœur, j’ajoute :

— Ça ne me dérangerait pas, d’impliquer Chelle dans la prochaine transaction. Elle est sexy.

Zane lâche un son étranglé, mais nous sortons déjà.

Il n’aura qu’à se débrouiller pour rentrer à la fac.

Chelle

— Je veux que tu bosses sur les contrats publicitaires de deux nouveaux clients, m’annonce ma patronne, Janette, en posant deux dossiers sur mon bureau à dix-huit heures.

Je peux oublier mon cours de cyclisme en salle.

J’ai beau me retrouver à faire des tâches de secrétaire, je suis contente d’être son assistante. Janette est la fondatrice de First Publicity, et c’est une super publiciste. Elle a transformé sa petite boîte en entreprise qui dégage des millions de dollars de chiffre d’affaires, tout ça en trois ans.

C’est pour ça que je quitte le bureau bien après dix-sept heures, l’heure à laquelle je suis censée partir. Je ne m’en vais jamais avant elle, car je veux lui prouver que je suis à la hauteur de mon poste.

J’adore mon boulot. Je trouve le monde de la pub à la fois fascinant et glamour. Et je rêve d’avoir ma propre boîte, un jour. Mais pour ce faire, il faut que je gravisse les échelons un à un, alors quand Janette claque des doigts, j’accoure. Parce que ce métier est ultra compétitif, et que dans notre entreprise, des dizaines de personnes tueraient pour avoir mon poste. Alors pour l’instant, je suis résignée à ne pas avoir de vie sociale.

Et ça me convient très bien, car mes trois derniers rencards étaient un vrai désastre. Je ne rate pas grand-chose.

Sauf le sexe.

Le sexe, ça me manque.

Un peu de plaisir de temps en temps, ça ne me ferait pas de mal.

Le souci, c’est que je n’arrive pas à séparer sexe et sentiments. Je n’arrive pas à avoir une relation qui tourne uniquement autour du sexe. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer les mecs que je rencontre dans l’avenir idéal que je me suis construit. Et aucun d’entre eux n’est à la hauteur, alors je me retrouve à me servir de mes doigts ou de mon vibro au lieu de renoncer à mes critères pour m’envoyer en l’air et raccompagner le mec à la porte le matin venu.

— Je m’en occupe, dis-je à Janette, qui a posé une hanche contre mon bureau.

C’est bon signe. Ça veut dire qu’elle se détend. Quand elle s’arrête faire la conversation, c’est qu’elle s’apprête à partir.

— Des clients potentiels arrivent de Madison la semaine prochaine. Il faut que je les invite à dîner, que je leur montre ce que Chicago a d’exceptionnel. Une idée de l’endroit où je pourrais les emmener ?

— Vous pourriez les emmener dans l’un des restaurants panoramiques qui donnent sur la ville.

Janette plisse le nez.

— Trop coincé. Ils sont jeunes. C’est Skate 3. Trois skateurs qui font des vidéos YouTube et qui ont ouvert une boutique en ligne avec trois cent mille dollars de chiffre d’affaires par mois. Alors il me faut quelque chose de plus dynamique et branché. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau à faire le soir, à Chicago ?

Je me mordille la lèvre inférieure.

— Laissez-moi y réfléchir, et je vous dresserai une liste des différentes options.

Janette me récompense d’un sourire et d’une petite tape de ses doigts manucurés sur mon bureau.

— Super. Je savais bien que tu aurais des idées. Tu es jeune, tu connais mieux les sorties à la mode que moi.

Je ne lui dis pas que je n’ai aucune vie sociale. J’aimerais bien en avoir une, pourtant. À la fac, je faisais un peu la fête avec ma colocataire Shanna. Mais après le suicide de mon père, j’ai enfoui cette part de moi dans une boîte.

Ces temps-ci, ma vie sociale se résume à quelques verres le mercredi pendant le happy hour du bar où travaille Shanna, et un dîner hebdomadaire avec mon frère, Zane, sauf qu’il m’a posé un lapin les deux dernières semaines. J’ai peur qu’il fasse trop la fête. Ses notes ont énormément baissé ce semestre, en tout cas.

J’ai tellement peur qu’il finisse comme mon père que je n’en dors pas de la nuit.

Je commence à ranger mon bureau, espérant ne pas me tromper sur le fait que la journée est terminée et que je peux partir.

Janette se redresse.

— Bon, j’y vais, annonce-t-elle. À demain.

J’éteins mon ordinateur et la suis à l’extérieur du bâtiment, tout en dressant une liste dans ma tête des endroits où elle pourrait emmener ses clients. Après mon trajet en métro, j’ai déjà une demi-douzaine d’idées. Je me les envoie par SMS alors que je parcours les quelques pâtés de maisons qui me séparent de l’appartement que je loue.

Lorsque j’ouvre la porte d’entrée, je vois le corps de mon frère étendu sur mon canapé. Mon soulagement en le voyant est vite remplacé par l’inquiétude.

— Zane ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu es malade ?

Sa présence n’est pas si étonnante que ça. Il passe parfois laver son linge, mais un vendredi soir, ce serait bizarre.

Dans la lumière qui décline, j’aperçois son visage, et je pousse un cri. Il est tuméfié, gonflé, presque méconnaissable.

— Oh la vache ! Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

Il grogne.

— Zane ?

Je me précipite à ses côtés, le cœur battant.

— Oh là là. Est-ce que j’appelle une ambulance ? Qui t’a fait ça ?

La peur qui me court dans les veines me dit que ce que je craignais est arrivé. Il trempe dans quelque chose de louche. Bon sang. Je redoutais une chose de ce genre, mais j’essayais de me convaincre que je me faisais du souci pour rien.

— Je me suis pris quelques coups de poing, dit-il en tentant de s’asseoir, le souffle court.

— Qu’est-ce qui s’est passé, bon sang ?

Je veux toute l’histoire. Découvrir ce qu’il me cache depuis des mois.

Mon frère est ce que j’ai de plus important au monde, et il est sous ma responsabilité. J’ai beau n’avoir que cinq ans de plus que lui, après la mort de notre père, je suis devenue sa tutrice et la garante de son compte étudiant. Je suis censée prendre soin de lui, et manifestement, j’ai échoué en beauté.

Des larmes me brûlent les yeux.

— Zane, raconte-moi ce qui se passe.

Il grimace alors qu’il prend une grande inspiration.

— Je dois du fric à des mecs.

— Quels mecs ? Des dealers ?

— Non.

C’est un petit soulagement. Il est tellement bizarre, ces derniers temps, que je commençais à croire qu’il se droguait.

— À la bratva.

— Quoi ?

— C’est la mafia russe. Je n’ai pas payé mes dettes de jeu à temps.

— Bon sang, Zane !

Eh, merde. J’en étais sûre !

Je me lève et me mets à faire les cent pas.

— Combien tu leur dois ?

— Sans doute autour de cinquante mille dollars, depuis le temps. Ils ont pris ma Mustang aujourd’hui et m’ont dit qu’ils déduiraient son prix de vente de ce que je leur dois.

— Ça, ça m’étonnerait beaucoup.

Les usuriers n’octroient jamais de conditions avantageuses. Ils ne déduiront certainement pas le prix de vente total de ses dettes.

— Mais qui sont ces types ? demandé-je encore, bien qu’il m’ait déjà répondu.

— Des mafieux russes.

— Bon, alors les cinquante mille que tu dois, c’est avant ou après la vente de ta voiture ?

— Avant.

Je déambule encore un peu dans la pièce.

— Comment c’est arrivé ?

— Je jouais au poker avec eux depuis un moment. Avant, je gagnais gros. Mais... ma chance a tourné.

Comme si ça expliquait ou excusait ses cinquante mille dollars de dette.

— Ta chance a tourné, répété-je, incrédule. Quand ça ? Depuis combien de temps est-ce que tu accumules les dettes ? C’est arrivé en une soirée, ou...

— Sur quelques mois. Ils refusent que je joue depuis un mois parce que j’avais la tête sous l’eau. J’ai réfléchi à un plan, mais...

Je penche la tête sur le côté.

— Quel plan ?

Zane évite mon regard et hausse les épaules.

— Donc tu n’as pas vraiment de plan ?

— Non.

— Et quel délai ils t’ont donné pour rembourser tes dettes ?

Il hausse de nouveau les épaules.

— Ils ne l’ont pas dit. Je crois qu’aujourd’hui, c’était un avertissement.

— Un avertissement.

Je me rends dans la cuisine et place des glaçons dans un torchon, que je lui apporte.

— Je n’y crois pas, dis-je.

Il prend le torchon, mais ne l’applique pas contre son visage tuméfié.

— Je sais.

— Non mais franchement, après papa...

Ma voix se brise.

— Je sais, répète-t-il.

Je n’arrive pas à retenir mes larmes. J’arrache le torchon des mains de mon frère et le colle à sa pommette gonflée, mais il a un mouvement de recul.

— Zane, je ne peux pas encaisser tout ça. C’est beaucoup trop, OK ? S’il t’arrivait quelque chose à toi aussi, je ne pourrais pas le supporter.

— Il ne va rien m’arriver, tente-t-il de me rassurer. Ces types ne sont pas si terribles. Je vais trouver un moyen de leur rendre le reste de l’argent, et je ne rejouerai plus jamais. D’accord ?

Je renifle.

— Comment tu vas faire ?

— Je ne sais pas. On peut puiser dans le compte étudiant ?

— Non, réponds-je d’un ton cassant.

Je savais qu’il me demanderait ça.

— C’est réservé aux études. Tu te rends compte de la chance qu’on a que papa n’y ait pas touché avant sa mort ?

— D’accord, d’accord, je vérifiais juste.

Il tente de se mettre debout, mais tombe à genoux.

— Bon sang, Zane ! dis-je en me jetant en avant pour le rattraper par le bras. Allez, viens. Je t’emmène à l’hôpital.

2

Chapitre Deux

 

Nikolaï

 

À vingt-trois heures, la partie est lancée. Nous avons loué une suite dans un hôtel très chic, et sept joueurs se trouvent autour de ma table. Je suis satisfait. Nous avons déjà gagné trente mille dollars, et j’ai trouvé un acheteur pour la Mustang de Zane.

Quelqu’un frappe à la porte, et je jette un regard à mon frère, Dima, qui passe le week-end en ville. Je vais ouvrir, accompagné d’Oleg, prêt à jouer les gros bras. Dima saisit le pistolet qu’il a à la ceinture. Depuis l’incident avec le FBI, le mois dernier, nous sommes devenus plus prudents. Me faire tirer dessus à l’une de mes soirées poker, ce n’est pas la fin que je me souhaite. Une mort précoce plane au-dessus de ma tête depuis le jour où mon frère et moi avons rejoint la bratva, mais je préférerais mourir de façon héroïque, plutôt que transpercé par un gamin à la gâchette facile.

J’entrouvre la porte pour jeter un regard à l’extérieur.

— Je viens voir Nikolaï, annonce une voix féminine.

— Bon sang, c’est pas vrai, dis-je en observant la femme menue mais féroce qui se tient sur le seuil.

Je la reconnais, car je l’ai déjà vue en photo : c’est la sœur de Zane.

Elle glisse la main dans l’entrebâillement de la porte avant que je puisse la refermer.

J’ai beau être un connard, jamais je ne claquerais une porte sur les doigts d’une femme. Mais je ne veux pas non plus la laisser entrer et gâcher la soirée. Alors c’est moi qui sors de la suite, l’obligeant à reculer dans le couloir.

Sa colère est adorable, tout comme sa petite stature. Ses épais cheveux châtains sont relevés en queue de cheval, et ses yeux dorés lancent des éclairs. Des paillettes couleur bronze parsèment son nez et ses pommettes, assorties aux reflets roux de sa chevelure.

Oleg se tient derrière moi et attire son regard, ce qui m’agace, sans que je sache pourquoi.

— Je m’en occupe, lui murmuré-je en russe pour qu’elle ne me comprenne pas.

Oleg retourne dans la suite et ferme la porte derrière lui.

Les mains sur les hanches, la jeune femme hausse les sourcils.

— Je suis Chelle Goldberg. La sœur du mec que tu as envoyé à l’hosto aujourd’hui ?

— Je sais qui tu es, dis-je d’un ton nonchalant en m’approchant d’elle, rien que pour voir si elle reculera ou si elle tiendra bon.

Elle tient bon, ce que je trouve adorable.

— Dis-moi que Zane ne t’a pas filé l’adresse de cette partie, parce qu’il n’a vraiment pas besoin de se prendre une nouvelle raclée, là.

— Non, répond-elle d’un ton cassant, le menton en avant. J’ai lu ses SMS pendant qu’il était allongé sur son lit d’hôpital.

Je lève les yeux au ciel.

— Zane n’avait pas besoin d’un séjour à l’hôpital, Frimousse. La seule chose qu’ils puissent faire pour lui, c’est lui filer des antidouleurs, et ce n’est pas une bonne idée, pour un type avec des problèmes d’addiction.

Voilà qui lui coupe la chique. Elle me regarde d’un air hébété, sous le choc. Une bouffée de compassion s’empare de moi.

Elle ignore vraiment que son frère se drogue ?

Elle était peut-être dans le déni, et maintenant que je l’ai dit à voix haute, tout devient plus réel.

— Rentre chez toi. Prends-lui ses antidouleurs. Vois s’il est capable de se reprendre en mains.

— Je suis venue te parler de la dette de Zane.

Elle a perdu de sa combativité. Elle croise mon regard, mais n’arrive plus à le soutenir.

Je croise les bras sur ma poitrine.

— Dis-moi.

Elle regarde autour d’elle avec insistance.

— Là ? Dans le couloir ?

Pour un couloir, c’est plutôt confortable. Il est orné de papier peint, de tableaux et de petites tables avec des poteries dessus.

— Hors de question que tu entres, ma jolie. Sauf si tu as du fric.

Ses doigts se serrent sur son sac à main, comme si je risquais de le lui arracher.

— Justement, je suis là pour découvrir combien il vous doit, au juste. Et pour voir si on peut passer un marché.

Oh que oui, Frimousse. J’aimerais beaucoup passer un marché avec toi.

Surtout si tu finis toute nue, attachée à mon lit.

J’admire lentement son corps pour lui montrer mon intérêt. Elle n’est pas toute en courbes. En fait, elle est même un peu anguleuse, mais je la trouve très séduisante. J’ai flashé sur elle dès que je l’ai vue en photo.

— Quel genre de marché ? m’enquiers-je d’une voix rauque avec une note séductrice.

Son corps réagit tout de suite, et ses tétons se mettent à pointer sous son pull léger. Elle serre les mâchoires.

— Je peux entrer ?

Merde. Je ne veux vraiment pas qu’elle mette les pieds dans cette suite. Mais sans savoir pourquoi, j’ai du mal à lui refuser quoi que ce soit.

Au mépris du bon sens, je lui ouvre la porte et la fais entrer.

Oleg arrive immédiatement pour regarder dans son sac et la fouiller, et je dois étouffer les protestations qui me montent dans la gorge. Il fait son boulot. Il m’évite de me reprendre une balle. Mais je n’aime pas qu’il la touche.

Elle jette un regard à la table de jeu, puis sort une grosse enveloppe de son sac et me la tend.

Je compte les billets.

— Mille cinq cents dollars de dette en moins pour Zane, lancé-je à Dima, qui prend note de toutes les transactions sur son ordinateur.

Il hoche la tête et se met à taper.

— Ça suffira à ce que tu le laisses tranquille quelques semaines ? demande-t-elle.

— Non, mon lapin.

Ce petit surnom me vaut un regard noir, mais elle ne proteste pas.

— Combien est-ce qu’il te doit ?

— Quarante mille, là.

Elle lâche un petit son démoralisé.

— Tu as soustrait dix mille pour la Mustang ?

Je hoche la tête.

— C’est le prix auquel je l’ai vendue.

Elle fouille à nouveau dans son sac et en sort un trousseau. Elle en ôte une clé Toyota.

— Prends ma voiture. Elle devrait te rapporter dix mille de plus.

Ses doigts tremblent alors qu’elle me tend la clé. Je refuse de la prendre.

— Je ne veux pas de ta voiture.

Elle m’agite la clé sous le nez, de plus en plus tremblante. Sa lèvre aussi frémit, sans doute plus de colère que de peur. Et elle n’est pas au bord des larmes, c’est certain. Chelle est une dure à cuire.

— Prends-la, insiste-t-elle d’un ton sec. Tu as bien pris celle de Zane.

— Je ne veux pas de ta voiture. Tu ne mérites pas ça. Tu as pensé aux conséquences à long terme, si tu sors sans arrêt ton frère des ennuis ?

Elle plisse le front.

— Quoi ?

— Tu crois que Zane retiendra la leçon, si tu continues de te sacrifier pour lui éviter une raclée ?

Elle reste bouche bée.

— C’est un usurier qui va me donner des conseils de vie ? Je rêve !

J’esquisse un sourire. Cette femme est trop mignonne. Je m’adosse au mur et croise les bras.

— Crois-le ou non, mais j’aime bien ton frère. Avant qu’il se perde dans la coke, c’était un joueur brillant et une personne très divertissante autour de la table. Désormais, c’est un gros con, et il est ingérable. Il a besoin d’aide, mais il ne s’en tirera pas si tu répares constamment ses conneries.

— Alors tu l’as tabassé pour lui rendre service ? C’est ça ? réplique-t-elle d’un ton sarcastique.

Je hausse de nouveau les épaules.

— C’est l’une des conséquences quand on arnaque la bratva. Et il se prendra d’autres raclées s’il ne règle pas ses dettes bientôt.

Son air bravache s’envole en partie, et je vois le doute danser sur ses traits. Je dois lutter contre l’envie de lui promettre de ne pas démembrer son frère. Mais Zane nous croit déjà trop amicaux. Je l’aime bien, mais il faut qu’il nous rembourse, d’une façon ou d’une autre.

— Une autre conséquence, c’est qu’on perd sa bagnole. Mais tu n’as pas à payer pour lui. Ce n’est pas toi qui sniffes de la coke et qui accumules les dettes de jeu.

Ses yeux s’embuent de larmes, qu’elle ravale. Elle déglutit.

— Il aura une moto, maintenant. Elle appartenait à mon père. Tu peux la lui prendre, celle-là aussi.

— Il n’a qu’à me l’apporter, dis-je d’un ton velouté.

— Je l’apporterai...

— Non non, l’interromps-je. Ne te mêle pas de ça. Zane peut se débrouiller. Il est malin.

Elle me fixe du regard un long moment, puis hoche la tête.

Je lui ouvre la porte.

— Ne reviens plus, lui dis-je alors qu’elle sort.

Elle s’arrête et lève les yeux vers moi. Je meurs soudain d’envie de compter les taches de rousseur qui parsèment ses pommettes.

— Sinon quoi ? rétorque-t-elle, retrouvant sa colère. Tu me tabasseras, moi aussi ?

— Toi ?

Je hausse les sourcils, puis laisse une partie de la chaleur qui monte en moi atteindre mon regard.

— Non, Frimousse, murmuré-je d’un ton suggestif. Je te plaquerai les poignets au-dessus de la tête et je te donnerai une bonne fessée jusqu’à ce que tu m’implores.

Ses pupilles se dilatent, ses lèvres s’entrouvrent.

— Que... que je t’implore de quoi ?

Je retiens un éclat de rire.

— Qu’est-ce que tu pourrais m’implorer de faire, Chelle ?

Elle prend une grande inspiration.

— Tu es...

Je penche la tête sur le côté, attendant l’insulte qu’elle me prépare sûrement.

— Audacieux, complète-t-elle.

Avec un sourire surpris, je réponds :

— Et tu es intéressée.

Je pose les yeux sur les pointes de ses tétons, visibles à travers son pull. Elle aussi les regarde, et se met à rougir. Ses yeux se posent sur mes avant-bras tatoués, puis sur ma gorge. Quand elle trouve le courage de croiser mon regard, un courant électrique passe entre nous.

Je suis dur comme du bois. Elle se fige.

Oh, Zane. Je viens d’avoir une idée diabolique pour que tu me rembourses ta dette.

Sauf que les rapports tarifés, ce n’est pas mon truc. Je ne permets pas que le sexe serve de monnaie d’échange.

Ça fait partie de mon code d’honneur.

En plus, Adrian me passerait sans doute la tête dans une broyeuse si je faisais ça. Il est venu aux États-Unis pour libérer sa sœur d’un réseau de traite d’êtres humains, une période terrible dont elle commence à peine à se remettre.

Je regarde le corps menu de Chelle frémir, mais malheureusement, elle semble revenir à la réalité. Elle me contourne et sort dans le couloir.

— Ne reviens pas, lui rappelé-je.

Elle m’adresse un doigt d’honneur sans même se retourner.

Je reste sur le seuil, à regarder ses jolies petites fesses se contracter à chacun de ses pas, à admirer Chelle Goldberg. Sauvage, adorable et super bandante.

Bon sang.

J’ai envie d’elle.

Elle a de la chance que j’aie eu assez de scrupules pour la laisser s’en aller.

La prochaine fois, elle n’aura peut-être pas cette chance.

 

 

Chelle

 

Je presse le bouton de l’ascenseur huit fois en quatre secondes, parfaitement consciente du regard de Nikolaï qui me brûle le dos.

Que vient-il de se passer ?

Je suis toute retournée après notre interaction.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent, et je me précipite à l’intérieur. Bien sûr, quand je me retourne pour appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée, Nikolaï se tient toujours là, à m’observer d’un air amusé.

Quelle ordure.

Je viens de me faire envoyer balader par un mafieux. Bon, je m’en doutais, mais c’est la façon dont ça s’est passé qui me surprend.

Je m’étais attendue à ce que Nikolaï soit terrifiant. J’avais imaginé des dents en or, des chaînes autour du cou et un flingue pointé sur ma tempe, un truc dans le genre. Et il semble effectivement dangereux. Mais je ne m’attendais pas à cette personnalité séduisante. À cette beauté. À ce charisme.

Ses bras ont beau être couverts de tatouages, il portait un pantalon de costume et une chemise de soirée entrouverte. Pas de chaînes. De belles dents. Des dents parfaites, même, avec un sourire hollywoodien.

Nikolaï est carrément sexy.

Qu’est-ce que tu pourrais m’implorer de faire, Chelle ?

Je ne sais pas si j’arriverai à m’ôter sa voix rauque et suggestive de la tête. Ni sa menace. Il veut me donner la fessée ?

Euh, oui, avec plaisir !

Même maintenant, seule dans l’ascenseur, me souvenir de ce moment me fait rougir. Un rougissement qui me poursuivra sans doute jusqu’à Thanksgiving.

Je me maudis d’être aussi excitée par ces mots. Par lui.

Qu’est-ce qui vient de se passer, là-bas ?

Mais le plus bizarre, c’est la façon dont il a parlé de mon frère. Comme s’il le connaissait vraiment. Comme s’il l’appréciait, même. Il avait l’air inquiet de la consommation de drogue de mon frère. Une consommation que j’espérais inexistante. Entendre Nikolaï la nommer m’a fait un choc.

Zane se drogue. C’est ce que je craignais, et honnêtement, je crois que je me voilais la face. Alors cette révélation m’a prise par surprise, et quand Nikolaï a joué les coachs de vie en me conseillant de laisser Zane se débrouiller, je l’ai écouté. Je n’ai pas envie de l’admettre, mais il a peut-être raison.