Le diable de Talmont - Philippe Schnepf - E-Book

Le diable de Talmont E-Book

Philippe Schnepf

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Beschreibung

1516, dans la région de Royan, l'assistant de Léonard de Vinci fait naufrage...

1er novembre 1516 un navire fait naufrage sur les roches de Meschers. Francisco Staniéri ancien assistant de Léonard de Vinci est le seul rescapé. Il est recueilli par le Vicaire Perpétuel de Sainte-Radegonde de Talmont-sur-Mer. Des manifestations surnaturelles ne vont pas tarder à terrifier la population. Des figures historiques comme Charles de Coetivy seigneur de Royan, vont côtoyer des personnages issus des contes d’Aunis et de Saintonge, Itta la sorcière du Fa, la fée Mélusine, Cadet le naufrageur. En cette période qui annonce la Renaissance, Edmund Eyquem (en référence à Montaigne), va mener une enquête au milieu des créatures hybrides de Jérôme Bosch et des bestiaires du Moyen Âge pour découvrir la vérité. Cette littérature de l’imaginaire et du fantastique fondée sur des faits historiques prolonge les légendes du passé.

Découvrez un surprenant polar au Moyen-Âge se parant à la fois de faits historiques et fantastiques !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Philippe Schnepf reste fidèle à la littérature fantastique de ses deux précédents romans, La mémoire des pierres et Les chemins de Saba. Sa venue dans la presqu’ile d’Arvert lui fait découvrir l’histoire et les légendes de la Saintonge et du pays d’Aunis. Membre de la Société des Auteurs du Poitou-Charentes, il contribue de façon originale à la connaissance de la culture de notre région.

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Philippe Schnepf Le Diablede Talmont

DU MÊME AUTEUR

RomansAux Éditions Les Presses du Midi

La Mémoire des Pierres, 2008

Les Chemins de Saba, 2015© – 2020 – 79260 La Crèche

Tous droits réservés pour tous pays

Nuit du 1er au 2 novembre 1516

C’était la nuit de la célébration de la fête de tous les Saints. L’aube était encore lointaine. La commémoration des trépassés commencerait dans quelques heures. Tous les chrétiens devaient y assister sous peine de sanctions. Le vicaire perpétuel de Talmont faisait pénitence, couché sur le sol, les bras en croix, dans l’église glaciale, consacrée à Sainte Radegonde. Allongé sur le ventre, il ressentait dans son corps les coups de boutoir des flots déchaînés heurtant la falaise, sur le bord de laquelle était bâti l’édifice. La mortification de son corps rapprochait son esprit de Dieu. À intervalle régulier, des gerbes d’écume traversaient les étroites fenêtres et recouvraient le sol d’une mousse blanchâtre. Le prêtre restait immobile, transi dans la froidure, pour mieux implorer Dieu en lui offrant les souffrances de son corps. Le Seigneur avait envoyé des fléaux pour frapper leurs aïeux, la peste noire, la famine, les écorcheurs et les anglais. L’impiété des villageois avait irrité le Seigneur. Aujourd’hui Dieu avait pardonné, mais les manants avaient déjà tout oublié. Ils vivaient dans la fornication, l’impureté et les passions coupables. La cupidité, la luxure, la gourmandise, la colère, et la tromperie gouvernaient leur vie. Ils sombraient dans l’idolâtrie et participaient à des cultes païens. Dieu devait lui donner la force pour contraindre tous ces impies à se prosterner devant lui. Il était son messager et leur guide. Si le moine fanatique avait eu connaissance du drame qui se jouait à quelques encablures, il aurait vu un nouveau signe de la colère de Dieu.

Le navire longeait depuis plusieurs jours la côte de Guyenne. Le vent tourna au Nord-ouest. La mer était grosse. La caravelle roulait de plus en plus dangereusement, des bruits sourds dans la cale indiquaient qu’une partie de la cargaison n’était plus arrimée. Des tonneaux, probablement détachés roulaient sous le pont, risquant de faire éclater la coque. Était-ce le résultat d’un mauvais travail lors du chargement à Pise ? Les cordes avaient aussi pu se détendre ou rompre lors du long voyage, libérant les fûts et les coffres. Alonzo Varga, le capitaine, se maudissait de ne pas avoir fait inspecter régulièrement les amarrages.

Les courants de marée montante extrêmement forts les avaient drossés dans une énorme échancrure ; l’estuaire de la rivière de Bordeaux. En face, ce devait être la côte de la Saintonge et la pointe de Grave aurait dû se trouver sur tribord. Mais, dans la nuit tourmentée, on ne distinguait rien. Les voiles carrées du mât d’avant avaient été affalées. Le capitaine, inquiet observait les voiles triangulaires du mât central et du mât arrière. Il hésitait à donner l’ordre de réduire la voilure, le bateau ne serait plus manœuvrant. Une énorme secousse ébranla le vaisseau. Toutes les membrures tremblèrent et les mâts gémirent. Ils avaient touché un haut fond nombreux dans ces parages. Le sable brassé par la mer s’accumulait à certains endroits, puis se déplaçait au gré des marées et des courants. Une vague encore plus haute que les autres souleva la caravelle qui retomba dans un sinistre craquement. Une violente bourrasque coucha le navire. Il se redressa péniblement. Un bruit sourd éclata, comme le bruit d’une bombarde. Le mât central bascula lentement dans la mer, entraînant deux corps enchevêtrés dans les cordages. Leurs cris furent couverts par le mugissement des vagues. Les deux matelots tournoyèrent un instant sur les vagues écumantes, puis disparurent, happés par les flots.

La lueur de lune repoussant les ténèbres éclaira la tragédie. La Santa Lucia désemparée tanguait au milieu d’un bouillonnement d’écume. Les assauts furieux de la mer sur bâbord poussaient le bateau qui roulait de plus en plus et augmentait sa gîte. Le grand mât cognait sur tribord, au risque de faire éclater la coque. Le capitaine donna l’ordre de couper les espars pour libérer le mât. Trois matelots se précipitèrent, la hache à la main. Tenant fermement d’une main le bordé, glissant sur le pont inondé, ils frappaient, frappaient les cordages du tranchant de leurs outils. Les épaisses drisses de chanvre résistaient. Cramponné au château arrière Francisco Staniéri l’unique passager hurlait. Il hurlait de peur dans la lueur blanchâtre d’un rayon de lune. Quel fou avait-il été. Il aurait mieux fait de suivre son Maître, Leonardo da Vinci sur les routes terrestres qui le menaient au royaume de France. Au lieu de cela il avait voulu rester et vivre de son art de barbier en retournant s’établir à Florence. L’émoi qu’avait suscité la découverte de son commerce avec Alonzo le pâtissier l’avait obligé à fuir la ville. Il avait gagné Pise et s’était embarqué sur ce navire affrété par la famille Peruzzi, grâce à la complicité de la Fraternita de Saint Luc, dont il était membre. La guilde avait voulu éviter le scandale. Le grand Léonardo l’avait recommandé, Sforza le mécène du Maître se trouverait également impliqué par la rumeur. Mais maintenant Dieu le punissait et lançait les éléments contre lui.

Des paquets d’eau balayaient le pont qui s’inclinait de plus en plus. Soudain, à la faveur d’une nouvelle apparition de la lune, une forme émergea de la mer déchaînée. Une sorte de dôme mouvant, grisâtre barrait la route du voilier. Terrorisé Stanieri compris immédiatement qu’ils avaient réveillé le Léviathan, la monstrueuse pieuvre des anciens, qui dormait dans les abîmes. Sa gueule ouverte avalait les âmes perdues. Ils étaient parvenus aux portes des enfers. Des tentacules immenses se détachèrent du monstre et se tendirent vers le bateau. Elles plongèrent dans l’eau bouillonnante et disparurent. Mais le bras le plus puissant frappa la coque par le travers et pulvérisa une partie du plancher. Une avalanche de sable fut projetée dans la cale et sur les restes du pont. Une déferlante fit pivoter la caravelle, dos au vent. La voile d’avant se gonfla prête à éclater. Le mât plia sur la charge, mais résista. Un coup de hache coupa la dernière vergue qui retenait le mât. La caravelle libérée se cabra. Elle se dégagea du banc de sable dans une gerbe d’écume. Le monstre disparut sous l’eau dans un jaillissement de sable et de graviers. La proie lui échappait.

Maintenant, le vent venait de l’arrière, la tempête semblait avoir baissé d’intensité. Le navire fuyait, poussé par les courants. Les trois hommes accrochés à la longue barre tentaient de maintenir un cap dans la nuit redevenue noire. Le capitaine compris que la chance les avait fait rentrer dans l’estuaire. Ils longeaient la côte de Saintonge, dont on distinguait parfois la rive sombre et escarpée. Le roulis du bateau s’accentuait en raison de l’eau et du sable embarqués par l’ouverture béante du pont. Malgré la hauteur de la coque, un retournement était à craindre.

Un miracle survint ; face à eux, pas très loin, ils distinguèrent une petite lumière qui vacillait. Certains entendirent même le tintement d’une cloche. S’ils réussissaient à maintenir le cap, ils pouvaient atteindre ce village, où de braves sauveteurs leur signalaient un abri à l’aide d’un fanal. L’espoir renaissait. De l’équipage il ne restait que huit hommes, le capitaine et Staniéri. La cargaison de draps et de soieries venant d’Égypte, les épices d’Inde devaient être fortement endommagées. Mais ils étaient en vie.

Quelques heures plus tôt, le 1er novembre à l’heure de l’Angélus

Dans le lointain sonnait la cloche de Sainte Radegonde de Talmont. Elle semblait répondre au clocher de Meschers, plus fort : trois fois trois coups, puis une sonnerie en volée. Elles appelaient les villageois à venir demander à la Vierge Marie de bien vouloir intervenir en leur faveur auprès du Dieu tout puissant. La prière en trois versets était récitée le matin, le midi et enfin le soir, régissant ainsi la vie quotidienne. Chaque jour les cloches des églises sonnaient pour célébrer l’angélus ; un moment précieux pour se tourner vers le Seigneur, en demandant l’intercession de la Vierge Marie.

Les habitants des falaises, qui dominent la mer, se moquaient bien de ces incantations. Ils étaient les réprouvés, le ban de la société. Ils n’avaient que faire de la cérémonie de tous les saints et celle des morts, simplement parfois ils regardaient la nuit étoilée

« Quand tu verras choir une étoile, tiens pour vrai que c’est signe que l’un de tes amis est trépassé, car chaque personne a une étoile au ciel qui tombe quant il meurt » (Évangiles des quenouilles xvie siècle)

Ils se débrouillaient pour survivre, et trafiquaient en cachette. Leur survie devenait de plus en plus problématique depuis que le roi avait donné la seigneurie de Meschers à Charles François de Coetivy. Il mettait en coupe réglée ses nouvelles possessions, et contestait tout droit, tout privilège au nom du roi. En réalité, il cherchait à remonter la fortune de la famille après la rançon qui avait dû être versée pour libérer son père, le Sénéchal de Guyenne, de sa prison anglaise.

Dans le trou du rocher qui surplombait les flots, Cadet le chef de la communauté, humait l’air salé, ressentait le vent qui lui piquait le visage. Ruisselant d’eau, il devenait le ressac. Il ressentait dans son corps les mouvements saccadés de la mer qui allaient en s’amplifiant. Une forte tempête s’annonçait. Elle allait augmenter avec la marée montante. Le vieux brigand se passait la main dans sa barbe hirsute et détrempée, heureux. La nuit serait peut-être propice. Il se retourna vers sa femme, la Grimarde, qui s’affairait près du feu, au fond de l’étroite caverne.

« Eh la mère la neu (la nuit dialecte saintongeais) va être bonne asteur (maintenant dialecte saintongeais) ça commence à secouer dur en mer. Prépare-toi »

Le visage de la vieille s’éclaira, un sourire en coin releva ses lèvres, découvrant les chicots noirâtres qui lui servaient de dents.

En se penchant au bord de la plateforme, il aperçut la plus jeune de ses filles, Mélusine, qui escaladait la paroi verticale. Il n’y avait pas de chemin en haut pour descendre vers le repaire. Pour atteindre les cavernes creusées dans la falaise, il fallait se hisser sur la roche calcaire. Par endroit, des pieux permettaient de s’agripper pour progresser. L’accès se faisait par le bas de la falaise, sur la plataine ; partie du plateau rocheux que la mer découvre à marée basse. Le long et étroit chemin qui montait du nord-ouest se montrait encore plus dangereux que l’escalade. Seuls, quelques hommes l’empruntaient quand il fallait sortir les bêtes, ou que la marée était trop haute.

Le repaire était imprenable. La roche en surplomb ne permettait pas de descendre, et quiconque non autorisé se serait avisé de monter aurait reçu une avalanche de pierres, jetées par les occupants. De nombreux gens d’armes en avaient fait la mortelle expérience.

Mélusine progressait rapidement à la force de ses bras et de ses jambes. Elle sautait de rocher en rocher, se servant de la moindre fissure pour s’élever. On aurait dit un lézard ou une salamandre. Son corps s’adaptait à tous les mouvements de la roche. Quand elle levait la tête vers le sommet on voyait ses yeux verts pétiller sous sa tignasse flamboyante, comme un lever de soleil sur la mer. On devinait sous ses haillons un corps à la fois longiligne et musculeux. C’était un beau brin de fille, mais gare à celui qui chercherait à l’approcher, la sauvageonne griffait, mordait et savait terrasser n’importe quel prétendant. Cadet la considérait avec fierté. La Grimarde l’avait acceptée difficilement, mais la coutume l’imposait. Il avait recueilli le nouveau-né en accord avec sa vraie mère. Il valait mieux tenir secret ce qui arrivait, parfois, pendant le sabbat. Elle était plus en sécurité ici, qu’avec sa mère. Arrivée juste en dessous de l’endroit où se tenait son père, Mélusine lui tendit une poche (un sac dialecte Saintongeais) rapiécée qui avait été taillée dans un morceau de grosse voile de coton récupéré sur les rochers. Il était rempli d’oursins, de moules, de couteaux et de bigorneaux. La pêche de la journée formait la base de l’alimentation du petit peuple des troglodytes.

« Mélusine, ma drôlesse (ma fille dialecte saintongeais) va prévenir tous les thiu-salés (culs-salés, désigne les Saintongeais des côtes) on va bouiner cte nuit » (on va s’occuper cette nuit) lui commanda Cadet.

Une centaine de personnes s’abritait dans la falaise. Pillards, écorcheurs, déserteurs, voleurs, pauvres hères, enfants abandonnés, tous y trouvaient refuge. Certains même, avaient fondé une famille.

La mer avait créé au cours des âges des cavités qu’ils avaient eux-mêmes creusées et aménagées. Depuis des générations les troglodytes étaient leur habitation. La température ne variait pas ; douce en été comme en hiver. La nourriture était abondante au pied des falaises.

Mélusine bondissait d’une grotte à l’autre pour transmettre le message de son père. Le grand Jean, le petit Jean, le Vieux, le Borgne s’équipaient pour une longue nuit. Les cavernes résonnaient des préparatifs. Le Louis de Mornac affûtait soigneusement, sur une pierre à aiguiser, son sabre d’abordage. Il n’était pas de coutume de laisser des survivants qui auraient pu les dénoncer. Tous se réjouissaient par avance des aubaines à venir. Femmes, enfants, tous les habitants des cavernes seraient de la partie.

Les naufrageurs

La nuit noire était tombée depuis plusieurs heures. Avec la marée haute, la tempête avait atteint la côte. Les déferlantes explosaient contre la falaise. Les embruns glacés inondaient les cavernes les plus basses. Le vent sifflait et amenait par moment une pluie battante qui frappait les visages, presque à l’horizontale. Le bruit était assourdissant et la roche tremblait.

De son trou perché, au-dessus des flots déchaînés, Cadet préparait son bélier. La noble bête dominait de sa haute stature. Elle avait un pelage noir tacheté de blanc. Elle portait fièrement une barbiche, aussi longue, que celle de son maître. Des yeux de braise vous observaient méchamment. Deux cornes gigantesques ornaient sa tête. La bête était célèbre. Toute la région avait entendu parler de Cadet et de son animal démoniaque.

Cadet fixait sur Belin, c’était le nom du bélier, une lanière de cuir sur chacune de ses cornes. À l’une il y suspendrait une cloche, et à l’autre, une lanterne. L’armature était en bois de chêne, enveloppée par une fine toile huilée. À l’intérieur, bien protégée du vent et des embruns, une grosse bougie de suif volée à l’église permettait d’envoyer un signal aux navigateurs.

Cadet ouvrait la marche, tirant son bélier avec une longe. L’animal connaissait bien le chemin et avançait à un rythme régulier. L’homme, éclairé par le fanal accroché aux cornes suivait l’étroit sentier. Derrière eux, dans la nuit, les autres suivaient, le plus souvent le corps collé à la paroi, faute de largeur du sentier. La lente descente semblait interminable. On approchait d’une large crique. La côte à cet endroit était hérissée de rochers entre lesquels la mer s’engouffrait. Les vagues projetaient les galets qui rebondissaient comme une mitraille. Parfois un geyser d’eau bondissait, à la verticale sortant d’un trou de roche. En mugissant, la mer se retirait, puis revenait. Dominant la crique, Belin le bouc, la tête dressée, était fièrement campé sur une roche plate. Insensible aux embruns et au vent, tendu vers l’océan comme la figure de proue d’un navire, il attendait. Sa cloche tintait, la flamme brillait.

Assis à côté de lui, Cadet patientait, calme. Le drame allait se jouer. À moins d’une lieue, il avait entraperçu une voile au-dessus d’une haute coque. Le navire arrivait guidé par la lueur de la lanterne. Le vent balaya le dernier nuage et la lune surgit. Ses rayons éclairèrent la scène. La caravelle s’était trop engagée sur la côte. L’équipage avait aperçu les brisants, mais trop tard. Dans une manœuvre désespérée, le bateau pivota lentement comme pour échapper aux récifs, mais il présenta le flanc à un gigantesque rocher tranchant comme un glaive. Dans un sinistre craquement, une brèche géante s’ouvrit dans la coque. Des cris furent emportés par le vent. Les mâts, les corps et toutes les superstructures basculèrent dans l’océan. Lentement, comme un animal blessé à mort, la caravelle se coucha. Les brisants sur lesquels elle reposait disloquèrent rapidement la coque. De ses entrailles s’écoulait la précieuse cargaison qui valait la vie d’une douzaine d’hommes.