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L'Église Libre d'Écosse se souvient d'Horatius Bonar comme l'un de ses compositeurs les plus prolifiques et les plus inspirés d'hymnes religieux. Issu d'une longue lignée de pasteurs, né à Edimbourgh en 1808, intellectuellement et poétiquement doué, à vingt-neuf ans il se retrouve en charge de la paroisse de Kelso, où il va se marier, et passer une trentaine d'années. En 1866 il est invité à devenir pasteur de la Chalmers Memorial Church, Edimbourgh. Il y restera jusqu'à sa mort, à l'âge de quatre-vingts ans. H. Bonar n'a pas écrit que de la poésie, mais aussi plusieurs biographies (sauf la sienne dont il ne voulait pas entendre parler), et, si l'on ose dire, beaucoup d'ouvrages d'ascension stratosphérique. Dans ce présent livre, qui en fait exemple, l'auteur exhorte à fixer sérieusement nos pensées sur la contrée sans bornes toute proche dans laquelle nous sommes sur le point d'entrer : l'Éternité. S'appuyant sur la Bible, il nous laisse entrevoir que l'Éternité n'est pas une forme vide du temps, semblable à l'infini de l'espace qui effrayait Pascal, mais au contraire la plénitude des réalités essentielles, vie, lumière, amour, dont l'âme sera pénétrée. L'effet produit par cette prose sur le chrétien se rapproche de la lecture de Jean dans le Nouveau Testament. Sur le plan théologique Horatius Bonar était un calviniste modéré, prémillénariste. Cette numérisation ThéoTeX reproduit le texte de 1858.
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Seitenzahl: 240
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322480760
Auteur Horatius Bonar. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.ThéoTEX
site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]Le voyageur qui poursuit sa route dans l'espérance de revoir bientôt sa patrie, porte souvent ses regards vers le lieu qu'il doit habiter ; il étudie son chemin, il en considère les détours, il en mesure la distance, et tâche au moins d'entrevoir au loin la maison paternelle que l'on dirait bâtie sur un riant coteau. De retour chez lui, il n'éprouve pas moins de plaisir à revenir en arrière sur les lieux qu'il a parcourus, repassant ainsi dans sa mémoire ce qui lui est arrivé en chemin, soit en bien, soit en mal.
Il en est de même de nous. Nous sommes en route pour l'éternité ; nous marchons en avant, les yeux tournés vers la Nouvelle Jérusalem. C'est avec bonheur que nous pensons au jour éternel, puisque nous devons y jouir de la présence de Dieu et de l'Agneau. Avant qu'il soit longtemps, nous nous y trouverons dans ses parvis, ou bien nous marcherons en sainte compagnie dans les rues de la cité, avec tous les bienheureux. Et quand, de ces hauteurs sublimes, nous reporterons nos regards sur le sentier qui nous conduit au royaume, sentier fort court à la vérité, mais rempli de merveilles, nous nous rappellerons toutes les luttes, tous les pas fatigants, toutes les heures obscures ou solitaires, toutes les « vallées de Bacca » avec leurs puits ou leurs étangs, toutes les tristesses et les consolations ; nous repaîtrons, agréablement notre souvenir des dispensations de Dieu à notre égard, et nous verrons comment, par des voies mystérieuses mais sûres, nous avons été amenés à cette cité glorieuse. Ou bien encore, nous raconterons notre histoire à d'autres, à un ange peut-être, à un saint qui, ayant quitté la terre à l'état d'enfance, sera entré dans son repos sans passer par ce rude chemin dont nous voulons parler ; nous lui dirons comment à tel endroit et à telle époque, après avoir suivi bien des voies détournées, nous avons commencé de nous approcher de Dieu et avons éprouvé combien il est bon : c'est à tel endroit, à telle époque et de telle manière que j'ai soutenu ce combat, que je me suis laissé prendre dans ce piège, que j'ai bronché et suis tombé, que j'ai été surpris par les ténèbres, — cependant Dieu m'a délivré de tout.
Quelle satisfaction ne trouverons-nous pas dans cette vision du passé, dans ce souvenir des merveilles de la grâce toute-puissante qui aura ainsi formé notre courte mais intéressante carrière ! Heureuses réflexions, récits merveilleux qui seront autant de sujets d'amour et de louange éternelle dans les siècles à venira !
Nous sommes emportés par le temps. La nuit sera bientôt passée, et le matin millénial ne tardera pas à éclore. Puis, la gloire milléniale elle-même sera remplacée par le jour éternel qui est au delà des siècles et des économies. L'esprit trouve déjà une bien douce joie dans cette perspective du siècle millénaire ; mais c'est avec une satisfaction plus grande encore que nous pensons au jour qui n'aura pas de fin. La pensée que les ténèbres de cette nuit vont se dissiper à l'apparition de l'Etoile du Matin, nous console véritablement ; mais notre consolation s'affermit et se multiplie lorsque nous considérons que la beauté de cette Etoile matinale doit se perdre dans la gloire du jour éternel.
Nous ne voyons pas très loin dans les siècles à venir ; je n'écris pas non plus comme si je pensais qu'il en fût autrement. « Nous connaissons en partie, » c'est-à-dire que notre connaissance est bornée et imparfaite ; d'où il suit que « nous prophétisons en partie, » nous bégayons de nos lèvres et nous écrivons d'une main chancelante.
« Nous voyons, maintenant, obscurément par un miroir, » comme si le livre de Dieu, semblable à un miroir que l'on place devant soi, était destiné à réfléchir les objets qui se trouvent au delà du voile. Toutes les promesses, tous les types, et toutes les institutions de l'Ancien Testament étaient des miroirs dans lesquels l'homme devait voir réfléchies les choses de Dieu, les choses des siècles à venir. Et ce qui nous arrive seulement par la réflexion, comme l'image d'une étoile sur la mer, ne peut être aussi distinct, ni aussi vif par son éclat que la présence de l'objet ou de la personne elle-même.
D'ailleurs, la faculté par laquelle nous percevons les objets est faible et bornée, alors même que nos yeux soient oints du collyre céleste (Apoc.3.18). Nous ne pouvons pas oublier qu'il y a des limites. Mais ces limites elles-mêmes sont merveilleuses ; ce rideau, qui voile à nos yeux tant de décrets, est déjà si beau que nous n'avons nullement envie de passer outre. Car, tout différent de ce qui se voit ici-bas, notre horizon ne se compose pas de nuages, mais de gloire. Ce n'est point un obstacle que notre œil rencontre, mais un lieu de repos.
Il est vrai, cependant, que le cercle de notre vision s'est considérablement élargi depuis que les yeux de notre entendement ont été éclairés, « afin que nous sachions quelle est l'espérance de notre vocation, et quelles sont les richesses de la gloire de notre héritage dans les saints » (Ephés.1.18). De là, l'apôtre Pierre avertit ses frères du grand péril auquel nous expose une vie stérile. « Celui en qui ces choses ne se trouvent pas, dit-il, est aveugle et ne voit pas de loin ; » comme si, par une telle expression, il eût voulu nous faire comprendre que le chrétien doit être clairvoyant et que l'obscurcissement de sa vue spirituelle vient de ce qu'il néglige les œuvres de piété ; car celui-là oublie « la purification de ses anciens péchés, » et oublie qu'il a été « délivré du présent siècle mauvais, » qui n'a qu'une connaissance oisive ou stérile.
Les saints, au temps de l'ancienne Alliance, étaient des hommes à longue vue. Le secret de l'Eternel était avec eux, et son alliance pour la leur donner à connaître (Ps.25.14). Il ne leur cachait pas ce qu'il avait l'intention de faire (Genèse.18.17). Il leur révélait son secret (Amos.3.7).
Enoc, septième homme après Adam, regarda dans les siècles à venir, et vit le Seigneur venant avec dix milliers de ses saints. Abraham vit le jour de Christ de loin, et s'en réjouit. Job lui-même, au pays des Gentils, avait les yeux fixés sur la gloire, et comme un homme qui voit les choses de loin ; il se consola dans son affliction en disant : « Je sais que mon Rédempteur est vivant et qu'il demeurera le dernier sur la terre » (Job.19.25). Il en est de même des fidèles qui sont venus quelques siècles après. Ainsi, Jean pouvait dire : « Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra. » Un autre a pu dire encore : « Nous attendons aussi, selon sa promesse, de nouveaux cieux, et une nouvelle terre où la justice habite. »
Une vue bornée est donc le résultat de l'incrédulité, tandis qu'une vue fort étendue est le résultat de la foi. Aussi longtemps que notre vie est en odeur de sainteté, nous sommes en état de connaître tous les secrets de la Parole de Dieu ; mais lorsque nous sommes inconséquents, lorsque nous cessons nos rapports avec Dieu, lorsque nos cœurs deviennent paresseux, notre intelligence s'obscurcit, et dès lors aussi il nous est impossible de voir bien loin. Un saint homme ne ressemble pas seulement à quelqu'un qui, du haut de son éminence, peut étendre sa vue de tous côtés, et jusqu'aux frontières de Canaan ; mais c'est un homme qui, par la vigueur et la pureté de son intelligence spirituelle, peut tout d'un coup embrasser le royaume dont il est fait l'héritier.
Ainsi, notre perspective est assez vaste. Elle s'étend bien loin dans les régions de la vie immortelle ! Elle s'ouvre sur tous les points et s'étend infiniment au delà des ombres, car les collines et les cieux terrestres ne sont que l'ombre du tableau où se trouvent dépeints les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Elle va au delà des espérances, des craintes, des tristesses présentes ; au delà du calme et de l'orage passagers de cette terre ; au delà des abîmes et des hauteurs des cieux ; au delà de l'étoile polaire ou des pléiades, ou même au delà du mystère de la Croix ; enfin, notre perspective s'étend jusqu'à la Jérusalem céleste.
Quand le divin Epoux se sert d'une expression comme celle-ci : « Avant que le vent du jour souffle et que les ombres s'enfuient, je m'en irai à la montagne de myrrhe et au coteau d'encens (Cant.4.6), il entend que l'Eglise doit recueillir ses paroles et le suivre dans ce lieu de félicité où il nous a précédés. Il est monté en haut, c'est-à-dire qu'il s'est retiré sur cette montagne de myrrhe, et lorsqu'il reviendra il portera en lui-même les indices du lieu même où il est allé, car « tous ses vêtements sont parfumés de myrrhe, d'aloès et de casse » (Psa.45.8). Or, c'est sur cette hauteur qu'il a voulu placer son épouse, car il l'a fait asseoir par la foi dans les lieux célestes (Ephés.3.6). Nous sommes donc assis sur cette montagne, bien au-dessus de la poussière et du bruit de la terre, respirant le doux parfum, et jouissant librement de tout ce qui nous est donné en perspective.
Quel avenir immense ne se déroule-t-il pas devant nous ! Et quelle réalité, quelle certitude de bonheur ! Ce n'est pas un mirage trompeur, ni un tableau fantastique apparaissant et disparaissant continuellement. C'est une perspective qui ne change pas. Par moment, elle peut être plus sereine, plus sensible que d'autres fois, mais elle paraît toujours dans ses grands traits ; elle ne perd jamais rien de son excellence, elle est toujours la même. Le temps où elle revêt son plus bel aspect, est précisément celui de la douleur. Car, comme en un jour brumeux les montagnes éloignées nous paraissent plus rapprochées et plus distinctes, de même, au temps de l'amertume et de la souffrance, les collines éternelles se présentent au regard de la foi plus réelles et plus magnifiques que jamais ; elles paraissent même très proches, si proches, qu'il n'y a, ce nous semble, qu'à traverser le faible ruisseau qui serpente au-dessous de nous, pour prendre possession de notre bel héritage.
C'est sur cette montagne, sur ce coteau d'encens que se recueillirent autrefois les saints, en attendant la fuite des ombres et l'apparition du grand jour éternel. Là, David se recueillait, et tandis qu'il considérait le péché et le travail de la terre, il raisonnait ainsi en lui-même : « Mais, moi, je verrai ta face en justice, et je serai rassasié de ta ressemblance quand je serai réveillé » (Psa.17.15). Là, Salomon se recueillait, et tandis qu'il contemplait le Roi dans sa beauté, il exprimait ainsi ses sentiments : « Mon bien-aimé, enfuis-toi aussi vite qu'un chevreuil ou qu'un faon sur les montagnes des essences aromatiques » (Cant.8.14). Là, Paul se recueillait, et, anticipant sur la résurrection des saints, il se consolait lui-même. Calme en présence de l'avenir, il pouvait dire : « Le corps est semé en corruption, il ressuscitera incorruptible ; il est semé en faiblesse, il ressuscitera en force ; il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel ; » et dans le triomphe de sa foi, il pouvait encore s'écrier : « O mort ! où est ton aiguillon ? O sépulcre ! où est ta victoire ? » (1Cor.15.42,55). Là aussi se recueillait l'apôtre Pierre, lui qui affligeait son âme juste à cause de l'impiété moqueuse et de l'apostasie des derniers jours ; il entretenait, comme tous les anciens, l'espérance d'une rénovation universelle ; il se consolait en attendant les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite (2Pierre.3.13). C'est encore là, « sur une grande et haute montagne, » que Jean se recueillait, lorsqu'il vit la gloire de la cité céleste, qu'il entendit la sublime proclamation : « Certainement, je viens bientôt, » et que, répondant à cette voix qui lui était si familière, il s'écria : « Oui, Seigneur Jésus ! viens » (Ap.21.10 ; 22.20).
Il est vrai que nous ne connaissons qu'en partie, car nous voyons maintenant par un miroir obscurément. Mais, ce que nous voyons et ce que nous savons est très glorieux. La perspective, quelle qu'en soit l'imperfection, n'est ni fictive, ni douteuse, et le miroir qui la réfléchit est divin et par conséquent fidèle. Il nous dépeint les scènes de l'avenir avec chaleur et vérité comme n'aurait jamais pu le faire aucun miroir terrestre. Certes, nous devrions, les yeux fixés sur ce miroir, nous conduire plus saintement que nous ne faisons d'ordinaire. Dieu attend beaucoup de nous.
1oIl exige que nous soyons saints. Les objets qui s'offrent à nos regards ont pour effet de nous purifier. Ils impriment leur caractère sur celui qui les contemple. « Quels ne devons-nous pas être par une sainte conversation et par des œuvres de piété ? » L'Océan réfléchit l'azur du ciel ; en le regardant en face, il en emprunte la pureté et la ressemblance. Il faut de même que nous soyons assimilés aux objets célestes en y portant sans cesse nos regards et nos affections.
2oIl exige que nous soyons fermes. Les objets qui changent ou qui passent communiquent leur instabilité à tout ce qui les entoure. Ceux qui sont stables ont plus de ténacité et de force, et produisent par conséquent un effet contraire. Nous, qui avons devant les yeux un riche tableau des choses à venir, nous devrions subir leur influence au point d'être transformés à leur image, et revêtir ce caractère de fermeté qui leur est propre. L'inconstance et la vanité de notre vie disparaissant peu à peu sous cette impression vigoureuse qui est le signe de l'immutabilité de la vie divine, nous devrions présenter cette attitude calme et solennelle qui témoigne de la réalité du royaume auquel nous faisons profession d'appartenir. C'est ainsi qu'une vie faible devient forte par un examen attentif et persévérant de ce qui est fort ; c'est ainsi encore qu'une vie misérable acquiert un caractère de grandeur par la contemplation de ce qui est grand.
3oIl exige que nous soyons séparés du monde. La perspective qui attire nos regards n'a rien de charnel ni de terrestre. Il est vrai que, dans un certain sens, elle a du rapport avec la terre, car elle embrasse la « nouvelle terre » aussi bien que les « nouveaux cieux. » Quoi qu'il en soit, elle n'a rien de commun avec ce monde dont nous avons été délivrés. C'est Dieu qui en fait le sujet principal, et celui qui en étudie les rapports se trouve par cet exercice même attiré vers Lui et séparé de tous les objets et de toutes les scènes qui lui sont étrangers. Nous y portons nos regards comme ceux qui « cherchent une meilleure patrie, c'est-à-dire la patrie céleste. » Nous y fixons toute notre attention comme ceux qui, faisant profession d'être étrangers et voyageurs sur la terre, ne songent point à revenir en arrière, c'est-à-dire au pays d'où ils sont sortis, « alors même qu'ils eussent le temps d'y retourner. » Or, plus les choses futures nous occupent, et plus nous sommes heureux d'avoir rompu avec le monde, plus nous regardons aux choses invisibles, et plus aussi nous voulons vivre comme des étrangers ici-bas.
4oIl exige que « nous nous glorifiions dans les afflictions. » Car, quelque profondes que soient nos blessures, elles seront bientôt guéries. La maladie qui nous oblige de rester au lit nous fait penser avec sollicitude à cette nouvelle terre dont « les habitants ne diront plus : Je suis malade. » L'affliction qui vous prive de l'objet de votre attachement vous fait désirer l'héritage qui demeure à toujours. L'événement qui vient troubler votre tranquillité, qui vous amène la pauvreté au lieu des richesses que vous aviez, qui réduit votre demeure en un désert, qui vous enlève votre bonne réputation, qui met en guerre avec vous vos amis même ; cet événement, dis-je, cette cuisante épreuve, vous fait éviter des pièges dans lesquels vous auriez pu vous laisser fatalement entraîner. De cette manière, « Dieu met vos pieds au large. » Cette tribulation, qui vous détache d'un monde trompeur pour vous rendre plus sensible aux douceurs du « monde à venir, » est ce en quoi vous devez vous glorifier.
5oIl exige que nous croissions dans la foi. Car comme la foi saisit et agrandit la perspective, de même, à son tour, la perspective saisit et agrandit notre foi. La croyance de ce qui est faux anéantit la foi ; elle la détruit dans ce qu'elle a de plus vital. La croyance de ce qui est vrai porte avec elle sa récompense, car la foi qui accepte en reçoit une nouvelle force. Il y a un pouvoir salutaire qui est inhérent à la vérité, comme il y a une force corrosive qui est inhérente au mensonge ; en sorte que plus notre foi dans la vérité augmente, plus nous faisons l'expérience que cette foi gagne en force et en maturité, car elle est en soi la substance de ce qu'on espère. La foi du monde se rétrécit et devient chaque jour plus chancelante, parce qu'elle n'a égard qu'au temps présent ; notre foi mûrit et prospère malgré les coups de vent qui paraissent l'ébranler, parce qu'elle se repose sur un avenir certain, et un avenir que les désenchantements de cette vie ne peuvent rendre que plus réel et plus glorieux.
6oIl exige que nous ayons une espérance vive. Il y a une certitude d'espérance dans la perspective des siècles à venir. Plus l'espérance réalise son objet et plus elle en emprunte les couleurs. Le monde n'a de l'espérance que le nom. C'est un simulacre. Or, cette espérance trompeuse qui ne repose sur aucun fondement solide peut crouler d'un instant à l'autre, bien qu'en apparence elle promette beaucoup. Notre espérance, au contraire, n'étant bornée par aucune circonstance terrestre, et franchissant toutes les limites du temps, pénètre au dedans du voile ; elle s'étend jusque dans la région de l'éternité, et devient ainsi ce que Dieu veut qu'elle soit : « Une espérance vive, » une « bonne espérance, » une espérance « qui ne confond point, » une espérance qui, comme la lumière qui se lève au matin, doit « briller de plus en plus jusqu'à ce que le jour soit arrivé à sa perfection. » Les brillantes clartés de l'avenir ne font que rendre plus ferme et plus vive l'espérance que Dieu nous a donnée. A quoi peut-on comparer l'espérance du monde ? — A une vague, peut-être, que l'on voit paraître et disparaître sur la mer agitée jusqu'à ce que, tombant avec fracas au pied de ce rocher ou sur le banc de sable qui lui fait résistance, il ne lui reste plus que l'écume de sa vanité. Notre espérance, au contraire, ressemble à cette nuée blanche et pure qui s'élève dans les régions atmosphériques, et qui, dans sa course rapide et tranquille, s'éloigne de plus en plus des bruits confus et du tumulte de la terre, et qui va se perdre enfin parmi les étoiles, sur les rives de l'éternité.
Les lamentations du soir vont cesser pour toujours. L'étoile du matin paraît au travers du nuage qui se dissipe, « le jour commence à poindre et les ombres s'enfuient. » La paix règne partout ici-bas, et le ciel, correspondant à la terre, brille du plus pur éclat. La création, délivrée de l'esclavage de la corruption, est rendue à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. C'est le chant royal d'un mois de mai dans tout l'univers.
L'Eglise a combattu le bon combat ; elle a achevé sa course. Comme le conquérant, ou comme celui qui est vainqueur, elle est enfin couronnée et assise sur un trône de gloire. Objet de la tendresse du Père, puisqu'elle est « comme la prunelle de son œil, » l'Eglise a été gardée par la puissance de Dieu et conduite sûrement au port du salut. Elle a traversé ces défilés dangereux qui se trouvent entre l'Egypte et la Terre promise, et malgré ses « diverses épreuves, » elle est parvenue au céleste héritage, « elle a été présentée irrépréhensible devant sa gloire, avec joie. » Le jour du repos est enfin arrivé. Elle se repose de tous ses travaux comme Dieu se reposa des siens (Héb.4.10). Ce n'est plus des collines de Moab qu'elle voit les tentes magnifiques d'Israël et le pays découlant de lait et de miel ; mais paisiblement assise sous l'olivier vert ou sur ses riants coteaux, elle jouit avec délices de ses fruits abondants et de son inaltérable beauté.
Maintenant, c'est le chant de l'allégresse, ce ne sont plus des cris de lamentation qui se font entendre ; car « les rachetés de l'Eternel sont venus en Sion avec chant de triomphe, et une joie éternelle est sur leur tête » (Esaïe.35.10). C'est, maintenant, la lumière, et non pas les ténèbres, car l'astre du jour s'est levé. Lorsque nous vîmes d'abord resplendir sur « les coteaux d'éternité » la pure lumière du matin, nous oubliâmes les sombres tristesses d'une longue nuit, ou bien le souvenir nous en parut comme d'un récit étrange de l'ancien temps. Nos jours de deuil sont passés : ce n'est plus un jour de jeûne, mais un jour de fête ; car l'époux est venu, et en sa présence il ne peut y avoir que bonheur et rassasiement de joie.
Une heure passée dans le séjour de la gloire fait plus que compenser toutes les avanies, toutes les humiliations que nous avons subies, et nous sentons tout ce qu'il y a de force et de vérité dans le cantique chanté par les captifs de Sion sur les rives de Babylone, ou bien dans cette parole de l'Apôtre : « J'estime que les souffrances du temps présent ne sont point comparables à la gloire à venir qui doit être révélée en nous » (Rom.8.18). Dans cette glorieuse attente, nous pouvons déjà répéter après Israël, ou plus exactement encore avec le Messie : « Je me réjouirai extrêmement en l'Eternel, et mon âme s'égayera en mon Dieu ; car il m'a revêtu des vêtements du salut, et m'a couvert du manteau de la justice, comme un époux qui se pare de magnificence, et comme une épouse qui s'orne de ses joyaux » (Esaïe.61.10b).
Quelle merveilleuse restitution, quel temps de rafraîchissement ne se prépare-t-il pas ! Heureuse journée ! Délicieux repos ! L'aurore de ce beau jour répand déjà autour de nous une suave clarté. On ne peut dire tout ce qu'il y a de sérénité et de puissance dans ces premières lueurs de la gloire des cieux. « Les fleurs paraissent sur la terre ; le temps des chansons est venu, et la voix de la tourterelle a déjà été ouïe dans notre contrée. »
Mais le jour sera-t-il inférieur à l'aurore, ou se transformera-t-il encore en nuages et tempêtes ? Envisageons-nous l'éternité comme devant reproduire en grand le spectacle des misères, des humiliations et des vicissitudes du temps ? Serions-nous encore dans la crainte que les anciens brouillards ne vinssent de nouveau nous surprendre, et que la douce et pure lumière des cieux ne fût interceptée par les froides vapeurs ? Peut-il se faire que l'étoile brillante du matin se dérobe un seul instant à nos regards ? Faut-il que l'azur des nouveaux cieux pâlisse ou que la nouvelle terre perde son imposant aspect ? Est-ce raisonnable de penser que l'héritage dont nous serons mis en possession lorsque notre Seigneur paraîtra puisse « se corrompre, se souiller et se flétrir ? » Enfin, n'est-il pas écrit, au sujet de ceux qui doivent le posséder : « Que celui qui est juste, soit plus juste encore ; que celui qui est saint, se sanctifie encore ! » L'Ecriture signale deux époques : le siècle à venir, ou le millénium (Marc.10.30), et les siècles à venir, ou les siècles des siècles, ce que nous appelons l'éternité (Ephés.2.7 ; 3.21). Pour autant qu'il s'agit de ceux qui ont part à la première résurrection, la condition du monde spirituel est invariable. Assis avec le Christ sur son trône, ils ne sont plus exposés aux changements qui ont lieu ici-bas. Dès l'instant qu'ils sont montés pour rejoindre leur Seigneur en l'air, ils se sont trouvés en dehors de toute influence du mal et des vicissitudes de la vie présente. Bien qu'ils ne cessent pas d'être en rapport avec la terre, attendu qu'ils en sont les gouverneurs par le fait qu'ils participent au règne de Jésus-Christ, cependant, ils sont élevés au-dessus d'elle, habitant un pavillon de gloire, et à l'abri de tous les changements qui peuvent s'opérer dans les régions inférieures.
Mais, quant à la terre elle-même et à ses habitants, il y aura des transitions même après le règne de la gloire. A la fin du siècle millénaire, Satan sera délié, et les ténèbres couvriront encore une fois la terre comme si, par l'effet d'une seconde chute, cette création nouvelle devait être, pendant des siècles, sujette à toutes les calamités ou à toutes les suites du péché. L'univers s'ébranle. C'est une immense révolte, amenée par celui qui fut l'auteur de la première. Il semblerait que cette crise s'annonce comme le présage d'un mal irréparable, comme si la grâce où la puissance, la colère ou l'amour, la présence même du Roi, plus imposante et plus glorieuse que la nuée ou la colonne de feu, ne pouvait plus jamais sauver l'homme du péché. Saint Jean, dans ses révélations, nous représente une armée formidable aussi nombreuse que le sable de la mer, qui, se rassemblant sous le charme et par un dernier effort de l'Antéchrist, vient se ranger en bataille pour combattre contre le Dieu souverain (Apoc.20.8). Semblable à ces multitudes qui combattirent autrefois à Armageddon, l'armée rebelle s'avance vers le lieu du sanctuaire terrestre sur lequel projette la gloire de la Jérusalem céleste ; elle environne le camp des saints et la cité bien-aimée.
Mais soudain, le jugement tombe sur eux ; car ils se mettent en scène pour être aussitôt anéantis. Le feu descend du ciel et les dévore. « Mais les méchants sont retranchés de la terre, et ceux qui agissent perfidement en sont arrachés » (Prov.2.22). « Et le diable qui les séduit est jeté dans l'étang de feu et de soufre » (Apoc.20.10). La dernière tempête qui devait troubler l'univers est apaisée. Les derniers vestiges du péché disparaissent. Les dernières ombres s'effacent. Il ne reste plus aucune trace de malédiction. Le jour est arrivé en sa perfection, car nous savons que ce qui est appelé « le siècle à venir » en était à sa dernière période, et « les siècles à venir » commencent pour ne point finir.
La dernière heure des ténèbres est donc passée, en sorte qu'il ne reste plus aucun nuage, aucune ombre de la nuit. Le crépuscule même est disparu. L'étoile du matin s'est changée en un soleil radieux. Oh ! comme tout est harmonieux dans le ciel et sur la terre ! C'est ici qu'il faut admirer et voir comment « toutes choses ont été réconciliées avec Dieu, » — « tant les choses qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre » (Coloss.1.20). La pierre fondamentale sur laquelle repose l'édifice de l'univers, est le Verbe Incarné. Celui qui a opéré cette merveilleuse réconciliation, celui qui dans le ciel et sur la terre, « soutient toutes choses par sa parole puissante, » le chef du « royaume qui ne peut être ébranlé, » c'est Jésus de Nazareth, celui-là même qui fut une fois couronné d'épines.