Le Lac de l'Ange - Sébastien Ortiz - E-Book

Le Lac de l'Ange E-Book

Sébastien Ortiz

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Beschreibung

Le jeune Tom se découvre de mystérieux pouvoirs...

C’est l’histoire de Tom, un jeune adolescent de 16 ans qui souhaite travailler avec les enfants mais qui ne sait pas encore dans quel métier. Tout au long de l’histoire, c’est l’amour pour sa famille et ses proches, et tout particulièrement son très jeune ami Charles, qui vont amener Tom à se découvrir des pouvoirs surnaturels. Ces derniers sont issus de la force des sentiments qu’il éprouve à l’égard de son entourage. La colère à l’encontre de son ennemi Hector va le faire se surpasser…

Un roman fantastique d'aventures dont l'histoire rebondissante se poursuit dans De la plume à l'apocalypse !

EXTRAIT

Les deux tempêtes s’entrechoquèrent. Les deux belligérants tendaient leurs mains afin de résister et de rendre le souffle plus fort encore. La terre tremblait de plus en plus fort. Soudain, Charles sortit du bouclier et lança une pierre qui déstabilisa l’Ange de la Mort qui n’eut plus le temps de se protéger de la tempête de Tom. Ce dernier fonça vers Charles
— Pourquoi as-tu fait ça ? Es-tu inconscient ? Il aurait pu en profiter pour te tuer.
— Tu m’as sauvé une fois et puis c’est aussi bien si tu n’es pas le seul héros dans l’histoire.
— Comme je t’aime petit frère.
— Attention derrière vous ! s’écria le papa de Charles.
— Je… n’en ai pas encore… fini avec vous… dit difficilement Hector tout affaibli. Par la tempête de la Mort !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Narbonne un 16 novembre 1982, Sébastien Ortiz est issu d’une famille dont le père est d’origine espagnole et sa mère d’origine alsacienne. Ce sont ces dernières racines qui l’ont amené à déménager en Alsace en 2004. En 2009, il se lance dans l’écriture afin d’exprimer à travers elle des émotions qu'il intériorisait jusqu'alors. Depuis le 1er septembre 2013, il est enseignant dans une école primaire du nord de l’Alsace. Depuis mars 2013, il s'est engagé auprès d’une association pour enfants malades, "Rêves" et depuis décembre 2012 s’investit aussi pour le Téléthon.

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Titre

Sébastien Ortiz

Le lac de l’Ange

Éditions des Tourments

Dédicace

Je dédicace ce livre à ceux qui m’ont soutenu et qui se sont, pour certains, investis dans mon projet : ma famille, mon cercle d’amis sans oublier ma bien-aimée.

Sommaire

Tom

La nouvelle voie

Embauche surprise

Des débuts tendus

Le lac de l’Ange

La mission

Des révisions au bac

L’Ange Tom

Le stage B.A.F.A.

Le concours

Le voyage

L’ultime tempête

La confidence

Le flagrant délit

La seconde chance

Souvenirs

Le retour d’Hector

Les retrouvailles

Amnésie

Un réveil douloureux

Le cadeau de Noël

L’approfondissement

Le nouveau travail

Le mariage sous haute protection

Retour au centre des Trois Roses

Le sacrifice d’Amy

La bataille des Anges

La paix des Anges

Déjà parus

A paraitre

Credits

Tom

Dans un coin du sud de la France, un jeune homme de seize ans, des plus marginaux, rentre du lycée avec une nouvelle à annoncer à ses parents. Ce jeune étudiant se prénomme Tom. Il est l’aîné de deux frères Nick, le plus jeune, douze ans et Chris, le second, âgé de quatorze ans. Il n’a jamais redoublé et se trouve alors en terminale scientifique avec en spécialité les mathématiques. Ses résultats étaient moyens et il se demandait régulièrement pourquoi avoir choisi cette branche tant il détestait la physique et la biologie. Mais il n’avait plus le choix, il devait aller jusqu’au bout de son année et obtenir son bac coûte que coûte.

Il souhaitait devenir professeur de mathématiques ou d’histoire géographie ou bien avocat. Trois branches complètement différentes mais qui le passionnaient toutes autant. Ce qui est commun à ces trois orientations, c’est le contact permanent avec les enfants et adolescents. Dans le professorat, son but était de partager son savoir, sa culture, d’éveiller la curiosité et l’intérêt des élèves, même les cas soi-disant “désespérés”, de créer un lien de confiance. Alors la magistrature, pourquoi ? Dans le but d’assurer la protection des mineurs et bien sûr remettre sur le droit chemin les écorchés de la vie. Tom, au moins, avait le choix en comparaison de certains de ses camarades qui n’avaient encore aucune idée de ce que pourrait être leur avenir.

Il expliquait par ailleurs, à qui voulait l’entendre, que son envie de devenir professeur venait du fait que durant toute sa scolarité, il a été guidé par des enseignants qui, en plus de transmettre de façon remarquable et passionnée leur matière, prenaient garde à ce qu’aucun élève de la classe ne lâche prise. Depuis la classe de cinquième, il était convaincu que c’était un métier qu’il souhaitait exercer. Il s’imaginait même être un enseignant dont la classe ne formerait qu’un bloc et où tous avanceraient au même rythme, où les plus intelligents aideraient ceux qui seraient en difficulté. Quelle utopie selon certains ! Mais un jour d’automne, il rentra du lycée avec une toute nouvelle idée qu’un de ses amis lui avait mise en tête.

D’un naturel optimiste et joyeux, en arrivant, il contempla sa maison comme si c’était la dernière merveille du monde. Il la trouvait simple mais pour lui elle regorgeait d’amour et de souvenirs très rigolos. Même s’il savait qu’il n’avait pas habité uniquement cette maison, il n’avait aucun souvenir de son premier logement et considérait avoir toujours habité ce petit village de neuf cents habitants. Devant, il y avait un parterre de pelouse avec de très jolis rosiers rouges, couleur et fleurs préférées de Tom, et un magnifique cerisier qui au printemps était d’une splendeur sans égal. Et pour une maison du sud de la France, l’incontournable piscine et une modeste terrasse, à l’arrière de l’habitation, permettaient de vivre des moments joyeux et festifs durant les longues soirées d’été sous le chant des cigales, qui du matin au soir résonnait à travers tout le quartier. La maison était située dans un endroit très calme à la sortie du village, loin du bruit du trafic de camions toujours de plus en plus nombreux à traverser la petite commune. Le silence et la tranquillité étaient les maîtres mots en ces lieux, même si parfois ces derniers étaient entrecoupés d’une petite dispute chez les voisins, qui de temps en temps s’envoyaient des mots si doux, que le voisinage proche pouvait finir par se demander pourquoi ils s’étaient mariés ou mieux encore pourquoi n’avaient-ils toujours pas divorcé…

En ouvrant la porte d’entrée, il aperçut, sur sa gauche la télé allumée diffusant les informations du moment, toujours aussi pessimistes qu’à l’accoutumée, avec des attentats par-ci, des hausses d’impôts et hausse du chômage par-là… Sur sa droite, ses parents étaient assis autour de la table de la cuisine. Ils préparaient le repas pour le soir. Pendant que sa mère, Manon, préparait les endives à la béchamel, son père, Flo, s’occupait du dessert : les crêpes. Un vrai chef ! D’ailleurs, bien souvent il pensait à se reconvertir dans la restauration. Tom se réjouissait à l’idée de se mettre à table. Endives et crêpes faisaient partie de ses plats préférés. Toutefois, il n’était pas difficile du tout. D’ailleurs avec sa silhouette mince, il en rendait certains jaloux, car il pouvait manger autant qu’il voulait ça ne changeait rien. En général quand il entendait ce genre de réflexion, il disait toujours que tout partait dans les neurones. Sinon, son père était mécanicien et patron de son propre garage, sa mère travaillait avec lui en tant que secrétaire dévouée, aucun chiffre ne lui échappait. Avec tout son sérieux et sa bonne gestion, il était impossible, selon Tom, que l’entreprise fasse faillite. Tout content de sa journée et ravi du repas à venir, il engagea alors la conversation :

— Papa, maman, j’ai discuté avec un camarade au lycée, Joey.

— Tiens ! C’est surprenant, j’ai justement discuté avec sa mère avant-hier matin alors que cela faisait un moment que je ne l’avais pas vue, interrompit Manon.

— Oui je le sais. Il me l’a dit. C’est d’ailleurs par ça que nous avons engagé la conversation. Il m’a dit que vous aviez parlé plus d’une heure ! Je me demande toujours comment vous faites pour avoir tellement de choses à vous raconter.

— Quand on parle de nos enfants ça va très vite il y a toujours plein d’histoires et puis je te rappelle que ça faisait un moment que nous n’avions plus discuté…

-C’est sûr. Sinon avec Joey, nous avons parlé un peu de notre avenir et quand je lui ai dit que je souhaitais enseigner, il m’a dit qu’il avait passé un diplôme qui pourrait m’être très utile pour ma carrière.

— Ah bon ? s’étonna sa mère.

— Oui c’est le B.A.F.A, reprend Tom.

— C’est certainement le brevet d’aptitude à foirer son année, dit son père en ricanant.

-Non… C’est le brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur.

— Je plaisantais.

— Je sais mais je ne comprends pas pourquoi tu te moques car ça peut m’être utile pour la gestion d’un groupe d’enfants ou tout au mieux connaître les adolescents, leurs besoins, leurs attentes…

— Oui, nous sommes d’accord ! souligne sa mère. La maman de Joey m’en avait parlé mais j’ai préféré ne rien te dire car je n’ai pas envie que tu surcharges ton emploi du temps. N’oublie pas que tu es en terminale et que tu as ton bac à la fin de l’année et qu’il va falloir que tu t’accroches pour le réussir. Tu es un élève moyen et tu sais qu’il te faut travailler plus que d’autres pour t’en sortir, tu n’as pas les mêmes facilités. Donc si tu commences à être distrait, tu risques de passer à côté du plus important. Et je te rappelle que tous tes mercredis sont occupés par le solfège et le piano.

— Mais ce diplôme me permettrait d’avoir une autre approche de l’enseignement, de mieux aborder un groupe et de mélanger ma formation aux différents exemples pédagogiques des professeurs que j’ai eus jusqu’à présent.

— Oui naturellement. Mais pense à tes résultats aussi. Sans bac pas de travail ! Et puis que sais-tu de ce diplôme ?

— Tout d’abord il faut avoir dix-sept ans révolus pour passer le premier stage.

— Alors en attendant le seize novembre, concentre-toi sur tes prochaines interrogations ! Dans trois jours il y a les vacances de Toussaint, alors donne-toi à fond pour ne pas avoir à regretter. En plus, tu ne dois pas oublier le bac blanc que tu as après les vacances de Noël. Si tu ne t’y mets pas rapidement, tu vas devoir tout réviser au dernier moment alors que tu sais qu’il faut faire très attention à réaliser un travail régulier et sérieux pour réussir.

En voyant la mine déçue de leur aîné, Manon et Flo vinrent lui faire un gros bisou pour le réconforter en lui signalant que ce qui venait d’être dit n’était qu’un conseil et que, d’une manière ou d’une autre, ils seraient tous les deux en permanence derrière lui pour le soutenir. Mais ils voulaient en savoir beaucoup plus sur ce diplôme que l’âge nécessaire requis. De plus, ils mettaient leur fils en garde sur le fait que faire de l’animation n’avait rien à voir avec une gestion de trente élèves en classe !

Sur ce, Tom reprit espoir, sourire et se donnait comme objectif de satisfaire la curiosité de ses parents ainsi que la sienne, car jusqu’alors, il n’avait aucune idée du déroulement de la formation et son coût. Plus jeune, il était inscrit régulièrement pendant les vacances d’été à des centres de loisirs. Il adorait ces temps-là, se retrouver entre copains, faire des jeux, des campings, draguer les filles… Il avait donc une idée de ce qu’était un animateur mais rien de bien précis. Il ne voyait, à ce moment-là, que l’aspect ludique du métier.

Après un repas délicieux et détendu et juste avant de se coucher, il était si enthousiaste qu’il devait faire part de ses nouvelles intentions à une personne qui compte beaucoup dans sa vie. Il s’appelle Charles et il a neuf ans, bientôt dix car il est né le deux novembre. Ce garçon est entré dans la vie de Tom il y a environ deux ans lors de l’été et un lien très fort s’était créé entre tous les deux. Et ce qu’ils appréciaient, était d’avoir leurs deux anniversaires si proches, même si jusque-là ils n’avaient jamais pu le fêter ensemble.

Tom, tout en étant originaire du Sud, a de la famille en Alsace. Il a une arrière-grand-mère maternelle qu’il est allé voir durant le mois d’août, mais ce n’était pas la première fois. Lors de sa première visite, quand il avait un peu moins de sept ans, il a fait la connaissance d’une jeune fille de son âge, Léa, qui est devenue sa meilleure amie. Charles est un petit cousin à cette amie. Durant les deux derniers étés, ils ont eu l’occasion de passer plusieurs après-midis ensemble et dès lors, Tom et lui sont devenus des frères de cœur. Ils s’appelaient de temps en temps, s’envoyaient de petites lettres… Tom ferait tout et n’importe quoi pour ses deux frères mais il n’a jamais réussi à montrer ses sentiments pour eux alors qu’avec Charles c’était complètement différent. Avec lui, Tom était protecteur, il le soutenait et l’adorait et savait que c’était réciproque. D’ailleurs, il se reprochait souvent de commettre une injustice sentimentale vis-à-vis de ses propres frères mais c’était plus fort que lui. Il n’a jamais compris pourquoi c’était aussi simple avec Charles et pas avec ses deux frères.

En se glissant dans le lit, il commença à rédiger sa lettre avec le plus beau de ses stylos.

Mon petit Charles,

J’espère que tu vas bien, moi en ce moment je vis de très bons moments. Je sens que ma vie va bientôt changer et j’avais envie ce soir de t’en faire part. L’année à venir va être intense. J’ai l’intention de passer un diplôme pour travailler avec des enfants de ton âge. Qui sait, un jour peut-être, je ferai animateur dans ta ville et tu pourras venir avec tous tes copains. Je ne sais pas pourquoi mais je suis sûr que j’ai ça dans le sang, que je suis fait pour ça. Par contre je crois que mes visites durant les vacances d’été vont être compromises, mais je trouverai une solution. Je verrai si je peux venir au cours des autres vacances.

Sinon la rentrée a été difficile, j’ai eu des notes plutôt moyennes et mes parents sont un peu derrière moi à me pousser en ce moment. Mais je suis si content d’avoir les parents que j’ai, que même quand ils m’engueulent, même si je n’apprécie pas, je sais qu’ils le font pour mon bien. Alors je marmonne, je boude, je me tais et hop ! Ça passe. Parce que je dois reconnaître que sans eux, je n’en serais jamais là où j’en suis. Et puis il faut dire que je n’ai pas été toujours un enfant modèle. Avec du recul je crois que j’ai bien mérité les claques que j’ai reçues. Quand tu seras plus grand, je te raconterai quelques anecdotes qui te montreront à quel point je pouvais être stupide parfois.

J’espère que ta rentrée s’est bien passée et que toute ta famille va bien. J’ai gardé un excellent souvenir de cet été avec toi et ta cousine. Nous avons bien rigolé. Tu te souviens quand ta gentille cousine m’a poussé depuis le plongeoir de cinq mètres à la piscine alors que j’ai une peur bleue du vide ? Je croyais que je n’allais jamais toucher l’eau tellement les secondes de chute m’ont paru longues. Et aussi quand elle m’a couru après, que je n’ai pas vu la barrière du restaurant et que ma grand-mère était furieuse quand elle m’a vu arriver la tête en sang ? Plus de peur que de mal avec trois petits points. Je crois que sans ça, les vacances auraient été bien mais là au moins maintenant on a de quoi plaisanter !

Il va falloir que je te laisse, demain je me lève assez tôt pour les cours, j’ai le bus à prendre et je ne voudrais pas rater le réveil. Si tu vois ta cousine, passe-lui le bonjour de ma part et dis-lui que je vais essayer de l’appeler le week-end prochain pour lui raconter un peu tout ça. J’essaye de te poster le courrier avant de partir pour l’école.

Un gros bisou de ton grand frère.

À très bientôt.

Déterminé, Tom se couche tout content. Ce qu’il faut savoir sur ce garçon, c’est qu’il obtient tout ce qu’il veut, car il croit beaucoup en lui et se sent soutenu par tous ses amis et sa famille. Le jeune homme sait qu’il a beaucoup de chance, car il a des parents très jeunes. Souvent sa mère est prise pour sa sœur. Une fois en amenant à Tom son carnet de correspondance au collège, elle s’est fait réprimander par un surveillant qui ne voulait pas la laisser sortir de l’établissement. Il était persuadé que c’était une élève. Certes sur le moment c’est très frustrant mais ensuite c’est très flatteur. Sacrée maman ! Il faut dire que débarquer au collège en survêtement, pas maquillée et en plus avec une taille comme la sienne, heureusement qu’elle avait sa carte d’identité ! Sinon Tom a eu le privilège de connaître trois arrières grands-mères, un arrière-grand-père et il a encore ses quatre grands-parents dont il profite autant qu’il peut. Il est très attaché à sa famille.

Malheureusement pour le lycéen, il a fallu rapidement mettre ses projets de côté durant tout un trimestre, car quelques jours avant son dix-septième anniversaire, son village fut ravagé par d’importantes inondations. Si jusqu’alors il n’avait vu ce genre de phénomène qu’à la télévision, aujourd’hui il se rend compte à quel point ça peut détruire intérieurement des vies. Les gens qu’il voyait autour de lui étaient désemparés. Tous leurs souvenirs avaient disparu sous les flots de la rivière en crue. Tout est arrivé si vite ! Plusieurs digues avaient cédé, provoquant une grande vague contre laquelle on n’avait rien pu faire. Par endroits dans la maison il y avait jusqu’à un mètre vingt d’eau en l’espace de quelques minutes, le temps de soulever quelques meubles pour sauver ce qui pouvait l’être.

Après sa famille, pour Tom, le plus important était de protéger son petit lapin. Eh oui ! Il avait un lapin nain qu’il appelait tout simplement Pin-Pin. Il l’adorait et le lapin le lui rendait bien. Il le suivait partout comme un petit chien et ne se laissait caresser que par lui. Une vraie complicité entre tous les deux. Souvent ils faisaient la course dans le couloir de la maison et c’était toujours le lapin qui gagnait. Il négociait mieux les virages. Sa mère voulait le laisser sur le bureau de la chambre où, soi-disant, il ne risquait rien. Mais lorsqu’ils sont retournés dans la maison pour voir l’étendue des dégâts, le bureau de Tom était complètement renversé. Il a eu comme un soulagement au cœur d’avoir sauvé son petit animal de compagnie d’une noyade assurée. Ce garçon croyait en Dieu, mais n’était pas du tout pratiquant. Et il pensait souvent être guidé, que quelqu’un était toujours là pour l’aider dans les moments difficiles, pour lui souffler les bons choix intérieurement, comme un Ange gardien.

Si le garçon n’a pas été spécialement touché moralement, c’est que d’une part il a voulu être fort pour sa famille et d’autre part parce que pour lui le plus important était que tous ses proches s’en soient sortis sans le moindre bobo. C’est un grand sentimental ! Chaque décision qu’il prenait, ne venait que du cœur. D’ailleurs on lui disait souvent « ton cœur et ta gentillesse te perdront ! »

Entre novembre et fin janvier, il a fallu nettoyer et reconstruire une nouvelle vie. Seuls les murs de la maison avaient survécu. Meubles, tapisserie, cuisinière… Tout était perdu, noyé. Les premiers jours étaient assez pénibles car chaque matin, en retournant à la maison, c’est comme si rien avait été fait la veille. Ne parlons même pas des odeurs de moisi et de renfermé. Après le petit-déjeuner c’était toujours un réel plaisir ! Mais petit à petit tout rentrait dans l’ordre. Toute la famille était là, des enfants aux grands-parents, pour tout remettre en ordre et rien que ces présences suffisaient à mettre une ambiance chaleureuse et rendaient le travail beaucoup moins pénible.

La nouvelle voie

Après avoir habité quasiment trois mois chez ses grands-parents paternels, Tom, ses deux frères et ses parents réintégrèrent leur maison nettoyée et rénovée. Les trois frères profitèrent alors de leur nouvelle chambre avec nouvelle tapisserie, nouveaux meubles… Une nouvelle vie tout simplement ! Là où le grand frère avait le plus de mal, c’était lorsqu’il regardait son synthétiseur. En effet, avant la catastrophe, il avait un magnifique piano droit. Et il y avait deux énormes différences : la première dans le toucher et la seconde dans la sonorité. Il s’était alors juré qu’il ferait des économies pour pouvoir s’acheter un vrai piano, le plus rapidement possible. Il serait à queue et noir et d’une brillance sans pareille. Le plus beau de tous les pianos selon lui, mais si cher ! Pour commencer il se contenterait d’un piano droit.

Petit à petit, les anciennes habitudes étaient revenues et permettaient à tout le monde de reprendre une vie normale, comme si rien ne s’était passé. Seulement des traces existaient encore. C’était celles qui restaient dans les mémoires, comme un ancien et mauvais souvenir, comme une épée de Damoclès, qui tremblait sur tous les habitants à chaque nouvel orage. Le lycéen profita, malgré ces déboires, de cette dynamique de reconstruction pour remettre en route son projet pour le B.A.F.A. Mais il savait qu’il fallait être un fin stratège pour que l’année en cours soit son année. En effet, durant les prochains huit mois, il devait affronter les études avec le bac, l’orientation, la recherche d’un logement, le B.A.F.A. et la musique. Il se sentait capable de tout gérer de front car il était très bien épaulé par sa famille.

La première étape pour Tom était d’attendre les résultats du bac blanc qu’il avait passé une semaine après la rentrée des vacances de Noël, pour savoir où il en était au niveau des révisions et le travail qu’il aurait à réaliser pour améliorer les résultats. Comme l’ensemble des élèves, il avait trouvé assez dur que les professeurs mettent ce genre d’épreuves aussi proche d’un retour de vacances, qui finalement entre nettoyage, réhabilitation de la maison et les révisions n’avaient pas été de tout repos. Il se souvenait que tous les élèves de terminale s’étaient réunis pour essayer de trouver des arguments pour convaincre les professeurs de décaler ces épreuves. En vain. Le calendrier était fixé depuis le début de l’année et il n’était pas envisageable de le modifier. Début février, les résultats sont tombés les uns après les autres, et en tenant compte des coefficients, il s’en sortit honorablement avec un onze de moyenne. Il n’en espérait pas tant car il pensait avoir raté les mathématiques. Et avec un coefficient neuf, l’erreur était rapidement pénalisante. Ce qui lui avait fait chuter la moyenne étaient les notes de philosophie avec un petit cinq, le sport avec un huit et la physique-chimie un huit. Les trois matières dont il disait tout le temps qu’il ne comprenait strictement rien. La philo, c’était trop abstrait, le sport il n’aimait pas courir en plein hiver autour d’un stade juste pour avoir une note au-dessus de dix. De toute façon, quelle que soit la volonté qu’il mettait dans les épreuves de sport il n’était jamais dans le barème. Rien que de savoir qu’au troisième trimestre il avait rugby, il n’osait même pas imaginer les dégâts. Il était dans une classe où la majorité des garçons étaient rugbymen. Certes, ils n’étaient pas professionnels, mais Tom pouvait se cacher sans difficulté derrière certains… Pour la physique-chimie, il avait, comme l’ensemble de la classe, l’impression que le cours n’existait pas. Aucune organisation, les interrogations sans rapport avec le cours, enfin bref la galère… Cependant, satisfait de l’évolution de son trimestre, il débuta ses vacances sous le signe de la bonne humeur.

Dès le lundi, il prit son téléphone et appela différents organismes de formation B.A.F.A. Tous ont répondu à ses questions en ce qui concerne le montage du dossier, les différentes aides financières auxquelles il avait droit, l’explication sur l’obtention finale du diplôme et naturellement le coût. Le soir, il décida de profiter du moment convivial du repas pour raconter à ses parents tout ce qu’il savait de ce diplôme.

— Papa, maman, vous vous souvenez de la conversation que nous avons eue au mois d’octobre au sujet du B.A.F.A. ?

— Oui.

— À présent j’ai toutes les réponses à vos questions. Voulez-vous que je vous explique ? Ou ça vous ennuie ?

— Non c’est bon, tu peux nous raconter, dit sa mère avec un brin d’inquiétude en voyant son fils si enthousiaste.

— Le B.A.F.A. est composé de trois stages, le premier est dit théorique et dure généralement huit jours. Il permet de se familiariser avec l’animation. On y apprend à monter des jeux, les animer, ce qu’est la gestion d’un groupe avec la législation. Puis, il y a un stage pratique qui se réalise dans un centre pour au moins quatorze jours et enfin un stage dit d’approfondissement pour faire un bilan des connaissances et en apprendre toujours plus sur un thème au choix, comme par exemple « jeux et grands jeux ». Les stages peuvent se dérouler en internat ou en externat suivant celui qu’on choisit.

— Mais ça doit coûter quelque chose non ? intervient Flo.

— Oui mais il y a des organismes qui accordent des aides au financement de ces stages. Ensuite, il y a des accords qui peuvent être passés pour que l’organisateur, qui t’accueille durant le stage pratique, paye une partie du troisième et dernier stage.

— Bien ! Et quand aurait lieu la prochaine session ?

— Durant les vacances de Pâques.

— Nous allons réfléchir.

— Oui mais il me faudrait une réponse rapidement pour que je puisse remplir les différents dossiers.

— Et as-tu une idée du lieu où se déroulerait ton stage pratique ?

— Oui j’ai pensé que je pourrais postuler sur le centre où j’étais quand nous étions petits avec Chris et Nick.

— Ah oui ! Ca pourrait être une excellente idée. Tu serais déjà plus à l’aise avec le cadre du travail. Ça te faciliterait un peu la tâche.

Quelques jours après cette discussion, les parents de Tom se décidèrent à lui annoncer qu’ils étaient d’accord sur le fait qu’il démarre sa formation dès le mois d’avril. Cette nouvelle a provoqué un électrochoc. À croire qu’il ne lui manquait que cette motivation pour lui faire flamber les notes durant les quatre dernières semaines de ce second trimestre. Il a renforcé ses liens d’amitié avec son camarade Joey, qui lui a parlé de ce diplôme. Avoir un point commun les a rapprochés et ils se sont mis à travailler ensemble dans l’optique du bac. Dans les jours qui ont suivi, il a réussi à avoir la moyenne en physique, et des notes supérieures à treize dans les autres matières. Il n’y avait qu’en philosophie où il ne décollait pas de son cinq et en sport où ça ne marchait vraiment pas… Il finit son trimestre avec un douze de moyenne générale contre dix et demi au premier trimestre. Il était content d’avoir un ami comme Joey. Depuis les inondations, où il lui avait pris les cours, ils passaient souvent les dimanches après-midi chez l’un ou chez l’autre, pour réviser, faire le travail de la semaine. Si Joey était bon en physique-chimie et S.V.T., Tom pouvait lui renvoyer l’ascenseur en mathématiques et en histoire-géographie.

À parler plusieurs fois du premier stage avec son copain, il sentait qu’une nouvelle vocation était en train de naître en lui et pourquoi pas lui permettre de déboucher sur une carrière complètement différente de celle qu’il envisageait. Par contre, il déchanta très vite, car on lui a annoncé que pour les vacances de Pâques tous les stages étaient pleins mais qu’il avait la possibilité de s’inscrire pour la dernière semaine de juin, qui correspondait à la semaine d’attente avant les résultats du bac. Tom avait alors laissé son numéro de portable et espérait depuis quelques jours recevoir un appel après les cours pour son inscription au stage. Ce jour-là, il avait un message qu’il s’était empressé d’écouter et qui lui annonçait la mauvaise nouvelle. Par la même occasion, on lui a soumis l’idée de travailler une semaine dans un centre, s’il trouvait encore une place, pour se familiariser avec le monde de l’animation et d’avoir tout de suite un tremplin pour l’été et son stage pratique.

Déçu, Tom rentra à la maison, comme si le ciel lui était tombé sur la tête ! Il ouvrit la porte rapidement, dit bonjour à ses parents et fila droit dans sa chambre. Il se jeta alors sur le lit, couché sur le dos, totalement désespéré. Tout à coup, quelqu’un toqua à sa porte.

— Oui ?

— C’est maman ! Je peux rentrer ?

— Bien sûr, répondit tristement le jeune homme.

— Que t’arrive-t-il ? demanda Manon tout en s’asseyant à ses côtés.

— Je ne pourrai pas participer au stage d’avril. Il n’y a plus de place…

— Mais maintenant que tu sais ce que tu veux faire, pourquoi être déçu ? Tu auras l’occasion d’en passer un autre cette année encore non ?

— Oui, mais j’étais tellement impatient que ça m’a fichu le moral à zéro.

— Toi qui es si déterminé, que t’arrive-t-il aujourd’hui ? Il n’y a pas que le stage à mon avis. Parce que d’habitude tu ne baisses pas les bras si rapidement.

— Je suis peut-être fatigué par tout le travail que j’ai soulevé ces dernières semaines. En plus au piano, la prof veut me faire passer un concours. Il aurait lieu sur un week-end.

— Eh bien ! C’est génial non ? Ça tomberait sur quel week-end ?

— Le premier de juillet.

— Ça irait non ? C’est après les résultats du bac. Ça te permettra de décompresser.

— Oui, mais je ne sais pas si je saurai gérer le stress. Si je suis sélectionné, je dois aller sur Paris et le vainqueur du concours gagnerait un piano à queue, comme celui dont je rêve.

— Tu le mettrais où ce piano ? répondit sa mère le sourire aux lèvres.

— Je n’en sais rien ! Mais tu sais que je le veux.

— Tu vois je t’avais averti ! Tu t’es tellement dispersé qu’à présent tu te sens complètement submergé. Je crois que tu devrais faire du tri dans ta tête pour y remettre de l’ordre et y voir un peu plus clair. Le piano, les études, le B.A.F.A… Ça fait quand même pas mal à gérer et puis après les vacances, il faudra trouver un appartement pour l’an prochain.

— Si tu as besoin d’aide ou de parler, il ne faut surtout pas hésiter à venir nous voir nous serons toujours là pour toi ! dit Flo en faisant sursauter sa femme.

— Et pour nous deux, tu es le meilleur des frères, s’exclamèrent en chœur Nick et Chris. Tu n’es pas un saint mais au moins tu nous as toujours montré ce qu’il ne fallait pas faire. Ça nous a évité quelques claques.

Tous les cinq prirent alors un bon fou rire qui régénéra Tom. Il était à nouveau confiant. Il se prit en main et décida de mettre sur papier tout ce qu’il avait à gérer et organisa ses prochaines semaines de travail. Avec l’aide de ses parents, il suivit les conseils de l’organisateur B.A.F.A. qu’il avait choisi et prépara une lettre de motivation et un C.V. pour un stage de découverte dans son ancien centre de loisirs durant la première semaine des vacances de Pâques. Malgré le peu de temps qu’il y avait avant les vacances, le jeune homme espérait vraiment vivre cette première expérience.

Deux jours après l’envoi du courrier, il reçut un appel :

— Oui allô ?

— Bonjour, je suis bien chez Tom ?

— Oui. C’est moi-même.

— Je m’appelle Claire et je suis la responsable des accueils de loisirs de votre secteur. Nous avons été très surpris par votre candidature spontanée et nous souhaitons vous rencontrer au plus vite. Dites moi si vous êtes disponible rapidement.

— Je suis libre le mercredi en fin d’après-midi, répondit le garçon avec enthousiasme.

— Dix-sept heures trente vous convient-il ?

— Oui très bien ! Je viendrai directement à votre bureau alors ?

— Non ! Sur le lieu du centre de loisirs. Si je situe bien vous habitez à dix minutes. Vous voyez où se trouve le centre des Trois Roses ?

— Oui je le connais très bien, car j’y suis allé quand j’étais un peu plus jeune pendant les vacances d’été.

— Très bien ! Alors rendez-vous mercredi dix-sept heures trente. Bonne journée à vous.

— Merci à vous aussi. Au revoir.

Tout heureux de ce futur entretien, Tom a profité du repas du soir, comme dans ses habitudes lorsqu’il avait des choses importantes à raconter sur sa vie, pour expliquer son entretien téléphonique. Toute sa famille se réjouissait pour lui et lui souhaitait d’emballer ses futurs patrons.

La journée du mercredi, où il avait son entretien, semblait très longue aux yeux de Tom. Il était tellement content de son rendez-vous, qu’il n’arrivait pas à se concentrer sur les cours de musique, où de temps en temps il se fit reprendre.

— Tom ! À quoi penses-tu là ? s’énerva Mike, le professeur de solfège. Ça fait deux fois que je te pose des questions faciles auxquelles tu réponds complètement à côté ! Ce n’est pas ton genre ça. Tu es amoureux ou quoi ?

Toute la classe se mit alors à rigoler.

— Non ! Monsieur. Je suis vraiment désolé. Cela ne se reproduira plus, dit l’adolescent tout penaud.

Après cette mise en garde, le jeune homme oublia durant son cours son rendez-vous et fit un effort pour ne plus être distrait. Il savait qu’il devait se concentrer sur une chose après l’autre. Lors de son cours de piano, Mme Sido, à quelques semaines de sa retraite, se permit de faire une séance « discussion » avec son élève.

— Alors mon garçon ! Après sept ans de cours tu commences à relâcher tes efforts ? Je viens de parler avec Mike et je dois avouer que c’est la première fois qu’il était aussi déçu par ton attitude. Que t’arrive-t-il ?

— Je suis vraiment désolé, mais après votre cours j’ai un entretien pour un poste d’animateur, et vous savez à quel point le travail avec les enfants m’enthousiasme. Je ne pensais vraiment pas y arriver aussi vite. Je suis surpris moi-même par la vitesse à laquelle les choses se déroulent.

— Oui évidemment mais tu as beaucoup de talent, tu es un passionné. Tu peux réussir tout ce que tu entreprends mais tu ne te satisfais que du minimum. Je crois personnellement que tu vaux beaucoup plus que ce que tu montres partout. Je te connais depuis sept ans maintenant, ton niveau au piano est bon mais tu peux faire mieux et si je t’ai proposé ce concours ce n’est que pour te donner une motivation. Car tu as besoin de défis pour progresser. Il n’y a que ça qui te fait avancer. Sans cette pression, tu te contentes de tes acquis et je trouve que c’est du gâchis ! Tu es quelqu’un que je pourrais qualifier de moyen avec mention “a le potentiel pour mieux faire”. Tu n’es pas mauvais, mais je vois que tu ne donnes pas assez pour être vraiment bon et laisser tout ton potentiel s’exprimer.

— C’est vrai que je n’ai pas une vie monotone, je me donne toujours plus de travail et je crois que je devrais me recentrer sur le plus important.

— Quelles sont, selon toi, tes priorités ?

— Disons que tout est important dans ma vie. La musique me détend, le lycée me fait galérer mais je sais que je dois en passer par là pour avoir un bon métier et enfin je n’ai jamais travaillé avec les enfants, mais j’ai de plus en plus l’impression que je suis fait pour ça.

— Certainement. Tu as la patience, tu as de la volonté, et tu t’investiras comme dans tout le reste. Mais tu sais qu’avec les enfants il ne faut pas se satisfaire du minimum pour la réussite…

— Oui je sais. En fait je crois que je dois aménager mon emploi du temps d’une façon différente pour ne plus me sentir débordé comme me l’a proposé ma mère.

— C’est très intéressant ce que tu viens de dire ! Je pourrais même te dire un secret à ce sujet.

— Lequel ?

— Il faut savoir que par leurs expériences, les parents ont toujours raison ou souvent en tout cas.

Tous deux se mirent à sourire de cette dernière réflexion et profitèrent du temps restant pour pianoter. Avec cette sensation de savoir quoi faire à présent, Tom se surpassa durant ces quelques minutes ce qui permit de ravir sa professeure et de la conforter dans sa décision de l’avoir inscrit au concours. Tom, lui-même, sentait qu’il était bien guidé et ça le rassurait.

Après cette après-midi musicale, Tom décida que dans la soirée il se ferait un planning pour que sa vie soit ainsi mieux organisée mais à présent il devait se concentrer sur son entrevue avec Claire.

Embauche surprise

Alors que durant son enfance il avait déjà été dans ce splendide parc du centre des Trois Roses, le jeune homme le trouvait, à ce moment présent, splendide. Le parc portait ce nom car y était plantée une roseraie avec trois types de roses d’une couleur magnifique. Il y avait du rouge, de l’orange et du blanc. Il fallait la traverser pour atteindre l’entrée du centre. Le bâtiment avait la forme d’un U. La face principale contenait le bureau du directeur. Sur le mur derrière le bureau, il y avait trois grandes photos qui représentaient, à vue d’œil, environ une soixantaine d’enfants, Claire et l’équipe d’animation du moment. Ensuite, il y avait une salle de repos, pour les animateurs, équipée d’un petit frigo, d’une machine à café et de fauteuils pour permettre durant les pauses de souffler et se détendre. Puis, une infirmerie, avec un lit de camp, un petit bureau, une boîte avec la croix de la pharmacie, et pour finir une salle de réunion, pas très grande, mais qui contenait une table ovale. La face ouest servait de réfectoire et la face est, quant à elle était réservée aux jeux quand le temps ne permettait pas de rester à l’extérieur. Enfin à l’étage, sur les faces est et ouest, il y avait respectivement le dortoir garçon et le dortoir filles avec pour chacun une pièce réservée aux douches et toilettes. Au centre, il y avait les chambres des animateurs. Autour du centre, se trouvaient une jolie pelouse régulièrement tondue, un terrain de jeux où l’on pouvait organiser des tournois de foot, de basket, de handball… et un petit bois propice aux parties de cache-cache.

Arrivé dans le bureau de la directrice, Tom fut prié par Claire de s’installer.

— À nous deux.

— Oui.

— La ponctualité est une très grande qualité, c’est très appréciable. C’est un bon point pour toi. Alors raconte-moi ce que tu fais dans la vie.

— Je suis en terminale S, je fais de la musique, du piano plus particulièrement.

— Tout ceci doit te donner une année assez chargée alors ?

— Oui ! Mais pour l’instant je ne m’en sors pas trop mal.

— Parlons de ton courrier. Tu dis dans ta lettre, je cite « je pense que travailler auprès de vous et des enfants dans le cadre de l’animation serait la réalisation d’un rêve. » Mais qui te dit que de travailler avec des enfants est un rêve ?

— Depuis que je suis au collège, j’ai su que je voulais exercer un métier auprès des enfants. Je me destine à l’enseignement et je crois que découvrir le mode de vie des enfants, leurs attentes, ne peut être que bénéfique pour ma vie professionnelle. Et puis qui sait ? Peut-être qu’avec cette nouvelle expérience, une nouvelle carrière peut s’ouvrir à moi !

— Tu sais bien que la classe et les vacances ne fonctionnent pas de la même façon. Mais en tout cas, ce que je constate après ce début d’entretien, c’est que tu as l’air assez ambitieux et déterminé, c’est vraiment bien.

— Oui mais à travers cette expérience je veux voir de quoi je suis capable quant à la gestion d’un groupe. Je pense que c’est une bonne base pour l’avenir.

— Très bien. Comment t’est venue l’idée de passer ton B.A.F.A. ? Hormis le fait que c’est dans ton projet professionnel ?

— C’est un ami qui l’a passé et qui m’en a parlé. Alors j’ai commencé à me renseigner et je me suis dit que ce serait vraiment bien si je pouvais le passer avec votre organisme vu que j’ai encore quelques souvenirs du fonctionnement.

— C’est vrai que ça peut être un atout de connaître la maison. Sinon, quelles sont, selon toi, les qualités requises pour travailler avec des enfants ?

— La patience et l’écoute.

— Oui en effet, il y a de ça mais il y a aussi l’attention. Il faut être très vigilant dans ce métier. Nous n’avons pas droit à l’erreur. Nous avons des vies qui nous sont confiées. C’est dommage que tu n’aies pas pu passer ton premier stage. Tu comptes le passer rapidement ?

— Oui, j’ai vu qu’il y avait une session après les épreuves du bac fin juin.

— C’est une bonne chose. Je pense que tu apprendras beaucoup. Mais je vais déjà te donner un premier aperçu de ce que peut être ce métier en te prenant la première semaine des vacances de Pâques. Mais ne te réjouis pas trop, attends de voir ce que te réserve ton travail pour mieux te rendre compte.

— Oui bien entendu, répondit Tom en ayant du mal à cacher sa grande satisfaction.

— Par contre, vu que tu n’es pas encore stagiaire tu auras un contrat qui ne te rapportera pas énormément, qui plus est sur une semaine et peut-être une de plus si j’ai besoin de toi la deuxième semaine en fonction des effectifs. En prévision serais-tu encore disponible ?

— Il faut que je voie avec mes parents mais normalement, il n’y aura pas de problème.

— Alors voici ton contrat. Il me faudra au premier jour de centre, un extrait de ton casier judiciaire et une attestation comme quoi tes vaccins sont à jour, plus les documents qui te sont demandés sur le contrat.

— Oui sans problème.

— Nous faisons une réunion de préparation le samedi avant le début des vacances. C’est une journée où l’équipe se rencontre, se présente, rend les documents qu’elle a déjà à disposition. Nous travaillons sur l’organisation des journées à partir du projet pédagogique que je te fournis dès à présent. C’est un document qui sert de fil rouge durant tout le séjour. Tu devras le lire et essayer de proposer si tu peux des activités en rapport. Mais ne t’inquiète pas, je t’en demanderai beaucoup moins qu’à ceux qui ont déjà exercé. D’ailleurs tu feras équipe avec les différents titulaires B.A.F.A. pour acquérir un début d’expérience et de savoir.

— D’accord.

— As-tu des questions ?

— Là, tout de suite, non.

— De toute façon, saches que si tu as quoi que ce soit comme problème ou interrogation avant le séjour, tu n’hésites pas à me contacter.

— Oui.

— Alors je te souhaite une bonne fin de journée et te dis à samedi prochain.

— Oui. Bonne fin de journée à vous aussi.

Sur ce, Tom appela ses parents pour venir le récupérer. Et pendant le trajet, il ne tenait plus en place.

— J’ai été pris pour une semaine. Je suis trop content. C’est formidable. Peut-être deux même.

— Oui c’est génial. Mais il va falloir que tu sois attentif à tout ce que le reste de l’équipe te dira. Tu ne peux pas faire n’importe quoi et tu dois aussi t’organiser pour tes révisions.

— Oui ne t’inquiète pas maman, je me débrouillerai. Je vais tout donner pour ne rien regretter. Il faut que je montre que je ne suis pas là que pour observer, que ce soit sur le centre comme au lycée. Je vais tout faire pour que mon troisième trimestre soit encore mieux que le second. Nous travaillons beaucoup Joey et moi. Je trouve que nous avançons assez bien.

En rentrant, Tom prit le téléphone avec l’accord de ses parents et appela sa meilleure amie d’Alsace.

— Allô Léa ?

— Oui !

— C’est Tom.

— Salut. Je suis contente que tu m’appelles. Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu de tes nouvelles. Tu vas bien ?

— Oui impeccable. Je viens d’être embauché pour une semaine dans un centre de loisirs. Ce n’est qu’un stage de découverte mais ça me fait tellement plaisir. Je vais enfin voir de quoi je suis capable avec un groupe d’enfants.

— C’est super. Mais ça ne va pas te gêner dans tes révisions pour le bac ?

— J’ai la deuxième semaine que j’ai bien aménagée pour réviser. Ce soir nous allons organiser mon emploi du temps différemment dans le cas où je travaillerais la deuxième semaine. Il ne faudrait pas que je sois pris de court afin de pouvoir continuer la musique.

— Bon ! Si tu es si bien organisé c’est une bonne chose. Mais je ne te connaissais pas si organisé que ça…

— Oui je sais. Mais j’ai eu des discussions avec mes parents et mon professeur de piano qui m’ont obligé à me plier à cette exigence nécessaire pour réussir. Pour les révisions, je les fais avec un copain Joey et c’est très fructueux. Mes notes sont bien remontées.

— Tu as l’air très motivé en tout cas.

— Mais oui complètement. Je vais avoir du mal à m’endormir ce soir. C’est pour ça que je t’appelle. Pour évacuer un petit peu toutes ces émotions. Et toi les résultats toujours aussi bons ?

— C’est vrai que je n’ai pas à me plaindre je m’en sors avec un deuxième trimestre à quatorze de moyenne.

— Moi douze. J’espère que le jour du bac je ferai mieux que toi parce que depuis que nous nous connaissons, tu n’as jamais eu moins que moi. Alors je me suis dit que c’est peut-être à moi de faire mieux.

Les deux amis rigolèrent et parlèrent encore pendant une demi-heure. Cela faisait un moment que Tom devait l’appeler et finalement, ce soir, l’occasion était trop belle pour la manquer. Avant d’achever la conversation, il demanda des nouvelles de Charles qu’il n’avait pas vu depuis l’été dernier et qui lui manquait énormément. Il se promit de le contacter rapidement.

Après avoir raccroché, le jeune homme se mit à table avec ses parents et ses deux frères. Et pour fêter le premier travail de son aîné, le père prit une bouteille de champagne et en versa un fond à ses trois enfants et une coupe à sa femme et lui.

La réunion du centre était arrivée en un éclair. Il n’avait pas eu le temps de s’ennuyer. Avec sa nouvelle organisation, il avait réussi à travailler correctement tant pour ses cours, que pour le piano. Arrivé au centre, Tom se présenta devant la salle de réunion où il y avait déjà une partie de l’équipe. Elle comptait cinq personnes. Parmi elles, il y avait Claire qui était venue le saluer et convier tout le monde à entrer dans la salle de réunion.

Pour débuter la réunion, la directrice demanda à ce qu’un tour de table soit fait pour une première présentation. Il y avait Monica, cuisinière stagiaire dans un restaurant très réputé, Oli, sans emploi, Robin directeur adjoint, Simone, surveillante de baignade à la piscine municipale et qui arrivait à cumuler de temps à autres une semaine d’animation et enfin Steeve, qui était intermittent du spectacle. Le jeune homme se rendit alors compte qu’ils n’étaient que deux étudiants en stage de découverte. L’animatrice qui se trouvait au même niveau que lui, s’appelait Marie. Dès le premier regard, il se passa quelque chose qui était loin d’être de l’indifférence.